Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde (Suite) Cours de Chirurgie
E - SPHÉNOETHMOÏDECTOMIE :
Il s’agit de l’association d’une ethmoïdectomie complète et d’une
sphénotomie.
L’indication la plus fréquente et la moins controversée
est représentée par les polyposes nasosinusiennes rebelles au
traitement médical.
Soulignons une nouvelle fois l’impérieuse
nécessité d’une préparation locale et générale avant le geste
opératoire.
De nombreux articles et traités présentent les nombreuses
variantes de cette chirurgie et les différentes tactiques.
Nous décrivons une technique basée sur l’acquisition systématique
de repères anatomiques, sachant que de nombreuses possibilités
s’offrent à un opérateur entraîné.
Le geste consiste dans un premier temps en une ethmoïdectomie antérieure, puis en une sphénotomie a minima
permettant de visualiser les balises anatomiques (hauteur du toit,
nerf optique, paroi latérale du sinus).
À ce stade, le toit de l’ethmoïde est visualisé au niveau de la racine cloisonnante du cornet moyen, et la paroi d’orbite a été squelettisée
dans l’ethmoïde antérieur et se situe dans le même plan que la paroi
latérale du sphénoïde.
Après acquisition de ces repères, l’opérateur
va progressivement pratiquer à la pince à mors-curette droite
l’exérèse des cellules résiduelles, après avoir bien entendu effondré
la racine cloisonnante du cornet moyen.
Cette partie du geste
chirurgical est rapide, le toit de l’ethmoïde est solide en arrière et le
plan de l’orbite clairement visualisé.
Vers le dedans, la racine
d’insertion du cornet supérieur doit être respectée pour éviter une rhinorrhée d’une part et d’autre part pour respecter l’épithélium
sensoriel de la placode olfactive.
En cas d’évidement sphénoethmoïdal (cas de la polypose),
l’opérateur peut, aux ciseaux d’endoscopie, poursuivre la résection
turbinale moyenne en sectionnant la racine cloisonnante dans l’axe
de l’ostium sphénoïdal jusqu’au niveau de la paroi antérieure du
sphénoïde.
Ce geste, mené le plus souvent sous le niveau du cornet
supérieur, revient à réséquer la paroi médiale des cellules
ethmoïdales postérieures.
Il est ensuite complété à la pince jusqu’à
l’obtention d’un « couloir ethmoïdal ».
Il permet une nasalisation optimale.
Les « minimalistes » lui reprochent de désarmer la portion
restante du cornet moyen et de faire courir le risque d’une
latéralisation cicatricielle.
À ce stade, le saignement est habituellement peu abondant, le
méchage peut souvent être évité, parfois en couvrant les surfaces cruantées de crème aux corticoïdes.
* Cas de la dissection à l’aide du « hummer » ou microdébrideur
:
Les partisans de cette technique insistent sur sa facilité, sa rapidité,
et sur l’absence de délabrement muqueux dans la mesure où la
muqueuse est sectionnée par l’appareil, sans arrachement.
La vision
du champ opératoire est par ailleurs facilitée par le fait qu’il existe
une aspiration continue par l’extrémité de l’instrument.
Enfin,
certains dispositifs peuvent être couplés au système de sinusonavigation, ce qui permet en temps réel de vérifier la position
de l’instrument sur les coupes de scanner acquises en préopératoire.
Cette technique a initialement été décrite par Setliff auquel nous
empruntons la description de la technique opératoire.
En tout état de cause, la facilité apparente de la dissection avec ce
type d’instrument ne dispense en aucun cas d’une parfaite
connaissance de l’anatomie sinusienne et d’un apprentissage
préalable ayant recours aux techniques de dissection classiques.
Lorsque le cornet moyen barre l’accès au méat moyen, il est possible
de le repousser avec la partie lisse de la gaine de l’instrument,
l’ouverture du fût faisant face en dehors au site opératoire.
Le cas
échéant, le cornet moyen est réduit à l’aide de l’instrument, et s’il
existe une concha bullosa, sa face externe peut être réséquée en
prenant garde à respecter la muqueuse sur la portion restante de la
concha.
Pour l’abord du méat du sinus maxillaire, l’unciforme est réséquée
d’arrière en avant, soit à la pince rétrograde, soit avec le microdébrideur en ayant préalablement pris le soin de luxer cette
dernière vers le dedans pour que son bord libre soit exposé à la
fenêtre de l’instrument.
Ce geste peut être réalisé avec le palpateur
de Lusk (courbe à extrémité boutonnée).
L’ethmoïdectomie est ensuite démarrée par la résection de la bulle,
menée de dedans en dehors de manière à conserver sa racine
cloisonnante et à rester à distance de la lame papyracée.
Le
maniement du microdébrideur est particulier dans la mesure où
l’instrument dérape sur les surfaces convexes : il faut donc, à l’aide
de pinces traditionnelles ou de l’extrémité de l’instrument, réaliser
une effraction de la bulle pour que la résection avance.
L’abord du sinus frontal est réalisé en réséquant dans un premier
temps la partie supérieure de l’apophyse unciforme dans sa totalité,
en s’aidant le cas échéant d’une pince de Blakesley à 90°.
Cette résection permet alors de découvrir le plancher des cellules de
l’agger nasi.
Ces dernières sont alors ouvertes et l’endoscope à 30°
permet alors d’apercevoir le dôme de l’agger nasi.
Durant ce temps
de dissection, la fenêtre active du microdébrideur doit être dirigée
vers le haut et le dehors, mais en tout cas jamais vers la racine du
cornet moyen afin de minimiser le risque de rhinorrhée
cérébrospinale.
Le méat du sinus frontal est alors découvert en
arrière et en dedans de l’agger nasi : la coque de l’agger nasi
résiduelle est, soit simplement luxée, soit réséquée à l’aide du
microdébrideur.
L’ethmoïdectomie postérieure est réalisée selon la même technique :
une pince droite ou encore l’extrémité du microdébrideur perfore
prudemment la racine cloisonnante du cornet moyen.
À partir de là,
les cellules sont réséquées progressivement en respectant la
muqueuse du toit.
En fonction de la lame choisie, il est parfois
nécessaire de pratiquer l’exérèse de certaines cloisons à la pince.
Quant à la sphénotomie, elle peut être réalisée avec cet instrument
de la même façon qu’avec des instruments classiques.
Compte tenu de l’agressivité possible de l’instrument, certains
proposent une tactique chirurgicale différente : sphénotomie
première, puis méatotomie avec repérage de la paroi interne
d’orbite, puis ethmoïdectomie menée d’arrière en avant.
F - SPHÉNOTOMIE ÉLARGIE
:
L’abord le plus large sur la cavité sphénoïdale et sur le clivus est
obtenu par un abord médian trans-septal extramuqueux qui n’a que
des indications exceptionnelles.
Après avoir réalisé une ethmoïdectomie postérieure bilatérale, la muqueuse de la moitié
postérieure de la cloison est coagulée et incisée à partir du plancher
de la fosse nasale, verticalement, à la coagulation monopolaire sur
un crochet mousse gainé.
Vers le haut, l’incision s’arrête
sensiblement au niveau de l’ostium sphénoïdal.
Là, l’incision est
poursuivie vers l’arrière jusqu’à la face antérieure du sphénoïde.
De
la même façon vers le bas, l’incision est poursuivie le long du
plancher de la fosse nasale jusqu’au bord libre postérieur de la
cloison.
Ce volet muqueux est alors décollé et réséqué.
On expose
alors le vomer et sa partie rostrale.
À l’aide d’un ciseau frappé, le
vomer est traversé et la muqueuse controlatérale est décollée.
On
procède alors à l’exérèse du vomer, de son rostre et de la paroi antéro-inférieure du sphénoïde.
L’os, à ce niveau, est dense et épais
et des traits de fracture irradiés peuvent survenir.
Si l’exérèse au
petit ciseau frappé s’avère laborieuse, il vaut alors mieux utiliser
une fraise sous irrigation (pièces à main adaptées pour des tiges de
fraises de 9 cm).
On pénètre alors simultanément dans les deux sinus
sphénoïdaux (le septum intersphénoïdal est toujours médian à ce
niveau).
L’ouverture ainsi réalisée rejoint progressivement les deux sphénotomies réalisées à partir des ostiums. On complète alors
l’exérèse de la muqueuse septale controlatérale.
G - MAXILLECTOMIE MÉDIALE
:
Il s’agit d’une intervention destinée essentiellement au traitement
des papillomes inversés, tumeurs bénignes traditionnellement
traitées par voie paralatéronasale puis par voie de degloving.
L’objectif est de réaliser l’exérèse de la totalité de la cloison intersinusonasale et d’avoir un très large accès au sinus maxillaire
ainsi qu’à l’ethmoïde.
Ce geste doit bien sûr être planifié en
fonction du bilan d’imagerie.
À notre sens, il ne dispense pas d’un
abord minimal de la fosse canine pour les extensions à la face
antérieure du sinus maxillaire, comme le prouve a contrario le taux
de récidive élevé observé par Sukenik et al.
Après préparation de la fosse nasale et infiltration adrénalinée des
cornets, l’intervention débute par la résection complète du cornet
inférieur.
Une méatotomie inférieure est ensuite réalisée qui amorce
la résection de la paroi médiale du sinus maxillaire, du plancher de
l’orbite au plancher de la fosse nasale et de la paroi postérieure à la
paroi antérieure du sinus maxillaire.
Vers l’avant, cette résection
impose le sacrifice des portions osseuse et muqueuse de la voie
lacrymale, avec réalisation d’une dacryocystorhinostomie.
Dans
notre expérience, l’intérêt de l’association d’une voie d’abord a
minima de la fosse canine est d’éviter ce sacrifice de la voie
lacrymale en avant, tout en autorisant le contrôle, au besoin sous
optique, des récessus les plus antérieurs du sinus maxillaire.
H - RÉSECTION DU PLANCHER DU SINUS FRONTAL
:
C’est une chirurgie discutée, qui n’est indiquée que lorsque
l’ethmoïdectomie conventionnelle n’a pas pu guérir la pathologie
du sinus frontal, ou encore en cas d’obstruction iatrogène du sinus
frontal par une fibrose ou une ossification séquellaire, ou encore par
une latéralisation du cornet moyen.
Selon que l’on se situe en deçà ou au-delà de l’Atlantique, cette technique est dénommée
procédure de Halle ou de Lothrop, procédures datant du début du
siècle. En Europe, elle a été largement décrite et utilisée par Draf.
Le concept est ici d’ouvrir le sinus frontal non plus dans le couloir
ethmoïdal mais directement dans la fosse nasale, sur la ligne
médiane.
Cette intervention est une alternative aux procédés de
comblement qui sont préférés en cas de plancher de petite taille.
L’analyse préopératoire des scanners est capitale et ceux-ci
comportent, au mieux, des vues axiales, coronales, mais aussi sagittales.
Le scanner retrouve les facteurs morphologiques
rendant l’abord transethmoïdal hasardeux : néo-ostéogenèse du
canal nasofrontal, latéralisation de la racine du cornet moyen qui
vient s’accoler à la paroi d’orbite, voire absence de cornet moyen,
ou encore mucocèle située au-delà d’un massif osseux en cas
d’exclusion préalable.
Il permet d’évaluer la marge de manoeuvre,
c’est-à-dire la distance entre l’articulation frontonasale en avant et la
portion la plus antérieure de la lame criblée.
Lorsque cette
dernière est faible, c’est l’équivalent radiologique d’une ensellure
nasale.
Enfin, les coupes sagittales permettent d’évaluer l’importance du
fraisage, en évaluant l’épaisseur du processus frontonasal.
Signalons qu’au cours de cette intervention, il est essentiel de
protéger l’endoscope avec une chemise dès lors que l’on utilise une
fraise conventionnelle (par opposition au microdébrideur).
L’ethmoïdectomie a le plus souvent été réalisée, ce qui permet
d’apprécier en arrière la hauteur du toit de l’ethmoïde.
Il n’est en
revanche le plus souvent pas possible de repérer l’artère ethmoïdale
antérieure, et a fortiori la face postérieure du sinus frontal.
Le temps capital est le repérage de la face profonde de l’articulation frontonasale.
Après infiltration de la partie haute de la cloison, on
résèque au bistouri lame 15 un triangle septal ostéocartilagineux de
1,5 cm de hauteur dont le sommet est situé à la face profonde de
l’articulation frontonasale, c’est-à-dire à la racine de l’épine nasale
du frontal, en commençant par l’arête la plus postérieure et en
laissant en avant une baguette de cloison sous les os propres du nez
correspondant à la partie haute du « L » de Cottle.
À ce stade,
la résection du processus frontonasal va être entreprise après avoir repéré de chaque côté la lame criblée.
Le point de fraisage initial est
médian, sur l’épine nasale du frontal (sous la partie haute des os
propres du nez), et l’axe de progression doit être parallèle à la face
superficielle des os propres du nez.
Le fraisage est effectué sous
irrigation continue avec des fraises de 9 cm de long, à l’aide d’une
pièce à main coudée longue.
Le diamètre de la fraise est fonction de
l’analyse morphologique : il tient compte à la fois de la distance
séparant l’extrémité antérieure de la lame criblée de l’articulation frontonasale et de l’espace défini par l’angle dièdre formé par les os
propres du nez.
Le plus souvent, une fraise multipan de 5 à 6mm
de diamètre est utilisée.
Il importe, pour limiter au maximum les
sténoses secondaires, de préserver les corticales orbitaires
latéralement et la muqueuse de la face postérieure des sinus
frontaux.
Afin d’éviter toute fausse route, le fraisage est d’abord effectué sur
la ligne médiane en longeant la corticale antérieure (les doigts de
l’aide enserrent les os propres du nez afin de détecter une éventuelle
effraction de la corticale).
Une fois repéré le plancher du sinus
frontal, le fraisage est poursuivi à la fraise diamantée et
l’ouverture est agrandie de part et d’autre de la ligne médiane,
permettant de repérer le septum interfrontal et le bas-fond des deux
sinus frontaux.
Le fraisage est poursuivi latéralement jusqu’aux parois d’orbite en conservant une corticale.
Le septum interfrontal
est réséqué.
À ce stade, alors qu’on visualise complètement la paroi
postérieure du sinus frontal, l’extrémité antérieure de la racine du
cornet moyen est réséquée, en avant des filets olfactifs qui sont un
peu plus postérieurs.
L’attitude vis-à-vis du méat physiologique est fonction des
circonstances. Le plus souvent, cette région est occluse et il est
illusoire de fraiser vers l’arrière cette zone de néo-ostéogenèse.
Dans
certains cas, l’un des sinus est sain et il y a tout intérêt à ne pas
aborder son infundibulum : en cas de sténose ultérieure de la voie
d’abord, le sinus pathologique est ainsi aéré par le sinus
controlatéral.
Un calibrage peut être mis en place durant plusieurs mois.
Nous
utilisons une lame de Silastict roulée sur elle-même dont l’extrémité
supérieure, taillée en « ailes de papillon », s’expand dans les deux sinus frontaux.
Ce calibrage est stable du fait de sa tendance
naturelle à l’expansion et de son assise sur la portion résiduelle de
la cloison.
Le patient sort le soir même ou le lendemain de l’intervention. Les
soins postopératoires réalisés en consultation sous contrôle
endoscopique sont capitaux, de même que les irrigations des fosses
nasales.
Le calibrage peut être retiré et remis en place en consultation
au prix d’une minime anesthésie locale.
Une alternative intéressante
consiste à mettre en place des pansements résorbables type Curasponge.
Complications
:
Le risque iatrogène existe au cours de cette chirurgie et est d’autant
plus inacceptable que l’indication opératoire est portée pour des
raisons fonctionnelles.
C’est dire l’importance de l’information
délivrée au malade et de l’entraînement et de la prudence de
l’opérateur.
Les complications sont essentiellement liées, soit à un défaut
d’orientation du chirurgien, soit à une gestuelle inadaptée :
mouvements d’arrachement, en particulier dans le cas d’un patient
déjà opéré chez lequel la cicatrisation fibreuse risque d’entraîner le
chirurgien à des gestes trop brusques susceptibles d’arracher la
racine d’un cornet.
Les complications les plus fréquentes sont liées à des fausses routes,
soit dans l’orbite, soit dans l’étage antérieur.
D’où la règle selon Stammberger de toujours déposer les fragments d’ethmoïdectomie
dans une cupule remplie de sérum physiologique. Les débris
muqueux et osseux coulent au fond de la cupule.
En revanche, la
graisse orbitaire ou le tissu cérébral (sic) flottent : tout fragment
flottant dans la cupule doit immédiatement alerter le chirurgien ou
la panseuse.
A - EFFRACTION DE LA PAROI D’ORBITE
:
Deux cas de figure se présentent : soit il s’agit d’une fausse route
importante dans l’orbite, aux conséquences souvent désastreuses.
L’arrêt de l’intervention s’impose alors avec un examen
ophtalmologique au plus vite ; soit il s’agit d’une effraction mineure
de la périorbite, sans véritable pénétration dans l’orbite, comme cela
peut se produire au cours de l’incision de l’apophyse unciforme.
Si
l’opérateur l’identifie immédiatement, en fonction de son expérience,
l’intervention pourra être poursuivie (hernie graisseuse modérée) en
prenant garde à ne pas manipuler la graisse.
La difficulté consiste
alors à compléter l’ethmoïdectomie tout en évitant que la hernie
graisseuse ne vienne obturer l’ethmoïde antérieur.
Cette dernière
complication, qualifiée en a parte de simple « incident opératoire »
par un chirurgien anglo-saxon renommé, n’a en général pas de
conséquence fâcheuse, à l’exception d’une ecchymose palpébrale
postopératoire.
Trois précautions s’imposent : éviter l’application
dans le couloir ethmoïdal de tout onguent lipidique (crème
cortisonique), ne pas mécher ou du moins éviter tout tampon
expansible, et enfin avertir le patient d’éviter tout effort de
mouchage violent dans les jours suivant l’intervention.
B - HÉMORRAGIE
:
En peropératoire, elle peut être diffuse ou localisée.
Diffuse, elle traduit le plus souvent un manque de préparation
médicale du patient avec inflammation muqueuse persistante, ou
encore une pression artérielle trop élevée.
Il y a alors intérêt à
stopper momentanément l’intervention en tamponnant la cavité
opératoire avec une compresse dépliée imprégnée de sérum adrénaliné.
Localisée, elle traduit une plaie artérielle.
Le plus souvent, il s’agit
de l’artère sphénopalatine ou de l’une de ses branches.
Elle peut
être coagulée à la pince bipolaire ou encore clipée.
À ce propos,
rappelons l’intérêt de ne pas couper trop court la queue du cornet
moyen lors d’une turbinectomie moyenne, et d’éviter des
décollements muqueux intempestifs sur la paroi externe de la fosse
nasale en arrière de la méatotomie moyenne.
Rarement, l’artère
saigne au ras du trou sphénopalatin car elle a été blessée juste à son
émergence.
Il faut alors recourir à une coagulation monopolaire sur
un crochet courbe gainé, avec le risque de blesser le nerf sousorbitaire
dans son trajet dans la fosse ptérygopalatine à son
émergence du foramen rond.
L’artère ethmoïdale postérieure est exceptionnellement lésée, au
contraire de l’artère ethmoïdale antérieure.
Ceci tient au fait que si
la plupart du temps cette dernière est incluse dans l’épaisseur de la
base du crâne, elle siège parfois dans un canal situé sous le plan de
la base du crâne, susceptible d’être lésé au cours de la dissection.
Le
premier réflexe du chirurgien lorsque survient un saignement au
niveau de l’ethmoïde antérieur est de suspecter une fausse route au
travers de la dure-mère.
En l’absence de fausse route, ce
saignement peut être contrôlé par une hémostase à la bipolaire.
Le
danger tient en fait au risque de rétraction de l’artère lésée dans
l’orbite, susceptible de générer un hématome orbitaire compressif
nécessitant une décompression d’orbite par voie externe.
Dans
notre expérience, cette complication n’est jamais survenue car le
dogme est de disséquer le long du cornet moyen, autrement dit loin
de l’orbite tant que l’artère ethmoïdale n’est pas identifiée.
Quant
aux rares hémorragies issues de l’artère ethmoïdale antérieure, elles
n’ont jamais eu de conséquence notable.
C - FAUSSE ROUTE VERS L’ÉTAGE ANTÉRIEUR
:
Celle-ci se produit, d’après la littérature et d’après l’expérience de la
Garde centrale d’ORL d’Île de France, essentiellement à la jonction
entre la paroi postérieure du sinus frontal et le toit de l’ethmoïde.
C’est dire l’importance d’une analyse préopératoire minutieuse du
scanner en coupes coronales et d’une dissection exsangue et
prudente à ce niveau, sous contrôle de la vue.
La fausse route à ce
niveau fait courir un risque, d’une part de méningite et d’autre part
et surtout d’hémorragie par lésion d’un vaisseau intracérébral.
Elle
doit donc être identifiée au plus tôt pour éviter tout geste agressif.
En fonction de son importance, la brèche doit être colmatée, soit par
un greffon muqueux, soit par un montage composite associant un
fragment d’aponévrose, un taquet osseux ou cartilagineux et un
greffon muqueux prélevés aux dépens d’un cornet inférieur ou du
septum, le tout étant ensuite recouvert de colle biologique puis de
pansement hémostatique résorbable.
Ce geste de colmatage est un
geste techniquement difficile qui requiert d’avoir dégagé les berges
de la brèche en complétant l’ethmoïdectomie antérieure.
Une antibioprophylaxie visant à prévenir une méningite (céphalosporine
de première génération type Kéfandol) est alors administrée durant
24 heures puis arrêtée.
Le patient est ensuite surveillé durant 5 jours
en hospitalisation, en recherchant un défaut d’étanchéité attesté par
une rhinorrhée claire (aspect en cocarde sur la mouchette), ou encore
des signes de méningite.
D - RHINORRHÉE CÉRÉBROSPINALE
:
Indépendamment de la fausse route avérée, ce type de
complication peut survenir à la suite d’un arrachement de la racine
du cornet moyen, d’une section trop haute du cornet moyen
traversant des filets olfactifs, ou encore d’un arrachement de filets
olfactifs lors de l’exérèse de polypes au niveau de la fente olfactive
(geste dangereux à proscrire). Une éventuelle septoplastie associée
peut également entraîner une fracture au niveau de la lame criblée.
La rhinorrhée peut passer inaperçue durant l’intervention et n’être
révélée que secondairement par une méningite survenant quelques
jours plus tard.
C’est dire l’importance de prévenir le patient de cette
possible complication pour que la survenue d’un écoulement clair à
distance des lavages l’amène à consulter.
Il faut alors pratiquer un
scanner pour rechercher un éventuel defect osseux de la base du
crâne, et réintervenir le cas échéant.
E - BLESSURE DE LA VOIE LACRYMALE
:
La voie lacrymale peut être lésée lorsque la méatotomie moyenne
est poursuivie trop en avant.
Il ne s’agit pas d’une véritable
complication mais plutôt d’un incident opératoire dans la mesure
où des mesures simples permettent d’éviter toute séquelle.
Celles-ci
consistent à débrider minutieusement cette région lors des soins
postopératoires et à administrer durant 8 jours un collyre associant
un antibiotique et un corticoïde avec massage canthal interne après
chaque instillation.
En l’absence de traitement, l’évolution vers la
sténose peut nécessiter à distance une dacryocystorhinostomie.
F - CÉCITÉ
:
Ce risque fait toute la gravité potentielle de cette chirurgie.
La cécité
peut répondre à plusieurs mécanismes.
Il peut bien sûr s’agir d’une
blessure directe du nerf optique dans le sinus sphénoïdal ou encore
dans la cellule d’Onodi, ou encore d’un trait de fracture irradié
entraînant un hématome dans le canal optique.
La coque du canal
peut en effet être très fine et la cloison entre la cellule d’Onodi et le
sinus sphénoïdal est souvent implantée sur le canal optique.
Dans
ces cas-là, une décompression peut théoriquement être pratiquée
dans les toutes premières heures suivant l’accident, mais le pronostic
est malheureusement très mauvais.
Une blessure de la paroi interne
d’orbite en arrière se traduit par une plaie du muscle droit interne
et peut entraîner un hématome rétrobulbaire responsable d’une
compression du nerf optique : là encore une décompression d’orbite
peut être requise.
Enfin, notons que les infiltrations nasales de
vasoconstricteurs peuvent entraîner un spasme, voire une occlusion
de l’artère centrale de la rétine.
Soins postopératoires
:
La chirurgie endoscopique impose des soins postopératoires
minutieux de la part du patient qui doit effectuer des lavages
fréquents et intensifs de ses fosses nasales au sérum physiologique
durant plusieurs semaines, et de la part du chirurgien qui, sous
endoscope, doit effectuer des gestes locaux pour guider au mieux la
cicatrisation et éviter la survenue de synéchies, en particulier lorsque
le cornet moyen a été préservé.