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Hépatologie
Plantes médicinales : intérêt thérapeutique et risque d’hépatotoxicité
Cours d'Hépatologie
 


 

Introduction :

La phytothérapie revient à la mode depuis quelques années dans les pays occidentaux et s’appuie sur des traditions millénaires.

Une de ses principales origines vient de l’Asie où l’utilisation de plantes médicinales constitue une partie très importante de la médecine traditionnelle.

La phytothérapie constitue en effet un lien très important entre la notion de santé et des concepts philosophiques touchant la vie.

En Chine, l’utilisation de plantes médicinales date de plus de 4 000 ans et était déjà connue à l’époque de la dynastie Xia. Plus de 7 000 préparations sont couramment utilisées.

En Inde, on peut retrouver des textes relatant l’utilisation de la phytothérapie datant de plus de 2 600 ans, à la période védique.

La phytothérapie constitue également un des fondements de la médecine populaire en Afrique et en Amérique du Sud.

En Occident, les plantes médicinales connaissent un succès accru.

Différents facteurs concourent à la popularité des plantes médicinales, en particulier :

– le mouvement écologique qui se développe depuis plusieurs années dans les pays industrialisés ;

– le mythe un peu naïf basé sur l’idée que ce qui est naturel ne peut être que bénéfique ;

– la notion que les plantes médicinales, à défaut d’être très efficaces, sont au moins complètement inoffensives à l’inverse des médicaments traditionnels ;

– le fait que certaines maladies qui soulèvent particulièrement des inquiétudes telles que le syndrome de l’immunodéficience acquise (sida), l’hépatite C ou le cancer bénéficient actuellement de traitements dont l’efficacité n’est pas totale et s’accompagnent d’effets secondaires notables. Néanmoins, beaucoup de médecins occidentaux sont très sceptiques vis-à-vis de la phytothérapie car son efficacité n’a pas été évaluée selon les critères rigoureux modernes utilisés pour les médicaments classiques.

En effet, pour la plupart des plantes médicinales, la notion d’efficacité repose simplement sur une tradition ancestrale d’utilisation et il n’y a aucune base scientifique permettant d’expliquer comment le produit agit.

La difficulté est encore accrue quand il s’agit de préparations comprenant de multiples plantes dont on ne sait laquelle est potentiellement efficace.

Enfin, la publicité et la vente par Internet constituent un nouvel élément promoteur.

Conscients de ces difficultés, des adeptes de la phytothérapie ont commencé à réaliser des travaux expérimentaux pour déterminer quelles sont les molécules porteuses de l’effet thérapeutique dans les plantes et leur mécanisme d’action.

Des essais thérapeutiques commencent à apparaître, avec des méthodologies plus ou moins rigoureuses. Les études, contrôlées randomisées, avec des effectifs suffisants et en double insu, sont encore exceptionnelles.

Parallèlement, il y a eu un regain d’intérêt sur la toxicité potentielle des plantes médicinales qui est réactualisée depuis quelques années par plusieurs exemples, en particulier les herbes chinoises et, en France, celui de la germandrée petit-chêne.

Les atteintes toxiques concernent la plupart des organes.

On peut citer notamment l’insuffisance rénale liée aux plantes chinoises, les atteintes cardiaques par intoxication à l’aconit ou des atteintes pulmonaires liées à certaines menthes.

Mais ce sont certainement les atteintes hépatiques qui sont les plus marquantes.

Cette mise au point vise à préciser les connaissances actuelles sur :

– l’utilisation des plantes dans la médecine occidentale ;

– les effets thérapeutiques dans les maladies hépatiques ;

– les risques d’effets secondaires hépatiques.

Consommation des plantes médicinales dans les pays occidentaux :

Comme d’autres médecines alternatives ou thérapeutiques traditionnelles, la phytothérapie est considérée comme particulièrement attractive.

Aux États-Unis, le marché des herbes médicinales a triplé entre 1992 et 1996.

Les utilisateurs de plantes sont passés de 2,5 % en 1990 à 12,1 % en 1998 représentant un marché de 5 milliards de dollars.

Si on considère les patients atteints de troubles fonctionnels intestinaux, deux enquêtes nordaméricaines indiquent que 3 à 5% des patients utilisent des plantes médicinales comme principal mode thérapeutique.

En ce qui concerne les maladies hépatiques, on ne dispose que de données limitées provenant de deux enquêtes.

La première, américaine, repose sur une centaine de malades et indique que 31 % des patients atteints d’hépatopathies chroniques utilisent des plantes médicinales.

La seconde enquête, française, a été réalisée d’avril à octobre 2000 sur la base d’une étude prospective exhaustive des patients consultant pour maladie chronique du foie.

Une consommation de plantes médicinales était retrouvée chez 33 % des 511 patients inclus.

Cette consommation était plus fréquente chez les patients atteints d’hépatite chronique C comparativement aux patients atteints d’hépatite chronique B ou d’autre hépatopathies chroniques.

La prise de plantes médicinales était plus importante chez les femmes que chez les hommes.

Les principales plantes consommées étaient la silymarine, la valériane et le desmodium adscendens.

La prise de plantes médicinales peut se faire sous différents types.

Il peut s’agir de gélules, de comprimés, d’infusions, de teintures, d’extraits, de plantes brutes ou de différentes formes y compris des lavements ou des applications sous forme de cataplasmes.

Plantes réputées posséder des effets hépatoprotecteurs :

Les bases expérimentales.

A - EXTRAITS DE PLANTES PROPOSÉS EN FRANCE :

1- « Silybinum marianum » :

Les extraits de cette plante sont principalement connus sous le nom de silymarine (Légalont).

L’effet hépatoprotecteur est bien documenté expérimentalement vis-à-vis de toxiques classiques en particulier le tétrachlorure de carbone, le thioacétamide, l’alcool éthylique et également au cours d’atteintes sévères provoquées par la phalloïdine et par l’intoxication à l’amanite phalloïde.

Cet effet hépatoprotecteur est associé à une diminution de la peroxydation lipidique qui pourrait être secondaire à un effet antiradicaux libres.

Sur une base traditionnelle et sur ces études expérimentales, plusieurs essais cliniques contrôlés randomisés ont été réalisés dans diverses pathologies hépatiques, surtout dans les maladies alcooliques du foie.

La prise de silymarine s’accompagne d’une amélioration des tests hépatiques.

L’amélioration histologique est en revanche plus discutable.

Enfin, les effets sur la survie suggérés par une étude autrichienne ne sont pas encore confirmés par deux études récentes.

En ce qui concerne les hépatopathies chroniques virales B et C, les résultats sont minces et ne permettent pas actuellement de conclure à un bénéfice clinique et biologique.

Une nouvelle forme galénique permettant une concentration plasmatique beaucoup plus élevée est actuellement testée pour déterminer l’effet sur la fibrose.

2- Ginkgo biloba :

Les extraits des feuilles de ginkgo biloba sont déjà très largement utilisés comme tonique veineux et comme antihémorroïdaire en France.

Des travaux récents suggèrent aussi un effet antifibrosant dans les hépatites chroniques virales B.

Ceci repose sur l’étude de 86 personnes chez lesquelles un traitement prolongé par extraits de ginkgo biloba a été associé à une diminution des marqueurs sériques de fibrose, en particulier le procollagène 3 et la laminine.

Il semble qu’il y ait aussi histologiquement une diminution de la fibrose par rapport à une biopsie de départ.

Les effets pourraient être liés à une diminution de la peroxydation lipidique et à un effet antiradicaux libres. En l’absence de groupe témoin, ces résultats doivent donc être confirmés.

3- Glycyrrhizine :

Plusieurs études non contrôlées suggèrent que ce composé pourrait diminuer l’activité des transaminases dans les hépatites chroniques virales.

Les effets à long terme restent inconnus. Une étude rétrospective montrerait une diminution du risque d’hépatocarcinome. Ces différents résultats préliminaires nécessitent d’être confirmés par des études contrôlées randomisées prospectives.

4- « Desmodium adscendens » :

Cette plante est actuellement consommée principalement dans le sud de la France chez les patients atteints d’hépatite C dans l’espoir d’un effet hépatoprotecteur et antiviral.

Il n’existe cependant aucune preuve d’efficacité dans cette indication et il n’y a pas non plus de base scientifique permettant d’attester d’un effet protecteur quelconque ou d’effet antiviral.

Ce manque de preuves a d’ailleurs empêché les promoteurs de cette plante d’obtenir jusqu’à présent une autorisation de mise sur le marché (AMM) de phytothérapie.

La promotion de ce produit est actuellement assurée en bonne partie par des associations de patients atteints d’hépatite C déçus par l’interféron ou craignant ses effets secondaires.

Dans l’état actuel des connaissances, ce produit ne peut être proposé en prescription médicale.

B - PLANTES CHINOISES :

1- Plantes du genre « Phyllanthus » :

Les plantes de cette famille ont été proposées en médecine traditionnelle chinoise sous forme de décoctions pour traiter les hépatites virales en particulier l’hépatite B.

L’intérêt pour ces plantes a été stimulé par des travaux expérimentaux suggérant que des extraits de Phyllanthus pourraient avoir des effets inhibiteurs sur l’acide désoxyribonucléique (ADN) polymérase viral fournissant ainsi un mécanisme d’action plausible pour un effet thérapeutique.

Les premiers essais thérapeutiques ont suggéré un bénéfice clinique potentiel sous forme d’une diminution de la réplication virale B.

Cependant, des études ultérieures faites avec des effectifs de malades plus importants n’ont pas permis de confirmer les résultats.

L’hétérogénéité des résultats pourrait être liée bien sûr à des biais méthodologiques, mais aussi au fait que les compositions des différentes préparations thérapeutiques utilisées varient d’une étude à l’autre.

En effet, une étude récente suggère que l’effet sur la réplication virale B pourrait être plus net avec des extraits de Phyllanthus urinaria comparés à des extraits de Phyllanthus amarus ou Phyllanthus niruri.

Le problème reste donc ouvert ou pourrait être repris sur une base plus spécifique.

2- Autres herbes chinoises :

Plusieurs préparations ayant une réputation protectrice vis-à-vis du foie ont fait récemment l’objet d’études expérimentales chez divers modèles d’animaux ou sur des cultures d’hépatocytes en utilisant des modèles tout à fait classiques et modernes de toxicité en particulier le tétrachlorure de carbone, le paracétamol ou la galactosamine.

Sur cette base scientifique rationnelle, des effets bénéfiques ont été observés avec plusieurs compositions de plantes.

Pour tous ces exemples, bien que les effets positifs soient intéressants, il reste indispensable d’identifier de façon plus précise par quels mécanismes et surtout par quels composés l’effet protecteur s’exerce.

Hépatotoxicité des plantes médicinales :

Elle est particulièrement difficile à mettre en évidence.

En effet, aux difficultés habituellement rencontrées pour établir une relation de cause à effet entre un événement indésirable et une prise médicamenteuse classique, s’ajoutent des obstacles supplémentaires :

– l’automédication très fréquente en matière de phytothérapie et la réputation d’innocuité qui font que le patient omet souvent de mentionner la prise de plantes médicinales au médecin traitant ;

– l’absence ou le peu de contrôle exercé sur la toxicité de nombreuses plantes utilisées en phytothérapie ;

– la multiplicité des produits végétaux contenus dans certaines préparations rendant très difficile de déterminer quelle plante est responsable de l’effet indésirable.

De plus, il existe plusieurs facteurs spécifiques à la phytothérapie favorisant son hépatotoxicité.

A - PLANTES RESPONSABLES :

1- « Teucrium chamaedrys » (germandrée petit-chêne) :

La germandrée petit-chêne est utilisée depuis plus de 2000 ans comme antipyrétique sédatif des douleurs abdominales ainsi que pour des propriétés diurétiques, cholérétiques et cicatrisantes.

Cette plante a reçu une AMM de la phytothérapie en 1986 comme amaigrissant.

Rapidement, plus de 30 cas d’hépatites ont été collectés dans les centres de pharmacovigilance en France, principalement chez les femmes de la quarantaine.

Les atteintes étaient observées lors de prises à doses thérapeutiques (600- 1600 mg/j) et ceci sous diverses présentations commerciales : infusions, capsules, préparations magistrales, etc.

L’atteinte hépatique est principalement caractérisée par une hépatite aiguë cytolytique survenant en moyenne au bout de 2 mois de traitement.

Quelques cas d’hépatites fulminantes ont été observés, dont certains avec une évolution fatale.

La guérison a été observée dans tous les autres cas après interruption du traitement.

Un cas de cholangite d’évolution prolongée mais régressive a également été observé (cas personnel).

Chez quelques malades, l’atteinte hépatique a eu une évolution plus insidieuse et a été découverte au stade d’hépatite chronique, voire de cirrhose, surtout lors de traitements prolongés ou de prise de larges doses.

Chez tous les malades réexposés accidentellement à la germandrée, l’atteinte hépatique a récidivé dans un délai relativement court.

Le mécanisme de l’hépatotoxicité de la germandrée a été reproduit de façon dose-dépendante chez la souris.

La toxicité de cette plante est liée à la présence de diterpénoïdes transformés par des cytochromes P450, en particulier ceux de la famille 3A en des métabolites réactifs. Les métabolites toxiques formés déplètent le glutathion et altèrent le cytosquelette et la membrane cellulaire.

De plus, les lésions pourraient aussi faire intervenir des phénomènes d’apoptose.

En raison de cette hépatotoxicité, la germandrée petit-chêne a été retirée du marché des plantes médicinales en France et sa vente libre a été interdite.

Cependant, son utilisation persiste dans d’autres pays comme au Canada où des cas récents d’hépatite ont été observés.

2- Alcaloïdes de la pyrrolizidine :

L’hépatotoxicité de ces alcaloïdes présents dans plus de 350 espèces végétales est connue depuis plus de 40 ans. Les principaux genres incriminés sont Heliotropium, Senecio, Crotalaria et plus récemment Symphytum officinale (consoude).

L’empoisonnement à la pyrrolizidine est endémique en Afrique et en Amérique centrale où les alcaloïdes toxiques sont ingérés sous forme d’infusions, de décoctions ou même de lavements.

Une intoxication endémique a également été notée en Inde et en Afghanistan résultant d’une contamination de farines par des plantes contenant ces alcaloïdes toxiques.

Quelques rares cas d’atteintes hépatiques ont aussi été observés après contamination de lait de vache ou de miel par les alcaloïdes de la pyrrolizidine.

Récemment, plusieurs cas d’hépatites ont été observés dans les pays occidentaux chez des patients utilisant des plantes contenant ces alcaloïdes sous forme d’infusions, de capsules, ou de compléments alimentaires.

La principale lésion induite par les alcaloïdes de la pyrrolizidine est la maladie veino-occlusive.

La symptomatologie peut être aiguë se caractérisant par une douleur abdominale brutale, une ascite, une hépatomégalie et une augmentation marquée des transaminases.

La biopsie hépatique à ce stade montre une nécrose centrolobulaire hémorragique sans inflammation, liée à une atteinte aiguë des veines centrolobulaires.

Lorsque les lésions restent limitées, l’évolution se fait vers une guérison complète.

À l’inverse, lorsqu’elles sont étendues, on peut observer une insuffisance hépatocellulaire pouvant être mortelle.

L’évolution peut se faire de façon plus insidieuse et aboutir à une hépatopathie chronique simulant une cirrhose.

Un cas de maladie veino-occlusive mortelle a été constaté chez un nouveau-né dont la mère prenait régulièrement des plantes contenant des alcaloïdes de la pyrrolizidine pendant sa grossesse.

La toxicité des alcaloïdes de la pyrrolizidine est reproductible et dose-dépendante chez l’animal.

Elle est liée à la transformation d’alcaloïdes insaturés en métabolites réactifs toxiques, probablement des dérivés pyrroliques.

Les métabolites sont formés dans les hépatocytes mais aussi dans les cellules endothéliales qui sont particulièrement sensibles.

Il en résulte une atteinte vasculaire prédominante, secondairement responsable de la nécrose hépatocytaire.

Ce mécanisme pourrait expliquer l’histoire naturelle des lésions hépatiques observées chez l’homme.

Les atteintes aiguës paraissent résulter d’une exposition courte à de fortes doses alors que des lésions chroniques sont liées à une exposition prolongée à dose plus faible d’alcaloïdes.

Bien que la toxicité paraisse habituellement dose-dépendante, il pourrait y avoir très rarement une atteinte hépatique avec des préparations conventionnelles contenant des dérivés du séneçon à petite dose.

3- « Atractylis gummifera » L. (chardon à glu) :

La toxicité de cette plante est bien connue dans les pays méditerranéens. Les intoxications ont été observées principalement dans trois circonstances :

– lors d’utilisation du chardon à glu comme plante médicinale en raison de ses propriétés antipyrétiques, diurétiques, abortives, purgatives et émétiques ;

– lorsque les enfants utilisent la substance blanchâtre sécrétée par la plante et ressemblant à de la glu comme chewing-gum ;

– et lorsqu’il existe une confusion entre le chardon à glu et l’artichaut sauvage.

L’intoxication est saisonnière, survenant surtout au printemps. Elle se manifeste par des douleurs abdominales, des vomissements, une hépatite aiguë associant à la fois une nécrose hépatocytaire et une stéatose microvésiculaire.

Il peut s’y associer une hypoglycémie, une insuffisance rénale, des troubles neurovégétatifs.

L’évolution est souvent mortelle.

La toxicité du chardon à glu est liée à deux substances, l’atractylate de potassium, et la gummiférine, qui sont capables d’inhiber la phosphorylation oxydative mitochondriale et le cycle de Krebs.

4- « Callilepsis laureola » :

Cette plante contient des composés chimiquement voisins de l’atractylate de potassium.

Plusieurs cas d’hépatite ou de nécrose tubulaire rénale ont été observés chez des Zoulous du Natal utilisant ces plantes en médecine traditionnelle.

5- Herbes chinoises :

Les préparations médicinales chinoises sont souvent complexes avec de nombreuses plantes.

Il est donc souvent très difficile d’identifier dans les préparations médicinales, les composés botaniques ayant une efficacité thérapeutique et ceux qui ont une toxicité.

Une efficacité thérapeutique a été mise en évidence par des études cliniques dans les maladies cutanées, en particulier l’eczéma et les dermatoses atopiques.

Ces essais ont aussi révélé un nombre de cas anormalement élevé d’atteintes hépatiques.

La toxicité des plantes médicinales chinoises peut être également liée à la contamination par d’autres plantes, en particulier celles contenant des alcaloïdes de la pyrrolizidine.

Elle peut être également secondaire à une pollution par des métaux lourds, des dérivés chimiques, en particulier des insecticides et des pesticides, voire par des médicaments traditionnels ou une erreur de conditionnement. Un exemple récent est lié à la prise de Jin Bu Huan (Lycopodium serratum).

Cette préparation est utilisée depuis plus de 1000 ans en Chine et depuis une quinzaine d’années aux États-Unis comme sédatif et analgésique.

Depuis son introduction en Amérique du Nord, plus d’une dizaine de cas d’hépatite ont été observés dont plusieurs avec des réadministrations accidentelles positives.

La toxicité semble liée à un surdosage dans le principal agent du Jin Bu Huan, la tétrahydropalmitine qui a des analogies structurales avec les alcaloïdes de la pyrrolizidine.

Enfin, d’autres préparations chinoises ont également été récemment incriminées dans la survenue d’atteintes hépatiques.

6- Essence de pennyroyal :

Celle-ci est utilisée comme abortif et déclencheur de la menstruation.

Elle est contenue dans diverses variétés de menthe, par exemple Mentha pulegium, utilisées chez les populations hispaniques pour traiter les douleurs abdominales mineures des enfants.

La toxicité de l’essence de pennyroyal se manifeste par des troubles mentaux et neurologiques et des hépatites aiguës parfois fulminantes.

Le mécanisme de toxicité commence à être mieux connu : 90 % de l’essence de pennyroyal sont composés de pulégone, un terpène oxydé par des cytochromes P450 en dérivés menthofuranes.

Le traitement consiste en l’administration précoce de N-acétylcystéine comme pour les intoxications aiguës au paracétamol.

7- « Chelidonium majus » (chélidoine) :

Cette plante est utilisée de plus en plus en Europe du Nord pour le traitement de la dyspepsie et de la lithiase vésiculaire.

Plusieurs cas d’hépatite aiguë cytolytique viennent d’être décrits dont un d’évolution fulminante et d’autres avec apparition d’une fibrose précoce.

Une cholangite aiguë a également été observée.

Ces atteintes surviennent entre 1 à 3 mois après le début du traitement.

Des cas avec récidive lors d’une réexposition confirment la toxicité de cette plante.

Les molécules végétales en cause sont encore inconnues.

Celles qui sont soupçonnées sont la chélidonine, la sanguinérine et la berbérine.

8- « Scutelleria » (scutellaire) :

Plusieurs cas d’atteintes hépatiques ont été rapportés récemment chez des patients prenant des préparations (en particulier sous forme de comprimés) d’herbes médicinales à base de scutellaire pour soulager le stress. Ces préparations contenaient également d’autres composés végétaux dont de la valériane.

Une enquête britannique récente a confirmé l’existence de cas d’atteinte hépatique chez des malades recevant de la scutellaire.

9- « Larrea tridentata » (chaparral) :

Les feuilles de cet arbuste sont utilisées depuis longtemps par les Indiens du sud-ouest américain pour divers petits maux et récemment par les

Occidentaux comme antioxydant et « régénérateur ».

Une enquête vient de recenser une quinzaine de cas d’hépatites aiguës, et quelques cas de cirrhose et de cholangite imputables à cette plante.

10- « Cassia angustifolia » (séné) :

Le séné, plante utilisée pour ses propriétés laxatives, peut être aussi responsable d’atteintes hépatiques.

En particulier, une hépatite aiguë a été observée avec récidive lors d’une réexposition à une préparation contenant des extraits de feuilles et de fruits de séné.

La quantité ingérée était dix fois supérieure aux doses recommandées habituellement.

L’hépatotoxicité pourrait être liée à des sennosides, des alcaloïdes laxatifs qui sont les principaux contituants des feuilles et des fruits de séné.

Les sennosides sont métabolisés en anthrone dans l’intestin par Escherichia coli et d’autres bactéries intestinales.

L’anthrone peut être absorbée par la muqueuse intestinale, glucuronoconjuguée et sulfatée, puis excrétée dans les urines et les matières fécales.

Il est à noter que l’anthrone a une structure chimique très proche de celle de la danthrone, une hépatotoxine bien connue.

11- « Teucrium polium » :

C’est une espèce botanique très proche de Teucrium chamaedrys (germandrée petit-chêne) qui est proposée pour traiter les hypercholestérolémies modérées.

Cette plante a été impliquée dans la survenue d’une hépatite fulminante conduisant à une transplantation hépatique.

12- « Serenoa » :

Serenoa fait partie d’une préparation de phytothérapie complexe comprenant de multiples produits, commercialisée sous le nom de Prostata.

Cette préparation est supposée avoir des propriétés oestrogéniques et antiandrogéniques. Un cas d’hépatite cholestatique vient d’être observé avec ce produit.

13- « Azadirachta indica » :

Des extraits de graines d’ Azadirachta indica ont été impliqués dans la survenue de stéatoses microvésiculaires avec un syndrome clinique simulant un syndrome de Reye.

14- « Sassafras albidum » (sassafras) :

Utilisé comme herbe médicinale aux États-unis, il contient du safrole qui a des propriétés hépatocarcinogènes chez l’animal.

B - PLANTES DONT L’HÉPATOTOXICITÉ N’EST PAS CONFIRMÉE :

1- « Viscum album » (gui) :

Le gui est probablement un des végétaux les plus anciens de la phytothérapie et parmi les plus utilisés.

Cette plante est proposée pour le traitement de l’asthme, de l’épilepsie et de l’infertilité. Les extraits de gui sont présentés sous forme de pillules médicinales comme bronchodilatateur en Angleterre.

Un cas d’hépatite a été attribué à un produit de phytothérapie contenant du gui et de la scutellaire.

La réadministration de la même préparation a entraîné une rechute de l’atteinte hépatique.

C’est ainsi que le gui a été mis en cause.

Il est à noter cependant qu’il n’y a pas eu de contrôle botanique permettant d’affirmer que cette préparation contenait réellement des extraits de gui et le rôle de la scutellaire doit être envisagé.

L’hépatotoxicité du gui reste par conséquent encore incertaine.

2- « Valeriana officinalis » (valériane) et Euphytoset :

L’Euphytosett est un produit de phytothérapie composite utilisé en France comme anxiolytique et sédatif.

Ce produit contient diverses plantes notamment de la valériane, de la ballote, de la passiflore et du kola.

L’hépatotoxicité de l’Euphytosett a été suspectée il y a 3 ans sur de très rares observations d’atteinte hépatique lors de l’administration d’Euphytosett sans qu’on puisse déterminer avec certitude une relation de cause à effet. Cependant, le suivi de pharmacovigilance depuis 3 ans ne confirme pas l’hépatotoxicité de la valériane ni de l’Euphytosett.

Conclusion :

Les connaissances actuelles indiquent que des plantes médicinales pourraient avoir un effet protecteur mais les preuves actuellement disponibles sont encore minces et méritent d’être étayées de façon plus solide pour qu’on puisse largement proposer ces produits dans différents domaines de l’hépatologie.

L’hépatotoxicité des plantes médicinales est maintenant largement documentée.

Il est donc nécessaire de mieux informer les usagers d’autant que l’automédication est fréquente, d’améliorer l’évaluation des effets thérapeutiques et toxiques réels des produits de phytothérapie et de renforcer les contrôles pour éviter les risques d’erreurs aux différentes étapes depuis le recueil des plantes jusqu’à la distribution du produit final pharmaceutique ou artisanal.

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