Phytothérapie et aromathérapie buccodentaires
Cours de Médecine Dentaire
Introduction :
Alors qu’il existe une demande de plus en plus
importante pour des traitements par les plantes,
beaucoup considèrent encore ceux-ci comme des
survivances de « pratiques populaires », la plupart
du temps de bon sens, certes, mais seulement
employées pour attendre un rendez-vous chez son
praticien.
Il existe, cependant, une phytothérapie
médicale (dont buccodentaire), prescrite sur ordonnance.
Hélas, beaucoup trop ne pensent pas à y
faire appel, ou ne le font pas par manque de
formation et d’information à ce sujet.
Car l’enseignement
de la phytothérapie, qui se dispense dans
des facultés de médecine et de pharmacie, n’est
pas encore entré en faculté de chirurgie dentaire,
alors que pourtant : « la promotion de l’usage des
plantes médicinales et leur intégration dans le système
de santé, font partie des priorités de l’Organisation Mondiale de la Santé ».
À noter qu’en
France même, la production de plantes médicinales
est en augmentation significative depuis 20 ans,
bien que depuis le milieu des années 1980, les
prescriptions magistrales de phytothérapie ne
soient plus prises en charge par la Sécurité Sociale.
On peut s’interroger.
Un avis du Conseil national de l’Ordre des médecins
a précisé : « La phytothérapie devrait faire
partie de l’arsenal de tout médecin ; tout généraliste
devrait la pratiquer ; elle ne peut donc être
considérée comme une spécialité ».
À l’évidence, il
devrait en être de même pour les chirurgiensdentistes.
Législation et réglementation
:
Mis à part les végétaux alimentaires courants (fruits
et légumes, condiments) qu’on trouve en épicerie
ou sur les marchés, la vente des plantes médicinales
inscrites à la Pharmacopée française (et européenne)
relève du monopole pharmaceutique, sauf
dérogations établies par décrets.
De par la loi du 1er
juillet 1960, cinq plantes simples seulement bénéficiaient
d’une dérogation : le tilleul, la camomille,
la verveine, l’oranger et la menthe. Les autres
étaient débitées en officines ou en herboristeries.
D’assez nombreuses herboristeries existaient encore,
bien que déjà en voie de disparition, l’article
59 de la loi du 11 septembre 1941 (signée Philippe
Pétain) ayant supprimé l’École nationale d’herboristerie,
et donc le diplôme qu’elle délivrait. En
1939, on recensait environ 40 000 herboristeries en
France.
En 1972, on n’en comptait plus que 600
(dont une trentaine à Paris). Depuis lors, la profession
s’est pratiquement éteinte. Mais une association
pour le « renouveau de l’herboristerie » a été
créée et dispense même un certain enseignement.
Depuis le décret du 15 juin 1979, la liste des
plantes « libérées » (si l’on peut dire) s’est considérablement
allongée.
Aux cinq précédentes sont
venues s’adjoindre vingt-neuf autres : la bardane,
le bouillon blanc, le bourgeon de pin, la bourrache,
la bruyère, le chiendent, le cynorrhodon (fruit de
l’églantier), l’eucalyptus, le frêne, la gentiane, la
guimauve, l’hibiscus, le houblon, la lavande, le
lierre terrestre, la matricaire, la mauve, la mélisse,
le ményanthe, l’olivier, l’ortie blanche, la pariétaire,
la pensée sauvage, les pétales de rose, les
queues de cerise, la reine des prés, les feuilles de
ronces, le sureau, la violette.
Ces plantes ne peuvent
être vendues mélangées entre elles ou à
d’autres espèces, à l’exception des suivantes, dont
les mélanges entre elles sont autorisés : tilleul,
verveine, camomille, menthe, oranger, cynorrhodon
(églantier), hibiscus.
Divers arrêts de la Cour de cassation ont estimé
que les plantes sont des « médicaments » par
présentation (indications, thérapeutiques, posologie...),
que seules celles « en l’état » figurant sur
les listes fixées par décrets peuvent
être vendues en dehors des officines, et que
celles ayant subi des opérations de micronisation et
de nébulisation vendues en gélules, ou présentées
sous forme d’ampoules, ne doivent plus être considérées
comme « en l’état ».
L’Agence française de
sécurité sanitaire pour les produits de santé (Afssaps),
quant à elle, a classé les plantes en deux
catégories : celles dont les bénéfices sont supérieurs
aux risques et celles dont les risques sont
trop importants pour qu’elles soient utilisées.
Les interactions entre certaines plantes et des
traitements médicamenteux restent aussi à étudier,
de façon approfondie.
Par exemple, un simple
jus de pamplemousse peut parfois augmenter l’action
des bêtabloquants, des anticalciques, des inhibiteurs
des protéases ou diminuer celle de la ciclosporine,
de la digoxine, ainsi que de certains
hypotenseurs et antihistaminiques.
En phytothérapie,
il est donc indispensable que les prescriptions
ou conseils d’utilisation ne soient donnés que par
un praticien (médecin, chirurgien-dentiste dans le
domaine qui le concerne) ou un pharmacien.
Huiles essentielles
:
La vente des huiles essentielles (dont la liste a été
fixée par le décret du 23 juin 1986 : essences
provenant de l’absinthe, la petite absinthe, l’armoise,
le cèdre, l’hysope, la sauge, la tanaisie, le
thuya) relève également du monopole pharmaceutique
(loi du 30 juin 1984), ainsi que leurs dilutions
et préparations, ne constituant des produits ni
« cosmétiques », ni à usage ménager, ni des denrées
ou boissons alimentaires (loi du 1er juillet
1998).
À noter que la frontière entre médicaments
et aliments (ou compléments alimentaires) est de
moins en moins nette, d’autant que certaines plantes
sont, à la fois, alimentaires et médicinales.
Aucune réglementation n’a encore tranché.
Les huiles essentielles (HE) ne sont pas des corps
simples, mais, en général, des assemblages de molécules
ayant chacune leurs propriétés particulières.
L’importance de la connaissance des familles,
genres et espèces botaniques est évidente, mais
aussi de celle de leur provenance.
Des plantes
botaniquement identiques peuvent, en effet, donner
des essences dont les différences peuvent être
plus ou moins importantes.
C’est notamment le cas
pour le romarin, dont les spécificités biochimiques
et les propriétés varient selon qu’il provient d’Afrique du Nord, de Corse ou de France continentale.
Une même espèce botanique, en fonction de différentes
conditions (sol, ensoleillement, saison de
cueillette, partie de la plante), peut fournir des
huiles essentielles de compositions différentes.
Ces
variations génèrent la notion de chémotype.
C’est
pourquoi des contrôles systématiques des huiles
essentielles ou essences (avec les techniques les
plus modernes) sont toujours nécessaires avant emploi.
La distillation demande aussi beaucoup d’attention
(les détartrants chimiques doivent être absolument
bannis).
Il ne faut donc employer que des
huiles essentielles de bonne qualité, à l’espèce
botanique certifiée (attention, la lavande est souvent
falsifiée) et dont l’extraction et le produit
final sont garantis.
L’huile essentielle d’eucalyptus,
par exemple, si elle est rectifiée (redistillée)
afin de la concentrer en eucalyptol perd certaines
qualités médicinales, des composants actifs à l’état
de traces ayant disparu.
A - Différents types :
À noter que certaines huiles essentielles sont presque
exclusivement constituées d’une seule molécule
(comme Mentha pulegium, par exemple) ou de
deux ou trois (telles que Salvia sclarea rosaedora,
Citrus reticulata, Eugenia caryophyllus), mais la
plupart sont polymoléculaires (molécules de même
famille chimique ou non).
Parmi les huiles essentielles
utilisées en médecine dentaire (cette dénomination,
utilisée dans plusieurs pays, est plus appropriée
que celle de chirurgie dentaire, par trop
restrictive), on peut citer : Chamaemelum nobile
(camomille romaine), Cinnanomum verum (vrai
cannelier), Cistus ladaniferus (ciste de Crête),
Eugenia caryophyllus (clous de girofle), Helichrysum
italicum (hélicryse d’Italie, immortelle
des sables), Laurus nobilis (laurier d’Apollon), Melaleuca
alternifiolia (mélaleuque à feuilles alternes,
arbre à thé, tea-tree), Mentha piperata (menthe
poivrée).
Bien entendu, cette énumération est
loin d’être exhaustive.
À propos d’huiles essentielles,
il a été dit qu’elles sont « d’une efficacité
redoutable » contre les parodontopathies ; ce qui
sous-entend la nécessité d’emploi et de prescription
pertinents.
Pour un effet bien ciblé, on peut procéder à des
aromatogrammes (analyses de biologie clinique),
dont le mode opératoire et l’interprétation sont
identiques avec ceux des antibiogrammes, avec la
seule différence qu’au lieu de tester les actions
d’antibiotiques issus de la synthèse chimique
contre des germes bactériens identifiés, ce sont des
huiles essentielles, produits naturels, qui sont testées.
Les actions (bactériostatiques, bactéricides
et fongicides) contre les micro-organismes pathogènes
des huiles essentielles, sont dues à une activité
chimique directe, découlant de leur causticité
et toxicité à leur égard.
Ayant leur spécificité, associées à des complexes
d’huiles essentielles, les huiles végétales vierges
(HV) entrent dans bon nombre de préparations thérapeutiques
(exemples : HV d’amande douce, noisette,
bourrache, onagre...).
Elles doivent être extraites
de façon naturelle par première pression à
froid et ne subir ni traitement ni raffinage.
Peuvent
aussi être utilisés (tels quels) des hydrolats aromatiques
(HA) ou distillats (eau ayant servi pour la
distillation), qui contiennent en moyenne 2 ‰
d’huiles essentielles, pour lavages de bouche ou
instillations profondes de poches parodontales.
Pour cela, il est possible d’employer, notamment,
le distillat de lavande.
Enfin, un mélange d’huiles essentielles diffusé
en aérosol, ou par simple évaporation au moyen
d’une petite lampe, peut assurer la destruction de
germes contenus dans l’air, tout en dégageant une
odeur discrète et agréable, pouvant masquer celle
de l’habituel eugénol.
Cette méthode est utilisable pour tous les cabinets dentaires, y compris les
salles d’attente.
D’aucuns ont observé un autre
effet bénéfique de cette méthode, qui est celui
d’être calmant (thérapeutique « antistress »).
Ceci,
sans compter, dit-on, la sensation de « bien-être »
(améliorant la qualité de vie et les performances au
travail) procurée au praticien et à ses collaborateurs.
Les huiles essentielles de lavande, pin,
romarin, thym, eucalyptus... sont, entre autres,
employées à cet effet.
Il est important de bien
choisir l’huile essentielle (ou le mélange d’huiles
essentielles), ainsi qu’un appareil adapté au lieu.
B - Conditions d’emploi
:
Pour illustrer nos précédents propos sur la phytothérapie
et l’aromathérapie, voici quelques
citations, de divers auteurs :
« ... Les constituants végétaux sont biodisponibles
et peuvent agir... Le végétal peut donc
soigner, il peut guérir, il peut aussi tuer », préface
de Maurice Jacob.
« La phytoaromathérapie...
on ne le répétera jamais assez, est une
médecine dangereuse, car elle agit... ».
« Il est
dangereux de se lancer dans l’usage des simples
en néophyte.
Il faut les connaître, les étudier et
apprendre à les manier.
Cela peut prendre des années ».
« La phytothérapie est une thérapeutique
à part entière ; c’est une thérapeutique
d’application difficile, qui nécessite une sérieuse
connaissance en la matière ».
Cela démontre, une fois encore, qu’il serait nécessaire
de développer l’enseignement de la phytothérapie
et de l’aromathérapie en faculté d’odontologie,
si l’on veut que les chirurgiens-dentistes ne
soient pas privés d’une partie de moyens thérapeutiques
utiles, auxquels ils peuvent avoir recours, et
relevant de leur capacité professionnelle.
La « phytothérapie » proprement dite, utilise des
plantes ou leurs organes, dans leur ensemble, sans
dissocier les constituants chimiques.
L’emploi de ce totum est basé sur le fait qu’il doit exister une
synergie d’activités pharmacologiques entre plusieurs
constituants.
C’est le cas, par exemple, de la
prêle des champs, dont on peut prescrire de quatre
à six gélules (de 0,350 g) de poudre, par jour, pour
ses effets reminéralisants.
« L’usine végétale » est capable de multiples synthèses et ses
possibilités étant encore à peine entrevues, un autre type de
thérapeutique est représenté par la « plantematière- première », dont l’étude a
prit le nom de « matière médicale », puis de « pharmacognosie ».
En phytothérapie, comme aussi en aromathérapie,
n’existant pas de « pensée unique », les exemples
d’emploi de végétaux rapportés à la suite, soit
pour traitements d’appoint, soit comme curatifs ou
préventifs par eux-mêmes, sont documentés à partir
d’expérimentations pratiques faites par différents
praticiens ou pharmacologues compétents.
La
phytothérapie et l’aromathérapie, en plus de leur
usage local, peuvent être employées en pathologie
buccodentaire par voie systémique en fonction de
la sémiologie des protéines sériques issues du génome
et modifiées par l’environnement.
La phytothérapie
est alors prescrite au moyen des techniques bio-informatiques des « profils
protéiques », surtout lorsque les patients sont asymptomatiques sur
le plan général.
Phytothérapie buccodentaire :
L’usage de plantes pour des applications buccodentaires est connu
depuis la plus haute Antiquité.
Il a perduré à travers les siècles, tant
par des praticiens qu’en médecine populaire.
Diverses
enquêtes, ici ou là, ont montré que les
connaissances à propos des plantes médicinales
buccodentaires sont toujours d’actualité dans un
large public.
De nombreux médicaments
contemporains et produits d’hygiène buccodentaires
contiennent d’ailleurs des extraits de plantes
(sous différentes formes).
À titre documentaire,
parmi les plantes les plus connues en phytothérapie
pour leur utilité dans le domaine buccodentaire
(elles sont plus de 130), une dizaine
d’entre elles sont présentées ci-après.
A - Camomille :
La camomille (Chamaemelum) est un genre de
plante de la division des composées-radiées.
On
classe les trois principales espèces médicinales en
camomille romaine (Anthemis nobilis), camomille
puante, dite « maroute » (Anthemis cotula), et
camomille pyrèthre (Anthemis pyrethrum).
La fleur de camomille (parfois, vulgairement appelée
« marguerite ») ressemble à un soleil.
Au IIe
siècle, Galien fut le premier à utiliser la camomille
pour soigner les migraines et les névralgies.
Les
camomilles, en général, sont originaires d’Europe
occidentale et d’Afrique du Nord, mais elles sont
souvent acclimatées et cultivées partout ailleurs.
En infusion, la camomille est employée comme
calmant et contre les inflammations des muqueuses.
Elle soulage également des douleurs aphteuses.
Les qualités analgésiques de la camomille romaine
sont toujours bien connues de notre temps.
L’huile essentielle de camomille est employée
comme anti-inflammatoire, antalgique, préanesthésique,
calmante (système nerveux central).
Comme principe actif, on trouve de la camomille
dans des dentifrices actuels (particulièrement à
visée parodontothérapique) et des gommes à mâcher.
Il en figure aussi dans des bains de bouche médicamenteux.
La camomille sauvage (Matricaria recutita), une
matricaire, est signalée comme étant particulièrement
efficace (en infusion de fleurs séchées) contre
les douleurs de dents chez les enfants.
Un laboratoire
a proposé un nouveau gel pour massage des gencives afin d’apaiser les douleurs de poussées de
dents chez les enfants.
Il est composé de safran,
guimauve et... camomille.
B - Girofle :
Le girofle (qui est un nom masculin, contrairement
à l’usage courant) ou gérofle ou clou de girofle, est
le bouton floral d’un arbre originaire des Îles Moluques,
lesquelles sont la patrie du giroflier (Eugenia
caryophyllata, ou caryophyllus, Myrtacées).
« Des
patriotes François très-eftimables (sic), ont travaillé
avec fuccès à introduire, en 1770, dans les
Îles de France (Maurice), de Bourbon (Réunion) &
de Séchelles, des plants de girofliers ... C’eft au
zele de M.
Poivre particulièrement, que la France a
cette obligation : de là ces arbres ont été transplantés
à Cayenne... » a rapporté Jean-Christophe Valmont
de Bomare.
Le girofle existait dans l’arsenal thérapeutique
arabe et se trouve dans la pharmacopée de la
médecine chinoise, où il servait de « masticatoire »
(terme qu’employait déjà Hippocrate).
Il ne fut
importé en Europe que vers le VIIIe siècle. En
France, c’est en 1623 que le clou de girofle a été
introduit en thérapeutique dentaire comme analgésique
et antiseptique.
Il a surtout été employé en le
plaçant, in situ, dans la carie dentaire.
De plus,
Pierre Fauchard proposa une « Poudre pour netteier
et blanchir les dents » dans laquelle il faisait entrer
du girofle.
Le clou de girofle renferme des cellules à essence
connue sous le nom d’eugénol (allyl-gaïacol),
composant, avec l’oxyde de zinc, le classique eugénate
toujours utilisé par les chirurgiens-dentistes.
En cas d’alvéolite après extraction dentaire, les
praticiens peuvent également avoir recours à
l’eugénol.
L’huile essentielle extraite des boutons
floraux contient 70 à 80 % d’eugénol.
Elle a des
propriétés anesthésiante et cautérisante pulpaire,
anti-infectieuse et antibactérienne à large spectre
d’action, antivirale et antifongique.
Du girofle
(sous diverses formes) entre dans des bains de
bouche, des dentifrices et des gommes à mâcher.
C - Guimauve :
La guimauve (Althaea officinalis, Malvacées) ou
Bourdon de Saint-Jacques, est souvent plus connue
(surtout dans les textes anciens) sous le nom d’althéa,
expression grecque signifiant, dit Pline : « riche
en remèdes ».
Pourtant, le même Pline attribuait
ce nom d’althéa non pas à la guimauve, mais
à une mauve « à grandes feuilles et racines blanches
».
En fait, il devait pourtant s’agir d’une
guimauve, dont une des appellations anciennes est
d’ailleurs « mauve blanche ».
Le nom de guimauve
viendrait d’une déformation du latin bismalva,
« deux fois la mauve », afin de mettre l’accent sur
la force de ses propriétés ; cette plus grande efficacité
est d’ailleurs signalée par Pline.
Venue des
steppes asiatiques bien avant l’ère chrétienne, la
guimauve s’est facilement acclimatée en Europe et
était recensée dans un des capitulaires de Charlemagne.
En son temps, parlant de la manière de rendre
les dents blanches et d’entretenir les gencives,
Pierre Fauchard proposait une composition très élaborée
de racines de guimauves, précisant que
« pour préparer les racines de guimauve & les
entretenir douces & molles, il faut les cueillir à
l’automne, choifir les plus droites & les plus unies, les couper de la longueur que le fouhaite, & les
faire fécher au soleil, ou dans un lieu médiocrement
chaud, jufqu’à ce qu’elles ne contiennent
plus d’humidité... ».
La guimauve a d’importantes
propriétés émolliente et anti-inflammatoire pour
les muqueuses. On en trouve, notamment, dans un
« gel premières dents », très récent.
D - Lavande :
La lavande vraie (Lavandula vera ou angustifolia ou
officinalis) fait partie des Labiées.
Elle croît en
Europe méditerranéenne, sur des terrains calcaires,
de 700 m jusqu’à 1 800 m d’altitude.
Ses
feuilles sont longues, étroites et blanchâtres, toute
la plante a une odeur aromatique très agréable.
L’étymologie de lavande viendrait de « lavare » qui
signifie « laver » d’où le nom de lavandières de nos
campagnes et la tradition de la lavande dans le
linge.
En Europe, la lavande a été cultivée pour son
huile essentielle dès le XVIe siècle.
La lavande vraie
est inscrite dans la liste des tisanes à la Pharmacopée
française (Xe édition).
La grande lavande dite spic ou aspic (Lavandula
spica ou latifolia), qui croît également sur terrains
calcaires, ne se développe pas au-dessus de 800 m
d’altitude.
Elle est plus grande, à odeur camphrée.
Les hybrides de la lavande aspic et de la lavande
vraie donnent les lavandins, cultivés pour leur forte
teneur en huile essentielle.
Il existe une autre espèce qui croît sur terrains
siliceux à basse altitude : la lavande stoechade
(Lavandula stoechas), stoechas d’Arabie ou lavande
des îles d’Hyères (appelées par les Anciens « Isles
Stécades »), aux fleurs pourpres, à l’odeur entêtante.
La lavande stoechade et la lavande aspic
sont surtout provençales, mais se trouvent également
en Algérie.
Elles fleurissent 1 mois après la
lavande vraie.
La lavande stoechade se caractérise
par une forte teneur en oxyde (1,8 cinéole).
« Les fleurs et les feuilles de lavande excitent
puissamment la salivation, quand on les tient
dans la bouche et qu’on les mâche » indiquait
Jean-Christophe Valmont de Bomare.
Cet effet
sialagogue est toujours reconnu.
Il permet, notamment
et par principe, l’élévation du pouvoir
tampon salivaire, lequel favorise la défense des
dents contre les attaques acides.
Scarron, dans
une épître, a cité la lavande parmi les plantes
que les courtisanes avaient en bouche « pour
avoir le flavier doux ».
C’est toujours un bon
moyen pour lutter contre l’halitose d’origine
buccale.
Actuellement, en pharmacie, on trouve toujours des bains de bouche
dans lesquels la lavande figure comme « principe actif ».
Pour soulager la douleur dentaire, autrefois, il
était conseillé de placer dans la carie de l’huile
essentielle d’aspic sur un coton. Cette pratique
n’est plus usitée, mais toujours utile, en cas de
besoin.
Présentement, pour les abcès dentaires,
par voie interne (avec visée antiseptique), certains
indiquent des gélules gastrorésistantes contenant
des huiles essentielles, dont de lavande.
De l’huile
essentielle de lavande figure parmi les composants
d’un gel gingival.
Pour en soulager la sensibilité,
l’huile essentielle de lavandin faite au Monastère
de la Paix-Dieu (Gard) est conseillée en application
sur les aphtes (humecter un coton-tige et tamponner
la partie ulcérée).
E - Mélaleuque à feuilles alternes
:
Le mélaleuque à feuilles alternes (Melaleuca alternifolia,
Myrtacées), originaire d’Australie, a été
baptisé « arbre à thé » (tea tree) par l’équipage du
capitaine Cook, qui avait utilisé ses feuilles pour
remplacer la boisson nationale une fois leur provision
épuisée.
C’est sous cette appellation de tea
tree qu’il est le plus connu et généralement désigné.
Le Melaleuca alternifolia est utilisé depuis des
siècles par les Bundjalung (tribu aborigène d’Australie)
pour soigner toutes sortes d’affections de la
peau, avec des compresses de feuilles écrasées.
Des colons s’emparèrent de ce remède et en
tirèrent une huile essentielle à puissante activité
bactéricide, antivirale et fongicide, laquelle est
très vite devenue le remède national polyvalent des
Australiens.
Pendant la Seconde Guerre mondiale,
l’armée australienne a inclus un flacon de cette
huile dans le paquetage de tous ses soldats.
Cependant,
du fait d’un petit nombre d’arbres disponibles,
la distillation de cette huile demeura longtemps
artisanale, et afin de ne pas nuire à une
production déjà faible, les coupeurs de feuilles
furent exemptés de service militaire.
Mais, après la
guerre, des recherches aboutirent à des plantations
mécanisées, ce qui augmenta considérablement la
production.
Une équipe de chercheurs australiens a
récemment constaté que l’huile essentielle de tea
tree a une action blanchissante sur les dents.