Chirurgie reconstructrice des paupières
(Suite) Cours de Chirurgie
Pertes de substance de la paupière
supérieure
:
Leur reconstruction est délicate car il existe deux impératifs souvent
contradictoires :
– couvrir efficacement la cornée et permettre l’occlusion palpébrale ;
– restaurer une mobilité et une minceur suffisantes pour ne pas
amputer le champ de vision et rendre au regard son expression
normale.
La règle du quart reste valable : la largeur du déficit peut être
réduite d’un quart de la longueur initiale de la paupière.
Les
lambeaux épais ne jouent qu’un rôle temporaire.
Il est généralement admis que pour reconstruire la paupière
supérieure il faut utiliser la paupière inférieure.
Ceci ne peut se faire
que si celle-ci n’est pas déjà cicatricielle, et si le patient a compris le
principe de l’intervention.
Deux groupes de techniques sont utilisables :
– les lambeaux cutanés locaux de voisinage recouvrant les greffes
muqueuses ;
– l’utilisation de la paupière inférieure.
A - LAMBEAUX CUTANÉS ET GREFFES MUQUEUSES
:
1- Utilisation de la peau restante de la paupière
supérieure
:
Trois techniques permettent d’utiliser la peau palpébrale supérieure
chez les patients porteurs, en préopératoire, d’un excès cutané
palpébral supérieur.
– Le déroulement de la peau palpébrale supérieure, réalisant un
lambeau de glissement, par un large décollement cutané : la peau
descend verticalement pour couvrir la perte de substance.
Le plan
conjonctival est reconstruit par une greffe muqueuse ou par un
lambeau conjonctival de paupière inférieure.
– Un lambeau de type Tripier, emportant le plan musculocutané : le
lambeau reconstruit le plan cutané du bord libre de la paupière dans
sa portion prétarsale.
Le site donneur est alors fermé par une greffe
de peau totale ou par un lambeau temporofrontal de type
Fricke.
– Les lambeaux musculocutanés à pédicule externe : ils emportent
la peau palpébrale supérieure et le muscle orbiculaire.
Toutefois,
tracés trop longs, ils exposent à des souffrances distales et peuvent
se tubuliser.
Ils résistent mal aux contraintes mécaniques de la
reconstruction.
Ces différents lambeaux doivent être maintenus en bonne position
par des tarsorraphies temporaires, en suturant le bord libre du
lambeau à la paupière inférieure.
Cette immobilisation est
maintenue au moins 10 jours, délai indispensable à la prise de la
greffe muqueuse sous-jacente.
2- Lambeau frontal sus-sourcilier (Fricke)
:
Il s’agit d’un lambeau frontal à pédicule externe tracé
horizontalement au-dessus du sourcil.
Il ne possède pas de
vascularisation axiale et nécessite une ou plusieurs autonomisations
préalables, surtout chez le fumeur.
Lors du tracé initial, la largeur de ce lambeau doit être importante,
supérieure à la hauteur de la perte de substance.
En effet, il a
tendance à s’épaissir et à se rétracter sur lui-même au fur et à
mesure des différents temps d’autonomisation.
Enfin, il doit être prélevé long car il peut survenir une souffrance
distale lors de sa mise en place, malgré les autonomisations.
Tessier utilise ce lambeau pour les blépharopoïèses supérieures
totales, en reconstruisant le plan conjonctival sous-jacent par une
greffe muqueuse.
Il est effectué un deuxième temps opératoire,
3 mois plus tard, en reposant le lambeau et en plaçant une greffe de
peau totale directement au contact de la muqueuse du plan
conjonctival reconstruit.
3- Lambeau auriculaire en îlot à flux rétrograde
:
Suivant les travaux de Pribaz, différentes équipes ont publié
l’utilisation des téguments préauriculaires vascularisés par les
vaisseaux temporaux superficiels à flux rétrograde.
Cette technique
permet d’apporter des téguments au niveau des paupières
supérieure, inférieure et du canthus externe.
Elle peut constituer une
solution élégante en reconstruction de la paupière supérieure.
B - UTILISATION DE LA PAUPIÈRE INFÉRIEURE
:
Trois techniques sont possibles :
– Esser-Mustarde, analogue dans son principe au lambeau
d’Estlander Abbe au niveau des lèvres ;
– Cutler-Beard : utilisant un lambeau transfixiant de la paupière
inférieure ;
– Dupuy-Dutemps inversé.
1- Technique de Esser-Mustarde
:
Elle utilise un lambeau palpébral inférieur de pleine épaisseur,
vascularisé par l’artère du bord ciliaire.
Le fragment palpébral
prélevé effectue une rotation de 180° dans le plan frontal, il reste
rattaché au site donneur par son pédicule pendant 15 jours.
Pour des pertes de substance inférieures ou égales à la moitié de la
paupière supérieure, un quart de la paupière inférieure seulement
est nécessaire.
Le pédicule doit être situé au milieu de la perte de
substance.
Le lambeau doit être tracé du côté temporal de ce repère.
La largeur du pédicule doit être de 5mm (l’arcade artérielle est à
3 mm du bord libre).
Le site donneur est fermé directement par
suture de pleine épaisseur de la paupière inférieure.
Pour des pertes de substance totales de la paupière supérieure, il est
nécessaire de prélever plus du quart de la paupière inférieure.
Mustarde conseille de prélever le lambeau palpébral inférieur en
traçant un pédicule du côté où subsiste le maximum de paupière supérieure (c’est-à-dire en interne au niveau de la paupière
inférieure s’il subsiste un moignon important de paupière supérieure
en dedans également).
La perte de substance palpébrale inférieure résiduelle est ensuite
fermée par un lambeau temporojugal dans un deuxième temps, au
15e jour postopératoire.
Certains auteurs situent le pédicule au contraire sur la berge
externe du lambeau à l’extrémité d’un lambeau temporojugal.
La
reconstruction est alors réalisée en un temps. En raison du risque
vasculaire plus important, cette technique est à réserver à des sujets
sains et non fumeurs.
2- Technique de Cutler-Beard
:
Elle utilise un lambeau palpébral inférieur de pleine épaisseur à
pédicule inférieur.
Il s’agit d’une technique en deux temps.
L’incision se situe à 5 mm sous le bord libre de la paupière
inférieure, elle est transfixiante, et le lambeau a la forme d’un
« U » à pédicule inférieur.
Il passe en arrière du bord libre de la
paupière inférieure, et la suture se fait en deux ou trois plans sur
les berges de la perte de substance palpébrale supérieure.
Il est
nécessaire de laisser ce lambeau en place pendant 6 semaines au
moins avant de séparer son pédicule.
Il est prudent de laisser un
excès de conjonctive au niveau du bord libre lors de la
séparation.
3- Lambeau tarsoconjonctival à pédicule inférieur greffé
:
Connu sous le nom de « procédé de Dupuy-Dutemps inversé »,
ce type de lambeau possède des possibilités réduites par le
fait que le tarse de la paupière inférieure est plus étroit qu’à
la paupière supérieure, et que la hauteur diminue encore avec
l’âge.
Ce procédé est peu employé mais certains auteurs l’utilisent pour
des reconstructions de la portion tarsale de la paupière supérieure.
Pertes de substance du canthus interne
:
Le choix d’une technique de reconstruction dépend des éléments
suivants :
– le ligament palpébral interne est-il en continuité ?
– la perte de substance est-elle axiale par rapport à la fente
palpébrale ?
– les voies lacrymales sont-elles endommagées ?
A - CICATRISATION DIRIGÉE
:
Elle peut s’utiliser en cas de perte de substance du canthus interne
placée dans l’axe de la fente palpébrale, et répartie également sur
les paupières inférieure et supérieure.
Lorsque le ligament canthal interne est interrompu, l’extrémité
interne des tarses supérieur et inférieur doit être amarrée au périoste
orbitaire interne, en direction de la crête lacrymale postérieure.
Ceci
se fait au fil de nylon ou au fil lentement résorbable.
Le processus de cicatrisation obéit aux règles générales de la
cicatrisation dirigée. Cette technique donne des résultats
étonnamment bons pour des pertes de substance jusqu’à 1,5 cm de
diamètre.
Elle est utilisable de première intention, ou en secondaire
après l’échec d’une autre technique de reconstruction.
Lorsque la perte de substance est trop étendue pour permettre une
réinsertion efficace des moignons du tarse à la crête lacrymale
postérieure, il est possible d’effectuer une cantholyse externe.
La
désinsertion du canthus externe, associée à la libération des
insertions du septum sur le pilier orbitaire externe, permet de
mobiliser horizontalement l’ensemble des paupières et de
rapprocher, en dedans, les tarses de la crête lacrymale.
La perte des
attaches normales des tarses à leurs deux extrémités doit faire
réserver cette technique à des opérateurs avertis en raison des
troubles de la statique des paupières et des déformations de la fente
palpébrale qui peuvent en résulter.
B - RECONSTRUCTIONS PAR LAMBEAUX
:
Les lambeaux glabellaires, les lambeaux frontaux médians et
paramédians sont les plus utilisés pour combler les pertes de
substance du canthus interne.
Il est préférable d’utiliser ces lambeaux en lambeaux de rotation
dont le pédicule est conservé plutôt que de séparer secondairement le lambeau.
En effet, la conservation d’un pédicule en
continuité évite la formation d’une cicatrice circulaire autour du
lambeau avec une stase lymphatique à l’origine d’un oedème
persistant du lambeau qui prend alors une forme « en boule » très
disgracieuse et longue à disparaître.
La face profonde du lambeau
doit être amarrée au périoste de l’angle orbitonasal afin que le
lambeau se dispose harmonieusement au contact du squelette et ne
se tende pas comme une corde en direction du canthus et des
paupières.
Les irrégularités liées à la rotation du pédicule sont
retouchées sous anesthésie locale, 3 mois plus tard.
Les lambeaux glabellaires peuvent s’associer aux lambeaux prélevés
dans le sillon orbitonasogénien, en opposant deux lambeaux tracés
suivant la technique d’Imre pour les pertes de substance les plus
importantes.
C - QUAND RECONSTRUIRE LES VOIES LACRYMALES ?
Les réparations des voies lacrymales ne sont pas des interventions
fréquentes, que ce soit en post-traumatique ou après une résection
tumorale.
Les propos de ce chapitre se limitent à la réparation
des plaies ou des pertes de substance traumatiques.
La réparation des voies lacrymales a fait des progrès considérables
depuis l’apparition des techniques microchirurgicales et l’apparition
des tuteurs souples en silicone.
Le cathétérisme rétrograde et le sondage annulaire ont été remplacés
par l’intubation directe bicanaliculonasale ou monocanaliculaire
moins traumatisante.
1- Épidémiologie
:
* Pertes de substance traumatiques
:
Les plaies des voies lacrymales constituent une pathologie rare.
L’atteinte de la voie lacrymale gauche chez l’adulte jeune de
moins de 30 ans par coup de poing du droitier représente le cas le
plus typique.
Les étiologies sont les rixes, les accidents de la voie publique, les
morsures de chien et les chutes.
Les deux dernières étiologies
prédominent chez l’enfant.
Le canalicule inférieur est le plus souvent atteint, l’atteinte des deux
canalicules et du canal d’union est plus rare.
Les lésions du sac et du canal lacrymonasal se rencontrent
essentiellement dans les disjonctions craniofaciales (Le Fort II).
Les
lésions associées (24 % des cas) sont le plus souvent locorégionales
(plaie ou contusion du globe, lésion orbitaire, fracture, atteinte de la
poulie du muscle oblique supérieur, fractures craniofaciales et
atteintes neurologiques).
L’association plaie des canalicules et plaie du globe est présente
dans 16 à 18 % des cas.
Elle est d’autant plus fréquente qu’il existe
une plaie du canalicule supérieur (40 %).
* Pertes de substance tumorales
:
Les voies lacrymales peuvent être atteintes lors de la résection d’une
lésion tumorale.
Les conséquences en sont variables en fonction :
– de la lésion : atteinte d’un ou deux canalicules ;
– de l’étendue de la résection des voies lacrymales.
La résection des voies lacrymales chez le sujet âgé est en général
bien supportée, en raison de la diminution progressive des
sécrétions lacrymales avec l’âge.
La mise en place d’un bouchon méatique permet en préopératoire
d’évaluer l’importance de l’épiphora.
2- Clinique
:
Le diagnostic est clinique devant l’anamnèse, la plaie de la portion
lacrymale de la paupière, ou des lésions maxillofaciales.
L’examen recherche un décalage entre les méats lacrymaux ou une
plaie palpébrale en dedans du point lacrymal.
Le sondage prudent,
associé au lavage confirme le diagnostic.
Chez l’enfant, le bilan des
lésions sous anesthésie générale peut être nécessaire.
Le bilan locorégional recherche des lésions prioritaires : plaie du
globe, traumatismes maxillofaciaux ou neurologiques.
3- Traitement
:
* Technique
:
L’anesthésie générale s’impose chez l’enfant ou en cas de nécessité
d’une intubation bi- ou mono-canaliculonasale.
Le premier temps est l’exploration de la plaie.
L’exposition et la
qualité du microscope sont des facteurs importants dans le résultat
de la réparation.
La plaie est classée franche ou contuse.
La localisation est externe,
moyenne ou interne.
On précise également l’atteinte du canalicule
d’union, du sac lacrymal ou du canal lacrymonasal.
La manipulation des canalicules sectionnés et des tissus avoisinants
doit être la plus atraumatique possible.
Si l’extrémité latérale du canalicule sectionné est facile à retrouver
par sondage, la recherche de l’extrémité médiale est plus difficile.
Pour la retrouver, il est possible de s’aider de sérum mélangé à de la rifamycine en collyre ou de fluorescéine.
Ces solutions sont injectées
par le canalicule homolatéral ou dans le sac.
Il faut éviter :
– les sondages itératifs, générateurs de fausse route ;
– l’usage de la pince à griffe trop traumatisante.
La plaie lacrymale est avant tout une plaie palpébrale qui touche la
portion lacrymale de la paupière, le tendon médial et les canalicules.
La réparation passe par la solidité de la réparation des tissus sains
avoisinants permettant un bon affrontement des berges canaliculaires. Une suture canaliculaire sans tension est alors
réalisée.
L’intubation, à l’aide d’une sonde bicanaliculaire, aide à poser les
points de suture et permet la contention et le calibrage
postopératoire de la suture.
La canthopexie médiale permet de restituer une statique palpébrale
de qualité.
Les points de 4 ou 5.0, résorbables ou non, sont
positionnés entre le tarse latéral et le tendon canthal médial sur son
chef profond.
La suture canaliculaire : les berges du canalicule sont disséquées sur
1 à 2 mm.
Trois à quatre points de Monofil de 8 à 10.0 sont mis en
place sur le canalicule (de façon identique à une suture vasculaire
microchirurgicale).
Le positionnement des fils de suture canaliculaires est réalisé avant la mise en place des points de
canthopexie.
La suture des plans profonds, musculaire et tarsal permet le
rapprochement des berges canaliculaires dont l’affrontement doit
être réalisé sans tension.
Classiquement l’intubation n’est pas nécessaire en cas de plaie
franche du tiers externe du canalicule.
L’intubation annulaire à l’aide d’une sonde queue de cochon est
actuellement abandonnée.
S’il existe une atteinte des deux canalicules, une atteinte du canal
d’union ou du sac lacrymal, une intubation bi-canaliculo-nasale ou mono-canaliculo-nasale est nécessaire.
En cas d’atteinte d’un seul
canalicule, si la plaie est contuse, si le tiers médian est atteint, une
sonde mini-mono-canaliculaire est utilisée.
* Indications
:
En traumatologie, le retard thérapeutique diminuerait les chances
de guérison.
Dès le diagnostic posé, l’intervention doit être
programmée dans les 12 à 48 heures en fonction de l’état général du
patient.
Toutes les plaies ou pertes de substance des voies lacrymales doivent
être réparées ou au moins placées en urgence sur des fils tuteurs en
silicone, par intubation bi-canaliculo-nasale.
En carcinologie, les reconstructions des voies lacrymales sont
exceptionnellement indiquées.
Les greffes veineuses ou artérielles,
même si elles restent perméables à long terme, sont peu
fonctionnelles.
Les matériaux étrangers (tube plastique ou verre)
sont à l’origine de troubles fonctionnels, dus notamment à
l’irruption des sécrétions nasales lors du mouchage.
Les ouvertures
directes des voies lacrymales ou de la muqueuse du canthus interne
dans les fosses nasales sont invalidantes.
Pertes de substance du canthus
externe
:
Elles sont rares, et il faut distinguer les pertes de substance
superficielles des pertes de substance où le ligament canthal externe
est interrompu.
A - PERTES DE SUBSTANCE SUPERFICIELLES
:
Les lambeaux de rotation, prélevant la peau et le muscle orbiculaire
au niveau de la paupière supérieure, permettent de fermer la plupart
des pertes de substance.
Un tracé de type LLL, à pédicule externe, convient particulièrement
en prélevant l’excès cutané palpébral supérieur, de plus en plus
abondant en avançant en âge.
B - PERTES DE SUBSTANCE COMPLEXES
:
Il faut alors :
– reconstruire la perte de substance conjonctivale ;
– fermer la perte de substance cutanée habituellement trop étendue
pour utiliser un petit lambeau local ;
– pallier la perte de substance du ligament canthal externe par des
procédés de soutien de la paupière inférieure.
1- Reconstruction tarsoconjonctivale
:
Le déploiement du cul-de-sac conjonctival supérieur suffit dans les
cas les plus limités. Les greffes de muqueuse buccale fournissent
pour les pertes de substance étendues une grande surface de
muqueuse souple et de bonne qualité.
2- Reconstruction cutanée
:
Elle se fait à partir de lambeaux prélevés au niveau de la tempe, de
la région sus-sourcilière, ou du cuir chevelu.
Lambeaux cutanés temporaux : il s’agit de lambeaux de rotation qui
amènent des téguments prélevés en arrière et au-dessus du sourcil.
Le danger de ce prélèvement est le rameau frontal du VII.
La zone
donneuse est fermée par une greffe de peau totale.
Lambeaux de cuir chevelu : prélevés sur un pédicule inférieur ou
même en îlot, ils ont une vascularisation axiale sur les vaisseaux
temporaux superficiels.
Ils sont fiables et apportent un tégument
abondant, mais épais et pileux.
Lambeaux de fascia temporalis greffé : ces lambeaux sont également
axés sur les vaisseaux temporaux superficiels. Ils couvrent
parfaitement le canthus externe et sont très fiables à condition de ne
pas franchir la ligne médiane lors du prélèvement.
La couverture
par une greffe de peau totale se fait secondairement, pour éviter de
comprimer l’extrémité du lambeau par un bourdonnet.
Ils donnent,
dans les mains des auteurs, des résultats peu satisfaisants en raison
d’une tendance importante à la rétraction.
Quelle que soit la technique utilisée, la fente palpébrale n’est pas
reconstituée lors du premier temps de couverture de la perte de
substance.
Ce n’est que lorsque le lambeau s’est assoupli et
incorporé au site receveur que l’ouverture de la fente palpébrale en
dehors se fait en deux ou plusieurs étapes.
En effet :
– l’exérèse initiale a souvent emporté la glande lacrymale et
l’ouverture de la fente palpébrale entraîne une souffrance due à la
sécheresse oculaire.
Ceci a pu nécessiter la fermeture ultérieure
d’une fente pourtant esthétiquement réussie ;
– l’ouverture de la fente palpébrale, en dehors, en l’absence de
squelette tarsal, provoque l’affaissement de la partie externe de la
reconstruction palpébrale inférieure.
Il est alors nécessaire de placer
un greffon muqueux palatin ou chondromuqueux nasal en l’amarrant
en dehors au périoste à 2 mm en arrière du rebord orbitaire externe.
Pertes de substance du bord libre
palpébral :
Les pertes de substance du bord libre n’emportant que le bord
ciliaire sont rares, le plus souvent sans conséquences fonctionnelles.
Elles sont disgracieuses et font l’objet d’une demande esthétique de
la part des patients.
A - INFÉRIEURES À UN QUART DE LA LONGUEUR
DE LA PAUPIÈRE
:
Elles font l’objet d’une résection suivie de sutures directes suivant la
règle de Mustarde.
B - SUPÉRIEURES À UN QUART DE LA LONGUEUR
DE LA PAUPIÈRE
:
Mustarde propose d’allonger la paupière supérieure dans le sens
vertical en combinant :
– une greffe chondromuqueuse à la partie supérieure du tarse,
permettant de mobiliser vers le bas le plan tarsoconjonctival ;
– une greffe cutanée est placée au-dessus du sillon palpébral
supérieur pour descendre le plan musculocutané jusqu’au niveau
idéal du bord libre.
L’auteur ne précise pas comment gérer les insertions du releveur de
la paupière supérieure au tarse et à la peau.
Ce procédé restaure le
niveau du bord libre palpébral mais n’apporte pas de cils.
La technique de Hubner consiste à prélever (un ou) des
greffons tarsoconjonctivaux incluant le bord ciliaire.
Il est possible de prélever ainsi un quart de la longueur totale de
chaque paupière.
Théoriquement, les trois quarts du bord ciliaire
peuvent être ainsi reconstruits en greffes libres composées, à
condition de disposer d’un plan musculocutané antérieur qui
recevra les greffons.
Reconstructions bipalpébrales
:
Elles sont complexes et rares.
La paupière supérieure doit être
reconstruite en priorité en raison de son rôle protecteur de la
cornée.
Chaque fois que possible, les culs-de-sac conjonctivaux supérieur et
inférieur sont mobilisés et suturés temporairement en avant de la
cornée.
Une greffe de peau totale placée par-dessus permet d’assurer
la cicatrisation et la protection du globe.
L’ouverture de la fente palpébrale se fera par étapes.
Sinon, une greffe muqueuse doit être couverte d’un lambeau.
Ensuite, le lambeau est enlevé en paupière supérieure et remplacé
par une greffe de peau totale.
La fente palpébrale sera ouverte
progressivement avec prudence.
Conclusion
:
En 1952, Fox concluait déjà : « La pléthore de techniques dont
dispose le chirurgien constitue une mise au point intéressante mais elle
est source de confusion.
« Comme dans d’autres domaines, chaque chirurgien a tendance à
utiliser les techniques qui ont donné de bons résultats dans ses mains,
et à privilégier celles qui lui paraissent les plus simples.
« En résumé, il n’y a pas de règle en reconstruction palpébrale.
« Aucun chapitre de livre ne peut faire plus que d’apporter une petite
contribution à la richesse de l’expérience accumulée par les autres ».