Greffe d’adipocytes : applications en chirurgie plastique et esthétique
(Suite) Cours de Chirurgie
Applications de la greffe d’adipocytes
aux différents domaines
de la chirurgie plastique
:
Comme tout produit de comblement, le tissu adipeux a pour but
dans ce cadre de restaurer un manque de volume.
Avec la maîtrise
de cette technique et devant les bons résultats obtenus, les
applications de la greffe d’adipocytes se sont étendues à tous les
domaines de la chirurgie plastique.
Son usage peut même se faire
dans les cas de manques pluritissulaires et le tissu adipeux va alors
se substituer à l’absence d’os, de muscle ou d’autres tissus.
Mais
lorsqu’il existe une atteinte fonctionnelle, notamment dans les
malformations faciales ou des membres, celle–ci doit être traitée en
premier.
La restauration volumétrique se fera alors en fin de
traitement.
L’examen clinique du patient ou de la patiente avec un bon éclairage
permet de voir les zones de dépression.
Pour le visage, il faut tout
d’abord regarder les zones de projections : arcade zygomatique et
malaire, arcade sourcilière, rebord mandibulaire et menton, incluant
la zone de jonction avec le sillon labiomentonnier et la région
appelée « sillon des marionnettes » ou pli d’amertume.
Ensuite
une analyse du reste : front, région périorbitaire, lèvres supérieure
et inférieure, sillons nasogéniens, joues, nez et fossettes temporales
doit être faite.
Pour les seins (en chirurgie reconstructrice), la
position des sillons sous-mammaires, l’axe médian, la position des
plaques aréolomamelonnaires et le volume et la projection des
différents quadrants du sein doivent être comparés au côté opposé.
Le quadrant supéro-interne est celui qui est le plus difficile à corriger
par les techniques classiques et également le plus visible dans le
décolleté par la patiente.
Pour les membres, il faut en plus mesurer
la circonférence à plusieurs niveaux.
Chaque patient sera
photographié de face, profil, trois quarts et vue axiale.
Une information précise et détaillée doit être apportée aux patients,
énumérant les inconvénients et les complications de cette technique
mais surtout, la possibilité et parfois la nécessité de renouveler
l’intervention pour obtenir un résultat satisfaisant et définitif.
Car
les résultats sont inconstants et variables en fonction des
localisations.
Il faut réaliser une stratégie tridimensionnelle de
traitement.
Les différentes sous-unités et les zones à traiter seront
marquées avant de débuter l’intervention, car l’oedème
instantané peut masquer les zones de dépression.
A - VISAGE
:
Notre visage est perçu par l’autre en trois dimensions, c’est-à-dire
en volume.
Ce volume se traduit par un jeu d’ombres et de lumières.
Lorsque nous regardons un visage, seuls certains points importants
sont sélectionnés par le cerveau.
C’est la capacité rapide de
distinction des éléments les plus importants.
Ces points
correspondent aux zones d’ombres des reliefs.
Notre cerveau décode
ces informations et les interprète en volume.
Ces différentes zones
d’ombre et de lumière constituent les sous-unités esthétiques de la
face.
Chaque unité esthétique est représentée par un relief
et délimitée par des zones d’ombre. Une réparation esthétique doit
concerner l’ensemble de la sous-unité.
Selon la sous-unité à corriger,
une à deux incisions sont réalisées à la lame no 11 ou au trocart
permettant un accès aux différentes zones.
Les incisions les plus
fréquemment utilisées pour le visage sont : l’incision commissurale,
permettant un accès aux lèvres, sillon nasogénien, joue, malaire et
au rebord mandibulaire ; l’incision prétragienne ou temporale
permettant l’accès à la tempe, sourcil, front, et autres parties en
croisant les tunnels avec ceux de l’incision commissurale.
1- Vieillissement
:
Le vieillissement de la face a comme conséquences deux éléments :
la ptôse des téguments et l’atrophie tissulaire.
* Ptôse des téguments
:
La ptôse est liée à une perte de la tonicité de tous les téguments :
peau, fascia, ligaments, muscles.
Au niveau de la face, il existe des
points fixes et des zones de ptôses gravitationnelles.
Ces points fixes sont les ligaments suspenseurs de la face décrits par Furnas et
Stuzin.
Ils relient la peau aux plans profonds osseux ou
aponévrotiques.
Cette théorie de ptôse tégumentaire a été documentée par des études
numériques à partir des photos d’âges différents, montrant le
changement de la position de certains points du visage.
* Atrophie tissulaire
:
Le vieillissement facial comporte une part importante de
modifications volumétriques.
La perte volumique touche
toutes les couches tégumentaires : peau, graisse, muscle et os. Gonzalez-Ulloa a montré, par des biopsies, la modification de
l’épaisseur de la peau et du tissu sous-cutané avec l’âge : il y a une
atrophie globale avec l’âge mais la plus grande modification, tant au
niveau de la peau que du tissu sous-cutané, se situe dans la région
jugale et malaire.
La graisse, le muscle et l’os sont également touchés.
Il y a une
atrophie de la graisse malaire et jugale.
Celle-ci est plus prononcée
au niveau de la « vallée des larmes », laissant un bourrelet plus épais
au contact du sillon nasogénien.
L’atrophie pluritissulaire touche
également le front, avec amincissement des tissus, relâchement du
muscle frontal, à l’origine de la ptôse des sourcils.
Il existe également une atrophie de la région temporale, périorbitaire
et péribuccale, notamment des deux triangles paramentonniers.
Cela
constitue les « plis d’amertume » qui, par un effet de contraste,
contribuent à l’accentuation de la bajoue.
Le squelette osseux constitue la charpente faciale.
La rétrusion
maxillaire est une des conséquences du vieillissement
centrofacial.
Elle est à l’origine d’une accentuation des ombres
de la région périnasale.
Au final, ces deux phénomènes de ptôse et d’atrophie sont
intimement liés et sont à l’origine de l’impression de vieillissement
au niveau de chaque sous-unité.
Comme nous l’avons signalé
auparavant, ce n’est pas l’état de la peau seule mais d’une façon
plus importante les ombres excessives, liées aux manques de
volumes, souvent ressenties comme dysharmonieuses, qui
véhiculent cette image.
Il existe deux types de visages vieillissants :
le visage plein, avec excès cutanéograisseux mais une ptôse ; et le
visage creux qui est le siège d’une atrophie majeure et d’une ptôse.
Il est vrai que dans la grande majorité des cas, le lifting suffit à
redonner un effet de rajeunissement au visage (visage plein) mais,
chez certaines patientes sans définition des contours du visage
(visage creux), le lifting seul est au contraire à l’origine d’un
aplatissement et d’une perte de définition du visage.
C’est
précisément dans ces cas que l’augmentation volumétrique est
nécessaire.
Dans ce cas, la greffe d’adipocytes se fait en dernier une fois le lifting
terminé (décollement sous-cutané et plicature du SMAS jugal et du
peaucier du cou).
Elle se fait par la voie du lifting ou par des
incisions glabellaire, commissurale ou temporale.
Quatre cas de lifting cervicofacial et
greffe d’adipocytes sont présentés.
2- Modifications pathologiques
:
Toutes les pathologies touchant un des téguments de la face donnent
une modification volumétrique.
Elles peuvent être rencontrées avec
différents degrés de gravité.
Dans tous ces cas, lorsque l’atteinte est
uniquement morphologique, la graisse viendra se substituer aux
tissus manquants.
* Traumatisme
:
Tous les traumatismes d’intensité variable à l’origine d’une plaie,
cicatrice atrophique, perte de substance, atrophie graisseuse,
déformation du squelette facial et autres, peuvent donner une
modification du contour facial.
* Malformation
:
Toutes les malformations congénitales ou acquises type Romberg,
Apert, dysplasies otomandibulaires, fentes labiopalatines, Crouzon,
dysmorphoses dentofaciales, et autres, sont à l’origine de
modifications du contour facial et peuvent bénéficier d’une
restauration volumétrique sur le plan morphologique.
* Iatrogène
:
Les séquelles de chirurgie, cicatrices chirurgicales, chirurgies
tumorales, les séquelles de radiothérapie, de chimiothérapie, de
corticothérapie, et autres, peuvent donner une atteinte du contour
facial.
* Autres
:
Les infections, les séquelles dystrophiques d’acné conglobata, la
paralysie faciale, les maladies auto-immunes comme le lupus ou la
sclérodermie, les séquelles de brûlures, les lipoatrophies et autres…;
toutes ces pathologies sont à l’origine d’une modification du contour
du visage.
Toutes ces modifications physiologiques ou pathologiques peuvent
faire l’objet d’une restauration volumétrique par greffe d’adipocytes.
3- Place de la greffe d’adipocytes
dans la chirurgie de la face :
* En chirurgie esthétique
:
Le stade initial du vieillissement facial avec atrophie graisseuse
isolée peut être traité par greffe d’adipocytes seule.
Le stade plus
avancé, avec ptôse des téguments, devra bénéficier d’un lifting facial
associé à la greffe d’adipocytes.
Dans ces cas, la greffe adipeuse sera
réalisée en dernier, pour ajustement des volumes après
redistribution chirurgicale et pour éviter le traumatisme du tissu
adipeux greffé.
* En chirurgie réparatrice
:
S’il existe une atteinte fonctionnelle ou osseuse majeure, celle-ci
devra être corrigée en premier.
Pour la correction morphologique, il
est légitime de débuter le traitement par la greffe d’adipocytes, quel que soit le degré d’atrophie.
Si plusieurs séances de greffe adipocytaire, trois en moyenne, n’ont pas permis d’obtenir un
résultat satisfaisant, il est alors légitime de réaliser une
reconstruction par lambeau musculaire ou fasciograisseux.
De plus,
la greffe de tissu adipeux aura donné une souplesse au plan souscutané,
ce qui facilitera la dissection et le décollement de la peau,
souvent très difficile et dangereux dans ces cas.
B - THORAX
:
Le thorax en entonnoir (pectus excavatum) est la plus fréquente des
malformations congénitales de la paroi thoracique.
Il s’agit d’une
malformation complexe intéressant le plastron sternocostal.
Elle est
caractérisée par une dépression à grand axe vertical, généralement
médiane, plus ou moins profonde et symétrique.
Toutes les études
modernes convergent et tendent à prouver que le retentissement
fonctionnel du thorax en entonnoir est nul ou minime dans la très
grande majorité des cas.
Le but de l’intervention étant donc
purement morphologique ou cosmétique, il devenait logique de
corriger les thorax en entonnoir par comblement car les techniques
radicales de sternochondroplastie sont lourdes, la morbidité n’est
pas négligeable, les résultats sont inconstants et les récidives
fréquentes.
Les greffes dermiques, cutanéograisseuses ou
épiploïques, et plus encore les greffes non vascularisées de
fragments osseux et cartilagineux réalisées auparavant, étaient
inévitablement vouées à la nécrose étant donné le volume nécessaire
et l’environnement tissulaire défavorable et peu vascularisé.
Pour
ces raisons, la correction par prothèse en silicone préformée est
devenue ces dernières années le traitement standard de ces
malformations.
Mais avec l’apport des greffes adipocytaires, de
nouvelles tentatives ont été réalisées et il semblerait qu’elle soit d’un
grand apport dans les formes mineures ou les formes latéralisées.
C - SEINS
:
Les pathologies mammaires nécessitant une restauration
volumétrique sont les malformations (Poland…) et les déformations
acquises après chirurgie pour cancer.
1- Malformations
:
Les malformations congénitales des seins ont un retentissement
psychologique grave chez les adolescentes qui justifie qu’une
intervention chirurgicale leur soit proposée.
On distingue les
anomalies de volume, les anomalies de forme et les asymétries.
Les
anomalies malformatives caractérisées comptent essentiellement le
syndrome de Poland et les seins tubéreux.
Le syndrome de Poland
correspond à une entité clinique qui associe une hypoplasie
mammaire et une malformation thoracique d’importance variable,
dont l’expression minimale est une agénésie du chef sternal du
muscle grand pectoral.
Dans les formes modérées, le traitement
par implantation d’une prothèse mammaire doit être associé à une
prothèse sous-claviculaire ou à une transposition du muscle grand
dorsal pour combler le manque du muscle grand pectoral.
Le
traitement des formes majeures du syndrome de Poland est difficile
et relève de techniques issues de la reconstruction mammaire après
cancer.
Comme dans la reconstruction mammaire après cancer, c’est
par l’analyse de la déformation comparée à un sein défini comme
idéal que l’on peut imaginer et réaliser une intervention correctrice
en combinant différentes techniques élémentaires.
Ces interventions,
bien que modifiant considérablement la morphologie et la
psychologie des patientes, donnaient des résultats souvent
imparfaits.
C’est pour cela que la greffe adipocytaire comme geste
associé ou comme traitement unique peut être d’un grand apport
dans ce domaine.
Notre expérience nous a montré qu’il était possible
de corriger totalement ou partiellement le manque volumétrique des
syndromes de Poland en plusieurs séances de greffe adipocytaire,
même dans les cas les plus sévères.
La restauration du volume du pilier axillaire antérieur par greffe adipocytaire est toujours très utile, même en association avec un
implant mammaire.
2- Séquelles de chirurgie pour cancer
:
La greffe adipocytaire du sein reconstruit est une technique qui a
actuellement de nombreuses indications.
Elle peut être utilisée
chaque fois que l’on souhaite corriger un défaut localisé sur un sein
reconstruit.
Les défauts après reconstruction mammaire sont
particulièrement marqués au niveau de la partie interne et supérointerne
du sein, zone du décolleté.
Cette zone est pourtant la plus
importante, car elle est la plus visible par les patientes, et c’est elle qui participe le plus à la vie de relation, dans un contexte social.
Il
n’y avait, jusqu’à la technique de greffe adipocytaire, aucune
technique permettant de corriger la zone du décolleté de façon
satisfaisante.
Au niveau des seins reconstruits par lambeaux, la greffe
d’adipocytes (que nous appellerons lipomodelage) peut apporter un
volume important et peut contribuer à maintenir le caractère
purement autologue de la reconstruction en améliorant le volume,
la forme et la projection du sein reconstruit.
Le tissu adipeux se
substitue dans ce cas à l’implant mammaire siliconé placé derrière
le lambeau.
Cette technique est actuellement considérée comme
validée lorsqu’elle est réalisée sur un sein ayant eu une mastectomie
totale, puisqu’en l’absence de parenchyme mammaire, l’évolution
du tissu adipeux greffé ne risque pas de perturber la surveillance
ultérieure.
Dans le cas d’un sein conservé (ayant bénéficié d’une tumorectomie et d’une radiothérapie), cette technique est à l’étude
pour corriger des déformations séquellaires du traitement
conservateur dans le cadre d’un protocole précis avec évaluation
mammographique, échographique, et IRM.
Dans ce cadre et dans le
cadre d’un sein normal, la greffe d’adipocytes n’est pas considérée
comme validée.
Des études sont actuellement en cours pour étudier
le retentissement mammographique, échographique et IRM de ces
transferts graisseux dans le sein normal.
Le complément de greffe adipeuse dans le but de parfaire un résultat
de reconstruction mammaire peut se faire tant dans les
reconstructions autologues par lambeau de grand dorsal
, par TRAM ou dans les reconstructions prothétiques.
Mais la greffe de tissu adipeux doit être réalisée lors d’une
autre séance que la reconstruction mammaire, en général 5 à 6 mois
après la reconstruction.
D - MEMBRES
:
1- Main :
La main est la partie la plus exposée de l’organisme après le visage
et le cou.
Les stigmates du vieillissement y sont très marqués après
un certain âge.
L’amincissement de la peau du dos de la main,
l’apparition de volumineuses veines dorsales de la main et la saillie des tendons extenseurs sont autant de signes difficilement
camouflables.
Le laser, les peelings et l’excision-suture de la peau
dorsale de la main ont été proposés.
Aucune de ces techniques n’a
donné de grandes satisfactions.
L’utilisation de la greffe d’adipocytes
à ce niveau, de par le volume sous-cutané qu’elle apporte, permet
de redonner un aspect de plénitude à la main, celui-ci étant, comme
pour le visage, synonyme de jeunesse.
Elle permet facilement de
masquer les signes de vieillissement cités ci-dessus.
Le but n’est pas
de rendre la main boudinée, mais de réaliser un simple feuillet
adipeux sous-cutané.
La greffe adipocytaire se fait alors par une incision du bord radial et
du bord cubital du dos de la main.
L’injection se fait dans un plan
strictement sous-cutané en veillant à ne pas léser les veines et ne
pas créer d’irrégularité.
La greffe de tissu adipeux doit aller
jusqu’aux espaces commissuraux.
La correction de la face dorsale
des doigts est moins systématique et doit concerner la face dorsale
des premières phalanges.
La quantité moyenne de tissu adipeux
transplanté à ce niveau est entre 10 à 15 ml par main.
2- Membres
:
Les pertes volumétriques des membres sont liées à un traumatisme
ayant laissé une cicatrice rétractile et dépressive, ou liées à une
pathologie atrophiante comme les séquelles de poliomyélite pour le
membre inférieur.
En général, lorsqu’il existe une dépression cutanée
ou tissulaire, cette impression est accentuée par l’existence d’un
excès tissulaire en périphérie.
Il est donc nécessaire qu’une analyse
précise préopératoire soit réalisée.
Parfois, une liposuccion de la
périphérie et une greffe adipocytaire au centre doivent être
combinées.
Dans ce cas, le tissu adipeux prélevé en périphérie peut
être purifié et réinjecté au centre.
Dans les cas circonscrits, ou de
petites tailles, le tissu adipeux disponible est souvent suffisant, mais,
dans certains cas avec atteinte étendue comme c’est le cas des
atrophies de poliomyélite, il est illusoire de vouloir corriger la totalité du déficit volumétrique par une séance de greffe adipocytaire : parce que la quantité de tissu adipeux nécessaire serait
trop importante (si on assimile la jambe à un cylindre et que l’on
compare le volume de ce cylindre [hpr2] au côté controlatéral, on se
rend compte que le volume à apporter serait trop important, ce
d’autant plus que la survie du tissu transplanté n’est pas de 100 %
et qu’une surcorrection et/ou un renouvellement de la greffe sont à
prévoir [exemple : sur une jambe de hauteur 20 cm, pour passer
d’un diamètre de 10 à 12 cm, un volume de 690 ml serait
nécessaire]) ; d’autre part, ces patients porteurs de séquelles de
poliomyélite sont souvent de morphotype longiligne et présentent
peu de réserve graisseuse, ce qui rend la correction encore plus
difficile.
Afin de pallier le manque de tissu adipeux nécessaire, une
correction plus importante de l’axe latéral est un moyen de
correction visuelle du regard de face.
Pour cela, le tissu adipeux
transplanté est prioritairement situé sur les bords latéraux de la
jambe.
La greffe d’adipocytes au niveau des mollets
représente pour nous le premier choix dans l’arbre décisionnel thérapeutique et ce n’est qu’après plusieurs séances de greffe, et en
cas de résultat insuffisant, qu’il faut proposer une correction
prothétique par expansion ou prothèses de mollet.
Dans ces cas,
l’apport premier du tissu adipeux sur ce membre atrophique facilite
la dissection pour la mise en place de la prothèse.
Contre-indications
:
Les contre-indications à la greffe d’adipocytes sont rares.
Il s’agit
principalement des patientes très minces, n’ayant pas de zone
graisseuse à prélever.
Il faut, en effet, des zones graisseuses suffisantes pour permettre le prélèvement de graisse, sachant que
l’on subit deux fois la règle des 30 %, c’est-à-dire que l’on perd
environ 30 % du volume prélevé lors de la centrifugation et de la
préparation, puis plus tard, 30 % du volume transféré, du fait des
phénomènes de résorption apparaissant dans les 6 mois suivant le
transfert graisseux.
Dans certains cas, la contre-indication est relative et l’on peut
prélever différentes zones graisseuses, mais la procédure de
prélèvement devient alors plus complexe et plus longue.
Avantages
:
A - AVANTAGES DU TISSU ADIPEUX
:
Face à tous les implants existants, la graisse autologue représente le
substitut idéal.
Elle a pour avantage d’être :
– biocompatible, donc sûre, non toxique, ne mettant pas en danger la
santé des patients et résistant à l’infection, après une période initiale
d’intégration ;
– naturelle, non ressentie comme une entité séparée mais faisant
partie intégrante de la texture des tissus ;
– stable, souvent après plusieurs séances, en évitant de déposer une
trop grande quantité par séance ;
– simple et confortable pour le patient, sans inconvénients majeurs ;
– polyvalente, la graisse se substitue à tous les tissus manquants dans
un but morphologique.
B - AVANTAGES DE LA TECHNIQUE
DE LA GREFFE D’ADIPOCYTES :
Face à toutes les techniques de chirurgie réparatrice ou de chirurgie
esthétique, elle a pour avantage d’être :
– techniquement simple ;
– reproductible ;
– efficace, aussi bien pour de petites que pour de grandes pertes de
substance ;
– ajustable, permettant de corriger à la demande les zones les plus
difficiles ;
– percutanée, non invasive ;
– réalisable sous anesthésie locale et en ambulatoire, selon le volume
de graisse nécessaire ;
– à l’origine d’une faible morbidité du site donneur.
Inconvénients - complications
:
OEdème : c’est la complication la plus fréquente.
Il est lié au
traumatisme local généré par les nombreux tunnels créés lors de la
réinjection.
Dans certains cas, il peut persister plusieurs semaines.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la position
proclive et la vessie de glace ont pour but de diminuer l’oedème.
Ecchymoses : elles existent surtout quand le passage de la canule a
été trop superficiel ou si une trop grande quantité de graisse a été
greffée par rapport aux capacités élastiques des tissus locaux.
Une
application de pommade vaseline ou de corps gras sur le site
receveur évite une souffrance cutanée.
Hématomes : les vrais hématomes sont rares.
Cela survient si une
veine a été lésée lors de l’anesthésie locale ou lors de la réinjection
de la graisse.
Si cela survient, il faut prévenir le patient de la
possibilité d’une résorption importante de la graisse greffée.
Sous-correction : c’est la complication la plus fréquente.
Elle est due
à une sous-estimation du volume nécessaire ou à un manque de
tissu adipeux prélevable chez certaines personnes très maigres.
Elle
peut également survenir après résorption d’une partie de la graisse
greffée.
Le traitement est le renouvellement du geste.
Surcorrection : elle est moins fréquente que la précédente mais le
traitement est également moins simple.
Il est quasiment impossible
de retirer la graisse déposée sans abîmer les téguments locaux.
C’est pour cette raison que Coleman préconise de toujours
déborder en dégradé de la zone précise à corriger car lorsque la
correction est trop focalisée, elle est à l’origine d’une impression
d’excès.
Le tissu adipeux greffé garde ses caractéristiques initiales et
peut être le siège d’une hypertrophie secondaire à l’occasion d’une
prise de poids.
Pseudokyste et nécrose graisseuse : elle survient lorsque le volume
injecté est trop important par rapport au contenant et aux capacités
de revascularisation.
Le centre d’un gros fragment est le siège d’une
nécrose ischémique, par conséquent d’un enkystement ou d’une
fonte graisseuse.
Ces pseudokystes surviennent 6 à 12 mois
après l’intervention et contiennent des lipides, triglycérides, acides
gras et cholestérol.
Certains proposent de les exciser pour éviter les
réactions granulomateuses ultérieures.
Ces pseudokystes sont
très rares avec la technique décrite ci-dessus.
Migration : elle survient lorsqu’une trop grande quantité de graisse
est déposée dans une zone sous tension et que la zone avoisinante
est souple.
La graisse chemine naturellement d’une zone de haute
pression vers une zone de basse pression.
C’est pour cela qu’une
correction en plusieurs séances est souhaitée lorsqu’un grand
volume de graisse est nécessaire.
Aucun cas n’a été retrouvé dans
notre série.
Irrégularités : elles surviennent lorsque la graisse est déposée trop
superficiellement dans une zone où la couverture cutanée est fine.
Les gros fragments sont le siège d’une lyse spontanée, mais c’est
souvent les petits fragments qui forment des « grumeaux ».
La
région palpébrale est souvent le siège d’irrégularités.
Tatouage : cela survient par pénétration dermique, au niveau des
incisions, du bleu ayant servi à repérer les différentes zones.
Infection : la principale source d’infection dans la région faciale est
la muqueuse buccale si une brèche est créée lors de l’injection de la
joue ou des lèvres.
Un cas d’érysipèle de membre inférieur a été
rapporté.
Lésion des éléments sous-jacents : l’utilisation d’une canule mousse
a pour but d’éviter cela.
Les lésions rencontrées sont une parotidite,
une injection infraorbitaire par perforation du septum sous-orbitaire
et une lésion des branches de l’artère, de la veine ou du nerf facial.
Cette complication est exceptionnelle.
Injection intravasculaire : elle survient surtout dans la région
périorbitaire avec embolie graisseuse à l’origine d’une thrombose de
l’artère centrale de la rétine ou d’un accident vasculaire cérébral
ischémique.
Il faut trois conditions pour provoquer une
embolie graisseuse : un tissu adipeux sanglant dont l’injection
est réalisée sous forte pression, une injection sur les trajets
vasculaires et une introduction de l’extrémité de l’aiguille dans la
lumière vasculaire.
En utilisant le matériel de Lipostructuret, toutes
ces conditions sont en principe écartées.
Ces complications sont extrêmement rares et sur une série de
100 cas, nous avons relevé uniquement huit oedèmes.
Conclusion
:
La greffe d’adipocytes selon les principes de Coleman est un concept
récent.
C’est une opération délicate de greffe d’un tissu fragile,
imposant des gestes non traumatisants.
Elle utilise un matériel
spécifique et une méthodologie très stricte.
Des études histologiques comparatives ne montrent pas d’altération du tissu adipeux par cette
technique.
La preuve de la survie du tissu adipeux greffé a été apportée
par différentes études histologiques, biochimiques, radiologiques et
cliniques.
Il s’agit d’une technique simple, efficace et reproductible,
permettant d’obtenir de bons résultats et un fort taux de satisfaction
des patients.
La greffe d’adipocytes constitue pour nous le meilleur
moyen d’ajustement des volumes.
L’application de cette technique aux
différents domaines de la chirurgie plastique en fait un outil
thérapeutique indispensable à ne pas négliger.
Ces travaux ont
contribué à une meilleure connaissance du tissu adipeux qui pourrait,
grâce à l’ingénierie tissulaire, être une source de « cellules mères », en
vue d’une reconstruction autologue des différents tissus conjonctifs.