La trousse d’urgence est l’outil indispensable
à tout médecin confronté quotidiennement
ou plus occasionnellement à l’urgence.
Elle
permet de faire face à toute situation de
détresse dans les meilleures conditions et
témoigne du respect de l’obligation de
moyens.
La diversité des situations explique
la difficulté de définir la composition précise
d’une trousse d’urgence.
Le choix de son contenant et de son contenu
requiert une étude exhaustive des conditions
d’exercice.
Il dépend de nombreux facteurs tels que :
– l’isolement (zone rurale ou urbanisée) et
l’éloignement des autres intervenants de
l’urgence ;
– la topographie du milieu d’exercice
(montagne, campagne, urbain...) ;
– la qualité du réseau routier (état, densité
de circulation) ;
– la qualification du premier intervenant, les
connaissances et l’expérience personnelle du
praticien en médecine d’urgence.
Les impératifs sont souvent contradictoires,
nécessitant un judicieux compromis entre :
– la solidité ;
– l’étanchéité ;
– la protection contre les écarts de
température et les chocs ;
– la légèreté et la facilité de portage ;
– la capacité, le compartimentage et la
possibilité d’agencement intérieur ou/et de
modularité ;
– l’autonomie.
Adaptée et fonctionnelle, la trousse médicale
d’urgence doit être personnalisée, se
modifier et se parfaire avec l’expérience
acquise.
Contenant
:
Il doit être adapté aux modalités d’exercice
professionnel.
Il peut s’agir :
– d’un sac à dos :
– souple ou rigide ;
– doté de compartiments modulaires de
rangement ;
– avec ou non des trousses transparentes
détachables ;
– avec une trousse porte-ampoules ;
– avec bretelles escamotables et poignées
de transport ;
– d’un sac fourre-tout avec anses ou bretelle
deportage , avec compartiments
détachables ;
– d’une valise ;
– d’une boîte à outils.
Si la trousse est encombrante et lourde,
l’association d’un contenant principal et de
plusieurs contenants annexes spécialisés,
permettant la séparation fonctionnelle des
matériels et produits d’utilisation courante
(trousse usuelle d’urgence) des autres instruments et médicaments de prescription
moins fréquente (trousse de catastrophe)
peut être un judicieux compromis.
Contenu
:
Le contenu est fixé par le médecin selon sa
compétence, son expérience et son mode
d’exercice.
La liste théorique suivante, non exhaustive,
en propose la composition.
A - TRANSMISSION
:
Un téléphone portable avec chargeur sur
batterie de voiture ou/et un émetteur-récepteur.
B - ADMINISTRATION
:
– Une lampe torche de recherche.
– Un bloc d’ordonnances.
– Un ordonnancier sécurisé pour prescription
de stupéfiants.
– Un tampon encreur.
– Des certificats de décès, d’arrêt de travail.
– Des enveloppes.
– Des stylos.
– Des plans.
– Une documentation technique avec
modèle de rédaction pour hospitalisation HDT (hospitalisation à la demande d’un
tiers), HO.
– Numéros de téléphone du Service d’aide
médicale d’urgence (SAMU), des sapeurspompiers,
de la police, des hôpitaux et
cliniques (services d’accueil des urgences
médicales, chirurgicales, gynécologiques et
obstétricales, ophtalmologiques et oto-rhinolaryngologiques
[ORL], psychiatriques et
pédiatriques, grands brûlés, SOS main, SOS
oxygène, centre référent de toxicologie...).
– Dictionnaire de médicaments type Doroz.
C - MATÉRIELS
:
– Une cardiopumpt.
– Un électrocardiographe-défibrillateur avec
papier et piles de rechange.
– Une bouteille d’oxygène 2l à 150 bars et
un bloc manodétendeur avec débitlitre.
– Des masques à usage unique pour
oxygénothérapie (masque à haute
concentration, masque à concentration
moyenne avec nébuliseur).
– Un insufflateur manuel avec trois masques
de tailles différentes.
– Un aspirateur de mucosités à pied ou
électrique avec batterie.
– Des sondes d’aspiration trachéobronchique
n° 14 et 18.
– Une chambre d’inhalation adulte et
enfant.
– Un oxymètre de pouls.
– Un pousse-seringue électrique.
– Des lots de matériels par spécialité.
D - LOTS
:
Ils ont fait la preuve de leur utilité dans des
interventions médicales tant exceptionnelles
que conventionnelles, par le gain de temps,
l’asepsie dans les soins prodigués qu’ils
apportent.
A contrario, ils imposent une
logistique, qu’un médecin rattaché à un
centre de secours de sapeurs-pompiers ou à
un hôpital peut aisément régler.
1- Lot diagnostic
:
– Une paire de ciseaux passe-partout.
– Un mètre ruban.
– Un thermomètre tympanique.
– Un thermomètre hypothermique.
– Un stéthoscope.
– Un brassard à tension taille adulte, enfant
et nourrisson.
– Un ophtalmoscope.
– Un otoscope et des spéculums.
– Un marteau à réflexe.
– Une lampe électrique.
– Des abaisse-langue.
– Un débitmètre de pointe et des embouts.
– Des doigtiers bidigitaux et un produit
lubrifiant.
– Des bandelettes urinaires (protéinurie,
hématurie, leucocyturie, cétonurie,
glycosurie...).
– Des bandelettes réactives à glycémie
capillaire, lancettes et lecteur électronique.
– Un matériel de prélèvement :
– écouvillons ;
– flacons stériles pour prélèvement
bactériologique ;
– Un désinfectant type Chlorhexidine
aqueuset (en cas d’allergie à l’iode).
– Une boîte de récupération d’aiguilles
usagées.
– Un garrot veineux.
– Des pansements adhésifs.
– Des limes pour scier les ampoules.
3- Lot perfusion
:
– Deux cathéters G14.
– Deux cathéters G16.
– Deux cathéters G18.
– Deux cathéters G20.
– Deux cathéters G22.
– Des compresses non stériles.
– Un désinfectant type Chlorhexidine
aqueuset.
– Trois perfuseurs.
– Des prolongateurs avec robinets trois
voies.
– Des pansements adhésifs transparents
type OpSitet.
– Un ruban adhésif microporeux.
– Une attelle de bras pédiatrique.
– Un garrot veineux.
4- Lot pansement et immobilisation
:
– Des compresses stériles.
– Un désinfectant type polyvidone iodée.
– Un pansement américain.
– Un ruban adhésif.
– Une écharpe.
– Des épingles de sûreté.
– Des bandes élastiques type Velpeaut.
– Des bandes type Élastoplastet.
– Un lot de colliers cervicaux de trois tailles
différentes.
– Des attelles de bras et de jambe.
– Des sutures cutanées adhésives type Steri-Stript.
– Une couverture de survie.
5- Lot hémostase
:
– Un coussin hémostatique avec bande
élastique type CHUTt.
– Des sachets de Coalgant.
– De la gaze résorbable hémostatique type Surgicelt.
– Du Tulle gras Lumièret.
6- Lot petite chirurgie
:
– Des gants stériles.
– Un masque à usage unique.
– Deux champs stériles.
– Un rasoir à usage unique.
– Des compresses stériles.
– Un désinfectant type polyvidone iodée
dermique.
– Un bistouri à petite lame (à usage unique).
– Un bistouri à grande lame (à usage
unique).
– Une boîte métallique stérilisable avec :
– une paire de ciseaux droits ;
– une paire de ciseaux courbes ;
– deux pinces de Kocher ;
– deux pinces de Leriche ;
– deux pinces de Kelly ;
– deux pinces hémostatiques de Halstead
droites ;
– deux pinces hémostatiques de Halstead
courbes ;
– un porte-aiguille ;
– une sonde cannelée ;
– des fils sertis sur aiguilles courbes ou
droites résorbables type Vicrylt.
– des monofilaments non résorbables type
Ethicrint.
7- Lot accouchement (mère et enfant)
:
– Un sachet de stérilisation.
– Un champ plastifié troué 455 ´ 65 cm,
diamètre 7 cm.
– Un haricot.
– Un champ plastifié 37 ´ 45 cm.
– Un rasoir à usage unique.
– Deux sondes vésicales droites Ch12 et
Ch14.
– Vingt compresses tissées stériles 10
´ 10 cm.
– Trois paires de gants stériles.
– Une paire de ciseaux de Mayo.
– Deux pinces de Kocher.
– Deux clamps de Bar.
– Une seringue de 50 mL.
– Deux sondes d’aspiration avec adaptateur
Ch8 et Ch10.
– Un change molletonné.
8- Lot ORL
:
– Un spéculum nasal.
– Une pince de Politzer sans griffe.
– Un tube de pommade hémostatique.
– Des mèches nasales pour tamponnement
hémostatique antérieur.
– Une sonde pour tamponnement postérieur
ou une sonde vésicale à ballonnet.
9- Lot ophtalmologique
:
– Une dose-ampoule de Fluorescéine
Fauret.
– Un flacon de sérum physiologique.
– Un collyre anesthésique type Novésinet.
– Un collyre antiseptique type Vitaseptolt.
– Un collyre antibiotique type Cébémyxinet
(néomycine et polymyxine B).
– Des pansements oculaires.
– Un ruban d’adhésif hypoallergique.
– Des aiguille à corps étrangers.
10- Lot brûlure
:
– Un lot de compresses d’émulsion aqueuse
type Water-jelt ou Brulstopt.
– Un drap stérile.
– Deux tubes de Flammazinet.
– Du Tulle gras Lumièret.
– Deux champs stériles 45
´ 45cm.
– Dix compresses stériles.
– Un bistouri à lame n° 11.
– Une pince à disséquer.
– Une paire de ciseaux.
– Une cupule en aluminium.
– Une couverture de survie.
11- Lot anesthésie locorégionale
:
– Des compresses stériles.
– Un désinfectant type polyvidone iodée
dermique.
– Des aiguilles intramusculaires.
– Des aiguilles intraveineuses.
– Deux champs opératoires perforés.
– Des gants stériles.
12- Lot perfusion pédiatrique
:
– Une métrisette.
– Deux trocards intraosseux.
– Deux cathéters, G20 et G22.
– Deux aiguilles épicrâniennes G20 et G22.
– Une canule d’administration intrarectale.
13- Lot intubation
:
– Un jeu de sondes d’intubation adulte et
enfant.
– Une boîte avec :
– un manche de laryngoscope ;
– un jeu de lames courbes et droites
adulte et enfant ;
– une pince de Magill adulte et enfant.
– Des piles de rechange.
– Une ampoule de rechange.
– Un flacon nébuliseur d’anesthésie locale : lidocaïne spray 5 % avec tige de nébulisation.
– Un lac de fixation.
– Une pince de Kocher.
– Un jeu de canules de Guedel.
– Une seringue 10 mL.
– Un cathéter G14.
– Une seringue de 2 mL.
– Un raccord de sonde.
– Des canules de Guedel.
– Du fil non résorbable à aiguille droite.
– Une bombe silicone.
– Un Kit Minitracht (canule de
cricothyroïdotomie et matériels annexes).
14- Lot sonde gastrique
:
– Une paire de gants non stériles.
– Une sonde gastrique type Salem n° 14.
– Une poche de recueil.
15- Lot sonde vésicale
:
– Une paire de gants stériles.
– Un champ stérile.
– Une solution de Dakint.
– Des compresses stériles.
– Un tube d’anesthésique local en gel type Xylocaïnet.
– Des sondes vésicales de Foley Ch12 et
Ch18.
– Une poche de recueil.
– Une pince de Kocher.
– Un ruban d’adhésif hypoallergénique.
– Un cathéter de sondage sus-pubien.
E - MÉDICAMENTS
:
La conservation des matériels et des
produits est essentielle car plusieurs facteurs
peuvent altérer le principe actif de certains
médicaments : chaleur, froid, humidité,
vibrations, lumière.
Ceci requiert le
règlement du problème de la conservation
et du stockage.
Quant au contrôle de la péremption, le
praticien peut opter sur la vérification de la
validité des produits par un système de
check-list, ou renouveler tous les produits
inutilisés systématiquement, une fois par an.
Conclusion
:
La meilleure trousse d’urgence est celle qui est
le plus adaptée aux modalités d’exercice,
rigoureusement entretenue et valorisée par
l’expérience professionnelle.