Aspects immunologiques de la gestation Cours de
Gynécologie Obstétrique
Mise en place des acteurs
:
A - EMBRYON :
Dès que la fécondation a eu lieu, l’expression des gènes, y compris
celle des gènes de la réponse immune, dont les gènes human leucocyte
antigen (HLA), se déroule selon un calendrier précis.
Deux arguments
témoignent de l’expression des antigènes de transplantation par
l’embryon : expérimentalement chez la souris, l’embryon, s’il est
extrait de son enveloppe trophoblastique, est rapidement rejeté après
réimplantation dans la capsule rénale ; les cellules maternelles qui
passent dans le compartiment foetal peuvent entraîner, dans certaines
conditions, une réaction dite « de greffon contre l’hôte ».
Cette réaction
n’est possible que si les cellules maternelles ont reconnu les antigènes
HLA foetaux.
Les antigènes HLA de classe I dits « classiques » sont
exprimés sur l’embryon humain dès le stade de deux cellules.
Leur
fonction de présentation des antigènes pourrait être inefficace par
défaut d’expression des peptides transporteurs (PAP 1 et PAP 2).
Ils
pourraient être impliqués dans la différenciation et la division
cellulaires.
Cependant, le foetus n’est jamais en contact direct avec les tissus
maternels.
La plupart des mécanismes agissent à l’interface foetomaternelle à trois niveaux :
– le trophoblaste extravillositaire, qui envahit la decidua basalis où
il rencontre les effecteurs maternels de l’immunité ;
– les artères spiralées, sur lesquelles les cellules endothéliales
maternelles sont progressivement remplacées par le trophoblaste endovasculaire ;
– le syncytiotrophoblaste, qui tapisse la surface des villosités et est
en contact direct avec le sang maternel dès la douzième semaine de
grossesse.
B - TROPHOBLASTE :
Le placenta pourrait être une barrière mettant à l’abri le foetus.
Cette barrière, chargée négativement, est riche en acide sialique et mucopolysaccharides.
Les hormones human chorionic gonadotrophin
(hCG) et human placental lactogen (hPL), elles-mêmes glycoprotéines,
se fixent à cette barrière et renforcent la protection.
Au concept de
barrière passive de Medawar est opposé le concept actuel de
« placenta actif ».
1- Villosités choriales :
Les villosités choriales baignent dans le sang de la chambre intervilleuse.
Elles se composent d’un axe contenant la matrice extracellulaire, les vaisseaux foetaux, des fibroblastes et des
macrophages.
Cet axe est recouvert de deux couches de
trophoblastes avec, de dedans en dehors :
– le cytotrophoblaste, qui forme une couche d’abord continue, puis
de plus en plus incomplète avec l’évolution de la grossesse ;
– le syncytiotrophoblaste, qui recouvre complètement les villosités.
Certaines villosités se fixent sur la decidua ; il s’agit des villosités
crampons.
Le cytotrophoblaste de la zone d’insertion prolifère
énormément.
De ce trophoblaste proliférant vont migrer deux
populations de trophoblastes extravillositaires : le cytotrophoblaste
interstitiel et le trophoblaste endovasculaire.
2- Cytotrophoblaste extravillositaire :
Du trophoblaste migre dans la decidua où il s’entremêle aux cellules
déciduales ; il s’agit du trophoblaste interstitiel.
D’autres cellules
trophoblastiques vont remplacer les cellules musculaires et
l’endothélium des parois des artères spiralées.
Ce trophoblaste a été
baptisé « intravasculaire ».
3- Antigénicité du trophoblaste
:
Les antigènes du complexe majeur d’histocompatibilité (HLA chez
l’homme), jouant un rôle essentiel dans la reconnaissance du nonsoi,
ont suscité de nombreux travaux sur le trophoblaste.
Ni les
antigènes HLA de classe II, ni les antigènes HLA-A et -B, dits de
classe Ia ou classiques, ne sont exprimés par des populations
trophoblastiques.
Cette absence permettrait au trophoblaste
d’échapper aux effets potentiellement néfastes des cellules T
maternelles cytotoxiques.
L’étude de l’expression des antigènes HLA
de classe I permet de distinguer deux populations trophoblastiques :
– le trophoblaste villositaire qui n’exprime aucune molécule HLA
(HLA classe I -) ;
– le trophoblaste extravillositaire qui exprime des molécules HLA
de classe I (HLA classe I +).
Deux interfaces maternofoetales se distinguent antigéniquement :
– les villosités placentaires immunologiquement neutres en contact
avec le système immunitaire maternel circulant ;
– le trophoblaste extravillositaire (HLA classe I +), qui migre dans
la decidua en contact avec le système immunitaire utérin.
Plusieurs travaux, avant la découverte des antigènes dits non
classiques, évoquaient la présence, sur le trophoblaste extravillositaire, de deux antigènes HLA de classe I.
L’un des deux
antigènes exprimés, au poids moléculaire inhabituel pour un
antigène de classe I classique, est l’antigène HLA-G de classe I non
classique ou de classe Ib.
HLA-G est présent sur toutes les
populations de trophoblaste extravillositaire. Le nombre des cellules
positives diminue avec l’âge de la grossesse.
L’antigène HLA-G
présente deux grandes différences par rapport aux antigènes
d’histocompatibilité classiques HLA-A, -B, et -C :
– au cours de la transcription du gène HLA-G, un mécanisme appelé
épissage alternatif conduit à la formation d’au moins sept protéines
de structures différentes, sept isoformes ; quatre d’entre elles sont
des formes ancrées à la membrane cellulaire (HLA-G1, -G2, -G3 et
-G4) ; les trois autres, HLA-G5, -G6 et -G7, sont solubles et sécrétées
par la cellule ;
– les antigènes classiques sont très polymorphes (on connaît ainsi
une cinquantaine de versions de la protéine HLA-A, plus d’une
centaine de la protéine HLA-B et au moins 100 versions de HLAC)
; HLA-G ne varie pratiquement pas d’un individu à l’autre ;
seulement deux séquences protéiques différentes ont été décrites à
ce jour.
Les vaisseaux placentaires foetaux expriment HLA-G ; une
corrélation inverse est observée entre le calibre du vaisseau et
l’intensité de l’expression de l’antigène HLA-G ; cette expression est
spécifique des vaisseaux foetaux car elle est absente des vaisseaux
maternels spiralés.
Plus récemment, deux autres antigènes de classe I ont été identifiés
sur le trophoblaste extravillositaire.
Il s’agit de l’antigène HLA-C
(classe Ia) exprimé sur le trophoblaste endovasculaire et de
l’antigène HLA-E (classe Ib).
Contrairement aux autres cellules nucléées, les cellules du
trophoblaste extravillositaire expriment une association d’antigènes
HLA de classe I inhabituelle avec un antigène classique (HLA-C) et
deux antigènes non classiques (HLA-G et HLA-E).
Toute tentative
de formulation d’hypothèse immunologique de la relation maternofoetale doit tenir compte de cette spécificité.
C - DECIDUA :
La décidualisation touche toutes les populations cellulaires (les
glandes, les leucocytes et les artères) de la muqueuse utérine dans
laquelle migrent de nombreuses cellules d’origine médullaire.
Sans décidualisation, il n’y a pas d’évolution normale de la grossesse
humaine.
Trois populations principales de cellules lymphocytaires
sont identifiées dans la decidua : les lymphocytes T, les macrophages
et les cellules natural killers (NK).
1- Cellules stromales :
Les cellules stromales déciduales (DSC) (60 à 80 % des cellules
déciduales) proviennent de la prolifération et de la différenciation
(décidualisation) de précurseurs fibroblastiques (pré-DSC).
En
période sécrétoire, les cellules stromales se transforment. Leur taille
est quintuplée.
Les modifications morphologiques permettent leur
identification facile.
Deux modifications fonctionnelles, induites par
la progestérone, caractérisent les DSC :
– augmentation de la sécrétion de plusieurs protéines comme la
prolactine, la rénine, l’insulin like growth factor-1 (IGFBP-1) ;
– mise en place autour des cellules stromales de protéines de la
matrice extracellulaire (ECM) comme la fibronectine et la laminine,
habituellement présentes dans les membranes basales.
L’ECM et l’IGFBP-1 seraient le guide permettant la migration des
cellules trophoblastiques vers les artères et le myomètre.
La fibronectine et l’IGFBP-1 contiennent des séquences RGD (argininelysine-acide aspartique) qui sont des récepteurs pour les intégrines
a5b1 exprimées par le trophoblaste extravillositaire.
Ces DSC
interviennent dans les phénomènes immunitaires locaux :
– sécrétion de substances immunosuppressives ;
– production de cytokines ;
– phagocytose ;
– présentation des antigènes ;
– régulation de l’activation des macrophages.
Ces cellules possèdent des récepteurs pour la progestérone.
Cette
hormone réduit leur pouvoir de phagocytose et modifie la sécrétion
de cytokines, influant ainsi sur l’environnement de l’interface maternofoetal.
2- Cellules lymphocytaires
:
Les lymphocytes représentent 10 % des cellules de la muqueuse
utérine en phase proliférative et en début de phase sécrétoire.
Leur
proportion augmente jusqu’à 20 % en fin de cycle et 30 % en début
de grossesse.
Cette augmentation touche essentiellement les grands
lymphocytes granuleux (large granular lymphocyte [LGL]), qui sont
des cellules NK contenant de nombreux granules
intracytoplasmiques.
Seul un contrôle strict des cellules
arrivant localement permet la présence élective des cellules
immunitaires (30 à 40 % des cellules déciduales).
Les cellules qui
entrent et sortent sont dûment sélectionnées.
* Cellules T
:
Soixante-dix pour cent des cellules T expriment le récepteur CD8.
Le rapport CD4/CD8 est inversé par rapport aux cellules T
circulantes.
Les cellules T sont moins nombreuses dans la decidua que dans l’endomètre.
Ces cellules expriment des marqueurs
d’activation que sont les antigènes HLA de classe II, le CD38, le
CD49a et le CD69.
Mais les cellules T déciduales ne répondent pas
aux alloantigènes in vitro.
Les cellules T reconnaissent les antigènes
grâce à un récepteur, le T-cell receptor (TγR), composé de deux
chaînes. Selon la nature des deux chaînes, deux types de récepteurs
sont identifiés : les TcRab et les TcRcd.
La majorité des cellules T
déciduales expriment le TγRab, seulement 5 % des cellules T
déciduales expriment le récepteur γδ.
Dans la decidua et dans le
sang, le nombre de cellules Tγδ augmente au cours de la grossesse.
Quatre-vingt dix-sept pour cent des cellules périphériques et la
totalité des cellules déciduales Tγδ expriment des marqueurs
d’activation, dont le récepteur à la progestérone.
Les cellules T déciduales ab interviendraient soit en libérant des
cytokines, soit en ayant une activité immunosuppressive.
L’activité
cytotoxique semble pouvoir être exclue, étant donné l’expression
antigénique particulière des cellules trophoblastiques.
Le répertoire de reconnaissance des cellules Tγδ est beaucoup plus
étroit que celui des cellules Tαβ.
Les cellules Tγδ
reconnaissent des
antigènes étrangers sans préparation par les cellules présentatrices
des antigènes (antigen presenting cell [APC]) et sans l’association aux
antigènes HLA.
La réponse des cellules T peut prendre deux directions : soit la voie
Th1, qui est celle de la cytotoxicité, soit la voie Th2, celle de la
réponse anticorps et de l’immunosuppression.
L’orientation vers
l’une ou l’autre voie est caractérisée par l’élaboration de cytokines
différentes : interféron (IFN) c pour Th1 et interleukine (IL) 3, 5 et 10
pour Th2.
Les cellules T orientées Th1 prédominent dans
l’endomètre non gravide, alors que dans la decidua les cellules
orientées Th2 sont majoritaires.
En revanche, aucune différence n’a
été observée dans le sang.
En phase lutéale, on observe dans
l’endomètre une augmentation progressive des cytokines dites Th2
(IL4, 5 et 10).
* Cellules NK :
Le nombre de cellules NK endométriales fluctue au cours du cycle
menstruel.
Dès le début de la grossesse, les cellules NK représentent
70 % des cellules lymphocytaires de la decidua.
Elles sont peu
nombreuses en phase proliférative du cycle, augmentent à partir de
l’ovulation et atteignent un pic quelques jours avant les règles.
Elles sont ensuite touchées par le phénomène d’apoptose (ou mort
cellulaire programmée).
Ces cellules, habituellement disséminées
dans le stroma endométrial, s’agrègent autour des glandes
endométriales et des artères spiralées durant la phase sécrétoire
tardive et dans la decidua.
Dans la zone d’implantation, elles sont
au contact du trophoblaste extravillositaire.
La présence de ces cellules NK est une particularité du début de la
grossesse ; elles diminuent à partir de la 20e semaine pour être
absentes à terme.
+ Morphologie et phénotype des cellules NK :
Les cellules NK utérines sont caractérisées par la présence de
granules intracytoplasmiques liés à la membrane cellulaire d’où leur
nom de LGL.
Ces granules contiennent les substances responsables
de la cytotoxicité (perforine, granzymes et TIA-1 [T-cell-restricted
intracellular antigen]).
Les granzymes étant fonctionnels, ces cellules
sont potentiellement agressives.
La decidua est originale puisqu’elle
contient de nombreuses cellules normalement circulantes et qui ne
se concentrent que dans les tissus en situation pathologique.
L’analyse des marqueurs cellulaires en cytométrie de flux montre
qu’il ne s’agit pas de cellules T typiques (CD3-), qu’elles font partie
de la famille des cellules NK (CD56+), mais diffèrent des cellules
NK circulantes (CD16-).
Les quelques cellules NK circulantes CD56bright, CD16- (moins de
10 % des cellules lymphocytaires circulantes), ne possèdent pas de
granulations, contrairement à celles présentes dans la decidua qui
en sont très riches.
Les NK déciduales partagent de nombreux traits
phénotypiques avec les cellules NK présentes dans le foie foetal.
Plusieurs auteurs, soulignant le phénotype particulier des cellules NK déciduales, ont proposé lors d’une réunion internationale de les
baptiser « uterine NK cell » (uNK).
+ Recrutement des cellules NK :
Le phénotype des cellules NK utérines lors du cycle menstruel et
celui des cellules NK déciduales sont identiques et indiquent que le
recrutement de ces cellules dépend plus de l’environnement utérin
que de la présence d’un embryon.
Les variations au cours du cycle
de la densité de la population des cellules NK suggèrent qu’une
influence hormonale contrôle ces mouvements.
Comme les cellules NK n’expriment pas de récepteurs hormonaux, les hormones ne
peuvent donc agir qu’indirectement, probablement par
l’intermédiaire des cellules stromales qui expriment les récepteurs à
la progestérone en fin de phase lutéale et pendant la grossesse.
Cette
idée de coopération est renforcée par l’observation de l’adhérence
mutuelle des cellules NK et des cellules stromales mises en culture.
Des zones de contact ressemblant aux gap-junctions ont été
visualisées à l’interface entre les cellules stromales et les cellules NK.
Elle est également renforcée par la prolifération des cellules NK
mises en présence de stroma irradié et de faibles doses d’IL2.
Les
cellules NK CD56+ prolifèrent in vivo en phase lutéale et dans la
decidua en début de grossesse (démontrée par le marqueur Ki-
67).
Le facteur stromal responsable de la prolifération est encore
inconnu.
L’IL2 est capable de stimuler, in vitro, la prolifération des
cellules NK qui expriment un récepteur spécifique. Le problème est
que cette cytokine n’est pas retrouvée localement.
Un autre candidat
en cours d’évaluation serait l’IL15 dont le récepteur spécifique partage une chaîne b et c avec le récepteur à l’IL2.
À la fois l’acide
ribonucléique messager (ARNm) IL15 et l’IL15 sont trouvés dans les
macrophages déciduaux. Les récepteurs à IL15 sont identifiés dans
la decidua et, durant la phase lutéale, l’IL15 induit une
prolifération des cellules NK déciduales, phénomène bloqué par un
anticorps anti-IL15.
De plus, il est incapable d’activer les cellules NK à devenir cytotoxiques vis-à-vis du trophoblaste,
contrairement à l’IL2 qui peut rendre les cellules NK cytotoxiques
vis-à-vis du trophoblaste.
L’adhésion des cellules NK sur les cellules stromales pourrait se faire
de plusieurs manières :
– par une liaison « matrice-intégrines » ; les cellules NK déciduales
expriment un répertoire de
β1 intégrines différent de celui des
cellules NK circulantes ; les cellules NK du premier trimestre
expriment les récepteurs à la fibronectine,
α4β1,
α5β1, et un
récepteur à la laminine
α1β1 ; les cellules NK déciduales adhèrent
facilement à de la fibronectine in vitro ; cette adhérence est bloquée
par un anticorps spécifique des chaînes
α4,
α5 et
β1 ; la decidua
contient de la fibronectine dont la concentration est contrôlée par la
progestérone ;
– par l’intermédiaire de récepteur spécifique des antigènes HLA de
classe I ; avec la décidualisation, l’expression stromale des antigènes
HLA augmente et les cellules CD56+ se rassemblent dans la decidua
dans les zones riches en molécules HLA ; in vitro, la progestérone
augmente l’ARNm intracellulaire des antigènes HLA de classe I des
cellules stromales en culture.
Non seulement le stroma de la decidua aurait une importance sur le
recrutement, la survie et la prolifération des cellules NK, mais il
modifie leur comportement biologique.
La coculture de cellules NK
déciduales et de cellules stromales augmente la sécrétion de
certaines cytokines comme granulocyte macrophage-colony stimulating
factor (GM-CSF) et le leukemia inhibitory factor (LIF).
La densité d’une population cellulaire résulte d’un équilibre entre la
prolifération et la mort cellulaire.
Des signes morphologiques
d’apoptose sont observés dans l’endomètre 2 ou 3 jours avant les
règles.
Ces cellules NK en apoptose n’apparaissent pas dans
l’endomètre lutéal tardif des femmes enceintes.
Elles ne se détruisent
que si la grossesse n’évolue pas. La protéine Bcl-2 protège les cellules
de l’apoptose.
Une étude en double marquage montre la richesse
des cellules NK CD56bright déciduales en Bcl-2.
L’expression du gène
Bcl-2 par les cellules endométriales est parallèle à celle des CD56.
La
culture des cellules déciduales en présence de stroma et d’IL2
augmente fortement la concentration cellulaire de Bcl-2.
L’IL2
étant normalement absente, le rôle serait tenu par l’IL15, qui, même
à faible concentration, induit la survie des cellules NK CD56bright en
culture, tout en augmentant l’expression de Bcl-2.
+ Récepteurs des cellules NK :
Les principales fonctions des cellules NK in vivo, la cytotoxicité et
la sécrétion de cytokines, sont régulées par les récepteurs pour les
antigènes HLA de classe I.
Ces récepteurs ont été découverts après
l’observation que les cellules NK étaient capables d’éliminer des
tumeurs cellulaires n’exprimant pas les protéines HLA de classe I.
Les récepteurs des cellules NK, qui fixent les antigènes HLA,
appartiennent à trois catégories : les hétérodimères CD94/NKG2, les
récepteurs KIR (killer immunoglobulin like receptors) et ILT (ig-like
transcripts).
– Récepteurs CD94/NKG2.
Il s’agit de lectines qui lient les molécules HLA-E.
Une molécule
CD94 invariable est associée à une petite molécule variable de la
famille des NKG2 (NKG2A ou NKG2C). CD94/NKG2A fournit un
signal inhibiteur, tandis que CD94/NKG2C est activateur.
La
différence réside dans une longueur différente de la portion intracytoplasmique de la molécule NKG2 (longue pour la molécule
NKG2A inhibitrice et plus courte pour NKG2C activatrice).
La partie
plus longue de NKG2A inclut un inhibiteur des récepteurs à la
tyrosine (immunoreceptor tyrosine-based inhibition [ITIM]).
NKG2C
qui ne contient pas ITIM, possède une région chargée
transmembranaire liant une molécule signal, DAP (death associated
protein) -12, qui inclut un activateur des récepteurs à la tyrosine
(immunoreceptor tyrosine-based activation [ITAM]).
HLA-E a plus
d’affinités pour le récepteur CD94/NKG2A inhibiteur que pour le
récepteur CD94/NKG2C activateur.
– Récepteurs spécifiques des antigènes HLA de classe I de la famille des
immunoglobulines (KIR).
Les récepteurs KIR sont le produit d’une dizaine de gènes.
La partie
extracellulaire comprend deux (KIR2D) ou trois (KIR3D) domaines
dits « immunoglobulin-like ».
Les antigènes HLA-C sont reconnus par
le récepteur KIR2C.
Comme les récepteurs CD94/NKG2, la longueur
du domaine intracellulaire peut être longue ou courte,
correspondant à des formes activatrices ou inhibitrices.
Les formes
courtes, activatrices, sont associées à l’ITAM contenant DAP12
(KIR2DS).
Les formes longues, inhibitrices, contiennent ITIM
(KIR2DL).
– Récepteurs ILT.
La famille des récepteurs ILT comprend au moins huit membres,
distingués par des domaines différents, certains sont activateurs,
d’autres inhibiteurs.
Contrairement aux récepteurs KIR dont
l’expression est réservée aux cellules NK, les récepteurs ILT sont
trouvés sur d’autres types cellulaires, cellules B, cellules T.
Seuls
deux membres de la famille NK (ILT2 et ILT4) lient les antigènes
HLA de classe I, et plus particulièrement HLA-G.
+ Interaction des cellules NK avec les antigènes HLA trophoblastiques
:
Les cellules NK étant capables de reconnaissance allogénique, elles
ont été pressenties comme étant le détecteur de la présence du foetus
semi-allogénique.
Les contacts sont étroits entre ces cellules NK et le
trophoblaste extravillositaire, et des récepteurs capables de
reconnaître les molécules HLA-G, HLA-C et HLA-E ont été identifiés
sur les cellules NK.
Les cellules NK déciduales (CD56brightCD16-) expriment cinq fois
plus de récepteurs CD94/NKG2A (inhibiteurs) que les cellules NK
circulantes.
NKG2C est exprimé sur les cellules NK déciduales ; la
coexpression des NKG2A et NKG2C n’a pas été étudiée.
Quatrevingt-quinze pour cent des cellules déciduales lient le tétramère
soluble de HLA-E.
Les cellules NK déciduales expriment les récepteurs KIR2D
spécifiques pour HLA-C.
Le répertoire des cellules NK déciduales
et celui des cellules NK circulantes semblent identiques.
Seules des
différences d’intensité d’expression entre les deux populations
cellulaires ont été mises en évidence.
En utilisant des anticorps
monoclonaux GL183 et EB6, spécifiques des récepteurs KIR2D, il a
été montré que vers 8 à 10 semaines de grossesse 50 à 80 % des
cellules NK déciduales expriment KIR2D, contre seulement 5 à 20%
des cellules NK circulantes.
Les cellules NK déciduales seraient
orientées vers la reconnaissance des molécules HLA-C.
La présence d’un récepteur pour HLA-G est contestée. Les premiers
travaux affirmant que les récepteurs KIR spécifiques pour HLA-A
ou HLA-B peuvent fixer HLA-G n’ont pas été confirmés.
Les
données démontrant que CD94/NKG2 reconnaît HLA-G sont
remises en question depuis la mise en évidence de la coexpression
de HLA-E durant les expériences de cytotoxicité utilisées.
HLA-G
pourrait avoir une influence, car la molécule HLA-E possède une
grande affinité pour une protéine dérivée du gène HLA-G.
Les membres de la famille des récepteurs ILT2 fixent une grande
variété de molécules HLA dont HLA-G.
La molécule HLA-G se
lie à un petit nombre de cellules circulantes, mais pas aux cellules
NK circulantes.
La liaison de HLA-G se fait par l’intermédiaire des
récepteurs ILT, essentiellement par les ILT4, les récepteurs ILT2 ne
participant que quand ils sont fortement exprimés.
ILT2 est
exprimé par 20 à 25 % des cellules NK déciduales, ILT2 et ILT4 sont
présents sur tous les macrophages déciduaux.
Ces résultats
suggèrent que HLA-G intervienne plutôt dans le comportement des
macrophages.
Un des récepteurs KIR orphelin (KIR2DL4) (sans ligand reconnu) lie
HLA-G.
Des lignées cellulaires transfectées par HLA-G ne sont plus détruites par des cellules NK exprimant KIR2DL4, alors qu’elles
le sont si elles sont transfectées par d’autres molécules HLA.
La
structure de KIR2DL4 est différente de celle des autres KIR,
puisqu’elle possède un domaine intracytoplasmique de type ITIM
(inhibiteur) mais aussi un résidu chargé capable de fixer un ITAM
(activateur).
Ce récepteur aurait un comportement « schizophrénique
», parfois activateur, parfois inhibiteur.
Ce récepteur serait une
exclusivité des cellules déciduales ; il n’est exprimé sur aucune
cellule circulante.
+ Cellules NK et perforine :
Quatre-vingt-quinze pour cent des NK contiennent de la perforine,
médiateur de la cytotoxicité cellulaire.
La perforine est une protéine
cytotoxique stockée dans les granules des cellules cytotoxiques (NK
et cytotoxic T lymphocyte [CTL]) avec la granzyme-serine-estérase.
La perforine troue les membranes cellulaires des cellules cibles avant
l’induction d’une apoptose.
L’interface foetoplacentaire aurait la plus
importante concentration de perforine de l’organisme, que ce soit
en situation physiologique ou pathologique, ce qui pose la question
de leur rôle dans la grossesse.
La perforine pourrait protéger la mère d’une invasion
trophoblastique.
La décidualisation s’accompagne du recrutement
de cellules NK riches en perforine qui pourrait limiter l’invasion
trophoblastique.
La reproduction normale des souris déficientes en perforine ne confirme pas cette hypothèse.
Dans la decidua, les
cellules les plus riches en perforine sont les cellules NK CD3-, CD16-,
CD56bright.
Bien que riches en perforine, les cellules déciduales
NK56+ sont peu cytotoxiques vis-à-vis du trophoblaste, mais sont
actives contre les cibles classiques des cellules NK.
Les macrophages déciduaux et les cellules stromales augmentent
l’expression de la perforine et empêchent la dégranulation des
cellules NK.
L’IL15 produite par les cellules trophoblastiques et
les macrophages déciduaux activés pourrait participer à cette
régulation.
La progestérone, aux concentrations rencontrées, dans le
placenta module l’expression de la perforine dans les cellules
déciduales.
* Cellules NKCD56+ et c/dTcR+
:
Dans la decidua, une proportion importante des cellules CD56+
exprime également le récepteur TcRcd.
Des cellules NK CD56+
c/dTcR possédant des récepteurs à la progestérone ont été identifiées
dans la decidua.
* Macrophages :
La population des macrophages présents dans l’endomètre non
gravide augmente en période prémenstruelle.
Souvent isolés, ils sont
parfois inclus dans les agrégats lymphocytaires.
Les macrophages
déciduaux humains sont en contact intime avec le trophoblaste extravillositaire invasif.
Les macrophages déciduaux, qui expriment les antigènes HLA de
classe II, ont un rôle dans la préparation et la présentation des
antigènes.
Ils sont capables de phagocytose et contiennent des
enzymes de dégradation (phosphatase acide, estérase non
spécifique, lysine).
Munis de ces possibilités, ils sont probablement
les principaux agents de nettoyage de l’endomètre non gravide et
participent activement à l’élimination des débris tissulaires et des
cellules secondaires à l’envahissement trophoblastique.
Les
macrophages déciduaux produisent des prostaglandines E2 (PGE2)
et F2a (PGF2a) et sont également capables de sécréter et de réagir à
de nombreuses cytokines comme l’IL1, le tumor necrosis factor (TNF)
a, l’IL6 et le transforming growth factor (TGF) b.
Les cellules
dendritiques, sentinelles du système immunitaire, acteurs majeurs
dans l’activation des cellules T en réponse aux agents infectieux et
aux antigènes de transplantation, sont nombreuses dans des endroits
sensibles comme la peau et les muqueuses.
Des cellules dendritiques
(CD45+, CD40+, HLA-DR++ et CD83+) sont identifiées en nombre
important dans la decidua de début de grossesse.
Ces cellules
dendritiques déciduales ont un pouvoir immunostimulant au moins
égal à celui des cellules dendritiques périphériques.
Les macrophages villositaires, appelés « cellules de Hofbauer »,
induisent une prolifération des cellules trophoblastiques et la
sécrétion des hormones placentaires hPL et hCG.
Le vascular
endothelial growth factor (VEGF) et le macrophage-colony stimulating
factor (M-CSF) sécrétés par les macrophages seraient responsables
de ces actions positives.
L’ARNm IL15 et sa protéine sont présentes dans les macrophages
déciduaux.
L’IL15 stimule la prolifération des cellules NK
déciduales et augmente leur pouvoir cytotoxique vis-à-vis des
cellules cibles K562, sans augmenter celle vis-à-vis du trophoblaste
qui reste résistant.
Les macrophages auraient le pouvoir
d’augmenter l’expression de perforine dans les cellules NK
voisines.
Mécanismes de protection
et reconnaissance par la mère :
La moitié du génome foetal provient du père.
Le foetus synthétise
des antigènes qui vont être considérés comme étrangers par le
système immunitaire maternel.
Des cellules foetales et des molécules
antigéniques potentiellement immunogènes sont détectées dans la
circulation maternelle.
Ces cellules et ces molécules seraient libérées
dans la circulation maternelle lors de la rupture de l’extrémité des
villosités pendant la prolifération trophoblastique.
De nombreuses
observations témoignent de la reconnaissance de la grossesse par le
système immunitaire de la mère :
– des lymphocytes de souris primigestes prolifèrent en présence de
cellules foetales tandis que des lymphocytes de souris nulligestes ne
répondent pas ;
– des anticorps dirigés contre les antigènes paternels apparaissent
chez les multipares ;
– des anticorps dirigés contre la molécule trophoblastique, R80K
chez l’humain ou PA chez le rat, apparaissent ; la présence de ces
anticorps n’induit pas de cytotoxicité antibody dependant cell
cytotoxicity (ADCC) vis-à-vis du trophoblaste ;
– la présence de lymphocytes positifs pour les récepteurs à la
progestérone indique un état d’activation de ces cellules.
A - RÔLE DES MOLÉCULES HLA-G, HLA-E ET HLA-C :
1- Rôle de l’HLA-G villositaire :
*
Premier rôle
:
Ce serait un rôle de protection.
Les cellules NK contrôlent probablement la migration et
l’envahissement du trophoblaste.
Pour régler leur fonction, elles
expriment en surface des récepteurs qui, lorsqu’ils ont fixé leur
ligand, impulsent un signal d’activation ou d’inhibition.
Les ligands
de ces récepteurs sont les antigènes HLA de classe I.
En l’absence
d’antigènes HLA, les cellules cibles des cellules NK sont détruites.
La transfection des cellules cibles expérimentales des cellules NK,
les cellules 7211 221, avec le gène de HLA-G ou de HLA-Cw6 leur
permet d’exprimer des molécules HLA-G et HLA-Cw6 et les rend
résistantes vis-à-vis des cellules NK.
Une des fonctions des
antigènes HLA exprimés sur le trophoblaste serait de bloquer la cytotoxicité des cellules NK présentes.
L’inhibition des NK
CD94/NKG2A est directement liée à la coexpression sur le
trophoblaste de HLA-G, HLA-C et HLA-E.
D’après nos
connaissances actuelles, un trophoblaste exprimant HLA-G, HLA-E
et deux spécificités HLA-C (Cw3 et Cw4) aurait la protection
maximale vis-à-vis des cellules déciduales.
Le rôle protecteur est
remis en question par une expérience de cytotoxicité où la cible est
le trophoblaste.
L’adjonction d’anticorps anti-HLA-G, anti-CD94/NKG2, anti-ILT2 et anti-KIR n’entraîne pas de cytotoxicité.
Un autre mécanisme pourrait protéger le trophoblaste.
L’expression de HLA-G par les cellules trophoblastiques pourrait les
protéger des effets délétères de l’IL-2.
Dans la prééclampsie, au
défaut d’invasion trophoblastique s’associe un défaut d’expression
des antigènes HLA-G et une présence anormale de IL2 dans la
decidua.
* Second rôle
:
Ce serait une orientation vers la réponse de nature Th2.
* Troisième rôle
:
Ce serait une défense antivirale.
La conformation spatiale de la molécule d’HLA-G est compatible
avec une fonction de présentation de l’antigène aux cellules
immunitaires.
HLA-G fixe les peptides produits de la dégradation
des antigènes par les cellules présentatrices de l’antigène.
Il peut se
lier à CD8.
L’immunisation d’une souris triplement transgénique
(HLA-G ; b-2-microglobuline ; CD8) avec un peptide fixant
spécifiquement la molécule HLA-G entraîne l’apparition de cellules
T cytotoxiques.
Les virus qui infectent le placenta sont
relativement peu nombreux.
La pauvreté du répertoire proposé par
les molécules HLA-G peut être suffisante pour présenter les peptides
viraux.
Certains virus pourraient contourner ces mécanismes en
inhibant l’expression de HLA-G par les cellules trophoblastiques.
La
protéine ICP 47 produite par l’herpès virus inhibe la migration des
molécules d’HLA-G en surface en agissant sur les transporteurs
(transporter associated protein [TAP]).
À l’inverse, les protéines du
cytomégalovirus (US11 et US2), qui habituellement dégradent les
molécules HLA exprimées en surface, ne sont pas capables de
dégrader les molécules d’HLA-G.
2- Rôle de l’HLA-G soluble
:
Le cytotrophoblaste extravillositaire, en particulier le trophoblaste
endovasculaire, sécrète la forme soluble de HLA-G.
Le passage
systémique de HLA-G participerait à l’état temporaire de tolérance
vis-à-vis d’antigènes paternels.
In vitro, des lymphocytes
déciduaux mis en culture avec des cellules trophoblastiques ne
prolifèrent pas.
L’HLA-G soluble additionné à des réactions
lymphocytaires mixtes bloque la prolifération. L’HLA-G soluble
pourrait se fixer sur les cellules T cytotoxiques C8+.
La liaison de HLA-G, soit sur la molécule CD8, soit sur le récepteur TcR,
entraîne la synthèse et la libération du ligand du récepteur Fas qui,
à son tour, fixe le récepteur, ce qui induit un signal d’apoptose,
mécanisme qui a été décrit pour certains antigènes HLA solubles de
classe Ia.
La forme soluble pourrait aussi influer négativement sur
la cytotoxicité des cellules NK.
B - RÔLE DES CELLULES Tγδ
:
Dans le modèle murin, le nombre des cellules T déciduales
exprimant le récepteur cd, plus élevé dans les grossesses
allogéniques que les grossesses syngéniques, retient l’attention.
Quels sont les antigènes qui activent ces lymphocytes ?
La
reconnaissance des antigènes se fait par l’intermédiaire des TcR, en
l’occurrence les récepteurs Tγδ.
La reconnaissance par ces cellules Tγδ est particulière :
– elle ne nécessite pas les antigènes de transplantation, puisque du
trophoblaste de souris déficiente en b2-microglobuline est
stimulant ;
– la molécule reconnue est commune aux mammifères, le
trophoblaste humain activant les cellules murines ; il pourrait s’agir
d’hydrates de carbone ; des différences de glycosylation du
trophoblaste ont été observées selon l’évolution favorable ou non de
la grossesse ; le trophoblaste des grossesses évolutives fixe fortement
la concanavaline A (une lectine fixant les glycoprotéines),
contrairement au trophoblaste des grossesses avortant.
La majorité des cellules Tγδ déciduales utilisent le récepteur Vδ1 et
peu le récepteur Vδδ2.
La majorité des cellules Tγδ périphériques
sont Vγ9δ2.
Les cellules Tγδ déciduales exprimeraient un récepteur
γδ (γ1δ1) différent du récepteur exprimé sur les cellules T
périphériques γ9δ2.
Le rapport Vγ1δ1 sur Vγ9δ2 dans le sang est
plus élevé lors des grossesses normales que lors des grossesses
évoluant vers l’avortement.
Les antigènes reconnus par les
récepteurs γ9δ2 et
γ1δ1 ne seraient pas les mêmes.
Les cellules
Tγ9δ2 sont moins cytotoxiques que les cellules Tγ1.
L’étude des fonctions attribuées à ces lymphocytes Tγδ est difficile
et a fourni des résultats contradictoires.
Certaines populations de
cellules (c1d1) libéreraient des cytokines protectrices comme IL12 et
TGFb2, d’autres, comme γ9δ2, des cytokines néfastes comme TNFa,
IL1 et IL2.
Christmas a montré que les cellules c9d2 produisent plus
de TNFa (aux propriétés abortives connues) que les cellules
Tag1d1.
L’activation par l’intermédiaire du récepteur c1d1
augmenterait l’expression des récepteurs à la progestérone et la
production d’IL10, et diminuerait l’activité des cellules NK.
La préincubation de lymphocytes de femmes enceintes avec des
anticorps c1d1 réduit l’activité NK, à l’inverse de l’incubation avec
un anticorps anti-γ9δ2 qui l’augmente. Dans le sang périphérique
des femmes ayant une grossesse évolutive, plus de 50 % des cellules
contenant de l’IL10 expriment le récepteur Tγδ.
Certaines cellules CD56+ déciduales expriment le récepteur Tγδ.
Après reconnaissance antigénique, ces cellules exprimeraient un
récepteur à la progestérone.
La liaison de la progestérone sur ces
récepteurs induit la sécrétion d’une substance immunosuppressive
baptisée progesterone induced blocking factor (PIBF).
Le PIBF a une
activité inhibitrice sur les cellules NK in vitro et aurait une activité
antiavortement in vivo.
La majorité des cellules CD56+ déciduales
contiennent du PIBF.
Certains auteurs, qui n’ont pas mis en
évidence de récepteur à la progestérone sur les cellules NK
déciduales, mais sur les cellules stromales, n’excluent pas que le
PIBF soit excrété par le stroma et ensuite internalisé par les cellules
NK.
Le PIBF a localement plusieurs effets :
– il réduit l’activité cytotoxique des cellules NK en bloquant la
libération de perforine ;
– il inhiberait la production de PG par les cellules NK en bloquant
la synthèse de l’acide arachidonique ; la diminution de production
d’IL12 induite par le PIBF serait due à une chute des PG ; le
traitement de souris gravide par un anticorps anti-PIBF entraîne une
nette augmentation de la synthèse d’IL12 que corrige
l’indométacine ; ces données coïncident avec les observations
cliniques qui montrent l’efficacité de l’aspirine dans le traitement de
certaines formes d’avortements à répétition, accompagnée d’une
hyperactivité NK.
Le TGFb2 est une substance immunosuppressive sécrétée par des
cellules déciduales dont l’arrivée semble être conditionnée par la
présence de cytotrophoblaste.
Dans les modèles animaux
d’avortements, en particulier dans le modèle murin CBA X DBA/2,
la decidua ne possède pas suffisamment de ces cellules fabriquant
du TGFb2.
La correction des troubles de la reproduction par
immunisation avec des lymphocytes paternels s’accompagne d’une
régularisation de l’immunosuppression déciduale induite par ces
cellules productrices de TGFb2.
Les cellules responsables de la
sécrétion de cette cytokine portent le récepteur Tγδ et ne
produiraient du TGFb2 qu’après reconnaissance du trophoblaste.
Une population de femmes souffrant d’avortements à répétition a
pu être identifiée, dont la decidua contient moins de cellules
sécrétant le TGFb2, déficit associé à une diminution des cellules
exprimant le récepteur TγR Vγ1.