Fibrome et grossesse Cours de
Gynécologie Obstétrique
Introduction
:
La pathologie utérine myomateuse est fréquente puisque environ
25 % des femmes en période d’activité génitale en sont porteuses.
C’est dire la forte probabilité d’observer ses interactions avec la
grossesse.
Cette association, dont la fréquence varie de 1 à 4 %, ne va cesser de
croître compte tenu de la survenue plus tardive des grossesses
et du taux d’incidence des myomes qui s’élève
progressivement avec l’âge.
Ces pourcentages reflètent, pour le plus
bas, des résultats d’anciennes séries qui reposent sur des examens
cliniques et des diagnostics peropératoires au moment des
césariennes.
Le taux le plus haut est retrouvé dans des séries plus
récentes où les diagnostics sont faits au cours de la grossesse lors
des échographies répétées.
Dans la série de Lopes ne concernant que des femmes enceintes,
77,75 % des cas sont observés chez les femmes de plus de 31 ans.
Dans cette même étude, 37 % des fibromes étaient connus avant la
grossesse mais 52,6 % ont été découverts par l’échographie dont la
pratique généralisée contribue à augmenter la fréquence de cette
association.
Pour Lolis, l’âge moyen des femmes enceintes
porteuses d’un utérus myomateux est de 32 ans alors qu’il est de
28 ans pour les femmes enceintes indemnes de myomes (p < 0,01).
Les fibromes peuvent avoir des conséquences probablement sur
toutes les étapes du développement foetal.
Outre le fait qu’ils peuvent intervenir sur la fertilité en empêchant
mécaniquement la conception et la nidation, ils peuvent aussi
compliquer l’évolution de la grossesse, de l’accouchement et du
post-partum.
La grossesse, de son côté, peut faciliter l’évolution des myomes vers
les complications.
De multiples questions se posent.
– Quelle est la place de la chirurgie préventive, c’est-à-dire avant la
grossesse désirée ?
– Quels sont les myomes, en fonction de leur situation, de leur
nombre ou de leur taille, qui exposent le plus aux complications
gravidiques ?
– La surveillance de la grossesse et de l’accouchement est-elle
particulière, notamment pour les myomes en regard de l’insertion
placentaire ?
– L’inflation hormonale induite par la grossesse est-elle toujours
responsable de l’évolution des myomes ?
Fibrome et fertilité spontanée :
Seules des études d’observation, soit rétrospectives, soit
prospectives, analysant les taux de grossesse après myomectomie,
sont disponibles.
Ainsi, même si l’on pense de façon pragmatique
que les fibromes pourraient être responsables d’infertilité en raison
d’une modification de la cavité utérine pouvant entraîner une
altération dans le mécanisme d’implantation ou de gêne dans la
migration des spermatozoïdes ou de l’embryon, les myomes utérins
comme seule cause d’infertilité ne sont retrouvés que chez 1 à 2 % des patientes.
Mais à ce jour, aucune étude n’a été réalisée sur la
fertilité spontanée au sein d’une population avec fibrome comparée
à une population de patientes sans fibrome.
De façon identique, il
n’existe pas d’étude prouvant l’efficacité d’une myomectomie
comparée à une attitude expectative réalisée dans un groupe
contrôle.
De ce fait, ni l’étude de Vercellini chez des femmes
jeunes (avant 30 ans) sans facteur d’infertilité associé, ni l’étude de
Dubuisson décrivant 145 grossesses chez 98 patientes opérées de
fibromes intramuraux sous-séreux de plus de 20 mm et âgées de
moins de 45 ans, ne permettent d’avoir des arguments scientifiques
pour répondre à l’indication d’une myomectomie chez des patientes
infertiles.
Il n’y a qu’une seule publication qui compare grossesse spontanée
chez des femmes infertiles porteuses et indemnes de myomes pour
qui l’infertilité n’est ni d’origine tubaire ni hormonale.
Les auteurs
concluent à une différence significative (11 % versus 25 %).
Selon eux, le taux de grossesse après myomectomie (42 %) est plus
élevé que celui des femmes infertiles indemnes de lésion myomateuse (25 %) qui est lui-même supérieur à celui des femmes
infertiles porteuses de myomes non traités (11%).
Néanmoins, la
méthodologie de cet article est critiquable car le recul n’est que de
9 mois.
De plus, les différents groupes ont un nombre limité de
patientes et l’influence de la situation et de la taille des myomes
n’est pas prise en compte.
En cas de myome sous-muqueux, le retentissement sur la cavité
utérine (appréciée au mieux par une hystéroscopie diagnostique en
consultation) semble logiquement associé à une diminution de la
fertilité.
Trois auteurs ont publié des études de cohorte pour
observer le taux de grossesse après résection hystéroscopique.
Dans
ces trois séries, le taux d’accouchement varie entre 32 % et 48 %.
Toutefois, hormis l’étude de Goldenberg, toutes les études
montrent une absence totale, ou au mieux partielle, d’évaluation des
autres facteurs d’infertilité possibles, rendant de ce fait l’analyse de
la fertilité limitée.
Dans notre expérience publiée en 2001, à partir d’une série de
59 résections de myomes sous-muqueux, le taux de grossesse est de
41,6 % lorsque le fibrome est le facteur exclusif d’infertilité
(24 patientes).
Après résection chirurgicale, un contrôle hystéroscopique en
consultation, à 2 mois, est souhaitable afin de diagnostiquer et traiter
les synéchies utérines postopératoires toujours possibles.
Vercellini, dans une publication de 1999, montrait des taux de
grossesse plus bas après myomectomie chez des femmes de plus de
35 ans et pour qui le suivi d’infertilité avant la myomectomie était
de plus de 2 ans.
Pour certains, plus le nombre et la taille des fibromes enlevés
sont importants, moins bon est le pronostic de fertilité, mais d’autres
auteurs, n’ont retrouvé aucune différence.
Des études contradictoires ont été publiées sur le rôle joué par la
localisation du fibrome avec peut-être un rôle délétère des
myomectomies postérieures responsables d’adhérences périannexielles et donc secondairement de stérilité tubaire.
Quand on analyse les résultats globaux des différentes études, le
taux de grossesse après myomectomie est d’environ 50 % sans
différence significative entre les résections par hystéroscopie
(45 %), par laparoscopie ou par laparotomie (49 %).
Des facteurs
techniques comme l’expérience du chirurgien et la qualité du
matériel doivent sûrement jouer un rôle.
Y aurait-il une raison de préférer une myomectomie par laparotomie
ou par laparoscopie en termes de pronostic de fertilité ?
Seracchioli,
en 2000, a publié la seule étude randomisée comparant les taux
de grossesse selon la technique employée et n’a pas retrouvé de
différence significative avec 2 ans de recul (41,75 % dans le groupe
laparoscopie versus 47,07 % dans le groupe laparotomie). Le taux
de récidive (21 % versus 20,3 %) est identique.
De nombreuses études dont celles de Dubuisson et Fauconnier
ont tenté de trouver des arguments en faveur de l’une ou l’autre
technique mais malheureusement n’ont pu que comparer la sévérité
des adhérences lors du second look et le taux de récidives myomateuses sans avoir assez de recul pour mesurer l’impact sur la
fertilité.
Un autre moyen d’apprécier la relation entre myomes et infertilité
est de regarder l’influence de ceux-ci sur le taux d’implantation.
Fibrome et assistance médicale
à la procréation (AMP) :
Six études publiées depuis 1994 ont permis de suggérer un effet
délétère des myomes sous-muqueux et interstitiels chez des
patientes suivies dans le cadre d’une AMP.
En effet, pour Farhi le taux de grossesse est de 9 % chez les
18 femmes dont la cavité utérine est déformée par la présence de
myomes, de 29,1 % quand la cavité garde une forme normale
(28 patientes avec myomes interstitiels) et de 25,1 % pour les
50 patientes ne présentant qu’une stérilité d’origine tubaire.
Eldgar-Geva et Healy (2000) ont étudié l’effet des localisations
(sous-séreuses, interstitielles et sous-muqueuses) des fibromes chez
des patientes traitées en fécondation in vitro (FIV).
Ils concluent que
la présence de myomes sous-muqueux et interstitiels, même s’ils ne
déforment pas la cavité, diminue statistiquement le taux de
grossesse qui est respectivement de 10 % et de 16,4 % comparé à
34,1 % pour les localisations sous-séreuses et à 30,1 % en cas
d’infertilité sans myome chez 249 patientes ayant bénéficié de
318 cycles de traitements.
Ramzy a pratiqué une étude castémoins
comparant 39 patientes porteuses d’un myome utérin
supérieur à 7 cm mais ne déformant pas la cavité à 367 patientes
sans myome.
Dans cette étude, Ramzy ne retrouve aucune différence
en termes de taux d’implantation et de taux de grossesse (39 %
versus 34 %).
Stovall présente la seule étude prospective castémoins
non randomisée.
Il compare 91 cycles de patientes avec
myome interstitiel ou sous-séreux à 91 patientes appariées sans
fibrome.
Une diminution statistiquement significative du taux de
grossesses, d’implantation et d’accouchements est observée dans le
groupe de patientes avec fibromes (37 % versus 53 %).
Jun ne
retrouve pas de différence significative entre les taux d’implantation
et le devenir de la grossesse chez les femmes porteuses d’un myome
de taille inférieure à 7 cm ne déformant pas la cavité et les femmes
indemnes de lésion myomateuse (30,5 % versus 41,6 %).
Surrey, d’après son étude rétrospective de 2001 sur des grossesses
obtenues par FIV, a un taux d’enfants nés vivants non influencé par
la présence de myomes interstitiels avec cavité utérine d’aspect
normal à l’hystéroscopie.
On peut donc probablement conclure que l’intégrité de la cavité
utérine est une condition nécessaire et suffisante au bon déroulement
d’une fécondation spontanée ou médicalement assistée et qu’il faut
donc ne pas hésiter à recourir aux moyens de résection hystéroscopique quand le myome a un développement intracavitaire
important.
Myomectomie et grossesse
:
Les conséquences des myomectomies ne sont pas anodines et c’est
bien pour cela qu’il faut retenir des indications reconnues.
La cicatrice utérine peut être responsable d’une anomalie de
l’insertion placentaire (prævia, accreta, percreta) et cause de rupture
utérine (taux à peu près estimé à 1 %).
Dans la série de Seracchioli
publiée en 2000 qui compare myomectomies par laparoscopie et
myomectomie par laparotomie, aucune rupture utérine n’est
retrouvée.
Il n’y avait pas non plus de différence significative entre
les pourcentages d’accouchements par voie naturelle (35 % versus
22 %) et les pourcentages d’accouchements par césarienne (65 %
versus 78 %).
Il est à noter que la césarienne n’est pas systématique et c’est ce que
partagent Daraï, Dubuisson et Ribeiro.
Pourtant, le taux de
césarienne est plus élevé chez les femmes porteuses de myomes.
On
peut retenir différents cofacteurs décisionnels : les malpositions
foetales, les dystocies au cours du travail, les antécédents de
myomectomie.
Sur les 145 grossesses après myomectomies par laparoscopie de la
série de Dubuisson, il y a eu 38 fausses couches, 58 accouchements
normaux et 42 césariennes.
Trois ruptures utérines sont rapportées,
toutes avant la mise en travail, et au moins une attribuée à
l’antécédent chirurgical.
D’autres cas de rupture utérine sont décrits
après myomectomie par laparoscopie.
En revanche, dans
la série de Seinera publiée en 2000, aucune des 54 patientes
opérées par laparoscopie avec un total de 65 grossesses n’a eu de
rupture utérine.
Quatre-vingt pour cent des patientes ont eu une
césarienne.
Les techniques de sutures du myomètre sous contrôle
coelioscopique doivent être évaluées.
Aucune série récente de grossesse après myomectomie par
laparotomie ne rapporte de cas de rupture utérine.
Le risque est probablement d’autant plus faible que la cavité n’a pas
été ouverte.
La surveillance du travail doit rester vigilante comme
pour tout utérus cicatriciel.
Il reste admis de ne pas réaliser de myomectomie au cours des
césariennes compte tenu des risques hémorragiques et de la fragilité
de la cicatrice utérine faite.
Cela est d’autant vrai que 75 % des
myomes diminuent de taille dans le post-partum.
Néanmoins, il
peut être nécessaire de réaliser une myomectomie première sur un
volumineux myome, se développant dans le segment inférieur, pour
permettre l’extraction foetale.
Un volumineux myome sous-séreux
dont le pédicule est inférieur à 5 cm peut être une autre exception.
Grossesse après embolisation
pour fibromes
:
La majorité des séries publiées d’embolisation d’artères utérines pour utérus myomateux rapporte quelques cas de grossesses
inattendues, à distance de la procédure.
Douze grossesses ont été décrites chez neuf femmes suivies pour embolisation à l’hôpital Lariboisière.
Il n’y a pas eu de récidives
des myomes pendant la grossesse.
Cinq des douze grossesses se sont
terminées par une fausse couche spontanée précoce (toutes chez des
femmes de plus de 40 ans).
Il y a eu deux accouchements
prématurés à 28 semaines d’aménorrhée (SA) (une patiente au stade
syndrome de l’immunodéficience acquise [sida] dans un contexte
infectieux) et à 35 SA (grossesse gémellaire après prééclampsie).
Trois femmes ont accouché par les voies naturelles et quatre par
césarienne.
Ces chiffres sont peu importants pour en déduire une
réelle significativité.
L’âge assez avancé des femmes de cette série
(moyenne de 36,5 ans) constitue un groupe à haut risque pour le
déroulement de la grossesse.
Dans son article publié en 2003,
Ravina reprend sa série et rapporte 32 grossesses chez 29 femmes
après embolisation de myomes.
Treize femmes avaient moins de
35 ans, quinze femmes avaient plus de 35 ans et cinq avaient plus
de 40 ans lors de l’embolisation.
Il y a encore douze grossesses en cours mais déjà 22 enfants sont nés
de poids normal avec des délivrances normales (dont 12 par
césarienne).
L’utilisation de l’embolisation doit être soigneusement évaluée en
raison des risques d’aménorrhée transitoire ou définitive observés
après ce type de traitement radiologique.
Trastour dans une publication de 2003 récapitule les séries de
grossesses publiées.
Au cours de ces grossesses, on peut
noter une augmentation de taille des fibromes résiduels avec
régression en post-partum.
La croissance foetale est normale de
même que la vascularisation placentaire et les dopplers.
Le risque
de toxémie ne semble pas augmenter.
Pour les accouchements par
voie naturelle, il n’y a pas d’anomalies des contractions utérines, de
la durée du travail ni des saignements.
Des études à plus grande échelle avec des critères bien définis
d’inclusion et d’évaluation sont nécessaires pour établir la place de
cette technique par rapport à la myomectomie qui reste encore le
traitement de référence pour les femmes désirant une grossesse.
Interactions pendant la grossesse
:
Les myomes peuvent être responsables de complications
gravidiques par plusieurs mécanismes.
Dans une grande cohorte rétrospective de plus de 12 000 femmes,
on a estimé qu’une grossesse sur 500 avait une complication
secondaire à un utérus myomateux et que 10 % des femmes avec un
utérus myomateux avaient une complication obstétricale.
Malheureusement, il n’y a pas eu de comparaisons faites entre les
taux de complications chez les femmes porteuses et les femmes
indemnes de pathologie myomateuse.
Une étude de population de 6 000 enfants nés dans l’état de
Washington retrouve un risque relatif de complications obstétricales
de 1,9 chez les femmes porteuses de myomes.
Les myomes antérieurs peuvent gêner considérablement un
prélèvement ovulaire par amniocentèse ou biopsie de villosités
choriales.
Les décollements ovulaires peuvent être favorisés par
l’hyperpression veineuse engendrée par la compression des
fibromes.
La fréquence des avortements spontanés varie dans la littérature de
4 % à 18 %.
En fait, ce chiffre est habituellement donné comme risque de fausse
couche au cours des grossesses normales ; compte tenu de l’âge des
patientes lors de leur myomectomie, on pourrait s’attendre à des
chiffres plus élevés.
La localisation du myome doit être prise en considération ; ainsi les
myomes sous-muqueux peuvent provoquer des altérations
endométriales mécaniques, vasculaires et induire des altérations du
stroma comme une atrophie ou une ulcération réduisant les chances
de développement placentaire.
Dans son étude cas-témoin, Aydeniz montre que les fibromes
sous-muqueux en regard de l’insertion placentaire augmentent le
risque de retard de croissance intra-utérin (RCIU) (14 % versus
6,6 %) et d’hématome rétroplacentaire (HRP) (3,2 % versus 1,3 %).
Le RCIU expliqué par Rosati en cas de fibromes volumineux par
détournement du flux sanguin n’est pas retrouvé dans la littérature : il est de 3,5 % dans la série de Lopes et de 3,75 % dans la série de
Dilucca, soit un taux normal de RCIU dans une population
générale.
L’étude de Coronado retrouve des taux d’Apgar à 5 minutes
inférieurs à 7, plus fréquents (taux multiplié par 2,5) chez les
nouveau-nés de mère porteuse d’utérus myomateux (95 % intervalle
de confiance [IC] 1,5-4,2) ; 1,9 fois plus de malformations (95 % IC
1,3-2,3) et deux fois plus d’enfants de poids inférieur à 2 500 g (95 %
IC 1,5- 2,6).
Mais il peut y avoir des biais de détection ; les femmes chez
lesquelles une complication obstétricale est détectée vont avoir de
multiples échographies et donc augmenter les possibilités de
diagnostic d’utérus myomateux avec une indication de césarienne
au décours de la grossesse.
Il n’est d’ailleurs sûrement pas nécessaire d’augmenter la fréquence
des échographies chez les femmes porteuses d’un utérus myomateux en dehors d’un suivi pour RCIU (placenta inséré en
regard du fibrome).
Lolis, recommande une surveillance
échographique des myomes ; ce qui nous semble être une attitude
inutile et stressante.
Les fibromes peuvent comprimer la cavité ovulaire, gêner la distensibilité du myomètre et être responsables de syndrome de
compression et de déformation foetale.
Ils peuvent perturber la
régulation de la quantité de liquide amniotique (en général polyhydramnios).
Le pourcentage de menace d’accouchement prématuré varie de 17 %
pour Monnier à 24,6 % pour Lopes avec un accouchement
prématuré dans 8,5 % à 17 % des cas.
Rice
observe une augmentation de menace d’accouchement prématuré et
d’accouchement prématuré chez les femmes porteuses de fibromes
dont le diamètre était supérieur à 3 cm (de 20 à 28 % pour ceux
supérieurs à 5 cm).
Il n’y a pas d’augmentation du taux
d’accouchement prématuré en cas de myomes de taille inférieure à
3 cm.
Les fibromes cervicaux ou isthmiques peuvent gêner
l’ampliation du segment inférieur et l’accommodation de la
présentation : les observations de présentation du siège ou
transverse sont plus fréquentes.
Dans la série de Lopes, la
présentation du sommet représente 81,2 % des présentations contre
92,7 % dans la population témoin.
L’étude de Coronado retrouve un risque relatif de 4 de présentation du siège
et de 6,4 de césarienne (95 % IC 3,0-5,2).
Piazze Garnica retrouve 76 % (95 % IC 5,5-7,5) de césariennes et
Hasan 73 %.
Les hémorragies de la délivrance ont touché 7,3 % de la population
de femmes dont l’utérus était myomateux contre 1,8 % pour la
population témoin de la série de Lopes.
Elles s’expliquent par les
difficultés de rétraction et d’involution utérines liées aux fibromes.
Les patientes doivent toujours être informées des risques
d’hystérectomie d’hémostase.
Dans les suites de couches, les risques infectieux et
thromboemboliques sont pour Monnier et Exacoustos
nettement augmentés (4 % versus 0,4 %).
Les infections du postpartum
doivent faire craindre une nécrobiose septique lorsque le
fibrome, au contact de la cavité utérine, se sphacèle.
La couverture
antibiotique doit considérer en premier lieu les germes anaérobies.
Une petite série de patientes (29) suivies de façon prospective
pendant leur grossesse retrouvait 78 % des fibromes de taille stable (59 %) ou même diminuée (19 %).
Quand la taille du fibrome avait
augmenté, la croissance en volume était inférieure à 25 %.
Une
autre étude prospective de 134 femmes retrouve 85 % des fibromes
de taille stable ou décroissante durant le 2e et le 3e trimestres avec
62 % des fibromes de 5 cm ou moins, devenus indétectables.
Les
fibromes de plus de 5 cm avaient plus tendance à augmenter de
taille (26,2 % versus 9,7 %, p = 0,03).
Lev-Toaff, en 1987,
retrouve une augmentation de taille pour 50 % des fibromes.
Pour
lui, pendant le premier trimestre, il y a plutôt une tendance à la
croissance ou la stabilité puis pendant le deuxième trimestre, les plus
petits myomes (2-6 cm) sont stables ou augmentent de taille alors
que les plus gros involuent.
Ces résultats permettent de contester l’idée reçue d’une
augmentation systématique de taille des fibromes induite par la
grossesse.
Il n’y a pas de preuve de l’effet néfaste de la grossesse sur la
survenue d’une nécrobiose car aucune étude comparative n’a été
effectuée.
Aucun traitement préventif (notamment comme la
progestérone) n’a été validé.
Le diagnostic est posé sur des signes
cliniques associant : douleur localisée, hyperthermie inférieure à
38,5 °C et bonne efficacité du traitement médical (repos, antalgiques
et plus spécifiquement les anti-inflammatoires non stéroïdiens
[AINS]).
Elle est plus fréquente au 2e trimestre de la grossesse.
L’échographie-doppler peut mettre en évidence l’ischémie du
myome.
Le pourcentage observé de nécrobiose aseptique au cours
de la grossesse est variable de 1,5 % pour Strobelt à 28 % pour
Dilucca.
Le diagnostic est parfois purement
histologique lors des myomectomies réalisées au cours des
césariennes.
L’équipe de Rouen a rapporté, en septembre 2003, le cas d’une
primipare ayant eu une myomectomie par laparoscopie à 17 SA sur
un myome sous-séreux en nécrobiose.
Quinze jours après
l’intervention, la patiente a été réopérée pour nécrose myométriale
avec rupture utérine.
La technique par coagulation monopolaire est
mise en cause mais surtout l’intervention en elle même qui est une
mauvaise indication pendant la grossesse.
Lolis, dans sa série publiée en 2003 pour laquelle il réalise
13 laparotomies pour myomes symptomatiques pendant la
grossesse, considère avoir de meilleurs résultats que l’attitude
expectative et prend une position assez interventionniste.
Il est vrai
que ses myomectomies retrouvaient des myomes de poids
conséquent, jusqu’à 2 000 g.
Conclusion :
La présence de fibromes utérins peut induire une grossesse à risque et
avant cela une difficulté à obtenir une grossesse.
Diverses méthodes de diagnostic et de traitement ont été développées
permettant une prise en charge la plus adaptée possible.
Il est probable que l’association fibrome et grossesse va être de plus en
plus fréquente en raison de l’âge plus tardif des grossesses et les
multiples échographies prescrites.
Un compromis sera alors à trouver entre une attitude expectative, dans
tous les cas de myomes asymptomatiques mais aussi lors de
symptomatologies bénignes, et une attitude plus active surtout avant la
grossesse afin de récupérer une cavité utérine de morphologie normale.