Traitement des thromboses veineuses profondes des membres inférieurs par fibrinolyse in situ et thrombectomie Cours de Chirurgie
Introduction.
Actualisation du problème
:
Le traitement des thromboses veineuses profondes (TVP) au niveau
des membres inférieurs est encore controversé.
En Europe, le
traitement par les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) fait
l’objet d’une attitude consensuelle.
Aux États-Unis, une
thérapeutique plus agressive est prônée par un certain nombre
d’équipes sous la forme d’une fibrinolyse in situ.
La thrombectomie
qui était réalisée par certaines équipes, tant en Europe qu’outre-Atlantique, n’est plus actuellement proposée comme traitement de
première intention aux États-Unis où elle est supplantée par la
fibrinolyse in situ.
En l’absence d’étude randomisée, il est impossible de fournir des
conclusions de niveau 1 sur les indications respectives du traitement
aux HBPM ou des traitements plus agressifs.
Rappel anatomophysiopathologique
:
L’obstruction des veines profondes (partielle ou totale) par un
thrombus survient dans le contexte de la triade décrite par Virchow :
la stase veineuse, les anomalies de la paroi veineuse et les
modifications des éléments du sang.
Nos connaissances dans ce domaine sont en pleine évolution et plus
particulièrement celles qui concernent le troisième élément de la
triade (facteurs hémorrhéologiques et thrombophilie).
L’extension du thrombus est variable, elle conditionne, à la phase
aiguë, les possibilités de suppléance du réseau collatéral qui se révèle plus souvent efficace.
Exceptionnellement, l’augmentation des
résistances périphériques retentit sur la circulation artérielle
(phlébite bleue).
Parallèlement à la thrombose, des phénomènes inflammatoires
surviennent au niveau de la paroi veineuse et des tissus avoisinants.
Trois éléments conditionnent le pronostic :
– deux à court terme : l’éventuelle survenue d’une embolie
pulmonaire dont le degré de sévérité est variable ; l’extension,
l’aggravation de la TVP qui peut évoluer vers la phlegmatia caerulea
(phlébite bleue), la gangrène veineuse ;
– à long terme, le développement d’un syndrome postthrombotique
(SPT) qui a une traduction clinique dans 30 à 60 %
des cas selon la durée du suivi.
C’est essentiellement en fonction de ces éléments que doivent être
jugés les résultats du traitement des TVP.
Rappel clinique et épidémiologique
:
Le diagnostic strictement clinique d’une TVP est peu fiable. Wells
a proposé un score de probabilité reposant sur des éléments
cliniques permettant de classer les patients en trois
groupes de probabilité quant à la présence d’une TVP : faible,
moyen, fort.
Chez les patients adressés en urgence pour suspicion de TVP, le
diagnostic n’est confirmé que dans un quart des cas.
C’est dire que
les investigations complémentaires s’imposent dans tous les cas :
– d’abord pour confirmer ou infirmer le diagnostic de TVP :
l’échodoppler est devenu l’investigation de première intention, la
phlébographie un examen d’exception.
La place exacte du dosage
des D-dimères à ce stade reste discutée ;
– secondairement, pour prendre une décision au plan thérapeutique
dès lors que les modalités du traitement ne sont pas uniques.
Dans
ce cas, la phlébographie ascendante bilatérale avec opacification de la veine cave inférieure s’impose lorsqu’on envisage un traitement
fibrinolytique ou une thrombectomie.
En cas d’extension de la
thrombose au niveau de la veine cave inférieure, le scanner avec
injection de produit de contraste permet de mieux préciser la limite
supérieure du thrombus.
La place de la résonance magnétique
nucléaire reste à préciser.
Principes et objectifs des différentes
méthodes thérapeutiques :
A - PRINCIPES ET OBJECTIFS
:
Instituer un traitement dont le but est de restaurer le plus
rapidement possible la perméabilité veineuse par ablation ou
fibrinolyse des caillots.
On sait en effet que le traitement héparinique
n’a qu’une faible efficacité thrombolytique, la reperméation des
veines obstruées ne se produit que de façon progressive et souvent
incomplète.
À l’étage sous-inguinal, le problème est plus complexe dans la
mesure où à la composante obstructive s’ajoute la perte de la
fonction valvulaire qui entraîne secondairement un reflux.
Celui-ci est considéré comme l’élément physiopathologique
prédominant dans les SPT.
Or, il a été démontré que la perte de la
fonction valvulaire était inversement corrélée avec la rapidité avec
laquelle la levée de la composante obstructive était obtenue.
B - DIFFÉRENTES MÉTHODES
:
1- Fibrinolyse
:
Son principe repose sur l’administration d’un activateur du plasminogène (streptokinase, urokinase, activateur tissulaire du
plasminogène ou rt-PA, pro-urokinase ou SCU-PA, acylenzymes ou
complexes streptokinase-plasminogène acylés) qui va stimuler le
système fibrinolytique du patient en transformant le plasminogène
en plasmine.
Alors que la streptokinase est hautement antigénique
du fait de son origine bactérienne, l’urokinase issue de protéines
humaines et le rt-PA produit par des techniques de génie génétique
ne le sont pas.
* Fibrinolyse par voie systémique
:
Elle a été proposée dès 1968.
Elle a l’inconvénient de délivrer
l’agent fibrinolytique à distance de la thrombose, donc d’activer de
façon moins spécifique le plasminogène au contact de la fibrine contenue dans
les thrombus.
Le risque
hémorragique a été estimé selon les séries entre 6 et 30 %.
La plupart
des résultats rapportés n’ont pas dans l’ensemble démontré une
supériorité à long terme du traitement fibrinolytique sur
l’héparine.
*
Fibrinolyse in situ :
Elle a fait
son apparition en 1991. Son principe consiste à délivrer in situ
l’agent fibrinolytique à l’aide d’un cathéter conduit au
contact, voire dans le thrombus.
Ceci
explique que la fibrinolyse in situ soit plus efficace avec des
doses moins importantes diminuant d’autant le risque
hémorragique.
2- Thrombectomie chirurgicale
:
Elle consiste à réaliser une ablation des thrombus par phlébotomie à
l’aide d’un cathéter de Fogarty à l’étage iliocave.
Si un certain
nombre de séries documentées ont rapporté des résultats favorables
après thrombectomie, d’autres n’ont pas démontré son
efficacité.
Techniques
:
A - FIBRINOLYSE
:
1- Principes généraux
:
La réalisation d’une fibrinolyse in situ doit répondre aux exigences
de sécurité et d’asepsie lors de la mise en place d’un cathéter
veineux central.
Celle-ci peut être réalisée au cours de la
phlébographie, soit en salle de radiologie vasculaire, soit au bloc
opératoire dans une salle équipée pour les techniques endovasculaires (radioprotection, table radiotransparente, injecteur).
Durant toute la durée de la fibrinolyse, des contrôles phlébographiques réguliers (toutes les 2 à 3 heures) sont nécessaires,
directement par le cathéter de fibrinolyse, afin de suivre l’efficacité
du traitement et repositionner le cathéter dans le thrombus en
fonction de l’évolution de la fibrinolyse.
En association avec le traitement fibrinolytique, l’administration
intraveineuse d’héparine non fractionnée à dose anticoagulante
(300 à 500 UI/kg/24 h) est recommandée par tous les auteurs.
2- Réalisation technique
:
Les sites d’introduction des cathéters dépendent de la localisation et
de l’extension de la thrombose.
L’administration régionale est de moins en moins utilisée,. Elle
était réalisée par ponction sous anesthésie locale d’une veine du pied
avec un garrot au-dessus de la cheville, afin de favoriser le passage
de l’agent thrombolytique vers le réseau profond.
En cas de phlegmatia caerulea, le cathéter peut être introduit dans
l’artère fémorale homolatérale ou par voie controlatérale en cas de
thrombose de l’axe artériel.
La fibrinolyse in situ est actuellement la méthode de choix.
Elle
consiste à positionner un cathéter dans le thrombus et ainsi délivrer
l’agent fibrinolytique directement à son contact.
L’avantage
de cette technique est la diminution des risques généraux de la
fibrinolyse du fait d’une diminution des doses de fibrinolytique.
Le
désavantage est la nécessité de repositionner régulièrement le
cathéter lors de la procédure afin de rester au contact de la zone thrombosée.
La mise en place du cathéter au niveau du membre inférieur peut
être faite lors de la réalisation de la phlébographie ascendante par
ponction d’une veine du dos du pied.
Avec l’aide d’un garrot, on
réalise des incidences différentes qui permettent de repérer et de
choisir :
– soit l’accès direct par ponction et cathétérisme de la veine tibiale
postérieure ou de la veine poplitée ;
– soit l’accès indirect en ponctionnant une veine superficielle et en cathétérisant la veine profonde par une veine perforante.
Le
repérage et la ponction peuvent être aussi réalisés sous contrôle
échographique.
Une fois la veine profonde cathétérisée, on met
en place un introducteur 6 F avec valve antireflux.
En cas de
cathétérisme difficile, on utilise un guide hydrophile pour positionner le cathéter à trous latéraux multiples dans la thrombose.
Pour les thromboses veineuses proximales, certains auteurs
introduisent directement le cathéter par voie fémorale contro- ou
homolatérale. Lorsque le thrombus s’étend à la veine cave inférieure,
la voie jugulaire rétrograde peut être utilisée.
Certains auteurs
utilisent de manière combinée un accès d’amont et un accès d’aval.
Bjarnason et al préconisent l’accès à la partie supérieure du
thrombus pour désobstruer en premier l’axe proximal et déplacer
secondairement le cathéter vers les veines distales.
Au moment des contrôles phlébographiques, certains auteurs
réalisent des dilatations afin de fragmenter le thrombus et faciliter
l’action de l’agent fibrinolytique.
Actuellement, il n’y a pas de consensus pour affirmer que la mise en
place d’un filtre cave préalable à la réalisation de la fibrinolyse soit
recommandée, quels que soient l’aspect et la localisation du
thrombus.
En fin d’administration du traitement fibrinolytique, une
phlébographie réalisée par les points d’introduction permet de
vérifier la fibrinolyse complète ou non du caillot.
Certains
préconisent l’utilisation de l’angioscopie.
En cas de résultats
incomplets avec caillots résiduels iliocaves ou mise en évidence
d’une compression extrinsèque (syndrome de May-Thurner, fibrose
rétropéritonéale...), la mise en place d’une endoprothèse est
effectuée par les mêmes introducteurs, de préférence par voie
fémorale homolatérale.
3- Posologie
:
Les agents fibrinolytiques le plus souvent utilisés sont l’urokinase à
des doses variables selon les auteurs, de 150 000 à 250 000 U/h ou le rt-PA à la dose de 3 mg/h.
Pour notre part, nous utilisons
un protocole dérivé de la thrombolyse artérielle : urokinase à la
dose de 4 000 U/min pendant 2 heures, puis 2 000 U/min durant le
reste de la procédure avec un arrêt au bout de 24 heures.
Certains auteurs utilisent la thrombolyse « pulsée » qui consiste à
injecter à intervalles réguliers (2 à 3 min) une petite quantité de
fibrinolytique sous pression de façon à augmenter la pénétration du
produit dans le thrombus et ainsi associer à l’action fibrinolytique
un effet mécanique. L’intérêt de cette technique est d’augmenter la
rapidité d’action.
4- Surveillance
:
Une surveillance clinique et biologique permanente est
indispensable.
Elle est réalisée en unité de surveillance continue.
* Surveillance clinique
:
– Point(s) de ponction à la recherche d’hématomes ou
d’hémorragies.
– Neurologie : réalisation d’un scanner cérébral et arrêt de la
fibrinolyse et de l’héparinothérapie aux moindres signes suspects
d’hémorragie intracérébrale ;
– Tension artérielle et fréquence cardiaque par monitoring.
* Surveillance biologique
:
– Temps de thrombine et taux de fibrinogène entre la sixième et la
12e heure, puis toutes les 8 à 12 heures.
– Temps de céphaline activé (TCA), numération plaquettaire en
raison du traitement anticoagulant associé.
5- Traitement et suivi postopératoire
:
L’échodoppler est l’examen de référence dans le suivi à moyen et
long termes.
Il permet de confirmer la perméabilité du segment
initialement thrombosé, l’absence de thrombus résiduel et/ou de
sténose résiduelle responsable d’un syndrome obstructif.
Il recherche
également un reflux.
Un traitement anticoagulant oral est mis en route en relais du
traitement héparinique.
Il est prescrit pendant 4 à 6 mois à doses
efficaces (2,5 < international normalized ratio [INR] < 3).
Il est associé
à une compression par bas de force II ou III en fonction de l’oedème.
En présence d’une thrombophilie, il doit être continué sine die.
B - THROMBECTOMIE
:
1- Thrombectomie iliofémorale
:
*
Installation. Anesthésie
:
Le patient est installé en décubitus dorsal sur une table radiotransparente dans une salle d’opération équipée pour la
chirurgie endovasculaire.
Toute manipulation du patient doit être
effectuée prudemment afin d’éviter une migration embolique
pulmonaire.
L’anesthésie peut être générale avec intubation mais aussi
locorégionale (rachianesthésie) permettant ainsi une surveillance
clinique du patient ainsi que sa coopération peropératoire lors de la
thrombectomie (manoeuvre de Valsalva).
En cas d’anesthésie
générale, une pression positive en fin d’expiration (PEEP) est
nécessaire.
Un oxymètre cutané est systématiquement utilisé.
Durant
l’intervention, le patient est mis en position d’anti-Trendelenburg
(pieds déclives) afin de limiter les risques de migration pulmonaire
du thrombus.
Le champ opératoire est préparé incluant les deux membres
inférieurs et l’abdomen, permettant ainsi l’abord des deux confluents
fémoraux au triangle de Scarpa, la mobilisation du membre inférieur
en respectant les règles d’asepsie, et si nécessaire l’abord de la veine
cave inférieure (VCI).
Afin de limiter les pertes sanguines et les risques transfusionnels,
un récupérateur de sang peropératoire peut être utilisé.
* Réalisation technique
:
+ Abord et dissection du carrefour fémoral
:
Le carrefour veineux fémoral peut être abordé par l’incision
longitudinale classique des vaisseaux fémoraux au triangle de
Scarpa décalée en dedans ou en dehors de l’axe vasculaire.
Nous
préférons utiliser une incision transversale dans le pli inguinal qui
donne un jour suffisant sur le confluent veineux fémoral (crosse de
la grande veine saphène, veines fémorales commune, superficielle
et profondes).
Le tracé de l’incision est le même que celui qui est utilisé dans les abords de la grande veine saphène pour crossectomie, mais prolongé vers le haut et en dehors.
Cette incision
cutanée est plus esthétique, en particulier chez les femmes jeunes.
Après dissection du tissu sous-cutané et hémostase particulièrement
soignée (du fait des risques hémorragiques postopératoires dus à
l’anticoagulation systématique), l’aponévrose fémorale est incisée
dans l’axe des vaisseaux.
Les risques de lymphorrhée
postopératoire sont limités par une dissection minimale des
aires ganglionnaires.
La
dissection est très prudente, en particulier lors de la
mobilisation des différents éléments veineux, pour éviter une
mobilisation du thrombus.
La grande
veine saphène sert de repère.
Ses
collatérales sont toujours liées pour faciliter l’accès aux
veines profondes.
Seules les
faces antérieure latérale et médiale de la veine fémorale
commune entre la crosse de la grande veine saphène et la veine
fémorale superficielle sont exposées, permettant la mise en
place de lacs d’hémostase au niveau de la crosse de la grande
veine saphène, la terminaison de la veine fémorale
superficielle, l’origine de la veine fémorale commune et les
veines fémorales profondes au niveau de leur terminaison sans
les disséquer.
+ Thrombectomie iliaque
:
Une injection d’héparine par voie générale est réalisée (50 à
100 UI/kg).
La veinotomie est réalisée avant clampage.
Elle peut être
transversale au niveau de la face antérieure de la veine fémorale
commune entre la jonction saphénofémorale et le ligament
inguinal.
Pour des raisons d’exposition, nous préférons une
incision longitudinale partant en dehors de la jonction saphénofémorale, qui se poursuit légèrement oblique en dedans,
vers la portion proximale de la face antérieure de la veine fémorale
superficielle, en regard de la terminaison des veines fémorales
profondes.
Si le caillot est récent, il saille par l’orifice de la veinotomie.
En cas
de thrombose ancienne et lorsque la lumière de la veine fémorale
apparaît très remaniée, on renonce le plus souvent à la thrombectomie en raison du risque de thrombose postopératoire qui
est important.
Un cathéter de Fogarty pour thrombectomie veineuse n° 8/10 est
introduit dans l’axe iliaque sur 50 cm avant de procéder à son
gonflement avec du sérum physiologique.
Le cathéter est
alors retiré progressivement, permettant le plus souvent de ramener
la totalité du thrombus en une seule fois.
Si la valvule iliofémorale
est restée continente, il n’y a pas de reflux et le clampage n’est pas
nécessaire.
Il faut impérativement vérifier l’existence d’un reflux en
ouvrant la valvule avec un instrument non traumatique.
Ce reflux
n’est pas synonyme d’une désobstruction complète de l’axe iliaque
commun, le reflux pouvant venir de la veine hypogastrique.
Si on perçoit une résistance lors de l’introduction du cathéter de Fogarty, celle-ci peut être due à une fausse route dans une veine
iliolombaire ou une sténose de la veine iliaque commune qui est
recherchée par une phlébographie peropératoire.
Pour vérifier l’existence d’un reflux hypogastrique, on gonfle le
ballonnet du cathéter de Fogarty dans la veine iliaque commune.
En
l’absence de reflux, la canule d’aspiration peut être utilisée pour
retirer un caillot résiduel ou chassé dans la veine hypogastrique lors
de la thrombectomie de l’axe iliaque commun-axe iliaque externe.
La canule d’aspiration est positionnée sous contrôle scopique après
injection de produit de contraste.
Une injection de sérum hépariné est effectuée en fin de procédure.
Une phlébographie peropératoire est systématiquement réalisée en
fin d’intervention pour visualiser l’axe veineux iliocave à la
recherche d’un caillot résiduel ou d’une compression extrinsèque.
+ Thrombectomie fémoro-poplitéo-jambière
:
Toute manoeuvre pouvant entraîner un traumatisme des valvules
ou de l’endothélium est déconseillée (y compris l’usage d’un
cathéter de Fogarty ou d’une pince atraumatique).
La thrombectomie est effectuée par des manoeuvres manuelles
ascendantes et saccadées de pression des masses musculaires et des
trajets veineux éventuellement complétées par la mise en place
d’une bande d’Esmarch.
Les lacs permettent de limiter les pertes
sanguines. On peut contrôler la désobstruction et l’intégrité de la
fonction valvulaire par une phlébographie descendante peropératoire.
+ Thrombectomie fémorale profonde
:
De même, la thrombectomie au niveau des veines fémorales
profondes est réalisée par pressions des masses musculaires de la
cuisse, en particulier au niveau des adducteurs.
L’hémostase
est obtenue par les lacs en place.
+ Thrombectomie de la grande veine saphène
:
Une thrombose est fréquemment identifiée au niveau de la crosse
de la grande veine saphène.
Elle est facilement évacuée par pression
manuelle de la veine elle-même et par pression de la face médiale
de la cuisse sur le trajet du tronc saphénien.
+ Fermeture
:
La phlébotomie est fermée par un surjet de fil de polypropylène,
décimale 6, après purge des différents éléments du carrefour
fémoral.
Compte tenu de l’anticoagulation postopératoire, une
vérification de l’hémostase est effectuée avant la mise en place de
drains aspiratifs.
Le fascia est refermé avec du fil résorbable, de
même que le tissu sous-cutané.
Pour des raisons esthétiques, nous
utilisons fréquemment un surjet intradermique pour le plan cutané.
Après réalisation du pansement, une compression élastique par
bandes est mise en place au niveau des deux membres inférieurs.
* Cas particuliers
:
+ Fistule artérioveineuse
:
La fistule peut être réalisée avec la grande veine saphène ou une de
ses branches, ou avec une prothèse.
Sa réalisation nécessite une dissection limitée de l’artère fémorale
superficielle à quelques centimètres de son origine afin d’avoir une
courbure harmonieuse, sans plicature et sans torsion du greffon.
Il
est nécessaire d’apprécier par palpation l’artère fémorale
superficielle : une artère très athéromateuse ou une artériopathie
artérielle sous-jacente sont des contre-indications à la réalisation de
la fistule artérioveineuse.
La grande veine saphène est utilisée si elle n’est pas le siège d’une
thrombose ancienne, si son calibre est suffisant (> 3 mm) ou si elle
n’est pas trop dilatée (> 8 mm), en particulier en cas d’insuffisance
veineuse superficielle associée.
Afin de limiter la dilatation
du greffon veineux, on peut le calibrer par un manchon prothétique
de polytétrafluoroéthylène (PTFE) expansé de 6 mm de diamètre.
En cas d’impossibilité d’utiliser la grande veine saphène
homolatérale ou de principe, un pontage prothétique (en PTFE) de
6 mm de diamètre peut être réalisé entre l’artère fémorale
superficielle et la veine fémorale commune au-dessus de la jonction
saphénofémorale.
La lame lymphoganglionnaire doit être préservée afin de limiter les
lymphorrhées postopératoires.
L’anastomose terminolatérale sur
l’artère fémorale superficielle est réalisée au fil de polypropylène
décimale 6 au niveau d’une artériotomie légèrement oblique en
dedans faite sur la face antéromédiale de l’artère.
La perception d’un thrill lors du déclampage dans la fistule et dans
la veine fémorale commune est un signe de bon fonctionnement.
Afin de préparer la fermeture secondaire de la fistule, certains
proposent de réaliser à son niveau une sorte de hamac en PTFE
fermé par des clips métalliques radio-opaques afin de mieux la
repérer lors de la reprise chirurgicale.
L’endothélium veineux se reconstitue en règle dans les 30 jours qui
suivent la thrombectomie, on ferme la fermeture de la fistule
artérioveineuse entre la sixième et dixième semaine.
Elle peut être
réalisée par embolisation par voie endovasculaire percutanée
artérielle controlatérale avec mise en place de coils.
En cas d’échec,
une fermeture par abord chirurgical est réalisée ; cet acte peut être
difficile, en particulier si un repérage de la fistule n’a pas été fait lors
de la thrombectomie.
+ Thrombose veineuse profonde avec extension cave inférieure
:
Le risque majeur est l’embolie pulmonaire par fragmentation de la
partie flottante du caillot situé dans la VCI.
Pour l’éviter,
on peut mettre en place un cathéter occlusif de Fogarty dans la VCI
au-dessus du caillot avant d’entreprendre la thrombectomie.
Cette
procédure est réalisée par un abord de la veine fémorale
controlatérale à la thrombose.
Une phlébographie de contrôle est
réalisée en fin d’intervention.
+ Thrombose veineuse profonde par extension d’une thrombose
veineuse superficielle de la grande veine saphène :
Lorsqu’une thrombose veineuse superficielle de la grande veine
saphène s’étend à la veine fémorale commune, le caillot est étendu
sur quelques centimètres dans l’axe veineux profond en direction de
l’axe iliaque.
La dissection et la thrombectomie iliaque
reposent sur les mêmes critères.
Si la phlébographie peropératoire
est satisfaisante, la fistule artérioveineuse n’est pas nécessaire.
En
revanche, la crossectomie et le stripping de la grande veine saphène
avec évacuation de la thrombose veineuse superficielle par
phlébotomie doivent être réalisés dans le même temps chirurgical.
Une anticoagulation importante n’est pas nécessaire.
Pour notre part,
nous utilisons une héparine de bas poids moléculaire à dose
préventive pendant 10 jours avec un contrôle échographique au
septième jour.
+ Sténoses et compressions iliaques
:
La difficulté de passage du cathéter de Fogarty lors de la
thrombectomie iliaque doit faire effectuer immédiatement une
phlébographie peropératoire afin d’en identifier la cause.
À gauche,
il s’agit le plus souvent d’un syndrome de May-Thurner.
Il est
nécessaire de traiter dans le même temps opératoire cette sténose
afin de limiter les risques de thrombose postopératoire.
La
réalisation d’une angioplastie par ballonnet et mise en place
systématique d’une endoprothèse permet de rétablir un calibre
suffisant.
Nous utilisons préférentiellement les stents en Nitinol
autoexpansif volontiers surdimensionnés par rapport au calibre
normal de la veine iliaque commune (diamètre 12 à 14 mm) afin
d’éviter les migrations secondaires.
De même, si une image de sténose résiduelle persiste à la
phlébographie de contrôle après plusieurs passages du cathéter de Fogarty, elle peut être liée à l’existence d’une thrombose résiduelle
adhérente à la paroi veineuse.
La restitution du calibre normal
nécessite une angioplastie et la mise en place d’un stent.
+ Thrombectomie et fibrinolyse
:
Comme nous l’avons déjà dit, la thrombectomie
peut être complémentaire du traitement fibrinolytique lorsque
celui-ci est incomplet ou inefficace comme le proposent certains
auteurs.
+ Thrombectomie et grossesse
:
La grossesse n’est pas une contre-indication à la thrombectomie.
Cependant,
en cas de thrombose survenant près du terme, l’accouchement doit
se faire par césarienne.
2- Thrombectomie de la veine cave inférieure
:
* Installation. Anesthésie. Voie d’abord
:
Malade en décubitus dorsal, on réalise une anesthésie générale avec
intubation et PEEP.
La voie transpéritonéale sous-costale droite est
préférée aux autres voies d’abord de la VCI sous-rénale lorsque
la thrombose est localisée à la VCI.
Par voie sous-costale droite, la laparotomie est parallèle au rebord
costal droit à deux travers de doigt.
On peut sectionner uniquement
le muscle grand droit ou s’étendre en dehors sur les muscles larges
de l’abdomen.
Après dissociation ou section musculaire, la cavité
péritonéale est ouverte.
Le péritoine pariétal est incisé en dehors du
côlon ascendant avec libération du ligament hépatocolique.
L’angle
colique droit est abaissé et le bloc duodénopancréatique est décollé
à partir du bord externe du deuxième duodénum selon la
manoeuvre de Kocher.
La paroi antérieure de la VCI apparaît sur 5 à
6 cm, avec à son bord droit la veine génitale et à sa face postérieure
les veines lombaires.
En cas de thrombose iliocave, la voie rétropéritonéale droite donne
un meilleur accès.
La laparotomie part de la pointe de la 11e côte et
se dirige vers la symphyse pubienne, en passant sous l’ombilic.
L’incision du muscle grand oblique se poursuit jusqu’au bord latéral
de la gaine des muscles droits.
Les muscles petit oblique et
transverse sont dissociés dans le sens des fibres, permettant
d’atteindre le rétropéritoine.
Le sac rétropéritonéal est refoulé
permettant la mise en place de deux valves de Leriche en avant du
muscle iliopsoas.
L’uretère est refoulé vers la ligne médiane.
La VCI
est abordée par son versant antérolatéral, avec bonne exposition de
tout l’axe veineux iliaque droit, la terminaison de veine iliaque
gauche et la confluence rénocave.
* Réalisation technique
:
Les différents éléments veineux sont contrôlés par des lacs
d’hémostase.
S’il n’y pas de thrombose étendue à la VCI inter- ou
sus-rénale, le clampage est effectué.
Une veinotomie longitudinale
de 3 cm est effectuée au niveau de la face antérieure ou
antérolatérale de la VCI.
La thrombectomie est effectuée à la pince
et les axes veineux iliaques sont massés afin d’évacuer la thrombose
à leur niveau.
On réalise un lavage au sérum hépariné.
On peut
utiliser un cathéter de Fogarty n° 8/10 en amont et en aval, en
l’absence de thrombus étendu à l’oreillette droite.
La fermeture de
la phlébotomie est faite par un surjet de fil de polypropylène
décimale 6.
En cas de nécessité, une phlébotomie complémentaire
peut être faite au niveau du confluent iliocave éventuellement
prolongée sur l’axe veineux iliaque droit.
* Cas particuliers
:
+ Thrombose de la VCI à partir d’une veine ovarienne
:
Ces thromboses sont localisées à la VCI.
Elles surviennent
volontiers dans le post-partum immédiat ou lors d’un épisode
infectieux gynécologique.
Elles nécessitent une voie d’abord souscostale
avec ligature de la veine ovarienne.
En cas de processus
infectieux associé, une antibiothérapie intraveineuse adaptée est
indispensable.
+ Thrombose de la VCI sur filtre cave définitif
:
En cas de thrombose récente sur filtre et en l’absence de contreindication
aux anticoagulants, il est licite de réaliser une ablation du
filtre dans le même temps que la thrombectomie.
Cette attitude se
justifie si le thrombus a dépassé le filtre, s’il est responsable
d’embolie pulmonaire ou si le filtre s’est déplacé.
Une voie d’abord
médiane transpéritonéale est préférable et une fistule artérioveineuse
est réalisée en fin d’intervention.
* Traitement postopératoire. Surveillance
:
En postopératoire immédiat, une anticoagulation par voie
intraveineuse par héparine non fractionnée est indispensable
(400 UI/kg/24 h) avec un TCA compris entre deux et trois fois le
témoin.
Le lever est précoce sous couvert d’une compression force II.
L’échodoppler est l’examen de référence pour vérifier la perméabilité
des axes veineux désobstrués ainsi que la récupération de la fonction
valvulaire.
Une phlébographie peut être réalisée si l’échodoppler
n’est pas concluant.
L’échodoppler permet la surveillance ultérieure.
En cas de résultat satisfaisant, un relais par anticoagulant oral est
effectué.
Il est prolongé pendant 6 mois ou plus en cas d’embolie
pulmonaire associée.
Il peut être définitif en cas de thrombophilie.
* Complications
:
+ Thrombose postopératoire
:
C’est la complication précoce la plus fréquente.
Le diagnostic est
presque toujours fourni par l’échodoppler.
S’il s’agit d’un premier épisode de thrombose, si la thrombose initiale a été prise en charge
rapidement et en l’absence de facteurs favorisants (thrombophilie,
etc), une nouvelle thrombectomie doit être entreprise avec réalisation
d’une fistule si elle n’avait pas été créée initialement.
Si, en revanche,
elle avait été réalisée, il faut rechercher un défaut technique et la
refaire au moindre doute.
+ Hémorragie
:
En cas d’hémorragie majeure par les drains aspiratifs ou
d’hématome important, il ne faut pas hésiter à réintervenir compte
tenu de la nécessité d’une anticoagulation efficace postopératoire.
+ Embolie pulmonaire
:
Le risque est toujours présent, mais il est exceptionnel sous réserve
de respecter les règles de dissection et de manipulation du caillot
évoquées plus haut.
Indications
:
A - FIBRINOLYSE IN SITU
:
Nous l’avons déjà énoncé, il n’existe aucun consensus sur ce point.
En l’absence de contre-indications, il existe des indications sélectives
et non sélectives selon les équipes.
1- Contre-indications
:
Elles font l’objet d’un consensus.
Elles sont essentiellement
représentées par la présence d’un élément susceptible d’entraîner
une hémorragie.
* Contre-indications absolues
:
– Intervention chirurgicale récente (moins de 4 jours) : ce délai est
prolongé par certains (1 à 2 semaines).
Il convient d’être
particulièrement prudent après une intervention ophtalmologique,
vasculaire ou neurochirurgicale.
– Cathétérisme artériel, biopsie rénale ou hépatique récente avec les
mêmes délais que ceux qui viennent d’être précisés.
– Traumatisme crânien de moins de 3 mois.
– Accident cérébrovasculaire de moins de 6 mois.
– Traumatisme majeur inférieur à 2 semaines.
– Insuffisance rénale (créatinine supérieure à 220 µmol/L).
– Rétinopathie diabétique.
– Lésion ulcérée du tractus digestif.
– Diathèse hémorragique : thrombocytopénie, hémophilie, etc.
– Thrombus intracardiaque en raison du risque d’embolisation
cérébrale, viscérale ou périphérique.
Lorsque des antécédents
d’infarctus ou une fibrillation auriculaire sont identifiés, une
échocardiographie transoesophagienne s’impose préalablement.
– Pronostic vital sévère (inférieur à 2 semaines).
2- Indications sélectives
:
Elles se limitent aux TVP iliofémorales dont l’extension peut
intéresser les veines axiales jambières.
Lorsque la mise en place du cathéter se révèle infructueuse ou
lorsque la fibrinolyse est inefficace, Comerota conseille une
thrombectomie chirurgicale ou un pontage.
L’ancienneté de la survenue de la thrombose contre-indique-t-elle le
traitement fibrinolytique ?
La première difficulté réside dans le fait
que cette durée est difficile à chiffrer.
Le délai généralement
recommandé se situe entre 10 jours et 4 semaines après la
survenue de symptômes ou de signes évoquant la survenue d’une TVP.
3- Indications maximalistes
:
Pour ses partisans, toute TVP relève du traitement fibrinolytique en
dehors des contre-indications stipulées plus haut.
Selon Thorpe, le siège, les épisodes itératifs de TVP, mais
également la date de survenue de la thrombose ne doivent pas être
pris en considération.
Elle inclut dans les indications les patients qui
présentent une insuffisance veineuse chronique (C4-C6)
post-thrombotique.
Mewissen est plus restrictif dans ses indications.
Il exclut les
thromboses limitées aux veines axiales jambières, les thromboses fémoropoplitées datant de plus de 10 jours, les TVP itératives.
4- Choix de l’agent fibrinolytique
:
Il reste un sujet ouvert à discussion.
La streptokinase a cédé le pas à l’urokinase.
Nous ne
disposons que d’une série rapportant les résultats de l’activateur
du plasminogène, mais en dépit de son coût plus élevé, il semble
présenter des avantages.
5- Site d’introduction du cathéter
:
Il est également discuté.
Il est évidemment fonction de la localisation
de la thrombose.
Thorpe recommande la ponction d’une veine
dorsale du pied avec mise en place d’un garrot intermittent pour
comprimer le réseau veineux superficiel et diriger la perfusion vers
les veines profondes.
Pour d’autres, la voie d’introduction est variable : veine
superficielle de la jambe, veine tibiale postérieure, veine poplitée,
veine jugulaire, veine fémorale commune ipsi- ou controlatérale.
6- Durée du traitement fibrinolytique
:
La durée au-delà de laquelle celui-ci doit être considéré comme un
échec et en conséquence arrêté est variable.
L’efficacité du traitement fibrinolytique est jugée sur les phlébographies successives et se
traduit par l’absence de signes radiologiques traduisant l’action de
la fibrinolyse.
Ce délai est diversement apprécié : 12 à 48 heures
selon les auteurs.
7- Persistance d’une sténose après fibrinolyse
:
Tous les auteurs s’accordent, lorsqu’il persiste une sténose
sur l’axe veineux iliocave, pour réaliser un geste complémentaire :
dilatation, dilatation + stent.
8- Traitement anticoagulant associé
:
Un traitement par héparine est systématiquement associé à la
fibrinolyse et le traitement anticoagulant (héparine relayée par les antivitamines K) est ensuite poursuivi au long cours.
B - THROMBECTOMIE
:
Les indications de la thrombectomie se sont considérablement
restreintes.
Les publications les plus récentes rapportent les résultats
d’interventions réalisées il y a plus de 10 ans.
Eklöf, un des
promoteurs et défenseurs de la thrombectomie, a récemment
convenu que celle-ci ne se justifiait plus dans les thromboses
iliocaves que dans les contre-indications ou les échecs de la
fibrinolyse.
Cette attitude est également recommandée par d’autres
auteurs.
Résultats
:
A - TRAITEMENT FIBRINOLYTIQUE IN SITU
:
Une méta-analyse paraît peu fiable pour juger des résultats en raison
des différents protocoles utilisés.
Nous analysons donc séparément
les séries les plus importantes rapportées.
La série de Bjarnason est une cohorte numériquement importante
(87 membres, 77 patients) mais surtout, elle bénéficie d’une analyse
très détaillée.
Sont précisés : le sexe (mâle 35 %), l’âge (moyenne 46
ans, extrêmes 14-79), la localisation de la thrombose : VCI (n = 17),
axe iliaque (n = 87), veine fémorale isolée (n = 14), la présence d’une
thrombophilie (29/87) et des autres facteurs de risque, l’existence
d’une affection maligne lors de la survenue de la TVP (35 %), les
antécédents de TVP (35 %).
Les complications recensées (n = 19) ont été classées en deux
groupes.
Six complications majeures :
– hématomes qui ont nécessité une évacuation et une transfusion
(2,6 %) ou une transfusion (1,3 %) ;
– hémorragie au point de ponction (1,3 %) ;
– hémorragie gastrique qui a nécessité une transfusion (1,3 %) ;
– embolie pulmonaire (1,3 %) confirmée par scintigraphie.
Il est à
noter que seuls quatre patients au début de la série ont eu un filtre
cave.
Treize complications mineures : hémorragies ou hématomes qui
n’ont pas nécessité de thérapeutique spécifique (14,3 %), migration
d’un stent (1,3 %) et d’un filtre cave (1,3 %).
L’analyse détaillée des résultats met en exergue un certain nombre
de points.
Les résultats sont moins favorables lorsque :
– la TVP remontait à plus de 4 semaines ;
– une affection maligne avait été identifiée (p = 0,012).
Inversement, les antécédents de TVP n’affectent pas de façon
significative le résultat en termes de perméabilité secondaire (p =
0,76), de même que la mise en place d’un stent.
Cinq patients sont
décédés durant le suivi : quatre de leur néoplasme, un d’un infarctus
du myocarde.
À 1 an, la perméabilité de la veine fémorale superficielle n’était que
de 40 %.
Il est probable que l’important pourcentage d’antécédents
de TVP, le sens dans lequel la fibrinolyse a été conduite (de la partie
proximale à la partie distale) expliquent ce chiffre.
La série rapportée la plus importante numériquement est celle de Mewissen qui inclut des malades qui présentaient une TVP
depuis moins de 10 jours (n = 188, soit 66 % : groupe 1) et de plus
de 10 jours sans limite supérieure (n = 99 : groupe 2).
L’originalité
de cette étude réside dans l’établissement d’un score d’évaluation
de la thrombose avant et après fibrinolyse.
La cotation
suivante a été utilisée : 0 = veine perméable ; 1 = veine partiellement
oblitérée ; 2 = veine complètement oblitérée.
Ce score est pris en
compte au niveau de chaque veine profonde telles qu’elles sont
décrites dans la classification anatomique de la CEAP de la VCI à la
veine poplitée (veines hypogastrique, pelviennes et fémorales
profondes exceptées), soit AP 6, 7, 9, 11, 13, 14 ; la veine fémorale superficielle est divisée en deux segments.
En additionnant les
différents scores, on obtient un score total.
Le score total avant
fibrinolyse diminué du score total après fibrinolyse est divisé par le
score total avant fibrinolyse.
On obtient ainsi une valeur comprise
entre 0 et 0,49 qui définit le grade I, entre 0,50 et 0,99 le grade II et
1 le grade III.
On peut bien évidemment objecter à cette classification qu’elle n’a
pas été validée.
Cette critique formulée, la classification proposée
permet d’évaluer un certain nombre d’éléments.
L’efficacité de la fibrinolyse : une fibrinolyse complète (grade III) a été
obtenue dans 31 % des cas, une fibrinolyse partielle (grade II) dans
52 % et une fibrinolyse inférieure à 50 % (grade I) chez 17 % des
patients traités.
Il n’y a pas de différence significative au plan des résultats
immédiats en termes d’efficacité de la fibrinolyse entre les
thromboses iliofémorales et fémoropoplitées.
À l’inverse, on relève qu’une fibrinolyse complète a été obtenue dans
34 % des cas chez les malades du groupe 1 contre 19 % dans le
groupe 2 (p < 0,01).
Il en est de même chez les malades qui
présentaient ou non des antécédents de TVP.
Une fibrinolyse
complète a été obtenue respectivement dans 20 et 36 % des cas
(p < 0,03).
La donnée la plus intéressante est la corrélation entre le
résultat immédiat de la fibrinolyse (grade I-III) et la perméabilité à
long terme.
Les malades classés grade III ont une perméabilité à
1 an chiffrée à 78,9 %, ceux qui sont classés grade II à 58 % et ceux
qui sont classés grade I à 32,3 % (p < 0,001).
Les complications : dans 11 % des cas, une hémorragie importante
(une seule a entraîné un décès) a été enregistrée contre 16 %
d’hémorragies mineures.
Deux de ces hémorragies ont été
responsables de complications neurologiques : une hémorragie
intracrânienne responsable du décès signalé plus haut et un
hématome sous-dural.
Une embolie pulmonaire a été signalée dans six cas (1 %) dont l’une
fatale.
Le taux de mortalité globale en rapport avec la fibrinolyse
peut donc être évalué à 0,4 %.
La série de Verhaege est intéressante, d’une part car l’agent
fibrinolytique utilisé a été l’activateur du plasminogène et que
d’autre part, 20 des 24 malades traités avaient vu leur
symptomatologie s’aggraver sous traitement à l’héparine ou
perfusion systémique à l’urokinase.
Une thrombophilie a été mise
en évidence dans cette série chez 10 patients, soit 41 % du collectif
total ; ce chiffre atteint 55,5 % dans les TVP où aucun facteur de
risque n’avait été décelé.
Au plan des complications, six hémorragies
ont nécessité une transfusion (25 %).
Compte tenu de la durée du suivi qui est inférieure à 2 ans dans ces
trois séries, aucune précision n’est fournie sur la survenue
d’un SPT.
Nous ne disposons actuellement pour répondre à cette
question que d’une seule étude rétrospective non randomisée pour
comparer l’efficacité respective des traitements à l’héparine non
fractionnée versus fibrinolyse in situ.
Elle repose sur un
questionnaire validé évaluant la qualité de la vie et porte sur 98
patients qui avaient présenté une TVP authentifiée avec un recul de
plus de 6 mois (moyenne 16, extrêmes 6-44).
Soixante-huit avaient
été traités par fibrinolyse et 30 par héparine.
Les résultats sont
meilleurs dans le groupe fibrinolyse en ce qui concerne les signes
d’insuffisance veineuse chronique (p = 0,033), la symptomatologie
(p = 0, 006), l’activité physique globale (p = 0,046) et le retentissement
sur leur état de santé (p = 0,022).
Pour résumer, il s’avère indispensable, afin de juger des valeurs
respectives des traitements par fibrinolyse in situ et à l’héparine non
fractionnée, d’entreprendre des études prospectives randomisées.
Seules celles-ci permettront de déterminer dans quels sous-groupes
une thérapeutique spécifique peut être recommandée sur des bases
scientifiques et économiques en prenant en compte le rapport coûtefficacité.
C’est la conclusion formulée par les tenants de l’une ou
l’autre méthode thérapeutique.
B - THROMBECTOMIE
:
La thrombectomie chirurgicale a fait récemment l’objet d’une
analyse qui rapporte les résultats de toutes les séries publiées
jusqu’en 1991 à laquelle il faut ajouter celle de Juhan.
1- Avec fistule artérioveineuse provisoire
:
Les complications postopératoires (mortalité-morbidité), dont le taux
était important, ont considérablement diminué. Dans la série de 203
patients opérés entre 1974 et 1990 par Eklöf, la mortalité
postopératoire était de 1 % ; dans celle de Juhan qui rassemble
75 malades opérés avant 1988, on n’enregistre ni décès ni embolie
pulmonaire clinique.
Les résultats cliniques et hémodynamiques (perméabilité, reflux à
l’étage sous-inguinal) doivent être jugés en prenant en compte
différents éléments : la localisation de la thrombose et la durée du
suivi.
Il convient de
noter que le résultat clinique est apprécié suivant des modalités
différentes.
Le bon résultat est, soit défini par l’absence de symptôme
et de signe évoquant un SPT, soit par l’utilisation de la
classification de Porter de 1988.
La compétence de l’axe fémoropoplité chez les opérés qui ont
bénéficié d’une thrombectomie chirurgicale iliocave associée à
l’évacuation des thrombus fémoropoplités par compression externe
est évaluée dans la série de Juhan.
Alors que, dans 94 % des cas,
la thrombose intéressait l’étage sous-inguinal, celui-ci a été jugé
compétent dans 85 % des cas à 5 ans et 69 % à 10 ans.
Ces résultats
diffèrent sensiblement de ceux qui sont rapportés par Eklöf qui, en regroupant cinq séries, évalue l’absence de reflux fémoropoplité
à 44 % (289 malades, durée du suivi 6-60 mois).
Sur l’ensemble des séries rapportées, la corrélation entre résultat
clinique et hémodynamique est difficile à apprécier car elle est le
plus souvent mal précisée.
L’étude randomisée de Plate, comparant les résultats des thrombectomies iliofémorales avec fistule artérioveineuse versus
traitement anticoagulant (héparine non fractionnée), révèle qu’à
5 ans, dans le groupe traité par chirurgie, 37 % des patients sont
asymptomatiques et que 36 % ont une fonction veineuse normale.
Celle-ci a été évaluée en couplant trois investigations (pression
veineuse ambulatoire, pléthysmographie et volumétrie du pied).
Dans le groupe traité médicalement, ces chiffres sont respectivement
de 18 et 11 %.
2- Sans fistule artérioveineuse provisoire
:
L’analyse des résultats qui porte sur 2 437 patients est difficile à
juger en raison d’un suivi variable (6-100 mois) et d’un bon résultat
clinique apprécié entre 6 et 100 %.
En tout état de cause, ces résultats
semblent moins favorables que ceux qui sont rapportés dans les thrombectomies avec fistule artérioveineuse.