Depuis le développement de la chirurgie artérielle restauratrice, la
sympathectomie lombaire a été reléguée au second plan.
La
sympathectomie périartérielle a été décrite par Jaboulay en 1899,
puis étudiée sur le plan expérimental par Leriche en 1913 et fut une
première étape avant la sympathectomie lombaire.
Leriche et Fontaine ont montré que la sympathectomie périartérielle n’agit pas
par interruption des voies motrices sympathiques mais par section
des fibres sensitives ou centripètes, permettant d’obtenir une
vasodilatation artérielle d’amont et d’aval.
Julio Diez pratiqua la
première sympathectomie lombaire pour artérite en 1925, alors que
1 an auparavant Leriche et Wertheimer avaient essayé sans succès la
section des rameaux sympathiques communicants lombaires.
L’effet
vasodilatateur de la sympathectomie a été démontré
expérimentalement, il y a de nombreuses années, par Claude
Bernard lors de la résection du ganglion cervical supérieur.
L’augmentation de température aux membres inférieurs, après
sympathectomie lombaire, a été objectivée par Gonzalès Aquilar en
1931.
L’augmentation de calibre artériel, après sympathectomie
lombaire, a été objectivée par Fontaine après comparaison de clichés artériographiques en 1933.
Si l’effet vasodilatateur de la
sympathectomie a pu être démontré rapidement, le niveau
anatomique de la sympathectomie, pour obtenir une vasodilatation
optimale, a longtemps été controversé par de nombreux auteurs ;
certains auteurs préconisent des résections sympathiques thoracolombaires, d’autres des résections sympathiques
lombosacrées.
Albert et Dumont constatent, en 1936, que la section
de la chaîne sympathique juste sous le premier ganglion lombaire
permet d’obtenir une vasodilatation artérielle maximale des
membres inférieurs ; les sections sous-jacentes et sus-jacentes
ajoutent peu à cette vasodilatation.
Les travaux de White et Smithwick, en 1947, confirment ces données et démontrent que
l’efficacité optimale de la sympathectomie lombaire pour artérite est
obtenue lorsque les deuxième et troisième ganglions lombaires sont
réséqués.
Pour les patients présentant une artériopathie oblitérante
symptomatique des membres inférieurs et ne pouvant bénéficier
d’un geste de revascularisation par méthode chirurgicale ou endovasculaire, la sympathectomie lombaire a des indications.
Elle
permet d’augmenter la vasodilatation artérielle par diminution du vasospasme, en supprimant l’effet hypertonique du système
sympathique.
Ces indications restent limitées aux douleurs de
décubitus et à l’ischémie critique avec troubles trophiques
superficiels très limités.
Il existe des tests préopératoires qui
permettent d’évaluer la fonction sympathique et de prédire ou non
une amélioration de la vascularisation cutanée après
sympathectomie.
Tests fonctionnels prédictifs positifs :
– l’index de pression bras/cheville est supérieur à 0,30 et/ou une
pression systolique à l’orteil supérieure à 30 mmHg ;
– le test cutané à la sueur à l’acétylcholine est positif : il permet de
prédire le succès de la procédure en testant en préopératoire
l’intégrité du système autonome sympathique.
C’est un test simple
et efficace ;
– le test de Hillestad est positif si la courbe de pléthysmographie
est multipliée par deux après la levée du garrot jambier ;
– l’anesthésie péridurale qui a permis de réchauffer les
téguments ;
– le test électrophysiologique d’activité cutanée sympathique est
positif.
Techniques
:
A - CHIRURGICALE
:
1- Conventionnelle
:
Les grandes voies d’abord latérales, décrites autrefois, pour l’abord
de la chaîne sympathique lombaire sont maintenant abandonnées.
Seul l’abord rétropéritonéal doit être envisagé, par une courte voie
antéroexterne sus-ombilicale à la hauteur de la 11e côte, elle permet
un abord sous-péritonéal suffisant.
La sympathectomie par voie transpéritonéale ne peut être envisagée qu’en association à une
chirurgie restauratrice aorto-iliaque transpéritonéale.
* Voie rétropéritonéale
:
Le malade sous anesthésie générale ou anesthésie locorégionale est
en décubitus dorsal, un billot sous la fosse lombaire, le genou demifléchi
pour détendre le psoas.
On réalise une incision
horizontale externe qui est étendue sur 5 à 8 cmdu bord externe du
muscle grand droit en direction de l’extrémité de la 11e côte.
Il vaut
mieux prendre comme repère les éléments osseux que l’ombilic, car
ce dernier peut être abaissé chez un malade obèse ou amaigri.
Le feuillet antérieur de la gaine du muscle grand droit est incisé sur
sa moitié externe, respectant le muscle. Les fibres du muscle grand
oblique, dirigées en bas et en dedans sont dissociées et écartées sans
section.
Le deuxième plan est celui du petit oblique ; ses fibres,
dirigées en haut et en dedans, sont dissociées et écartées.
On
accède ainsi à l’aponévrose du muscle transverse qui est incisée
prudemment transversalement.
L’incision aponévrotique se poursuit
transversalement en dehors dans les fibres musculaires et en dedans
vers la gaine postérieure du grand droit.
Le péritoine est
décollé progressivement ; il est fragile en dedans et peut être ouvert
accidentellement ; la brèche sera fermée immédiatement par un
point au Vicrylt 2/0.
En cas de péritoine extrêmement fragile, ce
dernier sera réparé en fin d’intervention au fil serti, en prenant à la
fois le feuillet aponévrotique de la gaine du droit et le péritoine.
Le décollement péritonéal se fait soit au tampon monté, soit au doigt
et progresse vers la fosse iliaque, il est plus aisé de débuter le
décollement de haut en bas.
En profondeur, le repère est constitué
par le muscle psoas ; dès que le doigt le perçoit, il va cheminer à sa
face antérieure, refoulant en dedans le sac péritonéal sans aller en
profondeur vers le muscle carré des lombes.
Le muscle psoas
conduit au plan vertébral.
Le sac péritonéal est maintenu en dedans par deux valves de
Leriche ; il est impératif que l’aide récline le péritoine de manière
efficace afin d’exposer la chaîne sympathique, repérée contre le plan
vertébral, dans l’angle dièdre formé par la vertèbre et le muscle
psoas en refoulant en dedans le sac péritonéal.
La chaîne
sympathique est un cordon dur, qui ne se laisse pas écraser, renflé
par endroits, solidement plaqué contre la vertèbre.
Ces caractères le
différencient des ganglions lymphatiques moins fermes, des nerfs abdominogénitaux, génitocrural et fémorocutanés plus externes.
Les
valves de Leriche doivent être maintenues fermement, mais sans
à-coups pour ne pas léser les structures anatomiques, veineuses en
particulier.
À droite, il est nécessaire de prendre prudemment sous
les valves la veine cave inférieure qui cache la chaîne sympathique.
La chaîne sympathique doit être libérée sur une hauteur de deux
ganglions (L2-L3).
La dissection est facilitée par l’utilisation d’un
crochet de Leriche, qui permet de soulever la chaîne sympathique.
Les deuxième et troisième ganglions sont les plus accessibles
et les mieux individualisés ; plus bas, le quatrième ganglion est
derrière les vaisseaux iliaques ; plus haut, le premier ganglion est
caché par les piliers du diaphragme.
Il faut enlever le deuxième et le
troisième ganglion, ainsi que les rameaux communicants.
La chaîne
sympathique est sectionnée au ciseau, ou éventuellement entre deux
clips ; le fragment prélevé est envoyé au laboratoire pour examen
anatomopathologique.
Les dangers ne sont représentés que par les vaisseaux lombaires qui
croisent, en arrière le plus souvent, mais parfois en avant, la chaîne
sympathique ; en cas de plaie veineuse, l’hémostase est réalisée au
mieux à l’aide d’un fil Prolènet 5/0 serti.
Si l’uretère a été laissé au
contact du péritoine sous les valves, il n’y a pas réellement de risque
de traumatisme.
Les lésions d’arthrose vertébrale peuvent
compliquer l’intervention en modifiant les repères anatomiques.
Le
contrôle de l’hémostase doit être soigneux dans la fosse lombaire,
sous les valves de Leriche qui sont relâchées progressivement.
Ce
contrôle dispense d’un drainage.
La paroi est fermée plan par plan
par rapprochement des fibres musculaires par points séparés au fil
résorbable.
Les suites opératoires sont en général très simples ; les
boissons peuvent êtres reprises dès le lendemain, l’alimentation
solide au deuxième jour.
La sympathectomie lombaire bilatérale en un temps est tout à fait
possible puisque le patient est installé en décubitus dorsal, elle est
réalisée par deux incisions rétropéritonéales droite et gauche.
2- Sympathectomie lombaire sous vidéoscopie par voie
rétropéritonéale (rétropéritonéoscopie ou lomboscopie)
:
L’intervention sous vidéoscopie conserve les mêmes exigences
techniques que l’intervention classique : exérèse de la chaîne
sympathique lombaire emportant au moins deux ganglions, par voie
rétropéritonéale exclusive.
Cette technique a pour but de diminuer
les douleurs postopératoires, la durée d’hospitalisation et de
permettre la reprise précoce du transit.
* Instrumentation
:
L’instrumentation varie selon les équipes.
Nous utilisons une
instrumentation standard utilisée couramment en thoracoscopie ou
en coelioscopie.
Elle comprend une optique de 0°-10 mm et une
optique de 30°-10 mm, un trocart de 10 mm pour le système optique,
deux trocarts de 5 mm, deux pinces à préhension de 5 mm, un ciseau
coagulateur, un crochet droit coagulateur, un aspirateur-laveur, un
tampon monté.
Il est nécessaire d’utiliser une caméra endoscopique de bonne qualité
afin de faciliter le geste opératoire, une source de lumière froide et
un insufflateur électronique.
* Installation
:
Elle varie selon les auteurs et selon les techniques d’approche.
+ Décubitus latéral
:
C’est l’installation utilisée le plus fréquemment.
Sous anesthésie
générale, le patient est installé en décubitus latéral, avec mise en
place d’un billot au niveau du flanc.
L’opérateur principal est du
côté de l’ombilic, l’aide opératoire est en face, du côté du rachis,
l’instrumentiste est du même côté que l’opérateur.
Le moniteur est
positionné en face de l’opérateur. Une table à pont est installée audessus
des cuisses du patient.
+ Décubitus dorsal
:
Le patient est installé en décubitus dorsal avec un billot au niveau
de la charnière dorsolombaire et une rotation du tronc de 30° du côté opposé au côté opéré.
L’opérateur principal est installé du côté
opposé au côté opéré, l’aide opératoire est en face, l’instrumentiste
est du même côté que l’opérateur.
* Dissection
:
On réalise une incision (de 30 mm) située sur la ligne entre l’aile
iliaque et le bord inférieur de la 12e côte dans le flanc (le billot
permet d’ouvrir cet angle).
On incise l’aponévrose du grand oblique
sur 30 mm, on dissocie les trois plans musculaires, puis
on amorce au doigt le décollement rétropéritonéal.
On positionne
un trocart à ballonnet de 10 mm (trocart avec ballon d’étanchéité)
qui permet d’introduire l’optique.
Certaines équipes s’aident d’un
ballon dissecteur pour créer l’espace de décollement rétropéritonéal.
On insuffle progressivement afin d’obtenir le rétropneumopéritoine et l’on complète le décollement à l’aide de
l’optique, puis on positionne sous contrôle de la vue les deux autres
trocarts opérateurs de 5 mm.
Les deux trocarts opérateurs sont
placés en triangulation à 3-4 cm en dehors du bord externe des
muscles grands droits.
Les trocarts opérateurs ne doivent pas être
positionnés trop en dedans, car le péritoine reste accolé au bord
externe des droits, il existe donc un risque de brèche péritonéale et
donc de pneumopéritoine.
Une des difficultés, lors de la période d’apprentissage, est que la
vue opératoire est inversée par rapport à la chirurgie
conventionnelle, puisque l’opérateur est placé du côté de l’ombilic ;
le psoas apparaît à l’écran, en haut, le sac péritonéal en bas.
La dissection s’effectue de proche en proche au tampon monté et à
la pince fenêtrée dans la direction de l’angle dièdre formé par le rachis et le muscle psoas en refoulant en dedans le sac péritonéal.
Le rétropneumopéritoine et la position du malade en décubitus
latéral contribuent au refoulement des anses intestinales.
L’uretère
est laissé au contact du péritoine.
La chaîne sympathique est repérée
au contact du rachis, le muscle psoas doit être récliné car il
surplombe le nerf sympathique.
La dissection doit être
minutieuse afin d’éviter l’une des principales difficultés techniques
de cette intervention sous laparoscopie qui est le saignement des
vaisseaux lombaires qui peuvent croiser par en avant la chaîne
sympathique.
En cas de psoas proéminent, il est préférable d’utiliser
une optique à 30°, ce qui permet de mieux visualiser la chaîne
sympathique.
À l’aide du crochet, on soulève le nerf sympathique, ce qui facilite
sa dissection vers le haut et vers le bas.
Après avoir libéré le
nerf sympathique sur une hauteur suffisante (2e et 3e ganglions
lombaires), on coagule et on sectionne l’extrémité supérieure du
sympathique (certains opérateurs préfèrent utiliser des endoclips).
Le bord libre de la chaîne sympathique, tenu par une pince, est
récliné vers le bas, ce qui permet de sectionner au crochet
coagulateur les rameaux collatéraux sur une distance de trois
métamères.
L’extrémité inférieure de la chaîne sympathique
est sectionnée et retirée par le canal opérateur de 5 mm pour examen
anatomopathologique.
On vérifie soigneusement l’hémostase avant de réaliser l’exsufflation
du rétropneumopéritoine.
Les muscles, au niveau de l’orifice du
trocart de 10 mm, sont refermés par deux points séparés au fil
résorbable.
Le drainage n’est pas nécessaire.
La fermeture cutanée
des orifices de trocarts de 5 mm est assurée par des Stéri-Stript.
* Variantes techniques
:
+ Technique de Dulucq
:
Le patient est installé en décubitus dorsal. On ponctionne en suspubien
à l’aiguille de Palmer l’espace de Retzius afin d’insuffler 1,5 L
de CO2 pour créer un rétropneumopéritoine.
Puis on introduit un
trocart de 5 mm en sous-ombilical pour insérer une optique de 0°-
5 mm.
On réalise la dissection rétropéritonéale avec l’optique d’un
espace suffisant au niveau du flanc pour permettre l’introduction de
deux trocarts de 5 mm en triangulation (pince fenêtrée et crochet
coagulateur).
La dissection et la résection de la chaîne sympathique
sont poursuivies comme précédemment décrit.
Parfois l’introduction
d’un quatrième trocart de 5 mm est nécessaire pour réaliser au
mieux l’exposition de la chaîne sympathique.
Cette technique est
dérivée de la technique des cures de hernie inguinale par voie rétropéritonéale ; elle nécessite une grande expérience de la chirurgie
laparoscopique.
Dans la littérature, une équipe préconise la sympathectomie par
coelioscopie transpéritonéale, ce qui nécessite un décollement
colique.
Nous ne recommandons pas cette voie d’abord.
B - SYMPATHECTOMIE CHIMIQUE
:
Les techniques parachirurgicales de phénolisation ou d’alcoolisation
sympathique, sous contrôle tomodensitométrique, sont réalisées en
première intention par certaines équipes.
La neurolyse
sympathique chimique est faite sous ponction guidée par
tomodensitométrie.
La ponction à l’aveugle ou sous échographie ne
doit plus être réalisée.
La plupart des scanners permettent de
pratiquer ce geste, à condition de pouvoir opérer sous asepsie stricte.
Sous anesthésie locale, on ponctionne le troisième ganglion lombaire
à l’aide d’une aiguille fine.
L’injection d’un mélange de Xylocaïnet
et de produit de contraste permet de tester l’efficacité du blocage
sympathique avant d’effectuer l’injection définitive par un mélange
de 96 % d’éthanol et de Xylocaïnet.
Cette première injection test
permet de réduire le risque de blocage inefficace et de diminuer le taux de complications.
Certaines équipes proposent de réaliser la neurolyse sympathique à l’aide d’une sonde de radiofréquence selon
la même technique de ponction guidée.
Résultats
:
Chez les patients présentant des tests préopératoires fonctionnels
prédictifs positifs, la sympathectomie permet d’obtenir de bons
résultats avec amélioration clinique significative et cicatrisation des
troubles trophiques.
Les résultats sont comparables chez les
patients diabétiques et non diabétiques.
Le choix de la technique
dépend essentiellement des équipes médicochirurgicales.
Il n’existe
pas d’étude randomisée démontrant la supériorité d’une technique
par rapport à l’autre.
Certaines équipes préconisent la
sympathectomie sous vidéoscopie, d’autres équipes ne trouvent
pas d’avantage à cette technique par rapport à la chirurgie
conventionnelle ; la courbe d’apprentissage de cette nouvelle
technique peut expliquer que les résultats ne soient pas, pour
l’instant, significativement différents.
L’intérêt de la neurolyse
chimique versus chirurgie n’a jamais été démontré, bien que
certaines équipes préfèrent cette technique moins invasive.
Pour beaucoup d’auteurs, le succès de la sympathectomie chimique
est de moindre efficacité que la sympathectomie chirurgicale ; la
sympathectomie chimique doit être réalisée uniquement par des
équipes entraînées, afin d’obtenir une neurolyse complète et efficace
de la chaîne sympathique lombaire.
Cette méthode radiochirurgicale n’est pas dénuée de complications, elle doit être
réservée aux patients à risques anesthésiques importants.
Complications
:
A - COMPLICATIONS PEROPÉRATOIRES
:
*
Plaie des veines lombaires
:
C’est la complication la plus fréquente ; l’hémostase en est parfois
délicate car ces veines se rétractent rapidement en arrière vers le
rachis.
On préférera ligaturer au fil ou aux clips ces veines que les électrocoaguler.
Le saignement peut être minimisé en vidéoscopie,
lorsque l’on travaille en pression d’insufflation élevée.
* Traumatisme ou plaie urétérale
:
Les adhérences de l’uretère au péritoine pariétal postérieur ne
doivent pas être libérées, afin que l’uretère soit récliné en même
temps que le sac péritonéal et soit protégé sous les valves de Leriche.
* Conversion chirurgicale sous coelioscopie
:
Elle varie de 0 à 25% des cas dans la littérature.
La conversion
est principalement due à un saignement non contrôlable des
vaisseaux lombaires, à l’existence d’un pneumopéritoine fermant la
cavité opératoire, à un muscle psoas hypertrophique empêchant une
bonne visualisation de la chaîne sympathique.
L’obésité est aussi un
facteur de conversion lors de la phase d’apprentissage.
* Pneumopéritoine
:
L’apparition d’un pneumopéritoine après abord rétropéritonéal sous
vidéoscopie (par brèche péritonéale ou par diffusion) va venir
fermer la zone de décollement rétropéritonéal et donc la cavité
opératoire.
Il n’y a pas d’intérêt à refermer les brèches péritonéales
(difficile et souvent inefficace), il faut préférer le positionnement
d’une aiguille de Palmer dans l’hypocondre afin d’exsuffler le
pneumopéritoine.
B - COMPLICATIONS PRÉCOCES
:
*
Hématome rétropéritonéal :
C’est la complication la plus fréquente, due généralement à un
décollement excessif de l’espace rétropéritonéal et à un défaut
d’hémostase.
Ces hématomes sont à l’origine d’une majoration des
douleurs postopératoires et du temps de séjour hospitalier.
* Abcès rétropéritonéal
:
Il complique généralement un hématome rétropéritonéal.
Cette
complication est décrite après abord chirurgical, mais aussi après
sympathectomie chimique.
* Syndrome douloureux postsympathectomie
:
Ce syndrome débute toujours après une phase de latence de 2 jours
à plusieurs semaines.
Son début est brutal, les douleurs sont à type
de brûlure ou de déchirement, sa topographie métamérique se
projette sur les dermatomes sensitifs L1-L2, sa durée est très
variable, de quelques jours à plusieurs semaines. Les troubles
disparaissent toujours sans laisser de séquelle après un traitement
antalgique.
Sa fréquence varierait de 2 à 65% des cas dans une
enquête effectuée en 1986 auprès d’un groupe de chirurgiens
vasculaires français.
* Gangrènes paradoxales
:
Elles seraient provoquées par l’ouverture des shunts artérioveineux
précapillaires, aux dépens du réseau capillaire.
Le fait que ces
aggravations ischémiques soient plus importantes chez les malades
qui ont un index de cheville systolique inférieur à 0,30 irait dans ce
sens.
Certains pensent que l’ischémie serait plutôt due à l’acte
opératoire et non à la sympathectomie, soit par bas débit cardiaque peropératoire à l’origine de la thrombose distale, soit par embolies
peropératoires par traumatisme de l’aorte ou des vaisseaux iliaques,
soit encore par section d’une artère lombaire volumineuse vicariante.
* Troubles sexuels postsympathectomie
:
D’après les travaux de Smithwick en 1951, 54 % des patients
bénéficiant d’une sympathectomie bilatérale emportant le premier
ganglion lombaire présenteraient une dyséjaculation.
En pratique,
les variations anatomiques de la chaîne sympathique ne permettent
pas de prévoir strictement la survenue ou non de troubles sexuels ;
aussi vaut-il mieux toujours prévenir les sujets jeunes de la
possibilité de cette complication lors de sympathectomie bilatérale.
* Sténose urétérale
:
Une sténose urétérale extrinsèque après neurolyse chimique a été
décrite par plusieurs auteurs après sympathectomie chimique.
Ernst préconise une échographie rénale à 3 mois chez tous les
patients ayant bénéficié d’une neurolyse chimique afin de détecter
cette complication.
* Paraplégie
:
Un cas de paraplégie transitoire lors d’une sympathectomie
chimique a été décrit.
Indications actuelles
:
L’indication actuelle de la sympathectomie lombaire, pour le
traitement de l’artériopathie chronique oblitérante des membres
inférieurs, est limitée aux patients ne pouvant pas bénéficier d’un
geste de revascularisation directe, par méthode chirurgicale
conventionnelle ou endovasculaire.
Les indications sont limitées
strictement aux douleurs de décubitus ou aux troubles trophiques
limités ; les tests fonctionnels prédictifs permettent de sélectionner
les patients qui vont répondre à ce traitement.
D’autres indications plus rares sont à connaître :
– l’hyperhidrose invalidante ;
– les gelures ;
– la maladie de Raynaud sévère ;
– la maladie de Buerger ;
– algodystrophie.
Les rapports du TASC 2000 (TransAtlantic Inter-Society Concensus),
pour les maladies artérielles périphériques, ne recommandent pas la
sympathectomie lombaire pour le traitement des ischémies critiques.
Il n’existe pas, à ce jour, de tests scientifiques suffisamment fiables
pour sélectionner les patients, en ischémies critiques, qui pourraient
bénéficier d’une sympathectomie lombaire.
Pour le TASC, les indications restent limitées aux patients ne
pouvant pas être revascularisés et présentant une artériopathie avec
des douleurs de décubitus ou une artériopathie avec des troubles
trophiques superficiels limités aux orteils et montrant les critères
suivants :
– un index de pression bras/cheville supérieur à 0,30 ;
– une absence de neuropathie périphérique ;
– une amélioration clinique après une rachianesthésie ;
– un risque chirurgical acceptable pour une voie rétropéritonéale.
Conclusion
:
La sympathectomie lombaire est une intervention simple dont la morbidité-mortalité ne doit pas dépasser 1 %.
Le succès clinique
postopératoire dépend essentiellement de la bonne sélection des
indications, en s’aidant des tests fonctionnels prédictifs.
La
sympathectomie lombaire vidéoassistée est une technique simple,
rapide, dont la faisabilité a été démontrée.
L’apprentissage de cette
technique coelioscopique n’est pas très difficile et permet au chirurgien
vasculaire de se familiariser avec les techniques de vidéoscopie.