Travail des alliages dentaires
Cours de Médecine Dentaire
Introduction
:
Les alliages et les procédés de mise en forme doivent
permettre la réalisation de pièces biofonctionnelles
complexes qui sont utilisées dans les techniques
restauratrices, prothétiques, orthopédiques
ou implantologiques.
Selon la directive 93/42/CEE sur les dispositifs
médicaux, les prothèses sont fabriquées suivant la
prescription écrite d’un praticien indiquant les caractéristiques
de conception spécifiques.
La mise
en forme relève du technicien de laboratoire, mais
ce dernier engage sa responsabilité légale et doit
donc veiller à toutes les étapes.
Nous pouvons distinguer différents procédés de
mise en forme d’un matériau :
• la fonderie : mise en forme à partir de l’état
liquide ;
• le frittage : mise en forme à partir de l’état
pulvérulent ;
• l’électrodéposition : mise en forme à partir de
sels d’alliages ;
• le façonnage : mise en forme à partir de l’état
solide.
Ce dernier procédé se divise en trois groupes :
• assemblage : soudage, brasage ;
• formage : mise en forme sans enlèvement de
matière ;
• usinage : mise en forme avec enlèvement de
matière (fraisage, électrosoustraction ...).
La réalisation d’une pièce prothétique métallique
nécessite l’utilisation de plusieurs des procédés
cités.
Leur succession constitue la « gamme de
fabrication » de la pièce : moulage par coulée
métallique, sablage, dégrossissage, usinage, rectification,
surfaçage, finition, superfinition par polissage,
lustrage et brillantage.
Sous l’impulsion des industriels, de laboratoires
de recherche et de laboratoires de prothèse, les
techniques de conception et de fabrication assistées
par ordinateur prennent une importance majeure
dans le domaine des prothèses dentaires.
Mais le développement de ces techniques s’oriente
actuellement vers la réalisation de reconstitutions
entièrement en céramique et concurrencent peu
les procédés actuels de mise en forme.
Ces techniques
ne sont pas abordées dans cet article.
Approche théorique
:
La notion de déformation, faisant suite à une sollicitation
physique (mécanique ou thermique), est
fondamentale pour la compréhension des phénomènes
régissant le travail des matériaux.
A - Notion de diffusion, d’écoulement
visqueux, de plasticité visqueuse
:
Aux températures élevées, les solides perdent leur
rigidité en raison de l’augmentation de l’agitation
thermique (qui est nulle à 0 °K ou -273,15 °C).
La diffusion est un déplacement aléatoire d’atomes
ou d’ions dans le réseau cristallin, provoqué
par l’agitation thermique.
La diffusion joue un rôle essentiel dans toutes les
étapes de préparation et de transformation, qu’il y
ait ou non changement de phase.
Pour les alliages chimiquement non homogènes,
la diffusion se manifeste par la disparition progressive
des gradients de concentration (tendance à
l’homogénéisation).
Ce type de diffusion (diffusion
chimique) est à l’origine des traitements superficiels
et thermochimiques des aciers.
La diffusion intervient également dans la fabrication
des pièces métalliques par frittage comme
dans les techniques d’assemblage par soudage.
B - Déformation des métaux :
Suivant la contrainte appliquée, un solide cristallisé
peut se déformer réversiblement (déformation
élastique) ou irréversiblement (déformation plastique).
Seules les déformations plastiques permettent
le travail des métaux, mais il faut noter que les
deux phénomènes, s’ils sont indépendants, sont
souvent associés.
Ainsi observe-t-on après déformation
une récupération élastique qui diminue la déformation
permanente :
déformation permanente =
déformation totale déformation élastique.
Une élévation de température a pour conséquence
une diminution du domaine élastique, ce
qui explique partiellement le travail plus aisé des
métaux à chaud.
Les déformations plastiques sont le résultat, soit
de translations, soit de maclages.
Le mode par
translation est le plus fréquent et les glissements se
font le long des plans de grande densité atomique
dans les directions pour lesquelles la tension critique
de glissement est la plus faible (loi de Schmidt).
Fonderie de précision
:
A - Principe :
La coulée métallique ou fonderie de précision à la
cire perdue nécessite la réalisation d’une maquette
de la pièce métallique souhaitée.
Cette maquette
est habituellement réalisée en cire ou en résine
calcinable.
Après fixation d’une tige de coulée, la
maquette est investie dans un matériau réfractaire
(ou revêtement) qui va épouser parfaitement sa
forme.
Après solidification du revêtement, la maquette
est totalement éliminée par chauffage.
L’alliage en fusion est alors injecté dans le vide
ainsi créé.
Après solidification de l’alliage et destruction
du moule, la pièce métallique obtenue doit
être la reproduction la plus précise possible de la
maquette originale.
Les techniques de coulées à cire perdue sont
confrontées à deux problèmes majeurs : la variation
dimensionnelle de la cire ou de la résine utilisée
pour la réalisation des maquettes, ainsi que
celle des alliages utilisés pour leur reproduction.
Ces variations volumétriques, matérialisées par
une contraction linéaire lors du refroidissement
(estimées à 0,4 % pour la cire, 1,3 % pour les alliages
précieux et de 2,1 à 2,3 % pour les alliages non
précieux) doivent être compensées par une expansion
correspondante du revêtement compensateur
utilisé pour la réalisation des moules lors de la
fonderie de précision.
De nos jours, deux groupes d’alliages dentaires
sont utilisés : les alliages dentaires précieux et les
alliages dentaires non précieux.
L’or est le composant
principal des alliages précieux.
Il est associé à
d’autres métaux précieux (métaux de la mine de
platine : platine, iridium, osmium, palladium,
rhodium, ruthénium) ainsi qu’à de l’argent et de
petites quantités de métaux communs (cuivre, indium,
étain, zinc, etc.).
L’alliage ainsi constitué
présente les qualités physiques optimales pour chaque
domaine d’utilisation.
Parmi les alliages non
précieux, trois catégories sont utilisées : les nickelchrome
(molybdène), les cobalt-chrome (molybdène)
avec divers additifs modificateurs et le titane
commercialement pur.
Pour appréhender toute la complexité de la fonderie
de précision, nous serons amenés à aborder la
préparation de la maquette en cire en vue de sa
mise en revêtement, puis la mise en revêtement
proprement dite.
Enfin, nous détaillerons la fonte
et la coulée de l’alliage.
B - Préparation de la maquette en cire
:
La gestion contrôlée de la solidification des alliages
a pour but de diriger les zones à solidification lente
dans les endroits les plus appropriés, pour les isoler
par des zones à solidification rapide.
Le processus de solidification peut se résumer en
deux étapes.
L’alliage en fusion remplit la maquette, commence
sa solidification accompagnée d’une diminution
de volume et puise de l’alliage encore en
fusion dans la nourrice.
La nourrice se retrouve ensuite isolée par la
solidification accélérée du canal d’alimentation,
grâce aux refroidisseurs.
Les défauts de coulée se
concentrent alors vers le noyau de chaleur situé au
centre de la maquette.
Cette technique permet de
limiter les défauts de solidification (porosités, piqûres,
craquelures...) dans les régions où ils ne
peuvent affecter les qualités mécaniques de la
pièce prothétique.
1- Canaux d’alimentation
:
Leur rôle est de permettre le passage de l’alliage en
fusion depuis la nourrice jusqu’à la maquette à
couler et de l’isoler ensuite lors de la solidification,
grâce aux refroidisseurs.
Les canaux d’alimentation
sont fixés sur les éléments piliers et dans
les zones les plus fines (généralement la face vestibulaire
des pièces prothétiques).
Elles sont délicates
à couler du fait de leur finesse qui favorise un
refroidissement rapide.
Les canaux d’alimentation
sont positionnés selon un angle inférieur à 45 ° afin
de faciliter l’écoulement de l’alliage dans la maquette,
sans créer de turbulences qui retarderaient
le remplissage et favoriseraient les défauts métallurgiques.
2- Tiges de coulées :
Leur rôle est de conduire le plus rapidement possible
l’alliage en fusion dans la maquette à couler,
via la barre nourricière et les canaux d’alimentation.
Leurs formes peuvent être très diverses :
volants, triangles pleins ou encore râteaux.
Toutes
ces formes présentent des embranchements qui
doivent être arrondis pour éviter une érosion du
revêtement due à l’impact et au frottement de
l’alliage lors de son passage.
Les particules de silice
arrachées pollueraient et fragiliseraient l’alliage.
Pour éviter ces embranchements, la forme de barre
courbée en C permet de mener l’alliage rapidement
dans le moule sans rencontrer d’obstacle ou de
bifurcation.
Il ne se forme aucune turbulence, ce
qui optimise les qualités de la coulée.
3- Refroidisseurs ou évents
:
Le rôle des refroidisseurs est d’accélérer le processus
de solidification d’une zone critique afin de lui
assurer des qualités métallurgiques optimales
(structure homogène et dense, exempte de retraits
de coulées et de porosités).
Ils sont, par exemple, placés au niveau des canaux d’alimentation et des
connexions de bridges.
C - Mise en revêtement
:
1- Volume de revêtement :
Le volume et la forme de la masse réfractaire
enrobant la maquette à couler jouent un rôle prépondérant
dans la chauffe et le refroidissement de
l’ensemble.
Nous savons qu’un alliage solidifié rapidement
présente de meilleures propriétés mécaniques.
Il est donc logique d’éviter une masse réfractaire
trop importante dont l’inertie thermique
ralentirait le refroidissement.
Dans l’absolu, le
moule réfractaire devrait avoir sensiblement la
même forme que celle de la maquette.
Pour une
maquette de bridge, la forme ovale permet un
enrobage de réfractaire plus homogène.
Néanmoins,
les cerclages ronds sont les plus répandus
parce que plus anciens, mais n’offrent pas les avantages
du précédent.
Les masses réfractaires
n’étant pas réparties équitablement autour de la
maquette, la température varie énormément entre
son centre et ses extrémités.
2- Cerclages
:
Pour permettre la coulée du revêtement à l’état
liquide, il faut avoir recours à un moule qui lui
conférera sa forme.
Le cerclage peut être métallique
ou plastique.
Certains revêtements (principalement ceux à
forte teneur en cristobalite) ne supportent pas
d’être chauffés sans cerclage métallique sous peine
de se fendre lors de la chauffe.
La présence de cet
anneau induit automatiquement un effet inhibiteur
sur le revêtement réfractaire lors de ses différentes
expansions, surtout lors de l’expansion de prise,
malgré la présence de la bande compensatrice
d’expansion qui ne résout que partiellement le
problème.
A contrario, la plupart des revêtements modernes
à liant phosphate possèdent une remarquable
résistance aux chocs thermiques, ce qui permet la
coulée sans cerclage métallique.
Ils possèdent aussi
une expansion de prise très importante, qui oblige à
laisser cette expansion se faire librement dans toutes
les directions, afin de ne provoquer aucune
déformation de la maquette en cire.
La désinsertion
du moule réfractaire doit être effectuée dès
que le revêtement a atteint une viscosité suffisante
pour ne pas être déformé.
3- Nature du revêtement :
Pour la fabrication de prothèses selon le procédé de
coulée à la cire perdue, les masses d’enrobage doivent être adaptées aux compositions et aux propriétés
des différents alliages dentaires.
Les masses
d’enrobage se composent d’un matériau réfractaire,
la silice, d’un liant et d’autres produits chimiques.
Les variétés de silice les plus utilisées sont
le quartz et la cristobalite.
Le liant est un hémihydrate
de sulfate de calcium, un phosphate d’ammonium
ou un silicate colloïdal.
Un bon revêtement doit posséder les propriétés
suivantes :
• avoir un temps de travail suffisant (environ
4 minutes) ;
• avoir un temps de durcissement ni trop long ni
trop court (environ 3 minutes) ;
• être dur et solide ;
• présenter un état de surface aussi lisse que
possible sur l’objet de moulage ;
• ne pas se décomposer lors du préchauffage et
du coulage ;
• son comportement à l’expansion doit pouvoir
être contrôlé.
Trois mécanismes d’expansion sont exploités lors
des processus de durcissement et de préchauffage
des masses d’enrobage :
• l’expansion de durcissement ;
• l’expansion hygroscopique ;
• l’expansion thermique.
L’expansion de durcissement est une expansion
volumique qui a lieu pendant la prise de la masse
d’enrobage à l’air.
L’expansion hygroscopique a lieu lors du durcissement
en présence d’eau en excès.
Elle n’est
possible que pour les revêtements à liant hémihydrate
de sulfate de calcium.
L’eau présente en
excès provoque une expansion maximale lors de la
prise.
L’expansion thermique est l’augmentation de
volume de la masse d’enrobage au cours de la
montée en température lors de la préchauffe.
* Revêtement à liant plâtre (hémihydrate de sulfate
de calcium)
:
Dans le cas des masses d’enrobage à liant plâtre, il
s’agit d’un mélange de variétés de silice, de liant hémihydrate de sulfate de calcium (CaSO4
1/2 H2O).
Pendant la prise, la silice se place entre
les cristaux de plâtre en formation, entraînant une
expansion de durcissement. Lors du chauffage, le
revêtement se dilate.
L’expansion thermique varie
avec l’augmentation de la température et selon la
variété de silice.
La cristobalite entraîne une expansion
plus importante que le quartz.
Ces revêtements sont utilisés avec des alliages
de coulée à faible température comme les alliages
base or dont le liquidus se situe vers 1 000 °C.
La température de préchauffage maximale du cylindre est de 750 °C.
Au-dessus de 750 °C, en présence de carbone (issu de la maquette en
cire), le plâtre commence à se décomposer en dégageant du soufre.
Celui-ci contaminerait l’alliage d’or et fragiliserait la pièce
coulée.
D’autre part, les résidus de carbone peuvent réduire la porosité du
moule et provoquer ainsi, au moment de la coulée de l’alliage, une
contre-pression due à une mauvaise évacuation des gaz, avec pour
conséquence des manques ou la présence de porosités dans la coulée.
*
Revêtements à liant phosphate :
En raison de la décomposition du plâtre au-dessus de 750 °C, les
alliages qui nécessitent une température de fusion élevée (alliages
précieux pour céramique, alliages non précieux) sont coulés dans des
moules constitués de revêtement à liant phosphate.
La constitution de ces masses d’enrobage est semblable aux masses à
liant plâtre.
Elles sont également constituées d’un matériau
réfractaire, la silice, et d’un liant.
Celui-ci
est un mélange d’oxyde de magnésium et de phosphate
d’ammonium.
Après la cristallisation du
phosphate d’ammonium-magnésium, la masse
d’enrobage se renforce et durcit complètement.
Pendant le renforcement de la masse d’enrobage,
apparaît l’expansion de durcissement.
Elle varie en
fonction du rapport poudre/liquide.
Ces revêtements sont employés aussi bien pour
la coulée d’alliages précieux pour céramique que
pour les alliages précieux conventionnels.
* Revêtements à liant silicique
:
Ces revêtements se composent de poudre de silice
à laquelle on ajoute comme liant des silicates colloïdaux.
Les masses d’enrobage durcissent également
à température ambiante et sont ensuite
chauffées lentement à la température de préchauffage
du cylindre.
Les silicates se transforment alors
en silice et forment des masses solides et compactes.
Actuellement, ces revêtements ne sont employés
que rarement, car leur temps de durcissement
est bien plus long que celui des revêtements à
liant plâtre ou phosphate.
4- Mise en oeuvre
:
Après avoir mélangé manuellement la poudre avec
son liquide, la spatulation est terminée mécaniquement
sous vide afin d’éliminer les bulles d’air.
Il
convient ensuite de laisser reposer le mélange
quelques secondes sous pression atmosphérique
afin de le « détendre » et lui permettre d’évacuer
les gaz formés par la réaction chimique.
Puis la
maquette en cire (éventuellement badigeonnée
d’un agent mouillant) est badigeonnée délicatement
de revêtement à l’aide d’un pinceau, avec un minimum de vibrations.
Après quoi, le coffrage est
mis en place et rempli jusqu’à recouvrir la maquette
avec une épaisseur de 1 cm environ, si
possible sans faire vibrer l’ensemble, car les vibrations
sont génératrices de bulles d’air. Les revêtements
modernes sont suffisamment de basse viscosité
pour le permettre.
Au moment de la prise du revêtement, il se
forme un « glacis » de surface qui rend la couche
superficielle imperméable.
Ce glacis s’explique par
la sédimentation des particules lourdes, ne laissant
que les particules fines en surface.
Pour faciliter
l’échappement des gaz, il est recommandé d’éliminer
cette couche superficielle au taille-plâtre avant
d’insérer le moule réfractaire dans le four de
chauffe.
* Élimination de la cire
:
Si la cire est calcinée dans le moule au moment de
la chauffe, la majeure partie de cette cire
s’écoule, mais une fraction de celle-ci imbibe les
parois du revêtement avant d’être calcinée en y
laissant des résidus de carbone.
Ces résidus ne
peuvent pas être éliminés.
Pour pallier cet inconvénient, il existe différentes
méthodes pour éliminer les cires des moules
réfractaires avant leur mise au four, comme plonger
le cylindre dans de l’eau bouillante, chauffer le
cylindre dans le four de chauffe puis chasser la cire
liquide par la force centrifuge, ou enfin utiliser la
vapeur d’eau.
* Chauffe des moules réfractaires
:
La température de préchauffage du bloc réfractaire
est en relation avec l’intervalle de fusion des alliages
à couler.
En ce qui concerne les alliages précieux
à basse fusion destinés aux inlays, inlayscore,
couronnes, petits bridges et métallocéramiques
basse fusion, leur intervalle de fusion
se situe entre 800 et 1 000 °C.
Leur température de
préchauffage conseillée est de 650 à 700 °C.
Les alliages précieux destinés à la technique céramométallique ou les alliages non précieux
nickel-chrome, dont l’intervalle de fusion est situé
entre 1 050 et 1 350 °C, doivent impérativement
être coulés dans des revêtements à liant phosphate
préchauffés entre 780 et 820 °C.
Les inlays et inlays-core en particulier doivent être coulés dans
un revêtement sans expansion hygroscopique.
D - Fonte des alliages :
Actuellement, plusieurs méthodes sont utilisées
pour fondre les alliages avant leur coulée, de la plus
ancienne au chalumeau, aux systèmes électriques
plus récents comme la fonte par effet Joule ou par
induction.
Elles ont toutes leurs particularités.
L’utilisation d’une de ces techniques influence
aussi le choix du matériau constituant le creuset.
1- Procédés de fusion :
Les alliages précieux et non précieux, hormis le
titane, peuvent être fondus avec de nombreux procédés.
* Fusion à la flamme
:
La fusion des alliages s’effectue au moyen d’un
chalumeau alimenté avec un mélange gazeux de
propane et d’air, de gaz naturel et d’air, ou d’acétylène
et d’oxygène.
Ce procédé de fusion peut conduire à un chauffage
incontrôlé et irrégulier, et à une surchauffe de
l’alliage.
D’autre part, le réglage du chalumeau est
un facteur essentiel pour, d’une part protéger la
charge de l’oxygène de l’air et, d’autre part, pour
empêcher l’absorption d’hydrogène.
La qualité de
ce réglage dépend de l’expérience du prothésiste.
Une absorption d’oxygène ou d’hydrogène de la
part de l’alliage peut provoquer sa porosité.
Lors de la fusion à la flamme oxypropane, il faut
prendre soin d’éviter un excès de gaz ou d’oxygène
et de fondre de l’alliage en utilisant la zone réductrice
de la flamme.
Il est recommandé de
régler la pression du propane à 0,5 bar et l’oxygène
de 1,5 à 2 bar.
Les alliages de métaux précieux ne
doivent pas être fondus avec flamme oxyacétylénique
car la température de cette flamme est trop
élevée.
D’autre part, il y a risque d’absorption
d’hydrogène ou de carbone par l’alliage.
La fusion à
la flamme ne peut pas être utilisée pour le titane
car elle entraînerait sa contamination.
* Fusion par chauffage à effet Joule
:
La température de coulée est produite par une
résistance chauffée par le passage du courant.
L’avantage de cette technique par rapport à la
précédente consiste en la possibilité de régler la
température de coulée et de la maintenir par un
thermostat pour chaque alliage.
Celui-ci est donc
coulé exactement à sa température de fusion.
Une
surchauffe ou une sous-chauffe incontrôlées, et
donc une dégradation de l’alliage, sont dans une
large mesure éliminées.
* Fusion par chauffage à induction
:
Le four électrique par induction est un transformateur
dont la bobine primaire est excitée par un
courant alternatif et qui produit un champ magnétique
variable dans le creuset où l’on doit fondre
l’alliage.
Le courant haute fréquence induit provoque
la fusion de l’alliage.
Les masses d’alliages,
comme celles qui sont nécessaires pour les coulées
dentaires, peuvent être amenées en 1 minute à la
température de fusion par ce procédé.
L’instant où
la charge doit être versée est déterminé à vue ou au
moyen d’un capteur de rayonnement qui doit être
régulièrement nettoyé et étalonné pour éviter une
dérive.
* Fusion par chauffage à l’arc électrique
:
L’arc électrique en courant continu est produit
entre deux électrodes constituées l’une par l’alliage,
l’autre par une électrode en tungstène refroidie
à l’eau.
Les températures dans l’arc électrique
sont de plus de 4 000 °C.
L’alliage fond très
rapidement en raison des hautes températures de
l’arc électrique.
Le danger de surchauffe de l’alliage
est très grand par ce procédé.
Une surchauffe
de quelques secondes de la charge suffit à endommager
l’alliage en raison d’un apport excessif.
2- Matériaux du creuset :
En général, un matériau qui n’entre pas en réaction
et qui n’endommage pas l’alliage doit être utilisé
comme matériau de creuset.
* Creuset en céramique
:
Dans le cas de fusion en creuset céramique avec
une fronde à induction de faible puissance, il n’est
pas possible d’atteindre rapidement la température
de coulée lorsque la masse à couler est petite.
Le couplage inductif faible exige un long temps
d’échauffement qui peut nuire à l’alliage et, en
conséquence, déclencher la coulée à une température
non idéale.
Il reste toujours une pellicule
solidifiée de métal non coulée dans le creuset.
Cette pellicule de métal est polluée par le creuset.
L’inconvénient de ce type de creusets réside dans
le fait que l’alliage n’est pas protégé par une action
réductrice du milieu.
* Creuset en graphite avec cupule intérieure
en céramique :
L’échauffement avec un tel dispositif est plus rapide
et efficace car l’effet inductif se produit correctement
dans le graphite.
L’alliage est alors
chauffé indirectement par le rayonnement du graphite
incandescent.
Cette technique avec une
fronde de faible puissance est meilleure, mais nécessite
cependant une grande habitude pour déterminer
si la température idéale de coulée est atteinte.
Là encore, une pellicule solidifiée de métal
non coulée reste dans le creuset et le métal n’est
pas protégé par une action réductrice du milieu.
* Creuset en graphite
:
L’échauffement avec un tel dispositif est rapide et
présente l’avantage de protéger l’alliage pendant
la fusion par l’action réductrice du gaz carbonique.
Cette technique ne convient pas très bien aux alliages
précieux palladiés à haute teneur en métaux de
la mine de platine.
Il est essentiel de ne pas surchauffer
l’alliage ni de le maintenir trop longtemps
à haute température afin d’éviter une contamination
par le graphite ou une absorption de gaz pendant
la fusion.
Le graphite se désagrégeant rapidement
à haute température dans l’air, il est
nécessaire de renouveler régulièrement les creusets.
* Creuset en graphite vitrifié
:
Cette technique est certainement la meilleure car
le graphite vitrifié se désagrège beaucoup moins
rapidement et déploie une action protectrice efficace
sans risquer une dégradation de l’alliage en
fusion.
C’est en utilisant ces creusets pour les alliages
à haute teneur en métaux précieux que l’on
obtient la meilleure régularité des résultats pour la
technique de fonte par induction.
* Creuset en cuivre
:
Pour le titane, un creuset en cuivre refroidi par une
circulation d’eau peut aussi être utilisé.
La fusion
se fait dans un four électrique à arc sous vide.
E - Coulée des alliages
:
Seules des forces agissant sur la masse en fusion,
lors de la coulée centrifuge ou de la coulée sous
pression/dépression, assurent un écoulement complet
dans le moule.
1- Coulée par centrifugation
:
Dans la technique de coulée par centrifugation, la
masse en fusion d’alliage est propulsée dans un
moule tournant autour d’un axe, ce qui produit, par
la force centrifuge, l’écoulement de la charge jusque
dans les parties les plus fines du moule.
La force centrifuge accélère par à-coups la
charge par à-coups qui est injectée jusque dans les
parties les plus fines du moule.
La force centrifuge
est augmentée par une plus grande quantité d’alliage.
C’est pourquoi on utilise toujours pour la
coulée par centrifugation une quantité d’alliage
relativement plus grande que celle de la pièce à
couler.
L’accélération nécessaire est de 200 G pour
le titane et de 70 à 80 G pour les autres alliages.
2- Coulée par pression/dépression
:
Cette méthode de coulée est d’apparition relativement
récente en France.
Elle comporte quelques
particularités par rapport à la méthode classique de
coulée par centrifugation.
* Préparation de la maquette en cire
:
Globalement, les maquettes peuvent être plus fines
qu’avec une technique de coulée par centrifugation.
En pratique, un simple trempage du die
dans un réchauffeur de cire suffit.
* Mise en revêtement
:
Elle peut se faire avec ou sans cylindre métallique.
Il est préférable d’utiliser un revêtement à grain
fin, il n’en sera que plus étanche.
Il ne faut pas
oublier que, contrairement aux autres méthodes de
coulée pour lesquelles il est nécessaire d’évacuer
une partie des gaz par la porosité du revêtement,
ici, au contraire, ce dernier doit être hermétique
afin qu’il n’y ait pas de réintroduction d’air dans le
cylindre lors de la mise sous pression.
* Système de fonte
:
La fusion se fait avec un système électrique, souvent
par effet Joule ou par induction, mais aussi par
arc électrique pour la fonte du titane.
La fonte des
alliages non précieux peut être protégée par un flux
de gaz neutre pour empêcher l’oxydation du métal.
Il n’est pas nécessaire de mettre autant d’alliage
que pour une coulée conventionnelle.
Le poids
nécessaire à la coulée de la pièce prothétique, de
la nourrice et des tiges de coulée est suffisant.
Il est
inutile d’avoir une masselotte importante puisque
la poussée de l’alliage se fait par pression/
dépression de gaz.
* Déroulement de la coulée
:
Lorsque l’alliage a atteint la température de fusion
préréglée, le cylindre est positionné sur le creuset.
La cuve est ensuite fermée et mise sous vide.
Quand le vide souhaité est atteint, la cuve est
basculée ou l’obturateur est ouvert selon le type de
machine.
La masse d’alliage en fusion s’écoule de
son propre poids dans le moule, la pression
surmonte la tension superficielle et provoque le
remplissage complet.
Le remplissage des cylindres
par un alliage pénétrant sans brutalité évite tout
écrasement et déformation des revêtements par
l’absence d’impact.
Après la fin du processus de
durcissement, la cuve est automatiquement dépressurisée
et le cylindre contenant le moulage
terminé est retiré de la cuve.
F - Manipulations après de la fronde :
Le cylindre est retiré de la fronde au moyen de
pinces spéciales prévues à cet effet.
Il convient
d’attendre que la masselotte ait perdu sa couleur
rouge cerise pour plonger le cylindre dans l’eau
froide.
Il en résulte une trempe du métal coulé.
La pièce coulée est débarrassée du revêtement,
puis sablée.
Les tiges de coulée sont sectionnées
puis la pièce nettoyée (décapage, ultrasons).
Un
éventuel traitement thermique peut précéder les
opérations de finition et de polissage.
Le terme de traitements thermiques désigne un
ensemble d’opérations effectuées sur des pièces
métalliques, qui comprend un chauffage suivi d’un
maintien à une température fixe, puis d’un refroidissement
plus ou moins rapide jusqu’à température
ambiante.
On distingue :
• les traitements thermiques de base, nécessaires
pour améliorer l’homogénéisation de la
structure et pour chercher l’état d’équilibre ;
il s’agit de traitements effectués sur pièces ou
sur lingots à l’état brut de coulée ; on cherche
alors à favoriser la diffusion des éléments d’alliage pour obtenir une structure homogène ;
ces traitements comprennent l’homogénéisation
et le recuit ;
• les traitements thermiques orientés vers les
applications, pour créer des structures le plus
souvent hors d’équilibre et qui permettent
d’améliorer la résistance à la déformation, au
choc, à l’usure, à l’abrasion ; ces traitements
comprennent la trempe, le revenu, le durcissement
structural.