Résistance de l'hôte aux infections Cours de Bactériologie
La fréquence d’exposition à des bactéries
virulentes et opportunistes contrastent avec
la rareté des infections au cours de la vie,
sauf en cas de maladies affaiblissant les
défenses immunitaires.
Il existe plusieurs
lignes de défense qui vont s’opposer à
l’implantation de nouveaux micro-organismes
chez un hôte donné.
Ce sont les barrières
non spécifiques, l’immunité innée, et
l’immunité acquise.
Barrières non spécifiques aux bactéries
pathogènes
:
Il existe beaucoup d'obstacles à
l'implantation des bactéries pathogènes sur
le revêtement cutanéo-muqueux et à leur
croissance tissulaire.
Ces barrières non
spécifiques jouent rôle important prévenant
de nombreuses infections par des bactéries
virulentes .
1) Les flores commensales
: font tout
d’abord faire obstacle à l’implantation d’une
nouvelle bactérie en créant des écosystèmes
hostiles à l'implantation de nouvelles
bactéries (compétition pour les nutriments,
les sites d'attachement, la captation du fer, le
potentiel d’oxydo-réduction, le pH, la
production des substances antimicrobiennes
type bactériocines et acides organiques...).
Lorsque cette flore est éliminée par exemple
par une antibiothérapie, on voit apparaître de
nombreuses bactéries souvent multirésistantes provenant de
l’environnement et de l’alimentation qui vont
s’implanter au contact des muqueuses
digestives par exemple.
Cette flore varie
considérablement d’un sujet à l’autre en
fonction de l’âge, de l’alimentation, de
l’environnement (climat...), de facteurs
métaboliques (diabète) ou physiologiques
(hormones).
On exemple les variations de la
flore vaginale ou cutané menstruations, de la
puberté, ou de la grossesse...
De même les
dénutris ou à l’alimentation déséquilibrée ont
une flore microbienne profondément altérée.
2) Les substances microbicides
: produites
par le revêtement cutanéo-muqueux.
Ainsi,
l’acidité gastrique est une barrière majeure
s’opposant aux contaminations provenant de
l’alimentation et de l’eau.
La peau est une
remarquable barrière par sa flore et les
substances inhibitrices sécrétées par les
glandes sudoripares et sébacées : la sueur
est bactéricide par sa salinité et les acides
gras estérifiés.
Très peu de bactéries sont
capables de franchir la peau saine
(leptospires, brucelles), mais les
traumatismes, excoriations, brûlures, piqûres
d’insectes permettent le franchissement
direct de cette barrière anatomique.
Les
muqueuses produisent une épaisse couche
de mucus (atteignant l’épaisseur de 400 μm
sur certains segments de la muqueuse
digestive), des sels biliaires, des enzymes
protéolytiques digestifs, des moléculesleurres
(fibronectine...) saturant les adhésines bactériennes, du surfactant ...
3) Les facteurs mécaniques
: jouent aussi
un rôle important : les cils des cellules
épithéliales respiratoires éliminent les
particules déposées sur cet épithélium ; le
péristaltisme intestinal contribue à la vidange
des bactéries indésirables ; la vidange
vésicale par les mictions ; la desquamation
des épithélium intestinaux ou cutanés ...
4) La fièvre
: est un mécanisme de défense
important contre la multiplication des
bactéries dans les tissus infectés.
Elle est
due à la libération de substances pyrogènes
par les granulocytes.
Ce sont de petites
protéines (<15kDa) qui agissent
indirectement sur le centre hypothalamique
de la thermorégulation.
La fièvre peut aussi
être déclenchée par la sécrétion de
prostaglandines (en particulier PGE1),
métabolites de l’acide arachidonique qui
agissent directement sur l’hypothalamus.
Ces prostaglandines sont produites par les
lésions cellulaires étendues (brûlures,
blessures, réactions immunopathologiques,
action cytolytique des toxines bactériennes).
La fièvre inhibe la croissance tissulaire des
bactéries.
De plus, la fièvre a de multiples
effets sur l’hôte : diminution de la
disponibilité en certains oligo-éléments (fer,
zinc), augmentation de la mobilité des
granulocytes et de leur capacité bactéricide,
accélération des processus de prolifération
lymphocytaire, augmentation de la
production d’interféron.
5) La carence en fer
: dans les sécrétions et
les tissus est un obstacle majeur à la
prolifération bactérienne.
Le fer est un
composant essentiel des systèmes
catalytiques de nombreuses protéines,
incluant la chaîne des cytochromes
indispensable à la respiration des bactéries.
Dans l’organisme, en présence d’oxygène,
les ions Fe2+ génèrent des radicaux
hydroxyles très toxiques pour les cellules, et
le fer Fe3+ précipite sous forme Fe (OH)3
insoluble.
C’est pourquoi le fer ionique est en
très faible concentration dans les tissus (10-
18 M), alors que des taux de 10-5 M sont
requis pour la croissance bactérienne.
Ainsi,
les ions Fe3+ ne sont pas libres mais
véhiculés dans le milieu extracellulaire par
des protéines très affines, la transferrine
dans le sérum et la lactoferrine dans les
sécrétions.
Dans le cytoplasme des cellules,
le fer est stocké par une protéine
polymérisée, la ferritine.
Pour se procurer
les ions Fe3+ indispensables à leur
croissance, les bactéries virulentes
produisent des sidérophores, petites
molécules non protéiques (500-1000 Da),
très affines pour les ions Fe3+ et entrant en
compétition avec la transferrine et la
lactoferrine.
Ces molécules sécrétées par les
bactéries rapportent les ions Fe3+ aux
bactéries.
Le rôle de ces sidérophores dans
la virulence bactérienne a été clairement
établi avec certaines espèces bactériennes à
croissance extracellulaire (E. coli, Klebsiella
pneumoniae) ou intra-cellulaire (certaines
salmonelles).