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Chirurgie
Greffe d’adipocytes : applications en chirurgie plastique et esthétique (Suite)
Cours de Chirurgie
 

 

 

Applications de la greffe d’adipocytes aux différents domaines de la chirurgie plastique :

Comme tout produit de comblement, le tissu adipeux a pour but dans ce cadre de restaurer un manque de volume.

Avec la maîtrise de cette technique et devant les bons résultats obtenus, les applications de la greffe d’adipocytes se sont étendues à tous les domaines de la chirurgie plastique.

Son usage peut même se faire dans les cas de manques pluritissulaires et le tissu adipeux va alors se substituer à l’absence d’os, de muscle ou d’autres tissus.

Mais lorsqu’il existe une atteinte fonctionnelle, notamment dans les malformations faciales ou des membres, celle–ci doit être traitée en premier.

La restauration volumétrique se fera alors en fin de traitement.

L’examen clinique du patient ou de la patiente avec un bon éclairage permet de voir les zones de dépression.

Pour le visage, il faut tout d’abord regarder les zones de projections : arcade zygomatique et malaire, arcade sourcilière, rebord mandibulaire et menton, incluant la zone de jonction avec le sillon labiomentonnier et la région appelée « sillon des marionnettes » ou pli d’amertume.

Ensuite une analyse du reste : front, région périorbitaire, lèvres supérieure et inférieure, sillons nasogéniens, joues, nez et fossettes temporales doit être faite.

Pour les seins (en chirurgie reconstructrice), la position des sillons sous-mammaires, l’axe médian, la position des plaques aréolomamelonnaires et le volume et la projection des différents quadrants du sein doivent être comparés au côté opposé.

Le quadrant supéro-interne est celui qui est le plus difficile à corriger par les techniques classiques et également le plus visible dans le décolleté par la patiente.

Pour les membres, il faut en plus mesurer la circonférence à plusieurs niveaux.

Chaque patient sera photographié de face, profil, trois quarts et vue axiale.

Une information précise et détaillée doit être apportée aux patients, énumérant les inconvénients et les complications de cette technique mais surtout, la possibilité et parfois la nécessité de renouveler l’intervention pour obtenir un résultat satisfaisant et définitif.

Car les résultats sont inconstants et variables en fonction des localisations.

Il faut réaliser une stratégie tridimensionnelle de traitement.

Les différentes sous-unités et les zones à traiter seront marquées avant de débuter l’intervention, car l’oedème instantané peut masquer les zones de dépression.

A - VISAGE :

Notre visage est perçu par l’autre en trois dimensions, c’est-à-dire en volume.

Ce volume se traduit par un jeu d’ombres et de lumières.

Lorsque nous regardons un visage, seuls certains points importants sont sélectionnés par le cerveau.

C’est la capacité rapide de distinction des éléments les plus importants.

Ces points correspondent aux zones d’ombres des reliefs.

Notre cerveau décode ces informations et les interprète en volume.

Ces différentes zones d’ombre et de lumière constituent les sous-unités esthétiques de la face.

Chaque unité esthétique est représentée par un relief et délimitée par des zones d’ombre. Une réparation esthétique doit concerner l’ensemble de la sous-unité.

Selon la sous-unité à corriger, une à deux incisions sont réalisées à la lame no 11 ou au trocart permettant un accès aux différentes zones.

Les incisions les plus fréquemment utilisées pour le visage sont : l’incision commissurale, permettant un accès aux lèvres, sillon nasogénien, joue, malaire et au rebord mandibulaire ; l’incision prétragienne ou temporale permettant l’accès à la tempe, sourcil, front, et autres parties en croisant les tunnels avec ceux de l’incision commissurale.

1- Vieillissement :

Le vieillissement de la face a comme conséquences deux éléments : la ptôse des téguments et l’atrophie tissulaire.

* Ptôse des téguments :

La ptôse est liée à une perte de la tonicité de tous les téguments : peau, fascia, ligaments, muscles.

Au niveau de la face, il existe des points fixes et des zones de ptôses gravitationnelles.

Ces points fixes sont les ligaments suspenseurs de la face décrits par Furnas et Stuzin.

Ils relient la peau aux plans profonds osseux ou aponévrotiques.

Cette théorie de ptôse tégumentaire a été documentée par des études numériques à partir des photos d’âges différents, montrant le changement de la position de certains points du visage.

* Atrophie tissulaire :

Le vieillissement facial comporte une part importante de modifications volumétriques.

La perte volumique touche toutes les couches tégumentaires : peau, graisse, muscle et os. Gonzalez-Ulloa a montré, par des biopsies, la modification de l’épaisseur de la peau et du tissu sous-cutané avec l’âge : il y a une atrophie globale avec l’âge mais la plus grande modification, tant au niveau de la peau que du tissu sous-cutané, se situe dans la région jugale et malaire.

La graisse, le muscle et l’os sont également touchés.

Il y a une atrophie de la graisse malaire et jugale.

Celle-ci est plus prononcée au niveau de la « vallée des larmes », laissant un bourrelet plus épais au contact du sillon nasogénien.

L’atrophie pluritissulaire touche également le front, avec amincissement des tissus, relâchement du muscle frontal, à l’origine de la ptôse des sourcils.

Il existe également une atrophie de la région temporale, périorbitaire et péribuccale, notamment des deux triangles paramentonniers.

Cela constitue les « plis d’amertume » qui, par un effet de contraste, contribuent à l’accentuation de la bajoue. Le squelette osseux constitue la charpente faciale.

La rétrusion maxillaire est une des conséquences du vieillissement centrofacial.

Elle est à l’origine d’une accentuation des ombres de la région périnasale.

Au final, ces deux phénomènes de ptôse et d’atrophie sont intimement liés et sont à l’origine de l’impression de vieillissement au niveau de chaque sous-unité.

Comme nous l’avons signalé auparavant, ce n’est pas l’état de la peau seule mais d’une façon plus importante les ombres excessives, liées aux manques de volumes, souvent ressenties comme dysharmonieuses, qui véhiculent cette image.

Il existe deux types de visages vieillissants : le visage plein, avec excès cutanéograisseux mais une ptôse ; et le visage creux qui est le siège d’une atrophie majeure et d’une ptôse.

Il est vrai que dans la grande majorité des cas, le lifting suffit à redonner un effet de rajeunissement au visage (visage plein) mais, chez certaines patientes sans définition des contours du visage (visage creux), le lifting seul est au contraire à l’origine d’un aplatissement et d’une perte de définition du visage.

C’est précisément dans ces cas que l’augmentation volumétrique est nécessaire.

Dans ce cas, la greffe d’adipocytes se fait en dernier une fois le lifting terminé (décollement sous-cutané et plicature du SMAS jugal et du peaucier du cou).

Elle se fait par la voie du lifting ou par des incisions glabellaire, commissurale ou temporale.

Quatre cas de lifting cervicofacial et greffe d’adipocytes sont présentés.

2- Modifications pathologiques :

Toutes les pathologies touchant un des téguments de la face donnent une modification volumétrique.

Elles peuvent être rencontrées avec différents degrés de gravité.

Dans tous ces cas, lorsque l’atteinte est uniquement morphologique, la graisse viendra se substituer aux tissus manquants.

* Traumatisme :

Tous les traumatismes d’intensité variable à l’origine d’une plaie, cicatrice atrophique, perte de substance, atrophie graisseuse, déformation du squelette facial et autres, peuvent donner une modification du contour facial.

* Malformation :

Toutes les malformations congénitales ou acquises type Romberg, Apert, dysplasies otomandibulaires, fentes labiopalatines, Crouzon, dysmorphoses dentofaciales, et autres, sont à l’origine de modifications du contour facial et peuvent bénéficier d’une restauration volumétrique sur le plan morphologique.

* Iatrogène :

Les séquelles de chirurgie, cicatrices chirurgicales, chirurgies tumorales, les séquelles de radiothérapie, de chimiothérapie, de corticothérapie, et autres, peuvent donner une atteinte du contour facial.

* Autres :

Les infections, les séquelles dystrophiques d’acné conglobata, la paralysie faciale, les maladies auto-immunes comme le lupus ou la sclérodermie, les séquelles de brûlures, les lipoatrophies et autres…; toutes ces pathologies sont à l’origine d’une modification du contour du visage.

Toutes ces modifications physiologiques ou pathologiques peuvent faire l’objet d’une restauration volumétrique par greffe d’adipocytes.

3- Place de la greffe d’adipocytes dans la chirurgie de la face :

* En chirurgie esthétique :

Le stade initial du vieillissement facial avec atrophie graisseuse isolée peut être traité par greffe d’adipocytes seule.

Le stade plus avancé, avec ptôse des téguments, devra bénéficier d’un lifting facial associé à la greffe d’adipocytes.

Dans ces cas, la greffe adipeuse sera réalisée en dernier, pour ajustement des volumes après redistribution chirurgicale et pour éviter le traumatisme du tissu adipeux greffé.

* En chirurgie réparatrice :

S’il existe une atteinte fonctionnelle ou osseuse majeure, celle-ci devra être corrigée en premier.

Pour la correction morphologique, il est légitime de débuter le traitement par la greffe d’adipocytes, quel que soit le degré d’atrophie.

Si plusieurs séances de greffe adipocytaire, trois en moyenne, n’ont pas permis d’obtenir un résultat satisfaisant, il est alors légitime de réaliser une reconstruction par lambeau musculaire ou fasciograisseux.

De plus, la greffe de tissu adipeux aura donné une souplesse au plan souscutané, ce qui facilitera la dissection et le décollement de la peau, souvent très difficile et dangereux dans ces cas.

B - THORAX :

Le thorax en entonnoir (pectus excavatum) est la plus fréquente des malformations congénitales de la paroi thoracique.

Il s’agit d’une malformation complexe intéressant le plastron sternocostal.

Elle est caractérisée par une dépression à grand axe vertical, généralement médiane, plus ou moins profonde et symétrique.

Toutes les études modernes convergent et tendent à prouver que le retentissement fonctionnel du thorax en entonnoir est nul ou minime dans la très grande majorité des cas.

Le but de l’intervention étant donc purement morphologique ou cosmétique, il devenait logique de corriger les thorax en entonnoir par comblement car les techniques radicales de sternochondroplastie sont lourdes, la morbidité n’est pas négligeable, les résultats sont inconstants et les récidives fréquentes.

Les greffes dermiques, cutanéograisseuses ou épiploïques, et plus encore les greffes non vascularisées de fragments osseux et cartilagineux réalisées auparavant, étaient inévitablement vouées à la nécrose étant donné le volume nécessaire et l’environnement tissulaire défavorable et peu vascularisé.

Pour ces raisons, la correction par prothèse en silicone préformée est devenue ces dernières années le traitement standard de ces malformations.

Mais avec l’apport des greffes adipocytaires, de nouvelles tentatives ont été réalisées et il semblerait qu’elle soit d’un grand apport dans les formes mineures ou les formes latéralisées.

C - SEINS :

Les pathologies mammaires nécessitant une restauration volumétrique sont les malformations (Poland…) et les déformations acquises après chirurgie pour cancer.

1- Malformations :

Les malformations congénitales des seins ont un retentissement psychologique grave chez les adolescentes qui justifie qu’une intervention chirurgicale leur soit proposée.

On distingue les anomalies de volume, les anomalies de forme et les asymétries.

Les anomalies malformatives caractérisées comptent essentiellement le syndrome de Poland et les seins tubéreux.

Le syndrome de Poland correspond à une entité clinique qui associe une hypoplasie mammaire et une malformation thoracique d’importance variable, dont l’expression minimale est une agénésie du chef sternal du muscle grand pectoral.

Dans les formes modérées, le traitement par implantation d’une prothèse mammaire doit être associé à une prothèse sous-claviculaire ou à une transposition du muscle grand dorsal pour combler le manque du muscle grand pectoral.

Le traitement des formes majeures du syndrome de Poland est difficile et relève de techniques issues de la reconstruction mammaire après cancer.

Comme dans la reconstruction mammaire après cancer, c’est par l’analyse de la déformation comparée à un sein défini comme idéal que l’on peut imaginer et réaliser une intervention correctrice en combinant différentes techniques élémentaires.

Ces interventions, bien que modifiant considérablement la morphologie et la psychologie des patientes, donnaient des résultats souvent imparfaits.

C’est pour cela que la greffe adipocytaire comme geste associé ou comme traitement unique peut être d’un grand apport dans ce domaine.

Notre expérience nous a montré qu’il était possible de corriger totalement ou partiellement le manque volumétrique des syndromes de Poland en plusieurs séances de greffe adipocytaire, même dans les cas les plus sévères.

La restauration du volume du pilier axillaire antérieur par greffe adipocytaire est toujours très utile, même en association avec un implant mammaire.

2- Séquelles de chirurgie pour cancer :

La greffe adipocytaire du sein reconstruit est une technique qui a actuellement de nombreuses indications.

Elle peut être utilisée chaque fois que l’on souhaite corriger un défaut localisé sur un sein reconstruit.

Les défauts après reconstruction mammaire sont particulièrement marqués au niveau de la partie interne et supérointerne du sein, zone du décolleté.

Cette zone est pourtant la plus importante, car elle est la plus visible par les patientes, et c’est elle qui participe le plus à la vie de relation, dans un contexte social.

Il n’y avait, jusqu’à la technique de greffe adipocytaire, aucune technique permettant de corriger la zone du décolleté de façon satisfaisante.

Au niveau des seins reconstruits par lambeaux, la greffe d’adipocytes (que nous appellerons lipomodelage) peut apporter un volume important et peut contribuer à maintenir le caractère purement autologue de la reconstruction en améliorant le volume, la forme et la projection du sein reconstruit.

Le tissu adipeux se substitue dans ce cas à l’implant mammaire siliconé placé derrière le lambeau.

Cette technique est actuellement considérée comme validée lorsqu’elle est réalisée sur un sein ayant eu une mastectomie totale, puisqu’en l’absence de parenchyme mammaire, l’évolution du tissu adipeux greffé ne risque pas de perturber la surveillance ultérieure.

Dans le cas d’un sein conservé (ayant bénéficié d’une tumorectomie et d’une radiothérapie), cette technique est à l’étude pour corriger des déformations séquellaires du traitement conservateur dans le cadre d’un protocole précis avec évaluation mammographique, échographique, et IRM.

Dans ce cadre et dans le cadre d’un sein normal, la greffe d’adipocytes n’est pas considérée comme validée.

Des études sont actuellement en cours pour étudier le retentissement mammographique, échographique et IRM de ces transferts graisseux dans le sein normal.

Le complément de greffe adipeuse dans le but de parfaire un résultat de reconstruction mammaire peut se faire tant dans les reconstructions autologues par lambeau de grand dorsal , par TRAM ou dans les reconstructions prothétiques.

Mais la greffe de tissu adipeux doit être réalisée lors d’une autre séance que la reconstruction mammaire, en général 5 à 6 mois après la reconstruction.

D - MEMBRES :

1- Main :

La main est la partie la plus exposée de l’organisme après le visage et le cou.

Les stigmates du vieillissement y sont très marqués après un certain âge.

L’amincissement de la peau du dos de la main, l’apparition de volumineuses veines dorsales de la main et la saillie des tendons extenseurs sont autant de signes difficilement camouflables.

Le laser, les peelings et l’excision-suture de la peau dorsale de la main ont été proposés.

Aucune de ces techniques n’a donné de grandes satisfactions.

L’utilisation de la greffe d’adipocytes à ce niveau, de par le volume sous-cutané qu’elle apporte, permet de redonner un aspect de plénitude à la main, celui-ci étant, comme pour le visage, synonyme de jeunesse.

Elle permet facilement de masquer les signes de vieillissement cités ci-dessus.

Le but n’est pas de rendre la main boudinée, mais de réaliser un simple feuillet adipeux sous-cutané.

La greffe adipocytaire se fait alors par une incision du bord radial et du bord cubital du dos de la main.

L’injection se fait dans un plan strictement sous-cutané en veillant à ne pas léser les veines et ne pas créer d’irrégularité.

La greffe de tissu adipeux doit aller jusqu’aux espaces commissuraux.

La correction de la face dorsale des doigts est moins systématique et doit concerner la face dorsale des premières phalanges.

La quantité moyenne de tissu adipeux transplanté à ce niveau est entre 10 à 15 ml par main.

2- Membres :

Les pertes volumétriques des membres sont liées à un traumatisme ayant laissé une cicatrice rétractile et dépressive, ou liées à une pathologie atrophiante comme les séquelles de poliomyélite pour le membre inférieur.

En général, lorsqu’il existe une dépression cutanée ou tissulaire, cette impression est accentuée par l’existence d’un excès tissulaire en périphérie.

Il est donc nécessaire qu’une analyse précise préopératoire soit réalisée.

Parfois, une liposuccion de la périphérie et une greffe adipocytaire au centre doivent être combinées.

Dans ce cas, le tissu adipeux prélevé en périphérie peut être purifié et réinjecté au centre.

Dans les cas circonscrits, ou de petites tailles, le tissu adipeux disponible est souvent suffisant, mais, dans certains cas avec atteinte étendue comme c’est le cas des atrophies de poliomyélite, il est illusoire de vouloir corriger la totalité du déficit volumétrique par une séance de greffe adipocytaire : parce que la quantité de tissu adipeux nécessaire serait trop importante (si on assimile la jambe à un cylindre et que l’on compare le volume de ce cylindre [hpr2] au côté controlatéral, on se rend compte que le volume à apporter serait trop important, ce d’autant plus que la survie du tissu transplanté n’est pas de 100 % et qu’une surcorrection et/ou un renouvellement de la greffe sont à prévoir [exemple : sur une jambe de hauteur 20 cm, pour passer d’un diamètre de 10 à 12 cm, un volume de 690 ml serait nécessaire]) ; d’autre part, ces patients porteurs de séquelles de poliomyélite sont souvent de morphotype longiligne et présentent peu de réserve graisseuse, ce qui rend la correction encore plus difficile.

Afin de pallier le manque de tissu adipeux nécessaire, une correction plus importante de l’axe latéral est un moyen de correction visuelle du regard de face.

Pour cela, le tissu adipeux transplanté est prioritairement situé sur les bords latéraux de la jambe.

La greffe d’adipocytes au niveau des mollets représente pour nous le premier choix dans l’arbre décisionnel thérapeutique et ce n’est qu’après plusieurs séances de greffe, et en cas de résultat insuffisant, qu’il faut proposer une correction prothétique par expansion ou prothèses de mollet.

Dans ces cas, l’apport premier du tissu adipeux sur ce membre atrophique facilite la dissection pour la mise en place de la prothèse.

Contre-indications :

Les contre-indications à la greffe d’adipocytes sont rares.

Il s’agit principalement des patientes très minces, n’ayant pas de zone graisseuse à prélever.

Il faut, en effet, des zones graisseuses suffisantes pour permettre le prélèvement de graisse, sachant que l’on subit deux fois la règle des 30 %, c’est-à-dire que l’on perd environ 30 % du volume prélevé lors de la centrifugation et de la préparation, puis plus tard, 30 % du volume transféré, du fait des phénomènes de résorption apparaissant dans les 6 mois suivant le transfert graisseux.

Dans certains cas, la contre-indication est relative et l’on peut prélever différentes zones graisseuses, mais la procédure de prélèvement devient alors plus complexe et plus longue.

Avantages :

A - AVANTAGES DU TISSU ADIPEUX :

Face à tous les implants existants, la graisse autologue représente le substitut idéal.

Elle a pour avantage d’être :

– biocompatible, donc sûre, non toxique, ne mettant pas en danger la santé des patients et résistant à l’infection, après une période initiale d’intégration ;

– naturelle, non ressentie comme une entité séparée mais faisant partie intégrante de la texture des tissus ;

– stable, souvent après plusieurs séances, en évitant de déposer une trop grande quantité par séance ;

– simple et confortable pour le patient, sans inconvénients majeurs ;

– polyvalente, la graisse se substitue à tous les tissus manquants dans un but morphologique.

B - AVANTAGES DE LA TECHNIQUE DE LA GREFFE D’ADIPOCYTES :

Face à toutes les techniques de chirurgie réparatrice ou de chirurgie esthétique, elle a pour avantage d’être :

– techniquement simple ;

– reproductible ;

– efficace, aussi bien pour de petites que pour de grandes pertes de substance ;

– ajustable, permettant de corriger à la demande les zones les plus difficiles ;

– percutanée, non invasive ;

– réalisable sous anesthésie locale et en ambulatoire, selon le volume de graisse nécessaire ;

– à l’origine d’une faible morbidité du site donneur.

Inconvénients - complications :

OEdème : c’est la complication la plus fréquente.

Il est lié au traumatisme local généré par les nombreux tunnels créés lors de la réinjection.

Dans certains cas, il peut persister plusieurs semaines.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la position proclive et la vessie de glace ont pour but de diminuer l’oedème.

Ecchymoses : elles existent surtout quand le passage de la canule a été trop superficiel ou si une trop grande quantité de graisse a été greffée par rapport aux capacités élastiques des tissus locaux.

Une application de pommade vaseline ou de corps gras sur le site receveur évite une souffrance cutanée. Hématomes : les vrais hématomes sont rares.

Cela survient si une veine a été lésée lors de l’anesthésie locale ou lors de la réinjection de la graisse.

Si cela survient, il faut prévenir le patient de la possibilité d’une résorption importante de la graisse greffée.

Sous-correction : c’est la complication la plus fréquente.

Elle est due à une sous-estimation du volume nécessaire ou à un manque de tissu adipeux prélevable chez certaines personnes très maigres.

Elle peut également survenir après résorption d’une partie de la graisse greffée.

Le traitement est le renouvellement du geste.

Surcorrection : elle est moins fréquente que la précédente mais le traitement est également moins simple.

Il est quasiment impossible de retirer la graisse déposée sans abîmer les téguments locaux.

C’est pour cette raison que Coleman préconise de toujours déborder en dégradé de la zone précise à corriger car lorsque la correction est trop focalisée, elle est à l’origine d’une impression d’excès.

Le tissu adipeux greffé garde ses caractéristiques initiales et peut être le siège d’une hypertrophie secondaire à l’occasion d’une prise de poids.

Pseudokyste et nécrose graisseuse : elle survient lorsque le volume injecté est trop important par rapport au contenant et aux capacités de revascularisation.

Le centre d’un gros fragment est le siège d’une nécrose ischémique, par conséquent d’un enkystement ou d’une fonte graisseuse.

Ces pseudokystes surviennent 6 à 12 mois après l’intervention et contiennent des lipides, triglycérides, acides gras et cholestérol.

Certains proposent de les exciser pour éviter les réactions granulomateuses ultérieures.

Ces pseudokystes sont très rares avec la technique décrite ci-dessus.

Migration : elle survient lorsqu’une trop grande quantité de graisse est déposée dans une zone sous tension et que la zone avoisinante est souple.

La graisse chemine naturellement d’une zone de haute pression vers une zone de basse pression.

C’est pour cela qu’une correction en plusieurs séances est souhaitée lorsqu’un grand volume de graisse est nécessaire.

Aucun cas n’a été retrouvé dans notre série.

Irrégularités : elles surviennent lorsque la graisse est déposée trop superficiellement dans une zone où la couverture cutanée est fine.

Les gros fragments sont le siège d’une lyse spontanée, mais c’est souvent les petits fragments qui forment des « grumeaux ».

La région palpébrale est souvent le siège d’irrégularités.

Tatouage : cela survient par pénétration dermique, au niveau des incisions, du bleu ayant servi à repérer les différentes zones.

Infection : la principale source d’infection dans la région faciale est la muqueuse buccale si une brèche est créée lors de l’injection de la joue ou des lèvres.

Un cas d’érysipèle de membre inférieur a été rapporté.

Lésion des éléments sous-jacents : l’utilisation d’une canule mousse a pour but d’éviter cela.

Les lésions rencontrées sont une parotidite, une injection infraorbitaire par perforation du septum sous-orbitaire et une lésion des branches de l’artère, de la veine ou du nerf facial.

Cette complication est exceptionnelle.

Injection intravasculaire : elle survient surtout dans la région périorbitaire avec embolie graisseuse à l’origine d’une thrombose de l’artère centrale de la rétine ou d’un accident vasculaire cérébral ischémique.

Il faut trois conditions pour provoquer une embolie graisseuse : un tissu adipeux sanglant dont l’injection est réalisée sous forte pression, une injection sur les trajets vasculaires et une introduction de l’extrémité de l’aiguille dans la lumière vasculaire.

En utilisant le matériel de Lipostructuret, toutes ces conditions sont en principe écartées.

Ces complications sont extrêmement rares et sur une série de 100 cas, nous avons relevé uniquement huit oedèmes.

Conclusion :

La greffe d’adipocytes selon les principes de Coleman est un concept récent.

C’est une opération délicate de greffe d’un tissu fragile, imposant des gestes non traumatisants.

Elle utilise un matériel spécifique et une méthodologie très stricte.

Des études histologiques comparatives ne montrent pas d’altération du tissu adipeux par cette technique.

La preuve de la survie du tissu adipeux greffé a été apportée par différentes études histologiques, biochimiques, radiologiques et cliniques.

Il s’agit d’une technique simple, efficace et reproductible, permettant d’obtenir de bons résultats et un fort taux de satisfaction des patients.

La greffe d’adipocytes constitue pour nous le meilleur moyen d’ajustement des volumes.

L’application de cette technique aux différents domaines de la chirurgie plastique en fait un outil thérapeutique indispensable à ne pas négliger.

Ces travaux ont contribué à une meilleure connaissance du tissu adipeux qui pourrait, grâce à l’ingénierie tissulaire, être une source de « cellules mères », en vue d’une reconstruction autologue des différents tissus conjonctifs.

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