Anatomie pathologique des tumeurs endocrines du pancréas Cours d'Hépatologie
Introduction
:
Bien que les tumeurs endocrines pancréatiques ne représentent que
2 à 3 % des tumeurs du pancréas, elles suscitent un grand intérêt en
raison de leurs caractéristiques physiopathologiques et pronostiques.
Le potentiel évolutif hétérogène de ces tumeurs est déconcertant
cliniquement, même si leur pronostic est très différent de celui de
l’adénocarcinome canalaire pancréatique.
Les critères
morphologiques habituellement utilisés pour les tumeurs
épithéliales ne permettent pas de prédire l’évolution des tumeurs
endocrines.
La dernière classification internationale de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des tumeurs endocrines,
publiée en 2000, intègre des données cliniques, histologiques et
moléculaires. Nous la détaillons dans cet article.
Il est probable
que de nouveaux outils moléculaires apporteront dans un avenir
proche des informations sur le potentiel évolutif et métastatique de
ces tumeurs, permettant ainsi de mieux adapter le traitement
chirurgical ou chimiothérapique.
Système neuroendocrine, Terminologie :
Le terme de « système neuroendocrine » repose sur les similitudes
morphologiques, biochimiques et fonctionnelles entre les cellules
nerveuses et les cellules endocrines, ceci indépendamment de leur
origine embryologique.
En 1969, Pearse décrivait le système amine precurseur uptake and
decarboxylation (APUD), se basant sur la capacité des cellules à
capter et décarboxyler des précurseurs d’amine.
On admettait alors
que ces cellules prenaient leur origine au niveau de la crête neurale.
Ce système APUD réunissait les cellules de l’hypophyse, de la
médullosurrénale, du corpuscule carotidien et des ganglions
sympathiques, les cellules C de la thyroïde, les cellules endocrines
du pancréas, du tube digestif et de l’appareil respiratoire. Des études ultérieures ont montré qu’en fait un grand nombre de cellules
APUD, notamment au niveau du système digestif, ont leur origine
au niveau de l’endoderme, remettant ainsi en cause la théorie initiale
de Pearse qui tend actuellement à être abandonnée.
Distribution des cellules endocrines
dans le pancréas :
Un système de classification alphabétique, basé sur les
caractéristiques morphologiques des grains neurosécrétoires en
microscopie électronique, est utilisé pour les cellules endocrines du
tube digestif et du pancréas.
Dans le pancréas, la plupart des cellules
endocrines sont regroupées en petits amas appelés îlots de Langerhans.
Les îlots de Langerhans sont des groupes de cellules
endocrines dispersés au sein du parenchyme exocrine dont la taille
varie entre 40 µm et 400 µm.
Il existe quatre types cellulaires majeurs au sein des îlots de Langerhans, que l’on peut reconnaître grâce à la morphologie des
granules neurosécrétoires en microscopie électronique ou à l’aide de
l’immunohistochimie avec des anticorps antipeptides spécifiques :
– les cellules bêta (B), produisant de l’insuline, représentant 60 à
80 % des cellules des îlots ;
– les cellules alpha (A), produisant le glucagon, représentant 15 à
20 % des cellules des îlots ;
– les cellules PP, produisant le polypeptide pancréatique,
représentant 15 à 20 % des cellules des îlots ;
– les cellules D, synthétisant la somatostatine, représentant 5 à 10%
des cellules des îlots.
D’autres peptides ont également été détectés dans les cellules du
pancréas endocrine (gastrine, sérotonine, vasoactive intestinal peptide
(VIP)…).
Dans les îlots de Langerhans,
les cellules ont une organisation spatiale précise.
Les îlots sont entourés de fibres
de collagène qui ne forment pas de véritable capsule.
Ils sont très
richement vascularisés par un réseau capillaire bordé de cellules
endothéliales fenêtrées, qui caractérise habituellement les organes
endocrines.
Les cellules B sont localisées au centre des îlots, alors
que les autres cellules sont situées en périphérie.
Quelques cellules endocrines sont dispersées au sein du pancréas
en dehors des îlots de Langerhans, principalement sous la forme de
cellules isolées dans l’épithélium canalaire excréteur.
Dans la classification OMS 2000, le terme de tumeur neuroendocrine
est remplacé par celui de tumeur endocrine.
Cette classification, dont
les caractéristiques sont détaillées dans les chapitres suivants, sépare
ainsi (a), les tumeurs endocrines bien différenciées (deux groupes :
celles de comportement évolutif bénin, benign behaviour en anglais,
et celles de comportement évolutif incertain) (b), les carcinomes
endocrines bien différenciés (c), les carcinomes endocrines peu
différenciés ; à part, les tumeurs mixtes exocrines-endocrines, très
rares dans le pancréas.
Les termes de microadénomes et macroadénomes sont cités très
brièvement dans la classification OMS 2000, et définis de la façon
suivante : les microadénomes mesurent 0,05 cm à 0,5 cm et les
macroadénomes 0,5 à 2 cm.
Ces adénomes sont par définition des
tumeurs endocrines bien différenciées de pronostic favorable, le terme
d’adénome correspondant à des tumeurs bénignes.
La bénignité d’une
tumeur endocrine étant toujours difficile à affirmer formellement, il
nous semble que ce terme d’adénome ne devrait plus être employé. Klöppel en 1995 proposait de conserver uniquement le terme
d’adénome (microadénome) pour les tumeurs pancréatiques bien
différenciées de moins de 0,5 cm de diamètre (les seules tumeurs
endocrines considérées comme totalement bénignes), et le terme de
microadénomatose en cas de multiplication de ces adénomes dans
le cadre des néoplasies endocriniennes multiples (NEM1).
Il persiste une certaine confusion en ce qui concerne l’utilisation du
terme « tumeur carcinoïde ».
Ce terme a été introduit par Oberndorfer en 1907 pour désigner des tumeurs considérées alors
comme bénignes et ressemblant à de petits carcinomes.
Certains
l’emploient pour désigner toutes les tumeurs endocrines, d’autres le
réservent aux tumeurs endocrines bien différenciées, surtout en
pathologie bronchique où ce terme (qui reste à tort lié à une tumeur
bénigne) est encore utilisé dans la classification OMS 1999 des
tumeurs bronchopulmonaires.
Dans le système digestif, il nous
semble que l’emploi de ce terme devrait être restreint aux tumeurs
endocrines produisant de la sérotonine ; il n’est pas utilisé dans la
classification OMS 2000 des tumeurs endocrines du pancréas.
Certaines tumeurs endocrines, particulièrement dans le pancréas,
sont fréquemment associées à des syndromes fonctionnels.
Les
termes de glucagonome, insulinome… doivent être réservés à ces
tumeurs fonctionnelles avec un syndrome hormonal précis.
Ces
termes ne devraient pas être utilisés pour désigner des tumeurs non
fonctionnelles, même si des hormones sont détectées dans le sang
ou dans le tissu tumoral.
Il faut, pour ces tumeurs asymptomatiques,
parler de « tumeur pancréatique endocrine produisant du
glucagon... », en fonction du type cellulaire prépondérant en cause.
Macroscopie des tumeurs endocrines
pancréatiques :
Les localisations à la tête, au corps ou à la queue du pancréas sont
en proportions globalement équivalentes.
Les glucagonomes,
vipomes et insulinomes sont volontiers localisés au corps
ou à la queue du pancréas, les gastrinomes et les tumeurs non
fonctionnelles sont plus souvent localisés à la tête, les somatostatinomes en zone périampullaire.
Les tumeurs
endocrines pancréatiques sont en général uniques, sauf lorsqu’elles
se développent dans le cadre d’une maladie génétique (néoplasie
endocrinienne multiple de type 1 [NEM1], maladie de von Hippel-
Lindau [VHL]). Leur mode de découverte, et par conséquent
leurtaille, dépendent en grande partie de l’existence d’une activitésécrétoire.
La taille varie de quelques millimètres à plus de
10 cm de grand axe.
Les tumeurs endocrines fonctionnelles, qui
libèrent des hormones actives se révèlent souvent, en raison de leur
traduction clinique, à un stade précoce rendant parfois difficile leur
localisation.
Ainsi, les tumeurs de plus petite taille correspondentelles
volontiers à des insulinomes (généralement inférieurs à
15 mm), les plus volumineuses à des tumeurs non fonctionnelles
révélées par une symptomatologie d’ordre tumoral.
Macroscopiquement, les tumeurs endocrines ont un aspect ferme,
blanchâtre, bien limité sans capsule périphérique.
La kystisation
de ces tumeurs est classique.
Histologie des tumeurs endocrines
pancréatiques :
Contrairement aux tumeurs endocrines pulmonaires, la très grande
majorité des tumeurs endocrines pancréatiques est bien différenciée
et leur aspect histologique caractéristique est généralement suffisant
pour reconnaître leur nature endocrine.
Elles se caractérisent par :
– des cellules régulières présentant une faible anisocaryose ;
– une organisation insulaire, trabéculaire, acineuse ou massive ;
l’architecture est indépendante du type cellulaire prépondérant,
mises à part les tumeurs produisant de la somatostatine qui ont une
disposition acineuse ;
– un stroma particulier, généralement grêle, richement vascularisé,
parfois fibrohyalin ; l’existence d’un stroma amyloïde est surtout le
fait des tumeurs sécrétant de l’insuline.
Certaines caractéristiques cytologiques particulières peuvent prêter
à confusion, comme un aspect microvacuolisé ou en « bague à
chaton », trompeur pour un adénocarcinome, ou encore un aspect
oncocytaire.
Ces caractéristiques n’ont pas de valeur
pronostique reconnue.
Activité sécrétoire des tumeurs
endocrines pancréatiques :
Plusieurs techniques permettent de mettre en évidence l’activité
sécrétoire des tumeurs endocrines.
A - TECHNIQUES D’IMPRÉGNATION ARGENTIQUE
:
L’argyrophilie est presque constante dans les tumeurs endocrines
du pancréas.
Elle est mise en évidence par les sels d’argent
(coloration du Grimélius) et traduit la capacité à fixer les ions argent
préalablement réduits.
Elle correspond à la présence de chromogranine et sa positivité, très sensible, est donc bien corrélée à
celle de l’immunomarquage avec l’anticorps antichromogranine.
L’argentaffinité, mise en évidence par la coloration de Fontana-Masson, traduit la capacité à fixer directement les ions argent sans
réduction préalable. Cette méthode de détection est beaucoup moins
sensible.
B - MICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE
:
En microscopie électronique, les tumeurs endocrines pancréatiques
peuvent contenir un nombre variable de granules sécrétoires.
Ces
granules sécrétoires comprennent une membrane périphérique et un
corps dense central. Leur morphologie permet théoriquement de
caractériser le produit de sécrétion d’une cellule tumorale.
Cependant, certains granules sont difficiles à distinguer les uns des
autres et l’identification est parfois impossible. Cette technique très
lourde n’est pas utilisée pour le diagnostic de routine.
C -
IMMUNOHISTOCHIMIE :
Cette technique est la plus couramment utilisée et a supplanté les
techniques histochimiques et ultrastructurales.
On doit distinguer,
parmi les marqueurs immunohistochimiques, les marqueurs
généraux des tumeurs endocrines et les marqueurs spécifiques
dirigés contre les nombreux peptides hormonaux.
Les marqueurs généraux sont nombreux mais trois d’entre eux sont
utilisés en pratique quotidienne : la chromogranine, la
synaptophysine et la neuron specific enolase (NSE).
La chromogranine est un constituant des granules sécrétoires.
Trois
principaux types de chromogranines existent : la chromogranine A, la chromogranine B et la sécrétogranine II.
La distribution de ces
trois types de chromogranine a été étudiée par de nombreux
auteurs.
La chromogranine A est la plus utile en pratique
anatomopathologique car elle est présente dans de nombreuses
tumeurs endocrines.
Un marquage par la chromogranine A est très
spécifique d’une tumeur endocrine, mais à l’inverse, la négativité de
ce marquage ne permet pas d’éliminer une telle tumeur.
En effet, le
marquage est directement proportionnel au nombre de granules
sécrétoires, qui peut varier selon les tumeurs.
Les glucagonomes
sont très riches en chromogranine A ; les somatostatinomes, les
insulinomes ou les carcinomes endocrines peu différenciés en sont
souvent pratiquement dépourvus et l’immunomarquage peut être
négatif.
Enfin, le marquage par la chromogranine
peut être hétérogène d’une cellule tumorale à une autre et varier
d’un secteur de la tumeur à un autre.
La synaptophysine est une glycoprotéine membranaire qui a été mise
en évidence au niveau des vésicules présynaptiques des neurones et
dans les petites vésicules claires intracytoplasmiques des cellules
endocrines dont le rôle est mal connu.
L’éventail des tumeurs
endocrines marquées par la synaptophysine est un peu plus large
que celui de la chromogranine A.
La synaptophysine est présente
dans de plus nombreux types de cellules endocrines que la
chromogranine.
Elle est présente dans toutes les cellules des îlots de Langerhans, et notamment dans les cellules B et les cellules D.
De
plus, le marquage par la synaptophysine ne dépend pas du nombre
de grains de sécrétion présents dans les cellules.
Le marquage
obtenu est souvent moins net qu’avec la chromogranine, mais le démasquage des
sites antigéniques par le micro-onde permet d’obtenir de bons
résultats.
La NSE est un isomère d’une enzyme glycolytique d’abord identifiée
comme une protéine spécifique des neurones du cerveau.
Elle est
présente dans le cytoplasme des cellules neuroendocrines,
indépendamment du nombre de granules sécrétoires.
Mais le
marquage n’est pas spécifique des tumeurs endocrines.
La présence
de la NSE au sein d’une tumeur n’est pas une condition suffisante
pour affirmer formellement le diagnostic de tumeur endocrine.
En
pratique, la NSE est faite en seconde intention, lorsque
chromogranine et/ou synaptophysine n’apportent pas de résultats
suffisants.
La protéine neural cell adhesion molecule (NCAM) ou CD56 est un
marqueur très sensible et spécifique d’une différenciation
neuroendocrine, encore peu utilisé en pratique quotidienne.
Son
expression est corrélée à la faible différenciation et à l’agressivité
des tumeurs endocrines pulmonaires.
La cytokératine est un filament intermédiaire caractéristique des
cellules épithéliales, réalisant un marquage très particulier dans les
cellules endocrines, intracytoplasmique, polaire, en « goutte ».
Ce marquage permet d’orienter vers une tumeur d’origine endocrine
dans le cas de carcinomes peu différenciés qui n’expriment parfois
ni la synaptophysine, ni la chromogranine.
Les marqueurs de peptides hormonaux permettent de corréler le
tableau clinique avec la mise en évidence d’une production in situ
de peptides hormonaux.
Beaucoup de tumeurs produisent plusieurs
hormones, mais il y a généralement une sécrétion prédominante (50
à 100 % des cellules d’un même type). Une même cellule peut
synthétiser plusieurs hormones.
Il faut savoir que l’absence de
réactivité en immunohistochimie n’élimine pas la synthèse
d’hormone.
En effet, l’hormone peut être synthétisée en faible
quantité, non détectable par une technique d’immunohistochimie
(l’étude ultrastructurale peut apporter une aide dans ces cas
particuliers) ou bien présenter une configuration moléculaire
anormale (préhormone) non reconnue par l’anticorps (la recherche
d’acide ribonucléique messager [ARNm] peut alors être utile).
La
mise en évidence de production in situ de peptides hormonaux a
permis la découverte de sécrétions ectopiques dans certaines
tumeurs endocrines pancréatiques (VIP, adrenocorticotrophic hormone
[ACTH], calcitonine).
En pratique, le choix des anticorps dirigés
contre les peptides hormonaux est avant tout guidé par la
symptomatologie endocrinienne.
Puis sont recherchés les peptides
normalement présents dans le pancréas (insuline, glucagon,
somatostatine et polypeptide pancréatique) ou responsables des
sécrétions ectopiques les plus fréquentes (gastrine, VIP, calcitonine, ACTH).
Modes de prélèvements, techniques
et conduite diagnostique pratique :
A - PONCTION-BIOPSIE ÉCHOGUIDÉE
:
Le développement de l’échoendoscopie, permettant de réaliser une
ponction-biopsie guidée, est aujourd’hui la meilleure technique pour
obtenir la caractérisation histologique et/ou cytologique d’une
masse pancréatique.
Pour chaque lésion biopsiée, sont généralement
réalisés des prélèvements pour étude histologique et des
prélèvements pour étude cytologique.
1- Technique histologique
:
Le matériel obtenu après ponction-biopsie sous échoendoscopie est
généralement peu abondant, souvent hémorragique.
Ce matériel est immédiatement recueilli dans un flacon de formol, dans la salle
d’endoscopie.
Les fragments correspondant à chaque passage
biopsique sont déposés dans des flacons séparés.
Après une fixation
courte d’une durée inférieure à 24 heures (4 heures suffisent), le
matériel est filtré sur une grille, inclus en paraffine, puis coupé au
microtome.
En raison de l’extrême petite taille des microfragments,
six niveaux de coupes peuvent être réalisés d’emblée, colorés par
l’hématoxyline-éosine et des lames blanches
systématiquement intercalées, numérotées, entre chaque niveau
coloré par l’hématoxyline-éosine.
Ceci permet de réaliser des
colorations complémentaires et immunomarquages en cas de besoin
sans avoir à recouper les fragments.
2- Conduite diagnostique pratique
sur microbiopsies :
Le diagnostic des tumeurs endocrines sur microfragments
biopsiques se fait en plusieurs étapes :
– reconnaître cytologiquement
la nature endocrine de la tumeur.
Les cellules
sont souvent dissociées et peu de caractères architecturaux
persistent.
En cas de tumeur
bien différenciée, les cellules sont régulières, de petite taille,
ont un noyau arrondi à chromatine fine.
En cas de
carcinome endocrine peu différencié, les cellules sont irrégulières,
parfois nécrosées.
L’aspect
morphologique seul ne permet généralement pas d’éliminer d’autres
carcinomes peu différenciés non endocrines ;
– affirmer la
nature épithéliale et endocrine de la tumeur en
utilisant les marqueurs endocrines généraux, en pratique la synaptophysine et la chromogranine.
L’utilisation de la NSE
peut être utile si les granules sécrétoires sont peu nombreux et si
la tumeur est peu différenciée ;
– caractériser
les produits de sécrétion.
En pratique, le
choix des anticorps est guidé par la symptomatologie endocrinienne.
Le matériel souvent peu abondant ne permet pas une caractérisation
systématique des peptides hormonaux produits par la tumeur ;
– essayer d’évaluer le pronostic de la tumeur.
Cette dernière étape
est essentielle.
La malignité peut être affirmée en cas de carcinomes
endocrines peu différenciés.
Pour les tumeurs bien différenciées, il
est difficile d’établir un pronostic dans la limite des microfragments
étudiés.
Certaines caractéristiques peuvent être recherchées dans ce
type de prélèvements, comme l’anisonucléose, la présence de
nucléoles proéminents ou surtout le nombre de mitoses et l’index
de prolifération obtenu après marquage par l’anticorps MIB 1 (Ki67).
En l’absence de métastase ou d’envahissement d’organes de
voisinage, l’étude histologique des microfragments biopsiques seule
ne permet le plus souvent pas de trancher entre tumeur endocrine
bien différenciée et carcinome endocrine bien différencié.
La
présence de mitoses (plus de deux pour dix champs au fort
grandissement) et un index de prolifération supérieur à 5 % (sous
réserve de la faible représentativité du matériel) orientent vers une
tumeur à plus grand risque de malignité.
3- Techniques cytologiques
:
L’interprétation des images cytologiques et la performance du
cytodiagnostic sont éminemment liées à la qualité de la technique
durant les différentes étapes, depuis le prélèvement jusqu’au
traitement des lames.
Plusieurs techniques cytologiques sont à notre
disposition, en fonction du matériel prélevé, afin d’étudier au mieux
les caractéristiques cytologiques de la tumeur.
* Cytologie conventionnelle
:
Le matériel ponctionné sous échoendoscopie, dans le cas d’une
tumeur solide, est immédiatement étalé sur une ou plusieurs lames,
dans la salle d’endoscopie.
Le matériel correspondant à chaque
passage biopsique est déposé sur des lames séparées et étiquetées.
Dans le cas d’une tumeur kystique, le recueil d’un volume de liquide
au moins égal à 0,5 mL permet la réalisation d’une ou plusieurs
lames de cytocentrifugation.
La coloration usuelle des étalements
est celle du May-Grünwald-Giemsa.
Elle est rapide, ne
nécessitant pas de fixation préalable.
Des techniques cytochimiques
(PAS, bleu alcian) et immunocytochimiques sont théoriquement
réalisables si le matériel et donc le nombre de lames est suffisant, ce
qui est rarement le cas pour ce type de ponction.
Pour une technique
d’immunocytochimie, les lames doivent être fixées en acétone à
+ 4 °C pendant 5 minutes, suivi d’une conservation des lames à
– 20 °C si la technique doit être différée de quelques jours.
* Cytologie monocouche
:
La technique de cytologie monocouche dite en « couche mince »
permet de standardiser la préparation d’un échantillon cytologique.
Le matériel ponctionné peut, comme pour la cytologie
conventionnelle, correspondre à la ponction d’une tumeur solide ou
kystique.
Il est immergé directement dans un milieu de conservation
approprié à un procédé en « couche mince », correspondant à une
solution à base d’alcool, dans la salle d’endoscopie.
Le matériel est
concentré par centrifugation puis le culot remis en suspension est
traité par un processeur : un mécanisme rotatif assure la dispersion
en douceur des cellules qui sont transférées de façon uniforme sur
une membrane puis sur une lame de verre permettant leur
coloration et leur examen.
Chaque étalement sur lame est homogène,
représentatif de l’ensemble du prélèvement effectué. Le matériel est
généralement suffisant pour permettre l’analyse de plusieurs lames.
L’échantillon peut être conservé plusieurs semaines, permettant de
produire des lames supplémentaires si nécessaire et d’effectuer des
colorations spéciales et des immunomarquages.
La coloration
usuelle des lames est celle du May-Grünwald-Giemsa adaptée à la fixation en
alcool.
4- Conduite diagnostique pratique cytologique
:
L’examen cytologique des étalements colorés par le May-Grünwald-Giemsa permet souvent de porter le diagnostic de tumeur
endocrine.
Dans le cas d’une tumeur bien différenciée, les cellules
d’assez petite taille, régulières, sans chevauchement, sont groupées
en petits placards.
Leurs noyaux ont un aspect plasmacytoïde
avec une chromatine fine « poivre et sel », sans nucléole visible.
Dans le cas d’un carcinome peu différencié, les cellules de petite
taille ont des noyaux allongés en « grains d’avoine » souvent
encastrés les uns dans les autres, prenant parfois une disposition en
rosette.
L’immunohistochimie avec l’anticorps antichromogranine
est très utile pour affirmer le diagnostic évoqué devant l’aspect
morphologique des cellules.
B - PIÈCE OPÉRATOIRE
:
La pièce opératoire est adressée fraîche, non fixée, au laboratoire si
les conditions locales le permettent, ce qui permet de la
photographier et d’effectuer des prélèvements qui sont congelés afin
de constituer une banque de tissus et de réaliser d’éventuelles études moléculaires.
L’examen macroscopique est fondamental,
conditionnant la classification ultérieure de la tumeur.
Le pancréas
est classiquement disséqué à l’état frais avant fixation.
Le canal de
Wirsung et le canal cholédoque (s’il s’agit d’une pièce de duodénopancréatectomie céphalique) sont cathétérisés depuis leur
recoupe chirurgicale jusqu’à la papille puis ouverts sur la face
postérieure de la pièce.
Cette cathétérisation peut être rendue
difficile ou impossible en raison de la présence de la tumeur qui
peut comprimer les canaux ou bien les obstruer par un bourgeon
endoluminal.
La fixation formolée est ensuite effectuée pendant 24
heures.
La pièce est analysée en réalisant des tranches de section
verticales, depuis la recoupe chirurgicale jusqu’à la papille s’il s’agit
d’une pièce de duodénopancréatectomie céphalique ou depuis la
recoupe chirurgicale jusqu’à la rate s’il s’agit d’une pièce de
splénopancréatectomie gauche.
Le pathologiste doit mentionner la
taille de la tumeur, ses rapports avec le canal de Wirsung (et
le canal cholédoque et la paroi duodénale en cas de duodénopancréatectomie céphalique), sa distance avec les recoupes
chirurgicales, proximale ou distale et latérales, le nombre et la taille
des ganglions prélevés sur la pièce ou ceux d’un curage transmis à
part par le chirurgien.
Les lésions associées sont décrites et
prélevées, ainsi que des zones de parenchyme d’aspect normal.
C - EXAMEN EXTEMPORANÉ
:
Cet examen peropératoire nécessite une rapidité d’exécution
technique et diagnostique.
Il est réalisé à l’aide d’une coupe congelée
effectuée dans un cryostat.
Après un séchage rapide de la coupe,
celle-ci est colorée par l’hématoxyline-éosine, puis déshydratée et
montée.
La principale indication de cet examen en ce qui concerne
les tumeurs endocrines du pancréas est de vérifier l’intégrité de la
recoupe chirurgicale (en pratique l’isthme pancréatique en cas de duodénopancréatectomie céphalique).
Cet examen peut porter sur
la tumeur elle-même en cas de doute préopératoire sur sa nature,
sur des ganglions suspects ou toute autre lésion susceptible de
modifier le geste chirurgical.
Malignité et potentiel évolutif selon
la classification OMS 2000 :
A - CRITÈRES DE MALIGNITÉ
:
La malignité des tumeurs endocrines du pancréas est difficile à
évaluer au plan histopathologique, exception faite des carcinomes peu
différenciés à haut potentiel évolutif.
Les seuls
critères de malignité indiscutables sont l’envahissement des organes
de voisinages et la présence de métastases régionales ganglionnaires
ou à distance.
Cependant,
d’autres critères pourraient être discriminants comme la taille de
la tumeur, l’infiltration vasculaire, l’index mitotique, le taux de
prolifération mesuré par l’anticorps MIB1 : ces critères entrent
dans la nouvelle classification OMS 2000.
En pratique, le
type de situation auquel sont le plus souvent confrontés le
clinicien et le pathologiste est de préciser la bénignité ou la
malignité d’une tumeur endocrine bien différenciée du pancréas, et
ainsi d’évaluer son pronostic évolutif.
La taille de la
tumeur primitive est un élément important du pronostic.
La taille des
tumeurs endocrines non métastasées est inférieure à celle des
tumeurs s’accompagnant de localisations secondaires. Capella intègre
la taille tumorale dans sa classification de 1995.
Ce critère est
retenu dans la classification OMS 2000 : les tumeurs endocrines avec
un comportement bénin mesurent moins de 2 cm de plus grand axe.
Il est précisé
qu’une taille inférieure à 2 cm serait associée à une probabilité de
presque 100 % d’avoir un comportement bénin, alors que pour une
taille comprise entre 2 et 3 cm, cette probabilité serait de 90 %.
L’invasion
vasculaire est un critère à prendre en compte en faveur du caractère
agressif de la tumeur.
Quatre-vingt-dix
pour cent des tumeurs endocrines métastasées s’accompagnent
d’emboles vasculaires.
La caractérisation de ces emboles est parfois
difficile et il peut être utile de s’aider d’immunomarquages avec des
marqueurs vasculaires.
Ce critère est retenu dans la classification
OMS 2000 : la présence d’une angio-invasion fait passer,
indépendamment des autres critères, dans le groupe des tumeurs
de pronostic incertain.
Le compte des mitoses est simple à effectuer et présente un intérêt
dans l’évaluation du pronostic des tumeurs endocrines.
L’index
mitotique est corrélé à la survie des patients.
Cependant, le
manque de reproductibilité est la critique majeure qui lui est faite.
Il
dépend de l’épaisseur des coupes, de l’intensité de la coloration et,
pour certains, du délai avant fixation, l’autolyse rendant
indiscernable pycnose et mitose.
Il convient donc d’appliquer, pour
chaque tumeur, des critères stricts et reproductibles.
C’est ainsi que
le compte de mitoses évalué pour dix champs à fort grandissement,
est un critère entrant dans la classification OMS 2000 : les tumeurs
endocrines avec un comportement favorable « bénin » comptent
jusqu’à deux mitoses pour dix champs à fort grandissement, les
tumeurs avec un comportement incertain comptent plus de deux
mitoses pour dix champs à fort grandissement.
Ce compte n’est pas
discriminant pour séparer tumeurs endocrines à pronostic incertain
et carcinomes endocrines bien différenciés (ces derniers peuvent
présenter entre deux et dix mitoses pour dix champs à fort
grandissement).
L’évaluation de l’index de prolifération est important à prendre en
compte pour le classement pronostique des tumeurs endocrines.
L’appréciation du taux de prolifération se fait par immunohistochimie avec l’anticorps MIB1 (reconnaissant la protéine
Ki-67, exprimée par les cellules en dehors de la phase G0, par
l’intermédiaire d’épitopes résistant à la fixation).
Un taux de
survie significativement plus bas est observé chez les patients dont
la tumeur présentait un taux de prolifération supérieur à 4 %.
Il convient
d’appliquer, comme pour le compte de mitoses, des critères stricts
et reproductibles.
En effet, des
variations de résultats peuvent être observées secondairement à des
paramètres techniques (fixation, clone et dilution de l’anticorps,
technique d’amplification et de révélation) et d’interprétation.
Il faut aussi
tenir compte de l’hétérogénéité du marquage au sein d’une même
tumeur.
Comme le compte
de mitoses, l’évaluation du taux de prolifération entre dans la
classification OMS 2000.
Ce taux est
évalué en pourcentage de cellules marquées pour dix champs à fort
grandissement.
Les tumeurs
endocrines avec un comportement « bénin » comptent jusqu’à 2 % de
cellules marquées, les tumeurs avec un comportement incertain
comptent plus de 2 % de cellules marquées.
Ce compte n’est
pas toujours discriminant pour séparer tumeurs endocrines de
pronostic incertain et carcinomes endocrines bien différenciés (ces
derniers présentent plus de 5 % de cellules marquées).
Les carcinomes
peu différenciés comptent plus de 15 % de cellules marquées par le
MIB1.
La présence et le type de sécrétion hormonale entrent en jeu dans le
classement pronostique des tumeurs endocrines du pancréas.
Les insulinomes
sont bénins dans la plupart des cas.
L’inverse est
vrai pour les autres tumeurs fonctionnelles, qui sont classées dans
la version 2000 de l’OMS au minimum comme tumeurs de pronostic
incertain, indépendamment des autres critères, et n’entrent jamais
dans le cadre des tumeurs de pronostic favorable.
La
différenciation tumorale est un critère important intervenant dans
le pronostic des tumeurs endocrines.
Les tumeurs
endocrines pancréatiques sont séparées en deux grands groupes : les
tumeurs bien différenciées et les tumeurs peu différenciées.
Ces dernières
sont rares (elles représentent environ 10 % des tumeurs endocrines
pancréatiques).
Elles
correspondent toujours à des tumeurs malignes au pronostic
extrêmement défavorable.
Elles sont
volumineuses au moment du diagnostic, fréquemment associées à des
métastases.
Histologiquement, elles correspondent à des nappes de cellules de
taille moyenne, irrégulières et atypiques, au noyau à contours
irréguliers à chromatine pulvérulente avec un cytoplasme peu
abondant à peine visible.
Les cellules
expriment souvent faiblement les marqueurs neuroendocrines.
Elles
sont comparables en tout point aux carcinomes neuroendocrines
indifférenciés à petites cellules du poumon et doivent faire éliminer
la métastase pancréatique d’une telle tumeur.
Ces tumeurs peu
différenciées s’accompagnent presque toujours de critères généraux
en accord avec leur sombre pronostic : taille importante, nécrose,
index mitotique et index de prolifération MIB1 très élevés (supérieur
à dix pour dix champs à fort grandissement et supérieur à 15 % de
cellules tumorales MIB1 +), infiltration vasculaire et engainement
périnerveux, invasion locale et métastases à distance.
La protéine
p53 est très fréquemment exprimée par les cellules tumorales, à
l’opposé des tumeurs bien différenciées.
B - CLASSIFICATION OMS 2000
:
La plupart des critères détaillés ci-dessus ont permis d’établir la
classification OMS 2000.
Elle sépare les tumeurs endocrines bien
différenciées, de pronostic favorable ou de pronostic incertain, les
carcinomes endocrines bien différenciés, et les endocrines peu
différenciés.
Comme nous l’avons précisé dans l’introduction de cet article, il
existe un petit nombre de tumeurs intermédiaires entre les tumeurs
endocrines bien et peu différenciées, qui ne sont pas introduites dans
une catégorie séparée de la classification OMS 2000.
Parmi les
critères distinctifs de ces tumeurs, on note de volumineux amas très
denses dont les cellules présentent un noyau fortement nucléolé à
chromatine irrégulièrement distribuée, associés à une activité
mitotique importante. Une nécrose, généralement peu étendue, est
fréquente.
La forte intensité du marquage avec les marqueurs
endocrines est respectée.
Dans le poumon, cette catégorie tumorale
est rapportée sous le terme de « carcinoïde atypique » et son
comportement évolutif est intermédiaire entre celui des carcinoïdes
typiques et celui des carcinomes indifférenciés à petites cellules.
L’aspect particulier de ces tumeurs pancréatiques devrait être
précisé sur les comptes rendus d’anatomie pathologique.
Ces
tumeurs pourraient être caractérisées par le terme « moyennement différenciées ».
Ceci permettrait d’alerter le clinicien d’un risque plus
important d’évolution défavorable et d’instituer une surveillance
accrue et peut-être un traitement plus agressif.
Des critères
anatomopathologiques doivent être mieux établis afin de permettre
d’isoler ces tumeurs dans la classification générale des tumeurs
endocrines du pancréas, en un groupe homogène sur le plan
pronostique.
Les tumeurs mixtes exocrines-endocrines sont à part dans cette
classification.
On y distingue (a) les tumeurs composites, qui
comportent une proportion variable de cellules endocrines et
exocrines formant deux contingents séparés (b), les tumeurs
combinées qui comportent une proportion variable de cellules
endocrines et exocrines intimement mélangées, et (c) les tumeurs amphicrines, dont les cellules présentent à la fois des caractères
exocrines et endocrines.
Les tumeurs composites sont rares dans le
pancréas.
La présence de quelques cellules endocrines éparses au
sein d’un adénocarcinome ne doit pas faire porter le diagnostic de
tumeur composite.
Ce terme doit être réservé aux tumeurs qui
contiennent au moins 30 % de cellules endocrines.
Le pronostic de
ces tumeurs est celui de la composante exocrine, qui peut être de
type canalaire ou acineux. Les tumeurs amphicrines sont
exceptionnelles.
Eusebi et al décrivent une tumeur faite de
cellules ayant à la fois des caractères de cellules endocrines et de
cellules acineuses, comportant des grains de zymogène et des grains neurosécrétoires, marquées à la fois par les anticorps
antichromogranine et anti-alpha-1-antitrypsine.
L’existence de telles
tumeurs renforce l’hypothèse d’une même cellule-souche totipotente
endodermique à l’origine des cellules endocrines et exocrines
pancréatiques.
Un chapitre à part est réservé aux lésions pseudotumorales : la
nésidioblastose est caractérisée par une hypertrophie des cellules
endocrines au sein d’îlots de Langerhans irréguliers de taille variable
au pourtour des canaux pancréatiques.
Elle se développe chez le
nouveau-né. Elle est rare chez l’adulte, parfois secondaire à des
lésions de pancréatite chronique ou bien accompagnant une tumeur
endocrine dans le cadre d’une maladie de VHL ou d’une NEM1.
La dysplasie endocrine est définie comme une lésion
mesurant moins de 0,5 mm de diamètre dérivant des îlots de Langerhans remplacés par des cellules présentant des atypies
modérées, agencées en travées, avec prédominance anormale d’un
des quatre types cellulaires A, B, D ou PP.
Cette lésion est
retrouvée dans les pancréas de patients atteints de NEM1.
Critères de malignité en fonction
de la biologie cellulaire et moléculaire :
L’étude d’autres marqueurs pronostiques que ceux précédemment
décrits pourraient permettre de mieux établir l’agressivité des
tumeurs endocrines.
Certaines molécules d’adhésion comme le CD44, jouent un rôle
important dans la cohésion tissulaire, l’infiltration du stroma et la
dissémination métastatique.
Peu de travaux ont été entrepris afin de
déterminer si une expression anormale d’isoformes de CD44 était
présente dans les tumeurs endocrines, contrairement aux autres
tumeurs épithéliales.
Terris et al ont montré qu’il existe un profil
d’expression de CD44 particulier aux tumeurs endocrines duodénopancréatiques, mais aucune corrélation significative n’a été
trouvée avec l’extension métastatique de ces tumeurs.
Le développement de l’angiogenèse joue un rôle capital dans la
progression tumorale, comme l’ont montré de nombreuses études
portant principalement sur des adénocarcinomes d’origine variée.
Dans les tumeurs endocrines, le vascular endothelial cell growth factor
(VEGF) est synthétisé en grande quantité par les cellules tumorales
participant ainsi au maintien de la différenciation vasculaire et
jouant probablement un rôle dans la progression tumorale, en
association avec d’autres facteurs.
Il n’a pas été démontré de
corrélation significative entre cette expression et le pronostic des
tumeurs endocrines et en particulier leur statut métastatique.
Des altérations génétiques ont été rapportées dans les tumeurs
endocrines.
Des mutations du gène NEM1, situé en 11q13, sont
rapportées dans les tumeurs endocrines familiales (environ 85 % des
cas) mais aussi dans 30 % des tumeurs endocrines sporadiques,
digestives et bronchiques.
La technique d’hybridation
génomique comparative (CGH) permet de visualiser des gains et
des pertes de matériel génétique dans le génome des cellules
tumorales et ainsi de suggérer l’intervention d’autres gènes
potentiellement impliqués dans l’initiation tumorale des tumeurs
endocrines (gène suppresseur TSC2, gène de prédisposition à la
sclérose tubéreuse de Bourneville, proto-oncogène HER2/NEU, p53
dans les carcinomes peu différenciés).
Les altérations d’expression de ces différentes protéines et anomalies
génétiques présentées ci-dessus sont encore peu utilisables en
pratique quotidienne, du fait des résultats controversés des
différentes études.
Néanmoins, elles présentent d’ores et déjà un
intérêt majeur dans la compréhension de la physiopathogénie, de
l’initiation et de la prolifération tumorale endocrine.
Ces résultats
doivent être corrélés aux différents facteurs pronostiques des
tumeurs endocrines.
TUMEURS ENDOCRINES ET MALADIE
DE VON HIPPEL-LINDAU :
La maladie de VHL est une affection rare à transmission
autosomique dominante, liée à l’altération d’un gène suppresseur
de tumeur, dénommé VHL, localisé sur le bras court du
chromosome 3.
Les tumeurs les plus fréquentes sont, par ordre de
fréquence, les hémangioblastomes du système nerveux central, les
hémangioblastomes rétiniens, les lésions tumorales pancréatiques et
rénales, les phéochromocytomes et les tumeurs du sac
endolymphatique.
L’atteinte pancréatique est donc fréquente,
généralement sous la forme de kystes et de cystadénomes séreux.
Les tumeurs endocrines sont plus rares, avec une incidence estimée
entre 9 et 17 %.
Associée à un phéochromocytome, une tumeur
endocrine du pancréas ne doit donc pas faire systématiquement
porter le diagnostic de NEM de type 2 (NEM2).
Ces tumeurs
endocrines ont la particularité d’être fréquemment multiples, non
fonctionnelles, non sécrétantes, le plus souvent asymptomatiques, et
de pronostic favorable. Cependant, dans une étude récente, quatre
tumeurs sur 18 s’accompagnaient de métastases hépatiques.
Elles ne
possèdent pas de particularités histologiques en dehors d’un aspect
fréquemment clarifié (60 %) des cellules.
Cet aspect est comparable
à celui observé dans les carcinomes à cellules claires du rein. Des
foyers de microadénomes (taille < 0,5 cm) et de nésidioblastose sont
parfois associés.
Tumeurs non endocrines et néoplasie
endocrinienne multiple de type 1 :
La NEM1 est une affection héréditaire à transmission autosomale
dominante prédisposant au développement de tumeurs endocrines
atteignant, par ordre de fréquence, les parathyroïdes, l’hypophyse,
les surrénales, le pancréas, le duodénum.
L’atteinte pancréatique
correspond le plus souvent à plusieurs microadénomes (tumeurs de
taille inférieure à 0,5 cm) associés parfois à une ou plusieurs tumeurs
de plus grande de taille.
Une nésidioblastose et une dysplasie
endocrine (nodules de taille inférieure à 0,5 mm) pancréatiques
peuvent être observées au cours des NEM1.
Les tumeurs endocrines
survenant dans le cadre des NEM1 sont peu agressives, le plus
souvent non fonctionnelles.
Parmi les tumeurs fonctionnelles, les gastrinomes sont les plus fréquents.
Conclusion
:
L’utilisation de la classification OMS 2000 permet, sur des critères
cliniques et anatomopathologiques simples et utilisables en routine,
adaptables aux pièces opératoires et aux prélèvements biopsiques,
d’identifier et de classer la plupart des tumeurs endocrines
pancréatiques.
Ces tumeurs se divisent en trois groupes principaux : les
tumeurs endocrines bien différenciées, les carcinomes endocrines bien
différenciés et les carcinomes endocrines peu différenciés.
Les tumeurs
mixtes endocrines et exocrines sont beaucoup plus rares.
Si la malignité
des tumeurs endocrines bien différenciées (on parle alors de carcinomes)
peut être affirmée devant certains critères (métastases, infiltration des
organes de voisinages), à l’inverse, il est difficile d’affirmer
formellement leur bénignité : les tumeurs endocrines bien différenciées
sont ainsi séparées par des critères précis en deux groupes, celui des
tumeurs « de comportement évolutif bénin » et celui des tumeurs « de
comportement évolutif incertain ».
On classe dans ce dernier groupe les
tumeurs dont la malignité ne peut être affirmée et qui ne réunissent pas
non plus tous les critères définis des tumeurs d’évolution favorable.
Les
carcinomes endocrines peu différenciés sont rares dans le pancréas, mais
aisément reconnaissables ; ils ont des aspect assez superposables à leurs
équivalents pulmonaires à petites cellules.
Enfin, un petit groupe de
carcinomes au pronostic intermédiaire entre les carcinomes bien et peu
différenciés, d’aspect moyennement différencié, est établi, mais n’est pas
encore identifié dans la nouvelle classification.
L’apport de nouvelles
études de biologie cellulaire et moléculaire devrait lever les questions
encore sans réponses sur les facteurs histopronostiques de ces tumeurs
et avoir des conséquences inévitables sur les classifications à venir.