Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention
Cours d'Ophtalmologie
Introduction
:
Le laser in situ kératomileusis (Lasik) est une procédure chirurgicale
relativement récente, qui correspond à la combinaison de certaines
techniques précédemment utilisées en chirurgie réfractive, et repose sur l’utilisation d’un microkératome destiné à la
création d’un capot cornéen, et la délivrance d’une photoablation au
laser excimer sur le stroma cornéen avant repositionnement du
capot.
La technique de dissection lamellaire cornéenne a été
décrite pour la première fois en 1949 par José U Barraquer dans le
cadre de la chirurgie du kératomileusis, avant d’être modifiée
pour s’intégrer à la technique de la kératoplastie lamellaire
automatisée (automated lamellar keratoplasty : ALK).
La photoablation cornéenne au laser excimer fait partie intégrante de la
technique de photokératectomie à visée réfractive (PKR) depuis
1983.
Les progrès réalisés dans la technologie des lasers excimers et la réalisation de microkératomes de plus en plus
fiables ont permis à la chirurgie réfractive lamellaire de ne
plus être une chirurgie réservée à quelques sous-spécialistes, mais
de devenir une procédure couramment réalisée par un nombre
croissant d’ophtalmologistes.
Le Lasik est aujourd’hui une
procédure chirurgicale à visée réfractive largement diffusée dans le
monde, où l’on estime à 1 500 000 le nombre d’actes réalisés par an.
L’augmentation du nombre absolu de procédures Lasik favorise
l’émergence de nouvelles complications, en particulier quand des
patients présentant des contre-indications non dépistées subissent
cette chirurgie.
Différentes attitudes thérapeutiques ont
été proposées pour la prise en charge des complications du Lasik,
dont certaines sont toujours en attente de validation.
Une bonne
connaissance des complications potentielles du Lasik et des
différentes approches concernant leur prévention et leur prise en
charge est essentielle pour les chirurgiens qui pratiquent cette
technique.
Ceci doit permettre d’améliorer les résultats de la
chirurgie et de fournir une meilleure information aux patients sur
les risques encourus, qui peut être délivrée par le biais de
l’élaboration d’un document d’informations clair et complet.
Cet
article est consacré à l’étude des complications actuellement
recensées du Lasik et à leur traitement.
Complications anatomiques
:
A - CAPOTS FINS, IRRÉGULIERS, PERFORÉS (BUTTONHOLE
FLAP)
:
L’incidence des capots fins après Lasik est comprise entre 0,3 et
0,75 % d’après trois larges séries cliniques.
Le plan de
dissection du capot en Lasik doit être situé sous la membrane de
Bowman, afin d’épargner celle-ci lors de la photoablation.
Un capot
est considéré comme fin quand la découpe pratiquée par le microkératome est située au sein ou au-dessus de la membrane de
Bowman, dont l’épaisseur est de 12 μm ; ceci se traduit en général
par l’apparition d’un reflet brillant sur la surface stromale.
L’utilisation d’un pachymètre avant et après découpe et
soulèvement du capot peut être utile pour objectiver cette
complication ; étant donné que l’épaisseur de l’épithélium est
d’environ 50 μm, une mesure d’épaisseur de capot inférieure à
60 μm permet d’étayer le diagnostic de capot fin.
La définition du capot irrégulier est variable selon les études.
Il peut
s’agir d’un capot partiellement dédoublé ou fendu, ou encore
présentant une encoche.
L’incidence du capot irrégulier est
inférieure à celle des capots fins.
Ce type de capot peut se
compliquer de cicatrisation anormale, avec induction d’un
astigmatisme irrégulier.
Un capot perforé (buttonholedflap) survient quand la lame du
microkératome pratique une découpe plus superficielle que
programmée, et pénètre le plan de la membrane de Bowman, voire perfore la surface épithéliale.
Ceci crée un espace de
migration pour les cellules épithéliales cornéennes qui peuvent alors
s’infiltrer au niveau de l’interface stromale.
En fonction de leur
épaisseur, les capots perforés sont dits partiels s’ils intéressent la
membrane de Bowman, ou complets en cas de perforation de la
couche épithéliale.
L’incidence des capots perforés varie entre 0,2 %
et 0,56 %.
Cette complication était la plus génératrice de
perte de meilleures lignes d’acuité visuelle corrigée (MAVC) dans
une étude conduite par Stulting et al et portant sur 1 062 yeux.
La
survenue d’un capot perforé peut être favorisée par la présence
d’incisions préalables de kératotomie.
Thomson a décrit une
technique d’hydrodissection du capot visant à minimiser le risque
d’ouverture des incisions dans ce type de procédure.
Cette technique
consiste à irriguer grâce à une canule de 27 G l’interface près de la
charnière, afin d’hydrodisséquer le capot juste après sa découpe.
Lorsqu’on observe que le capot flotte complètement sur le flux de balanced salt solution (BSS), il est alors possible de le soulever, en
minimisant ainsi le risque de déchirure au niveau des incisions de
kératotomie radiaire.
1- Étiologie
:
Le mécanisme proposé pour expliquer la survenue des perforations
de capot pour les cornées cambrées est l’apparition d’une
invagination centrale ou paracentrale du dôme cornéen lors de
l’aplanation.
La zone invaginée échappe à la découpe, et
provoque ainsi l’apparition d’une perforation du capot.
D’autres théories ont été proposées : les cornées présentant des
valeurs kératométriques élevées offriraient une résistance accrue à
la découpe en cas d’aplanation, et provoqueraient alors une
ascension de la lame lors de la découpe.
Leung et al ont rapporté la
survenue de six cas de perforations de capot sur des cornées qui
présentaient une kératométrie moyenne de 44,2 dioptries.
En
dehors de la présence d’une kératométrie élevée, ces auteurs ont
spéculé qu’un défaut de synchronisation entre le mouvement de
translation rectiligne du kératome et les oscillations transverses de
la lame pourrait provoquer le refoulement vers l’avant du tissu
cornéen, pouvant conduire à la réalisation d’un capot présentant
différents niveaux de découpe, trop fin, voire perforé.
Les cornées
plates peuvent également donner lieu à la découpe de capots fins
ou de petit diamètre, car le tissu cornéen se situe dans un plan
inférieur au plan de découpe adéquat lors de l’aplanation.
Les capots de forme ou diamètre irréguliers, perforés, avec ou sans
variation excessive de leur épaisseur, peuvent résulter de l’utilisation
d’une lame endommagée, d’une vitesse d’oscillation irrégulière ou
d’un défaut de succion.
Ce dernier est généralement le fruit du choix
inadapté d’un anneau de succion sur des yeux avec mauvaise
exposition en raison d’une conformation orbitaire particulière ou
présentant une cornée de petit diamètre.
La position de la lame
dans son réceptacle situé dans la tête du microkératome peut avoir
une influence sur l’épaisseur du capot.
Le défaut présent sur une
lame peut être le fruit d’un mauvais usinage ou d’une détérioration
au moment de l’utilisation.
Stulting et al ont suggéré que les
antécédents de chirurgie oculaire pouvaient constituer un facteur
favorisant la survenue de perforations de capot.
Toutefois, ce critère
n’a pas atteint le niveau de significativité statistique dans cette étude
(p = 0,09).
2- Traitement :
La présence d’un capot fin, irrégulier ou perforé, implique son
repositionnement et l’interruption de la procédure Lasik.
La découpe
plus profonde de 20 à 60 μm d’un nouveau capot peut être tentée 10
à 12 semaines plus tard, en utilisant un microkératome différent et
en visant l’obtention d’un capot de plus grand diamètre.
La conversion de la procédure en PKR a été prônée par certains
auteurs ; cette approche n’étant cependant pas réalisable chez les
forts myopes en raison du risque de haze sous-épithélial.
Kapadia et Wilson préconisent ainsi la réalisation d’une PKR
transépithéliale dans les 2 semaines suivant une découpe irrégulière,
afin de prévenir l’apparition d’un astigmatisme irrégulier pouvant
être induit par la réalisation d’une photoablation tardive sur un tissu
cicatriciel, source d’irrégularité.
Cette recommandation, visant à
éviter la formation d’une cicatrice irrégulière, est en contradiction
avec celle destinée à prévenir le haze induit par la réalisation d’une
PKR effectuée à la surface d’un capot de Lasik.
La réalisation d’une PKR transépithéliale au décours d’une perforation de capot pourrait
donc trouver sa justification dans la prévention de l’apparition d’une
cicatrice irrégulière, à la différence de la réalisation d’une PKR après
un Lasik sans incident, situation où la survenue d’une cicatrice
irrégulière n’est pas à redouter.
3- Prévention
:
L’incidence des découpes fines, irrégulières ou perforées pourrait
être réduite si le chirurgien pratiquait une inspection des lames
avant utilisation, ajustait le normogramme de découpe à la courbure
cornéenne, et vérifiait la présence d’une succion de bonne qualité.
Les règles suivantes doivent être respectées :
– éviter de découper un capot si la pression intraoculaire est basse
(mauvaise succion). Une pression supérieure à 80 mmHg est
essentielle à la réalisation sans incident d’un capot stromal.
L’utilisation d’un pneumotonomètre en peropératoire garantit
certainement l’obtention des mesures les plus fiables, car les autres
méthodes proposées sont moins précises ;
– il faut éviter les pseudosuccions, qui sont souvent provoquées par
l’incarcération de tissu conjonctival dans l’orifice d’aspiration de
l’anneau de succion, qui peut alors induire une différence entre la
pression mesurée par la console du microkératome dans la tubulure,
et la pression intraoculaire réelle ;
– en cas de kératométrie élevée, il faut tenter d’obtenir un capot
épais, à condition que le degré de myopie à corriger le permette
(respect d’un mur postérieur stromal d’épaisseur suffisante).
Malgré
l’absence de données concrètes de la littérature, la plupart des
chirurgiens réfractifs respectent cette recommandation pour les
cornées présentant une kératométrie au-delà de 46-48 dioptries ;
– en cas de cornée plate, il faut utiliser un anneau de succion de
large diamètre.
Il faut inspecter la lame du microkératome sous le
microscope avant de l’insérer dans la tête du microkératome, puis
avant d’engager le microkératome sur l’anneau de succion, afin
d’éliminer la présence de défaut de fabrication ou de dégât
peropératoire du tranchant de la lame.
Lors de l’assemblage du microkératome, il faut ainsi éviter les contacts de celui-ci avec des
instruments présentant des surfaces dures, dans le but d’éviter
d’endommager le tranchant de la lame ;
– en cas d’incision préalable de kératotomie, il faut examiner ces
incisions et s’assurer de leur complète cicatrisation avant de réaliser
le Lasik, afin de prévenir la survenue d’une dislocation du volet à
leur niveau.
B - CAPOTS INCOMPLETS :
Les capots incomplets sont causés par l’arrêt de la découpe de la
lame avant que celle-ci n’ait atteint le niveau souhaité de la
charnière.
La survenue d’aberrations visuelles est favorisée par la
survenue d’une charnière et d’une réaction cicatricielle situées à
proximité de l’axe visuel.
L’incidence de cette complication
est comprise entre 0,3 et 1,2 % dans les larges séries publiées.
1- Étiologie :
La cause la plus fréquente de capot incomplet est la panne de microkératome, qu’elle soit due à un défaut d’alimentation
électrique ou à la survenue d’un obstacle mécanique.
Les cils, les
champs opératoires, des fragments épithéliaux ou encore des
cristaux de sel provenant de la solution d’irrigation, ont été identifiés
comme des causes possibles d’obstacles à la progression de la tête
du microkératome.
Les capots incomplets surviennent également
quand le mécanisme permettant l’avancée de la tête du microkératome est grippé ou présente un défaut.
En cas de perte de
succion, certains microkératomes s’arrêtent automatiquement.
Parfois, le chirurgien est conduit à interrompre volontairement la
procédure en cas de lâchage de succion.
2- Traitement :
Quand la zone découpée ne permet pas de dégager la place
nécessaire à la réalisation de la photoablation, il est préférable de
repositionner le capot et de reporter la procédure.
Une nouvelle
tentative immédiate de découpe expose au risque d’induction d’une
surface stromale irrégulière et d’un astigmatisme irrégulier.
En cas
de retraitement différé, il faut tenter d’obtenir un capot plus épais et
plus périphérique.
Quand la charnière est située au-delà de l’axe
visuel, il peut s’avérer tentant de continuer la dissection du capot
manuellement en utilisant une lame spatulée ou un dissecteur de
cornée.
Une telle manoeuvre risque également d’induire une
irrégularité du lit stromal, voire la survenue d’une perforation.
Quand on décide de réaliser la photoablation, la surface stromale
du capot doit être protégée du laser, ceci étant particulièrement
important en cas de traitement hypermétropique étant donné le
large diamètre de l’ablation.
3- Prévention
:
Les pannes de microkératome peuvent être prévenues par un
nettoyage méticuleux de ses composants, et par une vérification des
connexions électriques.
Les recommandations du fabricant
concernant les procédures d’entretien et l’utilisation de certaines
solutions de nettoyage peuvent varier dans le temps, en fonction
des informations recueillies auprès des utilisateurs d’une machine
donnée.
Il faut également dégager le trajet emprunté par la tête du microkératome par la réalisation d’une installation adéquate : en
empêchant les cils de s’interposer dans le trajet de la découpe, en
ajustant le positionnement du blépharostat afin d’obtenir une
exposition non palpébrale optimale de la part du patient, et en tirant
légèrement vers le haut le globe après la mise en route du vide.
Il
est également possible d’orienter légèrement l’anneau de succion
une fois solidarisé au limbe, afin de dégager au mieux les rails du microkératome.
Avant de procéder à la découpe, il convient de
vérifier la pression intraoculaire, afin de vérifier que ces manoeuvres
n’ont pas provoqué un lâchage de succion.
Les yeux situés dans des orbites étroites constituent une difficulté
chirurgicale et certains microkératomes ne peuvent, en raison de leur
encombrement, franchir l’écartement maximum permis par les lunes
du blépharostat.
La réalisation d’une injection rétrobulbaire de
sérum physiologique ou la réalisation d’une canthotomie latérale
externe, destinées à améliorer l’exposition oculaire, ne semblent pas
être des mesures adaptées dans le cadre d’une chirurgie de confort.
La survenue d’une succion de mauvaise qualité peut être prévenue
par les mesures énumérées plus haut.
C - CAPOTS DÉPLACÉS :
Le déplacement secondaire du capot représente une urgence
chirurgicale.
Le capot doit être repositionné au plus vite pour
prévenir les risques infectieux, l’apparition de plis figés et l’invasion
épithéliale.
Cette complication peut survenir plusieurs mois
après la procédure Lasik.
Son incidence varie entre 1,1 % et
2,1 % dans les grandes séries.
Le taux relativement
élevé de capots déplacés après Lasik rapporté dans les premières
publications a conduit les pionniers de cette technique à concevoir
une méthode de repositionnement du capot permettant de réduire
l’incidence de cette complication.
1- Étiologie :
Au cours de la période postopératoire précoce, le clignement
palpébral représente la cause la plus fréquente de déplacement de capot, en particulier s’il existe un syndrome sec oculaire
concomitant.
Le déplacement peut aussi survenir après un
frottement des paupières.
Les capots larges et fins sont plus
instables, en particulier si leur charnière est courte. Le capot
demeure vulnérable aux déplacements d’origine traumatique
plusieurs mois après la chirurgie.
Deux cas de dislocation d’un
capot de Lasik au cours d’une chirurgie rétinienne (vitrectomie) ont
été rapportés.
Les capots de Lasik peuvent être resoulevés pour
pratiquer un retraitement au-delà de 1 an après
le geste initial.
Certaines études histologiques révélant une absence
ou des phénomènes minimes de cicatrisation au niveau de l’interface stromale après Lasik accréditent ces constatations.
2- Traitement :
Le capot doit toujours être resoulevé et l’interface (le lit stromal et la
face stromale du capot) examinée avec précaution, afin de nettoyer
tout débris ou amas de cellules épithéliales.
La face postérieure du
capot doit être particulièrement bien nettoyée avant le
repositionnement.
Une lentille de contact peut ensuite être posée afin
de prévenir tout déplacement secondaire et protéger le capot des
clignements palpébraux.
Les techniques décrites plus loin pour
lisser d’éventuels plis associés doivent être pratiquées.
Il est en effet
particulièrement important d’empêcher toute migration vers
l’interface du capot de cellules épithéliales en provenance de
l’anneau limitant et empruntant l’auvent formé par ces plis.
3- Prévention
:
Afin de réduire l’incidence du déplacement secondaire du capot, il
convient d’appliquer certaines mesures préventives telles que le
positionnement supérieur de la charnière, proposé afin de réduire le
risque de déplacement secondaire aux clignements.
Toutefois, la
preuve indiscutable de l’efficacité d’une telle mesure n’a pas été
rapportée à ce jour.
Les autres moyens préventifs comprennent
l’application d’une lentille de contact après Lasik, et le conseil
prodigué au patient de garder les yeux fermés quelques heures après
la chirurgie (sieste).
Nous recommandons également à nos patients
de ne pas instiller de collyre immédiatement après la chirurgie, afin
d’éviter tout risque de déplacement du capot.
Une coque protectrice peut être portée durant la nuit, afin de réduire
le risque de déplacement secondaire lié à un frottement ou un
traumatisme involontaire, pour une durée comprise entre 1 et 3
semaines après la chirurgie.
Les patients qui pratiquent des sports
de contact ou des activités à risque traumatique doivent être
prévenus des risques de déplacement tardif des capots avec le Lasik.
La PKR doit être proposée comme une alternative dans ce type de
situation, si toutefois la réalisation de cette technique est possible.
D - CAPOT LIBRE :
La survenue d’un capot libre est le résultat de la découpe complète
du capot cornéen.
Les cornées plates (K inférieure à 42 dioptries)
sont particulièrement impliquées dans la survenue de ce type de
complication.
L’incidence cumulée moyenne émanant des études
initiales est d’environ 4,9 %.
Des études plus récentes rapportent
une incidence comprise entre 0,01 % et 1 %.
Quand le
capot libre ne peut pas être repositionné, l’épithélium recouvre le lit stromal de façon centripète similaire à celle observée au cours des
kératectomies superficielles.
Un shift hypermétropique résulte
généralement de l’absence de repositionnement d’un capot cornéen.
1- Étiologie
:
Le capot libre est également souvent un capot plus fin que prévu.
En général, les facteurs peropératoires qui conduisent à l’obtention
d’un capot libre sont identiques à ceux qui conduisent à l’obtention
d’un capot fin.
Une erreur de réglage de la butée ou un mauvais
montage de celle-ci lors de l’assemblage du microkératome, en
particulier pour certains modèles à translation horizontale (par
exemple Bausch and Lomb, microkératome ACS) représentent
d’autres facteurs favorisants.
Parfois, la survenue d’un capot libre peut se rencontrer au décours
d’une procédure où le microkératome se grippe en fin de découpe,
la tête ne revenant pas en arrière vers sa position de départ,
empêchant ainsi le chirurgien de retirer le microkératome.
Ceci
conduit en général le chirurgien à relâcher la succion et enlever
l’instrument, arrachant ainsi le capot incarcéré.
Dans la période
postopératoire, un traumatisme externe pourrait théoriquement
conduire à l’obtention d’un capot libre, mais nous n’avons pas
retrouvé ce type de cas rapporté dans la littérature.
2- Traitement :
La réalisation de marques épithéliales avant la découpe permettant
l’orientation et le bon répositionnement du capot, ainsi qu’un retrait
précautionneux de la tête du microkératome, permettent en général
une bonne gestion de ce type d’incident.
Si le diamètre du lit stromal exposé est égal ou supérieur à celui de la zone optique
programmée, il est possible de réaliser la photoablation en
conservant le capot dans une chambre humide.
Le repositionnement
sera effectué en se basant sur les marques réalisées avant la découpe.
Une lentille de contact permet de protéger le capot d’un
déplacement secondaire lié à un frottement des paupières. Il n’est
pas nécessaire de suturer le capot libre.
Quand le capot libre n’est pas retrouvé, il faut alors interrompre la
procédure et attendre que la cicatrisation épithéliale recouvre le lit stromal.
L’ablation du capot provoque en règle un aplatissement
central plus important que souhaité.
Tout traitement secondaire
devra toutefois être considéré une fois la stabilité de la réfraction
obtenue.
3- Prévention :
Les mesures destinées à prévenir l’apparition d’un capot libre sont
identiques à celles destinées à prévenir l’apparition de capots fins et
de petit diamètre.
La réalisation de marques épithéliales avant la
découpe permet de replacer correctement le capot, et d’éviter
l’induction d’un astigmatisme irrégulier.
E - PLIS DE CAPOT
:
Les plis de capots peuvent induire un astigmatisme irrégulier, ainsi
que des aberrations optiques avec perte de MAVC, surtout s’ils
intéressent l’axe visuel.
Les macroplis sont bien vus à
l’examen biomicroscopique et correspondent à des plis de pleine
épaisseur, organisés de façon linéaire.
Inversement, les
microplis du capot correspondent à des plis situés dans la
membrane de Bowman ou dans la membrane basale de l’épithélium.
Ils sont bien mis en évidence par une empreinte fluonégative.
Carpel et al ont décrit cinq types de plis et de stries de capot en
Lasik.
Alors que la microscopie confocale révèle la présence de
microplis dans la membrane de Bowman dans 97 % des cas,
l’incidence des plis nécessitant une réintervention varie entre 0,2 et
1,5 %.
L’effet des plis de capot sur la vision est
variable, et n’est pas toujours corrélé à l’aspect et à l’importance des
plis.
1- Étiologie :
Les plis de capot sont induits par un mauvais alignement entre les
bords du capot et l’anneau limitant épithélial.
Les capots fins et de large diamètre sont plus sujets à un déplacement et donc à
l’apparition de plis. Le lissage irrégulier à la microéponge en fin de
procédure peut induire la présence de plis radiaires (mouvements
centrifuges) ou circonférentiels (mouvements centripètes).
L’incidence des plis du capot est généralement plus élevée chez les
forts myopes et chez les hypermétropes ; elle est parfois inévitable
en raison des modifications de la convexité du lit stromal résiduel
(photoablation) qui présente alors une incongruence avec la face
postérieure du capot.
Cette particularité est appelée effet de
« voûte » (tenting effect).
2- Traitement
:
Plusieurs approches sont proposées pour le traitement des plis du
capot, allant de la simple tentative de relissage à la lampe à fente
avec une éponge humide au resoulèvernent, réirrigation du lit
stromal et repositionnement d’un capot récalcitrant avec des
sutures.
En général, plus la tentative de déplissage a lieu tôt,
plus les chances de disparition des plis sont élevées.
Les plis fixés
du capot surviennent probablement quand l’hyperplasie épithéliale
a comblé les crevasses formées par les plis.
Les tentatives de lissage
doivent tendre à égaliser la distribution des forces appliquées au
capot. Dans ce but, l’utilisation d’éponges de méthylcellulose ou autre matériel non pelucheux est indiquée.
Les
instruments comme le « Pineda Lasik Flap Iron » (Asiko Westmont,
Illinois, États-Unis) peuvent être utilisés à la lampe à fente ou sous
le microscope opératoire, en exerçant une pression adaptée dans la
direction souhaitée pour aplatir les capots présentant un
déplacement localisé.
Les plis récalcitrants du capot peuvent parfois être traités par le
placement d’une suture antitorsion au niveau du bord du capot.
Cependant, cette méthode peut aboutir à l’induction d’un
astigmatisme prononcé.
D’autres stratégies consistent à pratiquer
des incisions épithéliales superficielles, une photokératectomie à
visée thérapeutique (PKT), ou un débridement épithélial massif
au-dessus des plis.
Cette dernière méthode permet parfois de
diminuer les forces de contraction liées à l’hyperplasie épithéliale
pour les plis anciens et figés.
Probst et al ont décrit une technique
utilisant le réflexe de fixation du microscope, dans le but de détecter
les fines irrégularités de la surface du capot lors du retraitement.
L’hydratation du capot avec un sérum salé hypotonique (60 à 80 %)
ou à l’eau distillée permet de faciliter le repositionnement et le
déplissage des capots selon certains auteurs.
Dans certains cas
extrêmes, l’exérèse en bloc du capot cornéen a permis d’améliorer la
situation.
La suture du capot est certainement la procédure de
choix pour les capots récalcitrants qui échappent aux mesures
précédemment énoncées.
Les sutures doivent être cependant retirées
au cours des premiers jours postopératoires, en particulier si elles
induisent d’autres plis.
Nous avons parfois remarqué que dans
certains cas les manoeuvres de lissage du capot pouvaient induire
une variation réfractive de plus d’une dioptrie.
3- Prévention
:
Le marquage épithélial réalisé avant la découpe permet un
repositionnement précis du capot dans les cas où le déplacement
survient dans la période postopératoire immédiate.
L’examen à la
lampe à fente pratiqué 20 minutes après une procédure de Lasik
permet de contrôler le positionnement adéquat du capot.
Il faut en
particulier vérifier que la gouttière située entre le bord du capot et
l’anneau épithélial limitant possède une largeur constante.
Cette
gouttière persiste en général jusqu’au premier jour postopératoire,
et correspond vraisemblablement à une rétraction biomécanique des
lamelles de collagène ou à une déshydratation du capot.
La
déshydratation seule n’explique pas complètement la formation de
cette gouttière étant donné l’apparition immédiate de celle-ci après
la découpe, et donc avant que ne survienne la déshydratation.
Les
contractions des jonctions intra-et intercellutaires consécutives au
traumatisme mécanique de la découpe pourraient également
contribuer à la rétraction du capot.
Il n’y a cependant pas de
confirmation histologique de cette hypothèse.
La protection de la face stromale du capot effectuée au moyen d’une
éponge humide au cours des photoablations prolongées permet
souvent de limiter la déshydratation du capot.
Toutefois, ce geste
peut favoriser l’introduction de débris ou fibrilles au niveau de
l’interface.
L’instillation d’une à deux gouttes de BSS sur le lit
stromal du capot après soulèvement ou après le pliage du capot sur
lui-même avant la photoablation, permet également de limiter sa
déshydratation.
F - COLONISATION ÉPITHÉLIALE DE L’INTERFACE.
INVASION ÉPITHÉLIALE :
La colonisation de cellules épithéliales au niveau de l’interface peut
être secondaire à un ensemencement peropératoire ou à une
migration cellulaire sous le capot.
Les cellules épithéliales sont
visibles à la lampe à fente et prennent un aspect perlé, ou de traînée
blanchâtre, effilée.
La connexion de ces cellules avec celles de
l’épithélium extérieur au capot peut parfois être indétectable ou
difficile à l’examen biomicroscopique.
Les amas isolés de cellules
peuvent disparaître sans conséquence.
En revanche, une invasion
épithéliale contiguë au bord du capot peut progresser et envahir
l’axe visuel avec risque d’astigmatisme irrégulier et fonte stromale
du capot.
Les cellules épithéliales présentes au niveau de
l’interface peuvent également gêner la circulation de l’humeur
aqueuse dans les lamelles stromales, et compromettre ainsi la
nutrition du capot, avec risque de fonte stromale.
Ces cellules
peuvent également produire des enzymes protéolytiques et accélérer
la fonte stromale du capot.
Le risque d’invasion épithéliale est accru
en cas de procédure secondaire avec resoulèvement du capot, les
abrasions épithéliales adjacentes à l’anneau limitant favorisant la
prolifération cellulaire.
1- Étiologie
:
Helena a décrit quatre mécanismes pour expliquer l’invasion de
l’interface stromale par les cellules épithéliales.
Ces mécanismes
incluent l’ensemencement épithélial par la lame du kératome au
cours de la découpe, l’ensemencement épithélial causé par les
manoeuvres d’irrigation après la photoablation, la colonisation
provenant de bouchons épithéliaux pour les cornées qui présentent
des cicatrices anciennes de kératotomie radiaire, et l’invasion à partir
des berges du capot.
Cette dernière cause est certainement la plus
fréquente. Les autres mécanismes invoqués incluent :
– l’implantation de cellules épithéliales au niveau de l’interface par
le biais d’instruments ayant été en contact avec l’épithélium
adjacent ;
– la migration des cellules sous le capot à partir du bord de celui-ci.
Ceci est favorisé par l’apparition de defects épithéliaux au niveau
des bords du capot, qui augmentent l’activité mitotique cellulaire ;
– l’infiltration de l’épithélium à partir des berges d’une perforation
du capot. Wang et al ont rapporté une incidence correspondant
à ce type d’incident de 0,92 % dans une cohorte de 3 786 yeux ayant
subi une procédure Lasik.
Cette incidence était de 1,7 % (480 yeux)
après reprise (procédure secondaire).
Ces auteurs ont émis
l’hypothèse que l’invasion épithéliale était secondaire à une invasion
cellulaire se déroulant au cours de la phase postopératoire et initiée
au niveau de la surface épithéliale, plutôt qu’un ensemencement intraopératoire de cellules provenant de la surface cornéenne.
2- Traitement :
Le traitement de l’invasion épithéliale sous capot doit être effectué
dès que les cellules progressent vers l’axe visuel, ou qu’un début de
fonte stromale est noté.
Il faut soulever le capot, irriguer l’interface stromale et la partie stromale du capot.
Il est nécessaire de gratter et
d’enlever les cellules par un débridement mécanique effectué avec
une lune de type sabot ou avec des instruments adaptés comme le Yaghouti Lasik Polischer (Asiko Westmont, Illinois, États-Unis), ou
en utilisant une photoablation délivrée par spots en mode PKT.
Haw et al ont traité efficacement l’invasion épithéliale chez quatre
patients en utilisant de l’éthanol à 50 %.
Quand les cellules
épithéliales se présentent en amas isolés non confluents, une
surveillance doit être instaurée.
Une variation réfractive de type shift hypermétropique doit faire évoquer la possibilité d’une nécrose
stromale débutante.
Celle-ci peut induire l’apparition d’un
astigmatisme irrégulier et une perte de la meilleure acuité visuelle
corrigée (MAVC).
3- Prévention
:
Il faut soigneusement rechercher une invasion épithéliale chez les
patients qui présentent des defects épithéliaux, en particulier quand
ces defects concernent les bords du capot.
Il faut préférer la PKR au Lasik chez les patients qui présentent une pathologie de la
membrane basale épithéliale ou des antécédents d’érosion
récurrente.
Une autre mesure préventive consiste à utiliser des
instruments qui n’ont pas été en contact avec l’épithélium adjacent
pour la manipulation de l’interface.
De même, il faut prêter une
attention méticuleuse aux méthodes destinées à éviter l’induction
de plis de capot, en particulier ceux qui s’étendent vers la périphérie
et peuvent ainsi constituer un conduit idéal pour une infiltration
cellulaire.
Il est également légitime de postuler que le resoulèvement
du capot avec une pince appropriée puisse minimiser l’introduction
de cellules épithéliales dans l’interface.
De même, il est possible de
disséquer la gouttière périphérique avec un crochet de Sinskey avant
de pratiquer la séparation des lamelles stromales au niveau de
l’interface.
Cette manoeuvre est destinée à empêcher la survenue de
déchirures épithéliales et l’apparition de lambeaux périphériques. Walker et al préfèrent l’utilisation d’un blépharostat muni d’un
dispositif d’aspiration pour les reprises, et la pose d’une lentille de
contact pendant les 24 premières heures postopératoires.
G - DÉBRIS DE L’INTERFACE :
Les débris de l’interface doivent être distingués des réactions
infectieuses ou inflammatoires pouvant siéger à son niveau.
Cette
distinction est parfois difficile. Une étude en microscopie confocale
a révélé la présence de débris au niveau de l’interface dans 100 %
des cas, sur une série de 62 yeux ayant bénéficié d’une procédure
Lasik pour myopie.
En général, les débris sont inertes et ne
provoquent pas d’effet délétère sur la vision, du moins quand ils
sont rares.
Néanmoins, il faut garder à l’esprit que certains patients
peuvent être plus susceptibles que d’autres au déclenchement d’une
réponse inflammatoire à un type particulier de débris de l’interface.
1- Étiologie :
Les débris présents en Lasik au niveau de l’interface peuvent avoir
diverses origines.
Ils peuvent correspondre à des fragments
métalliques issus de la lame, de l’huile utilisée pour lubrifier le
moteur du microkératome, de sécrétions de glandes melbomiennes,
de talc (gants), de bulles d’air, d’opacités centrales d’étiologie
inconnue, et de fibres textiles généralement présentes sur le lit
stromal avant le repositionnement du capot.
Elles peuvent provenir
des vêtements, des pansements oculaires utilisés pour recouvrir l’oeil
non opéré, ou du champ opératoire lui-même quand il s’agit d’un
champ tissé.
Hirst a rapporté la présence de dépôts marron de
l’interface à l’utilisation d’éponges de méthylcellulose pour protéger
la charnière durant la photoablation.
Quand on suspecte l’induction par un ou plusieurs débris d’une
réaction inflammatoire de l’interface, il faut soulever le capot et
irriguer largement le lit stromal.
L’examen des patients 20 minutes
après le Lasik permet en règle de déceler la présence de débris
importants qui peuvent conduire à effectuer un resoulèvement et
une irrigation de l’interface.
2- Prévention :
Le risque de dépôt de fibres textiles peut être minimisé par
l’utilisation par le personnel soignant de vêtements non tissés, et en
recouvrant les vêtements du patient par une tunique adaptée.
L’humidification préalable de matériel tissé (compresses, gaze) est
également une mesure appropriée.
Il faut utiliser des gants sans talc,
couvrir les cils, et utiliser un anneau en fibrocellulose (drain de
Chayet, Visitec, Floride, États-Unis) qui joue le rôle de barrière pour
les sécrétions oculaires adjacentes.
Après le repositionnement du
capot, une illumination diffuse oblique de l’interface sous le
microscope opératoire peut révéler la présence de petites fibres et
autres débris dans l’interface qui peuvent être, si besoin, enlevés par
une irrigation généreuse de l’interface.
H - DEFECTS ÉPITHÉLIAUX
:
Le premier jour postopératoire, une solution de fluorescéine diluée
permet la détection des defects épithéliaux, qui peuvent survenir
pendant ou au décours de la procédure.
On peut observer chez la
plupart des patients une prise de la fluorescence modérée au niveau
du bord du capot.
Les larges defects épithéliaux sont plus
préoccupants, surtout s’ils se situent au niveau du bord du capot.
L’incidence des defects épithéliaux après Lasik est d’environ 5 %.
Les cellules épithéliales, en proliférant, peuvent migrer sous le bord
du capot.
En cas d’inflammation associée, il existe une possibilité de
fonte tissulaire du capot adjacent.
Nous avons, ainsi que d’autres
auteurs, observé un risque plus élevé de kératite lamellaire diffuse
chez les patients présentant des defects épithéliaux.
1- Étiologie :
Les patients présentant des antécédents d’érosion récurrente ou
de dystrophie de la membrane basale antérieure (DMBA)
présentent un risque plus élevé d’abrasion épithéliale, et
représentent certainement des candidats à orienter vers la PKR.
De
fait, la photoablation au laser excimer de surface est un traitement
efficace des érosions récurrentes.
2- Traitement
:
Quand un defect épithélial est noté en peropératoire, il faut prévenir
le développement d’une invasion épithéliale.
Il faut ainsi tenter de
repositionner au mieux l’épithélium détaché.
Si cette manoeuvre
échoue, l’épithélium non réappliqué doit être débridé avec
précaution, et il faut poser une lentille de contact.
Ce geste
permet de contrôler la douleur, d’améliorer l’adhérence du capot, et
de prévenir l’invasion épithéliale.
Les anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS) en application topique peuvent également être
utilisés pour diminuer la sensation d’inconfort, mais leur utilisation
a été associée à l’observation d’infiltrats stériles.
3- Prévention :
Les patients candidats à une chirurgie au Lasik doivent
systématiquement être interrogés quant à l’existence d’antécédents ou de symptômes d’érosions récurrentes.
À la lampe à fente, il faut
examiner soigneusement la surface épithéliale afin de rechercher des
signes de DMBA.
En l’absence d’anomalie de la surface cornéenne,
une prise asymétrique ou des zones de fluorescence négative au
niveau de la surface cornéenne doivent faire suspecter l’existence
d’une anomalie de celle-ci.
Certains auteurs recommandent
d’indenter légèrement l’épithélium cornéen à la lampe à fente avec
une microéponge, chez les patients chez lesquels on suspecte un
défaut d’adhérence épithéliale.
Si un mouvement ou un détachement
de l’épithélium survient, il peut être préférable d’envisager la
réalisation d’une PKR.
I - PERFORATION CORNÉENNE
:
Cette complication dévastatrice survient généralement à la suite
d’une erreur d’assemblage du microkératome.
Quelques rares études
dans la littérature rapportent l’existence de perforation survenant
au cours de la découpe lamellaire ou durant la photoablation.
Le microkératome ACS (Bausch and Lomb Surgical, Rochester, New
York, États-Unis) nécessite la mise en place d’une cale qui permet
de contrôler l’épaisseur de la dissection lamellaire.
Son oubli peut
aboutir à une plaie cornéenne de pleine épaisseur, voire à des
dommages importants an niveau des structures du segment
antérieur.
La prise en charge de ce type de complication correspond
à celle de tout traumatisme oculaire.
Il faut respecter
méticuleusement les procédures recommandées pour l’assemblage
des microkératomes, afin de prévenir cette complication
catastrophique.
Dans un cas publié, la finesse excessive d’une cornée
suspecte de kératocône semble être la cause de la perforation
survenue durant la photoablation.
J - ECTASIE CORNÉENNE :
L’ectasie cornéenne est une complication redoutable, puisqu’elle
induit un tableau similaire à celui d’un kératocône et son cortège
de complications.
On ne retrouve qu’un nombre relativement faible
de cas publiés dans la littérature à ce jour.
Au
début, les patients peuvent être pris en charge en contactologie avec
adaptation d’une lentille de contact rigide, mais l’évolution est
souvent délétère et requiert la réalisation d’une greffe de cornée. L’incidence réelle de cette complication ne sera sans
doute pas connue avant que des études avec un long recul soient
achevées.
L’épaisseur minimale résiduelle du mur stromal
postérieur nécessaire à la prévention de ce type de complication
après la chirurgie réfractive reste sujette à caution.
Actuellement, il
existe un consensus pour le respect d’une épaisseur minimale de
250 μm, alors que Barraquer avait recommandé une épaisseur
minimale de 300 μm pour le maintien de l’intégrité biomécanique
de la cornée.
1- Étiologie
:
Alors que c’est à une épaisseur résiduelle insuffisante du mur stromal qu’est attribuée la cause de la plupart des cas d’ectasie
cornéenne après Lasik, aucun de ces cas n’a bénéficié de mesure
fiable de l’épaisseur résiduelle de celui-ci.
D’autres facteurs, comme
l’existence d’une fonte stromale tardive, ne peuvent être éliminés à
ce jour.
L’analyse d’un cas publié a montré l’absence d’inflammation
sous-jacente lors de l’analyse histologique du bouton cornéen excisé
après Lasik, ce qui accrédite l’hypothèse d’un affaiblissement
biomécanique cornéen comme cause principale de l’ectasie.
L’ectasie cornéenne postopératoire peut être détectée par la
topographie cornéenne conventionnelle ou à l’examen biomicroscopique.
La courbure postérieure de la cornée peut être
visualisée au moyen de la technologie Orbscant (Bausch and Lomb,
Rochester, New York, États-Unis) ainsi que par la pachymétrie totale.
2-
Prévention :
La préservation d’un mur stromal de 250 μm est la règle afin de
prévenir cette complication.
Toutefois, cette valeur sera peut-être
remise en cause lorsque des études plus longues ou des cas mieux
documentés seront disponibles.
En préopératoire, les cornées
suspectes de kératocône doivent être considérées avec précaution
pour la chirurgie.
Il faut en rechercher les images caractéristiques en vidéotopographie, comme un cambrement inférieur cornéen
asymétrique.
Amoils et al recommandent de n’opérer que les
patients présentant une épaisseur cornéenne supérieure ou égale à
500 μm, et Seiler a proposé d’utiliser le pourcentage entre l’épaisseur
cornéenne initiale et finale plutôt qu’un nombre absolu de
micromètres, pour le calcul de l’épaisseur minimale du mur
postérieur.
La topographie cornéenne par Orbscant peut
procurer des informations sur la topographie postérieure de la
cornée avant et après la chirurgie, et fournit une carte
pachymétrique détaillée qui peut aider au diagnostic des formes
frustes de kératocône.
Un faisceau de critères cliniques et
topographiques est actuellement utilisé à la Massachusetts Eye and
Ear Infirmary afin de permettre le diagnostic de kératocône.
L’échographie cornéenne par ultrasons haute fréquence permet de
distinguer des détails d’environ 2 μm, et autorise ainsi la mesure de
l’épaisseur du capot et du lit stromal.
De même, la tomographie
en cohérence optique (TCO) trouvera certainement des indications
dans ce contexte, en permettant l’analyse fine du capot et du lit stromal résiduel en postopératoire.
Ces divers examens pourront
être des outils utiles pour l’étude des patients présentant une
mauvaise qualité visuelle en postopératoire ou une ectasie
cornéenne.
Le calcul du mur résiduel postérieur doit être effectué en
préopératoire.
Toutefois, il faut tenir compte du fait qu’il existe des
variations considérables entre l’épaisseur prédite et l’épaisseur réelle
des capots cornéens.
Pour les patients présentant des erreurs
réfractives de magnitude élevée, une pachymétrie peropératoire est
préconisée après soulèvement du capot.
En soustrayant à cette
valeur l’épaisseur de tissu retiré par le laser pour la correction de
portée réfractive, une meilleure estimation du mur résiduel
postérieur peut être obtenue.
Cette méthode doit également être
prônée en cas de retraitement.
L’établissement d’un registre
recensant les cas d’ectasie cornéenne postLasik devrait permettre de
collecter plus d’informations concernant cette complication, et dans
le futur d’éviter sa survenue.
L’utilisation de la vidéokératographie
d’élévation par Orbscant avant les retraitements pourrait permettre
de faire la différence entre les ectasies cornéennes précoces et les
régressions réfractives liées au remodelage épithélial ou stromal.