Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie Cours de Chirurgie
Introduction
:
Le traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie fait appel à des
procédés divers.
Ces procédés doivent être discutés en fonction du
nombre de kystes, de leur localisation hépatique, de l’existence de
complications, en particulier biliaires, de l’âge et de l’état nutritionnel
des malades.
Mais le choix dépend aussi du niveau de prise en charge
médicosociale du pays et de la technicité des établissements où les soins
sont réalisés.
Dans les pays où la maladie hépatique est endémique, de
nombreux malades ayant des lésions évoluées doivent être traités par des
procédés simples et à moindre coût.
À l’inverse, dans les pays évolués
où la maladie hydatique est beaucoup plus rare, des traitements plus
perfectionnés, mais plus coûteux et nécessitant un équipement
hospitalier plus lourd, peuvent être réalisés.
Le but de ce chapitre est de
décrire les différentes techniques chirurgicales, d’en comparer les
avantages, inconvénients et indications respectifs.
Nous rappelons
d’abord les données parasitaires et anatomiques pertinentes pour le
chirurgien.
Rappel sur le kyste hydatique
:
A - Agent pathogène
:
Il s’agit d’un ténia du chien, l’Echinococcus granulosus, ver plat et
segmenté de la classe des cestodes, mesurant entre 1,5 et 6 mm de long,
formé d’un scolex et de trois anneaux (proglottis) contenant les oeufs.
Le ver vit dans l’intestin grêle.
B - Cycle parasitaire
:
Il met en jeu un herbivore qui sert d’hôte intermédiaire habituel (le
mouton) et un canidé (le chien) qui constitue l’hôte définitif.
Le cycle
pastoral débute avec l’évacuation fécale des oeufs par des chiens
contaminés en ayant ingéré des viscères de moutons parasités.
Les oeufs
sont très résistants et peuvent dans certaines conditions survivre plus de
1 an.
Le mouton est infecté en consommant de l’herbe souillée par les
oeufs.
Avec le même mode de contamination, l’homme est un hôte
intermédiaire accidentel.
C - Phase humaine
:
La phase humaine du cycle parasitaire d’Echinococcus granulosus
commence par l’ingestion des oeufs du ver ; ces oeufs sont entourés d’une
coquille appelée embryophore.
L’embryon libéré de son embryophore
traverse la paroi intestinale et pénètre dans le système porte.
Transporté
par le sang, l’embryon se dirige d’abord vers le foie où il se fixe le plus souvent.
Il peut aussi traverser le foie et s’arrête alors généralement dans
les poumons et beaucoup plus rarement dans d’autres organes.
D - Répartition géographique
:
L’hydatidose humaine existe de façon endémique dans les zones
d’élevage du mouton, sur tout le pourtour du Bassin méditerranéen, au
Proche- et au Moyen-Orient, dans l’est de l’Afrique, en Amérique du
Sud et en Nouvelle-Zélande.
Kyste hydatique hépatique
:
A - Composition du kyste
:
– Le kyste hydatique a deux membranes :
– la membrane proligère ou germinative, blanche, souple, fragile,
d’environ 20 ím d’épaisseur.
Cette membrane produit en
permanence les protoscolex qui sédimentent dans le liquide du kyste ;
– la cuticule, membrane anhiste de couleur ivoire, résistante,
d’environ 1 à 2 mmd’épaisseur qui enveloppe la membrane proligère
et se comporte comme une membrane d’échange avec l’hôte.
– Le périkyste, ou adventice, est constitué par le parenchyme de
l’organe-hôte refoulé, condensé et fibreux.
En vieillissant, l’adventice
se calcifie.
La calcification du périkyste, qui donne des images très
caractéristiques sur les radiographies de l’abdomen, ne signifie pas que
le parasite est mort.
– Il existe un plan de clivage très net entre le parasite et le périkyste,
c’est le plan qui sert à faire l’exérèse du parasite après l’ouverture du
kyste.
Ainsi la membrane proligère et la membrane anhiste du parasite
peuvent être enlevées facilement, comme un gant.
Bien qu’il n’y ait pas
un plan de clivage net entre le périkyste et le parenchyme hépatique, il
est possible de refouler le parenchyme qui est à ce niveau comprimé et
tassé par le kyste.
Ce plan de « passage » est le plan de la périkystectomie.
Il est traversé par des rameaux vasculaires et biliaires,
entre le parasite et le parenchyme avoisinant.
La séparation entre le
parenchyme hépatique comprimé et le kyste est d’autant plus nette que
la paroi kystique est épaissie dans les kystes évolués.
B - Contenu du kyste
:
– Le kyste hydatique est rempli par le liquide hydatique, fortement
antigénique et dont le passage dans la circulation ou la cavité péritonéale
peut être responsable d’un choc anaphylactique.
– Les protoscolex produits par la membrane proligère sont présents en
très grand nombre (400 000/mL) dans la cavité kystique.
Ces protoscolex sont capables de se différencier dans deux directions. Ingéré
par l’hôte définitif (canidé), le protoscolex devient un ver adulte.
Chez
l’hôte intermédiaire (mouton ou homme), chaque scolex peut donner un
nouveau kyste hydatique s’il est libéré dans la cavité péritonéale.
– À la période initiale de son évolution, le kyste ne contient pas de
vésicule fille.
On l’appelle kyste uniloculaire.
Son contenu est clair.
Le périkyste est mince, souple et fragile.
Le parasite peut s’invaginer pour
former des vésicules filles le plus souvent endokystiques, parfois
exokystiques.
La formation des vésicules filles est déclenchée par de
nombreux événements et en particulier la rupture du kyste dans les voies
biliaires, l’infection ou une ponction.
Ces vésicules filles, dont la taille
varie entre quelques millimètres et 3 à 4 cm, constituent un véritable
nouveau parasite et sont également formées de deux membranes,
proligère et cuticule.
Un kyste hydatique peut contenir un très grand
nombre de vésicules filles.
Les vésicules filles endokystiques peuvent
se répandre dans la cavité péritonéale à l’occasion d’une fissuration
spontanée ou traumatique, ou lors d’une ouverture chirurgicale du
parasite.
Chaque vésicule se comporte alors comme un parasite à part
entière et augmente de volume.
Lorsque le kyste contient de nombreuses
vésicules filles, on l’appelle kyste multivésiculaire.
Sa surface est moins
régulière.
Le contenu est trouble, souvent infecté.
La membrane
germinative peut être flétrie.
Le périkyste devient épais et peut être
calcifié.
Les vésicules filles développées vers l’extérieur donnent au
kyste un aspect multiloculaire.
Elles peuvent migrer à distance du kyste
mère et se développer indépendamment.
Elles restent souvent reliées au
kyste principal par un collet étroit.
Les vésicules filles à développement exokystique représentent une difficulté à l’éradication du parasite et
sont la source de récidives.
C - Croissance du kyste hydatique dans le foie
:
La croissance du kyste est lente.
Au cours de sa croissance, le kyste
entraîne un étirement des pédicules portaux et sus-hépatiques,
exceptionnellement l’ouverture d’un vaisseau important dans le kyste,
plus souvent la rupture de la paroi d’un canal biliaire et une
communication biliokystique.
Les communications biliaires
minimes sont très fréquentes, dans 60 à 80 %des kystes hydatiques.
Les
communications biliaires larges compliquent les kystes volumineux et
centraux.
Elles peuvent intéresser un canal segmentaire, sectoriel, ou
même le canal hépatique droit ou gauche, ou le confluent biliaire
supérieur.
– L’ouverture dans les voies biliaires intrahépatiques est à l’origine des
principales complications des kystes hydatiques hépatiques et est la
source des principales difficultés opératoires et complications
postopératoires.
– Le passage d’une ou plusieurs vésicules filles à travers cette
communication biliokystique peut entraîner des épisodes
d’obstruction biliaire identiques à ceux d’une lithiase de la voie
biliaire principale et une angiocholite.
De tels épisodes chez un
patient ayant un volumineux kyste hydatique doivent faire évoquer
ce diagnostic.
En dehors du risque obstructif lié à la migration de
vésicules filles, le passage de liquide hydatique et de scolex dans les
voies biliaires n’a pas de conséquences néfastes pour le patient et ne
présente pas de risque infestant.
– La communication biliokystique favorise d’une part la formation
de vésicules filles, d’autre part l’infection du kyste et son évolution
vers une suppuration aiguë ou chronique identique à un abcès du foie.
– La sténose d’une branche portale segmentaire, sectorielle ou même
de la branche portale droite ou gauche au contact de la fibrose du périkyste, peut entraîner l’atrophie de la partie correspondante du foie.
D - Rapports extrahépatiques du kyste
:
– Les kystes adjacents au diaphragme, en particulier ceux du dôme du
foie droit, entraînent des adhérences inflammatoires et une réaction
pleurale.
Au cours de l’évolution, le kyste peut s’ouvrir à travers le
diaphragme dans une bronche, réalisant une fistule kystobronchique.
Cette complication survient en général au cours de l’évolution de kystes
volumineux, ouverts dans les voies biliaires et infectés.
Il s’agit d’une
complication grave car source d’une infection prolongée et de traitement
difficile.
Cette complication survient en dehors de toute hydatidose
pulmonaire.
Le kyste peut exceptionnellement s’ouvrir dans la plèvre,
entraînant une hydatidose pleurale.
– Du fait de la forte pression intrakystique, ou à l’occasion d’un
traumatisme, le kyste peut se rompre, entraînant une réaction
anaphylactique et la dissémination dans la cavité péritonéale des scolex
et des vésicules filles.
– Tous les vaisseaux de voisinage peuvent être comprimés par les
volumineux kystes hydatiques : voie biliaire principale ou confluent
biliaire supérieur, veine porte provoquant une hypertension portale ou
veine cave.
Exceptionnellement, le kyste peut s’ouvrir dans une veine
majeure entraînant une hémorragie intrakystique, ou dans le tube
digestif.
Investigations pré- et peropératoires
dans le kyste hydatique du foie
:
A - Investigations préopératoires
:
En dehors du diagnostic que nous n’envisagerons pas ici, le but de ces
investigations est d’orienter la stratégie thérapeutique en dépistant les
kystes à haut risque de complications per- ou postopératoires.
Ces kystes
sont les kystes multivésiculaires à périkyste épais et scléreux, centraux
et supérieurs dont l’affaissement est difficile et qui comportent donc un
risque élevé de collection abdominale postopératoire résiduelle, et les
kystes ouverts dans une voie biliaire large qui comportent un risque
élevé de fistule biliaire externe postopératoire prolongée.
Les investigations morphologiques du foie (échographie,
tomodensitométrie [TDM] ou imagerie par résonance magnétique
[IRM]) fournissent actuellement les données les plus pertinentes sur la
localisation, la taille et le caractère uniloculaire ou multivésiculaire des
kystes, et leur rapport avec les principaux pédicules portaux et veines
sus-hépatiques.
Les investigations biliaires préopératoires ont un
moins bon rapport risque/efficacité.
La cholangiographie intraveineuse
n’a plus d’indication.
La cholangiographie rétrograde endoscopique
peut mettre en évidence une compression d’une voie biliaire moyenne
et éventuellement la fuite du produit de contraste dans un kyste.
Elle
comporte cependant un risque infectieux.
Sa performance dans la
visualisation des rapports entre kystes et voies biliaires est plutôt moins
bonne que celle des examens morphologiques du foie, dans notre
expérience.
Il est possible que la cholangio-RM avec reconstruction
d’images en trois dimensions constitue un examen très intéressant
lorsque des communications biliaires complexes sont prévisibles.
Les explorations vasculaires (artériographie, cavographie) n’ont plus
d’indication dans l’exploration préopératoire des kystes hydatiques,
quel que soit le traitement envisagé.
En pratique, une échographie hépatique simple peut suffire pour les
kystes périphériques restant à distance de pédicules intrahépatiques
majeurs.
Un scanner (ou une IRM) est préférable et suffisant dans les
kystes volumineux et centraux pour mieux préciser les rapports
vasculaires et biliaires et évaluer le risque de communication biliaire.
B - Investigations peropératoires
:
1-
Échographie peropératoire :
Elle permet de mieux préciser les rapports entre le kyste et les pédicules
vasculaires, notamment pour les kystes centraux.
À ce titre, il s’agit d’un
examen important qui facilite la stratégie peropératoire.
2- Cholangiographie peropératoire
:
Elle est rarement nécessaire et donne souvent moins d’informations sur
les rapports biliokystiques qu’un bon examen morphologique du foie
préopératoire.
Elle peut être utile pour réorienter la stratégie
thérapeutique lorsqu’une communication biliaire majeure est
découverte fortuitement au cours de l’intervention chez un patient qui
n’avait pas eu d’exploration morphologique hépatique préopératoire ou
que l’analyse de ces investigations avait été incomplète.
La cholangiographie peropératoire est indiquée lorsqu’il existe des
arguments en faveur de la migration de vésicules filles dans la voie
biliaire principale : angiocholite, cholestase préopératoire, dilatation de
la voie biliaire principale, ou mise en évidence de ces vésicules filles
dans les voies biliaires sur les explorations morphologiques
préopératoires.
Précautions peropératoires dans
la chirurgie du kyste hydatique du foie
:
A - Risque de dissémination parasitaire
:
L’ouverture volontaire ou involontaire d’un kyste hydatique hépatique
pendant une intervention chirurgicale peut conduire à une dissémination
des vésicules filles et surtout des scolex dans la cavité abdominale.
C’est
pourquoi un certain nombre de précautions doivent être prises pour
éviter la fuite de liquide hydatique pendant l’intervention.
Il faut signaler
qu’il n’existe aucun risque pour les chirurgiens et le personnel de salle
d’opération pendant une intervention pour kyste hydatique.
B - Précautions peropératoires
:
Ces précautions reposent sur l’utilisation de solutions dites parasiticides
qui sont toxiques pour le parasite et ses différents composants.
Ces
solutions détruisent les scolex, affaissent les vésicules filles, et stérilisent
la membrane proligère.
Ces solutions sont utilisées, d’une part pour imbiber les champs servant
à isoler la zone opératoire infestée du reste de la cavité péritonéale.
Elles
peuvent, d’autre part, être utilisées en injection dans le parasite avant son
exérèse.
Trois types de solutions ont été préconisés.
1- Formol
:
Les solutions de formol à 7 % sont certainement parasiticides. Une
solution moins concentrée à 2 % est souvent utilisée car moins toxique
pour les tissus avoisinants.
L’utilisation d’une solution de formol
comporte cependant deux inconvénients :
– les effets secondaires pour les utilisateurs dus à l’inhalation de vapeur
de formol et à l’irritation ophtalmologique ;
– le risque d’induire une cholangite sclérosante lorsqu’elle est injectée
dans un kyste communiquant avec les voies biliaires.
Bien que des travaux contradictoires aient été publiés à ce sujet, la toxicité directe du
formol sur l’épithélium biliaire, lorsqu’il est injecté sous pression,
semble formellement établie.
Il est préférable de ne plus l’utiliser.
2- Sérum salé hypertonique
:
Le sérum salé ne serait parasiticide que pour une concentration de 20 %.
Il peut être à l’origine de troubles hydroélectrolytiques à type
d’hypernatrémie lorsque de grands volumes de cette solution sont
utilisés, en particulier sur les champs opératoires.
Il a été suggéré que
chez l’animal le sérum salé hypertonique avait la même toxicité pour
l’épithélium biliaire que le formol.
Il est préférable de ne pas l’injecter
sous pression dans un kyste non évacué.
3- Eau oxygénée
:
L’effet parasiticide de l’eau oxygénée serait très bon in vitro.
Son
utilisation est cependant gênée par l’importance de la mousse générée
dans le champ opératoire et par le risque d’hyperpression après injection
dans le kyste.
D’exceptionnels cas d’embolie gazeuse ont été décrits après utilisation
d’eau oxygénée.
4- En pratique
:
Nous recommandons d’utiliser le sérum salé à 20 % et de ne pas
l’injecter sous pression dans la cavité kystique pour éviter tout passage
de cette solution dans les voies biliaires.
Résection du dôme saillant
:
A - Principe
:
La résection du dôme saillant consiste à réséquer la partie du périkyste
qui fait saillie à la surface du foie, et à évacuer son contenu et le parasite.
B - Avantages
:
La technique est très simple, sans risque peropératoire et donc
facilement applicable dans les établissements hospitaliers disposant de
moyens limités et par des chirurgiens généraux sans formation à la
chirurgie hépatique.
Le coût du procédé est peu important.
C - Inconvénients
:
La simple résection du dôme saillant du périkyste laisse persister une
cavité rigide qui s’affaisse difficilement.
Cette cavité peut être le lit
d’une collection postopératoire qui peut s’infecter surtout lorsqu’il
existait des communications biliaires.
En effet, la suture des orifices
biliaires est faite sur un tissu fibreux et inflammatoire de mauvaise
qualité favorisant une fuite biliaire et la constitution d’un abcès
chronique et/ou d’une fistule biliaire externe postopératoire prolongée.
La résection du dôme saillant peut laisser persister des vésicules exokystiques.
Ceci est la source d’une récidive de la maladie hydatique
au niveau du foie.
D - Technique opératoire
:
– Comme toute la chirurgie hépatique, la voie d’abord est strictement
abdominale, quelle que soit la taille du kyste.
Une incision sous-costale
droite est l’incision élective.
Elle peut être prolongée vers l’hypocondre
gauche.
Pour les kystes du foie droit, il est préférable de placer un
coussin sous la base de l’hémithorax droit, bras droit le long du corps.
Ceci permet de prolonger vers la droite l’incision sous-costale en
contournant la pointe de la dixième côte.
– La partie du foie où est situé le kyste est mobilisée par section des
ligaments.
Cette libération doit être suffisante pour exposer largement la
totalité du dôme saillant.
– Après mise en place de champs imbibés d’un liquide parasiticide
isolant la région opératoire, le kyste est ponctionné à son apex avec un
trocart de gros calibre et son contenu évacué par aspiration.
Le
trocart le plus pratique est le trocart de Devé qui est muni d’un dispositif
de désobstruction.
Ceci évite l’obstruction du trocart par les vésicules
filles et les fragments de membrane proligère.
La paroi kystique
s’affaisse.
Il a été un moment recommandé d’évacuer par
ponction à la seringue une partie du contenu kystique et de le remplacer
par un volume équivalent de solution parasiticide.
En fait, cette
manoeuvre favorise l’extravasation du liquide hydatique sous pression
au travers du périkyste et doit être évitée.
– Après aspiration complète du contenu du kyste, le trocart est retiré.
Il
est recommandé d’injecter alors dans le kyste une solution parasiticide
et de la laisser baigner pendant une période de 10 minutes pour détruire
les vésicules filles et les scolex résiduels.
L’orifice du trocart est agrandi
aux ciseaux, ou au bistouri électrique afin d’examiner
attentivement l’intérieur du kyste.
D’éventuelles vésicules filles
résiduelles sont enlevées en s’aidant éventuellement d’une cuillère.
Le
parasite est ensuite décollé du périkyste.
Le décollement du parasite est
généralement aisé et il peut être extirpé en totalité, parfois d’une seule
tenue, par traction douce à l’aide d’une pince atraumatique.
Il faut faire
attention à bien extirper le parasite des cavités anfractueuses transpérikystiques liées à des vésicules exokystiques.
Ces cavités
peuvent contenir des vésicules filles et du liquide hydatique qui ont
échappé à l’aspiration initiale.
– La résection de la totalité du dôme saillant est réalisée à l’aide de
ciseaux ou de la pointe d’un bistouri électrique.
La section doit être faite
à l’aplomb du parenchyme hépatique, sans pénétrer dans celui-ci.
Il est parfois nécessaire de réaliser l’hémostase ou la bilistase de petits
pédicules fins pénétrant dans l’épaisseur de la paroi kystique par des
points en X de fil fin résorbable.
Dans certaines localisations, et
en particulier les kystes inférieurs du foie droit ou ventraux du lobe
gauche, les pédicules portaux principaux sont refoulés et étirés à la
surface du kyste.
Ils doivent être respectés.
– Après avoir réséqué la totalité du dôme saillant, la cavité résiduelle
est minutieusement inspectée à la recherche de communications
biliaires.
Celles-ci peuvent exister même si le contenu kystique est
limpide.
Les communications biliaires, de très petite taille, sur des
canaux périphériques, sont refermées à l’aide de points séparés de fil fin,
si possible du monofilament résorbable.
– La simple suture des communications biliaires larges est associée à
un risque élevé de fuite biliaire postopératoire, d’abcès sous-phrénique
et de fistule biliaire externe, en raison du caractère fibreux et
inflammatoire de la paroi biliaire.
La suture des communications
biliaires au niveau de canaux larges (segmentaires ou sectoriels)
comporte en outre un risque de sténose canalaire.
Plusieurs gestes
techniques sont recommandés pour diminuer le risque de ces
complications :
– drainage de la voie biliaire principale par un drain de Kehr : en
diminuant la pression dans les voies biliaires, le drainage biliaire par
un drain de Kehr diminue le risque de fuite biliaire postopératoire et
favorise la cicatrisation de la suture ;
– mise en place d’un drain de Kehr par l’ouverture biliaire latérale
d’un canal.
Ceci permet de drainer la bile au travers de l’orifice de
communication avec la cavité kystique.
La paroi biliaire se
reconstitue autour du drain.
Ce procédé n’est réalisable que pour les
fistules portant sur un canal de gros calibre (segmentaire ou sectoriel).
La perte de substance canalaire est refermée autour du drain.
Le drain
doit être maintenu longtemps en place après l’intervention ;
– drainage par drain de Kehr intubant le canal fistulisé.
Le
procédé n’est applicable qu’aux fistules biliokystiques portant sur les canaux de gros calibre.
Le drain de Kehr est mis en place dans la voie
biliaire principale. Une branche du drain de Kehr est laissée longue et
est mise en place dans le canal fistulisé ;
– drainage transhépatique de la fistule biliaire par intubation
canalaire.
Un dissecteur est introduit dans le canal au niveau
de la communication avec le kyste.
La paroi canalaire et le
parenchyme hépatique avoisinant sont perforés avec la pointe du
dissecteur.
La zone où le parenchyme hépatique est le moins épais est
choisie.
Un drain d’intubation biliaire (de type drain transcystique)
est introduit à travers le parenchyme hépatique et disposé dans le
canal biliaire fistulisé.
L’avantage de cette technique est le placement
du drain au travers du parenchyme hépatique sain et non au travers du
trajet fistuleux fibrotique et inflammatoire.
– L’existence d’une large communication biliaire, surtout s’il existe des
vésicules filles dans le kyste, doit faire rechercher une migration au
niveau de la voie biliaire principale par une cholangiographie
peropératoire.
Les vésicules filles de la voie biliaire principale sont
traitées comme des calculs par hépaticotomie, extraction, lavage et
drainage biliaire par un drain de Kehr ou un drain transcystique.
Traitement de la cavité kystique
:
Plusieurs procédés ont été proposés pour combler la cavité kystique
résiduelle et éviter la constitution d’une collection :
– drainage de la cavité : c’est le procédé le plus souvent utilisé. Un ou
plusieurs drains tubulaires souples larges constituent le meilleur moyen
de drainage.
Le drain est extériorisé à travers la paroi abdominale selon
un trajet le plus court possible, ne passant pas par l’incision abdominale.
Le drain est raccordé à un bocal stérile.
Le drainage abdominal est laissé
en place tant qu’il existe un écoulement par le drain, surtout s’il est
bilieux.
Pour les kystes inférieurs sans communication biliaire, il n’est
pas nécessaire de mettre en place un drainage abdominal ;
– épiplooplastie : le grand épiploon est remonté, étalé dans la cavité
kystique et fixé à ses bords et au fond de la cavité.
Généralement, il n’est
pas nécessaire de faire de décollement coloépiploïque pour disposer le
grand épiploon dans le kyste.
Cependant, si le grand épiploon est court
ou si le malade a déjà eu une intervention abdominale, un décollement coloépiploïque et/ou une pédiculisation du grand épiploon peuvent être
nécessaires.
Il a été reproché à cette technique de favoriser l’hydatidose
péritonéale lorsque le kyste n’était pas complètement stérilisé lors de
l’intervention.
Cette technique est utile pour les kystes supérieurs afin
de combler une cavité qui ne se draine pas spontanément de façon
déclive ;
– capitonnage de la cavité kystique : la cavité kystique est supprimée
par le rapprochement de ses berges par des points transparenchymateux.
Ce procédé a été totalement abandonné.
E - Variantes
:
La résection du dôme saillant peut consister en une ponction du kyste
par un volumineux trocart, l’injection d’un parasiticide, l’aspiration du
parasite, et la fermeture de l’orifice du trocart autour d’un drain
volumineux.
Cette technique est utile pour les kystes dont la partie du
dôme saillant est petite.
Elle expose à un risque élevé de collection
résiduelle et de récidive.
F - Indications actuelles
:
La résection du dôme saillant ne devrait être réservée qu’aux kystes
uniloculaires jeunes et périphériques ayant un périkyste souple et mince
sans communication biliaire majeure.
Elle peut aussi être réalisée
comme premier temps thérapeutique chez les patients infectés et très
asthéniques, chez qui un geste rapide de drainage est nécessaire.
Dans
les pays de forte endémie où le traitement du kyste hydatique est pris en
charge par des chirurgiens n’ayant pas de formation à la chirurgie
hépatique dans des centres hospitaliers peu équipés, la résection du
dôme saillant reste le traitement utilisé en routine et offre un bon rapport
coût/efficacité.
En revanche pour les kystes centraux, volumineux, supérieurs, avec des communications biliaires larges, cette intervention
expose à un risque élevé de complications postopératoires sous forme
de suppuration et de fistule biliaire externe prolongées.
Périkystectomie
:
A -
Principe
:
Elle consiste à réséquer totalement le kyste avec le périkyste.
B - Avantages
:
La périkystectomie est le traitement idéal du kyste hydatique du foie car
elle permet l’exérèse de la totalité du parasite et de la coque fibreuse du
périkyste sans résection parenchymateuse hépatique.
Elle est d’autant
plus facile que le périkyste est épais et fibreux.
Elle laisse en place une cavité hépatique souple, et permet d’oblitérer
facilement, dans des tissus sains, les éventuelles communications
vasculaires ou surtout biliaires.
C - Inconvénients
:
Lorsque le plan de clivage au contact du périkyste n’est pas bien
respecté, le parenchyme hépatique est dilacéré et l’intervention peut être
hémorragique.
La périkystectomie peut être dangereuse lorsque le kyste vient au
contact de vaisseaux importants et en particulier de la veine cave, des
veines sus-hépatiques, et du carrefour cavo-sus-hépatique.
Dans ces cas,
qui doivent être prévus par une étude rigoureuse des examens
morphologiques préopératoires, il est possible de laisser une pastille de périkyste au contact des vaisseaux.
Lorsque le kyste communique
largement avec un volumineux canal biliaire, la périkystectomie peut
entraîner une perte de substance de ce canal, rendant difficile sa
réparation.
La périkystectomie est facile lorsqu’une large surface du kyste est
développée en dehors du foie.
Elle est difficile lorsque le kyste est
profond, central, et n’affleure pas la surface du foie.
D - Technique opératoire
:
La voie d’abord est la voie d’abord habituelle de la chirurgie hépatique.
Les éventuelles adhérences du kyste sont libérées.
La partie du foie où
siège le kyste hépatique est mobilisée.
Ceci peut comporter un
décollement complet du foie droit pour les volumineux kystes droits.
Le
reste de la cavité abdominale est protégé par des champs imbibés de
sérum salé à 20 %.
L’absence d’évacuation préalable du kyste rend plus
aisée la périkystectomie mais comporte un risque d’effraction.
La
capsule de Glisson est incisée au bistouri électrique au contact du périkyste autour du dôme saillant. Le parenchyme hépatique est
ensuite refoulé progressivement à l’aide d’un instrument mousse.
Les instruments les plus faciles à utiliser sont des ciseaux fins à
extrémités arrondies, ou une spatule. Un dissecteur ultrasonique peut
aussi être utilisé.
Cet instrument respecte cependant moins bien le plan
de clivage entre périkyste et parenchyme.
Il est très important de rester
au contact du périkyste et de ne pas pénétrer dans le parenchyme
hépatique.
De nombreux petits pédicules vasculaires ou biliaires
traversent le plan de la périkystectomie.
Ils peuvent être obstrués par
coagulation, ligaturés ou clipés.
Lorsque le plan de clivage est bien
respecté, l’hémorragie est minime.
Le refoulement du parenchyme
hépatique doit être doux et progressif pour éviter de déchirer un vaisseau
situé à proximité du périkyste.
Un clampage du pédicule hépatique peut
être utilisé pendant la périkystectomie pour diminuer l’hémorragie.
La périkystectomie peut être réalisée dans sa totalité, sans ouvrir le kyste
, lorsqu’il est de taille limitée et qu’il n’est pas situé dans le
voisinage d’un pédicule vasculaire ou biliaire important.
Dans ces deux dernières éventualités, la périkystectomie complète à
kyste fermé est difficile à réaliser ; il est préférable d’évacuer le kyste,
soit préalablement à l’incision de la capsule de Glisson, soit après avoir
commencé la kystectomie avant d’aborder la zone d’accolement avec
les pédicules volumineux.
Après l’ouverture du kyste et l’évacuation du
parasite, avec les précautions déjà décrites dans le chapitre sur la
résection du dôme saillant, la saillie des gros pédicules vasculaires et
biliaires est généralement visible en relief sur la paroi interne du kyste.
Il peut être préférable de laisser une mince pastille de périkyste au
contact de ces vaisseaux plutôt que de les libérer complètement pour
éviter une plaie vasculaire ou biliaire importante.
Une exérèse
plus ou moins complète de ces pastilles résiduelles de périkyste laissées
au contact des vaisseaux peut être faite éventuellement à la fin de
l’intervention, lorsque le kyste a été enlevé.
Une éventuelle effraction
biliaire est alors suturée en tissu sain.
La cavité résiduelle est
soigneusement examinée à la recherche d’une hémorragie ou d’une fuite biliaire dont l’hémostase ou la bilistase sont réalisées par des points en
X de fil fin résorbable.
Cette cavité doit être sèche à la fin de
l’intervention.
L’utilisation de colle biologique n’est pas nécessaire.
E - Traitement de la cavité résiduelle
:
Après la périkystectomie, la cavité hépatique est souple et s’affaisse plus
facilement qu’après résection du dôme saillant.
Après périkystectomie du foie gauche ou à la partie antérieure et
inférieure du foie droit, la cavité hépatique est spontanément comblée
par des organes de voisinage.
Pour les périkystectomies de la partie
haute et supérieure du foie droit, la cavité hépatique peut ne pas
s’affaisser complètement et donner lieu à un épanchement chronique
interhépatodiaphragmatique.
Une épiplooplastie permet éventuellement
de combler cette cavité et d’éviter cette complication.
Aucun drainage
n’est nécessaire.
F - Indications actuelles
:
La périkystectomie est un très bon traitement des kystes périphériques
restant à distance des pédicules volumineux vasculaires et biliaires,
surtout lorsqu’ils sont multivésiculaires avec un périkyste épaissi et
fibreux.
La périkystectomie n’est pas recommandée dans les kystes
jeunes, uniloculaires, à périkyste fin, où la résection du dôme saillant est
plus facile.
Traitement par laparoscopie
:
A - Principe
:
La laparoscopie a été récemment proposée pour réaliser l’évacuation du
parasite et la résection du dôme saillant sans incision abdominale.
B - Avantages et inconvénients
:
Ces techniques sont récentes et ont été utilisées chez peu de patients.
Le but est d’offrir une guérison de la maladie parasitaire avec une qualité
identique à la laparotomie, en diminuant la durée d’hospitalisation, la
pénibilité des suites opératoires et la durée de l’incapacité
socioprofessionnelle.
L’expérience de ce traitement est encore trop
précoce pour en apprécier les avantages et inconvénients potentiels et
particulièrement le risque de dissémination péritonéale.
C - Technique opératoire
:
1-
Installation du malade et de la salle d’opération :
Le malade est installé à plat.
L’écartement des membres inférieurs peut
favoriser le placement du chirurgien ou de l’aide.
Comme dans la
chirurgie biliaire et la chirurgie hépatique, l’opérateur est placé à gauche
du patient ou entre les jambes, et le moniteur de télévision à la droite,
vers la tête du patient.
Le trocart de 10 mm utilisé pour la caméra est
placé à l’ombilic.
Les autres trocarts sont disposés en fonction de la
localisation du ou des kystes.
Le trocart utilisé pour l’aspiration du
contenu kystique doit être placé en regard et le plus près possible du
dôme saillant du kyste.
2- Exposition du kyste
:
Les adhérences éventuelles avec le grand épiploon sont libérées au
crochet coagulateur ou à l’aide de ciseaux bipolaires.
Il est important de
ne pas coaguler au contact de la paroi kystique, pour éviter une effraction
de cette paroi et une fuite du contenu kystique.
3- Prévention de la contamination abdominale par le parasite
:
Ceci peut être réalisé soit en disposant autour du dôme saillant des
compresses imbibées de solution parasiticide, soit en insufflant cette
solution dans la cavité abdominale.
Le patient est placé en position de Trendelenburg avec une rotation de
30° vers la droite ou vers la gauche, permettant à la solution parasiticide
de se collecter à proximité du dôme saillant.
Il est recommandé d’utiliser
suffisamment de soluté parasiticide pour noyer presque complètement
le kyste.
4- Évacuation du kyste
:
Le kyste est ponctionné à l’aide d’une aiguille longue et fine (16 à 20 G).
Environ 20 à 50 mL de contenu kystique sont aspirés et remplacés par
une solution parasiticide.
Cette solution est laissée en place pendant une
dizaine de minutes.
La manoeuvre est ensuite répétée plusieurs fois.
Pendant ces manoeuvres d’évacuation-infusion du contenu kystique, il
est préférable que la pression du pneumopéritoine soit basse (5 à
9 mmHg) pour ne pas favoriser la diffusion du contenu kystique dans la
cavité abdominale.
Un trocart volumineux est ensuite introduit dans le
kyste pour évacuer en totalité son contenu et les débris de membranes
proligères.
La pression de vidange doit être forte (250 mbars à 1 bar).
Plusieurs types de trocarts sont actuellement en cours d’élaboration pour
optimiser l’évacuation du kyste.
L’un d’entre eux est un trocart
transparent légèrement biseauté.
L’extrémité du trocart est appuyée
sur la paroi kystique.
Une aspiration forte est exercée sur le conduit du
trocart de 10 mmpour solidariser la paroi kystique à l’orifice.
Un trocart
fin est introduit à l’intérieur du précédent pour aspirer le contenu
kystique.
Un autre système comporte un trocart muni d’un
dispositif intratubulaire de broyage afin d’éviter son obstruction par des
débris de membrane proligère et de vésicules filles lors de l’aspiration.
5- Inspection de la paroi kystique
:
Une fois le kyste évacué, il est rempli de liquide parasiticide.
La caméra
est ensuite introduite dans le trocart utilisé pour l’évacuation, afin
d’inspecter les parois kystiques et de repérer d’éventuelles fuites de bile.
6- Traitement de la cavité kystique
:
Après inspection visuelle de la cavité kystique, le dôme saillant
émergeant du parenchyme hépatique est réséqué au crochet coagulateur
ou aux ciseaux coagulateurs.
La cavité et les bords de la résection sont
de nouveau inspectés pour repérer d’éventuelles fuites biliaires dont la
suture est réalisée par des fils fins.
Il est préférable d’utiliser la technique
de noeuds intracorporels.
Une partie du grand épiploon peut ensuite être
mobilisée, éventuellement pédiculisée à l’aide de ciseaux coagulateurs
et disposée dans la cavité kystique.
Il n’est pas nécessaire de drainer
l’abdomen, sauf s’il persiste un doute sur une fuite biliaire.
La taille de
la cavité résiduelle peut être diminuée en laissant dans la cavité kystique
un drain auquel est appliquée une aspiration continue de quelques
jours.
Cette technique facilite la formation d’adhérences entre la cavité
kystique et son affaissement rapide.
D - Indications actuelles
:
Il est encore trop tôt pour apprécier le bénéfice du traitement laparoscopique des kystes hydatiques du foie.
Cependant, une place
importante sera vraisemblablement accordée à cette technique
relativement simple.
Elle devrait être réservée aux kystes jeunes,
uniloculaires, non calcifiés, dont la cavité peut s’affaisser facilement et
qui ne communiquent pas avec une large voie biliaire.
La découverte
pendant l’exploration endokystique d’une large communication biliaire
indique une conversion et le choix d’un autre procédé thérapeutique.
Résection hépatique
:
A - Principe
:
La résection hépatique consiste à réséquer la partie du foie où siège(nt)
le (ou les) kyste(s).
B - Avantages
:
La résection de la partie du foie contenant le ou les kystes présente
l’avantage de réaliser un traitement radical de la lésion passant
éventuellement à distance du kyste et ne laissant persister aucune
ouverture biliaire dans le champ opératoire.
C - Inconvénients
:
Il est reproché à la résection hépatique d’être une intervention
disproportionnée pour un traitement d’une lésion bénigne, comportant
une morbidité et une mortalité spécifiques.
D - Réalisation pratique
:
Nous employons une technique identique à celle des résections
hépatiques pour tumeur du foie.
– La partie du foie devant être réséquée est complètement mobilisée.
– Les hépatectomies étant généralement indiquées pour des kystes
hydatiques volumineux, il est préférable d’évacuer le kyste avec les
précautions déjà décrites pour favoriser la mobilisation hépatique et
l’exposition.
Particularités techniques de l’hépatectomie pour kyste hydatique
:
Une fois le kyste affaissé, la résection hépatique est généralement
simple.
Dans les volumineux kystes hydatiques pour lesquels cette
intervention est préconisée, le kyste peut dépasser les limites
anatomiques des hépatectomies conventionnelles.
Dans ces cas, la partie
la plus profonde du kyste constitue la limite de l’hépatectomie qui, à ce
niveau, est réalisée comme une périkystectomie.
Lorsque les
investigations morphologiques préopératoires mettent en évidence des
connexions entre le kyste et des pédicules vasculaires importants, en
particulier la veine sus-hépatique médiane, dans les hépatectomies
droites ou gauches, il est préférable de laisser une pastille de paroi
kystique au contact du vaisseau.
Un clampage peropératoire
du pédicule hépatique diminue les risques d’hémorragie peropératoire.
Une exclusion vasculaire hépatique est exceptionnellement justifiée mais peut être envisagée pour les kystes très volumineux accolés à la
veine cave inférieure et au carrefour cavo-sus-hépatique.
L’hépatectomie traite complètement les fistules biliokystiques en
réséquant la partie du foie où siégeait la communication biliaire.
Dans ces conditions, un drainage abdominal n’est pas indispensable.
E - Indications actuelles
:
Elles sont contestées, certains chirurgiens estimant le risque de ces
interventions trop élevé pour une maladie bénigne.
En France, le risque
des hépatectomies pour lésion bénigne est minime.
Les résections
hépatiques sont particulièrement indiquées pour les kystes volumineux
occupant la presque totalité d’un hémifoie, du lobe droit ou du lobe
gauche, surtout s’il existe des signes évoquant une
communication biliaire large et la proximité de vaisseaux
intrahépatiques majeurs.
Traitement des fistules kystobronchiques
:
Les fistules kystobronchiques sont dues à l’ouverture du kyste, à travers
le diaphragme et le parenchyme pulmonaire accolé, dans une bronche.
Cette complication ne survient en général que sur les kystes supérieurs
du foie droit, ouverts dans les voies biliaires et abcédés.
Le traitement
est représenté par l’éradication la plus complète de l’abcès hépatique et
le traitement de la fistule biliaire.
La résection hépatique associée à la
suture du diaphragme offre la meilleure chance de guérison car elle
supprime la cavité kystique abcédée et la fistule biliaire.
Le plus souvent,
cette résection hépatique est une hépatectomie droite.
Une épiplooplastie est particulièrement utile dans cette indication pour
combler la cavité d’hépatectomie et éviter la formation sous la suture
diaphragmatique d’une nouvelle collection liquidienne.
Il est préférable
de drainer la loge résiduelle par un drain relié à un système clos.
Il s’agit
cependant d’une intervention importante chez des patients souvent
dénutris et affaiblis par une suppuration prolongée.
Les autres
traitements, en particulier la résection du dôme saillant avec fermeture
du diaphragme, sont associés à un risque élevé de récidive de la fistule.
Si une résection du dôme saillant est réalisée pour des raisons
d’environnement chirurgical, il faut tout faire pour combler la cavité
résiduelle par du grand épiploon afin de séparer la fermeture
diaphragmatique de cette cavité et de la suture des communications
biliaires.
Kystes hydatiques hépatiques multiples
:
Dans cette éventualité, chacun des kystes doit être traité de la façon la
plus appropriée.
Le traitement peut donc comporter plusieurs résections
du dôme saillant, plusieurs périkystectomies, une hépatectomie réglée
associée à une périkystectomie controlatérale, ou une hépatectomie
enlevant un territoire hépatique où siègent plusieurs kystes.
Dans
certaines localisations (kystes centraux et du segment I), une lobectomie
gauche est nécessaire pour accéder au dôme saillant du kyste.
Traitement médical
:
Il a été montré que les dérivés imidazolés et en particulier l’albendazole,
antihelminthique à large spectre, permettaient, avec une utilisation
prolongée, un arrêt de la croissance du parasite, voire sa mort.
La vitalité
des scolex est diminuée au bout de 2 mois de traitement.
Cependant,
la stérilisation du kyste est beaucoup plus longue à obtenir. Pour ces
raisons, il n’est actuellement pas nécessaire de faire un traitement par albendazole, ni avant le traitement chirurgical, ni en postopératoire.
Synthèse thérapeutique
:
Il a été longtemps considéré que la résection du dôme saillant était un
traitement acceptable de la majorité des kystes hydatiques du foie en
raison de sa simplicité, malgré la fréquence élevée de suppurations
chroniques et de fistules biliaires externes prolongées observées avec
cette technique lorsque les kystes sont vieux, à périkyste épais, centraux
et multivésiculaires.
Les progrès de la chirurgie et de l’anesthésie sont
en train de modifier cette attitude.
Actuellement, en Europe, la majorité
des kystes périphériques, même volumineux, peuvent être traités par périkystectomie.
L’intérêt de la laparoscopie par rapport à la
laparotomie dans le traitement des kystes uniloculaires périphériques
mérite d’être évalué.
Les kystes hépatiques centraux, situés à proximité
des pédicules portaux et des veines hépatiques majeurs, doivent être
traités par une hépatectomie.
Le dogme qu’une hépatectomie est une
intervention dont le risque est trop important pour une affection bénigne
ne doit plus être retenu.
Il est très possible que des principes identiques
puissent être appliqués dans des pays de plus faible développement
économique.
Le rapport coût/efficacité de l’hépatectomie effectuée dans
un centre spécialisé est peut-être meilleur que celui de la résection du
dôme saillant pour les kystes volumineux ayant une large
communication avec les voies biliaires.
Surtout, il faut adapter le
traitement à la taille et à la localisation du ou des kystes hépatiques.