Traitement chirurgical secondaire des fentes labio-alvéolo-palatines
(Suite) Cours de Chirurgie
Correction des déformations du palais
:
La chirurgie secondaire du palais est principalement dédiée à la
fermeture des fistules qui peuvent apparaître après la correction primaire
n’importe où le long de la fente originelle.
L’incidence rapportée dans la littérature varie entre 5 et 29 %.
Les fistules les plus fréquentes sont situées dans le palais antérieur ; elles
sont souvent asymptomatiques.
En revanche, les fistules des palais
moyen et postérieur sont moins fréquentes mais plus symptomatiques.
Des fistules larges peuvent modifier la parole et entraîner des
régurgitations dans les fosses nasales ; elles doivent être fermées.
En
revanche, de petites fistules sans répercussion fonctionnelle peuvent être
négligées.
Les fistules apparaissent précocement après la fermeture primaire ; la
cause principale est un hématome entre le plan nasal et le plan buccal ;
l’infection, une tension extrême sur les sutures ou une nécrose des
lambeaux sont d’autres causes possibles.
Les fistules peuvent aussi apparaître tardivement lors de l’expansion orthodontique des maxillaires.
Technique chirurgicale
:
La règle suivante doit toujours être présente à l’esprit lors de la fermeture
d’une fistule palatine : le lambeau de transposition muqueux ou périosté
qui est utilisé pour fermer le plan buccal doit toujours être plus grand que la fistule et dessiné de telle sorte qu’il puisse être mobilisé sans
tension.
Le mucopérioste est souvent cicatriciel et rigide.
A - Fistule labionasale
:
C’est une communication entre le vestibule labial et le nez.
Elle peut être
située très haut dans le vestibule ou proche de la crête alvéolaire, ou
intéresser tout le rebord alvéolaire.
Le traitement de ces fistules est
abordé dans la correction des séquelles dentomaxillaires.
Beaucoup de ces fistules sont asymptomatiques et ne sont corrigées que
lors d’une greffe osseuse alvéolaire éventuelle et certainement après
expansion orthodontique des maxillaires.
B - Fistule oronasale
:
1-
Palais antérieur et moyen
:
* Fente unilatérale
:
Elles peuvent avoir des formes diverses ; elles sont fermées si elles sont
symptomatiques (influence sur la parole, régurgitations).
La réparation doit être faite en deux plans (nasal et buccal) et les sutures
sans tension.
Deux lambeaux sont levés le long des bords de la fistule ; ils
sont retournés et suturés et créent le plan nasal.
Le plan buccal est réalisé
par un lambeau mucopériosté de transposition.
L’interposition de
greffons osseux entre les plans nasal et buccal est injustifiée.
Si la fistule est large et longue, il faut recréer la fente primaire et la fermer
par deux lambeaux mucopériostés de transposition, comme lors d’une
réparation primaire.
Si la fistule est située au milieu du palais antérieur, le plan nasal est formé
par un lambeau semi-circulaire basé sur un des bords de la fistule et le
plan buccal par un lambeau de rotation mucopériosté.
* Fente bilatérale
:
Les fistules oronasales dans les fentes bilatérales larges sont difficiles à
fermer.
La combinaison de deux gestes est souvent nécessaire :
– fermeture de la fistule alvéolaire ;
– fermeture de la fistule palatine antérieure par deux lambeaux de
transposition.
Dans certains cas, des fistules palatines très larges peuvent persister
après échec des techniques précédemment décrites ; il n’y a plus de
possibilité de reconstruction locale ; il faut utiliser :
– soit un lambeau lingual mais il nécessite deux temps opératoires
(levée et sevrage du lambeau) ; il est très inconfortable et peut
hypothéquer la fonction linguale ;
– soit une prothèse obturatrice mais cette solution n’est guère
satisfaisante ;
– soit des transferts libres microvascularisés ; ils constituent une
solution extrême.
2- Palais postérieur
:
Elle sont corrigées si elles altèrent le langage. Le but de la correction des
fistules du voile est non seulement leur fermeture mais aussi le
rétablissement d’une fonction vélaire normale.
La solution idéale est une véloplastie secondaire complète.
Correction de l'insuffisance vélopharyngée
:
Introduction
:
Bien que le principal objectif de la fermeture du voile du palais soit de
reconstruire la valve vélopharyngée, de nombreux enfants gardent après
la staphylorraphie une insuffisance vélopharyngée (IVP) qui perturbe
principalement la phonation, mais également la déglutition et l’audition.
– En effet, lors de la phonation, la fermeture incomplète de la valve
déroute l’air vers les fosses nasales ; certains patients tentent de corriger cette déviation du flux aérien par des mécanismes compensatoires à tous
les niveaux de la filière vocale (langue, lèvre, narines) mais
principalement sous la valve (larynx).
– Lors de la déglutition, l’incompétence vélopharyngée peut entraîner
des régurgitations.
– Les troubles de l’audition sont dus à un dysfonctionnement de la
trompe d’Eustache lié notamment aux insertions anormales des muscles
vélaires.
L’insuffisance vélopharyngée est complexe.
Son approche diagnostique
et thérapeutique doit être tridimensionnelle et implique une
connaissance de l’anatomie fonctionnelle de la valve vélopharyngée.
Anatomie fonctionnelle de la valve vélopharyngée
:
La fermeture et l’ouverture de la valve dépendent des mouvements du
voile du palais, des parois latérales et postérieure du pharynx.
L’effet de valve est dû à la contraction des muscles suivants :
– l’élévateur et le tenseur du voile du palais (péristaphylins interne et
externe) qui lèvent et poussent le voile du palais vers le bourrelet de
Passavant ; ils ouvrent également l’ostium tubaire et dilatent la trompe
d’Eustache ;
– le muscle palatopharyngien (pharyngostaphylin) inclus dans le pilier
postérieur de l’amygdale ; il complète la séparation entre le naso- et
l’oropharynx en attirant les piliers postérieurs vers la ligne médiane ;
– le muscle constricteur supérieur du pharynx qui projette en avant la
paroi pharyngée postérieure ;
– le muscle uvulaire qui contracte la luette et augmente le volume du
bord libre du voile.
Modes de fermeture de la valve
:
La contraction de ces muscles entraîne différents modes de fermeture de
la valve.
A - Coronal
:
C’est le mode le plus fréquent.
La valve se ferme sous l’action principale
du voile sans mouvement des parois pharyngiennes.
B - Sagittal
:
Les mouvements des parois latérales et notamment des piliers
postérieurs amygdaliens sont prédominants.
C - Circulaire
:
Tous les acteurs musculaires se mobilisent pour créer un réel sphincter.
D - Circulaire avec anneau de Passavant
:
Dans ce mode de fermeture circulaire, la projection de la paroi
postérieure est prédominante.
Nous verrons que l’analyse de ces modes de fermeture est primordiale
dans l’évaluation et la correction de l’IVP.
Étiologies de l’insuffisance vélopharyngée
:
L’incompétence du sphincter vélopharyngé peut avoir de multiples
causes.
A - Postchirurgicale
:
Étiologie la plus fréquente.
Le voile est court, cicatriciel ou rigide.
B - Fente sous-muqueuse
:
Cliniquement, la fente sous-muqueuse se caractérise par une luette
bifide, une encoche dans le palais osseux et un diastasis des muscles
vélaires.
Lors de l’élévation du voile, la contraction des muscles vélaires,
anormalement insérés, crée une vallée sur la ligne médiane (zona pellucida).
C - Insuffisance palatine congénitale
:
Dans cette situation, soit le voile est mobile mais trop court, soit le cavum est trop large.
D - Faiblesse musculaire idiopathique
:
Tous les éléments du sphincter fonctionnent mais une étanchéité
constante ne peut être maintenue.
E - Postamygdalectomie
:
L‘amygdalectomie peut entraîner une IVPtransitoire (6 mois à 1 an) ; si
elle perdure, une mise au point suivie d’une sanction chirurgicale peut
s’avérer nécessaire.
F - Hypertrophie amygdalienne
:
Paradoxalement, des amygdales volumineuses peuvent entraîner une IVP en déroutant le flux aérien préférentiellement vers les fosses nasales
(en s’intercalant entre le pharynx et le voile en phonation) ou par leur
poids, en entraînant une traction anormale sur la sangle musculaire.
G - Après pharyngoplastie
:
Le patient peut conserver une IVP après une pharyngoplastie si celle-ci
n’a pas été correctement programmée ou réalisée.
H - Après avancement du maxillaire supérieur
:
Une IVP peut apparaître après correction d’une rétromaxillie, surtout
chez des patients qui présentaient une IVP fruste préopératoire.
I - Neurogène
:
Les étiologies sont multiples : dégénérative, vasculaire, tumorale,
infectieuse.
L’IVP s’inscrit dans un tableau neurologique qui doit être
exploré.
Mise au point de l’insuffisance vélopharyngée
:
Trois examens sont indispensables dans l’évaluation de l’IVP : le bilan
phoniatrique, la fibroscopie nasopharyngée et la vidéofluoroscopie.
A - Bilan phoniatrique
:
L’insuffisance vélaire est d’abord décelée dès que le patient parle ; elle
crée une rhinolalie ouverte qui n’est pas un symptôme mais une situation
physiologique avec participation anormale du nez dans l’émission de la
parole.
Le même phoniatre doit évaluer le patient à intervalles réguliers pour
apprécier l’évolution (amélioration ou aggravation) de l’incompétence vélopharyngée qui touche à la fois la voix et la parole ; il est très difficile
de dissocier les perturbations de l’une ou de l’autre.
Le bilan phoniatrique comprend :
– un entretien qui permet de cerner le retentissement de la rhinolalie sur
les plans personnel, familial et social ;
– la recherche des signes d’incompétence vélopharyngée ;
– un examen fonctionnel de la phonation.
B - Fibroscopie nasopharyngée
:
Cet examen est essentiel.
Il fournit en effet des informations
qualitatives sur les insuffisances de coalescence entre le voile et le
pharynx, sur les modes de fermeture du sphincter et sur le volume des
amygdales.
L’examen peut être réalisé dès l’âge de 5 ans chez un enfant mis en
confiance (par exemple, assis sur les genoux d’un parent).
Après anesthésie locale des fosses nasales et du cavum, l’extrémité d’un
fibroscope souple est introduite dans la fosse nasale à hauteur du méat
moyen pour atteindre la partie supérieure du cavum ; on a ainsi une vue
plongeante sur les différents constituants du sphincter étudiés au repos
et lors de la prononciation de phrases comportant des phonèmes oraux
ou nasaux.
Les mouvements du voile sont également observés lors de la déglutition.
Un test de succion forcée (sur cathéter bouché) permet d’objectiver la
contraction du muscle constricteur supérieur du pharynx.
L’examen est enregistré pour étude comparative avec les données
fournies par la vidéofluoroscopie.
C - Vidéofluoroscopie
:
C’est l’examen clé dans le bilan de l’IVP ; elle procure des
informations quantitatives en deux dimensions.
Le rhinopharynx est opacifié en instillant 1 à 2mL de baryte à haute
densité dans chaque fosse nasale ; on demande au patient de renifler.
On réalise des clichés (deux par seconde) de face, de profil et en
incidence de Towne (face basse).
Pendant l’examen, l’enfant répète des phonèmes occlusifs (« papa,
coca, tata, patate... ») puis des phrases standardisées (« c’est fichu, tu as
piqué... »).
Sur l’incidence de profil la plus utile, on visualise la position du voile, sa
longueur, son épaisseur au repos et en phonation, le volume des
végétations, le bourrelet de Passavant, le volume du cavum et les
dysfonctionnements du sphincter vélopharyngé.
Sur l’incidence de face et de Towne, les mouvements des parois latérales
du pharynx sont analysées ; des régurgitations sont objectivées lors de
l’injection du produit de contraste.
L’étude conjointe des images de la fibroscopie et de la vidéofluoroscopie
permet d’observer les anomalies suivantes dans le fonctionnement du
sphincter vélopharyngé :
– un déficit central plus ou moins important dans le sphincter avec une
mobilité satisfaisante du voile et des parois latérales du pharynx ;
– une faiblesse transversale du sphincter liée à une mobilité réduite des
parois latérales ;
– une mobilité vélaire réduite avec des mouvements satisfaisants des
parois pharyngées latérales ;
– un voile court avec ou sans mouvement des parois pharyngées ;
– une élévation asymétrique du voile et/ou des mouvements
asymétriques des parois pharyngées latérales ;
– une faiblesse générale de tous les composants du sphincter.
Stratégie thérapeutique dans l’insuffisance vélopharyngée
:
A -
Moment de l’opération
:
La correction chirurgicale doit être réalisée le plus tôt possible, après
épuisement de la logopédie ; l’obstination logopédique peut être néfaste.
Les meilleurs résultats de la correction chirurgicale de l’IVP sont
obtenus entre 3 et 8 ans.
Plus on attend, plus l’enfant aura des difficultés
à se débarasser des mécanismes compensatoires (coup de glotte, souffle
rauque...).
Selon Orticochea, l’IVP est une maladie progressive et
migratoire.
Si les amygdales sont volumineuses et interfèrent avec la fonction
sphinctérienne, elles sont enlevées trois mois avant la pharyngoplastie.
Le patient et la famille sont prévenus que l’amydgalectomie peut
aggraver la rhinolalie.
B - Correction chirurgicale
:
Le défi pour le chirurgien plasticien est d’adapter son intervention aux
informations fournies par le bilan phoniatrique, mais surtout par la fibroscopie nasopharyngée et la vidéofluoroscopie ; il garde à l’esprit
l’anatomie fonctionnelle normale du sphincter vélopharyngé.
Plusieurs techniques sont à sa disposition :
– pharyngoplastie par lambeau pharyngé à pédicule supérieur ;
– L’examen de la cavité oropharyngée révèle peu ou pas de mouvement
du voile.
– La fibroscopie confirme peu de mobilité vélaire mais des mouvements
satisfaisants des parois pharyngées.
– La vidéofluoroscopie montre un manque de congruence
vélopharyngée par manque de mouvement vélaire avec ou sans mobilité
de la paroi pharyngée postérieure.
* Mise au point préopératoire
:
Le but de la pharyngoplastie étant de réduire de façon significative le
passage de l’air vers les fosses nasales pour corriger la rhinolalie, un
examen polysomnographique préopératoire est impératif pour exclure
les apnées obstructives du sommeil ; si celles-ci sont décelées, elles sont
explorées et traitées ; le plus souvent, elles sont liées à une hypertrophie
amygdalienne qui est corrigée par une amygdalectomie programmée
trois mois avant la pharyngoplastie.
Le lambeau pharyngé postérieur utilisé dans la pharyngoplastie peut
avoir un pédicule inférieur ; le plus utilisé est le lambeau à pédicule
supérieur selon Sanvenero Rosselli.
* Technique chirurgicale
:
– Intubation orotrachéale ; bouche maintenue ouverte par un écarteur
de type Dingmann ; désinfection de l’oropharynx ; infiltration du voile
du palais et de la paroi postérieure du pharynx à la Xylocaïne (1 %)
adrénalinée (1/200 000).
– Incision du voile du palais sur la ligne médiane.
– Dessin du lambeau pharyngé postérieur à pédicule supérieur dont la
forme et les dimensions sont dictées par les informations fournies par la
fibroscopie et la vidéofluoroscopie ; il faut veiller à placer la base du
lambeau pharyngé très haut sur la paroi postérieure au-dessus de
l’anneau de Passavant.
– Levée du lambeau du fascia prévertébral.
– Fermeture du site donneur au fil résorbable en évitant de tubuliser le
lambeau par une fermeture trop basse du site donneur.
– Deux lambeaux muqueux sont disséqués sur le versant nasal du voile
du palais ; ils serviront à couvrir la face profonde du lambeau pharyngé.
– Amarrage du lambeau pharyngé à la portion antérieure du voile du
palais par des points transfixiants intravélaires au catgut 3.0.
– Couverture de la face profonde du lambeau pharyngé par les deux
lambeaux de muqueuse nasale vélaire qui sont suturés sur la ligne
médiane.
La muqueuse orale du voile est ensuite suturée.
Toutes les sutures sont réalisées au fil résorbable.
En fin d’intervention, un tube nasopharyngé est glissé d’un côté du
lambeau et maintenu pendant au minimum 24 heures.
La saturation sanguine en oxygène est mesurée de façon constante
pendant les premières 24 heures postopératoires ; un contrôle polysomnographique et une saturométrie sont réalisés avant la sortie de
l’hôpital.
Une alimentation liquide est autorisée pendant 12 heures puis relayée
par une alimentation molle pendant 3 semaines.
Une évaluation logopédique n’est réalisée que 3 mois après
l’intervention pour permettre la résorption des oedèmes postopératoires.
2- Pharyngoplastie et recul palatin
:
* Technique
:
La correction de la rhinolalie peut être obtenue en associant un recul
palatin (push-back) à la pharyngoplastie.
Le mucopérioste palatin est levé en totalité jusqu’au bord postérieur du
palais osseux ; la muqueuse nasale est incisée, permettant le recul du
voile qui lui n’est pas fendu.
Le lambeau pharyngé est dessiné et levé selon la technique
précédemment décrite et amarré à la muqueuse nasale au bord postérieur
du palais osseux ; il sert de couverture à la surface cruantée de la
muqueuse nasale.
* Complications
:
Les complications les plus fréquentes après vélopharyngoplastie sont les
saignements, le lâchage des sutures, l’obstruction nasale, l’apnée du
sommeil et l’hypocorrection de l’IVP.
La plupart des enfants présentent une obstruction nasale transitoire en
postopératoire ; si elle persiste, il faut placer et maintenir un tube nasopharyngé pendant quelques semaines ; si lors de l’enlèvement du
tube, les apnées du sommeil persistent, il faut rétrécir, voire réséquer, le
lambeau.
3- Pharyngoplastie sphinctérienne
:
* Indications
:
– L’examen de la cavité buccale montre un voile du palais bien mobile.
– La fibroscopie nasopharyngée confirme la mobilité du voile mais peu
ou pas de mobilité de la paroi pharyngée postérieure.
– La vidéofluoroscopie révèle des mouvements faibles ou nuls des
parois latérales et postérieure du pharynx.
* Technique
:
Le principe de la pharyngoplastie sphinctérienne est de renforcer le
sphincter en déplaçant les muscles palatopharyngiens inclus dans les
piliers postérieurs des amygdales vers la paroi postérieure.
Les deux lambeaux à base supérieure sont levés, superposés et suturés
sur la ligne médiane pour créer un surplomb au-dessus du bourrelet de
Passavant.
La fermeture des deux sites donneurs rétrécit en outre le pharynx.
Orticochea et Jackson ont apporté de légères modifications à la
technique de Hynes.
La véloplastie d’allongement par double Z en opposition selon
Furlow, décrite pour la fermeture primaire du voile du palais, peut
être utilisée pour corriger une IVP.
Cette technique permet un allongement muqueux et musculaire.
Elle est
délicate car réalisée dans un tissu cicatriciel où les plans anatomiques
sont mal identifiés.
Le voile est incisé le long de la cicatrice de la staphylorraphie primaire ;
cette incision correspond au bras central de la plastie en Z ; les incisions
latérales de la muqueuse orale s’étendent au-delà de l’hamulus.
Les muscles sont inclus dans le lambeau buccal à base postérieure ; une contre-incision est conseillée à l’extrémité de l’incision latérale pour
augmenter la mobilité du lambeau.
Le lambeau nasal à base antérieure est incisé de telle sorte que l’incision
se termine juste en avant de l’insertion du muscle élévateur du voile qui
est inclus dans le lambeau.
Les lambeaux nasaux sont transposés et suturés, puis les lambeaux oraux.
5- Augmentation de la paroi pharyngée postérieure
:
* Indications
:
Les avantages potentiels de cette technique sont l’absence de
modification du flux aérien et la simplicité relative de la technique.
Elle est justifiée pour les déficits mineurs centraux du voile du palais,
tous les autres constituants étant normaux.
* Technique
:
Cette pharyngoplastie statique consiste à placer en rétropharyngé un
implant de nature variable (autogreffe cartilagineuse, Téflon, Silastic,
Proplast).
Il faut éviter d’implanter des matériaux résorbables
(collagène bovin, allogreffes ou xénogreffes cartilagineuses).
L’incision de la voie d’abord est verticale à distance des végétations ;
une poche très large est créée pour héberger l’implant ; elle est placée en
regard de la portion moyenne du voile du palais.
* Méthodes prothétiques
:
Les prothèses sont de type obturatrice pour corriger un voile court ou
élévatrice si le voile est peu mobile.
Les prothèses tirent leurs indications des contre-indications ou des refus
de la chirurgie.
Elles présentent de nombreux inconvénients et sont mal acceptées par le
patient.
Évaluation phoniatrique postopératoire
:
Le premier bilan phoniatrique n’est réalisé que 3 mois après la
pharyngoplastie pour permettre aux oedèmes de se résorber.
Certains patients ont besoin d’un suivi logopédique postopératoire parce
que l’IVP n’a pas été suffisamment corrigée, mais surtout pour les aider
à se débarrasser des mécanismes compensatoires bien ancrés.
Correction des séquelles dentofaciales
:
Greffe osseuse de la fente alvéolaire
unilatérale
:
A - Introduction
:
La plupart des centres ont abandonné la greffe osseuse alvéolaire
réalisée lors la fermeture primaire de la fente labiale parce qu’elle
interfère avec le développement du maxillaire.
Le meilleur moment pour une greffe osseuse secondaire se situe vers
l’âge de 8 ans, avant l’éruption de la canine définitive.
B - Intérêts de la greffe osseuse
:
– Elle fournit l’os nécessaire à l’éruption de la canine définitive.
– Elle stabilise le prémaxillaire dans les fentes bilatérales.
– Elle ferme une communication entre la bouche et le nez.
– Elle permet le placement d’une prothèse dentaire fixe.
– Elle améliore la ventilation narinaire par surélévation du plancher
narinaire.
C - Greffes osseuses
:
Les autogreffes sont préférables aux allogreffes qui ont le seul avantage
d’éviter la morbidité d’un site chirurgical supplémentaire.
L’hydroxyapatite est déconseillée car elle ne favorise pas l’éruption
dentaire.
1- Autogreffes
:
* Crête iliaque
:
Elle est le site donneur de choix pour le prélèvement de grande quantité
d’os spongieux nécessaire au comblement de fentes alvéolaires très
larges, notamment celles observées après expansion orthodontique.
Le site donneur est abordé par une incision sous le surplomb de la crête
iliaque et parallèle à celle-ci ; l’incision s’arrête à 1 cm de l’épine iliaque antérosupérieure pour éviter de léser le nerf fémorocutané latéral.
La dissection se poursuit jusqu’à la crête iliaque qui est cartilagineuse chez
l’enfant ; les insertions musculaires sont préservées.
La crête iliaque est ostéotomisée sur son versant externe et réclinée.
L’os spongieux est
prélevé à la curette ; la crête est ensuite repositionnée.
Le site opératoire
est drainé si nécessaire.
Les douleurs postopératoires peuvent entraîner des boiteries transitoires.
* Pariétal :
Le prélèvement d’os spongieux pariétal est moins douloureux.
Le site
donneur est proche du site receveur.
La quantité d’os spongieux
disponible est cependant moindre.
Rappelons que la proximité du cerveau impose la plus grande prudence
lors du prélèvement et l’utilisation d’une instrumentation appropriée.
La voie d’abord pariétale a été décrite dans le chapitre sur la correction
des déformations secondaires du nez.
Pour le
prélèvement d’os spongieux, des plaquettes de table externe de 1 à 4 cm
sont délicatement découpées puis repositionnées après le curetage ; elles
sont maintenues en place par la fermeture des tissus mous sus-jacents.
* Symphyse mandibulaire
:
La morbidité de ce site donneur d’os membraneux est minime et il se
trouve dans le même champ opératoire que le site receveur.
Cependant,
la quantité d’os spongieux disponible est très limitée.
La symphyse est
abordée par voie vestibulaire ; la prudence s’impose pour ne pas léser le
nerf dentaire et les racines des incisives et des canines.
2- Allogreffes
:
Elles ont l’avantage d’éviter la morbidité d’un site donneur.
Elles
induisent la formation d’os par ostéo-induction, contrairement aux
autogreffes qui fournissent des ostéoblastes vivants.
L’ostéo-induction est un processus lent ; il faut dès lors attendre 3 mois
avant de tenter une mobilisation dentaire dans l’allogreffe.
D - Orthodontie préopératoire
:
La place d’une orthondontie préopératoire à la greffe osseuse est très
discutée ; cependant, une expansion transversale des maxillaires est plus
aisément obtenue avant la greffe osseuse qui soude les deux
hémimaxillaires.
Les dents surnuméraires ou les dents abortives sont extraites, sauf si
elles sont nécessaires à la préparation des arcades dentaires.
Il est
préférable de les extraire au moment de la greffe osseuse en veillant à ne
pas abîmer le site receveur.
E - Technique chirurgicale
:
L’intervention est réalisée sous anesthésie générale pour dégager le
champ opératoire ; on préfère une intubation nasotrachéale dans la
narine du côté opposé à la fente.
Le site opératoire est infiltré à la
Xylocaïne 1 % adrénalinée
(1/200 000).
La gencive est incisée le long des berges de la fente et
autour des dents ; la muqueuse qui recouvre les berges de la fente est
décollée et levée ; elle fournit la couverture nasale de la greffe osseuse.
Les berges osseuses de la fente sont ainsi exposées ; il n’est pas
nécessaire de mettre à nu la couche spongieuse des fragments proximaux
et distaux.
La fente est bourrée de greffons spongieux depuis la berge
nasale jusqu’à hauteur de la crête alvéolaire.
Dans la plupart des cas, la couverture gingivale de la greffe doit faire
appel à des lambeaux locaux qui procurent un meilleur environnement
physiologique pour l’éruption dentaire.
Un lambeau muqueux de
transposition prélevé dans le vestibule est le plus fiable parce qu’il
fournit une quantité suffisante de muqueuse et permet de réaliser une
suture sans tension.
Sa base doit être très large.
Un lambeau
labial d’avancement réduit la profondeur vestibulaire.
Un
lambeau gingival de glissement a une souplesse limitée.
La couverture palatine des greffons est obtenue par la confection d’un
lambeau de rotation de muqueuse palatine.
Greffe osseuse dans la fente alvéolaire
bilatérale :
Le bénéfice principal de la greffe dans les fentes bilatérales est la
stabilisation du prémaxillaire.
Les principes et les techniques pour la correction des fentes alvéolaires
bilatérales sont identiques à ceux décrits pour les fentes unilatérales.
La couverture nasale des greffons est réalisée par des lambeaux levés le
long des berges des fentes ; la couverture palatine est obtenue par deux
lambeaux palatins de rotation et la couverture gingivale par des
lambeaux vestibulaires uni- ou bipédiculés.
Les lambeaux
vestibulaires peuvent être sevrés si nécessaire pour approfondir le
vestibule.
Avancement maxillaire
:
A - Introduction
:
Les déficiences du maxillaire supérieur dans les fentes uni- et bilatérales
sont antéropostérieures et verticales ; elles engendrent une malocclusion
de classe III avec compensation dentaire.
L’occlusion de classe III n’est pas le seul stigmate de l’hypoplasie
médiofaciale qui peut s’étendre aux régions paranasale, nasale,
infraorbitaire et malaire.
Ces déficiences donnent un aspect
caractéristique au visage.
La correction de séquelles dentofaciales a un double objectif, fonctionnel et esthétique, et doit
obligatoirement associer orthodontie et chirurgie.
B - Évaluation clinique
:
Elle ne doit pas se limiter à l’étude des relations entre les maxillaires
supérieur et inférieur.
Il faut avoir une vision craniofaciale des séquelles
squelettiques des fentes labio-alvéolo-palatines.
Le visage doit être
examiné dans toutes les incidences : face, profil, vues supérieure et
inférieure.
On prête particulièrement attention à la position et à la congruence des
lèvres (découvert incisif et gingival) ; la lèvre supérieure est palpée à la
recherche d’un verrou cicatriciel qui limiterait l’avancement maxillaire ;
il est levé avant la chirurgie orthognatique.
C - Examens paracliniques
:
1-
Étude céphalométrique
:
* Étude diagnostique
:
En traçant des téléradiographies, on repère des points sur le
squelette et les tissus mous qui permettent d’évaluer les anomalies
morphologiques et de préparer les corrections chirurgicales.
* Simulation
:
La simulation chirurgicale peut être réalisée sur les téléradiographies qui
sont recouvertes de feuilles transparentes et sur lesquelles l’avancement
osseux programmé est tracé, ainsi que les modifications des tissus mous
qui en résultent.
Actuellement, des logiciels sont disponibles pour
simuler les ostéotomies.
Lors de cette simulation, le chirurgien doit confronter son projet à la
réalité clinique et être conscient des limites chirurgicales.
2- Photographies
:
Les simulations sur photographies permettent de prévoir les
modifications des tissus mous du visage induites par les ostéotomies.
Cette simulation peut se faire par découpage-collage de photographies
ou sur un écran d’ordinateur grâce à une palette graphique.
Comme pour la simulation sur téléradiographies, le projet doit être
compatible avec les possibilités de la chirurgie-orthodontie.
3- Moulages dentaires
:
Leur étude permet de définir les anomalies de l’arcade dentaire et de
simuler les ostéotomies.
* Diagnostic
:
– Forme et largeur transversale de l’arcade dentaire.
– Position isolée des dents.
– Plans d’occlusion.
* Simulation
:
Les moulages dentaires sont montés sur un articulateur qui
permet de reproduire les mouvements mandibulaires, de planifier
l’opération et de confectionner une plaque en résine acrylique utilisée
en peropératoire pour stabiliser la nouvelle occlusion.
D - Ostéotomies d’avancement
:
1- Introduction
:
Les ostéotomies d’avancement peuvent être réalisées à la fin de la
croissance osseuse, sinon on s’expose à des récidives liées notamment à
la croissance mandibulaire.
Cependant, si les problèmes
psychologiques sont importants, l’ostéotomie peut être réalisée avant la
maturité osseuse en prévenant l’enfant et sa famille qu’elle devra
probablement être répétée ultérieurement.
2- Orthodontie préopératoire
:
L’ostéotomie doit être méticuleusement planifiée par le chirurgien et
l’orthodontiste.
Toutes les caries doivent être traitées ainsi que les
pathologies du parotonde.
Si nécessaire, des dents sont extraites pour
améliorer l’occlusion dentaire et prévenir la récidive postopératoire.
Dans un même but, les compensations dentaires sont corrigées en
redressant les incisives maxillaires et en inclinant les incisives
mandibulaires.
Le plus grand défi de la chirurgie orthognathique et de l’orthodontie chez
les patients dont le palais a été fermé est d’obtenir la stabilité transverse
de l’arcade dentaire du maxillaire supérieur ; en effet, la force de la
rétraction cicatricielle palatine est considérable.
L’expansion préopératoire de l’arcade dentaire doit être raisonnable ; si
l’on exagère, le bénéfice ne peut être maintenu ; il vaut mieux parfois
accepter un articulé croisé postérieur que de risquer une nécrose de l’os
ou des tissus mous.
Les dénivellations verticales de l’arcade dentaire peuvent être corrigées
par l’orthodontie ; cependant, des ostéotomies segmentaires sont
préférables car elles permettent d’éviter une orthodontie fastidieuse et
donnent de meilleurs résultats à long terme.
L’orthodontiste crée un espace interdentaire adéquat pour l’ostéotomie
segmentaire.
Comme pour toute chirurgie orthognatique, les arcs sont fixés par les
ligatures métalliques sur des brackets ou bagues.
L’avancement maxillaire étant contré par une rétraction cicatricielle
potentielle, il est conseillé de mettre des bagues sur les canines et les
molaires, et sur les dents situées de part et d’autre de l’ostéotomie
segmentaire.
Si le maxillaire doit être mobilisé en plusieurs fragments,
des tubes de type headgear sont fixés sur les molaires pour laisser
coulisser un arc dentaire qui est immobilisé par ligatures métalliques
lorsque les fragments sont positionnés.
3- Intubation
:
Une intubation nasotrachéale s’impose puisque l’occlusion dentaire doit
être contrôlée en peropératoire par solidarisation intermaxillaire sur
l’attelle en résine.
Le tube est idéalement placé dans la narine saine pour faciliter la
reconstruction du plancher narinaire du côté de la fente.
Dans les fentes
bilatérales, la narine la plus large est choisie.
Si le patient a bénéficié
d’une pharyngoplastie, il est intubé sous fibroscopie.
4- Ostéotomie de Le Fort I et Le Fort I étendu
:
Ce choix est dicté par les études céphalométriques, photographiques et occlusales et selon les souhaits du patient.
Bien que certains auteurs aient utilisé l’ostéotomie de Le Fort II et III
pour corriger des séquelles de fentes, nous nous limiterons à la
description de l’ostéotomie basse type Le Fort I ou Le Fort I étendu.
* Fentes unilatérales
:
Le maxillaire supérieur est abordé par une incision vestibulaire haute,
montante dans la région malaire.
La paroi latérale du maxillaire
supérieur est exposée par un décollement des tissus mous au-dessus du
périoste jusqu’au rebord orbitaire en respectant le nerf sous-orbitaire ;
si l’os malaire doit être avancé ou augmenté, le décollement passe en sous-périosté et se prolonge jusqu’à la région ptérygoïdienne.
La muqueuse nasale est décollée des parois intersinusales, du plancher
nasal et de la crête nasale du maxillaire supérieur.
Ce décollement est
parfois délicat du côté de la fente ; il vaut mieux terminer l’ostéotomie
et abaisser le maxillaire supérieur (down fracture) pour avoir une
meilleure vision sur le plancher nasal.
Quel que soit le type d’ostéotomie latérale choisi, une ostéotomie
verticale en « escalier » est faite à la jonction arcade zygomatiquemaxillaire
supérieur.
C’est un endroit stratégique pour le
placement des greffons osseux stabilisateurs de l’avancement.
À hauteur de la fossette piriforme, l’ostéotomie passe sous le cornet
inférieur pour ne pas léser le canal lacrymal.
Le septum nasal est ensuite
libéré de la voûte palatine par ostéotomie ; les parois intersinusonasales
fragiles sont coupées vers le bas et vers l’arrière avec un ostéotome
mince ; les vaisseaux palatins postérieurs situés derrière la paroi
postérieure du sinus maxillaire peuvent être lésés lors de l’ostéotomie
; il vaut mieux achever la fracture-abaissement pour réaliser
l’hémostase.
Enfin, le maxillaire supérieur est séparé des apophyses ptérygoïdes par
un ostéotome courbe sous contrôle de la vue.
Les ostéotomies achevées, la mobilisation du maxillaire supérieur peut
être rendue difficile par des résistances cicatricielles au niveau du
plancher nasal et de la région ptérygoïdienne ou parce que les
ostéotomies sont incomplètes.
Il faut prendre le temps de mobiliser le
maxillaire pour permettre aux fragments osseux de se positionner
correctement sans aucune résistance.
L’utilisation de pinces de Rowe
ou des désimpacteurs peut s’avérer nécessaire.
Un avancement de 7 à 12 mmpeut être aisément obtenu ; un avancement
extrême (supérieur à 15 mm) n’est pas recommandé et rarement indiqué.
Le plancher nasal cicatriciel est décollé après la fracture-abaissement du
plancher supérieur.
Après avancement, le maxillaire est placé en occlusion sur plaque de
résine par des ligatures métalliques intermaxillaires.
Les ostéotomies
sont alors stabilisées par des miniplaques droites ou en forme de L ou à
110° fixées aux arcades zygomatiques et aux fossettes piriformes.
Les plaques doivent épouser parfaitement les contours de
l’ostéotomie.
Des greffons osseux placés dans les site
d’ostéotomie sont stabilisés par miniplaques vissées ; ces greffons ne
sont pas indispensables.
Les voies d’abord sont suturées soigneusement au fil résorbable.
Après avoir obtenu l’occlusion idéale en peropératoire, la
solidarisation intermaxillaire est levée pendant 24 à 48 heures pour
faciliter le postopératoire immédiat ; elle est rétablie sur élastiques
d’orthodontie pour une durée de 4 à 5 semaines afin de contrer les
forces de cicatricisation postérieure qui ont tendance à recréer la
rétromaxillie.
* Fentes bilatérales
:
Le planning des incisions des ostéotomies des fentes bilatérales est
primordial.
En effet, après avoir réalisé les ostéotomies et mobilisé les
fragments, la vascularisation endo-osseuse est supprimée ; seule persiste la vascularisation périostée.
Dans les fentes bilatérales, la perfusion des
fragments latéraux dépend de la vascularisation du pharynx postérieur
et latéral et de l’artère palatine postérieure.
Le prémaxillaire reçoit sa
vascularisation du septum nasal, du vomer et de la muqueuse qui
recouvre leur surface.
Si une ostéotomie du prémaxillaire est prévue, la
vascularisation antérieure qui provient de la muqueuse buccale doit être
préservée.
Les parois latérales du maxillaire sont abordées par des incisions
horizontales hautes.
La plupart des patients présente des fistules oronasales ; les incisions les contournent.
Les ostéotomies sont identiques à celles décrites pour les fentes
unilatérales.
Pour ne pas compromettre la vascularisation, le
prémaxillaire est séparé du septum par une ostéotomie latérale
ou par une incision haute antérieure verticale.
Les trois fragments maxillaires sont placés en occlusion sur plaque en
résine acrylique et par ligatures métalliques sur arc dentaire et
intermaxillaires.
Leur stabilisation définitive est obtenue par miniplaques vissées ; des
greffons osseux peuvent être placés dans les foyers d’ostéotomie et dans
les fentes alvéolaires si celles-ci n’ont pas été traitées antérieurement.
Les voies d’abord sont suturées au fil résorbable en recouvrant
soigneusement les sites d’ostéotomies et les greffons osseux éventuels.
La confection de lambeaux muqueux locaux (semblables à ceux
décrits dans la couverture des greffes alvéolaires) s’avère souventnécessaire.
Le postopératoire est similaire à celui décrit
dans les fentes unilatérales.
5- Ostéotomies segmentaires
:
Si des ostéotomies segmentaires ont été programmées, les sections interdentaires sont réalisées délicatement avec une fraise fine et un fin
ostéotome pour ne pas léser les racines dentaires.
L’ostéotomie est prolongée au niveau de la voûte palatine pour isoler le
segment des maxillaires ; la muqueuse palatine peut être
décollée délicatement pour faciliter les mouvements des fragments
osseux.
Les segments maxillaires sont stabilisés provisoirement en occlusion par des ligatures métalliques sur arc dentaire puis
définitivement par miniplaques vissées.
6- Complications
:
La complication la plus fréquente est la nécrose osseuse ou la perte de
dents par dévascularisation des fragments, suite à un non-respect de la
vascularisation périostée.
On peut aussi observer une pseudarthrose des
fragments et une malocclusion résiduelle.
Il faut réintervenir pour
restabiliser les ostéotomies (éventuellement avec greffes osseuses) et
corriger l’occlusion.
7- Insuffisance vélopharyngée
:
Certains patients qui doivent subir une ostéotomie d’avancement ont
déjà bénéficié d’une pharyngoplastie ; quoique le lambeau pharyngé
puisse gêner l’avancement, il est rarement nécessaire de le sectionner
lors de l’ostéotomie.
En revanche, certains patients peuvent
développer une IVP après ostéotomie d’avancement ; bien que certains
aient proposé de réaliser une pharyngoplastie dans le même temps
opératoire que l’ostéotomie, il est préférable d’attendre 6 à 12mois après
la chirurgie orthognatique.
Rappelons que la vascularisation des maxillaires ostéotomisés dépend
en partie de la vascularisation pharyngée ; en outre, la confection des
lambeaux pharyngés en même temps que l’ostéotomie peut rendre le
postopératoire immédiat difficile, notamment par une obstruction des
voies respiratoires hautes.
E - Augmentation des maxillaires
:
On peut profiter des voies d’abord des ostéotomies pour améliorer les
contours (notamment au niveau de la fossette piriforme et de la région
malaire) en apposant des greffons osseux (onlay) stabilisés par miniplaques vissées.
F - Distraction maxillaire
:
La distraction osseuse a été utilisée pour allonger la mandibule et
pour la correction des syndromes craniofaciaux.
Son application aux séquelles maxillofaciales des fentes
alvéolopalatines est très récente.
Contrairement à l’ostéotomie d’avancement qui doit idéalement être
réalisée à la fin de la croissance osseuse, la distraction peut être réalisée
dès l’âge de 8 ans.
Le but est de créer, dès l’apparition de la dentition définitive, un
engrènement dentaire permettant la croissance conjointe maxillairemandibule.
La nouvelle occlusion ainsi créée permet de transformer une
déficience maxillaire sévère en une déficience maxillaire discrète.
La corticotomie externe haute (afin de respecter les germes dentaires)
est réalisée depuis l’orifice piriforme jusqu’à la tubérosité maxillaire.
Les cloisons intersinusonasales sont ostéotomisées.
Le maxillaire est
disjoint de l’apophyse ptérygoïde.
Le septum nasal est laissé intact.
Le
maxillaire n’est pas mobilisé en peropératoire.
Une distraction par élastique sur masque de Polley est
appliquée avec une force de traction de 300 g pendant les 48 premières
heures, puis 750 g pendant 3 semaines ; ensuite, 350 g pendant
9 semaines.
Rien ne s’oppose à une expansion palatine transversale
simultanée pour améliorer l’engrènement.
G - Chirurgie mandibulaire
:
Une ostéotomie mandibulaire est indiquée chez les patients qui ont un
prognathisme vrai (moins de 15 %) et chez qui la rétromaxillie est
supérieure à 12 mm.
Dans ces cas, une ostéotomie maxillaire conjointe
est indiquée ; elle est sagittale ; les foyers d’ostéotomie sont
stabilisés par des vis corticales après contrôle de l’occlusion dentaire et
vérification de la position correcte des condyles dans les cavités
glénoïdes.
L’ostéotomie mandibulaire n’est en aucun cas le traitement des
malocclusions de classe III (pseudoprognathisme) ; le résultat esthétique
serait désastreux.
H - Génioplastie
:
La correction du menton peut être programmée sur la base des études
photographiques et céphalométriques.
Il est préférable de réaliser la génioplastie après une éventuelle chirurgie mandibulaire.
Souvent, le menton est trop en arrière et/ou trop long.
La correction est
obtenue par une génioplastie horizontale d’avancement ou une réduction
verticale.
Technique
:
Le menton est abordé par une incision dans le vestibule buccal,
légèrement au-dessus du creux gingival pour éviter l’accumulation de
salive ou d’aliments sur la suture ; le périoste est décollé en respectant
l’émergence des nerfs dentaires jusqu’au bord inférieur du menton mais
pas au-delà.
L’os est coupé à la scie.
– Avancement : le fragment inférieur mobilisé est maintenu en position
désirée par une miniplaque en forme de T en ou H.
– Réduction verticale : une languette osseuse est découpée et enlevée ;
l’ostéotomie est stabilisée par une miniplaque vissée.
L’incision mucopériostée est fermée par suture en deux plans au fil
résorbable.
Il est
impératif d’avoir une vision intégrée de la déformation et
d’envisager une correction conjointe de la lèvre et du nez
associée ou non à un ajustement du support osseux.