Fièvre au retour d’un pays tropical Cours
d'infectieux
Appréciation de la tolérance
de la fièvre
:
La tolérance de la fièvre se mesure par la prise de la
tension artérielle, du pouls, de la fréquence respiratoire,
et par la recherche de troubles neuropsychiatriques.
On recherche ainsi :
– une dyspnée sine materia témoin d’un déséquilibre
acido-basique et dont la manifestation est une polypnée
avec une fréquence respiratoire supérieure à
24/min chez un malade adulte sans atteinte cardiaque
ou pulmonaire ;
– des troubles de la conscience même mineurs.
À l’extrême, on connaît la gravité des convulsions hyperpyrétiques chez l’enfant et l’on sait que la fièvre
est constamment mortelle lorsque la température, à tout
âge, atteint 42,2 °C.
Une mauvaise tolérance peut imposer une prise en charge
urgente par antipyrétiques par voie parentérale (en évitant
toujours les salicylés lors d’une pathologie du retour),
réhydratation correcte, traitement curatif spécifique à
titre présomptif (antimalarique par exemple) avant
même les résultats des examens complémentaires.
Analyse des circonstances
épidémiologiques : l’anamnèse
L’anamnèse permet de préciser les circonstances épidémiologiques.
Bon nombre d’hypothèses diagnostiques
peuvent être retenues ou exclues après examen des
mesures de médecine préventive prises par le voyageur,
du lieu et des circonstances du séjour, du temps écoulé
entre la possibilité de contamination et les premiers
signes.
Ces différents éléments peuvent se résumer dans
l’interrogation : de qui s’agit-il, qui a fait quoi, où,
quand et éventuellement avec qui ?
A - De qui s’agit-il ? Qui a fait quoi ?
L’individu a-t-il une immunité naturelle contre telle
maladie infectieuse (par exemple Plasmodium vivax est
quasi absent de la race noire), une immunité acquise par
vaccination ou une prémunition (vis-à-vis du risque
palustre) ?
A-t-il eu une prévention antipalustre (prophylaxie
d’exposition et chimioprophylaxie) adaptée et
suffisante ?
B - Qui a fait quoi ?
L’individu s’est-il exposé à des risques alimentaires ?
à des baignades notamment en eau douce et stagnante
dans les zones où sévit la bilharziose ? à des contacts
avec les sols humides qui favorisent la pénétration de
parasites à transmission transcutanée ? à des rapports
sexuels non protégés ?
Par ailleurs, certaines activités
comportent des risques infectieux particuliers.
Ainsi par
exemple, les plongeurs, spéléologues, excursionnistes,
amateurs de « raids », de « rafting », de « canyoning »
sont exposés à la leptospirose ; les promenades et gîtes
en régions d’élevage exposent à la brucellose.
C - Où ?
Cette question renvoie à une connaissance élémentaire
de la répartition géographique des maladies tropicales
qui s’explique généralement par les conditions climatiques,
et notamment la présence inégalement répartie
de vecteurs.
Une schématisation en grandes zones
géographiques peut être faite. Une connaissance plus
précise et actualisée peut être obtenue dans les centres
de médecine des voyages.
D - Quand ?
Il est important de considérer : la durée du séjour
pouvant aller de quelques heures à plusieurs mois, le
délai écoulé depuis le retour, la date du début des
troubles.
La période du séjour peut être déterminante,
car il existe d’importantes variations saisonnières des
maladies.
En Afrique par exemple, dans les zones soudano-sahéliennes, la saison sèche, qui va du mois de
janvier au mois de mai, limite le risque de transmission
vectorielle et notamment du paludisme ; en revanche,
cette période est très favorable aux maladies à transmission
directe (écarts de température, air sec et poussiéreux)
telles que la méningite cérébrospinale et les
infections respiratoires.
Par ailleurs, il existe des
variations conjoncturelles des risques : en zone insulaire
du Pacifique et de l’océan Indien et plus récemment des
Caraïbes, il existe des vagues d’épidémies d’arboviroses
et notamment de dengue qui sont à connaître ; en dehors
de ces périodes épidémiques, le risque de contracter la
maladie est extrêmement faible.
La notion de temps fait envisager également les périodes
d’incubation des maladies.
Par exemple, après un séjour
en zone tropicale, si la fièvre se manifeste plus de 2
semaines après le retour, il est peu probable qu’il s’agisse
d’une arbovirose. Pour certaines affections, les hypothèses
diagnostiques ne seront pas récusées même si les
manifestations sont très lointaines par rapport au séjour
tropical.
C’est le cas de l’amibiase qui peut être longtemps
asymptomatique (amibiase infestation) et se
manifester brutalement (amibiase maladie) alors que le
voyage en milieu tropical peut avoir été oublié.
E - Éventuellement avec qui ?
Les manifestations frappant plusieurs individus exposés
à des risques identiques peuvent avoir une grande valeur
diagnostique (maladie d’origine alimentaire, baignade,
notion de contage vis-à-vis de la tuberculose ou des
arboviroses par exemple). Cette indication a également
de la valeur lors de l’identification de maladies sexuellement
transmissibles.
Analyse sémiologique de la fièvre
:
Un examen clinique minutieux permet d’établir si la
fièvre est isolée ou associée.
A - Fièvre associée
:
S’il s’agit d’une fièvre associée et si les signes d’accompagnement
sont spécifiques, la fièvre s’inscrit dans le
cadre d’une souffrance viscérale : il s’agira d’un cas
pneumologique, cardiologique, urinaire, neuro-méningé,
d’ictère fébrile, de maladie éruptive ou de syndrome
diarrhéique, etc.
La souffrance simultanée de 2 ou
plusieurs appareils doit faire évoquer une septicémie ou
une maladie systémique.
Certains autres signes
d’accompagnement non spécifiques d’un organe ne
permettent pas une orientation diagnostique précise,
mais doivent être recherchés (troubles digestifs, hépatomégalie,
splénomégalie, adénopathies, signes cutanés
et neurologiques).
B - Fièvre isolée :
Lorsque la fièvre est isolée, il faut s’aider des caractéristiques
des symptômes liés à la fièvre.
La plupart de ces
symptômes ne sont pas spécifiques, mais apportent des
nuances dans l’orientation diagnostique.
Ces symptômes
sont : les frissons, les sueurs, les céphalées,
certaines douleurs diffuses, les troubles du sommeil et
l’altération de l’état général.
Le frisson « solennel » (avec claquement des dents et
tremblements) inaugure la pneumonie aiguë, la leptospirose,
la borréliose, certaines formes de paludisme et
les fièvres pseudo-palustres (fièvres observées au cours
d’infections urinaires, biliaires ou bronchiques).
Au
cours de la grippe, le frisson est léger ; il est absent au
cours de la phase d’état de la fièvre typhoïde.
Les sueurs sont profuses au cours du paludisme et des
fièvres pseudo-palustres ; elles sont odorantes au cours
de la brucellose (odeur de paille pourrie) ; discrètes au
cours de la grippe, de la tuberculose et des infections par
le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ; absentes
au début de la pneumococcie et de la fièvre typhoïde.
Une céphalée frontale est constatée à l’acmé thermique
d’une fièvre typhoïde.
Elle est fronto-orbitaire dans la
grippe, fronto-occipitale dans la dengue et les arboviroses,
pariétéo-temporale au cours de la maladie de
Horton.
À l’opposé, il n’existe ordinairement pas de
céphalées au cours des brucelloses et des endocardites.
Les arthralgies sont présentes au cours de la brucellose,
l’hépatite virale B, la maladie sérique et les fièvres par hypersensibilté. Les myalgies caractérisent la poliomyélite,
les arboviroses, la leptospirose, la trichinose,
les connectivites (dermatomyosite, périartérite noueuse).
Les courbatures accompagnent la majorité des affections
fébriles, mais leur absence permet d’éliminer la
grippe ou la dengue.
L’insomnie est un signe du premier septénaire de la
fièvre typhoïde.
Les cauchemars sont présents au cours
de la grippe.
Les sueurs ou douleurs nocturnes perturbent
le sommeil au cours de la tuberculose, des entéroviroses,
de la leptospirose, de la brucellose, des formes
diverses d’infection par le virus de l’immunodéficience
humaine.
L’appétit est conservé au cours de la tuberculose floride,
mais nul (avec dégoût) au cours de la brucellose et des
hépatites virales.
La perte de plus de 10 % de poids s’observe
au cours de la trypanosomiase, de la leishmaniose
viscérale, de la tuberculose évolutive, des affections
malignes, du syndrome de l’immunodéficience humaine.
L’asthénie est progressive au cours de la fièvre typhoïde,
de la leishmaniose et de la trypanosomiase ; elle est totale
au cours du paludisme grave ou des connectivites.
À l’opposé, l’activité est conservée au cours de la
brucellose, de la tuberculose, de l’endocardite et de la
maladie de Hodgkin.
Examens complémentaires
:
Ils comprennent au minimum : numération globulaire
avec formule sanguine, numération des plaquettes, frottis
sanguin (la goutte épaisse souvent préconisée n’est pas
un examen de l’urgence), 3 hémocultures, vitesse de
sédimentation, dosage de la protéine C réactive, exploration
fonctionnelle hépatique (transaminases, phosphatases
alcalines, bilirubine, gamma GT, taux de prothrombine),
radiographie pulmonaire.
S’il persiste un
doute quant au diagnostic d’un accès palustre, il faut
répéter les frottis sanguins ; les méthodes d’enrichissement
(comme le Quantitative Buffy-Coat ou QBC-test,
utilisant l’affinité de l’acridine pour le matériel
nucléique, ou le Parasight-F, détectant les antigènes
plasmodiaux solubles riches en histidine) peuvent s’avérer
utiles.
Lorsque la fièvre dure plus de 10 j sans qu’aucune cause
ne soit trouvée, elle est dite prolongée.
La réalisation de
sérodiagnostics est décidée en fonction de l’anamnèse et
des signes cliniques ou biologiques d’orientation.
Les sérodiagnostics et les hémocultures peuvent rester
négatifs et la fièvre inexpliquée au-delà du 20e j.
On parle alors de fièvre de longue durée. Les examens
complémentaires doivent alors permettre de rechercher :
– les cancers à forme fébrile pure (rein, pancréas, foie,
colon) ; les connectivites (lupus érythémateux aigu
disséminé, périartérite noueuse, dermatomyosite et
vascularites diverses) ; les lymphomes et affections
malignes du système hématopoïétique (maladie de
Hodgkin, leucémies aiguës) ;
– les thyroïdites auto-immunes ; les thrombophlébites.
Hypothèses diagnostiques
et conduite à tenir
:
Seules les étiologies tropicales seront discutées ici.
Les
hypothèses diagnostiques seront envisagées en fonction
de la durée d’incubation des affections et des
signes cliniques et biologiques d’accompagnement.
Nous insistons sur le fait que la durée d’incubation doit être comparée au délai depuis
l’exposition au risque tropical (et non pas au délai
depuis la date du retour, erreur trop souvent commise !).
Cependant, lorsque la durée d’incubation est comparée
au délai depuis la date du retour, on peut d’emblée
éliminer certaines hypothèses : il en est ainsi par
exemple des arboviroses, des rickettsioses, des borrélioses
ou de la peste quand la fièvre débute plus de
2 semaines après le retour de la zone tropicale ; de
même, il n’est pas classique d’envisager un accès
palustre à P. falciparum plus de 3 mois après le retour de la zone d’endémie.
A - Principaux diagnostics parasitaires :
1- Accès palustre
:
Ce diagnostic doit être évoqué devant une fièvre chez
tout voyageur ayant séjourné en zone d’endémie
palustre, même s’il s’agit d’une simple escale, même si
la prévention antipalustre (prophylaxie d’exposition et
chimioprophylaxie) est adaptée.
La chloroquinorésistance
est présente dans la plupart des pays tropicaux et
la souche plasmodiale la plus dangereuse, trop souvent
mortelle et la plus fréquente est P. falciparum.
La présentation
clinique est dans plus de 90 % des cas celle
d’un accès palustre de primo-invasion apparaissant 7 j
au minimum après la piqûre de l’anophèle, et dans
98 % des cas pendant le séjour ou dans les 8 semaines
après le retour (en ce qui concerne P. falciparum).
Elle
répond donc rarement au schéma classique de la fièvre
tierce et est souvent atypique, pouvant simuler un
embarras gastrique fébrile, revêtir un tableau
d’anémie avec asthénie ou un état grippal.
Le diagnostic
repose sur la mise en évidence des hématozoaires
par frottis sanguin.
Lorsque l’espèce en cause
est P. falciparum, il faut rechercher les signes de
gravité et les situations à risque de
complication, qui imposent l’hospitalisation et un
traitement urgent par quinine intraveineuse.
Le
traitement oral par quinine (Quinimax), halofantrine
(Halfan), méfloquine (Lariam), association proguanil
+ atovaquone (Malarone) est possible lorsqu’il s’agit
d’un accès palustre simple à P. falciparum. Les autres
espèces plasmodiales (P. vivax, P. ovale et P. malariæ)
restent habituellement sensibles à la chloroquine
(Nivaquine).
2- Amibiase tissulaire :
L’amibiase est due à un protozoaire, Entamoeba histolytica,
seule amibe pathogène pour l’homme dont on
distingue 3 formes :
– les kystes, résistants dans le milieu extérieur, permettent
la dissémination du parasite (ingestion par l’intermédiaire
d’eau ou d’aliments souillés) ;
– la forme végétative non pathogène, Entamoeba histolytica
minuta, vit en saprophyte dans le tube digestif et
peut être éliminée sous cette forme dans les selles,
s’enkyster ou se transformer en forme invasive hématophage
;
– la forme végétative invasive, Entamoeba histolytica
histolytica, hématophage et histolytique.
C’est elle
qui est responsable de l’amibiase maladie. La manifestation
la plus fréquente est l’amibiase intestinale
aiguë qui se traduit par des diarrhées glairo-sanglantes
associées à des douleurs abdominales (ténesme,
épreintes).
La présence de fièvre doit faire rechercher
une localisation tissulaire dont la plus fréquente est
l’abcès amibien hépatique caractérisé par une hépatomégalie
douloureuse fébrile.
Le diagnostic repose sur la séro-immunologie et l’échographie
abdominale (qui peut être normale en phase présuppurative).
La recherche de l’amibe hématophage
dans les selles, le mucus ou même en rectoscopie peut
être négative.
Le traitement comprend toujours un amoebicide
tissulaire (5 nitro-imidazolé, par exemple métronidazole,
Flagyl) et un amoebicide de contact (par
exemple oxyquinoléine, Intétrix).
3- Fièvres d’invasion larvaire :
Il peut s’agir d’ascaridiose ou de bilharziose en phase
d’invasion, ou de distomatose.
• La bilharziose en phase d’invasion est une nématodose
caractérisée par la présence de petits vers dans les
plexus veineux de l’organisme, les schistosomes, dont
on distingue 5 espèces : Schistosoma hæmatobium
(tropisme urogénital), S. mansoni et S. intercalatum
(tropisme intestinal), S. japonicum et S. mekongi (tropisme
hépatosplénique).
La contamination est transcutanée par
contact aquatique (baignade, lessive…).
La phase de
pénétration entraîne un prurit et une urticaire localisée.
Puis de la 3e à la 8e semaine, apparaît la phase d’invasion
correspondant à la migration des vers ; elle est parfois
inapparente, mais peut s’accompagner de fièvre modérée
(fièvre de safari), de manifestations allergiques et d’une hyperéosinophilie.
Le sérodiagnostic n’est pas spécifique
d’espèce.
La recherche des oeufs dans les selles ou
par biopsie de la muqueuse rectale est presque constamment
négative à ce stade.
Le traitement de choix de cette
phase est l’oxamniquine (Vansil, 30 à 60 mg/kg à répartir
en 4 doses en 2 j).
Le praziquantel (Biltricide 40 mg/kg
en prise unique) peut être efficace.
• La distomatose est une trématodose (dont la plus
fréquente est due à Fasciola hepatica) dont la contamination
est alimentaire par consommation de végétaux
crus : cresson et autres végétaux semi-aquatiques
souillés par des déjections d’animaux infectés.
La
période d’invasion, qui débute 1 à 4 semaines après
le repas infestant, réalise habituellement le tableau
d’une hépatite toxi-infectieuse.
La fièvre modérée
s’associe à des douleurs de l’hypocondre droit,
des manifestations allergiques et une hyperéosinophilie.
La sérologie est l’examen clé du diagnostic.
Le
traitement repose sur du praziquantel (Biltricide,
40 mg/kg en prise unique), ou du triclabendazole
(Fasinex ou Egaten, 10 mg/kg en prise unique) qui
n’est disponible pour l’instant en France qu’en autorisation
temporaire d’utilisation nominative.
4- Trypanosomiase :
• La trypanosomiase africaine ou maladie du sommeil
est due à un protozoaire, Trypanosoma brucei, dont il
existe deux espèces : T. brucei gambiense et T. brucei
rhodesiense.
Elle est transmise par la piqûre de glossines.
L’incubation dure de quelques jours à plusieurs
années.
Elle se manifeste par une fièvre anarchique, des
adénopathies rétrocervicales ou sus-claviculaires, des
troubles du comportement.
Le diagnostic de certitude
repose sur la mise en évidence du protozoaire dans le sang, le suc ganglionnaire ou le liquide céphalo-rachidien.
Le sérodiagnostic est possible.
L’évolution est constamment
mortelle en l’absence de traitement.
• La trypanosomiase américaine ou maladie de Chagas, due à T. cruzi, est transmise à l’homme lors de
la piqûre d’une punaise hématophage, le réduve.
Elle
associe une fièvre élevée plus ou moins bien supportée
avec dacryocystite et adénopathies.
À long terme, il
existe des atteintes cardiaques, neurologiques et du
tube digestif.
5- Leishmaniose viscérale ou kala-azar :
Il existe 5 foyers mondiaux d’endémie : Afrique de l’Est
et du Centre, Inde, Chine, Amérique du Sud, pourtour
méditerranéen (dont le Sud de la France).
L’homme est
infecté lors de la piqûre par un phlébotome parasité.
L’incubation dure 1 à 2 mois.
La maladie associe une
fièvre folle (résistant aux antipyrétiques), une altération
de l’état général, une pâleur, une hépatosplénomégalie,
un syndrome inflammatoire et une pancytopénie.
Le
myélogramme permet un diagnostic direct par la mise
en évidence de protozoaires intracellulaires du genre
Leishmania.
Le sérodiagnostic est possible.
Les sels
d’antimoine (Glucantime) ou de pentamidine (Pentacarinat)
sont la base du traitement. En cas d’infection
par le virus de l’immunodéficience humaine, le risque
est accru et la résistance aux thérapeutiques classiques
fréquente.
6- Trichinose
:
C’est une nématodose due à Trichinella spiralis, dont la
contamination se fait par ingestion de viande contaminée
(sanglier, porc, cheval).
Après une incubation de 2 à 6 j,
apparaît une fièvre accompagnée de diarrhée, d’un
oedème de la face, de myalgies diffuses et une hyperéosinophilie
importante (> 2 000/mm3).
Le traitement par tiabendazole (Mintezol) ou albendazole (Zentel ou
Escazole) doit être débuté le plus rapidement possible
pour éviter les séquelles myalgiques.
Le diagnostic de
certitude se fait par séro-immunologie ou biopsie musculaire.
7- Lymphangite filarienne :
Les filarioses lymphatiques sont fréquentes en zones
inter- et subtropicales.
La transmission s’effectue par les
piqûres de plusieurs genres de moustiques.
Chez un
voyageur, le diagnostic ne sera évoqué qu’après un
séjour minimal de plusieurs mois nécessaire à l’infestation.
La symptomatologie débute environ 1 an après
l’infection (3 à 15 mois).
Les manifestations aiguës
associant douleurs et fièvre sont plus fréquentes que les
formes chroniques qui nécessitent des infestations
massives répétées ; il s’agit de lymphangite superficielle
(centrifuge) et de lymphangite profonde.
Le diagnostic
de certitude repose sur la mise en évidence d’une microfilarémie
nocturne.
Le traitement utilise la diéthylcarbamazine
(Notézine) ou l’ivermectine (Stromectol), et la
chirurgie en cas de fibrose tissulaire majeure (éléphantiasis)
ou d’obstruction lymphatique.
B - Principaux diagnostics virologiques
et bactériologiques :
1- Hépatite virale aiguë :
Elle peut être due aux virus A, B ou E de l’hépatite.
Elle associe altération de l’état général, troubles
digestifs, arthralgies, ictère et cytolyse hépatique
intense. Le diagnostic du type d’hépatite est fait par
sérodiagnostic.
2- Primo-infection par le virus
de l’immunodéficience humaine :
La primo-infection par le virus de l’immunodéficience
humaine a une incidence globale 6 fois plus importante
chez le voyageur et doit être recherchée chez le sujet
jeune rapportant un syndrome pseudo-grippal, des
signes cutanéo-muqueux (éruption exanthémateuse,
ulcérations), un syndrome mononucléosique et une
cytolyse hépatique.
La recherche de l’antigénémie p24
doit accompagner la sérologie de dépistage.
Un traitement
efficace comportant une trithérapie antirétrovirale
avec antiprotéase doit être proposé.
3- Arboviroses et fièvres hémorragiques :
• Les arboviroses sont dues à des virus transmis par
la piqûre d’un arthropode.
L’incubation est presque
toujours inférieure à 10 j.
La dengue sévit à l’état endémique dans la plupart des
zones chaudes inter- et subtropicales.
Elle se manifeste
par une ascension thermique brutale, des céphalées rétro-orbitaires, des arthromyalgies intenses et parfois
un rash cutané ; on observe fréquemment un 2e épisode
après une accalmie passagère. Le traitement est symptomatique
et la guérison presque constante.
La fièvre jaune sévit en Afrique et en Amérique intertropicales.
Elle provoque un syndrome fébrile intense avec
altération de l’état général, un syndrome hépatique,
rénal et hémorragique.
Le traitement, uniquement symptomatique,
est décevant. La prévention par vaccination est
généralement efficace.
• Les fièvres hémorragiques virales associent classiquement
syndrome fébrile intense, signes hémorragiques,
éruptions cutanées et muqueuses.
Elles imposent
l’isolement immédiat du malade.
On distingue, parmi
les fièvres hémorragiques africaines : la maladie de
Marburg, la fièvre à virus Ebola, la fièvre de Lassa.
4- Fièvre typhoïde
:
Au premier septénaire, elle associe syndrome fébrile,
céphalées frontales, insomnies, vertiges, épistaxis et
tremblement.
Des troubles digestifs et une splénomégalie
sont possibles.
L’hyperleucocytose est absente.
Coprocultures,
hémocultures et sérodiagnostic permettent le
diagnostic.
5- Borrélioses :
Elles sont dues à des spirochètes transmis par les poux
et les tiques.
Après une incubation de 2 à 8 j, elles déterminent
des fièvres récurrentes avec des signes digestifs
et une hépatosplénomégalie. Des rémissions de 7 j
séparent les accès fébriles.
Le diagnostic est confirmé
par le frottis sanguin ou la sérologie.
Le traitement par cyclines est efficace.
6- Rickettsiose :
Elle est transmise par des poux ou des tiques.
Après une
incubation de 7 à 15 j, apparaissent le syndrome fébrile,
le tuphos (associant obnubilation et stupeur) et l’exanthème
(éruptions maculeuses ou maculo-pétéchiales) et
une splénomégalie.
Le diagnostic repose sur la sérologie.
Les cyclines et les quinolones sont efficaces.
7- Brucellose :
C’est une affection bactérienne cosmopolite dont la
prévalence est élevée sous les tropiques, surtout si la
notion de promenades ou gîtes en régions d’élevage est
présente.
Après une incubation silencieuse de 6 à 14 j, le
tableau clinique associe syndrome infectieux, polyalgies,
sueurs et parfois hépatosplénomégalie. Une leucopénie
a une valeur d’orientation.
Le sérodiagnostic est
possible. Le traitement repose sur les cyclines, la rifampicine
ou les fluoroquinolones.
8- Leptospirose
:
C’est une anthropozoonose cosmopolite, mais répandue
en Asie du Sud-Est.
L’homme est contaminé à l’occasion
d’une baignade ou d’un contact avec la boue, parfois
d’une morsure par un rongeur (surtout un rat) infesté.
L’incubation dure 4 à 14 j puis apparaissent des signes
infectieux, méningés, hépatiques, rénaux.
Le diagnostic
repose sur la mise en évidence des leptospires dans le
sang ou les urines, ou la sérologie.
Le traitement par
pénicilline G ou cyclines est efficace.
9- Peste :
Elle sévit en Asie et en Afrique par petits foyers épidémiques.
La transmission se fait par les rongeurs
sauvages. L’incubation silencieuse de 2 à 7 j est suivie
d’un syndrome toxi-infectieux grave, du bubon (forme
bubonique) ou de signes pulmonaires (forme pulmonaire).
L’évolution est spontanément mortelle.
Le traitement
repose sur une antibiothérapie précoce (cycline, streptomycine
ou chloramphénicol).
10- Dysenteries bacillaires
:
Elles sont dues à l’agression de la paroi intestinale par
des bactéries qui l’envahissent et peuvent y créer des
ulcérations.
Les symptômes associent des diarrhées
sanglantes ou glairo-sanglantes, des douleurs abdominales
et un syndrome infectieux.
Une diffusion septicémique
et viscérale est possible.
L’examen direct des
selles montre une leucocytorrhée et la coproculture
permet d’identifier la bactérie dont les principales sont :
les shigelles, les salmonelles, Escherichia coli entéroinvasif,
Yersinia enterocolitica, Campylobacter jejuni.
Le traitement repose sur une réhydratation et parfois une
antibiothérapie.
11- Méningite aiguë :
Elle associe hyperthermie, céphalées, raideur de la
nuque, troubles neurologiques centraux diffus ou
focalisés.
L’analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR)
permet le diagnostic.
En effet, lorsque le LCR est clair et
de formule lymphocytaire, la méningite a souvent une
cause virale.
En revanche, le LCR trouble évoque toujours
une méningite bactérienne dont la plus fréquente
sous les tropiques est la méningite à méningocoques A
ou C (ou méningite cérébro-spinale épidémique).
On se
rappellera l’aphorisme : « syndrome méningé + purpura
= méningite à méningocoque » imposant une antibiothérapie
(ampicilline, amoxicilline ou ceftriaxone)
parentérale urgente.