Règles de prévention en pathologie vasculaire périphérique

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Introduction :

La prévention primaire des maladies artérielles, veineuses et lymphatiques périphériques comprend l’ensemble des mesures visant à diminuer l’incidence des maladies vasculaires périphériques et s’oppose à la prévention secondaire, destinée à éviter les complications chez un patient ayant déjà présenté les manifestations cliniques de la maladie.

L’incidence de ces maladies dépend d’indicateurs de risque non modifiables par le mode de vie ou un traitement, et de facteurs de risque modifiables par des mesures de prévention.

Règles de prévention en pathologie vasculaire périphérique

Les principales mesures préventives doivent être connues du médecin généraliste comme du spécialiste des maladies vasculaires.

Elles intéressent aussi les économistes en raison du coût de toute mesure préventive et de la nécessité de comparer le prix de revient de la prévention à celui de la maladie déclarée.

C’est dire l’intérêt de règles simples d’hygiène de vie, destinées à supprimer ou à réduire l’exposition aux facteurs de risque des maladies vasculaires, sans surcoût pour la société et sans risque de voir apparaître une pathologie iatrogène.

Les facteurs de risque ne sont pas les mêmes pour les maladies artérielles, veineuses et lymphatiques, aussi nous abordons séparément chacun de ces domaines de la prévention primaire.

Règles de prévention dans l’artériopathie athéromateuse des membres inférieurs :

A – JUSTIFICATION DE LA PRÉVENTION PRIMAIRE :

La prévention primaire de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) a un rôle majeur, d’une part en raison de la prévalence de cette pathologie, d’autre part en raison de ce qu’elle représente dans le cadre général des maladies dues à l’athérosclérose, l’une des causes majeures de mortalité dans les pays développés.

La prévalence et l’incidence de l’AOMI sont en effet à prendre en considération puisque la maladie se retrouve chez 2 à 3% des hommes et chez 1 à 2% des femmes âgées de plus de 60 ans, avec une prévalence augmentant avec l’âge pour atteindre 5 % de la population au-delà de 70 ans.

En fait, cette prévalence est trois à quatre fois plus grande lorsque des explorations fonctionnelles non invasives, telles que la mesure de l’index de pression cheville/bras, sont réalisées au niveau des membres inférieurs chez des sujets asymptomatiques ou symptomatiques.

Ainsi, 19,1 % de sujets âgés de plus de 55 ans ont un indice de pression systolique inférieur à 0,9 dans l’étude de Rotterdam.

Si l’histoire naturelle de l’AOMI est caractérisée par une évolutivité locale bénigne, l’atteinte des artères des membres inférieurs n’est que la face visible de l’iceberg et la gravité de l’AOMI tient à la diffusion de l’athérosclérose aux autres artères : ainsi, la morbidité de l’artéritique est deux fois et demie supérieure à celle du sujet non artéritique en ce qui concerne les maladies coronaires et cérébrovasculaires.

Par ailleurs, la mesure de l’indice des pressions systoliques (IPS) cheville-bras a confirmé son utilité pour prédire le risque de maladie coronaire, de mort d’origine cardiovasculaire ou d’autre cause.

Ces notions de fréquence de l’AOMI et de valeur prédictive vis-àvis des maladies vasculaires coronaires et cérébrales soulignent l’importance d’une prévention efficace qui pourrait se baser sur l’identification et la prise en charge des facteurs de risque.

B – FACTEURS DE RISQUE DE L’ARTÉRIOPATHIE DES MEMBRES INFÉRIEURS DÉFINITION D’UNE POPULATION À HAUT RISQUE :

L’AOMI partage les mêmes facteurs de risque que l’insuffisance coronaire ou l’accident vasculaire cérébral avec cependant quelques particularités liées à la localisation périphérique de cette maladie et bien soulignées par les études épidémiologiques récentes.

Dans le cadre de l’AOMI, les facteurs de risque prédominants sont représentés par le tabac et le diabète.

Le tabagisme occupe la première place parmi les facteurs de risque, quel que soit l’âge et le sexe, comme l’a montré l’étude de Framingham.

Plus de 90 % des patients artéritiques fument.

Sa fréquence chez les artériopathes est supérieure à celle des patients coronariens, comme l’a objectivé l’étude d’Edimbourg.

Le risque relatif d’AOMI chez les fumeurs est deux à trois fois supérieur à celui des non-fumeurs ; il augmente avec la durée de l’intoxication tabagique. Le diabète vient en seconde position avec une incidence de l’AOMI plus de trois fois supérieure chez les diabétiques à celle des nondiabétiques, toujours dans l’étude de Framingham.

La notion d’antécédent personnel de maladie cardiaque et d’antécédents familiaux cardiovasculaires chez le fumeur et/ou chez le diabétique permet de définir des sujets à haut risque d’artériopathie des membres inférieurs.

Les autres facteurs de risque sont représentés par l’hypertension artérielle, les troubles lipidiques avec diminution du high density lipoprotein (HDL)-cholestérol, l’augmentation des triglycérides, de l’apolipoprotéine B, de la lipoprotéine (a), l’hyperhomocystéinémie, l’augmentation du fibrinogène et de la viscosité sanguine.

L’obésité et la sédentarité se sont vues hissées au rang des facteurs de risque majeurs de maladie cardiovasculaire.

Chez l’artéritique, le poids est corrélé au périmètre de marche.

Le risque d’artériopathie périphérique est inversement corrélé à l’activité physique dans les années précédentes, en particulier chez les hommes fumeurs.

Il est tentant d’établir une stratification du risque artériel vasculaire périphérique à l’exemple de ce qui est fait dans le cadre de la prévention primaire des maladies coronaires en identifiant des sujets à faible risque, à risque intermédiaire et à risque élevé, en se référant au nombre des facteurs de risque, majeurs et autres, associés.

C – À QUEL ÂGE COMMENCER UNE CAMPAGNE DE PRÉVENTION PRIMAIRE ?

Des études autopsiques récentes réalisées chez des enfants ont montré que les premières lésions d’athérosclérose apparaissent précocement et que la formation des stries lipidiques commence dans l’aorte du foetus avec une corrélation nette entre leur nombre et l’hypercholestérolémie maternelle.

De plus, l’extension des lésions d’athérosclérose coronaire et aortique est nettement corrélée à l’existence et au nombre de facteurs de risque.

Si le pourcentage de sujets présentant au moins un facteur de risque a pu être estimé à 90 % dans la population adulte, une enquête épidémiologique a révélé qu’il atteint 33,7 % chez des enfants âgés de 15 à 22 ans.

Cette même notion se retrouve dans une étude récemment réalisée chez 728 enfants en Grande-Bretagne.

Ainsi, il est raisonnable d’énoncer que la prévention primaire des maladies athéroscléreuses doit commencer dès l’enfance.

D – PRÉVENTION PRIMAIRE EN FONCTION DU RISQUE :

Chez les sujets à faible risque, la prévention primaire se base sur des règles d’hygiène de vie, et de non-exposition aux facteurs de risque.

Chez ceux présentant un ou plusieurs facteurs de risque, nous reprenons les données récentes du Transatlantic Intersociety Consensus (TASC) sur la prise en charge de l’AOMI.

1- Tabagisme :

La lutte contre le tabagisme doit être engagée sur deux fronts : inciter les jeunes à ne jamais fumer et inciter les fumeurs à cesser.

La première cigarette est fumée à l’adolescence pour la très grande majorité des fumeurs, en moyenne à l’âge de 14 ans.

Un tiers des jeunes de 12 à 18 ans fument avec une progression spectaculaire entre ces deux âges.

Les données les plus récentes montrent qu’il n’y a actuellement aucune tendance à la diminution du tabagisme chez les jeunes, dans tous les pays du monde.

C’est dire que la prévention doit être précoce et se faire à l’école avec la mise en place de mesures éducatives s’appuyant sur la dynamique de groupe avec des classes sans tabac, sur l’image de modèles, parents, amis, éducateurs, non fumeurs.

La réglementation du tabagisme doit aussi être rigoureusement appliquée sur les lieux de travail et dans les lieux publics.

Quant au sevrage tabagique, il doit prendre en compte la double composante physique et psychique de la dépendance au tabac.

Le rôle du médecin est capital dans la prévention : tout d’abord, il doit donner l’exemple ; or, il apparaît que le pourcentage de médecins fumeurs est encore proche de celui de la population générale.

Ensuite, il doit se former en tabacologie.

Il existe depuis peu un diplôme d’université. Enfin, il doit assurer la prévention à son cabinet en interrogeant le patient sur son statut de fumeur, actif ou passif, nombre de cigarettes fumées par jour et ancienneté de l’intoxication, et savoir proposer les traitements actifs reconnus.

Le conseil minimal d’aide à l’arrêt du tabac consiste à demander systématiquement à chaque patient s’il est fumeur et s’il a déjà envisagé de s’arrêter de fumer.

L’information pour les jeunes sur les risques du tabagisme doit aussi porter sur les méfaits des drogues, de la cocaïne en particulier, qui pour certains auteurs jouerait aussi un rôle dans le développement des lésions athéroscléreuses.

Le fait de fumer des cigarettes légères ne réduit pas le risque de développer une AOMI.

Les effets favorables de la supplémentation en antioxydants chez le fumeur ne sont pas formellement prouvés à ce jour.

2- Diabète :

S’il existe une corrélation directe entre le contrôle de la glycémie et la sévérité ou la progression de l’AOMI, l’étude United Kingdon Prospective Diabetes Study (UKPDS) a révélé que le traitement intensif du diabète ne réduit pas le risque d’artériopathie.

Le contrôle intensif de la glycémie seul ne suffit pas pour prévenir les complications artérielles périphériques, d’où l’importance de contrôler les autres facteurs de risque associés chez ce type de patient.

3- Anomalies lipidiques :

Les études des hypolipémiants dans le cadre de la prévention primaire de l’athérosclérose sont nombreuses mais des études complémentaires sont nécessaires pour affirmer les effets de la diminution des lipides sur la progression de la maladie artérielle périphérique et a fortiori sur l’apparition de l’AOMI.

4- Hypertension artérielle :

Les effets du traitement de l’hypertension artérielle sur l’histoire naturelle de l’athérosclérose périphérique n’ont pas été évalués.

5- Lutte contre la sédentarité : effets favorables de la marche et de l’activité physique :

Chez l’artériopathe, on connaît le rôle bénéfique de la marche et de l’activité physique, tant sur la claudication intermittente que sur la qualité de vie.

Dans le cadre de la prévention primaire, l’étude d’Edimbourg a montré que le risque d’artériopathie périphérique entre 55 et 74 ans est inversement corrélé à l’activité physique vers l’âge de 35-45 ans, en particulier chez les hommes fumeurs.

Il a aussi été démontré que la marche et l’exercice physique régulier réduisaient le risque de maladie coronarienne de 30 à 40 %, aussi bien chez la femme que chez l’homme. Ainsi, dans la Nurse ‘s Health Study, les meilleurs scores étaient obtenus avec 3 à 4 heures de marche hebdomadaires.

De plus, quel que soit l’âge auquel le sujet quitte son statut de sédentaire pour pratiquer une activité physique régulière, on retrouve un bénéfice vis-à-vis des maladies cardiovasculaires.

Enfin, l’activité physique a été directement corrélée à l’indice de pression systolique chez les sujets sains, sans artériopathie des membres inférieurs, ce qui est en faveur d’une indication à une activité physique afin de diminuer le risque de développer une AOMI.

Les effets favorables de l’activité physique ont depuis longtemps été attribués à une action directe sur les facteurs de risque : lipidiques, glucidiques, hypertension artérielle, diminution de la masse graisseuse.

Il existe aussi une action favorable sur le fibrinogène plasmatique, sur l’activité plaquettaire.

Plus récemment, il a été démontré que l’exercice physique réduit la production des cytokines impliquées dans l’athérosclérose.

6- Bonne et mauvaise alimentation et consommation de boissons alcoolisées :

L’alimentation doit être saine et équilibrée, de type régime méditerranéen, composée d’une grande variété d’aliments, à la fois d’origine animale et végétale.

L’apport des graisses doit être réduit, notamment en ce qui concerne les graisses d’origine animale, en favorisant l’huile d’olive.

La consommation de poissons est recommandée.

Les aliments riches en fibres alimentaires, en amidon, en vitamines et en minéraux sont à privilégier, tels que les fruits, légumes, céréales, légumes secs et féculents.

Il est possible que les folates, contenus dans les fruits et légumes en particulier, abaissent les taux d’homocystéine plasmatique et l’on sait que l’hyperhomocystéinémie est un facteur de risque, en particulier pour l’AOMI.

À la suite du paradoxe français et de l’apparente protection vis-àvis des maladies cardiovasculaires de nos compatriotes, qui occupent par ailleurs la première place comme consommateurs de vin et de boissons alcoolisées, plusieurs études se sont intéressées au rôle de l’alcool dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

La Physician Health Study a montré qu’une consommation de moins de sept verres d’alcool par semaine réduisait le risque d’accident vasculaire cérébral chez l’homme.

Il n’y a pas d’augmentation du bénéfice en augmentant cette dose.

Chez ces mêmes patients, le risque relatif de voir apparaître une AOMI est aussi diminué.

L’effet favorable du vin rouge pourrait être lié en partie à son action antiagrégante plaquettaire, à ses propriétés antioxydantes.

En aucun cas, il ne faut oublier que toute consommation excessive d’alcool est un facteur de risque pour les accidents vasculaires cérébraux ischémiques et hémorragiques et une cause importante de morbidité et de mortalité dans d’autres domaines de la santé.

7- Rôle des vitamines et des oligoéléments dans la prévention :

Une étude européenne sur la nutrition mesure, par un essai contrôlé, randomisé, l’impact d’une supplémentation en vitamines antioxydantes (vitamine C, vitamine E et bêtacarotène aux doses nutritionnelles) et en minéraux antioxydants (zinc et sélénium) sur l’incidence des maladies cardiovasculaires et des cancers.

Il s’agit de l’étude SUVIMAX, lancée en 1994 et dont les résultats seront connus en 2002. Ont été inclus 13 735 hommes de 45 à 60 ans et femmes de 35 à 60 ans.

Des essais antérieurs sur le rôle des vitamines E et C n’ont pas donné de preuves formelles de leur efficacité dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

8- Cas particulier de la femme ménopausée :

Compte tenu de l’augmentation de l’incidence de l’AOMI chez la femme après la ménopause, il serait intéressant de savoir si le traitement hormonal substitutif (THS) est capable de jouer un rôle préventif.

La seule étude randomisée dont nous disposions aujourd’hui est l’étude Heart and Estrogen/Progestin

Replacement Study (HERS) concernant la prévention des maladies cardiovasculaires chez des patientes présentant une coronaropathie connue et recevant des oestrogènes équins et de la médroxyprogestérone.

Les résultats de cette étude ne montrent pas de réduction du risque d’accidents cardiovasculaires, coronaires ou autres.

Des études complémentaires, réalisées chez des femmes non coronariennes et avec des traitements tels qu’ils sont utilisés en Europe, sont nécessaires pour préciser la place du THS dans le cadre de la prévention des maladies vasculaires.

9- Cas particulier de la prévention chez le sujet âgé :

D’ici 2030, il y aura trois fois plus d’octogénaires qu’aujourd’hui et d’ici 2050, quatre fois plus.

Ces patients sont demandeurs de soins et en plus des facteurs de risque classiques des artériopathies périphériques, il faut ajouter les facteurs de comorbidité liés à l’âge, rendant ces patients plus fragiles.

Les mêmes règles peuvent s’appliquer.

10- Place des traitements médicaux dans la prévention primaire de l’artériopathie des membres inférieurs :

Plusieurs études concernent le traitement antiagrégant plaquettaire dans la prévention secondaire des maladies cardiovasculaires et confirment l’utilité de ce traitement chez des patients présentant une artériopathie des membres inférieurs, symptomatiques ou non.

Aucune n’a été réalisée dans la prévention primaire de l’AOMI.

Ainsi, à l’aube du troisième millénaire, les règles d’hygiène de vie associées à la prise en charge des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires sont les meilleures clés de la prévention primaire de l’artériopathie des membres inférieurs.

Règles de prévention des maladies veineuses périphériques :

Nous ne traiterons pas de la prévention de la maladie veineuse thromboembolique, mais uniquement de l’insuffisance veineuse chronique (IVC), qui regroupe « l’ensemble de la pathologie évoluant sur le mode chronique en rapport avec une maladie veineuse ».

Les études récentes sur la paroi veineuse et ses différents constituants apportent de plus en plus d’éléments en faveur de l’origine héréditaire génétique et multifactorielle de la maladie veineuse et de la varicose en particulier.

Ceci explique qu’il n’existe pas de méthodes de prévention primaire pour la maladie veineuse, cependant certaines notions basées à la fois sur l’application de la physiologie de la circulation veineuse et sur la correction des facteurs de risque aggravants de l’IVC méritent d’être connues.

Elles peuvent améliorer la qualité de vie du patient insuffisant veineux, et peut-être freiner l’évolution de la maladie veineuse, sous réserve de résultats d’études en cours.

Deux données épidémiologiques situent bien le problème dans les pays industrialisés :

– l’IVC concerne une personne active sur trois et la moitié des retraités.

La prévalence des varices, qui représentent la manifestation la plus fréquente de l’IVC, est comprise entre 25 et 33 % chez la femme et entre 10 et 20 % chez l’homme ;

– le coût des maladies veineuses représente 1 à 2% des dépenses de santé, et une grande part de ce budget est dépensée chez des patients mal ou insuffisamment traités à un stade précoce de l’IVC.

C’est dire l’intérêt des mesures de prévention dont le but peut se résumer ainsi : comment améliorer la circulation veineuse ?

A – RENFORCEMENT DE LA MUSCULATURE DES JAMBES :

Quatre-vingt-dix pour cent du sang veineux des membres inférieurs se trouve dans les veines profondes, sousaponévrotiques, situées à l’intérieur ou entre les muscles des jambes.

Il existe un lien étroit entre la tonicité musculaire et le diamètre des veines intramusculaires. De plus, la contraction des muscles des mollets agit comme un véritable coeur périphérique assurant la propulsion du sang veineux vers le coeur.

Pour renforcer la musculature des jambes, il faut conseiller la pratique d’une séance de gymnastique active de 10 à 15 minutes le matin au réveil.

Les exercices proposés doivent comporter des mouvements d’étirement des chaînes musculaires postérieures de la jambe et de la cuisse (muscles ischiojambiers, jumeaux et soléaires) associés à de larges mouvements respiratoires ainsi que des exercices de musculation avec, par exemple, surélévation du corps sur la pointe des pieds.

Les sports conseillés sont ceux qui ont une action favorable sur la musculature des jambes, sans action défavorable sur la circulation de retour.

Ainsi, on évite toutes les activités sportives susceptibles de créer des traumatismes, même minimes, sur les jambes.

Les sports de « fond », tels que la marche à pied, la course à pied, la natation, le ski de fond, la bicyclette, sont préférés aux sports avec efforts de type statique, réalisés à glotte fermée tels que le squash, le tennis, l’haltérophilie, le ski de piste, etc.

On privilégie aussi les mouvements effectués dans l’eau, tels que la natation ou la gymnastique aquatique.

B – CONTENTION ÉLASTIQUE :

La contention a prouvé son efficacité comme traitement de base de toute IVC des membres inférieurs avec une action démontrée sur les diamètres veineux, les vitesses circulatoires et la compliance veineuse.

Dans le cadre de la prévention primaire, elle peut être conseillée chez tous ceux qui ont une profession « à risque » avec une station debout prolongée, ou un piétinement sur place ou un travail assis.

Elle est réalisée par des bas ou collants élastiques de classe I, assurant une compression de 10 à 15 mm de mercure, remboursés par la Sécurité sociale, ou bien par une contention dite de confort, non remboursée, assurant une pression inférieure à 10 mm de mercure.

C – CONDITIONS DE TRAVAIL, REPOS COMPENSATEURS ET POSTURE DE TRAVAIL :

Chez tous ceux qui ont une station debout prolongée associée à d’autres facteurs de risque de la maladie veineuse, on devrait proposer des repos compensateurs, en position allongée avec les jambes surélevées. Par ailleurs, la position assise jambes croisées gêne la circulation de retour et doit être proscrite.

Une enquête réalisée en 1997 sur 1 823 femmes dans le cadre de la médecine du travail a confirmé l’influence directe et significative de facteurs professionnels sur l’IVC.

Ont été retenus la température élevée et le port de charges lourdes.

Les auteurs posent le problème de la nécessité d’une prévention en milieu professionnel.

D – HYGIÈNE VESTIMENTAIRE :

Les vêtements trop chauds et trop serrés sont déconseillés, les chaussures à talons hauts sont à éviter au profit de talons bottiers de 2 à 3 cm permettant le déroulement correct du pied à chaque pas.

La correction d’éventuels troubles de la statique plantaire par des semelles orthopédiques est capitale dès le stade de prévention.

E – OBÉSITÉ ET HYGIÈNE ALIMENTAIRE :

Les études épidémiologiques focalisées sur les facteurs de risque des varices, telles celles de Framingham ou, en France, l’étude DEFI, ou celle de Blanchemaison ont permis de confirmer la responsabilité de l’obésité dans l’IVC et la varicose en particulier.

Le maintien d’un poids aussi proche que possible de la normale est donc capital et fait partie de la prévention.

Des publications déjà anciennes se sont intéressées à l’alimentation comparée de tous les pays des cinq continents et à l’incidence des varices dans ces pays.

Les résultats étaient assez décevants et ne donnaient aucune directive pour l’application de tel ou tel mode d’alimentation.

Les recherches les plus intéressantes actuellement concernent la place de la supplémentation en vitamine E.

L’étude SUVIMAX dont nous avons déjà parlé devrait aussi apporter des renseignements intéressants sur la place de la vitamine E dans le cadre de la prévention primaire des maladies veineuses.

F – HYGIÈNE DE L’HABITAT :

Le chauffage par le sol a une action néfaste sur la circulation veineuse au même titre que les autres sources de chaleur (sauna, épilation à la cire chaude, chaleur).

G – PLACE DES VEINOTONIQUES :

Si les traitements phlébotropes ont une action sur la symptomatologie fonctionnelle de l’IVC, aucune étude à ce jour n’a pu démontrer leur efficacité dans le domaine de la prévention de la maladie veineuse chronique ni sur son évolutivité.

Il existe par ailleurs des recommandations acquises de génération en génération, mais elles ne reposent sur aucune donnée scientifique ou résultats d’enquêtes épidémiologiques réalisées sur un nombre suffisant de patients et avec une méthodologie stricte.

Il est à souhaiter que le fait d’adopter un langage commun dans le domaine de la maladie veineuse chronique associé aux progrès de la connaissance physiopathologique devrait permettre la réalisation de telles études et déboucher sur des règles plus précises de prévention.

Règles de prévention des maladies lymphatiques :

Les conseils donnés dans le cadre des maladies veineuses chroniques ont leur place dans la prévention des maladies lymphatiques.

Il existe cependant un domaine particulier dans lequel la prévention joue un rôle capital, c’est la prévention du lymphoedème secondaire.

Dans nos pays, cette pathologie se rencontre essentiellement en pathologie carcinologique ; un modèle d’observation est représenté par le cancer du sein et le lymphoedème du membre supérieur.

L’importance du traitement préventif est liée à la difficulté de la prise en charge thérapeutique des lymphoedèmes secondaires.

A – FACTEURS FAVORISANTS :

Certains dépendent essentiellement du traitement de la tumeur, traitement chirurgical ou radiothérapie.

L’incidence des lymphoedèmes semble être en voie de diminution avec les nouvelles approches de la prise en charge des cancers du sein.

D’autres sont d’ordre général tels que l’obésité, l’hypertension artérielle, ou simplement locaux, comme une infection du côté traité.

Les voyages en avion, du fait des modifications de pression, sont considérés comme des facteurs de risque dans le cadre des lymphoedèmes des membres supérieurs et inférieurs.

B – RÈGLES DE PRÉVENTION :

Un groupe de travail de la Société américaine de cancérologie a énoncé quelques règles de prévention pour l’éducation du patient que l’on peut résumer ainsi.

– Proscrire les injections intraveineuses et les prises de sang, en raison du risque d’inflammation ou d’infection.

– Porter des gants dans toutes les tâches pouvant comporter des risques de blessure.

– Bronzer progressivement avec recours aux écrans protecteurs.

– Dépister précocement toute infection, en particulier après traumatisme même minime.

– Limiter la stase lymphatique en évitant de porter des vêtements ou des bijoux trop serrés, éviter la chaleur et les bains chauds.

– Éviter toute augmentation importante du flux lymphatique, par exemple en déconseillant certains sports intensifs.

Par ailleurs, les traitements de l’obésité, de l’hypertension artérielle et de l’insuffisance veineuse qui peuvent être associés sont hautement bénéfiques.

L’intérêt de la physiothérapie dans la prévention des lymphoedèmes secondaires n’a pas encore été suffisamment évalué.

Coût de la prévention :

Les mesures de prévention primaire des maladies vasculaires ont un coût ; celui-ci doit être comparé à celui de la maladie déclarée.

Il a été prouvé que les sujets à faible risque cardiovasculaire à l’âge moyen de leur vie sont ceux qui dépenseront le moins d’argent en soins médicaux lorsqu’ils seront vieux et qui auront la meilleure qualité de vie.

Ceci doit suffire à faire accepter par tous, patients, médecins et économistes, des règles de prévention primaire en accord avec les données les plus récentes de la prise en charge des maladies vasculaires.

Le challenge est de sensibiliser l’ensemble de la population à la prévention des maladies cardiovasculaires afin que ces règles, ou mieux, ces conseils soient adoptés.

Conclusion :

Les clés de la prévention primaire des maladies artérielles périphériques reposent sur des principes de contrôle des facteurs de risque chez les sujets à « haut risque » cardiovasculaire mais aussi sur des principes simples d’hygiène de vie pour tous.

Il est aujourd’hui du devoir du médecin, généraliste ou spécialiste des maladies vasculaires, de demander à son patient, non pas seulement ses antécédents vasculaires personnels et familiaux, mais aussi de le conseiller vis-àvis de ses enfants et descendants proches.

Les méthodes de dépistage infra-clinique de l’athérosclérose ou des maladies veineuses applicables en « masse » joueront un rôle de plus en plus important dans cette population.

Les sites internet de prévention des maladies cardiovasculaires existent, il faut qu’ils soient visités par tous.

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