Le syndrome myogène correspond à un dysfonctionnement
primitif localisé ou diffus des muscles squelettiques
qui est responsable d’un déficit moteur, et de
modifications du volume des masses musculaires
(amyotrophie ou hypertrophie) en l’absence de lésions
du système nerveux central (SNC) ou périphérique.
Diagnostic clinique
:
Classiquement, le syndrome myogène est constitué par
l’association de 4 symptômes cardinaux : déficit moteur
global ou focal, amyotrophie, douleurs, disparition du
réflexe idiomusculaire.
Cependant, l’absence du réflexe
idiomusculaire peut être difficile à démontrer, et les
autres symptômes constituant le syndrome myogène ne
sont pas spécifiques car ils peuvent aussi être produits
par des neuropathies périphériques ou des lésions de la
corne antérieure de la moelle épinière.
A - Interrogatoire :
• Histoire de la maladie : il faut obtenir le mode d’installation
des troubles : début proximal (cas le plus fréquent)
ou distal (myosite à inclusion), l’âge d’apparition (dans la petite enfance pour la maladie de Duchenne, à l’adolescence
pour d’autres dystrophies musculaires, après
50 ans pour les myopathies oculo-pharyngées et les
myosites à inclusion), l’évolution rapide (pathologies
inflammatoires) ou lentement progressive (maladies à
déterminisme génétique).
• Syndrome douloureux : la topographie et le type des
douleurs, leur majoration éventuelle lors de l’effort au
cours des myopathies métaboliques, leur déclenchement
par la pression des masses musculaires peuvent apporter
des arguments confirmant le syndrome myogène.
La
prédominance des douleurs sur le déficit est en faveur
d’une myosite.
• Antécédents familiaux : dans la majorité des cas, il
est nécessaire de réaliser un arbre généalogique afin de
définir le caractère autosomique récessif (glycogénoses
et myopathies métaboliques) ou dominant (myopathie oculo-pharyngée) ou récessif lié au chromosome X,
affectant exclusivement ou majoritairement les individus
de sexe masculin (dystrophies musculaires).
B - Examen clinique :
• Examen neurologique : à l’inspection, il existe le plus
souvent une amyotrophie globale ou sélective (dystrophies),
habituellement symétrique.
L’amyotrophie de la
ceinture scapulaire entraîne un décollement caractéristique
des omoplates (scapulæ alatæ).
Une hypertrophie du
triceps sural ou une pseudo-hypertrophie, liée à l’involution
fibreuse du muscle, précède l’atrophie, en particulier
dans certaines dystrophies musculaires.
Le déficit a le
plus souvent une distribution symétrique et sa prédominance
aux racines des membres [ceinture pelvienne et
(ou) scapulaire] constitue un argument en faveur d’une
maladie musculaire, donnant à la marche une allure particulière
: marche dandinante ou marche en canard.
La
localisation du déficit détermine le handicap fonctionnel :
difficulté pour s’accroupir, se lever d’une chaise, courir,
monter les escaliers, lever les bras.
Dans les myopathies oculo-pharyngées, le ptosis bilatéral et la dysphagie sont
les signes principaux.
Le testing musculaire offre une évaluation quantitative
du déficit moteur segmentaire.
Ils permet de mesurer
avec plus de précision la rapidité d’évolution ou encore
l’efficacité d’une thérapeutique immuno-suppressive
dans les myosites.
En cours d’évolution, des rétractions
tendineuses et des déformations osseuses aggravent
le handicap.
Le déficit peut évoluer vers une perte d’autonomie.
Certains symptômes ne font pas partie du syndrome
myogène : incontinence urinaire ou anale, déficit sensitif
ou dysesthésies.
Leur présence témoigne d’une atteinte neurogène associée, ou d’une pathologie métabolique
complexe comme dans les myopathies mitochondriales.
Les réflexes ostéo-tendineux sont habituellement présents
mais peuvent être abolis dans les dystrophies musculaires
à un stade avancé ou dans les myosites à inclusion.
Le suivi évolutif comporte un bilan fonctionnel régulier,
avec une évaluation des complications orthopédiques :
rétractions tendineuses (surtout du tendon d’Achille),
scoliose, évaluation de l’atteinte myocardique et du
risque de survenue d’une insuffisance respiratoire liée
au déficit des muscles ventilatoires et aux déformations
secondaires de la cage thoracique.
La kinésithérapie
peut prévenir les rétractions.
Les indications chirurgicales
correctrices des déformations osseuses sont
discutées en fonction du bénéfice fonctionnel attendu.
• Recherche de signes associés : en fonction de l’étiologie
(génétique, métabolique ou inflammatoire) des
signes évocateurs d’une pathologie multiviscérale sont
recherchés.
Le myocarde, muscle strié, peut être atteint
dans certaines dystrophies musculaires ou au cours des polymyosites, alors que les muscles lisses le sont plus
rarement.
Une défaillance myocardique existe dans la
maladie de Duchenne, dans les glycogénoses et certaines
myopathies mitochondriales.
Elle évolue parallèlement
à l’atteinte du muscle.
Un Holter rythmique permet
de dépister des anomalies paroxystiques de la
conduction auriculo-ventriculaire dans la dystrophie myotonique de Steinert.
Une insuffisance respiratoire
restrictive est une cause fréquente de décès, en particulier
dans la myopathie de Duchenne.
Les pathologies musculaires, en particulier inflammatoires
ou métaboliques, sont aux confins de plusieurs
spécialités, et leur diagnostic est difficile en l’absence
d’une collaboration interdisciplinaire.
Diagnostic différentiel
:
• Neuropathies : une polyradiculonévrite chronique
peut faire évoquer à tort une pathologie musculaire, du
fait de la symétrie du déficit moteur prédominant à la
ceinture pelvienne et de la discrétion des troubles sensitifs.
La marche a alors une allure pseudomyopathique.
L’électromyogramme (EMG) est indispensable pour
montrer les signes neurogènes et les anomalies des
vitesses de conduction nerveuse.
L’étude du liquide
céphalo-rachidien recherche une hyperprotéinorachie.
• Atteinte de corne antérieure de la moelle épinière :
certaines amyotrophies spinales d’évolution chronique
peuvent avoir un aspect pseudomyopathique, lorsque
l’amyotrophie prédomine aux ceintures et racines des
membres.
L’étude génétique permet d’obtenir le diagnostic
dans les formes héréditaires [anomalies du gène SMN (survival motor neuron) sur le chromosome 5
surtout].
L’amyotrophie spinale aiguë du nourrisson ou
maladie de Werdnig-Hoffmann se manifeste par une
hypotonie non spécifique, comparable à celle des myopathies précoces.
Le diagnostic repose alors sur l’électromyogramme,
la biopsie musculaire et la génétique.
• Myasthénie : cette pathologie de la plaque motrice se
manifeste par un déficit moteur symétrique et une
fatigabilité.
La prédominance des troubles au niveau de
la musculature faciale et la variabilité du déficit dans le
temps, prédominant le soir ou après un effort est plus en
faveur d’une myasthénie, qui sera confirmée par l’électromyogramme,
révélant un décrément des potentiels
moteurs lors d’une stimulation itérative.
Examens paracliniques contributifs
au diagnostic
:
• Examens biologiques standards : on procède au
dosage des enzymes musculaires
– créatine phosphokinase
(CPK) surtout, mais aussi lactate deshydrogénase
(LDH),
– l’aldolase est un bon marqueur de la cytolyse
musculaire.
Les créatines phosphokinases sont très
augmentées dans les dystrophinopathies (myopathies de
Duchenne, et de Becker), moins dans les dystrophies
musculaires des ceintures.
Elles sont inconstamment
élevées dans les autres dystrophies.
Au cours des myosites
infectieuses aiguës (virales ou parasitaires) et des
myosites inflammatoires (polymyosites, dermatomyosites),
les créatines phosphokinases sont souvent très
élevées.
En revanche, elles peuvent être normales dans
les myosites à inclusions.
• L’électromyogramme peut objectiver un syndrome
myogène électrique, qui est plus spécifique que le syndrome
myogène clinique. Le tracé est anormalement
riche par rapport à l’effort. Les potentiels d’unité motrice
sont polyphasiques, d’amplitude et de durée diminuées.
Par ailleurs, les vitesses de conduction nerveuse des
fibres motrices et sensitives sont normales, sauf dans
certaines maladies métaboliques où il peut exister une
neuropathie associée.
• L’imagerie par tomodensitométrie ou résonance
magnétique objective les anomalies musculaires liées à
l’involution et permet d’établir une cartographie des
muscles sélectivement atteints.
La spectrométrie par
résonance magnétique nucléaire du phosphore permet
de mesurer la concentration de phosphocréatine et les
variations de pH musculaire à l’effort.
Une acidose
marquée à l’effort, ainsi qu’une lente récupération de la phosphocréatine et du pH après l’effort sont des
arguments en faveur d’une myopathie mitochondriale.
• Biopsie musculaire : elle est l’examen majeur en
pathologie musculaire et est indispensable dans la
démarche diagnostique de nombreuses maladies neuromusculaires
et d’affections systémiques (maladies de
système, vascularites).
L’histopathologie musculaire
conventionnelle, après inclusion en paraffine et coloration
par l’hématéïne-éosine et le trichrome de Masson,
permet une description analytique des lésions élémentaires
: atrophie et hypertrophie compensatrices des
fibres musculaires, fréquentes dans les dystrophies
musculaires ; nécrose et régénération ; modifications
nucléaires ; vacuoles (glycogénoses, myopathies oculopharyngées, myosites à inclusions) ; anomalies du tissu
interstitiel (involution fibro-adipeuse des dystrophies,
infiltrats inflammatoires de l’endomysium ou du périmysium
des vascularites ou des myosites infectieuses).
Des techniques récentes (histo-enzymologie, immunocytochimie,
microscopie électronique) permettent un diagnostic
formel des myopathies congénitales et dystrophinopathies.
Grâce aux études biochimiques et génétiques, il
est possible de caractériser les myopathies métaboliques :
déficits enzymatiques des glycogénoses, déficits sélectifs
des complexes de la chaîne respiratoire mitochondriale.
• Diagnostic génétique : il s’applique particulièrement
aux dystrophies musculaires.
Dans un passé récent, leur
classification reposait sur l’aspect clinique : topographie
de l’atteinte musculaire, évolution et mode de transmission.
Depuis la mise en évidence de plusieurs mutations génétiques
responsables de la synthèse de protéines anormales,
la classification est faite en fonction du type de mutations
et de la protéine anormale.
Les principales protéines pour
lesquelles des anomalies ont été identifiées sont la dystrophine,
les dystroglycanes (dont la mérosine) qui lient la
dystrophine aux éléments extracellulaires, les sarcoglycanes
transmembranaires.
Étiologie
:
A - Dystrophies musculaires :
• Dystrophinopathies : dystrophie musculaire de
Duchenne (DMD) et dystrophie de Becker : la dystrophie
musculaire de Duchenne est la plus fréquente et la
plus sévère des dystrophies musculaires liées au chromosome
X.
Le mode de transmission explique que seuls
les enfants de sexe masculin sont atteints, cependant les
femmes qui transmettent le gène peuvent développer un
syndrome myogène d’expression modérée.
La dystrophie musculaire de Duchenne se manifeste
vers l’âge de 3 ans, mais la marche a souvent été acquise
avec un peu de retard, vers 15 à 18 mois.
Une difficulté
pour courir, sauter, monter les escaliers apparaît,
puis une hyperlordose lombaire et une rétraction des tendons d’Achille sont les premières complications
orthopédiques.
Il existe une hypertrophie des masses
musculaires des mollets.
L’enfant marche sur la pointe
des pieds et de façon dandinante.
De façon lentement
progressive, le déficit s’accentue et la marche devient
impossible vers l’âge de 10 ans.
L’atrophie musculaire
remplace peu à peu l’hypertrophie.
Le décès survient
vers 20 ans, du fait de la défaillance cardiorespiratoire
ou des complications du décubitus.
L’atteinte myocardique
évolue parallèlement à l’atteinte des muscles
squelettiques et entraîne une insuffisance cardiaque.
La dystrophie musculaire de Becker se distingue cliniquement
par un début plus tardif, vers l’âge de 12 ans,
avec des extrêmes de 2 à 45 ans.
Le déficit apparaît à la
ceinture pelvienne, puis scapulaire.
Les muscles distaux
sont préservés.
L’hypertrophie des mollets est constante.
La marche devient impossible vers l’âge de 30 ans et le
décès survient vers 40 ans, par défaillance myocardique
ou insuffisance respiratoire restrictive liée à la paralysie
des muscles respiratoires, qui peut être transitoirement
améliorée par une ventilation mécanique au masque.
Dans la dystrophie musculaire de Duchenne et dans
celle de Becker, les enzymes musculaires, en particulier
les créatines phosphokinases, sont très élevées (10 à
100 fois la normale).
Cette élévation apparaît avant le
début des signes cliniques et n’est pas corrélée à la
gravité de la maladie.
En fin d’évolution, les taux de
créatines phosphokinases diminuent.
La dystrophie musculaire de Duchenne se caractérise
par l’absence de dystrophine, qui est anormale ou en
quantité réduite dans la dystrophie musculaire de
Becker.
Le diagnostic est obtenu par la biopsie médullaire,
dont l’étude immunocytochimique, avec des anticorps
monoclonaux dirigés contre la dystrophine,
montre l’absence de marquage dans la dystrophie
musculaire de Duchenne, ou une diminution du marquage
dans celle de Becker.
Un aspect en mosaïque, avec des
fibres positives et des fibres négatives apparaît chez les
femmes porteuses.
Le diagnostic génétique repose sur la
mise en évidence d’une délétion du gène de la dystrophine,
par amplification génique.
En l’absence de thérapeutique, et sur la base de l’histoire
familiale et de l’étude de la délétion génique, il est
possible de détecter les femmes porteuses afin de leur
apporter un conseil génétique et faire un diagnostic
prénatal.
Lorsque la délétion est mise en évidence sur
la biopsie trophoblastique du foetus, l’avortement thérapeutique
est proposé.
• Dystrophie d’Emery-Dreifuss : dystrophie musculaire
liée au chromosome X, elle se caractérise par 3 signes
cardinaux : rétractions musculaires précoces, déficit
moteur et amyotrophie de topographie huméro-péronière,
troubles de la conduction cardiaque.
Le handicap fonctionnel
est modéré jusqu’à la cinquantaine, mais le
risque de mort subite par bloc auriculo-ventriculaire doit
être évalué et prévenu par la pose d’un pacemaker.
L’étude génétique met en évidence un gène pathologique
responsable de la synthèse d’une protéine, l’émérine,
dont le rôle pathogène n’est pas encore connu.
• Myopathie facio-scapulo-humérale ou myopathie de
Landouzy-Dejerine : de transmission autosomique
dominante à pénétrance complète, de nombreuses
formes frustes ne sont pas diagnostiquées.
L’anomalie
génétique qui est une délétion d’un gène siégeant sur le
chromosome 4, en position 4q35 permet le diagnostic
par biologie moléculaire sur un prélèvement sanguin.
Elle se manifeste par une atteinte musculaire de topographie
très particulière, volontiers asymétrique : inexpressivité
faciale, déficit de la ceinture scapulaire avec
décollement des omoplates, atrophie des muscles des
bras alors que les muscles des avant-bras sont respectés.
Diverses formes cliniques ont été identifiées en fonction
de la topographie du déficit.
L’atteinte péronière peut
être responsable d’un steppage.
• Dystrophies musculaires des ceintures : de transmission
autosomique récessive, elles constituent un groupe
hétérogène, correspondant à des anomalies génétiques
diverses.
La forme la plus fréquente survient chez
l’adolescent ou l’adulte jeune.
Elles furent initialement
individualisées dans des pays à fort taux de consanguinité.
Ce groupe comporte aussi des myopathies plus
graves atteignant l’enfant, initialement observées en
Tunisie, dénommées SCARMD (severe childhood autosomic
recessive muscular dystrophy).
Elles sont liées à
une anomalie d’une des unités des sarcoglycanes :
a, b, d, g, mais aussi à d’autres protéines identifiées très
récemment (calpaïne 3, dysferline).
• Myopathies oculo-pharyngées : d’hérédité autosomique
dominante, elles surviennent toujours après
50 ans, le plus souvent entre 60 et 80 ans.
Elles associent
un ptosis bilatéral, parfois asymétrique et une dysphagie.
Le ptosis peut conduire à une occlusion palpébrale
complète.
Elles peuvent être confondues avec une myasthénie,
mais le déficit permanent, l’absence de réponse
aux anticholinestérasiques et la biopsie musculaire permettent
de rectifier le diagnostic.
L’anomalie génique se
situe sur le chromosome 14.
• Myopathies distales : elles affectent initialement les
muscles de la jambe.
L’âge de début est variable.
Certaines sont proches des myopathies à inclusion, du
fait de la constatation de vacuoles bordées.
Le mode de transmission est autosomique, dominant ou récessif.
La forme de Miyoshi s’observe chez l’adulte jeune
et s’accompagne d’une augmentation importante des
créatines phosphokinases.
• Maladie de Steinert ou dystrophie myotonique :
Cette affection de transmission autosomique dominante
a une expressivité variable.
Un phénomène d’anticipation
rend compte de la gravité croissante de la symptomatologie
dans les générations successives.
L’anomalie
génétique est une amplification anormale d’une séquence trinucléotidique sur le bras long du chromosome 19,
produisant la myotonine protéine kinase.
La symptomatologie
est dominée par une amyotrophie prédominant à
l’extrémité céphalique responsable d’un faciès très
particulier : ptosis, visage inexpressif et allongé du fait
de l’atrophie des muscles masticateurs.
La voix est
nasonnée.
Il existe souvent une calvitie.
La myotonie se
manifeste par une lenteur à la décontraction après un
mouvement volontaire ou après percussion d’un muscle,
par exemple l’ouverture de la main après une poignée de
main est lente.
La myotonie a une traduction électromyographique
spécifique : les averses myotoniques.
L’atteinte systémique associe une cataracte bilatérale,
des troubles du rythme et de la conduction cardiaque, et
des anomalies hormonales.
B - Myopathies congénitales :
Longtemps confondues avec les amyotrophies spinales
type Werdnig-Hoffmann, il est important de les distinguer,
car le pronostic de certaines formes est bien
meilleur.
Elles comportent le plus souvent une hypotonie,
un déficit modéré et un syndrome dysmorphique :
thorax en entonnoir, faciès allongé, palais ogival.
Certaines sont caractérisées par des anomalies morphologiques
intracellulaires, qui les définissent et leur
ont donné leur nom : myopathie à « centralcore », à
bâtonnets, à « multicores »…
C - Myopathies métaboliques :
• Glycogénoses musculaires : ces maladies de surcharge
sont secondaires à un déficit congénital d’une des
enzymes du métabolisme du glycogène.
Elles sont habituellement
de transmission autosomique récessive.
Une
atteinte multiviscérale est fréquente, affectant le myocarde,
le foie (hépatomégalie, cirrhose), parfois le système
nerveux central.
La maladie de Mac Ardle se traduit par
une intolérance musculaire à l’effort et parfois une myoglobinurie
d’effort.
La biopsie médullaire apporte le
diagnostic en montrant une accumulation de vacuoles
riches en glycogène, marquées par la coloration PAS (periodic
acid schiff).
L’analyse biochimique du muscle permet
d’identifier le déficit enzymatique qui les caractérise.
• Myopathies mitochondriales. Les mitochondries
fournissent l’énergie aux cellules en fabriquant de l’adénosine
triphosphate (ATP) par le cycle de Krebs.
Elles
sont donc très abondantes dans les tissus consommant
beaucoup d’énergie, comme les muscles.
La synthèse
protéique mitochondriale dépend à la fois de l’ADN nucléaire, mais aussi de l’ADN mitochondrial intracytoplasmique
(transmis uniquement par la mère).
Les maladies
mitochondriales se divisent donc en 2 groupes :
celles liées à une altération de l’acide désoxyribonucléique
(DNA) nucléaire et celles liées à une délétion ou
une mutation de l’acide désoxyribonucléique mitochondrial.
Les déficits en complexes I, II, III, IV ou V de la
chaîne respiratoire, d’origine nucléaire, sont responsables
d’une encéphalomyopathie de gravité variable, en
fonction de l’intensité du déficit enzymatique.
Le déficit
en carnitine ou carnitine-palmityl-transférase produit
une insuffisance de transport des acides gras à longue
chaîne vers les mitochondries.
Le déficit en carnitine est
important à reconnaître car l’apport de L-carnitine permet
de corriger l’atteinte musculaire.
Les altérations de
l’ADN mitochondrial sont responsables de syndromes
cliniques plus spécifiques, décrits depuis une vingtaine
d’années.
L’expression clinique est très diverse, en fonction
du complexe (de la chaîne respiratoire)
déficitaire.
Les myopathies oculaires, responsables
d’une ophtalmoplégie progressive avec ptosis sont souvent
liées à un déficit de la cytochrome oxydase (complexe
IV ou Cox).
La biopsie médullaire met en évidence
des fibres musculaires anormales : fibres rouges
déchiquetées (ragged red fibers, RRF) par la coloration
du trichrome de Gomori et des fibres Cox-négatives.
Le
syndrome de Kearns et Sayre associe une ophtalmoplégie
progressive, une rétinite pigmentaire, un syndrome
cérébelleux, une surdité et une détérioration intellectuelle
progressive.
La biopsie médullaire montre aussi des RRF.
Le syndrome MERRF (myoclonus epilepsy associated
with ragged red fibers) comporte un tremblement,
une spasticité, une neuropathie périphérique et
une démence. La biopsie médullaire montre des RRF et
des fibres Cox-négatives.
Le syndrome MELAS (mitochondrial myopathy encephalopathy lactic acidosis and
stroke like episodes) est une vasculopathie cérébrale
mitochondriale, débutant dans l’enfance par un retard de
croissance, des crises convulsives, des céphalées vasculaires,
puis vers l’âge de 40 ans apparaissent des accidents
vasculaires ischémiques à répétition.
Le déficit
porte sur le complexe I de la chaîne respiratoire.
Le diagnostic de ces mitochondriopathies repose sur
l’association d’une acidose lactique surtout à l’effort,
d’un taux diminué des complexes de la chaîne respiratoire
dans le muscle et sur la mise en évidence de l’altération
de l’acide désoxyribonucléique mitochondrial ou
nucléaire.
Ces techniques n’ont pas encore une grande
diffusion. Sur le plan clinique, une association symptomatique multiviscérale doit inciter à évoquer le diagnostic
de pathologie mitochondriale devant l’association
d’une encéphalopathie, avec surdité acquise, et atteinte
musculaire ou neurogène périphérique.
• Hyperthermie maligne : la rigidité musculaire induite
par les anesthésiques provoque une contracture généralisée,
une rhabdomyolyse avec hyperthermie pouvant dépasser
41 °C, et souvent mortelle.
Elle est produite par une
anomalie des canaux calciques musculaires.
Plusieurs
événements métaboliques se succèdent : production
d’énergie excessive, d’où acidose, puis rigidité musculaire.
Cette affection est génétique (anomalie du gène codant
pour le récepteur ryanodine, sur le chromosome 19).
Elle s’associe souvent à la myopathie à « centralcore ».
D - Myosites inflammatoires :
• Dermatomyosites : elles sont la conséquence d’un
processus dysimmunitaire responsable d’une vascularite
distale avec dépôts de complexes immuns circulants sur
l’endothélium des capillaires, qui se thrombosent et se
nécrosent, provoquant une ischémie musculaire.
Dans
25 % des cas, elles sont associées à un cancer qu’il faudra
systématiquement rechercher dans le cadre d’un
syndrome paranéoplasique.
Les dermatomyosites sont des affections aiguës dont les
lésions cutanées caractéristiques sont un oedème et un
érythème prédominant sur les zones découvertes : visage,
décolleté.
L’atteinte musculaire, d’intensité variable,
prédomine aux ceintures.
Des myalgies sont fréquentes,
de même que des arthralgies, une altération de l’état
général et un syndrome inflammatoire biologique.
Les
localisations systémiques peuvent être myocardiques
(voire péricardiques), gastro-intestinales, rénales, et pulmonaires.
En l’absence de traitement immunosuppresseur,
l’affection est mortelle dans 70 % des cas.
La corticothérapie
permet d’obtenir souvent une guérison mais
des rechutes sont fréquentes. D’autres traitements
immunosuppresseurs peuvent être nécessaires.
• Polymyosites : elles se distinguent des dermatomyosites
par leur physiopathologie, et par l’association,
beaucoup plus rare, à un cancer, mais fréquente (20 %) à
une autre pathologie auto-immune (lupus, myasthénie,
sclérodermie).
Elles résultent d’une dysimmunité cellulaire
dirigée contre les cellules musculaires, responsables
de phénomènes de nécrose et de régénération, et sont habituellement sensibles à la corticothérapie.
Certaines ont une étiologie spécifique : sarcoïdose (souvent
en association avec une atteinte du système nerveux
central ou périphérique), ou syndrome hyperéosinophilique,
affection hématologique grave.
• Myosites à inclusions : survenant plus souvent après
50 ans, plus fréquente chez l’homme, elle comporte un
déficit et une amyotrophie distale, orientant à tort vers
un processus neurogène, progressant vers les ceintures,
affectant surtout les muscles de la face antérieure des
membres, parfois le sterno-cléido-mastoïdien.
Elles
comportent des lésions morphologiques à type de
vacuoles bordées en microscopie optique et des inclusions
filamenteuses caractéristiques en microscopie électronique.
Les lésions inflammatoires sont inconstantes.
E - Myosites infectieuses
:
Les plus fréquentes sont les myosites parasitaires.
• La trichinose, dont le parasite adulte infeste le tube
digestif, pond des larves qui, par dissémination lymphatique,
produisent un syndrome inflammatoire sévère,
avec myalgies, et atteinte du système nerveux central.
• La cysticercose, première cause d’épilepsie dans le
monde du fait de sa grande fréquence dans les pays
tropicaux (sauf dans les Antilles françaises), est liée à
l’ingestion de larves de tænia solium.
Le diagnostic
repose sur la mise en évidence des larves calcifiées
ayant un aspect en grains de riz, sur les radiographies de
parties molles (mollets, bras).
La migration et l’enkystement
des larves dans le parenchyme cérébral se manifestent
par une encéphalite qui peut guérir spontanément,
mais les larves calcifiées sont responsables d’une épilepsie séquellaire.
• D’autres parasitoses peuvent produire une myosite
plus ou moins symptomatique : toxoplasmose, échinococcose,
trypanosomiase, toxocarose…
• L’infection par le virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) peut engendrer une myosite, parfois
favorisée par les traitements antiviraux.
• Le myxovirus, le virus coxsackie (et bien d’autres
virus) peuvent être à l’origine de myosites, avec prépondérance
des myalgies.
F - Myopathies endocriniennes et toxiques :
L’hyperthyroïdie peut induire une myopathie des ceintures
chronique, et une myopathie oculaire basedowienne
ou exophtalmie maligne.
Une myopathie est classique
au cours de l’hypothyroïdie avec des taux élevés de
créatines phosphokinases.
Une myopathie peut compliquer
une hyperparathyroïdie, une acromégalie, un syndrome
de Cushing ou une maladie d’Addison.
Il est
important de détecter l’endocrinopathie, car ces myopathies
sont curables.
Les myopathies toxiques peuvent
être dues à : une intoxication alcoolique massive (parfois
avec une rhabdomyolyse), la D-pénicillamine,
l’AZT (azidothymidine), l’amphotéricine B, le disulfirame,
les psychotropes, la méthadone, les amphétamines et l’héroïne.
Cette liste n’est pas exhaustive. Les corticoïdes
(fluorés surtout) provoquent des myopathies
chroniques.
Une ascension des créatines phosphokinases
et des douleurs musculaires sous hypolipémiants
constituent une des myopathies médicamenteuses les
plus fréquentes.