Chirurgie de l’endométriose pelvienne (chirurgie tubaire exclue) Cours de Chirurgie
Introduction
:
L’endométriose pelvienne se présente sous trois formes :
l’endométriose interne ou utérine (adénomyose), l’endométriose
tubaire et l’endométriose
externe.
L’adénomyose pose peu de problèmes.
Dans sa forme mineure, elle
peut faire l’objet d’une abstention ou d’un simple traitement
médical.
Dans sa forme modérée ou majeure, elle est rebelle aux
traitements médicaux et justifie l’hystérectomie.
C’est alors une
indication élective de l’hystérectomie transvaginale.
Des techniques
de chirurgie conservatrice ont cependant été décrites.
On pourrait penser que l’endométriose externe, maladie chronique,
à tendance envahissante, doive faire l’objet d’une chirurgie d’exérèse
dont le but est l’éradication.
La logique de la chirurgie n’est
cependant pas aussi primaire.
L’endométriose externe n’est pas une
maladie, mais un état qui peut être sans retentissement (il n’y a alors
pas d’indication opératoire, sauf kyste de l’ovaire), induire une
infécondité (on fait alors l’adhésiolyse et le traitement de lésions
tubaires) ou provoquer des douleurs rebelles (il faut alors tenter
d’éradiquer les lésions algogènes).
Encore faut-il préciser que la
relation de cause à effet entre l’endométriose et le motif de
consultation est inconstante, et variable selon les lésions observées.
En cas de lésions minimales, la responsabilité de l’endométriose et
l’intérêt des thérapeutiques sont loin d’être démontrés, aussi bien
dans le domaine de l’infécondité que de la douleur.
En cas de lésions
plus sévères, la relation avec l’infécondité n’est certaine que pour
les adhérences et les lésions tubaires, la relation avec la douleur n’est
certaine que pour les lésions profondes sous-péritonéales.
Il faut donc distinguer clairement deux objectifs : l’éradication de la
maladie et le traitement de la gêne occasionnée.
Ce dernier objectif
est le seul tenable.
L’éradication est en effet relativement illusoire
(puisque des récidives surviennent même après traitement
chirurgical large, puisque le résultat de l’adhésiolyse dans les
adhérences massives est décevant) et non constamment justifiée en raison de la bénignité de l’affection et des possibilités de traitement
palliatif (traitement médicamenteux pour la douleur, fécondation in
vitro pour l’infécondité).
L’éradication est inutile pour les lésions
minimales qui ne sont pas pathogènes.
La chirurgie de l’endométriose est donc une chirurgie paradoxale.
Elle peut être facile, mais inutile, dans les lésions minimales.
Elle
peut être hautement complexe, et ses risques dépasser son bénéfice
dans les lésions majeures, où la meilleure indication est la douleur.
La chirurgie prend en fait toute son utilité dans les cas
intermédiaires (kystes ovariens, adhérences modérées), où on trouve
un bon compromis entre le bénéfice et le risque, et l’inapplication
évidente des thérapeutiques alternatives.
Elle intervient aussi en fin
de parcours, lorsque toutes les autres ressources ont été épuisées,
pour la chirurgie radicale qui constitue parfois une fin logique.
Le
choix entre la chirurgie conservatrice et la chirurgie radicale n’est
pas un choix.
C’est simplement le respect d’impératifs : la femme
jeune ou inféconde impose un choix conservateur, la femme victime
de plusieurs années de douleurs exige une exérèse.
La place des thérapeutiques médicales ne peut être éludée.
À titre
exclusif, elles ont essentiellement un effet suspensif et
symptomatique, et la récidive est hautement probable après l’arrêt.
À titre préopératoire, elle peut, pour certains, aider les dissections et
réduire l’état inflammatoire.
À titre postopératoire, elle est conseillée
systématiquement par certains, en cas de lésions résiduelles
difficilement extirpables pour les autres.
Voie d’abord et stratégie opératoire
:
Tous les gestes concernant l’endométriose externe peuvent être
exécutés par coeliochirurgie ou laparotomie.
Le choix dépend de la
spécialisation du chirurgien et des conditions locales.
Le choix est
en fait opérateur-dépendant.
On ne peut cacher que le taux de
traitement coeliochirurgical est un indice de spécialisation ; il ne peut
cependant, dans aucune expérience, atteindre 100 %.
Avant de
prendre une décision de laparotomie, il ne faut pas méconnaître le
risque important d’aggravation de l’état adhérentiel : les cas difficiles
sont donc en général plus une indication d’abstention que de
laparotomie.
Cette abstention est provisoire si on adresse la patiente à un référent, ou définitive si on considère que le risque de
l’intervention est supérieur à son bénéfice, compte tenu des
traitements alternatifs disponibles.
Quelle que soit la voie d’abord, la stratégie opératoire est immuable :
bilan des lésions immédiatement visibles, bilan après adhésiolyse,
excision des lésions.
Le bilan des lésions doit être précis et documenté par le compte
rendu.
Il faut pouvoir, en vue du suivi et de la transmission
d’informations, remplir les items des classifications américaine
et française.
C’est dire qu’il faut
méthodiquement examiner l’ensemble du péritoine et des organes
pelviens, qualifier et quantifier les lésions observées.
Trois cas particuliers du bilan des lésions sont à envisager, les
adhérences massives, le diagnostic des kystes ovariens et l’inventaire
des lésions sous-péritonéales profondes.
En présence d’adhérences massives, seule l’adhésiolyse permet un
bilan complet, mais elle n’est justifiée que lorsqu’elle a pour but le
traitement satisfaisant d’une infécondité ou l’accès à des lésions
profondes douloureuses ; elle n’est pas justifiée si les lésions sont
indolores mais intenses au point d’indiquer la fécondation in vitro
d’emblée dans le cadre du traitement d’une infécondité.
Le diagnostic d’un kyste ovarien endométriosique peut se révéler
délicat : l’aspect externe de l’ovaire peut se limiter à une
augmentation globale de volume, le kyste affleurant à la surface de
l’ovaire en un seul point où s’observe une cicatrice noirâtre stellaire.
D’autre part, tous les kystes hématiques ne sont pas endométriosiques, et le diagnostic différentiel entre endométriome
et kyste fonctionnel hémorragique doit toujours être envisagé, afin
d’éviter de nuisibles exérèses de kystes fonctionnels.
Enfin, bien que
rare, le cancer endométrioïde de l’ovaire doit pouvoir être exclu.
Le
diagnostic d’endométriose est vraisemblable en présence d’un kyste
adhérent à la face postérieure du ligament large et au ligament utérosacré (signe inconstant), marqué par une zone sombre
ombiliquée en surface de l’ovaire, contenant un liquide chocolat
(signe non pathognomonique puisque observé dans tous les kystes
hématiques anciens), de paroi épaisse, associé à des lésions
d’endométriose péritonéale.
La bénignité est vraisemblable, avant
ouverture, en l’absence de végétations exokystiques, les formations
endokystiques étant préalablement exclues par l’échographie.
Une
cytologie péritonéale est prise en début d’intervention, avant toute
contamination du péritoine, quitte à ne pas l’utiliser si la
macroscopie permet finalement d’éliminer définitivement la
malignité.
Le bilan des lésions sous-péritonéales a ceci de particulier qu’il ne
peut être complet qu’après exérèse, et que celle-ci n’est pas toujours
indiquée ; on prête attention aux signes les plus évidents
d’endométriose profonde : comblement du cul-de-sac de Douglas,
rétraction et densification péritonéale du ligament large ou du culde-
sac antérieur, rétraction ou épaississement d’un ligament
utérosacré.
L’excision (ou la destruction) des lésions doit être méthodique, avec
cependant des objectifs différents selon l’indication.
Les lésions
péritonéales ne sont pas éradiquées avec une intention étiologique
(elles ne sont pas cause de douleurs, et leur liaison avec l’infécondité
est incertaine), mais extirpées en tant que foyer possible d’évolution
ultérieure.
Les lésions ovariennes superficielles peuvent donner
naissance à un kyste par invagination, et sont donc éradiquées dans
le même but.
Les endométriomes ovariens sont extirpés comme le sont tous les kystes organiques de l’ovaire.
Les lésions souspéritonéales
sont génératrices de douleur, mais leur rôle dans
l’infécondité est vraisemblablement nul : leur exérèse,
potentiellement dangereuse surtout dans les formes étendues en
rapport avec le rectum, est réservée à la chirurgie de la douleur.
Les
lésions extragénitales sont essentiellement digestives ; l’appendice
atteint fait, bien sûr, l’objet d’une appendicectomie ; l’endométriose
rectosigmoïdienne indique une résection dans le cadre de lésions
douloureuses rebelles, ou en cas de sténose.
À noter que la
découverte de lésions massives, sur un intestin non préparé, par un
chirurgien peu habitué à cette chirurgie, est clairement une
indication d’abstention provisoire.
Adhésiolyse
:
La libération d’adhérences pelviennes est le temps premier des
traitements chirurgicaux de l’endométriose.
Elle a des objectifs
variables.
En chirurgie conservatrice, elle consiste à libérer les
ovaires, afin d’offrir le maximum de leur surface aux possibilités
d’ovulation, les trompes, afin de favoriser leur mobilité et à rétablir
les relations anatomiques et fonctionnelles tubo-ovariennes, afin de
favoriser la captation ovulaire.
En chirurgie radicale, elle a pour
objectif d’individualiser l’utérus et les annexes pour en éloigner
l’intestin, l’uretère et la vessie avant exérèse.
Qu’elle soit réalisée par laparotomie ou coelioscopie, par micro- ou macrochirurgie, la stratégie de l’adhésiolyse est immuable. Le
premier temps est celui de l’adhésiolyse pelviabdominale, destinée
à libérer les adhérences génitodigestives.
L’appareil génital est
ensuite traité en deux temps pour chaque annexe.
L’ovaire est libéré
de la face postérieure du ligament large pour soulever l’annexe.
L’annexe est enfin traitée par le rétablissement de l’anatomie des
deux faces du mésosalpinx avec ampullolyse et fimbriolyse.
À
l’intérieur de ces trois temps, il est préférable de commencer par les
adhérences vélamenteuses avant d’attaquer les adhérences denses.
La découverte des plans successifs d’adhérences peut être longue et
fastidieuse : commencer par le plus facile donne une meilleure vision
d’ensemble lorsqu’on aborde le plus difficile.
Les adhérences denses
peuvent poser divers problèmes, outre leur grande propension à
récidiver :
– la région sous-ovarienne est un lieu de danger urétéral par
traumatisme direct (ciseaux, coagulation) ou indirect
(péritonisation) ;
– la corticale ovarienne, la paroi tubaire, les franges du pavillon
peuvent être altérées par le geste d’adhésiolyse ;
– la dépéritonisation est fréquente : elle a longtemps été traitée par
des artifices de péritonisation (lambeaux, greffes libres ou collées,
sutures sous tension) jusqu’à ce qu’on découvre que ces manoeuvres
étaient plus adhésiogènes que l’absence de suture ; seule est
acceptable une suture au fil fin inerte sans tension ;
– le point le plus délicat se situe à la face postérieure du ligament
large ; à ce niveau, l’ovaire est souvent inclus dans le ligament, et le
clivage est incertain : trop près de l’ovaire, il entame la corticale ;
trop loin, il menace les vaisseaux utérins et l’uretère ;
– le saignement est source de récidive d’adhérences ;
– certaines adhérences denses méritent d’être laissées en place dans
le traitement de l’infécondité, tant l’iatrogénie de leur libération
apparaît supérieure au bénéfice attendu.
L’adhésiolyse coeliochirurgicale est le mode de référence, car elle est
grevée d’un taux de récidive très inférieur à celui de la libération
par laparotomie, grâce à l’absence de dessiccation des tissus, à
l’atraumatisme des manipulations, à l’impossibilité d’user de
compresses.
Deux voies d’abord instrumentales sont indispensables.
L’emplacement de la première voie est déterminé, après la mise en
place transombilicale du coelioscope, par l’examen de la paroi
abdominale interne : le trocart est introduit dans une zone libre
d’adhérence.
Si un seul trocart peut être introduit, des ciseaux y sont
placés, en vue de libérer au ras de la paroi un espace pariétal
controlatéral pour la mise en place d’une deuxième voie.
On peut
alors user, comme à ciel ouvert, de deux mains : un instrument saisit
et met en tension les adhérences ou les organes accolés, l’autre
coupe.
La section franche, aux ciseaux ou très accessoirement au
laser, est toujours nécessaire, en excluant absolument toute tentative
d’arrachement.
Les adhérences vélamenteuses sont réséquées en vue
d’analyse histologique.
Les adhérences denses sont sectionnées aux
ciseaux ou au laser, bien que le taxis à l’aide d’une pince mousse
fermée soit acceptable dans la fossette ovarienne, à la condition
d’éviter dans la mesure du possible la blessure de la corticale
ovarienne ; la zone dépéritonisée correspondante est abandonnée à
une péritonisation spontanée ou aspergée de colle biologique ou
protégée par une barrière (Gore-Text, Interceedt ou Intergelt).
Une
abondante toilette péritonéale, qui obtient souvent du même coup
l’hémostase spontanée, termine l’intervention.
L’adhésiolyse par laparotomie est pratiquée de manière identique,
aux ciseaux froids, au laser ou par électrochirurgie.
La section des
adhérences denses se fait de préférence aux ciseaux froids, car
l’usage des doigts ou, pire, des tampons montés augmente le risque
de fausse route et de traumatisme ovarien ou péritonéal surajouté.
Seules les adhérences sous-ovariennes denses peuvent faire l’objet
d’une adhésiolyse à l’aide des doigts recourbés d’arrière en avant,
du bas vers le haut et du dedans vers le dehors (comme décrit dans
l’adhésiolyse postinfectieuse), mais il faut savoir que leur
reconstitution est, après libération par laparotomie, quasi
inéluctable.
Les auteurs anciens, conscients de cet écueil,
pratiquaient une suspension ovarienne à l’aide d’un fil résorbable
fixé au ligament rond ou au péritoine en regard du psoas : on devine
le côté antiphysiologique de ce procédé.
Mieux vaut renoncer à
gagner, pour quelques heures, quelques millimètres carrés de surface
ovarienne.
Traitement de l’endométriose
superficielle :
Le traitement conservateur de l’endométriose superficielle consiste
à enlever un maximum de lésions visibles sans sacrifier la fonction
de reproduction.
Les foyers d’endométriose peuvent être superficiels ou profonds,
actifs ou quiescents.
Ils se manifestent non seulement par les lésions
bleues classiques, mais aussi par des lésions rouges et des lésions
blanches.
La destruction aussi complète de ces foyers dépend de
leur identification soigneuse.
La technique de référence pour l’ablation de ces foyers est la
coelioscopie.
Deux ordres de techniques peuvent être utilisés : la
destruction (laser ou coagulation) ou l’excision chirurgicale.
Le laser utilisé est habituellement le CO2, dont on sait la faible
pénétration en profondeur qui en diminue les risques.
Il convient
malgré cela de le manipuler avec prudence ; dans les zones
décollables mais proches de l’uretère, il est conseillé d’injecter, à
l’aide d’une aiguille, du sérum sous le péritoine.
Le
décollement ainsi procuré éloigne l’uretère et interpose une
épaisseur liquidienne infranchissable pour le rayon laser CO2.
Ce
geste simple ne résout cependant pas la question quand les lésions
sont profondes et non décollables.
L’identification préalable de
l’uretère devient alors une nécessité. Les lésions sont circonscrites
par un tir laser puis détruites méthodiquement dans l’aire ainsi
définie.
Le laser est passé avec une vitesse de défilement aussi
constante que possible, sans creuser, avec une puissance de l’ordre
de 10 W (500 W/cm²).
La carbonisation est ensuite soigneusement
lavée afin de réduire le risque de reformation d’adhérences.
La coagulation relève des mêmes principes, avec le danger
supplémentaire de diffusion électrique.
Le risque est majeur pour
l’électrocoagulation monopolaire, qui est contre-indiquée dans ce
cas.
Il est moindre pour la coagulation bipolaire : les mors d’une
pince bipolaire fine sont posés de part et d’autre de la lésion à
détruire, le courant est activé.
La destruction thermique est
pratiquement limitée à l’espace situé entre les mors de la pince.
Ici
encore, l’uretère est un danger.
L’excision est, soit un choix (absence de laser ou absence de foi dans
le laser), soit un acte de biopsie.
Elle est pratiquée aux ciseaux.
Une incision est pratiquée en zone saine à proximité du foyer à
réséquer.
Le bord du péritoine côté lésion est ensuite soulevé,
montrant la face profonde du foyer que l’on sépare des tissus sousjacents.
Le lambeau de péritoine contenant l’endométriose est ainsi
progressivement isolé ; le geste se termine avec la section du
péritoine sain.
Le geste est suivi d’une hémostase et d’une toilette
péritonéale ; suture ou encollage ne sont pas nécessaires pour les
foyers de petite dimension. Pour les plaies péritonéales plus larges,
on peut proposer, comme après les adhésiolyses, la mise en place de
barrières types.
Les foyers ovariens superficiels sont traités par laser, coagulation ou
excision par résection cunéiforme (suivie de suture microchirurgicale
en cas de laparotomie).
Le traitement des lésions superficielles peut en effet être mené par
laparotomie dans le cadre d’une autre indication.
La technique n’est
pas radicalement différente : laser, coagulation ou excision peuvent
être employés avec les mêmes impératifs.
En revanche, la
laparotomie doit être considérée comme abusive dans cette seule
indication, car excessive à la fois par l’importance de la voie d’abord
et par l’indication opératoire elle-même.
Traitement des kystes ovariens
:
A - KYSTECTOMIE OVARIENNE
:
L’histoire de la voie d’abord pour la kystectomie ovarienne
commence à l’époque non totalement révolue de la laparotomie.
A
ensuite été mise au point la kystectomie dite transpariétale (ponction
sous contrôle coelioscopique, puis extraction de l’annexe hors de
l’abdomen pour dissection du kyste).
Cet aménagement par microincision
de la kystectomie classique a été progressivement supplanté
par la kystectomie dite intrapéritonéale, où la dissection se passe
entièrement à l’intérieur de l’abdomen sous contrôle coelioscopique,
l’extraction n’intervenant qu’après la dissection complète de la
poche kystique.
Cette dernière version, moins traumatique, plus
adaptée à l’endométriose, où la mobilisation de l’annexe est souvent
difficile, est préférable et prise comme type de description.
La
particularité de l’endométriose dans ce contexte est double :
– l’adhérence à la face postérieure du ligament large est une quasiconstante
des kystes endométriosiques ; la libération de cette
adhérence entraîne fréquemment une rupture du kyste ;
– le kyste endométriosique ne répond pas stricto sensu à la
définition du kyste ; son absence de paroi propre en certains points
rend la dissection problématique, avec un risque majeur de chirurgie
incomplète si la dissection est menée trop près, ou d’amputation du
capital folliculaire si la dissection est menée trop loin : cette notion
conduit certaines équipes à proposer la destruction au laser du fond
de kyste après préparation médicamenteuse par analogues de la
luteinizing hormone-releasing hormone (LHRH) à la chirurgie d’exérèse immédiate.
La dissection de la poche kystique peut être, au choix, effectuée avec
ou sans ponction préalable.
La ponction-lavage première est
préférable pour les kystes de plus de 4 cm, évitant la fréquente
rupture accidentelle en cours de dissection.
Cette dernière présente
plusieurs inconvénients : ensemencement péritonéal en cas de
malignité, obscurcissement du champ par absorption de la lumière
endoscopique, création d’un orifice kystique en un point où il est
malaisé de commencer la dissection de la poche.
L’ovaire, s’il est mobile, est présenté et stabilisé par une grip-pince,
qui saisit le ligament utéro-ovarien ou soulève l’ovaire par une
simple pression vers le haut.
L’ovaire est ponctionné, non par une
simple aiguille, mais directement par le trocart de 5 mm placé du
côté opposé au kyste.
La pointe du trocart est enlevée et
immédiatement remplacée (il ne faut pas bouger, et tous les
instruments doivent être prêts) par la canule d’aspiration-irrigation.
Le contenu kystique est aspiré, le kyste lavé et réaspiré
plusieurs fois, toujours en maintenant la canule dans le kyste :
l’aspiration-lavage donne au kyste une « respiration »
caractéristique.
La poche ainsi lavée, le risque de contamination
péritonéale devient négligeable.
L’examen de la paroi interne est
possible par l’introduction d’un hystéroscope dans le même trocart,
en remplacement de la canule d’aspiration-irrigation ; elle est plus
souvent réalisée après un complément d’incision.
Le diagnostic de
bénignité restant maintenu, on peut procéder à la dissection de la
poche kystique, qui se fait par des tractions divergentes, une pince
saisissant la poche, une autre l’ovaire sain.
La technique de dissection de l’école de Clermont-Ferrand est ici
idéale.
Un élargissement de l’incision sur quelques centimètres
permet l’examen de la paroi interne puis la recherche du plan de clivage entre l’ovaire sain et la paroi kystique.
Ce plan est trouvé au
niveau de la ligne d’incision.
On saisit chaque versant à la grippince
pour amorcer le clivage : une pince saisit la corticale
ovarienne saine, l’autre la paroi kystique.
La
dissection du kyste ovarien suit constamment la même gestuelle.
Le plus près
possible du plan de clivage, les pinces exercent un mouvement
divergent.
Tant que ce
mouvement produit le clivage, il est poursuivi.
Dès que le
geste de traction devient moins efficace, les pinces sont
replacées près des limites du clivage déjà acquis, bien repérées
par une sorte de « boudin ».
Il ne faut
jamais lâcher les deux pinces à la fois, et toujours savoir
quelle pince saisit la face profonde de l’ovaire sain et quelle
pince saisit la poche kystique.
Il faut
éviter les tractions excessives, qui déchirent la corticale
saine (c’est nuisible) ou la poche kystique (cela gêne l’exérèse
complète).
Cet incident
est fréquent en cas d’endométriose, où il existe toujours, ou
presque, une zone plus adhérente, en particulier en contact avec
des kystes lutéiniques souvent associés, dont la présence gêne
la dissection.
Cette
dissection peut être pratiquement exsangue, mais peut se révéler
désagréablement (mais non durablement) hémorragique.
En cas
d’endométriose, on trouve des zones d’adhérence du kyste à la
médullaire ovarienne, qu’il faut surmonter avec économie de
médullaire ovarienne (la présence de follicules dans le
prélèvement signe l’excès de zèle et implique de limiter la
dissection).
La poche
ovarienne est reconstituée par un geste d’adossement des parois
et d’approximation des berges.
L’accolement
spontané est souvent acquis en fin d’intervention.
La toilette
péritonéale termine le geste.
L’extraction
de la poche kystique est acquise par l’élargissement d’un des
orifices de trocart inguinal.
Elle est
pratiquée sous la protection d’un trocart de 10 mm ou d’un sac.
2- Kystectomie ovarienne par laparotomie
:
Si la bénignité est assurée, la laparotomie transversale sus-pubienne
est la meilleure voie d’abord.
Le Pfannenstiel est acceptable.
La
laparotomie transversale avec section des droits est idéale car elle
permet un agrandissement à la demande.
Deux modes de dissection
sont possibles : à kyste fermé ou après ponction.
Quel que soit le
mode choisi ou subi, il convient de respecter trois impératifs :
l’ablation totale de la poche kystique, la conservation du
parenchyme ovarien sain et l’atraumatisme.
En effet, les adhérences
postopératoires naissent de trois facteurs : les prises traumatiques,
l’assèchement et le frottement par des compresses, les sutures sous
tension.
Il faut donc, tout au long de la dissection, prévenir les deux
premiers facteurs.
À kyste fermé, une incision ovalaire au bistouri froid circonscrit le
dôme saillant du kyste.
Cette incision doit être limitée à la corticale,
souvent très fine, afin d’éviter de blesser la paroi kystique.
La
découverte du plan de clivage est immédiate.
Les premiers
millimètres du plan de clivage sont ébauchés du plat du bistouri.
Les ciseaux mousse sont ensuite le meilleur instrument : ils sont plus
utilisés par leur bord mousse que par leur section.
La corticale est
saisie aussi brièvement et aussi délicatement que possible.
Très
rapidement, l’ovaire sain peut être manipulé par sa face médullaire
et non par sa face corticale.
En aucun cas, on ne place sur la berge
corticale des pinces agressives.
Un pédicule vasculaire peut être
inconstamment trouvé au cours de la dissection : il est pincé et lié.
La dissection après ponction est un peu plus difficile, car le plan de
clivage est moins évident.
Il faut agrandir l’orifice de ponction aux
ciseaux puis y introduire deux doigts pour présenter la paroi
kystique.
La corticale adjacente à l’orifice, qui est emportée, peut
être saisie sans scrupule.
On reprend alors le processus précédent :
incision autour du dôme saillant, dissection de la poche orientée par
la présence des doigts intrakystiques.
Après l’ablation du kyste, la coque ovarienne est refermée par
suture.
Un plan profond (surjet de fil résorbable 00) rapproche les
deux surfaces cruentées et comble l’espace mort, sans jamais transfixier la corticale.
Ce plan profond laisse libres 2 à 3mm
les plus superficiels. Ils seront pris par un surjet de fil fin 5/0.
Ce
surjet simple, non croisé, ne doit pas être serré afin d’éviter
l’ischémie des berges.
Il est confectionné en touchant le moins
possible la face corticale de l’ovaire : le jeu de la contre-pression
suffit à présenter les tissus et aider à sortir la pointe de l’aiguille.
On
évite ainsi les trois causes d’adhérences déjà décrites.
Un lavage
péritonéal abondant termine l’opération.
B - PONCTION DES KYSTES ANNEXIELS
:
La ponction simple est un traitement efficace des kystes fonctionnels
mais un pis-aller palliatif des kystes endométriosiques.
Pratiquée par
coelioscopie, elle nécessite un seul instrument : l’aiguille à ponction
(aiguille spécifique à la coelioscopie ou simple aiguille à ponction
lombaire transfixiant l’abdomen) et prend quelques secondes.
L’analyse biochimique (estradiol, CA 125) et cytologique du liquide
est censée confirmer le diagnostic de kyste fonctionnel.
En fait, cette
ponction, même complétée d’une étude macroscopique de la paroi
interne du kyste, présente l’inconvénient majeur de ne pas assurer
un diagnostic formel, et d’être constamment suivie de la récidive de
kyste endométriosique, même après traitement médical.
Au moindre
doute d’organicité, il vaut mieux pratiquer une kystectomie
intrapéritonéale qui fait à la fois diagnostic et traitement.
Le gros
kyste endométriosique peut cependant faire l’objet d’une ponction
suivie de traitement par analogues de la LHRH et de l’exérèse (ou
de la vaporisation laser de la paroi endométriosique) lors d’une
deuxième coelioscopie.
Dans ce cas, il est impératif de prélever dès
la première intervention une biopsie de la poche kystique, afin
d’éliminer toute arrière-pensée de cancer ovarien : nous avons
observé, en seconde main, une dissémination d’un cancer de l’ovaire
confondu avec une endométriose et adressé après 6 mois de
traitement médicamenteux.
La ponction échoguidée souffre des mêmes insuffisances.
La
technique utilise le plus souvent l’abord transvaginal guidé par une
sonde abdominale ou par une sonde vaginale.
Le vagin est
désinfecté.
L’échographie initiale complète l’information
diagnostique, vérifie l’absence d’interposition entre le fond vaginal
et l’annexe kystique, guide le geste de l’aiguille qui perfore le cul-desac
vaginal et péritonéal postérieur puis la paroi kystique d’un geste
franc, suivi immédiatement d’aspiration complète contrôlée par
l’échographie.
L’examen biochimique et cytologique est obligatoire.
Lorsque la voie vaginale n’est pas utilisable, la variante de l’abord
abdominal direct ou transvésical est acceptable.
Traitement des lésions sous-péritonéales
:
Elle se conçoit dans le traitement de la douleur, soit dans le cadre
d’un traitement conservateur, soit en association à une exérèse semiconservatrice
ou radicale.
L’objectif d’éradication est ici majeur :
cette chirurgie doit être complète ou ne pas être.
Il reste cependant
très difficile de juger macroscopiquement des limites entre les lésions
invasives d’endométriose et la fibrose réactionnelle périphérique.
Ce
point est mineur en zone non dangereuse, majeur lorsque la décision
d’exérèse doit concerner un viscère ou approcher l’uretère.
L’adhésiolyse prend ici des caractéristiques particulières.
Sans
généraliser, il est extrêmement fréquent de trouver en début
d’intervention un tableau adhérentiel accolant en un « carrefour »
l’ovaire gauche, le pédicule utérin, l’uretère et le rectosigmoïde.
La
libération de cet ensemble adhérentiel sans blesser l’uretère, l’intestin
ou le pédicule utérin est extrêmement délicate et doit être menée
sous un contrôle anatomique permanent de tous les éléments nobles
de la région.
Le principe général est l’ablation « oncologique » de la totalité des
foyers d’endométriose sous-péritonéale.
C’est facile à dire, délicat à
réaliser.
D’une part, le diagnostic d’extension des lésions n’est pas
facile à poser, car la fibrose réactionnelle constante, la sclérose
consécutive à des tentatives chirurgicales antérieures, l’aspect
infiltrant des lésions ne facilitent pas l’identification des limites de
l’exérèse ; un examen extemporané, comme pour la chirurgie des
cancers, peut être nécessaire.
D’autre part, l’extension de ces lésions
peut être considérable, entraînant des gestes d’exérèse
potentiellement dangereux : extension fréquente à la musculeuse
rectale, envahissement possible de la sous-muqueuse rectale,
extension latérale vers la paroi pelvienne occasionnant parfois une
sténose urétérale, s’approchant des vaisseaux pariétaux et
envahissant à l’occasion les muscles releveurs.
On voit donc que
cette chirurgie est finalement plus difficile que la chirurgie
cancérologique, car elle s’attaque à des lésions qui, dans les cancers
du col utérin, sont considérées comme inattaquables par la chirurgie,
chez des patientes où le risque vital de l’opération (ou le risque de
séquelles urinaires ou rectales par dénervation) doit être mûrement
pesé en regard de la bénignité des lésions.
De plus, il est clair que,
pour être efficace, cette chirurgie doit être complète, en sachant que
la récidive est encore plus difficile à opérer ; l’ablation de la paroi
antérieure du rectum doit, dans cet esprit, être considérée comme
partie intégrante du traitement au moindre doute d’envahissement
profond de la musculeuse de l’organe : un effort de dissection non
pénétrante trop près de la sous-muqueuse expose plus à la fistule
qu’une résection suivie de suture en zone saine.
A - ENDOMÉTRIOSE DU CUL-DE-SAC VAGINAL
POSTÉRIEUR ET DU SEPTUM RECTOVAGINAL :
Cette chirurgie doit être précédée, quelle que soit la voie d’abord,
d’une préparation colique et d’une rectosigmoïdoscopie.
La patiente
doit être prévenue de l’éventualité d’une chirurgie rectale et de ses
suites possibles (abcès, fistule rectovaginale).
Elle peut être pratiquée par voie abdominale ou coelioscopique.
Lorsque le nodule infiltre la paroi vaginale postérieure, un abord
vaginal est souvent utilisé, dans le cadre d’une voie mixte abdomino- ou coeliovaginale qui permet d’exploiter au mieux les
possibilités des différentes voies dans l’abord de ces lésions trop
basses pour le chirurgien abdominal, trop hautes pour le chirurgien
vaginal.
La coeliochirurgie voit ici une de ses indications les plus
complexes et les plus déconseillées aux débutants ou aux chirurgiens
pressés.
La chirurgie abdominale est également déconseillée aux
chirurgiens non spécialisés, car elle nécessite à la fois la connaissance
de la gynécologie et du comportement particulier de ces
endométrioses, mais aussi de la chirurgie digestive.
La voie vaginale
nécessite de bonnes valves et une maîtrise parfaite de l’anatomie
chirurgicale propre à cette voie.
Pour toutes les voies, l’effraction
rectale non intentionnelle est un risque ; on fait le plus large usage
de tests de diagnostic par injection d’air ou de colorant dans le
rectum en fin de dissection.
L’examen sous anesthésie générale et la coelioscopie terminent le
bilan des lésions et affinent la stratégie chirurgicale.
Le rectum est
préparé comme pour toute chirurgie colique (macromolécules et/ou
lavements répétés).
Par voie vaginale, un nodule infiltrant ou envahissant le cul-de-sac
postérieur est circonscrit par une incision, qui passe au ras du col
utérin vers le haut.
On peut à ce niveau suivre la face
postérieure de l’isthme jusqu’au cul-de-sac de Douglas si celui-ci
n’est pas comblé en position trop haute.
La partie basse de l’incision
donne accès au septum rectovaginal en zone saine.
On peut
également progresser latéralement.
Dans les meilleurs cas, cette
progression permet de mobiliser le nodule, qui reste adhérent au
rectum, dont les faces latérales et antérieure au-dessus et au-dessous
du nodule sont visibles.
Il reste donc à séparer le nodule du rectum
à la vue : on saisit le nodule à l’aide d’une pince de Pozzi, on
dissèque aux ciseaux.
Une effraction rectale ou la résection d’un
losange antérieur de rectum sont suturées en un plan extramuqueux
et l’étanchéité de la suture vérifiée par injection de bleu de
méthylène dans le rectum.
Le cul-de-sac de Douglas est ensuite
fermé par adossement du rectum intrapéritonéal à la face
postérieure de l’isthme utérin. Le vagin est enfin fermé au fil
résorbable.
Dans d’autres cas, le seul abord vaginal ne permet pas de conclure
l’opération ; il aura cependant permis de mobiliser partiellement le
nodule, de repérer la partie basse du septum rectovaginal, de
réséquer les lésions vaginales pénétrantes.
Un abord abdominal
complète la dissection en continuité avec la dissection vaginale (si
une coeliochirurgie est choisie, le vagin sera, après le temps vaginal,
obturé par une mèche à visée hémostatique et pneumostatique).
L’abord mixte simultané est déconseillé : aucun des deux chirurgiens
n’y est vraiment au confort.
Dans d’autres cas enfin, l’absence de
lésion vaginale rend inutile son abord, et la chirurgie est
exclusivement abdominale.
L’abord abdominal peut être coelioscopique ou par laparotomie.
La
dissection coelioscopique est pratiquée aux ciseaux ou au laser CO2,
avec un large usage de l’irrigation.
La dissection traditionnelle est
pratiquée aux ciseaux froids.
Le choix entre les deux voies d’abord
est affaire de chirurgien plus que de nécessités techniques depuis
que les sutures rectales et même les anastomoses colorectales
peuvent être effectuées sous contrôle coelioscopique.
L’important est
de pratiquer un geste chirurgicalement convenable avec un
maximum de sécurité : la laparotomie est donc indiquée si le
chirurgien pense qu’elle lui donnera une meilleure efficacité.
Quelle que soit la voie choisie, la dissection doit faire l’objet d’une
tactique.
On peut choisir, soit de commencer par l’attaque de la face
postérieure de l’isthme utérin et l’incision du péritoine latéral du
cul-de-sac de Douglas, en laissant le nodule accolé au rectum
en vue de dissection ultérieure, soit de commencer par la dissection
entre rectum et nodule.
Dans les deux cas, il faut obtenir une
mobilisation antéropostérieure et latérale du nodule.
Dans la
dissection latérale, on prend garde à l’uretère qui peut être inclus
dans la sclérose périlésionnelle ou même envahi par l’endométriose,
et dont la position est rarement conforme à l’anatomie livresque.
On
peut atteindre ces buts par abord direct, mais la fixation des lésions
impose parfois une large dissection latéropelvienne analogue à celle
de l’opération de Hudson pour cancer de l’ovaire : il faut alors
aborder les gros vaisseaux et l’uretère en zone saine, aussi haut que
nécessaire, et au besoin pratiquer un décollement rétrorectal.
Ces
gestes conduisent à soulever l’ensemble du rectum et du septum rectovaginal, pour faire dans de meilleures conditions de vision le
diagnostic et le traitement des lésions rectales.
Si le nodule n’envahit
pas la paroi ou atteint seulement la partie superficielle de la
musculeuse, la dissection sans effraction est possible.
S’il envahit la
muqueuse ou atteint la sous-muqueuse, une résection partielle est
conseillée : un losange est réséqué puis suturé transversalement
.
Si on note un envahissement du rectum avec sténose
circulaire, la résection-anastomose s’impose.
Selon la voie d’abord
choisie, plusieurs techniques sont possibles, dont le détail est trouvé
dans les manuels de chirurgie digestive :
– résection classique par laparotomie suivie d’anastomose manuelle intrapelvienne ;
– résection par laparotomie suivie d’anastomose mécanique transanale selon une technique transsuturaire classique ;
– résection sous contrôle coelioscopique, extraction transanale du
segment réséqué, introduction par l’anus de l’appareil de suture
circulaire EEA ou PCEA encliqueté mais non serré, confection de la
bourse distale par coelioscopie, introduction du bout proximal sur
l’enclume, confection de la bourse proximale, fermeture de
l’instrument ;
– résection et suture manuelle transanale après abaissement
transanal du côlon préalablement libéré sous contrôle
coelioscopique ;
– anastomose mécanique après abaissement transanal : la zone
pathologique est réséquée dans les mêmes conditions que dans le
cas précédent, la tête de l’instrument d’anastomose circulaire est
placée dans le bout distal, la bourse est constituée, le bout distal est
réintégré dans l’abdomen, le bout proximal encore éversé est fermé
d’un coup de pince TA puis réintégré, l’anastomose transsuturaire
est effectuée sous contrôle coelioscopique (l’enclume est introduite
par voie transanale, la pointe perfore le bout distal fermé, la tête est
encliquetée à l’aide des instruments coelioscopiques).
L’extension en hauteur des lésions conduit le plus souvent à une
résection de la charnière rectosigmoïdienne. Une amputation rectale
plus étendue avec anastomose coloanale peut être nécessaire.
La
préparation colique préalable permet souvent de se dispenser d’une
colostomie de protection dont la patiente est cependant
constamment prévenue.
Ces considérations techniques doivent conduire à une saine réflexion
sur les indications, et à ne retenir que les cas rebelles au traitement
médical provoquant des douleurs fortement invalidantes.
B - EXÉRÈSE DES LIGAMENTS UTÉROSACRÉS
:
L’opération peut être décrite dans sa variante coelioscopique.
L’opération commence par une incision du péritoine latéropelvien,
sous le trajet des uretères, environ 2 cm sous le détroit supérieur.
Après une moucheture dans le sinus sacro-iliaque, les ciseaux sont
passés sous le péritoine (ils doivent être vus par transparence) et
l’incision péritonéale est complétée en direction de l’insertion utérine
des ligaments utérosacrés.
Le péritoine des deux faces latérales du
cul-de-sac de Douglas est ensuite disséqué au plus près, sans jamais
quitter sa face profonde, en dépouillant la graisse sous-péritonéale
et périrectale.
Il faut pour cela saisir la berge inférieure de l’incision
à l’aide de grip-pinces puis séparer la face profonde du péritoine de
la graisse sous-jacente, d’un mouvement de glissement des ciseaux.
On poursuit jusqu’à atteindre le bord latéral du rectum. On ouvre ensuite d’un geste des ciseaux la fosse pararectale, ce qui montre la
face latérale du ligament utérosacré.
Ces gestes sont plus ou
moins aisés selon l’extension latérale de la fibrose péritonéale. Ils
peuvent être aidés par l’hydrodissection.
On prend garde à ne pas
blesser, au cours de la dissection en regard de la face postérieure du
ligament large, les éléments du pédicule utérin.
L’uretère doit être
constamment gardé sous contrôle de la vue, et dégagé en cas de
fibrose périurétérale.
Sur la ligne médiane, la séparation du péritoine nécessite un geste
très différent en raison de l’association de l’adhérence naturelle du
péritoine à la face postérieure de l’isthme et de la rétraction fibreuse
de l’insertion du ligament utérosacré.
Le but est ici de séparer cet
accolement et d’entrer dans le septum rectovaginal.
Il faut donc
inciser le péritoine au niveau du torus uterinus, le sculpter du col
utérin entre les ligaments utérosacrés jusqu’à atteindre le septum
reconnaissable par son tissu aréolaire lâche.
La face médiale du
ligament utérosacré pathologique est alors visible en regard du culde-
sac de Douglas.
Il faut ensuite le séparer sur la distance
nécessaire de la face latérale du rectum.
Lorsque les temps médian et latéral sont terminés, le ligament utérosacré est entièrement individualisé, mais reste attaché à
son insertion utérine, l’insertion sacrée étant souvent une vue de
l’esprit des anatomistes.
Il est réséqué, en partant de son insertion cervicovaginale, sur une distance variable selon les lésions qui
peuvent s’étendre jusqu’à l’insertion sacrée.
Aucun drainage n’est nécessaire, sous réserve d’une hémostase
impeccable.
La péritonisation est absolument facultative.
Si on
choisit de la pratiquer, on mobilise les berges latérales du péritoine
pour éviter de modifier le trajet des uretères.
Le même geste peut être reproduit par laparotomie. L’incision est
transversale basse.
La stratégie opératoire est identique.
La péritonisation est également facultative si l’hémostase est parfaite.
C - FIBROSE PÉRIURÉTÉRALE
:
La fibrose, mais aussi l’endométriose profonde, peuvent envahir le
ligament large, atteignant parfois la région des gros vaisseaux et
même les releveurs.
Elle peut en conséquence engainer l’uretère.
Cette lésion peut être asymptomatique, mais elle peut être
révélatrice par une hydronéphrose.
La distension urétérale n’est pas
exceptionnelle.
La libération est un exercice de dissection de
l’uretère, dont on peut préciser quelques principes.
Il faut
rester le plus au contact possible de l’uretère, dans sa gaine.
Il faut
si possible identifier et conserver les pédicules vasculaires de
l’uretère.
Il faut identifier l’uretère rétroligamentaire et le suivre dans
son trajet ligamentaire, pour le disséquer de haut en bas. Un bon
repère est l’artère utérine, habituellement non englobée dans
l’endométriose sous-péritonéale, dont le trajet forme le toit du tunnel
urétéral dans lequel l’uretère est habituellement libre : on peut alors
également le disséquer de bas en haut.
Il est rare que l’endométriose
atteigne la paroi de l’uretère, justifiant alors une résectionanastomose
ou plus souvent une réimplantation urétérovésicale.
L’examen soigneux de l’uretère est nécessaire pour ce diagnostic ;
l’endométriose urétérale se manifeste par une zone indurée,
granuleuse, sténosée, atteignant la paroi même de l’uretère après
dissection.
D - ENDOMÉTRIOSE PROFONDE
DU CUL-DE-SAC ANTÉRIEUR
:
De la même manière, les lésions profondes du cul-de-sac antérieur
doivent faire l’objet d’une exérèse aussi complète que possible,
incluant au besoin une cystectomie partielle suivie de suture
vésicale.
La suture doit être précédée d’une mobilisation des berges
et du repérage du trajet intramural des uretères.
Cette opération
peut être pratiquée par coeliochirurgie.
Chirurgie d’exérèse génitale
:
A - ANNEXECTOMIE POUR ENDOMÉTRIOSE SÉVÈRE
:
Le problème technique de l’annexectomie pour endométriose,
qu’elle soit réalisée par coeliochirurgie ou par laparotomie, est celui
de l’adhésiolyse.
Il faut d’abord identifier le ligament lombo-ovarien
et l’uretère à proximité de lui.
La seule solution universellement
utilisable est la dissection extrapéritonéale inspirée de la technique
de Hudson pour cancer de l’ovaire.
On attaque le péritoine en zone
saine, très haut et très latéralement.
On aborde le psoas (ceci
nécessite, à gauche, un décollement pariétocolique).
On suit le psoas
pour atteindre les vaisseaux iliaques.
L’uretère est identifié à son
croisement avec les vaisseaux iliaques communs.
Ce qui est
superficiel à l’uretère est donc le ligament lombo-ovarien.
L’hémostase puis la section de ce ligament donnent à l’annexe un
début de mobilité et au chirurgien une prise.
L’annexe est ensuite pédiculisée sur les éléments de la corne utérine.
Ce temps
peut être plus ou moins difficile selon l’importance des adhérences.
Il peut comporter une dissection de l’uretère et des vaisseaux utérins
lorsqu’ils sont accolés.
Les vaisseaux utérins sont à la fois un danger
et un bon repère : le danger est de les blesser, puis de léser l’uretère
au cours d’hémostases aveugles ; le repère est simple : lorsqu’on est
au-dessus de l’artère utérine, on est automatiquement à distance de
l’uretère.
Lorsque l’annexe est pédiculisée, et lorsque l’opération ne
se pousuit pas par l’hystérectomie, une coagulation bipolaire ou la
mise en place d’un lasso assure l’hémostase avant section.
B - HYSTÉRECTOMIE POUR ENDOMÉTRIOSE SÉVÈRE
:
La technique de l’hystérectomie proprement dite sort du cadre de
ce chapitre, et seules les spécificités de l’hystérectomie en présence
d’une endométriose sévère sont envisagées.
1- Étendue de l’exérèse
:
La castration accompagne l’hystérectomie dans l’immense majorité
des cas.
La conservation ovarienne expose au risque de kyste endométriosique sur l’ovaire restant ou de persistance de
l’endométriose.
Après la castration, un traitement substitutif peut
être envisagé dans un délai de quelques mois après l’intervention.
Elle peut, très rarement si l’éradication des lésions a été satisfaisante,
occasionner une reprise évolutive de l’endométriose, qui est tout
simplement contrôlée par l’arrêt de l’hormonothérapie.
L’hystérectomie peut être totale ou subtotale.
L’hystérectomie
subtotale peut être envisagée par le chirurgien dépassé par des
lésions dont il ne maîtrise pas la technique d’ablation.
Le problème
est que l’objectif de la chirurgie radicale est l’éradication maximale
des lésions, incluant les lésions sous-péritonéales et tout
particulièrement les lésions du septum rectovaginal et des ligaments
utérosacrés.
L’hystérectomie subtotale laisse en place, par définition,
ces lésions.
Le paradoxe de l’hystérectomie pour endométriose est
donc que, plus l’ablation du col est difficile, plus elle est utile.
De
plus, l’hystérectomie subtotale ne protège pas totalement du risque
urétéral, en raison des distorsions de l’anatomie de l’uretère rétroligamentaire.
2- Voies d’abord
:
L’opération peut être menée, selon les conditions techniques et
l’opérateur, par laparotomie, par coelioscopie ou par voie vaginale
assistée par coelioscopie.
La laparotomie reste la technique de référence, en particulier en cas
de difficulté extrême.
C’est dire que le chirurgien qui prend en
charge une telle opération doit être rompu aux techniques de la
chirurgie majeure, et tout particulièrement de la chirurgie
oncologique.
La chirurgie radicale pour endométriose sévère
présente en effet des analogies frappantes avec la chirurgie du
cancer.
Elle se révèle en effet encore plus difficile que cette dernière,
car son objectif est d’extirper des lésions sous-péritonéales
considérées comme inopérables en cas de cancer.
La coeliochirurgie exclusive a des indications, pour les partisans de
cette technique d’hystérectomie, dans les cas de difficulté moyenne.
Elle peut se révéler longue et délicate, mais réalisable à la condition
de progresser graduellement, à l’aide de coagulations bipolaires
successives, en gardant constamment le contrôle visuel de l’uretère
et du rectum.
L’utilisation de pinces automatiques est totalement
exclue, car le risque urétéral d’une section en bloc des ligaments
larges est majeur.
La voie vaginale exclusive est contre-indiquée en cas d’antécédent
connu d’endométriose sévère, de chirurgie d’endométriose
comportant une adhésiolyse significative ou une kystectomie
ovarienne.
De même, la perception d’une induration du cul-de-sac
de Douglas est une contre-indication à l’abord vaginal premier.
L’endométriose du cul-de-sac de Douglas ou la présence
d’adhérences dans la région du ligament large sont des causes
majeures d’échec ou de complication de la voie vaginale.
L’induration des ligaments utérosacrés et le comblement du cul-desac
de Douglas sont des facteurs de difficulté opératoire majeure.
Le chirurgien vaginaliste peut cependant retrouver les bénéfices de
sa voie d’abord favorite grâce à l’assistance coelioscopique.
Cette
dernière technique est idéale, respectant à la fois l’impératif de
sécurité, l’esthétique et la simplicité habituelle des suites de
l’hystérectomie vaginale.
Elle nécessite un opérateur entraîné à la
fois aux coeliochirurgies difficiles et à l’abord vaginal.
L’objectif de
la coelioscopie est de libérer la totalité des adhérences, incluant les
adhérences rectales, pour terminer par une hystérectomie vaginale
« standard ».
3- Particularités de l’hystérectomie pour endométriose
:
L’adhésiolyse, l’individualisation des ligaments lombo-ovariens et
le décollement de l’annexe en vue de son ablation ont déjà été
décrits, de même que la technique d’exérèse de lésions péritonéales
associées.
La difficulté est le plus souvent dans le cul-de-sac
postérieur et au niveau du ligament large.
Il faut obtenir une bonne
vision de l’uretère (un décroisement identique à celui des
hystérectomies élargies peut être nécessaire) ainsi qu’un accès à
l’espace rectovaginal libre par clivage de la face postérieure de
l’isthme et du cul-de-sac vaginal, puis la section des ligaments
utérosacrés.
La technique de l’hystérectomie est alors
standard. Il ne faut pas omettre l’ablation des foyers résiduels laissés
au contact du rectum.
4- Techniques alternatives
:
Dans les cas d’endométriose du septum rectovaginal, l’hystérectomie
d’avant en arrière (encore dite de « bas en haut ») est la meilleure solution.
Identique à la stratégie utilisée pour l’hystérectomie
dans les cancers de l’ovaire étendus, elle consiste, après les
hémostases des pédicules supérieurs, le décollement vésico-utérin
et l’hémostase des utérines, à ouvrir l’hémicirconférence antérieure
du vagin.
La traction du col intravaginal vers le haut à l’aide d’une
pince met en tension la face postérieure du vagin, qu’il faut inciser
sous les lésions d’endométriose, et les ligaments utérosacrés qu’on
peut pincer et couper de bas en haut.
Cette procédure libère l’utérus
de ses attaches et donne accès au septum rectovaginal en zone saine.
La lésion n’est plus fixée au fond du bassin mais accessible.
Au
besoin, un décollement rétrorectal permet de soulever l’ensemble du
cul-de-sac de Douglas, du rectum et du vagin.
On peut alors
terminer l’opération, selon les lésions, par le clivage entre le nodule
d’endométriose et le rectum, ou par une résection partielle ou
circonférentielle du rectum.
Il peut être utile de débuter l’opération par voie vaginale : une
incision circonscrit le nodule du cul-de-sac postérieur, la cloison rectovaginale est disséquée sous le nodule, en zone saine, ce qui
prépare la vision pour le temps abdominal.
Chirurgie conservatrice de l’utérus
:
Décrite dans de nombreux manuels, elle est en pratique très
rarement mise en oeuvre.
La circonstance la plus fréquente est la chirurgie de l’adénomyome
localisé.
Celui-ci se présente cliniquement et échographiquement
comme un fibromyome utérin, avec quelques différences qui
éveillent parfois l’esprit de cliniciens ou d’échographistes avertis.
L’opération est donc identique à la myomectomie, à cette différence
près que le clivage se révèle habituellement très difficile et très
imprécis.
Une circonstance plus rare est la myométrectomie.
Elle consiste à
extirper la couche moyenne du myomètre, en conservant la couche
sous-séreuse et la couche interne.
L’opération commence par une
bipartition sagittale du corps utérin (comme pour l’opération
d’hystéroplastie).
On accède ainsi, au niveau des deux tranches de
section, à la couche moyenne.
Celle-ci est évidée en quatre segments,
deux antérieurs et deux postérieurs, en prenant garde à ne pas léser
les cornes utérines et en conséquence la portion interstitielle des
trompes.
L’utérus est refermé en deux plans : un plan profond
reconstruit la masse du myomètre et effondre l’espace mort laissé
par l’exérèse ; un plan superficiel séreux et sous-séreux reconstitue
la surface utérine.
Synthèse
:
A - CHIRURGIE DE L’INFÉCONDITÉ
:
La logique de la chirurgie de l’infécondité associée à l’endométriose
est inspirée des résultats obtenus, en tenant compte de la
concurrence de la fécondation in vitro.
On sait que la chirurgie de
l’endométriose ne donne pas de résultat supérieur à l’abstention
dans l’endométriose minimale, mais que l’action chirurgicale permet
d’obtenir, dans les formes sévères, un taux de grossesse identique à
celui observé en cas d’endométriose minimale, de l’ordre de 50 à
60 %.
On sait que les adhérences massives (« pelvis gelé ») récidivent
quasi constamment, même après libération coeliochirurgicale.
On sait
enfin que si la coeliochirurgie ne permet pas la guérison de la totalité
des adhérences, elle a au moins, au contraire de la laparotomie, le
mérite de ne pas créer d’adhérences de novo.
On peut donc affirmer
qu’il n’y a pas d’indication de laparotomie en cas d’infécondité avec
endométriose, sauf pour anastomose tubaire.
L’indication opératoire est certaine en présence de kystes ovariens,
d’adhérences modérées, d’une obturation tubaire unifocale bilatérale
ou sur trompe unique.
Elle est exclue en présence d’une obturation
tubaire bifocale ou d’adhérences massives.
En présence de lésions péritonéales isolées sans adhérences
(endométriose minimale), l’abstention est une option, bien qu’une
étude randomisée canadienne évoque un effet thérapeutique de la
destruction.
En pratique, on détruit en milieu spécialisé les lésions
observées mais on n’indique que rarement une nouvelle coelioscopie
dans ce seul but.
La fécondation in vitro est appliquée après un délai
d’infécondité de 3 ans environ.
Si le chirurgien qui fait le diagnostic
dispose de l’instrumentation nécessaire à la destruction ou à
l’exérèse des lésions, il peut appliquer cette technique.
Il n’y a
cependant pas d’indication de chirurgie de deuxième main dans ces
cas.
B - CHIRURGIE DE LA DOULEUR
:
La logique de la chirurgie de la douleur repose sur les travaux de Koninckx, qui a montré que seule la profondeur de
l’envahissement sous-péritonéal est facteur de douleur.
La chirurgie
de la douleur dans l’endométriose est donc l’excision des foyers sous-péritonéaux.
Les lésions superficielles semblent bien sans lien avec les douleurs.
Il est cependant honnête de citer un contre-argument.
Dans un essai
randomisé encore non publié comparant la destruction laser à la
coelioscopie diagnostique, Sutton, en 1994, montre un avantage de
la destruction laser.
Cet avantage n’est pas décelable en
postopératoire immédiat (56 % d’amélioration à 3 mois contre 48 %
dans le groupe placebo), mais semble apparaître à plus long terme
(63 % contre 22 % à 1 an), lorsque l’effet placebo de la coelioscopie a
disparu.
Le bilan avant un exposé des indications thérapeutiques serait
incomplet si on passait sous silence l’effet placebo.
Dans tous les
essais randomisés comportant un placebo, une amélioration de
l’ordre de 19 à 29 % est notée.
Cet effet semble encore plus fort pour
la chirurgie.
Après coelioscopie diagnostique, 48 % des patientes de Sutton sont soulagées de leurs douleurs.
Cet effet placebo est
cependant transitoire, puisque seulement 22 % restent indemnes de
douleurs après 6 mois.
Il peut pourtant être utilisé dans les cas
d’endométriose superficielle.
L’effet symptomatique du traitement médical est indiscutable,
associant les bénéfices de l’aménorrhée thérapeutique chez les
femmes algoménorrhéiques et l’effet de stabilisation des lésions.
Le
choix du produit est commandé par les effets secondaires et le coût.
En effet, aucun essai randomisé n’a décelé d’avantage à un
traitement en regard d’un autre.
Le problème du traitement médical
est son caractère presque exclusivement suspensif.
Dans l’essai de Fedele, portant sur des stades I à III traités 6 mois, les douleurs
récidivent dans 92 % des cas après traitement par danazol, dans
89 % des cas après traitement par la cyprotérone.
Pour Waller,
l’endométriose récidive dans 52 % des cas à 5 ans après un
traitement d’analogues de la LHRH.
Le traitement chirurgical, dont l’objectif est l’excision de toutes les
lésions et en particulier des lésions profondes, a une efficacité très
supérieure au traitement médical (19 % de récidives à long terme
pour Redwine).
Il a en outre l’avantage de respecter, lorsque c’est
nécessaire, les possibilités de grossesse.
La chirurgie comporte trois options : palliative, radicale,
conservatrice, sans compter la section nerveuse.
La résection du nerf présacré a eu son heure de gloire.
L’équipe
italienne de Candiani a bien montré, dans un essai randomisé,
qu’elle n’était utile qu’au traitement de l’algoménorrhée médiane, et
qu’elle était sans influence sur les autres douleurs des
endométriosiques.
L’option palliative consiste à proposer la seule
castration.
Cette reculade chirurgicale, qui a pu être recommandée
dans le passé avec l’intention de réduire le risque opératoire, n’est
donc pas justifiée, car elle expose au risque de récidive et donc de réintervention.
De plus, elle peut être remplacée par un traitement
médical au long cours associant analogues de la LHRH et
estrogènes.
L’option radicale peut être totale, comportant
l’hystérectomie et la castration, ou partielle, avec annexectomie.
L’option conservatrice a pour but le maintien des possibilités de
procréation.
Que l’option soit conservatrice ou radicale, le traitement
de la douleur comporte toujours une excision des lésions sous-péritonéales.
Selon les circonstances et l’évaluation du risque chirurgical, l’effet
suspensif de l’hormonothérapie et l’effet curatif de l’excision doivent
être mis en balance.
Le désir de grossesse immédiat indique
clairement le traitement chirurgical conservateur.
L’échec du
traitement médical est également une indication claire à l’acte
chirurgical, conservateur chez les femmes les plus jeunes, radical à
partir de 40 ans.
L’échec du traitement chirurgical, à moins qu’une
reprise opératoire soit possible, indique le traitement médical.
La
douleur chez une femme jeune sans désir immédiat de grossesse
peut être traitée différemment selon les sensibilités de chacun :
traitement médical prolongé pour les uns, traitement chirurgical
immédiat pour les autres.
C’est cette deuxième solution qui offre le
plus de chances de guérison à long terme, mais ses risques doivent
être pris en compte.