Mortalité et morbidité infantiles Cours de santé publique
Mortalité et morbidité infantiles :
A - Définitions :
1- Mortalité infantile :
Elle représente le nombre de décès d’enfants de moins
de 1 an (de la naissance à 365 jours révolus) rapportés
à 1 000 naissances vivantespour l’année.
Le taux en
France, en 1995, est de 4,9 pour 1000.
Les deux composantes de la mortalité infantile sont la
mortalité néonatale et la mortalité postnéonatale.
2- Mortalité
périnatale :
Elle représente
le nombre de décès survenus entre la 28e semaine de grossesse et le
7e jour de vie inclus rapporté à 1 000 naissances totales
(naissances vivantes et sans vie), pour l’année.
Le taux en
France en 1994 est de 7,4 pour 1 000.
3- Mortinatalité (parfois appelée mort foetale
tardive) :
Elle représente le nombre de décès survenus entre la 28e
semaine de grossesse et la naissance rapporté à 1 000 naissances
totales, pour l’année.
Ce taux en France en 1994
est de 5,1 pour 1 000.
4- Mortalité néonatale précoce
:
Elle représente le nombre de décès survenus entre la
naissance et le 7e jour inclus, rapporté à 1000 naissances
vivantes, pour l’année.
Ce taux en France, en 1994, est
de 3,2 pour 1 000.
5- Mortalité néonatale tardive
:
Elle représente le nombre de décès survenus entre le 8e
jour et le 27e jour inclus rapporté à 1 000 naissances
vivantes, pour l’année.
Ce taux en France en 1994 est de
3,1 pour 1 000.
6- Mortalité postnéonatale
:
Elle représente le nombre de décès survenus entre la fin
du premier mois (27 jours révolus) et la première année
(365 jours révolus) rapporté au nombre de naissances
vivantes, pour l’année.
Ce taux en France, en 1994, est
de 2,7pour 1 000.
7- Naissance vivante
:
Est une naissance vivante, tout enfant qui naît à partir de
22 semaines de grossesse, ou pèse 500 grammes, et qui
respire ou manifeste tout autre signe de vie à la naissance.
En 1997, en France, le nombre de naissances
vivantes était de 725 000.
8- Mort-nés :
Ce sont les naissances d’enfant né après 28 SA et
n’ayant présenté aucun signe de vie à la naissance.
Elles sont prises en compte dans le calcul de la mortinatalité
et de la mortalité périnatale (au dénominateur, on tient
compte du nombre total des naissances).
B - Principales sources d’information :
1- L’
INSERM(Institut national de la santé et de la recherche médicale) :
Au niveau du service commun n°8, il exploite les données
des certificats de décès et classe les grandes causes
médicales de décès.
Par ailleurs, depuis le 1er avril 1997,
grâce à la mise en place d’un certificat de décès spécifique
au cours de la période néonatale, on disposera de
données plus précises pour les décès survenant pendant
cette période.
L’INSEE publie ensuite pour chaque
année les taux par âge et à différents niveaux géographiques.
2- Le SESI( Service des statistiques, des études et des
systèmes d’information du ministère de la santé)
:
Il exploite systématiquement certaines données des certificats
de santé obligatoires de l’enfant.
Il participe également
à la réalisation des enquêtes nationales périnatales.
3- Le Service de protection maternelle et infantile du
département :
Le seervice se trouve sous la responsabilité des conseils
généraux et produit également des données annuellement
par la centralisation et l’exploitation des certificats
de santé obligatoires.
4- Les registres de morbidité
:
Ils sont limités sur le plan géographique et concernent
chacun une pathologie particulière, ils peuvent donner
des informations complémentaires sur la morbidité et la
mortalité.
5- L’OCDE (Organisation de coopération et de développement
économique) :
Grâce à une base de données mise à jour annuellement
“ ECOSANTE OCDE ”, elle fournit des chiffres permettant
de réaliser des comparaisons internationales
pour les 29 pays les plus industrialisés.
C - Évolution des indicateurs
:
À partir de 1945, à la suite d’un taux de mortalité infantile
atteignant 110 pour 1 000, des mesures techniques,
législatives, administratives et financières visant à protéger
la santé de la future mère et de l’enfant jusqu'à
6 ans ont été mises en place.
En 1955, la mortalité infantile descend à 40 pour 1 000,
et au début des années 1970, la mortalité d’origine périnatale
devient plus importante que la mortalité infantile.
On observe un changement d’orientation avec comme
axe prioritaire désormais la périnatalité.
Les premiers
plans de périnatalité sont alors mis en place.
À partir de 1994, les taux de mortalité infantile et périnatale
baissent considérablement en raison d’un nouvel
ensemble de mesures spécifiques mis en place à partir
de cette date.
Le taux de mortalité infantile est de
4,9 pour 1 000 en 1995 et le taux de mortalité périnatale
est de 7,4 pour 1 000 en 1994.
Causes et facteurs de risque
de mortalité et de morbidité
infantile :
A - Définitions
:
1- Causes exogènes
:
Ce sont les causes extérieures à l’enfant, au déroulement
normal de la grossesse et de l’accouchement.
Les principales
causes exogènes sont les infections et les accidents
domestiques.
Elles surviennent préférentiellement dans la période postnéonatale.
Elles sont en
général plus facilement identifiables et accessibles à des mesures
de prévention que les causes endogènes.
Les actions
reposent principalement sur la surveillance de l’enfant au moyen du
carnet de santé, des examens médicaux obligatoires, des
vaccinations, et de l’ensemble du dispositif de la protection
maternelle et infantile.
2- Causes
endogènes :
Elles sont
directement liées à l’enfant, au déroulement de la grossesse et de
l’accouchement.
Les principales
causes endogènes sont les maladies héréditaires, les malformations
congénitales, les pathologies de la grossesse (par ex : toxémie
gravidique, diabète maternel, malformation utérine), l’ anoxie à la
naissance (par ex : circulaire du cordon).
Il est plus
difficile de prévenir ces causes. Les actions doivent être engagées
avant et pendant la grossesse
B -
Principales causes de mortalité infantile (enfants de moins de 1 an)
:
Pour presque
toutes les causes, on constate une diminution du nombre de cas.
Leur accroissement
est lié au progrès de la prise en charge des nouveau-nés à cette période.
Davantage d’enfants survivent aux premières
heures et jours de vie, mais au prix parfois d’une
morbidité importante pouvant entraîner le décès de l’enfant
plus tardivement.
On assiste ainsi à un transfert de
la survenue du décès à des âges plus tardifs.
On peut noter que les cancers touchent également les
enfants de cette tranche d’âge; 27 enfants de moins de
1 an sont décédés en 1995 d’une tumeur dont 18,5%
d’une tumeur maligne des tissus lymphatiques et hématopoïétiques.
1- Causes de mortalité dans la période néonatale
:
Les causes de décès dans la période néonatale sont
dominées par les affections d’origine périnatale et les
anomalies congénitales.
Pour les affections d’origine périnatale, la première
cause de décès est dûe à l’hypoxie intra-utérine et l’asphyxie
à la naissance (18,2 %) puis vient le syndrome
de détresse respiratoire du nouveau-né (13,6 %).
La prématurité
est en cause dans 8 % des cas de décès.
Les anomalies congénitales, sont dominées par les anomalies
de l’appareil circulatoire (52,3 %).
Concernant la mortalité durant cette période, il s’agit
d’une cause foetale ou néonatale dans 96 % des cas,
associée dans 49 % des cas à une cause obstétricale ou
maternelle. Il s’agit alors de problèmes infectieux (12 %
des cas), d’accouchement prématuré (8 %), de conséquences
de dystocies (7 %). Toutefois, il était difficile
encore récemment de faire la part respective des responsabilités
dans la survenue du décès.
Afin d’améliorer la connaissance de ces causes survenant durant la période
néonatale, un certificat de décès spécifique a été mis en
place le 1er avril 1997.
2- Causes de mortalité dans la période postnéonatale
:
Les causes de décès dans la période postnéonatale sont
dominées par la mort subite du nourrisson, les traumatismes
et empoisonnements, et les infections.
En effet, les maladies infectieuses et parasitaires, si elles sont en baisse, tiennent toujours une place non négligeable dans les
causes de décès (77 cas en 1995), notamment les maladies
infectieuses intestinales (44,1 %).
Le nombre de morts subites du nourrisson a considérablement
diminué, cependant ce syndrome reste la première cause de
mortalité infantile.
C - Principales causes de morbidité en fonction de
l’âge
:
De la naissance à 1 mois, on observe la prédominance des
causes endogènes : la prématurité, l’hypotrophie ou le
retard de croissance intra-utérin, les malformations.
Entre 1 mois et 1 an, les causes exogènes prédominent,
représentées en majorité par les infections et les accidents
domestiques.
D - Facteurs influençant la mortalité et la morbidité
infantile :
La mortalité est statistiquement plus élevée dans les cas, de
retard de croissance intra-utérin et de prématurité, de grossesses
multiples ou d’enfants nés hors mariage, de mère très jeune ou
âgée, d’enfants nés dans une famille nombreuse, de catégories socio-professionnelles défavorisées, d’enfants de migrants (dans
le cas d’un couple mixte, la nationalité de la mère est prédominante).
Outils de prévention et de santé publique
:
A - Plan périnatalité de 1994
:
1- Objectifs
:
Dans la lignée des précédents, ce plan a été mis en place
et s’est fixé comme objectif à 5 ans de diminuer la mortalité
maternelle de 30 %, la mortalité périnatale de 20 %, le
nombre d’enfants de faible poids de naissance de 25 %, et
de réduire de moitié le nombre de femmes peu ou pas suivies,
au cours de leur grossesse.
2- Moyens :
La prise en charge des nouveau-nés dès la naissance a été améliorée.
Le nouveau-né est à présent reconnu comme un ayant
droit et les soins qui lui sont prodigués sont pris en charge à
100 % quelque soit l’établissement de naissance.
Par ailleurs,
ont été introduites dans la nomenclature des actes professionnels
les cotations de l’appel anténatal du pédiatre, de la consultation
pédiatrique au premier jour (en sus de celle obligatoire
au cours de la première semaine de vie), de la réanimation
immédiate ou différée du nouveau-né, de la mise en condition
lors d’un transfert médicalisé et d’un forfait de surveillance en
unité de soins spécialisés, enfin par le renforcement de la sécurité
dans les maternités.
B - Carnet de santé de l’enfant
:
En 1995, le carnet de santé de l’enfant a été mis à jour afin de
permettre un meilleur suivi médical et aux parents de disposer
d’informations de prévention concernant la santé de leur
enfant.
Les nouveautés de ce carnet concernent :
le rappel de la confidentialité des données (en première
page) ; le suivi médical : dépistage des troubles sensoriels,
dépistage de l’obésité, évaluation des capacités pour la
pratique d’une activité physique, orientation professionnelle
en fonction des aptitudes physiques; la prévention : conseils de puériculture, dépistage de
troubles sensoriels, santé bucco-dentaire, produits
domestiques dangereux et santé des adolescents;
l l’introduction du nouveau calendrier vaccinal du nourrisson
[(haemophilus influenzae, hépatite B, rougeole-oreillon-rubéole (ROR)].
C - Examens médicaux de l’enfant
:
Vingt examens dont 3 obligatoires sont à réaliser avant
l’âge de 6 ans.
La prise en charge des consultations est gratuite.
Cependant les examens complémentaires ne sont pris en
charge à 100 % que dans le cadre des bilans de santé du
8e jour , 9e et 24e mois.
L’objectif poursuivi est de diminuer la mortalité et la
morbidité infantile.
Ces consultations permettent la surveillance des enfants,
le dépistage précoce des infirmités et inadaptations, la
surveillance de la prescription de certains médicaments,
la réalisation des vaccinations et la dispensation de
conseils.
Toutes les données de chacune des consultations
sont consignées dans le carnet de santé de l’enfant
afin de pouvoir suivre son développement jusqu'à l’âge
adulte.
D - Certificats
:
1- Certificats de santé
:
Trois examens médicaux obligatoires de l’enfant donnent
lieu à l’établissement de certificat de santé conditionnant
le versement des prestations familiales.
Il s’agit
des examens réalisés au cours de la première semaine,
des 9e et 24e mois.
Les médecins disposent d’un formulaire préimprimé, en
2 parties, délivré dans le carnet de santé.
La partie médicale
de ce certificat présente 3 volets :
- somatique afin d’évaluer le développement physique
harmonieux de l’enfant ;
- psychomoteur pour dépister les troubles sensoriels et
psychomoteurs;
- social pour apprécier l’environnement social de l’enfant.
Cette partie médicale est adressée dans les 8 jours, par le
médecin réalisant l’examen, au médecin de la PMI qui a
en charge sa centralisation et son exploitation.
La partie
administrative, signée par le médecin, est envoyée par
les parents à leur caisse d’allocation familiale pour le
versement des prestations.
2- Certificats de décès
:
Depuis 1997, il existe un certificat de décès spécifique
pour ceux survenant dans la période néoanatale.
Ce certificat
doit être rempli pour tous les enfants nés vivants, d’âge
gestationnel supérieur ou égal à 22 semaines d’aménorrhée ou qui
pesaient au moins 500 g à la naissance, et décédés au cours des 4
premières semaines de vie (0 à 27 jours révolus).
Sont à
renseigner les causes de décès en distinguant les causes d’origine
foetale ou néonatale, des causes d’origine obstétricale ou
maternelle.
De plus il est
demandé des informations sur l’enfant à la naissance, le déroulement
de l’accouchement et certaines caractéristiques des parents. En
complément, le certificat de décès a été modifié afin de mieux
prendre en compte les décès maternels.
L’introduction du certificat de décès néonatal et cette
mise à jour du certificat de décès s’inscrivent dans une
réorganisation générale du système d’information périnatal
qui permettra de mieux évaluer les pratiques obstétricales
et néonatales.
Grâce à l’amélioration de la
qualité des données, il sera possible de mieux évaluer
les mesures de prévention et les soins offerts avant et
immédiatement après la naissance.