Mesure de l’état de santé de la population Cours de santé publique
L’épidémiologie est définie par l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) comme « l’étude de la distribution
des maladies dans les populations humaines, ainsi que
des influences qui déterminent cette distribution ».
Les différents phénomènes de santé observés : décès, maladie,
facteurs de risque… sont mesurés par des variables
dont l’étude statistique, sous forme de taux, rapports,
fréquences ou moyennes, définissent des indicateurs de
santé.
Un grand nombre d’entre eux fait l’objet d’une
définition standardisée concernant leur mode de calcul
et leur protocole de recueil, permettant ainsi une plus
grande rigueur dans l’analyse et les comparaisons entre
pays, régions et périodes.
Sources de données
:
A - Description des différentes sources
:
1- Statistiques de mortalité
:
En France, l’enregistrement des décès s’effectue dans le
cadre de l’état civil, qui assure également d’autres
enregistrements systématiques : naissances, mariages…
La déclaration de décès est obligatoire.
À l’échelon
local, l’enregistrement des décès est placé sous la
responsabilité des mairies.
La constatation du décès doit
être effectuée par un médecin qui remplit un certificat
de décès nominatif en indiquant la ou les causes de
décès, ainsi que les renseignements complémentaires
sur l’état morbide ayant contribué au décès.
La partie
mentionnant la cause du décès est confidentielle, elle est
cachetée par le médecin.
Le service de l’état civil sépare
le certificat médical mentionnant la cause du décès de la
partie nominative.
À l’aide de cette dernière, l’officier
de l’état civil établit un bulletin de décès, qui comporte
des renseignements d’ordre démographique, à l’exception
du nom.
Le certificat médical de cause de décès et le
bulletin de décès sont adressés au médecin inspecteur de
santé publique de la Direction départementale des
affaires sanitaires et sociales (DDASS).
Ces dispositions
s’appliquent à toutes les personnes présentes sur le territoire
national.
Pour les enfants mort-nés, il existe un bulletin
d’enfant déclaré sans vie qui ne comporte pas de
mention de la cause.
En France, l’exploitation des données
de mortalité est assurée conjointement par l’INSEE
(Institut national de la statistique et des études économiques)
et par l’INSERM (Institut national de la santé et
de la recherche médicale), ce dernier étant
spécifiquement chargé du codage médical et de l’analyse
épidémiologique des causes de décès.
2- Statistiques de morbidité
:
• Registres de morbidité : ils réalisent un enregistrement
continu et exhaustif des informations provenant de
plusieurs sources concernant une pathologie donnée (cancers, malformations…), affectant les habitants
d’une zone géographique définie.
Le recueil des cas se
fait par une recherche active auprès des services ou
laboratoires prenant en charge ces pathologies, ce qui
réduit les sous-déclarations.
Si ce recueil ne se fait pas
toujours de manière nominative, il évite la sur-déclaration
(doublons) par divers recoupements.
En France, les
registres sont le plus souvent organisés sur une base
départementale.
Ces données permettent de faire des
calculs de taux ainsi que des enquêtes épidémiologiques
complémentaires (cas-témoins ou cohorte).
Registres des cancers : ils sont soit généraux (tous les
cas de cancers), soit spécialisés (cancers ORL, cancers
de l’enfant…).
On en dénombre 22 en France. Les
sources d’informations sont multiples : hôpitaux, laboratoires
d’anatomopathologie, médecins spécialistes…
On peut utiliser ces registres en épidémiologie pour
analyser l’évolution chronologique des cancers ou faire
des comparaisons géographiques.
Registres des malformations congénitales : il existe
4 registres départementaux en France qui permettent le
calcul de la prévalence des malformations en fonction
du nombre de naissances dans le département.
Les
sources d’informations sont multiples : maternités, laboratoires
de cytogénétique, services de pédiatrie…
Registres des cardiopathies ischémiques : il y en a 3 en
France.
Ils étudient l’évolution de la fréquence des infarctus
du myocarde récents et l’évolution de la mortalité.
Il existe 6 autres registres qui sont spécialisés dans le
suivi de certaines maladies : accidents vasculaires cérébraux,
diabète insulinodépendant de l’enfant, grossesse
extra-utérine, handicap, maladies inflammatoires du
tube digestif.
• Autres statistiques sanitaires
Les déclarations obligatoires concernent les déclarations
des maladies transmissibles : en France, le code de
la santé fait obligation au médecin de déclarer les maladies
figurant sur une liste précisée par décret.
Sur la liste
actuellement en vigueur, une seule des maladies n’est
pas une maladie transmissible : le saturnisme de l’enfant.
Les déclarations des maladies transmissibles sont
adressées au médecin inspecteur de santé publique de la
DDASS qui les adresse à l’Institut de veille sanitaire.
À
l’échelon international, la plupart des pays membres de
l’OMS ont adhéré à une convention par laquelle ils se
sont engagés à signaler à l’OMS les maladies soumises
à règlement (peste, choléra, fièvre jaune…), ainsi que
d’autres maladies infectieuses.
Ces déclarations concernent aussi les certificats de santé
des enfants : ils ont été mis au point dans le cadre de programmes
destinés à améliorer les conditions sanitaires
périnatales.
Leur objectif est de permettre le dépistage et
la surveillance d’un certain nombre de maladies et infirmités.
Trois certificats sont obligatoires : au cours de la
1re semaine de vie, du 9e et du 24e mois.
Ces certificats
doivent être remplis par le médecin qui a procédé à
l’examen, ils sont nominatifs et transmis au centre de
protection maternelle et infantile (PMI) du département
qui procède à leur analyse.
La qualité de l’enregistrement est variable, les pathologies de grossesse ainsi que
les anomalies néonatales sont souvent sous-estimées.
En
revanche l’exhaustivité est bonne du fait de l’incitation
financière, le versement des allocations familiales étant
subordonné à l’envoi de ces certificats.
Systèmes sentinelles : ils suivent certaines maladies
transmissibles et permettent en particulier de repérer le
début d’une épidémie et son développement (par
exemple réseau GROG [Groupe régional d’observation
de la grippe]).
Ces systèmes reposent sur des volontaires
(médecins, laboratoires).
L’exhaustivité n’est pas
recherchée, mais on s’efforce dans une zone donnée
d’arriver à un certain degré de représentativité.
Autres sources : ce sont les statistiques des organismes
de soins et des organes médico-administratifs.
Au sein
des établissements de soins publics et privés, il existe un
système de recueil des diagnostics et des actes réalisés
chez chaque patient hospitalisé (PMSI, Programme de
médicalisation du système d’information).
Ce recueil
informatisé au sein des Départements d’information
médicale (DIM) des établissements est principalement à
visée économique.
Compte tenu des biais d’échantillonnage
dus au recrutement de clientèle des hôpitaux, il
peut difficilement servir de base épidémiologique à
l’échelle des populations desservies.
La Sécurité sociale ne recueille pas pour l’instant de
données d’information sur les maladies individuelles,
seul le dossier des maladies de longue durée est individuel.
B - Problème de l’utilisation et de la fiabilité
des données
:
L’utilisation des données provenant de ces sources doit
être prudente.
1- Qualité des sources et des mesures
:
La qualité des données est liée à la méthodologie du
recueil : il faut s’assurer de recenser l’ensemble des cas
dans une population bien définie.
Trois types de problèmes
peuvent se poser :
– les erreurs de diagnostic : le malade n’est pas reconnu
comme tel;
– la non-exhaustivité : le malade est connu mais non
enregistré ;
– les doublons : le même malade peut être enregistré
plusieurs fois.
2- Lecture des indicateurs
:
La comparaison dans le temps et dans l’espace doit être
effectuée et interprétée avec prudence.
Par exemple une augmentation importante du nombre de
cas d’une pathologie au cours du temps peut s’expliquer :
– par une amélioration des techniques diagnostiques de
cette pathologie ;
– par un recours facilité aux soins ;
– par l’évolution socioculturelle des patients.
Dans le cas d’une comparaison entre des pays, il faut
faire attention à la définition des cas.
Par exemple les morts foetales peuvent être définies différemment d’un
pays à l’autre (la limite entre produit d’avortement et
mort-né s’étend de 3 à 6 mois suivant les pays).
3- Interprétation des indicateurs
:
Attention à l’interprétation des données brutes : par
exemple un taux de mortalité brut identique entre
2 départements ne signifie pas forcément que la
mortalité est équivalente entre ces 2 départements.
Par ailleurs, il faut faire
attention aux données isolées de leur contexte (un
chiffre ne peut se comprendre que s’il est replacé dans
son contexte.)
Indicateurs de santé
:
Les indicateurs de santé sont des variables statistiques
mesurables qui décrivent de manière synthétique l’état
de santé des individus d’une communauté.
A - Mortalité
:
En France, chaque décès donne lieu à l’établissement
d’un certificat rempli par un médecin comportant les
causes médicales de la mort : cause principale, cause
immédiate et états morbides, qui sont ensuite codés au
moyen de la Classification internationale des maladies
(CIM).
À partir de ces données, on peut calculer un
grand nombre d’indicateurs.
1- Espérance de vie
:
• L’espérance de vie à la naissance ou durée moyenne
de vie est la moyenne des âges au décès d’une génération
(ensemble des personnes nées la même année) ou encore,
c’est le nombre moyen d’années qu’un nouveau-né de
cette génération a vécu.
C’est un indice synthétique qui
est calculé à partir des tables de mortalité.
En théorie,
elle ne peut être calculée que lorsque tous les membres
d’une même génération sont décédés. Pour remédier à
ce problème, on peut calculer tous les ans.
• L’espérance de vie de l’année à partir des données de
mortalité par âge, représente le nombre moyen d’années
que des nouveau-nés pourraient espérer vivre s’ils étaient
soumis toute leur vie aux conditions de mortalité pour
chaque âge de l’année X.
Si les progrès de la médecine
et des conditions de vie permettent d’améliorer la mortalité,
ladite génération de nouveau-nés vivra en moyenne
plus longtemps que l’espérance de vie calculée le
jour de sa naissance.
En France en 1996, l’espérance de
vie à la naissance des hommes était de 74 ans, celle des
femmes de 81,9 ans.
L’espérance de vie à un âge donné
pour l’année X est le nombre moyen d’années supplémentaires
que les individus pourraient vivre s’ils étaient
soumis tout le restant de leur vie aux conditions de
mortalité par âge de l’année X.
En France en 1996,
l’espérance de vie à 60 ans était de 19,7 ans pour les
hommes et 25 ans pour les femmes.
2- Années potentielles de vie perdues
(de 1 à 64 ans) :
C’est une estimation du nombre d’années qu’un sujet
n’a pas vécues.
Cette estimation peut être réalisée à partir
de l’espérance de vie à l’âge du décès (calculée pour
l’année du décès), ou bien plus communément par
différence entre l’âge du décès et un âge de référence
fixe.
Ainsi, une étude statistique des années potentielles
de vie perdues pour les personnes décédées avant
65 ans pourra retenir pour chaque individu la différence
entre l’âge du décès et la valeur repère de 65 ans.
Un tel indicateur traduit l’importance des décès
prématurés.
Certaines causes de décès font perdre plus
d’années de vie potentielles : accidents, suicides,
tumeurs.
3- Taux brut de mortalité
:
Nombre de décès dans la population pendant la période t
Effectif moyen de la population pendant la période t
L’effectif moyen peut être estimé par l’effectif au milieu
de la période d’étude ou en additionnant l’effectif en
début et en fin de période et en divisant par 2.
Le taux brut de mortalité en France en 1996 était de
9,1 pour 1 000 habitants.
4- Taux de mortalité standardisé
suivant l’âge et (ou) le sexe :
Quand on compare la mortalité entre 2 populations,
les différences observées peuvent être dues à des
facteurs de confusion tels que l’âge ou le sexe.
La
standardisation des taux est un moyen de réduire les
effets de ces facteurs.
• Standardisation directe : cette méthode consiste à
calculer un taux de mortalité pour chaque population
comparée, par rapport à une structure d’âge de référence.
Cette structure peut être soit celle d’une population standard
(ex. : population européenne, population française…),
soit celle d’une des 2 populations comparées, ou encore
la somme de ces 2 populations.
• Standardisation indirecte : cette méthode permet
de résoudre les cas insolubles par la méthode directe.
Pour cette méthode de standardisation, on utilise
les taux spécifiques par tranche d’âge d’une population
de référence et on les applique aux effectifs des tranches
d’âge de la population étudiée.
On obtient alors un
nombre attendu de décès pour chacune des tranches
d’âge de la population étudiée.
Cette méthode nécessite
moins d’information sur la ou les populations étudiées,
puisque seule la distribution des âges et l’effectif global
doivent être connus.
On calcule ensuite le quotient
de mortalité standardisé (QMS) correspondant au standardised
mortality ratio (SMR) des Anglo-Saxons.
mortalité observée x 100
QMS = --------------------------
mortalité attendue
5- Taux de mortalité spécifique
pour un sous-groupe particulier (sexe, âge…) :
Nombre de décès dans le sous-groupe pendant la période t
nombre de nouvelles personnes atteintes
de la pathologie P pendant la période t
Morbidité
:
1- Définition
:
La morbidité nous renseigne sur des maladies qui ne se
terminent pas par un décès.
Il existe plusieurs types de
morbidité.
• La morbidité ressentie est l’ensemble des affections
ou troubles ressentis par les individus.
• La morbidité diagnostiquée est l’ensemble des affections
diagnostiquées par les médecins.
Elle n’est pas
strictement superposable à la morbidité ressentie.
• La morbidité réelle ou objective regroupe la morbidité
diagnostiquée et la morbidité diagnostiquable avec les
meilleurs moyens diagnostiques du moment et selon
l’état de la science.
2- Indicateurs
:
• Taux d’incidence cumulée
nombre de nouveaux cas d’une maladie donnée
dans la population pendant la période t
effectif des personnes non malades au début de la période t
Par défaut, quand on parle d’incidence, on parle de l’incidence
cumulée. Elle représente la probabilité pour des
personnes non malades de développer une maladie donnée
pendant la période donnée.
Il faut que les personnes
soient suivies pendant toute la période de temps et qu’elles
ne soient pas décédées d’une autre cause. L’incidence
cumulée est en général utilisée dans les maladies aiguës.
effectif des personnes-temps non malades pendant la période t
C’est le rapport du nombre de nouveaux cas apparus
dans la population pendant la période donnée sur le
nombre de personnes-temps (PT) à risque dans la population
pendant la même période.
L’incidence instantanée est utilisée plutôt pour les
maladies chroniques.
Si une action de prévention
primaire (qui a pour objet d’empêcher l’apparition
d’une maladie) est efficace, l’incidence de cette maladie
doit diminuer.
Calcul par la méthode approchée : on peut approcher
l’effectif des personnes-temps par :
Po + Pt
Effectif moyen des personnes non malades =
--------
2
où Po est l’effectif des personnes non malades au début
de la période, et Pt celui des personnes non malades à la
fin de la période (temps t).
Calcul par la méthode des personnes-temps
On tient compte non seulement du nombre de
personnes exposées au risque de maladie mais aussi de
la durée pendant laquelle elles sont présentes et exposées
à ce risque. Le temps peut s’exprimer en mois,
années…
• Taux d’attaque : c’est une incidence cumulée
appliquée lorsque la population n’est exposée que
pendant un temps limité (épidémie courte, toxi-infection
alimentaire…).
• Prévalence instantanée : elle se rapporte à tous les
cas d’une pathologie P dans une population.
Par défaut,
quand on parle de prévalence, on sous-entend prévalence
instantanée :
nombre de malades présents dans la population à un instant t
La prévalence dépend donc du nombre de nouveaux cas
dans la population (incidence instantanée) et de la durée
moyenne de la maladie.
Une prévalence élevée peut être due à une forte incidence
ou à une durée de maladie longue (ou les 2 facteurs).
Il
est à noter qu’une amélioration de la prise en charge
d’une maladie peut, selon la maladie, se traduire par une
diminution de la prévalence si les patients guérissent
plus vite ou par une augmentation en cas de maladie
mortelle avec une survie prolongée (ex : sida).
Prévalence = incidence instantanée x durée moyenne de la maladie
Cette formule est valable si la prévalence est faible
(< 10 %).
La prévalence est plutôt utilisée pour les
maladies chroniques.
• Prévalence au cours d’une période de temps (prévalence
de période) : sur une période d’observation
longue (comme une année par exemple), on peut calculer
la prévalence au cours d’une période de temps.
Exemple : prévalence en France en 1999 du cancer
pulmonaire
nombre de cas de cancers pulmonaires en France en 1999
Les cas de cancers retenus peuvent être présents au
début de l’année, apparaître au cours de l’année, guérir
ou décéder en cours d’année.
Autres indicateurs
:
En dehors des indicateurs de mortalité et de morbidité,
un certain nombre d’autres indicateurs peuvent être
utilisés pour décrire l’état de santé d’une population ou
d’une partie de celle-ci.
1- Absentéisme
:
Le taux d’absentéisme dans une population définie
(entreprise, enfants dans les écoles…) constitue un
indicateur indirect de l’état de santé.
2- Incapacité et dépendance
:
On peut évaluer les incapacités fonctionnelles et les
handicaps au moyen de l’espérance de vie sans incapacité
(on prend en compte simultanément l’espérance de vie
et la prévalence des incapacités au sein d’une population).
On peut aussi utiliser des échelles de santé
(questionnaires) avec lesquelles on évalue la santé à partir
des dysfonctionnements physiques.
Elles évaluent le
préjudice dû aux déficiences et incapacités au moyen de
questionnaires portant sur les activités élémentaires :
toilette, repas, déplacements, continence…
3- Indicateurs composés du bien-être physique,
mental ou social : santé perçue par les individus :
Grâce à ces types d’échelles, on peut mesurer la santé
perçue par les individus.
On évalue leur bien-être en
essayant de cerner les différentes dimensions de la
santé : dimension physique, émotionnelle, sociale…
Il
existe de nombreuses échelles de santé perçue (ou qualité
de vie liée à la santé) qui sont soit générales soit spécifiques
d’une pathologie (asthme, diabète…).
4- Indicateurs relevant de spécialités médicales
:
Un certain nombre de spécialités médicales ont développé
des indicateurs spécifiques :
• Psychiatrie : le degré de gravité des pathologies
psychiatriques étant difficilement quantifiable, des
échelles de mesure de leur gravité ont été mises au
point ces dernières années : échelles de dépression,
d’anxiété…
• Santé dentaire : les échelles les plus courantes de
l’évaluation de la santé dentaire utilisent les diverses
combinaisons de 3 phénomènes qui sont : la carie, la
perte de la dent, l’obturation.
• Douleur : ces échelles sont utilisées pour quantifier la
douleur, mais aussi pour évaluer l’efficacité d’une thérapeutique
sur la douleur.
On utilise souvent une échelle
analogique graduée de 1 à 10 sur laquelle le patient
positionne un curseur en fonction de l’intensité de la
douleur ressentie.
Déterminants de l’état de santé
:
L’épidémiologie descriptive a évolué de la simple
description des phénomènes de santé vers la recherche
étiologique et évaluative, c’est-à-dire vers l’étude de
l’association entre l’état de santé et ses déterminants
possibles.
Ces déterminants qui modifient l’état de
santé d’une population peuvent se mesurer grâce à des
indicateurs. Nous présentons les domaines les plus
classiques :
• caractéristiques de la population : les caractéristiques
démographiques et leur évolution sont des
phénomènes qui conditionnent directement ou indirectement
l’état de santé d’une population (ex. : répartition
par âge et par sexe, taux de natalité, densité du peuplement…)
;
• environnement : environnement physique (température,
polluants de l’eau ou de l’air, agents biologiques...),
environnement économique et social (ex. : nombre de
personnes par logement, taux de chômage…) ;
• habitudes de vie : vie professionnelle, alimentation,
usage du tabac ou de l’alcool (ex. : nombre de litres
d’alcool pur consommé en moyenne par chaque
Français)…
• services de santé : ils interviennent comme moyens
de prévention et de soins (ex. : le nombre de médecins
pour 1 000 habitants est un indicateur de moyen, le
nombre de journées d’hospitalisation est un indicateur
de production).
Risque
:
A - Risque de maladie
:
Le risque représente la probabilité de survenue de la
maladie au sein d’une population, au cours d’un intervalle
de temps donné.
Cet indicateur ne s’applique
qu’au niveau d’une population ou d’un groupe.
B - Facteur de risque
:
C’est une caractéristique intrinsèque (le sexe par
exemple) ou extrinsèque (pollution atmosphérique)
qui, lorsqu’elle est présente, s’accompagne d’une
augmentation statistiquement significative du risque de
maladie.
Le facteur de risque peut correspondre à une
variable qualitative (groupe HLA pour human leucocyte
antigen) ou quantitative (quantité de tabac consommée).
Un facteur de risque qui diminue le risque de maladie de
manière significative est appelé un facteur protecteur.
Un facteur de risque n’est pas présent chez tous les
malades, de même qu’il n’est pas toujours associé à la
maladie.
Le risque est une notion statistique qui n’a de
sens qu’au niveau collectif.
Un facteur de risque même
s’il est lié statistiquement à la maladie n’a pas forcément
de relation causale avec celle-ci.
C - Groupes à risque
:
Souvent, le risque de maladie n’est pas le même chez
tous les individus composant une population, et cela du
fait des différences d’âge, de sexe, de catégories socioprofessionnelles,
d’usage du tabac…
On parle dans
certains cas de groupe à risque pour désigner un groupe
dont les individus présentent statistiquement plus
de facteurs de risque pour une maladie.
Les notions
de facteur de risque et de groupe à risque sont utiles
pour organiser des actions de prévention plus efficace
en les ciblant sur les populations qui présentent un
risque de maladie plus élevé que la moyenne.
Agir
sur l’exposition aux facteurs de risque n’a en revanche
d’intérêt que si leur rôle causal pour une maladie est
démontré.
D - Calcul du risque
:
Le risque, qui correspond à une probabilité de survenue
de la maladie au sein d’une population, au cours d’un
intervalle de temps donné, est difficilement mesurable
dans la population entière, donc en pratique il est estimé
à partir d’un échantillon de cette population.
1. Risque relatif
:
Dans le cadre des enquêtes exposés-non exposés (cohorte),
on estime le risque d’une maladie en fonction de l’exposition
au moyen du risque relatif (RR).
Cet indicateur est
le rapport de l’incidence dans le groupe exposé sur
l’incidence dans le groupe non exposé (on peut utiliser
l’incidence cumulée ou l’incidence instantanée).
Il
mesure l’augmentation du risque de maladie chez les
sujets exposés par rapport aux non exposés.
incidence chez les exposés
Risque relatif =
-------------------------------
incidence chez les non exposés
En fonction de la valeur du risque relatif on a :
– RR < 1 : facteur protecteur ; une personne exposée à ce
facteur aura une probabilité plus faible de développer
la maladie ;
– RR = 1 : il n’y a pas de relation entre le facteur d’exposition
et la maladie ;
– RR > 1 : facteur de risque.
Le facteur d’exposition
entraîne une augmentation du risque de développer la
maladie.
Par exemple
RR = 4 signifie qu’un sujet
exposé a un risque 4 fois plus élevé d’être malade
qu’un sujet non exposé.
2- Odds ratio ou rapport de cote
:
On utilise dans le cadre des enquêtes cas-témoins une
estimation du risque relatif, car ce type d’enquête ne
permet pas le calcul des incidences.
Cette estimation est
appelée odds ratio (OR) ou encore rapport de cote.
L’interprétation de l’odds ratio se fait de la même
manière que celle du risque relatif.
Cas
Témoins
Exposés
a
b
Non exposés
c
d
L’odds ratio se calcule par la formule :
a x d
OR =
--------
c x b
L’odds ratio est une bonne estimation du risque relatif
lorsque la maladie est rare (prévalence faible).
3- Risque attribuable
:
Le risque attribuable (RA) est la proportion de cas de
maladie dans la population attribuable au facteur d’exposition,
c’est donc la proportion de cas qui seraient évités
si l’exposition au facteur était supprimée.
Il n’a de signification
que si le facteur est un agent causal de la maladie.
On peut calculer le risque attribuable dans les enquêtes exposés-non exposés et dans les enquêtes cas-témoins.
p x (RR - 1)
RA =
-----------------
p x (RR - 1) + 1
Où RR est le risque relatif, p est la fréquence de l’exposition
dans la population.
Un risque relatif peu élevé
avec une fréquence d’exposition importante pourra
donner un risque attribuable non négligeable.
Principales caractéristiques
de la mortalité et de la morbidité
en France
:
A - Mortalité
:
On dénombre en 1996, en France métropolitaine,
535 506 décès.
Le taux brut de mortalité en 1996 s’élève
à 9,2 décès pour 1 000 habitants. Entre 1991 et 1996 ce
taux a baissé de 6 %.
1- Espérance de vie
:
L’espérance de vie en 1996, en France, était de 74 ans
pour les hommes et 81,9 pour les femmes.
Elle est en
augmentation constante depuis plusieurs décennies ;
ainsi, en 1935, elle était de 55 ans pour les hommes et
61 ans pour les femmes.
On note que l’écart de durée de
vie entre hommes et femmes (7,9 ans) est plus important
en France que dans beaucoup d’autres pays, mais qu’il
est en diminution ces dernières années.
Concernant les années potentielles de vie perdues, les
premières causes sont les accidents, suicides et homicides,
les tumeurs et les maladies cardiovasculaires.
2- Taux de mortalité spécifique
:
• Taux de mortalité par âge : les taux de mortalité
dépendent de l’âge. Chez les personnes de moins de
25 ans, le taux de mortalité est de 0,55 décès pour 1 000,
il est de 1,49 pour les 25-44 ans, 6,38 pour les 45-64 ans,
18,3 pour les 65-74 ans, 76,17 pour les 75 ans et plus.
Il y a une surmortalité infantile entre 0 et 1 an, avec un
taux de 4,9 décès pour 1 000 naissances vivantes.
• Taux de mortalité par sexe : la surmortalité masculine
est importante et explique les différences d’espérance de
vie entre hommes et femmes.
Cette surmortalité concerne
la plupart des causes de décès mais elle est maximale
pour les cancers des voies aérodigestives supérieures et
pour les cancers du poumon.
Elle est aussi maximale
entre 25 et 74 ans.
On assiste à une progression, chez les
femmes, des cancers des voies aérodigestives supérieures
du fait d’une augmentation de la consommation
alcoolo-tabagique, alors qu’ils diminuent chez les
hommes.
La mortalité par sida augmente chez la femme
et diminue chez l’homme.
• Taux de mortalité par catégorie socioprofessionnelle :
il existe en France des écarts importants de mortalité
entre les catégories socioprofessionnelles.
Les catégories
les plus favorisées sont les enseignants, les ingénieurs,
les cadres supérieurs et les instituteurs.
Les plus défavorisées
sont les salariés agricoles, les ouvriers et le personnel
de service.
Ces disparités concernent les 2 sexes mais
avec une ampleur moins marquée pour les femmes.
Ces
écarts de mortalité ont tendance à se réduire avec l’âge.
Les inégalités les plus importantes s’observent pour les
pathologies liées à l’alcoolisme et les comportements à
risque (cancers du poumon, accidents…).
• Taux de mortalité par région : le taux général de mortalité
a diminué dans la plupart des régions françaises,
les seules exceptions concernent pour les 2 sexes les pays
de la Loire (pour les tumeurs et les morts violentes),
et pour les hommes la Haute-Normandie.
La mortalité
est la plus importante en France dans le Nord-Pas-de-
Calais, viennent ensuite la Bretagne et l’Alsace pour les
hommes, et l’Alsace et la Picardie pour les femmes.
3- Causes de décès
:
• Causes générales : les 3 premières causes représentent
69 % des décès en 1996.
Les principales causes sont :
maladies cardiovasculaires (32%), tumeurs (28 %),
morts violentes (9 %), maladies de l’appareil respiratoire
(8 %)…
Depuis une dizaine d’années, la mortalité par
maladies cardiovasculaires baisse.
La France, parmi les
pays développés, possède un taux de mortalité par maladie
cardiovasculaire parmi les plus faibles.
• Causes suivant le sexe : en France, en 1996, pour les
hommes, les principales causes de décès sont : tumeurs
(32 %), maladies de l’appareil circulatoire (26 %),
accidents, suicides et homicides (10 %), maladies respiratoires
(8 %).
Pour les femmes : maladies de l’appareil
circulatoire (36 %), tumeurs (23 %), maladies respiratoires
(8 %), accidents, suicides et homicides (7 %).
La France est un
des pays d’Europe se caractérisant par une mortalité
prématurée très forte.
B - Morbidité
:
Pour la période 1992-1995, les troubles les plus fréquemment
déclarés sont les affections dentaires et ophtalmiques.
Viennent ensuite les maladies cardiovasculaires,
les pathologies respiratoires, ostéo-articulaires et de
l’appareil digestif.
Les maladies sont différentes selon le
sexe et l’âge.
Chez les moins de 15 ans, il existe une
prédominance des troubles dentaires, ophtalmiques et
des affections respiratoires.
Entre 16 et 64 ans, mis à
part les troubles dentaires et ophtalmiques, les affections
les plus fréquentes sont celles de l’appareil circulatoire,
respiratoire et digestif.
Après 65 ans, les pathologies
sont marquées par la prédominance des affections cardiovasculaires
et ostéo-articulaires.