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OEdèmes des membres inférieurs

Diagnostic positif :

A – Interrogatoire :

1- Antécédents :

Il faut préciser l’âge, le sexe, les habitudes alimentaires, les prises médicamenteuses (prescrites ou non), les antécédents cardiaques, hépatiques, rénaux et endocriniens, les antécédents de phlébite, d’embolie pulmonaire ou d’insuffisance circulatoire veineuse, l’existence d’un contexte allergique, familial ou personnel.

2- Modalités de survenue :

Elles précisent le caractère aigu, chronique, récidivant, les rapports avec les menstruations, les éventuelles circonstances déclenchantes, la coexistence d’autres manifestations fonctionnelles ou le caractère isolé.

B – Examen clinique :

Il apprécie la couleur des téguments, la topographie, le caractère inflammatoire (rougeur, douleur, chaleur) ou non, la coexistence de lésions cutanées, la consistance : résistante et dure évoquant plutôt un problème local ou au contraire des oedèmes blancs, mous, indolores, prenant le godet ou plus consistants résistant à la pression du pouce.

Pour établir l’évolution au cours du nycthémère, l’examen est complété par la recherche de signes associés tels que les variations en fonction de l’orthostatisme, la bouffissure du visage et des paupières, les oedèmes des lombes le matin, au fur et à mesure de la journée vers les membres inférieurs, la notion d’une prise de poids récente, d’une oligurie, l’existence ou l’apparition d’une dyspnée, d’une variation tensionnelle en plus ou moins, l’augmentation du volume abdominal, la présence d’une ascite ou d’un épanchement pleural (anasarque) en cas d’oedèmes généralisés, une douleur locale, une fièvre, la présence d’un signe de Homans, d’anomalies de la circulation veineuse (varices, dermite ocre).

Diagnostic différentiel :

Les oedèmes discrets survenant par temps très chaud après une station debout ou une position assise prolongée (voyage en avion) n’ont pas de signification pathologique.

Il en est de même lors des menstruations ou de la grossesse (à l’exclusion de toute autre anomalie).

Lors d’une grossesse, les oedèmes isolés, sans hypertension, sans protéinurie, sans insuffisance rénale, sans augmentation de l’uricémie sont physiologiques et doivent être respectés [pas d’indication thérapeutique du régime sans sel et (ou) de diurétiques].

Diagnostic étiologique :

A – OEdèmes localisés :

1- Origine vasculaire :

Un écho-doppler veineux, voire une phlébographie des membres inférieurs et de la veine cave, peuvent être réalisés.

Une exacerbation brutale de la douleur impose la recherche d’une ischémie aiguë en urgence.

Une cause principale est le néoplasme connu, traité ou non (curage ganglionnaire).

2- Origine infectieuse :

3- Causes plus rares :

On peut citer les maladies cutanées auto-immunes, la fasciite, l’algodystrophie post-traumatique (aspect pâle et succulent), les allergies et piqûres d’hyménoptère.

B – OEdèmes généralisés :

1- Atteinte cardiaque et vasculaire :

Il doit être complété par une échographie cardiaque qui évalue aussi la fonction ventriculaire gauche, l’existence d’un épanchement péricardique ou au contraire d’un épaississement des feuillets évoquant alors une péricardite constrictive.

Elle est le plus souvent d’origine tuberculeuse ou post-radiothérapique.

2- Atteinte rénale :

Deux grands cadres de la pathologie rénale peuvent se compliquer d’oedèmes : les néphropathies glomérulaires se manifestant soit par un syndrome néphrotique, soit par un syndrome néphritique ; l’insuffisance rénale aiguë ou chronique.

La fuite liquidienne interstitielle secondaire à la diminution de la pression oncotique entraîne une « hypovolémie efficace » responsable d’une augmentation de la réabsorption sodée par stimulation du système rénine angiotensine. Il semble néanmoins que ce mécanisme ne soit pas exclusif mais que la rétention sodée soit la conséquence de l’atteinte rénale.

La rétention sodée est la conséquence de l’atteinte rénale. Un tel tableau impose la pratique immédiate d’une biopsie rénale sauf s’il s’agit à l’évidence d’une glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique.

Dans ce cas, les oedèmes ne sont pas dus à l’insuffisance rénale mais à des transferts, conséquence à la fois d’un très gros déficit en potassium extra- et intracellulaire et à des périodes alternées d’interruption et de reprise des régimes et des médicaments.

Il est très difficile de faire entendre raison à ce genre de patientes d’autant que l’intoxication aux diurétiques et aux laxatifs est souvent niée.

3- Atteinte hépatique :

L’hypertension portale, qui se complique d’une « hypovolémie efficace » et d’un hyperaldostéronisme secondaire à la diminution de la dégradation hépatique de l’aldostérone et à la diminution de synthèse de l’albumine, conséquence des perturbations hépatocellulaires, favorise l’extravasation liquidienne vers le tissu interstitiel, l’apparition d’une ascite, voire d’un épanchement pleural bilatéral (anasarque).

Le diagnostic est évoqué devant un contexte d’imprégnation éthylique, avoué ou non, un foie dur à bord inférieur tranchant, la présence d’angiomes stellaires, d’une circulation collatérale et d’une ascite, la présence de varices oesophagiennes à la fibroscopie oesogastrique témoignant d’une hypertension portale et de signes biologiques d’insuffisance hépatocellulaire.

Dans les autres cas, c’est l’anamnèse, les antécédents de contamination virale (hépatite B ou C) qui permettent le diagnostic.

Il se caractérise par l’existence d’un syndrome d’antidiurèse et d’antinatriurèse et d’une insuffisance rénale (fonctionnelle), le plus souvent secondaire à une majoration de l’hypovolémie « efficace » soit par excès de diurétiques, soit par ponctions d’ascite trop abondantes ou trop répétées, soit conséquence d’hémorragies digestives.

Le pronostic en est particulièrement sombre malgré les tentatives de rétablissement de la volémie.

C – OEdèmes carentiels :

Elle existe par défaut d’apport dans les pays en voie de développement (kwashiorkor).

Dans ce cas, la déperdition protidique affecte toutes les fractions de l’électrophorèse des protéines sériques.

D – OEdèmes par altération de la microcirculation :

Ce type d’oedème prend peu ou mal le godet et leur mise en évidence nécessite parfois des explorations complémentaires complexes.

Ils peuvent se voir en cas de perfusion thérapeutique d’interleukine 2, d’utilisation de GMCSF (granulocyte macrophage colony stimulating factor) recombinant (dans les leuconeutropénies), dans le syndrome de Clarkson avec chocs récidivants et présence d’une gammapathie monoclonale.

E – OEdèmes d’origine endocrinienne :

Les oedèmes peuvent s’observer dans les hypercorticismes (pathologiques ou par surdosage médicamenteux), les hyperminéralocorticismes où ils sont en général très discrets compte tenu du phénomène d’échappement, l’hypothyroïdie réalisant un myxoedème dont le mécanisme est mal connu et mal compris.

Il s’agit d’une infiltration du tissu sous-cutané prédominant en prétibial et au dos des pieds, ne prenant pas le godet. Le diagnostic repose sur le contexte clinique et le dosage de la TSH (thyroid stimulating hormone) ultrasensible.

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