Listeria monocytogenes est un bacille gram-positif, il s’agit
d’un germe tellurique, très résistant aéro-anaérobie, actif de
4 à 45°C.
La contamination humaine est alimentaire, ou par
l’intermédiaire du réservoir que représente le tube digestif
pour certains individus.
Tous les aliments ayant subi une
rupture de la chaîne du froid peuvent être contaminants, en
particulier les fromages à pâtes molles et non cuits (le
camembert fermier par opposition au gruyère…), le lait cru
et les charcuteries (rillettes…).
La listériose survient plutôt sur un terrain immunodéprimé
(en particulier la femme enceinte).
La listériose est en général plutôt rare (20 cas pour 1 million)
et survient soit par cas sporadique soit par épidémie
liée alors le plus souvent à une contamination alimentaire.
Par contre, en cours de grossesse, la listériose est très fréquente
(1 à 10 femmes en sont porteuses pour 1 000 accouchements
environ) et survient lors d’une grossesse sur
1 000.
2- Diagnostic :
• Diagnostic clinique : la symptomatologie de la listériose
est très variable et peut se traduire par un syndrome pseudogrippal, allant de la simple fièvre au tableau
franchement septique.
Le tableau symptomatique commence
par un tableau pseudogrippal, pouvant s’accompagner
de contractions utérines et suivi éventuellement
d’une expulsion dans un contexte fébrile voire septicémique.
Dans un quart des cas, l’infection maternelle est
asymptomatique.
Il existe d’autres formes cliniques : syndrome méningé, pleuropulmonaire, septicémique.
La forme la plus fréquente
chez la femme enceinte est la forme pseudogrippale.
Ainsi, toute fièvre (O38 ou 38,5°C) chez une
femme enceinte (en particulier après le 2e trimestre) doit
faire demander des examens bactériologiques qui seuls
vont faire le diagnostic.
• Diagnostic biologique : il repose sur la demande systématique
d’une recherche spécifique de Listeria monocytogenes
sur les hémocultures, beaucoup plus rarement,
le germe peut être mis en évidence sur les prélèvements
périphériques (vagin, examen cytobactériologique des
urines…).
La sérologie maternelle n’est d’aucun secours en pratique.
Le laboratoire doit aussi rendre un antibiogramme, et un sérotypage de la souche est entrepris dont le résultat est
transmis à la Direction générale de la Santé (déclaration
obligatoire) qui assure une « veille » épidémiologique.
Le traitement antibiotique adapté doit être entrepris sans
attendre les résultats du laboratoire (délai 2 à 3 jours).
• Diagnostic anatomopathologique : on se souviendra du caractère pathognomonique des micro-abcès placentaires.
3- Risque foetal :
En plus du risque maternel des formes septicémiques, on
observe les risques foetaux liés à une contamination transplacentaire
et hématogène.
L’infection du foetus peut se traduire par une fausse couche
précoce ou tardive ; une mort in utero ; un accouchement
prématuré dans un contexte septique associé le plus souvent
à une souffrance foetale aiguë.
On arrive parfois à obtenir la
naissance d’un enfant vivant pouvant être asymptomatique
ou gravement infecté (syndrome septicémique avec localisation
méningée) avec des séquelles neurologiques.
La mortalité
est alors de 20 %.
4- Traitement :
Dès la moindre suspicion du diagnostic, l’hospitalisation
est nécessaire ; dans les cas douteux, la réception
rapide des examens bactériologiques permet d’hospitaliser
secondairement une patiente déjà traitée per os.
Le traitement de choix est l’association ampicilline
(6 g/24 h pendant 3 semaines)-aminoside (Nétromicine
4 mg/kg/j pendant 7 jours) (synergie bactéricide in vitro
associée à un bon passage transplacentaire et une bonne
diffusion intra- et extracellulaire).
Le traitement est
entrepris initialement en intraveineux.
Les céphalosporines
sont inefficaces.
Les aminosides seront arrêtés le
plus tôt possible (risque d’ototoxicité et de néphrotoxicité
foetale).
La négativation des prélèvements bactériologiques est
vérifiée ; le foetus sera surveillé pluriquotidiennement par
l’enregistrement du rythme cardiaque foetal et la quantification
des mouvements foetaux.
Le traitement de la menace d’accouchement prématuré
associée au syndrome septique est le plus souvent illusoire
et inefficace si le syndrome septique n’est pas rapidement
contrôlé.
L’antibiothérapie par b-lactamine doit être prolongée plusieurs
semaines pour éradiquer tous les microfoyers (en
particulier muqueuse utérine).
En cas d’allergie, un macrolide remplacera l’ampicilline.
5- Prévention
:
La prévalence paraît plus importante dans les pays fromagers
(France et Suisse).
La prévention passerait par l’éviction de l’alimentation
des femmes enceintes des fromages crus et à pâte molle,
des légumes crus ou peu cuits, du lait cru, de la charcuterie,
des aliments réchauffés après conservation à 4°C
(réfrigérateur).
La cuisson de tous les produits doit être suffisante, et la
chaîne du froid ne doit pas être rompue. Les mains doivent
être soigneusement lavées après manipulation
d’aliments crus.
Les aliments crus doivent être conservés
séparément des aliments prêts à être consommés.
Toute fièvre ou tout syndrome pseudogrippal doit faire
pratiquer des hémocultures chez la femme enceinte, et
faire entreprendre un traitement prophylactique ou curatif sans délai par une ampicilline.
Les mesures de prévention doivent être connues de la
femme enceinte et de son entourage.