Apport de l’étude en lumière polarisée des prélèvements anatomo-pathologiques de patients sarcoïdosiques

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Notre équipe s’intéresse à la sous-estimation du rôle des particules minérales dans les pathologies pulmonaires infiltratives et en particulier la sarcoïdose. Nous avons publié l’intérêt de l’examen en lumière polarisée dans des cas d’application de talc sur des plaies et un cas professionnel d’empoussièrement au talc dans une fabrique de bijou.

Nous avons étudié 41 cas de sarcoïdoses, hospitalisées ou vues en consultation de 1994 à 2003 au Centre Hospitalier Saint Joseph et Saint Luc, prouvées histologiquement.

Apport de l’étude en lumière polarisée des prélèvements anatomo-pathologiques de patients sarcoïdosiques

41 patients (21 hommes, 20 femmes) d’âge moyen de 42 ans ; 26 d’origine européenne, 10 d’origine nord africaine et 5 d’Afrique noire ; 22 stade 1, 3 stades 2, 10 stade 3 et 2 stade 4, 4 stades sans signe radiologique pulmonaire. 31 ont été vus en pneumologie, 6 en médecine interne, 3 en rhumatologie et un en gastro-entérologie. Le diagnostic est obtenu 22 fois par biopsie ganglionnaire, 9 fois par biopsie bronchique ou transbronchique, 5 fois par biopsie chirurgicale pulmonaire, 5 fois par biopsie cutanée. La recherche en lumière polarisée (LP) de particules biréfringentes par quatre services d’anatomie pathologie différents n’est réalisée spontanément que dans 15 cas sur 41 soit 36,5%. On note dans 7 cas la mise en évidence de corps bi-réfringents et dans 8 cas un examen négatif (dont un s’avérera positif à la relecture).

Dans 7 cas une étude en LP a été demandée secondairement du fait de la rediscussion d’un facteur d’empoussièrement et dans deux cas une exposition au talc a été évoquée.

Dans 4 cas la relecture demandée par l’équipe de pneumologie a permis de mettre en évidence des particules. Sur les 11 cas positifs, les biopsies ont porté 4 fois sur des adénopathies médiastinales, 5 fois des biopsies pulmonaires, 1 fois bronchiques et une fois cutanées.

Cette observation nous incite à rappeler les suspicions nouvelles sur le rôle de l’empoussièrement dans la sarcoïdose et l’apport potentiel de l’examen en lumière polarisée dont l’utilisation n’est pas systématique en pratique anatomopathologique.

Une bonne observation en lumière polarisée nécessite un microscope adapté, une lumière d’intensité maximum et un réglage optimum du condenseur. L’analyse doit se faire aux différents grossissements usuels et doit rechercher des aspects de fines particules parfois en amas réalisant une nébuleuse, ou des particules disséminées soit au sein du granulome soit dans la périphérie de celui-ci.

L’analyse peut se faire en lumière polarisée, elle apporte des informations quant à la forme, la couleur et le relief lié à l’indice de réfraction des particules. L’ajout d’un analyseur (qui est un deuxième polariseur) peut mettre en évidence des teintes de biréfringence correspondant à des particules cristallines.

Différents aspects peuvent être observés : fines particules, de l’ordre du micron, plaquettes évoquant le talc, « billes » d’amidon présentant une figure caractéristique en forme de croix de Malte… Cependant la teinte de bi-réfringence des particules minérales comparées avec le tissu environnant n’établit pas leur identité. D’autres particules peuvent donner des aspects de biréfringence telles les particules endogènes de carbonate de calcium ou oxalate de calcium.

Par ailleurs les particules sont souvent de trop petite taille pour permettre une description minéralogique complète, de plus certaines ont une biréfringence trop faible, voire nulle (particule isotrope comme le verre) pour être observées en lumière polarisée analysée. Ainsi la présence de quartz ou d’autres dérivés de la silice peut être difficile à mettre en évidence. L’absence de particules biréfringentes dans le prélèvement n’exclut pas cependant la présence de quartz ou d’autres dérivés de silice rendus invisibles au microscope optique du fait de leur petite taille. La poussière de charbon parfois associée peut obscurcir la teinte de la biréfringence.

Le plus souvent la mise en évidence d’une surcharge minérale au microscope optique en LP dans un prélèvement tissulaire pulmonaire ne préjuge ni de son identité ni de son caractère pathogène ; l’identification précise en requiert des techniques plus sophistiquées faisant appel à la microscopie électronique et à la micro-analyse.

Cependant, il nous semble que les pneumologues doivent continuer à demander aux anatomo-pathologistes de réaliser systématiquement une étude en lumière polarisée pour toutes les pathologies granulomateuses même si l’anamnèse n’évoque pas d’empoussièrement précis.

L’intérêt de cet examen est d’alerter le pneumologue sur une possible pathologie d’empoussièrement soit professionnelle, soit domestique (talcage, bricolage…). La reprise de l’interrogatoire peut permettre une prévention directe. Une étude épidémiologique avec cette technique ne paraît pas envisageable compte tenu de son manque de sensibilité et de spécificité, et est souhaitable avec des analyses minéralogiques faisant appel à des techniques de microscopie électronique et de microanalyse.

Ainsi la diversité des expositions, le caractère fortuit ou ancien de certaines, l’interrogatoire parfois incomplet du pneumologue peuvent faire mésestimer une pathologie d’empoussièrement qui serait évoquée par l’examen en lumière polarisée du prélèvement anatomo-pathologique.

1 COMMENTAIRE

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