Diagnostic et traitement d’un état dyspnéique aigu Cours de
réanimation - urgences
Introduction
:
La dyspnée aiguë est une urgence médicale
au carrefour de nombreuses spécialités
(omnipraticien, pneumologue, cardiologue,
urgentiste ou réanimateur).
Les affections
respiratoires et cardiaques sont les motifs les
plus fréquents d’hospitalisation en
urgence.
À titre d’exemple, dans une
étude nord-américaine, la dyspnée était
présente chez 21 % des sujets âgés
consultant aux urgences.
La prise en
charge diagnostique et thérapeutique n’est
pas standardisée car il n’y a aucun point
commun entre un asthme aigu grave (AAG)
du sujet jeune et une embolie pulmonaire
(EP) du sujet âgé.
Pourtant, il est nécessaire
de diagnostiquer précocement l’étiologie de
la dyspnée et d’en évaluer la gravité afin
d’en diminuer la morbidité et la mortalité.
La conduite à tenir devant une dyspnée
aiguë et les principaux diagnostics
rencontrés en urgence sont décrits, en
détaillant les difficultés diagnostiques et les
pièges possibles.
L’intérêt et les limites des
différents examens complémentaires sont
également détaillés.
Physiopathologie
de la dyspnée aiguë :
A - DÉFINITIONS ET MÉCANISMES
DE LA DYSPNÉE
:
La dyspnée est une sensation subjective
pénible, une gêne lors de la respiration,
ressentie comme un essoufflement, un
manque d’air, voire un étouffement.
Le caractère aigu de la dyspnée est défini
arbitrairement par une symptomatologie
datant de moins de 2 semaines.
La dyspnée
est indépendante de la polypnée, même si
ces deux symptômes sont souvent associés.
La polypnée (ou tachypnée) est une
respiration rapide (définie par une fréquence
respiratoire [FR] supérieure à 20/min) plus
ou moins superficielle.
L’orthopnée est une dyspnée de décubitus,
qui oblige les patients à respirer en position
assise.
Ce type de dyspnée est très souvent
associé à l’oedème pulmonaire aigu cardiogénique (OAPc).
Sa présence est le
témoin de l’intensité de la respiration et se
rencontre dans de nombreux cas
d’insuffisance respiratoire aiguë (IRA).
En
effet, en position assise, le diaphragme est
en meilleure conformation géométrique pour
se contracter.
La platypnée est une dyspnée ressentie en
position débout et disparaissant en
décubitus.
Rare, elle évoque un shunt droitegauche
ou un shunt hépatopulmonaire.
Les mécanismes physiopathologiques de la
dyspnée sont très complexes et encore
imparfaitement connus.
La théorie la
plus classique repose sur la perception, dans
les muscles respiratoires périphériques, de
l’inadéquation entre leur tension, issue de la
commande centrale, et leur longueur, reflet
de l’efficacité de leur contraction.
Une autre
hypothèse est que la dyspnée pourrait être
un déséquilibre entre l’activation de la
commande inspiratoire centrale (signal
activateur) et les mouvements ventilatoires
(mécanisme inhibiteur).
Plusieurs voies afférentes transmettent des
signaux en provenance de récepteurs
périphériques situés dans la cage thoracique,
et surtout des muscles respiratoires
(lorsqu’ils sont mis en tension, étirés ou déplacés).
Des récepteurs à l’irritation locale
ou aux variations de volume pulmonaire
sont impliqués.
Dans les voies aériennes
supérieures, des mécanorécepteurs
perçoivent les sensations respiratoires.
Des
chémorécepteurs périphériques et centraux,
sensibles à la pression partielle artérielle en
gaz carbonique (PaCO2), au pH et dans une
moindre mesure à la pression partielle
artérielle en oxygène (PaO2), interviennent
dans la sensation de dyspnée.
Toutefois, une
hyperventilation alvéolaire peut entraîner
une dyspnée, indépendamment de toute
mise en jeu des récepteurs périphériques ou
centraux.
La dyspnée est ressentie comme une
difficulté respiratoire, qui est exprimée
verbalement.
Comme toute sensation
subjective, l’expression verbale de la
dyspnée est variable d’un patient à l’autre
en fonction de la pathologie responsable de
la dyspnée, de l’ethnie du patient et de son
vécu.
Ainsi, les patients parlent souvent
d’augmentation du travail respiratoire ou de
manque d’air en cas de bronchopneumonie
chronique obstructive (BPCO) ou d’OAPc,
alors que la dyspnée est souvent ressentie
comme une respiration rapide dans l’EP et
superficielle en cas d’asthme aigu.
Les psychotropes (benzodiazépines et
neuroleptiques) et les morphinomimétiques
diminuent la perception de la gêne
respiratoire, ce qui favoriserait le retard
diagnostique.
B - PARTICULARITÉS DE LA DYSPNÉE
DU SUJET ÂGÉ
:
Les patients âgés ressentent moins la gêne
respiratoire.
Les réponses ventilatoires à
l’hypoxémie et à l’hypercapnie sont
diminuées.
À taux d’obstruction bronchique
identique, la réponse ventilatoire des
patients âgés est moindre.
Ils semblent
moins percevoir un changement de volume
pulmonaire ou de pression intrathoracique.
Ces particularités physiopathologiques
expliquent pourquoi les sujets âgés se
plaignent plus rarement d’une dyspnée,
malgré une atteinte pulmonaire parfois
sévère.
C - ÉVALUATION DE LA DYSPNÉE
:
La dyspnée peut être évaluée à l’aide d’une
échelle verbale (aucune dyspnée, légère,
forte, très forte) ou analogique, extrêmement
simple d’utilisation, échelonnée de 0
(absence de dyspnée) à 10, qui correspond à
la dyspnée maximale (méthode d’évaluation
identique à celle de la douleur).
Cette
échelle, évaluée dans les dyspnées aiguës,
permet également un suivi, comme dans
l’asthme où l’évolution de la dyspnée
(mesurée par une échelle numérique) est
corrélée aux modifications du débit
expiratoire de pointe.
En revanche,
l’échelle de dyspnée est difficilement
utilisable chez les sujets ayant des fonctions
cérébrales altérées.
En pratique, la démarche diagnostique ne
diffère pas en fonction de l’intensité de la
dyspnée.
Il n’y a aucune corrélation entre le
niveau de la PaO2 et la dyspnée, ni entre la
FR et l’intensité de la dyspnée.
C’est surtout
la pathologie sous-jacente responsable et son
retentissement sur l’organisme qui
conditionnent le pronostic.
Orientation diagnostique
devant une dyspnée
aiguë
:
L’apport de l’examen physique et des
examens complémentaires varie en fonction
de l’âge et des étiologies.
Ainsi, une dyspnée
avec des crépitants bilatéraux chez un sujet
jeune fébrile fait évoquer le diagnostic de
pneumonie bilatérale.
Chez un patient âgé,
outre l’infection pulmonaire, le même
tableau clinique suggère également un OAPc.
Chez le
jeune enfant dyspnéique, il faut penser à la
présence d’un corps étranger, à un asthme
aigu, à une bronchiolite virale ou à une autre
bronchopneumonie infectieuse.
Dans le cas
du patient de moins de 60 ans sans
antécédent, les examens complémentaires
permettent de confirmer le diagnostic qui
aura été suspecté cliniquement.
Les
étiologies les plus fréquentes sont l’asthme
aigu, la pneumonie, le pneumothorax et plus
rarement l’EP, la pleurésie infectieuse ou
l’OAPc.
En revanche, chez le sujet âgé, les
dyspnées aiguës posent souvent des
problèmes diagnostiques.
La prévalence
des maladies respiratoires et cardiaques est
augmentée, et donc la probabilité qu’un
patient soit porteur de plusieurs pathologies
est importante.
La première cause
de dyspnée aiguë du sujet âgé est l’OAPc.
Mais il est fréquent de découvrir une
pneumonie ou une EP chez un patient
porteur d’une BPCO ou d’une insuffisance
cardiaque aiguë (ICA).
De plus, la
sémiologie est souvent trompeuse ou
atypique, d’autant que le clinicien néglige
souvent les symptômes présentés par les
personnes âgées.
A - INTÉRÊT ET LIMITES
DE L’ANAMNÈSE ET DE L’EXAMEN
CLINIQUE
:
L’anamnèse est incontournable pour
l’orientation clinique. Chez le sujet jeune,
associée à l’examen physique, elle permet
souvent de porter le diagnostic d’emblée.
Les caractéristiques de la dyspnée sont
importantes à préciser.
Un asthme chez un
adulte jeune se présente sous la forme d’une bradypnée expiratoire sifflante.
En revanche,
une dyspnée inspiratoire et expiratoire chez
un sujet alcoolotabagique évoque une
tumeur oto-rhino-laryngologique ou
trachéale.
Une dyspnée inspiratoire
survenue lors d’un jeu ou lors d’un repas,
associée à un cornage et à un tirage, évoque
une fausse-route avec corps étranger chez
un enfant.
Il est nécessaire d’examiner en totalité le
thorax chez un patient déshabillé et si
possible assis afin de pouvoir dépister
facilement les signes de gravité : cyanose,
marbrures, mise en jeu des muscles
respiratoires accessoires ou tirage,
respiration abdominale (qui signe la
dysfonction diaphragmatique et précède
l’arrêt respiratoire).
Bien qu’elles soient de
moins en moins pratiquées, la mesure de la
FR et la recherche d’une anomalie des
vibrations vocales et du murmure
vésiculaire sont indispensables pour
l’évaluation rapide de la gravité (FR
> 30/min) et le diagnostic précoce d’un
épanchement pleural liquidien ou aérique.
Aucun signe clinique n’est spécifique d’une
étiologie.
Les crépitants, qui sont le témoin
d’une alvéolite, sont entendus en cas
d’oedème pulmonaire (hémodynamique ou
lésionnel), de pneumonie et d’hémorragie intra-alvéolaire, mais également chez
certaines personnes âgées alitées sans
aucune connotation pathologique (crépitants
de décubitus).
Les sibilants, qui sont les
témoins d’une diminution du débit
expiratoire, sont entendus en cas d’AAG du
sujet jeune (secondaire à un bronchospasme),
mais également lors d’un asthme
cardiaque (par oedème bronchique,
vasodilatation ou hyperréactivité bronchique
non spécifique) ou lors d’exacerbations de
BPCO (par collapsus expiratoire des petites
voies aériennes et perte de la traction
élastique).
En présence d’un tabagisme chronique et
lorsque la distance entre le cartilage cricoïde
et le bord supérieur du sternum est
inférieure à 5 cm chez l’homme, une
distension thoracique est probable, quasi
synonyme de BPCO quand il existe une
hypertrophie des muscles respiratoires
accessoires et une augmentation du diamètre
antéropostérieur du thorax (dit en
« tonneau »).
Chez des patients porteur d’une ICA, la
présence d’un reflux hépatojugulaire est
corrélée à une pression artérielle pulmonaire
d’occlusion supérieure à 20 mmHg.
L’existence d’un bruit de galop gauche est
très évocatrice d’ICA.
Chez les sujets âgés, la sémiologie est
souvent trompeuse ou atypique.
Une
chute, une altération de l’état général ou une
confusion mentale peuvent être les seuls symptomes initiaux d’une ICA ou d’une EP.
En cas de pneumonie infectieuse, les signes
pulmonaires ne sont pas toujours au premier
plan, mais sont quasi constants.
Ne pas
prendre systématiquement la FR est une
erreur, car la polypnée est parfois le signe le
plus précoce et a de surcroît une valeur
pronostique.
Même si elle est imparfaite, l’estimation de
la probabilité clinique pré-test constitue la
base de la démarche diagnostique face à une suspicion d’EP.
Schématiquement,
lorsque la probabilité clinique est forte, la
prévalence de l’EP est supérieure à 70 %,
alors qu’elle est inférieure à 10 % lorsque la
probabilité clinique est faible.
Cette
probabilité clinique peut être estimée
empiriquement ou par scores.
Différents
scores cliniques ont été évalués et prennent
en compte l’existence de facteurs de risque
d’EP, des éléments cliniques, gazométriques
ou radiographiques, et l’existence ou non
d’une alternative diagnostique.
La
probabilité clinique prétest permet de mieux
choisir les examens complémentaires et d’en
améliorer la valeur informative.
En cas de
scintigraphie pulmonaire de faible
probabilité et de probabilité clinique prétest
faible, il est démontré que l’EP peut être
éliminée.
B - MÉTHODES PROPOSÉES
POUR LE DIAGNOSTIC
ÉTIOLOGIQUE DE LA DYSPNÉE
:
Compte tenu des difficultés diagnostiques,
certaines méthodes cliniques ou examens
complémentaires réalisables au lit du malade
ont été proposés.
La variation de la pression pulsée (pression
artérielle systolique-pression artérielle
diastolique) lors d’une manoeuvre de
Valsalva facilite la détection d’une ICA.
Cependant, cette mesure nécessite une
formation du médecin et un appareillage
particulier.
Le débit de pointe (DEP) est significativement
plus faible dans les dyspnées
d’origine pulmonaire par rapport aux
dyspnées d’origine cardiaque (108 versus
224 L/min).
Cependant, la grande dispersion
des valeurs en limite l’intérêt en pratique
clinique.
Plusieurs index de dyspnée ont été évalués.
Un index de différenciation de la dyspnée a
été proposé et prenait en compte le DEP et
la PaO2 [(DEP ´ PaO2)/1 000].
Cet index
était inférieur en cas de dyspnée d’origine
pulmonaire par rapport à une origine
cardiaque (8,4 versus 18,4 LmmHg/min).
Un travail a évalué un autre index de
dyspnée chez 213 hommes âgés de 67 ans
en moyenne.
Cet index était comparé au
diagnostic final retenu après réalisation
d’une spirométrie ou d’une échocardiographie.
Cet index permettait d’orienter vers
une cause cardiaque ou pulmonaire.
La capnographie a été évaluée dans une
étude chez 15 patients avec OAPc et
27 patients avec obstruction bronchique
(asthme ou BPCO).
La capnographie était
plus basse dans le groupe OAPc (27 versus
33 mmHg, p < 0,05).
Il existe malheureusement
un chevauchement des valeurs
rendant l’examen peu utile en pratique.
La capnographie, associée au dosage des
D-dimères, a également été proposée dans
le diagnostic d’EP.
La majorité de ces études présentent des
biais méthodologiques importants, rendant
ces méthodes inutilisables aux urgences en
cas de dyspnée aiguë.
C - INTÉRÊTS ET LIMITES
DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
DE ROUTINE
:
En pratique, il paraît raisonnable de réaliser
une radiographie thoracique (RT), une
mesure des gaz du sang et un électrocardiogramme
(ECG) devant toute dyspnée aiguë.
Si après ce bilan rapide une EP est suspectée,
la mesure des D-dimères enzyme-linked
immunosorbent assay (Elisa) est proposée.
Néanmoins, ces examens de routine
présentent des limites qu’il convient de
connaître.
Les autres investigations
complémentaires sont à réaliser en deuxième
intention.
1- Radiographie thoracique
:
Souvent, les anomalies radiographiques
permettent d’orienter le diagnostic
étiologique.
À titre d’exemple, des opacités
alvéolaires systématisées unilatérales avec bronchogramme aérien évoquent un foyer
de condensation pneumonique ; en
revanche, lorsqu’elles sont bilatérales et
périhilaires associées à une cardiomégalie, le
premier diagnostic suspecté est un OAPc.
Malheureusement, la RT est souvent réalisée
dans de mauvaises conditions techniques au
lit du malade (patient polypnéique en
position semi-assise, rayon antéropostérieur,
inspiration insuffisante, superposition des
clavicules et des articulations chondrocostales
aux apex).
Parfois, des images
anormales (séquelles de tuberculose, de
thoracoplastie, de fractures de côtes...) et des
déformations rachidiennes gênent
l’interprétation.
Dans ces conditions, la RT
peut induire le clinicien en erreur en
simulant des pseudocondensations et en
majorant la silhouette cardiaque (d’environ
15 % en moyenne).
La RT est plus
sensible que l’examen physique pour
diagnostiquer un OAPc.
Néanmoins, elle
peut être également prise en défaut lors
d’authentique oedème pulmonaire
hémodynamique.
Dans une étude portant
sur 104 patients suspects d’OAPc, les
données obtenues par la RT, interprétée de
façon indépendante par trois radiologues,
ont été comparées à la pression
télédiastolique ventriculaire gauche mesurée
par cathétérisme cardiaque.
Dans plus d’un
tiers des cas où un OAPc était prouvé
(pression télédiastolique ventriculaire
gauche supérieure à 20 mmHg), la
radiographie était considérée comme
strictement normale. Affirmer
radiologiquement l’existence d’un OAPc
chez un patient BPCO est aussi très
difficile.
Dans un travail rétrospectif
portant sur 72 sujets BPCO, les anomalies
radiographiques (cardiomégalie,
épanchement pleural, redistribution
vasculaire, lignes de Kerley) étaient
retrouvées de façon équivalente dans le
groupe de patients avec et sans OAPc.
Un autre travail a confirmé que lors des
exacerbations de BPCO la RT semble d’un
apport diagnostique modeste.
En cas de suspicion d’EP, la normalité d’une RT est évocatrice, mais en fait très rare.
Les
anomalies radiographiques observées
(réaction pleurale, atélectasies ou opacités
parenchymateuses triangulaires à base
pleurale témoin d’un infarctus pulmonaire)
sont identiques, que les patients aient ou
non une EP.
2- Gazométrie artérielle en air
ambiant
:
L’existence d’un effet shunt se rencontre
dans toute anomalie des rapports
ventilation/perfusion.
C’est le mécanisme
physiopathologique le plus fréquemment
responsable d’une hypoxémie. Dans l’EP, le
mécanisme initial est un effet espace-mort
(zones ventilées mais non perfusées du fait
de l’obstruction vasculaire).
Néanmoins,
compte tenu de la bronchoconstriction
réflexe secondaire aux atélectasies et de la
redistribution de la perfusion vers les
territoires non embolisés, le retentissement gazométrique est celui d’un effet shunt (voir
encadré).
Certains travaux ont montré que
les valeurs de PaO2 et de PaCO2 (et de la
différence alvéoloartérielle en oxygène)
étaient identiques chez les patients avec ou
sans EP.
Il est néanmoins vrai que, en
dehors des patients ayant un syndrome
restrictif ou hypercapnie préexistants, la
présence d’une PaCO2 augmentée et d’une
acidose respiratoire est peu évocatrice d’EP.
La présence d’une hypercapnie n’est pas
spécifique d’une BPCO.
Elle est souvent le
témoin d’une hypoventilation alvéolaire,
notamment en cas de fatigue diaphragmatique,
quelle que soit l’étiologie (OAPc,
BPCO sévère ou AAG).
En cas de
pneumonie, une PaO2 inférieure à 60 mmHg
est un critère pronostique défavorable
intégré dans le score de Fine.
3- Électrocardiogramme
:
Dans l’EP, l’existence d’un aspect S1Q3
(témoin d’un coeur pulmonaire droit) et celle
d’un bloc de branche droit complet sont des
signes de gravité.
Cependant, la valeur
diagnostique de l’ECG est très faible dans
l’EP puisque les anomalies retrouvées ne
sont pas différentes dans les groupes de
patients avec et sans EP.
L’ECG est
indispensable en cas d’OAPc, à la recherche
du facteur déclenchant éventuel, tel qu’un
infarctus du myocarde, un trouble du
rythme supraventriculaire...
L’ECG montre
souvent des anomalies évocatrices
d’ischémie myocardique en cas de
dysfonction cardiaque systolique et très
rarement en cas d’anomalie diastolique.
4- Autres examens de « routine »
:
Chez un patient ambulatoire se présentant
aux urgences, un taux de D-dimères
inférieur ou égal à 500 ng/mL permet
d’exclure une EP ou une phlébite, quand la
probabilité clinique est faible ou modérée.
Mais la spécificité des D-dimères est
inférieure à 20 % chez les sujets âgés ou déjà
hospitalisés. Ce dosage ne permet donc pas
d’exclure une EP dans 80 % des cas.
Les
modifications physiologiques de
l’hémostase, l’existence de comorbidités
(infections , ICA, néoplasie...) e t
l’institutionnalisation du patient sont autant
de facteurs expliquant le faible intérêt du
dosage des D-dimères chez les sujets âgés et
les personnes hospitalisées.
Récemment, un
travail a souligné l’insuffisance de sensibilité
du dosage des D-dimères Elisa dans les EP
distales.
La protéine C-réactive est utilisée pour
orienter vers une origine bactérienne en cas
de pneumonie infectieuse.
Son taux est plus
élevé en cas d’infection à pyogènes, surtout
en cas de pneumococcémie, par rapport aux
infections à germes atypiques ou aux
virus.
Mais elle ne permet pas de faire
formellement la différence entre les
différentes causes d’exacerbation de BPCO
(infection ou non), ni entre les pneumonies
infectieuses et les surinfections bronchiques.
En effet, il existe un chevauchement des
valeurs entre tous ces groupes.
Les limites de l’examen physique et des
examens complémentaires usuels expliquent
les difficultés à poser le diagnostic exact chez
certains patients.
Ainsi, le diagnostic d’ICA
est confirmé par les examens spécifiques
(échocardiographie...) chez moins de 50 %
des patients suspects cliniquement d’OAPc
et moins d’un tiers des suspicions d’EP sont
prouvées par l’imagerie.
Les travaux autopsiques attestent des erreurs
diagnostiques pre-mortem et doivent inciter
le clinicien à l’humilité.
Ces études
rapportent que les atteintes cardiovasculaires
et respiratoires représentent les premières
causes de décès : pneumonie infectieuse
(35 %), EP (15 %), ICA et infarctus du
myocarde (15 %).
L’écart entre le diagnostic
clinique et le résultat autopsique semble
d’autant plus grand que les patients sont
âgés.
Les pathologies le plus souvent
ignorées sont l’infection bronchopulmonaire,
l’EP et l’OAPc.
Dans une série réalisée chez
des centenaires, le diagnostic n’était exact
que dans 40 % des cas.
Examens paracliniques
en cours d’évaluation
:
Dans un certain nombre de situations (sujets
âgés, patients avec ancétédents cardiaques
ou respiratoires, évolution peu satisfaisante
sous traitement adéquat), la difficulté à poser
un diagnostic rend nécessaire la réalisation
d’autres investigations.
A - ÉCHOCARDIOGRAPHIE-DOPPLER
TRANSTHORACIQUE :
L’échocardiographie précoce (réalisée dans
les 24 premières heures) a été évaluée chez
196 patients atteints de dyspnée aiguë et
âgés de 60 ans en moyenne.
L’échocardiographie montrait des anomalies
cardiaques cliniquement non évoquées dans
17 % des cas.
Pourtant, cet examen ne
modifiait pas significativement le diagnostic
suspecté cliniquement, ni la thérapeutique,
ni la durée d’hospitalisation, ni la mortalité.
Cependant, les auteurs n’avaient pas recours
au doppler et l’incidence de l’ICA
diastolique a donc été sous-estimée.
Récemment, un autre travail a confirmé que
l’échocardiographie-doppler était la
première investigation à réaliser pour mettre
en évidence une ICA diastolique.
L’examen était réalisé dans les 24 premières
heures, chez 38 patients (âgés en moyenne
de 67 ans) se présentant pour OAPc
secondaire à une hypertension artérielle.
Dans tous les cas, la dysfonction du
ventricule gauche était uniquement
diastolique.
Les modifications du flux mitral,
du flux veineux pulmonaire et la mesure du
temps de relaxation isovolumétrique
obtenus par le doppler permettaient de
détecter ce type de dysfonction ventriculaire
gauche.
L’échocardiographie-doppler est également
proposée lors du bilan d’une exacerbation
de BPCO pour rechercher un OAPc
associé.
L’échocardiographie-doppler a également
été évaluée chez 125 patients suspects d’EP.
Au total, 43 patients (34 %) avaient une EP
confirmée.
Le diagnostic échocardiographique
d’EP requérait l’existence de deux
des trois anomalies suivantes : diamètre
télédiastolique du ventricule droit supérieur
à 27 mm, hypokinésie du ventricule droit ou
vélocité de la régurgitation tricuspidienne
supérieure à 2,7 m/s.
La sensibilité de
l’échocardiographie-doppler n’était que de
50 %.
La valeur informative de cet examen
dépendait, là encore, de la probabilité
clinique prétest.
Ainsi, lorsque la probabilité
clinique était faible et que les anomalies
échographiques n’étaient pas suggestives,
l’EP était confirmée dans seulement 5 % des
cas.
A contrario, l’association d’une forte
probabilité clinique et d’un coeur pulmonaire
aigu échographique permettait quasiment
d’affirmer l’EP.
Chez les patients âgés,
l’existence d’anomalies échocardiographiques
suspectes d’EP est à interpréter avec
prudence, compte tenu de la fréquence des
antécédents cardiorespiratoires.
La
visualisation directe d’un thrombus ne peut
se faire qu’avec l’échocardiographie transoesophagienne, qui n’est pas un examen
non invasif et qui est réservée aux
spécialistes.
La place de l’échographie
cardiaque en cas de suspicion d’EP reste
donc controversée.
En revanche, en cas
d’état de choc ou de détresse respiratoire
aiguë, son intérêt dans la mise en évidence
d’un diagnostic différentiel est évident :
infarctus (en particulier du ventricule droit),
tamponnade, dissection aortique, choc
septique, ICA.
B - « BRAIN NATRIURETIC PEPTID »
(BNP)
:
Le BNP est un facteur natriurétique sécrété
par les myocytes ventriculaires
(essentiellement ventriculaires gauches).
Il
inhibe le système rénine-angiotensinealdostérone,
et est vasodilatateur et
diurétique. Le taux sérique du BNP
augmente physiologiquement avec l’âge.
En
cas d’ICA, la valeur du BNP est corrélée à la
dyspnée (évaluée selon l’échelle de la New
York Heart Association), à la fraction
d’éjection ventriculaire gauche et à la
pression de l’artère pulmonaire d’occlusion.
De plus, le BNP est augmenté dans l’ICA
aussi bien systolique que diastolique.
Dans
l’étude de Davis et al, 52 patients (âgés en
moyenne de 67 ans) présentant une dyspnée
aiguë ont été inclus.
Le diagnostic final
était porté après mesure de la fraction
d’éjection isotopique du ventricule gauche
et la réalisation d’une spirométrie.
Dans le
groupe de patients ayant une dyspnée
d’origine cardiaque (12/52), le taux initial
du BNP était significativement plus élevé
que dans le groupe de patients ayant une
dyspnée d’origine pulmonaire (576 versus
45 pg/mL).
Le taux de BNP est
actuellement dosable en 30 minutes, de
façon fiable, au lit du malade (BNP Triaget,
bmd, Marne-la-Vallée, France).
Par cette
méthode, l’apport du BNP a été évalué chez
250 patients (de 63 ans en moyenne)
consultant pour une dyspnée aiguë.
L’intervention d’experts cardiologues et la
réalisation d’une échocardiographie-doppler
permettaient de porter un diagnostic
étiologique.
Le taux du BNP chez les
patients avec ICA était supérieur à celui des
patients sans ICA (1 076 versus 38 pg/mL,
p < 0,001).
Un taux sanguin inférieur à
80 pg/mL avait une excellente valeur
prédictive négative et une valeur supérieure
à 120 pg/mL avait une excellente valeur
prédictive positive d’ICA (95 %).
Cette étude
a été réalisée chez des sujets « jeunes » et il
est probable que les valeurs seuils soient
augmentées chez les sujets âgés.
Bien
que le BNP semble aussi performant que
l’échographie-doppler pour le diagnostic
d’ICA, il ne la remplace pas pour le
diagnostic étiologique (hypo- ou akinésie
segmentaire avec dysfonction systolique
secondaire à un infarctus, dysfonction
diastolique sur cardiopathie
hypertrophique...).
C - AUTRES EXAMENS EN COURS
D’ÉVALUATION :
1- Angioscanner thoracique
:
Par sa disponibilité, le scanner spiralé est
dans beaucoup de centres hospitaliers
l’examen de première intention en cas de
suspicion d’EP.
La sensibilité et la spécificité
sont bonnes, même si elles varient selon les auteurs de 75 à 95
% environ.
Ses performances sont
identiques à celles de l’angiographie
pulmonaire dans les cas d’EP proximales, mais l’angioscanner peut être pris
en défaut lors d’EP sous-segmentaires,
d’où l’association à l’échographie veineuse
des membres inférieurs dans ces
situations.
De plus, les coupes
parenchymateuses mettent en évidence
des anomalies que la RT ne montre pas
toujours et permettent un diagnostic
différentiel.
En cas d’OAPc,
la tomodensitométrie en coupes fines
présenterait une excellente sensibilité en
montrant un ou plusieurs des signes
suivants : verre dépoli, lignes septales
épaissies, augmentation de calibre des
veines pulmonaires, dilatation des cavités
cardiaques, épaississement des parois
bronchiques, épanchements pleuraux
bilatéraux.
Dans un travail portant
sur 47 patients suspects de pneumonie
communautaire, la tomodensitométrie en
coupes fines a montré dans huit cas des
anomalies parenchymateuses qui n’avaient
pas été détectées par la radiographie
thoracique.
2- Échographie pleuropulmonaire
:
L’échographie pleuropulmonaire reste un
examen confidentiel, malgré son caractère
non invasif et sa faisabilité au lit du malade.
Cet examen diagnostique un épanchement
pleural liquidien ou aérique (perte du
glissement physiologique des deux feuillets
pleuraux) avec les mêmes performances que
le scanner thoracique.
L’échographie
pulmonaire diagnostique une condensation
alvéolaire et pourrait aider à différencier un OAPc d’une décompensation de BPCO, par
la présence de l’artefact en queue de comète.
Les EFR sont indispensables pour affirmer
un syndrome obstructif ou restrictif.
En cas
de maladie obstructive réversible après bêta2-
mimétiques, les EFR évoquent un asthme.
Néanmoins, il faut éviter les erreurs
d’interprétation.
Les anomalies retrouvées ne
sont pas toujours la cause de la dyspnée
aiguë, mais parfois le témoin d’une
pathologie respiratoire sous-jacente.
Il faut
donc toujours s’attacher à chercher le facteur
déclenchant de la dyspnée aiguë (une ICA,
une pneumonie ou une EP).
D’autre part,
certaines pathologies cardiaques présentent
un retentissement fonctionnel pulmonaire,
qu’il faut se garder d’attribuer trop
rapidement à une insuffisance respiratoire
préexistante.
Il existe actuellement des spiromètres
portables, qui permettent une mesure fiable
des volumes pulmonaires, du volume
expiratoire maximum-seconde (VEMS) et de
la courbe débit-volume au lit du malade.
L’apport diagnostique pour la détection
précoce d’anomalies fonctionnelles semble
important.
4- En pratique
:
L’intérêt clinique de l’échographie
« générale » d’urgence (cardiaque, pleuropulmonaire et veineuse des membres
inférieurs), du scanner en coupes fines et
des spiromètres reste à évaluer dans les
dyspnées aiguës.
Nous ne prétendons pas
proposer tous ces examens complémentaires
pour tous les patients dyspnéiques.
En
revanche, le clinicien doit connaître l’apport
et les limites de ces investigations non
invasives.
Parmi ces méthodes, le BNP est
un excellent marqueur de l’ICA et devrait
rapidement devenir indispensable à tous les
services d’urgences, mais également en préhospitalier.
La valeur seuil retenue se
situe entre 100 et 250 pg/mL.
Causes de dyspnée aiguë
:
Il n’existe pas de travail ayant évalué
l’épidémiologie précise des dyspnées aiguës.
Un travail évaluant le BNP dans les
dyspnées aiguës de l’adulte a montré que
l’ICA était la première cause, suivie des
pneumonies et de l’asthme aigu.
Dans notre étude, réalisée chez les sujets
âgés (80 ans en moyenne), la moitié des
patients présentaient un OAPc et un tiers
des patients avaient plusieurs pathologies
associées.
Parmi les autres causes, les
pneumonies, l’exacerbation d’une BPCO et
l’EP sont les plus fréquentes.
Seules certaines étiologies de dyspnée aiguë
sont détaillées.
A - ASTHME AIGU
:
L’asthme aigu représente environ 2 % des
urgences médicales avec malheureusement
une prise en charge inadaptée dans la moitié
des cas, avec une sous-consommation de
corticoïdes en cas de crise grave et une surprescription d’anticholinergiques même
en cas d’asthme bénin.
Le diagnostic
d’asthme aigu est facile à l’anamnèse (crises
de dyspnées sifflantes nocturnes, à l’effort
ou au printemps, antécédent personnel ou
familial d’allergie ou d’asthme dans
l’enfance ou de bronchiolites récidivantes) et
à l’examen physique (freinage expiratoire
avec sibilants).
En revanche, l’évaluation de
la gravité de la crise est parfois trompeuse.
La mesure du DEP doit faire partie de
l’examen clinique.
En dehors des critères clinicobiologiques classiques d’hospitalisation,
un réveil nocturne quotidien avec
une dyspnée sifflante, une consommation de
plus en plus forte de bêta2-mimétiques, un
contexte socioéconomique défavorable, un
antécédent d’hospitalisation en réanimation
pour asthme ou l’absence de médecin
traitant nécessitent souvent une
hospitalisation.
Outre les signes cliniques
communs à toute IRA, la constatation d’un
DEP inférieur à 150 L/min ou inférieur à
30 % de la théorique est un signe de gravité.
Dans 25 % des cas, l’asthme aigu est grave
et nécessite une prise en charge en
réanimation.
Chez les sujets âgés, l’asthme est rarement
en cause en cas de dyspnée aiguë et en tout
cas jamais révélateur.
En présence de
sibilants, il faut évoquer avant tout un
asthme cardiaque.
B - BRONCHOPNEUMONIES
INFECTIEUSES :
La pneumonie est la maladie infectieuse la
plus fréquente des sujets de plus 65 ans et la
gravité augmente avec l’âge.
Le taux
d’hospitalisation est de 11/1 000 chez les
plus de 75 ans (contre 1/1 000 chez les
moins de 55 ans) et 70 % à 90 % des décès
par pneumonie touchent les patients de plus de 65 ans.
En France, il existe environ
500 000 pneumonies par an.
L’association d’une symptomatologie
respiratoire (toux, expectoration souvent
jaunâtre ou verdâtre, dyspnée, douleur
thoracique, tachypnée), d’un syndrome
infectieux (fièvre, frissons, hyperleucocytose)
et d’anomalies radiographiques est suffisante
pour porter le diagnostic de pneumopathie.
Ce tableau clinique typique est parfaitement
adapté à la population jeune.
Néanmoins,
chez le sujet âgé, 30 % des patients avec
pneumonie ne présentent ni tachycardie, ni
fièvre, ni hyperleucocytose et les signes
pulmonaires, pourtant présents, peuvent être
masqués par des symptômes extrathoraciques
(troubles digestifs, confusion
mentale), d’autant que les anomalies
radiographiques peuvent n’apparaître
qu’après quelques jours.
Classiquement, les pneumonies atypiques
surviennent chez le sujet jeune.
Le tableau
clinique est progressif, moins fébrile, avec
des myalgies ou des arthralgies, et les
opacités radiographiques sont plutôt
interstitielles ou en verre dépoli, localisées
ou bilatérales.
Les germes
responsables sont les virus, Chlamydia et Mycoplasma pneumoniae, plus rarement
Legionella pneumophila.
Devant une toux et
une dyspnée évoluant depuis plusieurs
semaines associées à une altération de l’état
général et à une candidose buccale, la
présence d’opacités alvéolo-interstitielles
bilatérales doit faire évoquer systématiquement
une pneumopathie à Pneumocystis
carinii, qui reste un mode d’entrée fréquent
dans le syndrome immunodéficitaire acquis.
A contrario, la pneumonie franche lobaire
aiguë, dont l’apanage est Streptococcus
pneumoniae, se manifeste par un début
brutal, parfois une douleur thoracique (par
réaction pleurale), une hyperthermie
importante, une hyperleucocytose, un
syndrome de condensation alvéolaire
clinique (crépitants, souffle tubaire, matité,
augmentation des vibrations vocales) et
radiologique (opacité alvéolaire
systématisée), parfois associés à un
épanchement pleural réactionnel ou
purulent.
Les autres germes
responsables sont Haemophilus influenzae,
Legionella pneumophila...
La bronchopneumonie survient plutôt chez
un patient porteur d’une dilatation des
bronches ou d’une BPCO.
L’atteinte est bronchioloalvéolaire et les opacités
radiographiques sont en mottes (patchy des
Anglo-Saxons).
Chez les sujets âgés, Streptococcus
pneumoniae, Haemophilus influenzae,
Staphylococcus aureus, les bacilles à Gram
négatif en cas d’institutionnalisation et les
anaérobies en cas de troubles neurologiques
(accident vasculaire cérébral, maladie de
Parkinson, troubles de la déglutition) sont
les germes les plus fréquemment
responsables de pneumopathie infectieuse.
Malgré cette description schématique des
pneumonies, aucun tableau radioclinique ne caractérise un germe.
Ainsi, les troubles
digestifs (diarrhée), la confusion mentale, la rhabdomyolyse et l’hyponatrémie ne sont
pas spécifiques de la légionellose
pulmonaire, ni la pneumonie franche lobaire
aiguë du pneumocoque.
C - OEDÈME PULMONAIRE AIGU CARDIOGÉNIQUE
:
1- Généralités
:
Dix pour cent des patients de plus de 80 ans
sont porteurs d’une dysfonction
cardiaque.
L’ICA est responsable de
dyspnée lorsqu’elle est associée à un OAPc
(ou beaucoup plus rarement en cas d’EP
massive avec une dysfonction cardiaque
droite).
Dans le contexte d’un syndrome
coronarien aigu ou d’une cardiopathie
dilatée alcoolique, le diagnostic d’OAPc est
souvent simple.
La dyspnée est rapidement
progressive, avec une orthopnée et des
crépitants bilatéraux.
La présence d’un
reflux hépatojugulaire est, classiquement, un
signe d’insuffisance cardiaque droite, mais
également témoin dans ce contexte d’une
pression artérielle pulmonaire d’occlusion
supérieure à 18 mmHg.
Lors des OAPc de
moindre abondance, le verre dépoli, les
lignes de Kerley B, l’épanchement pleural
liquidien (droit ou bilatéral) de faible
importance sont beaucoup plus facilement
visibles sur la tomodensitométrie thoracique
en coupes fines que sur la RT.
Chez le sujet jeune, l’ICA est le plus souvent
d’origine systolique.
Mais la fonction
systolique est normale chez presque 50 %
des patients de plus de 75 ans avec ICA.
Dans ce cas, il s’agit d’une dysfonction
cardiaque diastolique, due à un défaut de
remplissage ou à un trouble de la relaxation
myocardique.
Les causes les plus souvent à
l’origine de ce type d’ICA sont un trouble
du rythme supraventriculaire, une
cardiopathie hypertrophique, hypertensive
ou ischémique au stade initial.
2- Asthme cardiaque
:
Il se manifeste par une dyspnée sifflante
associée parfois à une toux, surtout
nocturne.
Ce tableau se rencontre
d’autant plus que la structure du poumon
est vieillissante ou altérée (sujets âgés ou BPCO).
Ainsi, la perte des forces de
rétraction élastique peut accentuer la
diminution du calibre bronchique lors de
l’expiration, ainsi que la préexistence
d’anomalies des petites voies aériennes ou
des vaisseaux bronchiques.
Le terme
d’obstruction bronchique est préférable à
celui de bronchospasme ou de bronchoconstriction
qui évoque une contraction des
muscles lisses bronchiques.
L’OAPc peut être responsable d’un
syndrome obstructif ou restrictif.
La
diminution des débits expiratoires, de la
capacité vitale et du VEMS est en partie
réversible après traitement par diurétiques
ou dérivés nitrés.
Une bronchoconstriction
réflexe est parfois observée et peut
être partiellement levée par les
bronchodilatateurs.
Il existe d’ailleurs une
corrélation entre cette hyperréactivité
bronchique et la pression artérielle
pulmonaire d’occlusion.
L’obstruction
bronchique obtenue après inhalation de métacholine pourrait être attribuée à une
bronchoconstriction des muscles lisses ou à
une vasodilatation des vaisseaux
bronchiques sous-muqueux.
Or,
l’administration d’un agent vasoconstricteur
prévient cette diminution du débit
bronchique.
La prédominance du mécanisme
vasculaire semble être également confirmée
par la constatation histologique d’un oedème péribronchovasculaire.
3- Implication clinique
:
Compte tenu de l’intrication des mécanismes
bronchiques et vasculaires, les bronchodilatateurs
sont fréquemment prescrits en
pratique.
L’efficacité des
bêta2-
mimétiques peut s’expliquer par leur action bronchodilatatrice, par un effet
vasodilatateur artériel pulmonaire et
systémique, et aussi par une résorption
accélérée de l’oedème pulmonaire.
Néanmoins, le rapport bénéfice/risque
(ischémie myocardique ou trouble du
rythme supraventriculaire) des bêta2+ n’a
jamais été correctement évalué dans cette
indication.
En cas d’OAPc avec IRA,
hypercapnique ou avec hypoxémie
importante, le recours à la ventilation non
invasive est largement consensuel.
D - EMBOLIE PULMONAIRE
:
L’âge est un facteur de risque indépendant
d’EP.
Ainsi, chez les hommes, la
probabilité cumulée d’EP est de 0,5 % à 50
ans et de 10,7 % à 80 ans.
Environ 80 % des
patients avec une EP ont un ou plusieurs
facteurs favorisants : cancer, période
post opératoire orthopédique ou abdominopelvienne, insuffisance cardiaque
ou respiratoire, antécédent personnel ou
familial de maladie thromboembolique,
anomalie constitutionnelle de la
coagulation...
Aucun signe clinique, électrocardiographique ni radiographique
n’est spécifique d’EP.
Schématiquement,
l’EP est évoquée devant trois
tableaux cliniques distinctifs :
– la dyspnée aiguë avec effet shunt
gazométrique et peu de signes à l’examen
physique, à l’ECG et à la RT ;
– le coeur pulmonaire aigu clinique et électrocardiographique avec état de choc ou
détresse respiratoire aiguë sans alternative
diagnostique au premier plan ;
– l’infarctus pulmonaire avec une
douleur thoracique pleurale accompagnée
d’hémoptysie et d’une dyspnée.
Dans le cadre d’une EP, les stratégies
diagnostiques utilisant les techniques les
moins invasives sont à privilégier et varient
en fonction du patient.
À titre d’exemple
chez les BPCO, la scintigraphie pulmonaire
est souvent peu contributive pour le
diagnostic positif, alors que l’angioscanner
est performant.
A contrario, en cas d’OAPc
avec suspicion d’EP, l’angioscanner doit être
retardé car l’injection peut être source de
morbidité et de mortalité cardiorespiratoire
importante chez ces patients fragiles.
Il vaut
mieux commencer par une échographie
veineuse des membres inférieurs.
Si celle-ci
est négative, le diagnostic ne peut être
éliminé ; mais si elle montre une thrombose
veineuse profonde (visualisation directe du
caillot et surtout incompressibilité de la
veine), l’anticoagulation à dose efficace est
justifiée.
L’échographie-doppler veineuse
des membres inférieurs présente un
rendement diagnostique faible en l’absence
de signes cliniques de phlébite.
En revanche,
la sensibilité de cet examen pour affirmer
une pathologie thrombotique est supérieure
à 55 %, chez les patients de plus de 80 ans.
Des algorithmes décisionnels associant
dosage des D-dimères, échographie veineuse
et scintigraphie pulmonaire ou angioscanner
ont été validés.
L’échocardiographie-doppler est surtout
intéressante en cas de suspicion d’EP
massive révélée par un état de choc ou une
détresse respiratoire.
Dans ces situations,
la constatation d’un coeur pulmonaire aigu échocardiographique est très évocatrice d’EP
grave et permet de débuter une thrombolyse
(en l’absence de contre-indication).
Lorsque
l’échocardiographie n’est pas disponible,
l’angioscanner est actuellement l’examen de
choix dans la suspicion d’EP grave.
E - AUTRES DIAGNOSTICS FRÉQUENTS
:
Chez le sujet jeune longiligne et fumeur, une
douleur thoracique associée à une dyspnée
aiguë doit faire évoquer un pneumothorax.
Une dyspnée associée à une toux évoluant
depuis plusieurs semaines révèle parfois une
tuberculose pleuropulmonaire.
Chez le
patient alcoolotabagique ou âgé, un
épanchement pleural liquidien est souvent
révélateur d’une néoplasie (pulmonaire
primitive ou métastatique) ou d’une
pleurésie purulente.
En France, la première cause d’insuffisance
respiratoire chronique est la BPCO posttabagique.
Lors des décompensations,
déterminer le facteur déclenchant est parfois
difficile.
La pneumonie, l’ICA et l’EP sont les
causes à rechercher de principe.
Chez le sujet âgé, le syndrome coronarien
aigu se présente souvent sous la forme d’une
dyspnée.
L’ECG et le dosage des marqueurs
cardiaques (surtout la troponine) facilitent le
diagnostic.
Traitement
:
A - TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
:
Il comporte une oxygénothérapie afin
d’obtenir une saturation du sang en oxygène
(SaO2) supérieure ou égale à 90 %, seuil en
deçà duquel une hypoxémie peut se
compliquer d’hypoxie (diminution de
l’oxygène dans les cellules).
La saturation
de l’hémoglobine en oxygène mesurée par oxymètre de pouls (SpO2) permet de
surveiller la SaO2 de façon non invasive,
mais ne remplace pas la mesure des gaz du
sang.
Ainsi, en dessous de 85 %, la SpO2
n’est plus un bon reflet de la SaO2 et seule
la mesure répétée des gaz du sang permet
d’apprécier l’évolution de la capnie sous
traitement, en particulier après
oxygénothérapie chez les patients atteints de
BPCO.
Des médicaments à visée anxiolytique
(comme les benzodiazépines et les phénotiazines) ou les morphinomimétiques
ont été proposés dans la dyspnée chronique.
Ils n’ont cependant jamais été évalués au
cours des dyspnées aiguës et ne sont donc
pas indiqués.
Rappelons que, même si les échanges
gazeux peuvent être altérés par les opiacés,
ceux-ci restent néanmoins les antalgiques les
plus efficaces dans certaines situations
algiques responsables de dyspnée aiguë,
comme les fractures de côtes ou le
pneumothorax.
B - ASSISTANCE VENTILATOIRE
:
De nombreux moyens thérapeutiques
mécaniques, allant de l’assistance
ventilatoire totale à un support en pression,
existent pour prendre en charge tout ou
partie de la ventilation du patient ou son
effort respiratoire.
Les indications de ventilation mécanique
sont souvent limitées aux troubles de
conscience, à l’épuisement respiratoire, à
l’acidose ventilatoire sévère et à l’état de
choc associé à l’IRA.
Dans certaines
pathologies neuromusculaires (polyradiculonévrite
aiguë et myasthénie), la ventilation
mécanique est instituée sur des critères spirométriques (capacité vitale) ou cliniques
(encombrement bronchique et trouble de la
déglutition), alors qu’il n’y a pas encore
d’anomalie des gaz du sang.
Il existe deux grands types de modes ventilatoires, volumétrique et barométrique.
Pour les modes en volume, le volume
courant fixe est programmé.
Il en résulte
donc une pression dans les voies aériennes.
Pour les modes en pression, le ventilateur
délivre une pression que l’on peut régler et
il en résulte un volume courant.
La majorité
des modes ventilatoires existants sont des
adaptations ou des combinaisons de ces
deux grands modes permettant plus ou
moins au patient de déclencher des cycles
respiratoires.
Pour mettre en place tous ces supports ventilatoires, il faut une connexion
(interface) parfaitement étanche entre le
patient et le ventilateur.
Au cours des IRA,
deux interfaces sont le plus souvent utilisées,
soit l’intubation endotrachéale, soit un
masque (facial plus souvent que nasal).
1- Ventilation mécanique
conventionnelle :
Est désignée sous cette appellation la
ventilation mécanique utilisant un tube endotrachéal comme interface entre le
patient et le ventilateur.
Les sondes
d’intubation permettent un abord oro- ou
nasotrachéal.
Au cours des détresses
respiratoires, en dehors des impossibilités
d’intubation ou en cas de pathologies des
voies aériennes supérieures, le patient n’est
jamais trachéotomisé d’emblée mais intubé.
Ce geste, salvateur dans bien des cas,
nécessite une technique rigoureuse et une
grande habitude.
Il ne doit donc être
entrepris que par un opérateur ayant un
minimum de pratique et après une bonne
préparation du patient (perfusé, sédaté...).
2- Ventilation dite « non invasive »
(VNI)
:
Contrairement à la ventilation conventionnelle,
la VNI utilise comme interface un
masque, le plus souvent bucconasal.
La
ventilation au masque ne nécessite pas de
sédation ou d’anesthésie pour sa mise en
place.
Au contraire, une conscience
satisfaisante et une bonne coopération du
patient sont indispensables pour la mettre
en oeuvre et en améliorer l’efficacité.
La VNI
est possible avec les différents modes de
ventilation ; elle est idéalement appliquée en
aide inspiratoire (mode barométrique au
cours duquel tous les cycles sont déclenchés
par le patient et varient en fonction de son
effort inspiratoire).
La VNI voit ces
indications s’élargir depuis quelques années.
Depuis les premiers travaux des années
1990, démontrant son intérêt dans la
décompensation hypercapnique des BPCO,
la VNI est maintenant proposée dans l’OAPc
avec de bons résultats et même au cours de
certaines insuffisances respiratoires aiguës
hypoxémiques (pneumonies infectieuses,
immunodéprimés, sujets âgés).
Sa mise
en oeuvre semble possible même aux
urgences ou en préhospitalier.
Les contreindications
de la VNI sont l’existence d’un
coma, de troubles de la déglutition, d’un état
de choc et évidemment d’un arrêt cardiaque
ou respiratoire.
3- Pression positive continue
dans les voies aériennes
:
La CPAP (continuous positive airway pressure)
est un système permettant de maintenir au
cours de tout le cycle ventilatoire une
pression positive dans les voies aériennes
du patient. Elle est utilisée le plus souvent
avec le même type de masque (interface)
que la VNI.
Ce support ventilatoire permet
d’obtenir une augmentation de la capacité
résiduelle fonctionnelle, de lever des
microatélectasies et de diminuer l’effort
ventilatoire de certains patients. Son
efficacité est souvent spectaculaire chez les
patients en OAPc.
4- Critères d’hospitalisation
en réanimation
:
Personne ne discute que la ventilation
mécanique doit être réalisée en réanimation.
En revanche, la facilité de la VNI doit
permettre sa mise en route dès les urgences
ou en préhospitalier.
Les autres indications
d’hospitalisation en réanimation ne sont pas
consensuelles.
Les critères de gravité
associent des signes cliniques (FR supérieure
à 25/min, tachycardie supérieure à 120/min,
marbrures ou collapsus ou état de choc,
cyanose ou extrémités froides, orthopnée ou
utilisation des muscles respiratoires
accessoires, troubles de conscience, syncope
ou lipothymie en cas d’EP), et des anomalies
biologiques et radiographiques (PaO2
inférieure à 60 mmHg, normocapnie en cas
d’AAG et acidose respiratoire ou
hyperlactacidémie, atteinte bilatérale en cas de pneumopathie infectieuse).
Devant la
constatation d’un ou plusieurs de ces signes,
l’indication d’une hospitalisation en
réanimation doit être posée.
La décision est
finalement prise au vu de l’état général du
patient, de son autonomie antérieure, de
l’existence ou non d’une maladie fatale et
éventuellement après avis du médecin
traitant.
L’âge, y compris avancé, ne doit pas
à lui seul censurer la discussion d’une
éventuelle admission en réanimation.
C - TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE
:
Il est indispensable et extrêmement variable
d’une situation à l’autre.
1- Asthme aigu
:
Les aérosols de
bêta2-mimétiques associés à une
corticothérapie en cas d’AAG, de même
qu’un anticholinergique (bromure
d’ipratropium, Atroventt) est souvent
associé pour son activité bronchodilatatrice
synergique avec les bêta2-mimétiques.
L’administration des
bêta2-mimétiques par voie
inhalée est aussi efficace que par voie
intraveineuse et entraîne moins d’effets
secondaires.
Il n’a pas été montré que les
fortes doses de corticoïdes étaient plus
efficaces que les doses moyennes. De même,
les corticoïdes per os (voire inhalés à fortes
doses) semblent aussi efficaces que par voie
parentérale.
2- Insuffisance cardiaque gauche
:
Lors d’un OAPc, les diurétiques et/ou les
dérivés nitrés (en particulier le dinitrate
d’isosorbine en bolus à fortes doses), voire
les inhibiteurs de l’enzyme de conversion,
sont à débuter précocement en plus du
traitement du facteur déclenchant :
ralentissement et réduction d’une fibrillation
auriculaire rapide, contrôle d’une poussée
hypertensive, prise en charge en réanimation
cardiologique d’un syndrome coronarien
aigu...
En cas d’OAPc sévère, l’apport de la
ventilation non invasive ou de la CPAP n’est
plus à démontrer.
Ce type de ventilation au
masque améliore l’oxygénation, diminue le
taux d’intubation et améliore la survie,
même chez les sujet âgés. Lorsqu’il existe un
syndrome coronarien aigu et un OAPc, la
CPAP est préférable à la VNI.
3- Pneumonies
:
Dans le cadre des pneumopathies
infectieuses, un traitement antibiotique
précoce (< 8 heures) est gage de meilleur
pronostic.
Schématiquement, lorsque la
présentation clinicoradiologique évoque une
pneumonie franche lobaire aiguë,
l’amoxicilline à la dose de 50 mg/kg/j est le
traitement de choix.
Si une allergie aux
bêta-lactamines est suspectée, la pristinamycine
ou les nouvelles fluoroquinolones avec
activité antipneumoccocique peuvent être
utilisées.
En revanche, en cas de
pneumopathie atypique, un macrolide (ou
une fluoroquinolone avec ou non activité
antipneumoccocique) est proposé en
première intention.
La présence de signes de
gravité, évaluée à partir du terrain, de
l’examen physique, et des anomalies
biologiques e t radiologiques doit
obligatoirement entraîner la prescription
d’une double antibiothérapie.
Le plus
souvent, l’amoxicilline avec un inhibiteur
des bêta-lactamases ou une céphalosporine de
troisième génération de type céfotaxime ou
ceftriaxone et un macrolide ou une
fluoroquinolone (ou une fluoroquinolone
antipneumoccocique) sont recommandés.
4- Embolie pulmonaire
:
En dehors d’une contre-indication,
l’anticoagulation à dose efficace doit être
introduite dès la suspicion.
Parmi les
héparines de bas poids moléculaire, seule la tinzaparine a reçu l’autorisation de mise sur
le marché en France dans cette indication.
Lorsque l’EP s’associe à un état de choc, une
thrombolyse est souvent proposée en
l’absence de contre-indications.
5- Insuffisance respiratoire
chronique :
En cas d’exacerbation, le traitement doit être
étiologique en premier lieu (ICA,
bronchopneumonie infectieuse...).
Chez les
patients atteints de BPCO post-tabagique,
l’oxygénothérapie à fort débit risque de
majorer l’hypercapnie, surtout par
modifications des rapports
ventilation/perfusion.
Néanmoins, une
saturation artérielle supérieure à 85 % reste
indispensable.
Classiquement, les bronchodilatateurs (bêta2-mimétiques et anticholinergiques) sont proposés dans les
BPCO en cas de sibilants.
L’antibiothérapie
en cas de surinfection est largement
prescrite, de même que les corticoïdes en
cas de sibilants.
Pourtant, leur efficacité reste
toujours discutée.
De plus, leur facilité
d’administration et leur apparente innocuité
ne doivent pas faire oublier leurs
complications iatrogènes : sélection de
bactéries résistantes pour les antibiotiques ;
diabète induit, risque d’infection et
myopathie pour les corticoïdes.
Conclusion
:
La dyspnée aiguë est un motif fréquent de
consultation en urgence.
Déterminer la (ou
les) cause(s) de cette dyspnée est souvent facile
dès l’examen physique, chez le sujet sans
antécédent, mais plus difficile chez le sujet âgé
ou porteur de maladies cardiaques ou
respiratoires.
Outre l’anamnèse et l’examen
physique, les examens complémentaires de
routine (RT, gaz du sang et ECG) sont
indispensables, même s’ils présentent des
limites à connaître.
L’OAPc, la pneumonie, le
pneumothorax et l’EP sont les étiologies les
plus fréquentes.
Le BNP est un excellent
marqueur de l’ICA/OAPc.
L’apport
diagnostique d’investigations complémentaires
non invasives et précoces, telles que la
tomodensitométrie thoracique sans injection
ou l’échographie (doppler cardiaque et pleuropulmonaire) doit être évalué.
En effet, le
diagnostic étiologique précoce permet de
débuter un traitement adapté, gage de meilleur
pronostic.