Les phacomatoses sont un groupe de maladies caractérisées par une
prédisposition génétiquement déterminée au développement de
tumeurs bénignes ou malignes pouvant apparaître au cours de la
vie en différents sites, dont l’oeil.
La maladie de von Recklinghausen
ou neurofibromatose de type 1 (NF1), la neurofibromatose de type 2
(NF2), la sclérose tubéreuse de Bourneville (STB) et la maladie de
von Hippel-Lindau sont les quatre phacomatoses qui sont traitées
dans cet article.
Elles se distinguent entre elles par les organes
susceptibles de développer une tumeur, déterminant ainsi le tableau
clinique et également par le gène impliqué caractérisant l’affection
sur le plan moléculaire.
Chacune de ces phacomatoses peut
comprendre des atteintes oculaires propres, de gravité et d’évolution
variables en fonction de la phacomatose considérée.
L’ophtalmologiste joue un rôle important dans l’évaluation
diagnostique, la prise en charge, et la surveillance de ces patients.
Celle-ci se fait idéalement dans un contexte multidisciplinaire afin
d’avoir une approche globale de l’affection, car elle exige
l’intervention de nombreuses spécialités.
Le mode de transmission de ces quatre affections est autosomique
dominant.
Les gènes responsables de ces pathologies sont tous
identifiés et appartiennent à la famille des gènes suppresseurs de
tumeurs.
Neurofibromatoses
:
Il existe deux formes principales de neurofibromatoses : la NF1 et la
NF2. Ces deux maladies se distinguent par des critères cliniques et
génétiques.
Les atteintes oculaires sont spécifiques à chacune de
ces deux formes de neurofibromatose.
A - NEUROFIBROMATOSE DE TYPE 1
OU MALADIE DE VON RECKLINGHAUSEN :
En 1882, le docteur von Recklinghausen décrit l’origine nerveuse
des tumeurs observées dans la maladie qui portera son nom.
La
prévalence de la NF1, encore appelée « neurofibromatose
périphérique », est estimée à 1/3 000 et représente une des
maladies génétiques les plus fréquentes.
La pénétrance de cette
affection est quasiment complète mais l’expressivité, se traduisant
par la diversité des manifestations cliniques, est très variable, allant
de formes cliniquement très importantes à des formes beaucoup
plus discrètes.
Les manifestations de la maladie sont patentes dans
la majorité des cas avant l’âge de 8 ans et dans pratiquement tous
les cas à l’âge de 20 ans.
Des critères diagnostiques ont été établis à
la suite de la conférence de consensus du National Institute of
Health (NIH) en 1988.
Les lésions caractéristiques, quasi pathognomoniques, de la NF1,
sont les taches « café au lait », les neurofibromes cutanés et les
nodules de Lisch.
D’autres types de tumeurs sont fréquemment
diagnostiqués tels que, par ordre décroissant de fréquence, les neurofibromes plexiformes, les gliomes intracérébraux, les
méningiomes, les neurofibrosarcomes, les xanthogranulomes et les
hémopathies malignes.
Des manifestations orthopédiques sont
classiques, comportant une cyphoscoliose et des pseudarthroses
résultant d’une dysplasie des os longs.
La dysplasie du sphénoïde,
congénitale et unilatérale, s’accompagne volontiers d’un neurofibrome plexiforme de la paupière. Sur le plan
neurologique, des astrocytomes cérébraux peuvent survenir, des
manifestations épileptiques sont possibles, mais surtout, des troubles
du comportement et des difficultés d’apprentissage sont fréquents.
D’autres manifestations cliniques éventuelles sont maintenant bien
caractérisées : une petite taille, une macrocéphalie, un
phéochromocytome à l’âge adulte, ainsi que des dysplasies
artérielles.
Il faut souligner encore une fois l’extrême variabilité
clinique de cette affection.
1- Manifestations cliniques générales
:
* Atteintes dermatologiques
:
Les taches « café au lait » sont caractéristiques de la NF1 et sont le
plus souvent les premiers signes d’appel de l’affection.
Il s’agit
de lésions cutanées planes et pigmentées (de couleur « café au lait »),
à bords nets. Elles sont remarquées, en général, au cours de la
première année de vie, et peuvent ensuite augmenter en nombre.
Pour que ces taches pigmentées (au demeurant courantes dans la
population générale, puisque 25 % des enfants d’âge préscolaire ont
une à deux taches « café au lait ») soient évocatrices de ce diagnostic,
leur nombre doit être supérieur à six et le diamètre supérieur à
0,5 cm avant la puberté et 1,5 cm après la puberté.
Les lentigines,
petites macules hyperpigmentées de 1 à 3mm de diamètre, sont
souvent présentes au niveau des régions non exposées au soleil, en
particulier les plis, et tout particulièrement dans la région axillaire
et dans les régions soumises à des frottements itératifs.
Ces
lésions représentent également une atteinte classique de la NF1 et
apparaissent avant l’âge de 6 ans dans 80 % des cas.
Les neurofibromes cutanés sont des lésions qui se présentent sous
forme de voussures cutanées plus ou moins proéminentes (sessiles
ou pédiculées) apparaissant après la puberté.
Le préjudice
esthétique, fonction de leur nombre et de leur extension, est souvent
important et constitue un problème majeur dans la prise en charge
de cette maladie.
Un prurit au sommet de la lésion est fréquent. Les neurofibromes sous-cutanés sont souvent discrets mais douloureux
car cheminant sur le trajet d’un nerf sous-cutané.
Les neurofibromes plexiformes sont caractérisés par une
prolifération schwannienne importante (cellules de l’enveloppe des
tuniques d’un nerf proliférant dans la longueur et l’épaisseur du
nerf, s’immisçant entre les nombreux fascicules de ce dernier).
Ils peuvent être diffus ou nodulaires et dans ce cas concerner des
racines nerveuses dorsales et des plexus nerveux.
Les névromes plexiformes peuvent être superficiels ou profonds et présenter une
extension superficielle se traduisant par une tuméfaction dont la
palpation révèle une impression de cordage.
Ces tumeurs, au départ bénignes, peuvent d’une part subir une
transformation maligne (en neurofibrosarcome dans 5 % des cas)
et/ou d’autre part entraîner une compression des structures
adjacentes dans certains cas délétères, notamment pour les
localisations au niveau de la moelle épinière.
* Manifestations cliniques oculaires
:
+ Nodules de Lisch : marqueurs phénotypiques
Les nodules de Lisch sont des hamartomes mélanocytiques de l’iris.
Ils sont présents chez la plupart des patients NF1 et leur
prévalence augmente avec l’âge : 50 % à l’âge de 5 ans, 75 % à l’âge
de 15 ans et 90-95 % chez l’adulte.
Exceptionnellement, ils
peuvent être la seule manifestation de l’affection, comme cela a été
rapporté dans une famille où la mère n’avait que des nodules de Lisch, alors que ses deux fils exprimaient d’autres manifestations
typiques de NF1.
La recherche de nodules de Lisch, bien que parfois visibles à l’oeil
nu, exige un examen à la lampe à fente et sont observés au mieux
avec une illumination proximale et non directe. Généralement
bilatéraux, mais parfois strictement unilatéraux, leurs taille et
nombre sont très variables.
Ils sont avasculaires, réguliers, à contours
peu marqués, surélevés en « dôme » par rapport à la surface de
l’iris, avec un aspect de nodule gélatineux.
La coloration varie selon
la couleur globale de l’iris.
Ainsi, sur fond bleu ou vert, la coloration
est brun clair jaune à brun, avec des bords un peu flous, alors que
sur fond brun ils prennent un aspect plutôt crème avec un bord
plus net.
Leur aspect translucide et leur forme semihémisphérique
permettent de les distinguer par rapport aux banals
nævi iriens qui sont moins surélevés, d’allure plus massive,
condensés et riches en pigments.
L’importance diagnostique de ces nodules est telle que leur présence,
associée à des taches « café au lait » en nombre conséquent, suffit à
poser le diagnostic de NF1 et inversement, leur absence chez un
individu à risque (appartenant à une famille NF1) et sans aucun
autre signe évocateur de NF1 rend le diagnostic peu
vraisemblable.
+ Gliome des voies optiques : tumeur de l’enfance
Les gliomes des voies optiques et les gliomes cérébraux sont les
tumeurs intracrâniennes volontiers associées à la NF1.
Les
gliomes des voies optiques sont l’apanage de l’enfant et surviennent
avant l’âge de 7 ans.
Dans la population générale, elles représentent
2 à 5 % des tumeurs cérébrales de l’enfant et sont dans 70 % des cas
associées à une NF1.
Leur histoire naturelle est maintenant mieux
connue grâce aux progrès de l’imagerie.
L’incidence des
gliomes des voies optiques est évaluée à 15 % ; cependant, seule la
moitié des cas est symptomatique.
L’âge moyen de survenue est
évalué à 4,2 ans et tous les cas symptomatiques ont été rapportés
avant l’âge de 6 ans.
Listernick estime que seulement un tiers des
patients NF1 avec un gliome des voies optiques auront un problème
visuel.
Les signes d’évolutivité sont l’apparition rapide d’une
exophtalmie, une baisse de vision, une anomalie du réflexe photomoteur, une atrophie du nerf optique, un oedème papillaire,
un strabisme ou un trouble de la vision des couleurs.
En cas
d’atteinte chiasmatique, il est possible que survienne une puberté
précoce qui se traduit par une poussée de croissance qui doit être
systématiquement recherchée chez tous les enfants NF1 par un
contrôle annuel de leur taille, ainsi que par la recherche
systématique d’un développement sexuel prématuré.
D’une
manière générale, l’histoire naturelle des gliomes des voies optiques
est plus bénigne chez l’enfant porteur d’une NF1 par rapport à un
autre enfant porteur d’un gliome isolé.
De plus, les gliomes NF1 ont
une histoire naturelle assez prévisible : la moitié des tumeurs
découvertes par examen systématique n’évoluent pas.
L’autre moitié
peut subir une période de croissance symptomatique, mais la
croissance tumorale se stabilise le plus souvent.
Une étude portant
sur 33 enfants suivis pendant plus de 8 ans pour un gliome des
voies optiques a pu montrer que 16 d’entre eux, découverts par un
examen d’imagerie systématique, n’ont pas montré d’évolution.
Parmi les 17 cas symptomatiques, seuls trois ont connu une
progression des symptômes ou une croissance tumorale
documentée.
La technique d’imagerie conseillée est une imagerie par
résonance magnétique (IRM) avec gadolinium qui révèle, en
séquence T2, une tumeur fusiforme avec un signal de haute densité
entourant une zone de plus faible contraste.
Alors que le dépistage
systématique par imagerie a été privilégié chez les enfants NF1
asymptomatiques, les études récentes tendent a déconseiller une
détection par IRM mais basent leur surveillance sur un suivi clinique
systématique par des examens ophtalmologiques réguliers.
Tous
les enfants présentant des anomalies de cet examen doivent subir
une IRM.
Le protocole de surveillance proposé par Listernick
est le suivant : évaluation de la vision (échelle adaptée en fonction
de l’âge), vision des couleurs, champs visuels, examens à la lampe à
fente et fond d’oeil.
Il est également conseillé de vérifier l’alignement
oculaire, la fixation, et d’effectuer un examen sous cycloplégiques.
De plus, une surveillance pédiatrique est nécessaire pour dépister
une croissance accélérée ou une puberté précoce, évocatrices d’une
atteinte chiasmatique.
Il est probable qu’un certain nombre d’enfants NF1 atteints de
gliomes des voies optiques ont subi un traitement un peu trop lourd
par le passé à la lumière des connaissances que nous avons
maintenant concernant l’histoire naturelle de cette atteinte. L’attitude
actuelle prône une surveillance attentive de ces lésions.
En cas
d’évolution défavorable, plusieurs alternatives peuvent être
considérées : la chirurgie rarement, la radiothérapie (plutôt
déconseillée dans cette région chez l’enfant), la chimiothérapie
(carboplatinum et/ou vincristine).
+ Atteintes de la région orbitaire
:
Elles comportent les atteintes liées à des proliférations tumorales à
partir de tout trajet nerveux de l’orbite ou résultant d’une dysplasie
osseuse tout particulièrement au niveau de la grande aile du
sphénoïde.
Le neurofibrome plexiforme de la paupière concerne généralement
la paupière supérieure.
Bien que congénitale, cette lésion devient
évidente entre 2 et 6 ans, subit une croissance rapide dans les
premières années de vie, puis peut se stabiliser.
Cette
tumeur, classiquement unilatérale, entraîne un ptosis et confère à la
paupière supérieure une déformation du bord libre en forme de
« S ».
La palpation donne une impression de « cordages » ou de « pelote de ficelle » comme pour les autres neurofibromes cutanés.
Une extension orbitaire, avec exophtalmie, est présente dans 25 %
des cas et peut englober le sinus caverneux.
L’importance du
processus peut donner dans certains cas un aspect défigurant de mégapaupière hypervascularisée.
L’association, bien que rare, avec
une buphtalmie est possible.
Le traitement chirurgical de ces neurofibromes plexiformes est rendu
difficile car la masse tumorale est mal définie, constituée de filets
nerveux hypertrophiés, richement vascularisés, avec un revêtement
cutané fragile et une tendance à la récidive.
L’orbite peut être le siège d’une dysplasie osseuse, avec en
particulier une atteinte dysplasique de la grande aile du sphénoïde
pouvant conduire à des tableaux comportant une exophtalmie
pulsatile.
Les causes d’exophtalmies en rapport avec la NF1 sont
nombreuses et incluent les tumeurs orbitaires (neurofibromes
plexiformes, méningiomes), les gliomes des voies optiques, les
méningiomes au niveau des gaines du nerf optique et les
encéphalocèles sphéno-orbitaires associées aux dysplasies du
sphénoïde.
Inversement, les dysplasies orbitaires peuvent conduire
à une énophtalmie en cas d’élargissement des parois orbitaires,
parfois également associée à une dysplasie du sphénoïde.
Le traitement des atteintes palpébrales et orbitaires est souvent
difficile et requiert une prise en charge experte.
+ Autres atteintes oculaires
:
L’hypertrophie des filets nerveux de la cornée est classique et des neurofibromes conjonctivaux ont été rapportés.
Un glaucome congénital unilatéral chez des enfants atteints de NF1
a été rapporté à plusieurs reprises.
Ces glaucomes sont souvent
associés à la présence d’un neurofibrome de la paupière ipsilatérale.
L’envahissement de l’angle iridocornéen par un processus
neurofibromateux expliquerait le tableau clinique.
La NF1 reste
néanmoins une cause exceptionnelle de glaucome congénital.
Les atteintes rétiniennes sont peu fréquemment associées à la NF1.
Cependant, des nævi ainsi que des mélanomes choroïdiens ont été
rapportés.
Les hamartomes combinés de la rétine semblent
exceptionnels par rapport à leur survenue dans le cadre de la NF2.
2- Gène NF1
:
Le gène NF1 a été localisé sur le bras long du chromosome 17 (17
q11.2) et a été identifié en 1990.
Il code pour une protéine
baptisée neurofibromine.
Le gène NF1 est très grand (300 kb et 59
exons) et de type suppresseur de tumeur.
La neurofibromine est une
protéine activatrice des GTPases régulant l’activité de l’oncogène
RAS agissant sur le contrôle de la différenciation et la prolifération
cellulaires.
Les mécanismes moléculaires conduisant au
développement d’une tumeur sont encore mal connus.
La détection systématique de mutations à titre diagnostique est
rendue difficile par la taille très importante de ce gène. Les études
familiales par marqueurs chromosomiques de la région NF1 sont
possibles et constituent une aide considérable pour le conseil
génétique lorsque plusieurs cas sont connus pour une famille
donnée.
Dans 50 % des cas, il existe une histoire familiale, alors que l’autre
moitié des cas relève de néomutations, ce qui traduit un fort taux de
mutabilité de ce gène.
Une néomutation est une mutation survenue
de novo chez le patient alors que ni ses parents, ni ses frères et soeurs
ne sont porteurs de cette mutation, mais le patient en question a un
risque de 50 %, comme pour toute affection dominante, de le
transmettre à sa descendance.
B - NEUROFIBROMATOSE DE TYPE 2
:
La NF2, au préalable qualifiée de neurofibromatose « centrale », est
une affection différente de la NF1 sur les plans clinique et
moléculaire.
La présence de schwannomes vestibulaires bilatéraux
et de tumeurs du système nerveux central (SNC) caractérise cette
maladie.
L’incidence de l’affection, estimée à 1/33 000 à 1/40 000,
est inférieure à celle de la NF1.
1- Manifestations cliniques générales
:
La présence bilatérale de neurinomes de l’acoustique signe le diagnostic
qui est encore plus évident s’il s’y rajoute la présence de
méningiomes du cerveau et de schwannomes des racines dorsales
de la moelle épinière.
Les taches « café au lait » et les nodules de Lisch sont très rares par rapport à la NF1.
Deux sous-types cliniques ont été proposés : un type sévère avec un
début avant 20 ans, de nombreuses tumeurs du SNC, en plus des
schwannomes vestibulaires, et une progression rapide des lésions
pouvant conduire au décès vers l’âge de 40 ans ; une forme plus
modérée, avec des symptômes n’apparaissant que vers l’âge de
30 ans, peu d’autres tumeurs en dehors des neurinomes de
l’acoustique et une évolution clinique plutôt bénigne.
Cependant,
ces deux types cliniques classiques sont remis en question.
En
général, les manifestations sont similaires pour les individus d’une
même famille, mais il a été décrit des familles avec certains membres
présentant une forme sévère et d’autres une forme modérée.
D’une
manière générale, l’âge moyen de début des signes se fait entre 20 et
26 ans, mais 10 % des cas sont diagnostiqués avant l’âge de 10 ans.
Le dépistage de neurinomes de l’acoustique se fait au mieux avec
une IRM au gadolinium complétant le bilan audiométrique de sujets
à risque dans une famille.
2- Manifestations cliniques oculaires :
Il existe une fréquence très élevée, estimée à 80 % des cas, de
cataractes précoces tout particulièrement composées d’opacités
capsulaires postérieures et/ou nucléaires observées avant l’âge de
30-40 ans, à tel point que l’observation d’opacités
postérieures capsulaires précoces peut servir de marqueur génétique
pour les apparentés de patients atteints de NF2.
De plus,
l’observation d’opacités périphériques corticales d’apparition
précoce semble également plus fréquente chez les patients NF2.
Les
conséquences visuelles de ces cataractes, qui représentent plutôt une
aide diagnostique, sont relativement modérées, mais peuvent
conduire à plus ou moins long terme à une intervention.
* Manifestations rétiniennes
:
Les hamartomes et les membranes épirétiniennes sont les
manifestations rétiniennes les plus classiques, mais restent
relativement rares.
Les hamartomes combinés de l’épithélium pigmentaire et de la rétine sont des lésions juxtapapillaires,
maculaires ou périphériques, constituées par une masse légèrement
surélevée avec une accentuation de la pigmentation au niveau de
l’épithélium pigmentaire et la présence d’un tissu épirétinien et
rétinien épaissi de couleur gris-blanc.
Cette lésion s’accompagne
volontiers d’une contraction de la surface rétinienne interne et de
l’attraction des vaisseaux rétiniens alentours vers son centre.
Classiquement, ce diagnostic est fait avant l’âge de 20 ans en
l’absence de contexte clinique particulier, et le plus souvent de
manière sporadique.
Néanmoins, plusieurs cas d’hamartomes
combinés de l’épithélium pigmentaire et de la rétine ont été
rapportés pour des patients présentant une NF2.
Dans ce
cadre, la présence d’hamartomes rétiniens et de membranes
épirétiniennes a été décrite comme représentant des aspects
différents d’un même processus pathologique au niveau des cellules
gliales et des cellules endothéliales vasculaires.
Des membranes épirétiniennes ont été observées chez sept patients d’une série de
neuf patients atteints de NF2 et pour six yeux parmi 12 yeux de
patients NF2 d’une autre série.
* Autres manifestations oculaires
:
Plusieurs cas de gliomes des voies optiques ont été rapportés chez
des patients NF2.
Une altération de la fonction visuelle pour les patients NF2 peut
être la conséquence d’opacification cornéenne en raison d’atteintes
de la Ve et/ou VIIe paire crânienne.
Celles-ci peuvent résulter d’une
formation tumorale au niveau du nerf lui-même, ou être iatrogènes
dans les suites chirurgicales du traitement d’une autre tumeur, de
voisinage par exemple.
De plus, une éventuelle hypertension
intracrânienne peut avoir des conséquences sur la vision.
3- Caractérisation génétique de la NF2
:
Le gène NF2, localisé en 22q, a été identifié en 1993 et entre dans la
catégorie des gènes suppresseurs de tumeurs.
Ce gène code pour
une protéine dénommée schwannomine ou merline, et qui jouerait
un rôle entre le cytosquelette et les protéines membranaires en
maintenant l’organisation du cytosquelette pendant la croissance
cellulaire.
Une perte d’hétérozygotie a pu être clairement mise en évidence
dans les tumeurs de type schwannome, confirmant le rôle de ce gène
comme suppresseur de tumeur.
Il est estimé actuellement que
50 % des cas de NF2 résultent de mutations ponctuelles, et dans
30 % des cas de larges délétions.
Il a été observé que les
manifestations rétiniennes étaient présentes chez des patients
porteurs de mutations ponctuelles de type non-sens dans le gène
NF2, pouvant représenter une éventuelle corrélation entre le
phénotype et le génotype, non confirmée par ailleurs.
Sclérose tubéreuse de Bourneville
:
Le premier cas, une jeune fille présentant une épilepsie, un retard
mental et des papules au niveau des joues, du front et du nez, fut
rapporté par le neurologue français Bourneville en 1880.
La STB est caractérisée par le développement de tumeurs bénignes
et d’hamartomes, dans différents organes cibles, notamment la peau,
le cerveau, la rétine, les reins et le coeur.
Cette affection a une
incidence de 1/10 000.
Alors que les lésions cutanées ont un rôle
diagnostique important, les manifestations neurologiques de
l’affection sont souvent au premier plan.
Comme pour les autres phacomatoses, la variabilité d’expression clinique peut poser des
problèmes diagnostiques, raison pour laquelle des critères
diagnostiques ont été établis de manière consensuelle pour cette
maladie.
1- Manifestations cliniques générales :
* Manifestations cutanées
:
Les manifestations dermatologiques de la STB sont des critères
cliniques importants pour le diagnostic et comportent des taches
achromiques, des plaques « peau de chagrin », des fibromes
unguéaux et les typiques angiofibromes faciaux.
Les taches achromiques sont présentes chez 90 % des patients.
Ces taches ont une forme polygonale.
Elles sont difficiles à voir chez
le nouveau-né sans lampe à ultraviolets (lumière de Wood).
Une ou
deux de ces lésions peuvent être présentes de manière courante chez
un individu normal.
Trois quarts des patients auront des angiofibromes faciaux, nodules
hamartomateux sous forme de papules ou papilles rosées à rouges,
qui apparaissent plusieurs années après la naissance (vers 5 ans) au
niveau de la région malaire, puis s’étendent vers les sillons
nasogéniens, voire même sur le menton.
Les plaques en « peau de chagrin » ont une forme irrégulière, sont
légèrement surélevées et trouvées en particulier au niveau du dos et
des flancs chez 20 à 30 % des patients.
Les fibromes unguéaux sont trouvés chez 20 % des patients environ.
Ces fibromes soulèvent l’ongle ou émergent à sa bordure.
Des plaques cutanées fibreuses légèrement surélevées au niveau du
front sont également caractéristiques et peuvent être observées à la
naissance.
* Manifestations neurologiques
:
Les atteintes neurologiques de la STB sont les manifestations
cliniques les plus préoccupantes de la maladie, bien que des formes
très modérées de la maladie existent.
L’épilepsie, classiquement
à type de spasmes infantiles ou à type de crises tonicocloniques, est
très fréquente, estimée à 60 % des cas.
Près de 40 % des patients
présentent un retard mental qui peut revêtir différents grades de
sévérité, de fruste à sévère.
Le développement peut être normal au
départ, avec l’apparition secondaire de l’épilepsie puis d’un retard
intellectuel, avec généralement une stabilisation du tableau
neurologique global.
Le traitement, le nombre et la taille des lésions
cérébrales conditionnent le pronostic.
Les lésions cérébrales sont
généralement explorées à l’aide conjointe d’un scanner et d’une IRM.
Le tuber cortical est une lésion cérébrale focale de type hamartomateux, dont la taille moyenne est comprise entre 1 à 2 cm.
Le tuber peut être unique ou multiple (ce qui est diagnostique) et
situé à l’interface substance grise-substance blanche.
Les nodules sous-épendymaires subissent une calcification progressive et sont
caractéristiques de l’affection.
Ils peuvent perturber la circulation du
liquide céphalorachidien.
Des troubles du comportement (autisme,
agressivité) sont fréquemment observés.
La dysfonction
neurologique est due à des anomalies de migration neuronale et de
différenciation cellulaire (des anomalies de migration neuronale,
hétérotopies de matière grise par exemple, sont fréquemment
notées).
* Manifestations viscérales
:
Près de deux tiers des patients auraient un rhabdomyome cardiaque,
bien que peu d’entre eux aient une symptomatologie cardiaque.
Ces hamartomes peuvent être une cause de défaillance cardiaque à la
naissance ou de troubles cardiaques de l’enfance.
Les angiomyolipomes rénaux sont également fréquents, mais non
pathognomoniques s’il n’y a pas d’autres manifestations cliniques.
Une lymphangiomatose pulmonaire est présente, rarement, mais
peut entraîner une symptomatologie pulmonaire à l’âge adulte.
2- Manifestations cliniques oculaires :
* Hamartomes rétiniens
:
Les phacomes rétiniens sont présents chez près de 50 % des
patients.
Ces hamartomes gliaux, caractéristiques de
l’affection, ont été décrits sous trois types cliniques. Pour le type
1, ils sont discrets, non surélevés, à bords flous, de couleur
translucide gris-jaune, se situant à la surface de la rétine.
Plus
évidents sont les phacomes de type 2, surélevés, nodulaires,
jaunâtres, avec un aspect framboisé très évocateur.
Le phacome
framboisé présente une autofluorescence et une hyperfluorescence
marquées aux stades tardifs d’une angiographie, en raison des
vaisseaux dilatés qui le constituent.
Des calcifications peuvent être
vues à l’échographie oculaire ou au scanner.
Le type 3 est une forme
intermédiaire.
Ces lésions sont bénignes et très peu évolutives.
Il ne semble pas
qu’il y ait d’évolution très évidente sur le long terme de ces astrocytomes rétiniens, d’après une étude américaine portant sur 16
patients avec 16 ans de suivi en moyenne.
Rarement, leur taille
peut augmenter et des calcifications apparaître.
En revanche,
l’apparition de nouvelles lésions translucides de type 1 a pu être
mise en évidence.
Le pôle postérieur est préférentiellement
concerné, en particulier la papille pour les formes de type 2.
Il n’y pas ou peu de conséquences sur la vision, sauf lorsque la fovea
est concernée par le processus.
Des hamartomes rétiniens ont pu
être observés chez des nourrissons.
Plusieurs cas d’astrocytomes rétiniens à cellules géantes,
histologiquement identiques aux astrocytomes à cellules géantes
sous-épendymaires observés dans la STB, ont été rapportés.
Des taches achromiques, équivalentes aux taches achromiques
cutanées, au niveau de la choroïde, peuvent être observées.
* Autres atteintes oculaires
:
Une poliose au niveau des cils représente une des manifestations
achromiques de l’affection.
Des angiofibromes palpébraux géants ont été rapportés.
De plus, il faut garder à l’esprit les éventuelles manifestations
oculaires résultant des complications neurologiques, notamment en
cas d’hypertension intracrânienne.
3- Aspects génétiques
:
Cette maladie autosomique dominante se caractérise par une
pénétrance variable et une variabilité d’expressivité notoire, car
elle peut se manifester par très peu de signes cliniques, jusqu’au
tableau complet avec atteinte de tous les organes mentionnés
ci-dessus.
Deux gènes, de type gène suppresseur de tumeurs, ont été identifiés
pour la STB : le gène codant pour l’hamartine (TSC1) localisé
en 9q34 et le gène codant pour la tubérine (TSC2) localisé en
16p. Ces deux protéines interagiraient in vivo.
Dans près de deux tiers des cas, aucun antécédent familial n’est noté.
Dans ce cas, il s’agirait de néomutations pour une grande part, mais
il existerait également une fréquence non négligeable de mosaïques
germinales (un des parents, cliniquement indemne, possède une
double population cellulaire dans ces cellules reproductrices, une
population porteuse de la mutation et l’autre saine).
Maladie de von Hippel-Lindau
:
L’ophtalmologiste allemand Eugen von Hippel (1885) et un
anatomopathologiste suédois Arvid Lindau (1926) ont contribué
a décrire cette affection.
La maladie de von Hippel-Lindau se
caractérise par la survenue de tumeurs à type d’hémangioblastome
du SNC et de la rétine, ainsi que de tumeurs viscérales : cancer du
rein avant l’âge de 45 ans, kystes rénaux multiples, kystes ou
tumeurs pancréatiques, phéochromocytomes.
Le
diagnostic est porté chez tout patient présentant au moins deux hémangioblastomes ou un hémangioblastome et une lésion
viscérale.
En présence d’une histoire familiale évidente, une seule
lésion suffit.
L’incidence de l’affection est évaluée à 1/36 000.
Le
retard diagnostique dû à la variabilité des manifestations cliniques
est une des principales difficultés rencontrées dans la prise en charge
de ces patients.
Un diagnostic précoce permet une surveillance et
des mesures préventives de lésions pouvant menacer le pronostic
vital ou visuel.
Le gène de cette affection autosomique dominante
est identifié et permet véritablement d’optimiser la prise en charge
et le conseil génétique des familles.
1- Manifestations cliniques générales
:
L’hémangioblastome du SNC, une tumeur vasculaire bénigne, est
une lésion présente dans 60 à 70 % des cas.
La fosse postérieure
et la moelle épinière sont les deux sites privilégiés des hémangioblastomes, souvent multiples.
La détection des
ces lésions implique une IRM de l’ensemble du névraxe.
La prise en
charge neurochirurgicale varie en fonction de l’évolutivité.
Les
atteintes viscérales doivent être dépistées également le plus
précocement possible.
Le cancer du rein à type d’adénocarcinome à
cellules claires, souvent bilatéral et de type kystique, est
découvert à un âge jeune (40 ans) par rapport aux cancers du rein
sporadiques.
Des kystes rénaux bénins peuvent également être
rencontrés.
Le phéochromocytome est présent dans 15 % des cas.
Il
peut se manifester par une hypertension artérielle, qui peut devenir
paroxystique, plutôt que par les signes caricaturaux (céphalées,
palpitations, sueurs).
Le dosage des métanéphrines urinaires permet dans un grand nombre de cas le dépistage de cette affection.
L’atteinte pancréatique se caractérise par des kystes multiples, et
plus rarement par des tumeurs endocrines.
Plusieurs autres atteintes
plus anecdotiques peuvent survenir : cystadénomes de l’épididyme,
kystes du ligament large ovarien et tumeurs du sac
endolymphatique.
Il faut souligner la grande variabilité d’expressivité de cette maladie
dans les familles.
Ainsi, alors que certains patients expriment le
spectre complet de l’affection, d’autres n’ont que peu d’atteintes.
2- Manifestations oculaires :
Elles surviennent entre 52 et 70 % des cas en fonction des
séries.
L’atteinte oculaire résulte du développement d’un hémangioblastome au niveau de la rétine.
Elle révèle
l’affection dans au moins 30 % des cas, ce qui souligne ici que
l’ophtalmologiste peut être le premier à évoquer ce diagnostic, alors
que d’autres lésions ne sont pas encore symptomatiques.
Bien
qu’elles puissent être diagnostiquées dès le jeune âge (voire
exceptionnellement à la naissance), l’âge de prédilection de leur
survenue est compris entre 15 et 30 ans.
Cette période de la vie,
par rapport à l’histoire naturelle de la maladie, implique une
surveillance toute particulière du fond d’oeil pour détecter les lésions
le plus précocement possible.
En effet, plus précoce est le traitement,
meilleur est le pronostic.
L’hémangioblastome rétinien est
exactement du même type histologique que les tumeurs du SNC.
Son caractère histologiquement bénin peut néanmoins compromettre
la vision en fonction de sa localisation (papillaire par exemple) ou
de son volume, pouvant entraîner une exsudation importante ou un
décollement de rétine.
Les lésions peuvent être uniques ou
multiples, uni- ou bilatérales.
Les petits hémangioblastomes sont de petites lésions rouges dont le
diamètre ne dépasse pas celui d’un vaisseau rétinien.
Des lésions
vasculaires rondes ou ovales, à bords flous, touffues et très peu
surélevées, localisées au niveau de la rétine superficielle, ont été
identifiées et pourraient représenter un stade précoce de l’évolution
des hémangioblastomes.
La détection et la confirmation des
petites lésions nécessitent souvent une angiographie à la fluorescéine
qui est recommandée par les auteurs anglo-saxons dans le bilan
initial.
Les lésions de taille moyenne à grande (pouvant aller
jusqu’à trois diamètres papillaires) sont aisément repérables par un
examen en ophtalmoscopie directe ou indirecte, sous la forme d’une
élévation tumorale ovalaire rouge orangé comportant une artère
nourricière afférente et un drainage veineux efférent, tous deux
dilatés.
La moyenne périphérie est le lieu de prédilection de ces
lésions, tout particulièrement pour le quadrant temporal
supérieur.
Les hémangioblastomes surviennent plus rarement au
pôle postérieur, mais dans cette localisation, avec une prédilection
pour la région papillaire.
Les angiomes papillaires et juxtapapillaires
sont plus rares que les rétiniens (1/10 environ) et ont été décrits
comme sessiles, endophytiques et exophytiques.
La croissance de l’hémangioblastome conduit à une perméabilité
accrue des capillaires, entraînant une exsudation intrarétinienne plus
ou moins importante pouvant menacer la macula et/ou entraîner
un décollement exsudatif de la rétine.
Le traitement des décollements de rétine résultant d’hémangioblastomes évolués est
particulièrement délicat et difficile.
Les autres complications
rapportées sont des décollements reghmatogènes, des trous
maculaires, des hémorragies intravitréennes, une néovascularisation
papillaire ou périphérique pouvant d’ailleurs coiffer
l’hémangioblastome, des glaucomes néovasculaires, et enfin des
phtises oculaires pour les cas désespérés.
L’hyperfluorescence des
hémangioblastomes rétiniens à l’angiographie est la règle.
Dans
certains cas, la régression spontanée d’hémangioblastomes rétiniens
est caractérisée par un aspect blanc, fibrotique, et une atténuation
des vaisseaux nourriciers, la lésion restant fluorescente à
l’angiographie.
* Hémangioblastomes rétiniens « a priori » isolés
:
La découverte d’un hémangioblastome unique, apparemment isolé,
impose de soulever la question d’un éventuel diagnostic de maladie
de von Hippel-Lindau, même s’il n’y a pas d’antécédents
particuliers dans la famille du patient.
Cette situation impose un
bilan initial, comme pour tout autre patient suspect d’être atteint
par cette maladie.
Une étude britannique récente a porté sur 32 cas
d’hémangioblastomes sporadiques, parmi lesquels 17 n’ont pas pu
être attribués sur des critères cliniques ou moléculaires à la maladie
de von Hippel-Lindau, confirmant pour ces auteurs l’existence de
véritables hémangioblastomes rétiniens isolés.
Néanmoins, une
surveillance prolongée de ces individus est recommandée.
* Traitement des hémangioblastomes rétiniens
:
Le traitement des lésions se fait au laser argon, par application
directe des impacts sur l’hémangioblastome dans le but de
« blanchir » celui-ci (tumeurs < 3 mm, 0,8 diamètre papillaire).
Le laser à argon est le traitement de choix puisque son spectre bleuvert
est particulièrement bien absorbé par ces tumeurs riches en
hémoglobine.
Plusieurs séances peuvent être nécessaires pour
détruire la tumeur.
Pour certains, l’injection de fluorescéine 1 à
2 minutes juste avant le traitement au laser argon potentialiserait
l’effet du traitement.
L’efficacité du traitement peut être évaluée
par la réduction du calibre du vaisseau nourricier, la réduction du
degré de fuite angiographique et la diminution du liquide sousrétinien.
Pour le traitement des hémangioblastomes relativement
importants, Gorin conseille une photocoagulation du corps de la
tumeur, puis de l’artériole nourricière, puis de la veinule efférente,
suivie de nouvelles applications au niveau de l’hémangioblastome
si nécessaire.
De nouvelles lésions apparues au niveau de zones cicatricielles de
laser ont été rapportées et pourraient être attribuées à la stimulation mitogénique des cellules au niveau de la cicatrice potentiellement
mutagène (observation personnelle).
Les lésions périphériques
non accessibles au traitement par laser (> 3 mm, > 0,8 diamètre
papillaire) ou associées à une exsudation importante ou un
décollement de rétine peuvent être traitées par cryothérapie.
Pour les lésions papillaires, le traitement est délicat puisqu’il peut
détruire les faisceaux nerveux, notamment interpapillomaculaires.
Le traitement précoce au laser argon vert, bien que n’étant pas idéal,
est un traitement récemment recommandé par certains auteurs.
Dans les cas évolués, la chirurgie rétinovitréenne est souvent le
dernier recours.
3- Caractérisation génétique
:
Le gène responsable de cette affection, localisé en 3p25-p26, a été
identifié en 1993.
Ce gène de type suppresseur de tumeur comporte
trois exons et code pour une protéine pVHL.
Cette protéine joue un
rôle essentiel pour la régulation de la croissance et la différenciation
cellulaires, en particulier au niveau du rein.
L’inactivation de ce gène
est d’ailleurs un des événements les plus fréquents dans le cancer du
rein d’une manière générale.
Cette inactivation a également été
démontrée au niveau de la rétine.
Ce gène joue un rôle capital au
niveau de l’ubiquitination des protéines (dégradation par voie
protéasomale des protéines cellulaires).
La pVHL régule ainsi
l’angiogenèse par l’intermédiaire du vascular endothelial growth factor
(VEGF) qui est surexprimé dans les tumeurs liées à la maladie de
von Hippel-Lindau, en particulier dans les hémangioblastomes
et les cancers du rein.
Dans plus de 80 % des cas, il est possible d’identifier la mutation
causale.
L’identification de la mutation signe ce diagnostic et
permet l’étude familiale déterminant les individus porteurs de la
mutation nécessitant impérativement une surveillance clinique.
Les explorations cliniques, dans ce cas, ne sont plus
nécessaires pour les membres de la famille qui ne sont pas porteurs
de la mutation.
Le diagnostic présymptomatique des enfants
mineurs, dans cette situation particulière, est souhaité, car il permet
de détecter d’éventuelles lésions pour lesquelles un traitement
précoce est recommandé.
Alors que certaines manifestations
cliniques, comme le phéochromocytome, sont liées à certaines
mutations permettant des corrélations génotype-phénotype, très
utiles pour la surveillance des patients, les manifestations ophtalmologiques ne semblent pas correspondre à des mutations
particulières (observation du Groupe francophone d’étude de la
maladie de von Hippel-Lindau [GEFVHL]).
Les hémangioblastomes rétiniens semblent pouvoir survenir, quel que
soit le type de mutation et sa localisation au niveau du gène.
4- Surveillance
:
Le rythme de surveillance est au moins annuel, voir biannuel, et
doit comporter un examen complet de la rétine et tout
particulièrement de la moyenne périphérie.
La période critique
de 15-30 ans impose une surveillance soutenue.
L’angiographie n’est
pas toujours systématique, mais varie selon les pays et les auteurs.
Elle est particulièrement utile en cas de suspicion de lésion de petite
taille ou pour évaluer l’hyperfluorescence d’un hémangioblastome
bien individualisé avant et après traitement au laser contrôlant son
efficacité.
Conclusion
:
Les manifestations oculaires des phacomatoses sont multiples et exigent de
réserver une place importante à l’ophtalmologiste dans le diagnostic et la
prise en charge de ces affections.
Le conseil génétique des phacomatoses est
une étape incontournable qui nécessite une consultation spécialisée.
De plus,
il existe en France et à l’étranger de nombreuses associations de malades
pour les différentes pathologies traitées ci-dessus.
L’actualisation de leurs
coordonnées, ainsi que les consultations et laboratoires spécialisés, peuvent
être trouvés par l’annuaire ORPHANET, rédigé sous l’égide de l’Inserm
(http : //www.infobiogen.fr/services/orphanet).