L’expression couramment employée de « densitométrie osseuse »
recouvre en fait un ensemble de techniques quantitatives de mesures
non invasives du contenu en minéral d’une zone délimitée du
squelette ou de sa totalité.
Ces techniques, qui peuvent être fort
différentes les unes des autres dans leur principe physique, sont
actuellement dominées par l’une d’elles, dite « absorptiométrie
biphotonique à rayons X » ou, selon sa dénomination anglo-saxonne
d’origine, quasi universellement utilisée, dual energy X-ray
absorptiometry, en général abrégée par DXA (abréviation qui sera
adoptée ici).
Outre la détermination de paramètres osseux, cette
méthode permet la mesure de la composition corporelle en « masse
maigre » et « masse grasse » avec beaucoup de facilité, sur des
examens du corps entier.
Ceci lui confère un important potentiel
supplémentaire qui permet d’étendre le champ d’activités du
radiologue à un domaine actuellement en développement, car il
s’agit de problèmes de santé publique de toute première importance.
Il en est ainsi tout particulièrement de l’ostéoporose.
Cette
pathologie osseuse « silencieuse » et courante fait l’objet de très
nombreuses études, en liaison avec le développement de produits
pharmaceutiques efficaces pour sa prévention et son traitement.
Les
méthodes non invasives dont on peut disposer pour diagnostiquer
une ostéopénie et suivre son évolution au cours du temps sont donc
d’un grand intérêt, aussi bien en clinique qu’en recherche.
Il a été en
effet établi récemment que le taux de pertes minérales osseuses est
un facteur lié à la mortalité et que, par exemple, chaque diminution
d’un écart-type de la densité minérale osseuse (DMO) du col fémoral
chez les femmes de plus de 65 ans est associée à une augmentation
de la mortalité par un facteur supplémentaire de 1,3.
Un autre
aspect, également d’importance en santé publique et que permettent
d’appréhender quantitativement les techniques de DXA, est celui de la composition corporelle.
Sa mesure chez les malades atteints de
pathologies ayant une influence directe sur le métabolisme
musculaire et lipidique, ainsi que tous les problèmes liés à la
nutrition, l’obésité en particulier, sont deux exemples très actuels.
Historique
:
Partant de l’idée que l’opacité aux rayons X du tissu osseux est liée
à sa charge en minéraux, la mesure du contenu minéral osseux
(CMO) a été envisagée dès les premiers développements de la
radiographie.
Ainsi, en 1939, Mack publie une technique
d’estimation du « degré de minéralisation » des os à partir de la
mesure de la densité optique de clichés radiographiques.
Si cette
technique simple n’a pas répondu aux attentes des cliniciens, c’est
que, à l’époque, la qualité inégale des clichés et la faible
reproductibilité de la méthode ne permettaient de détecter les pertes
en minéral osseux que lorsqu’elles atteignaient des valeurs de l’ordre
de 40 %.
Ces valeurs correspondent malheureusement à des
ostéoporoses avérées.
Des méthodes indirectes d’estimation de la minéralisation du
squelette, par exemple la détermination de l’index corticodiaphysaire, ont été développées dans les années 1950, en
particulier en pédiatrie.
Cependant, la mesure de ce qu’il a été
convenu d’appeler la DMO (bone mineral density [BMD]) n’a connu
son véritable essor qu’en 1963 avec le développement par Cameron
et Sorenson d’une technique d’absorptiométrie utilisant un
rayonnement gamma monoénergétique (single photon
absorptiometry) issu d’une source isotopique, le plus souvent une
source d’iode 125 (rayonnement c de 27,5 keV).
Avec cette méthode,
la pratique des mesures non invasives de la DMO devenait un outil
de diagnostic.
Seule était cependant possible l’étude de zones du
squelette périphérique, zones où la quantité de tissus mous est
suffisamment faible pour ne pas avoir d’influence notable sur la
mesure osseuse.
L’extrémité distale des os de l’avant-bras était en
général choisie en raison de son accès facile et de l’importante
proportion d’os trabéculaire de l’extrémité du radius.
Pour mesurer
le squelette axial, c’est-à-dire, en fait, s’affranchir de l’influence des
tissus mous sur la mesure, une nouvelle technologie a été
rapidement développée, avec la mise au point de sources c biphotoniques scellées (de gadolinium 153, essentiellement).
De
telles sources, à deux énergies (dual photon absorptiometry)
permettaient en effet de calculer l’absorption propre de chacune des
deux composantes, tissus mous et tissus osseux, définie par deux
équations d’absorption à deux inconnues.
Cependant, en plus de
leur prix et de la nécessité d’avoir un agrément pour leur utilisation,
la limitation majeure de telles sources isotopiques était le faible flux
de photons émis.
Ce débit faible conduisait à des temps
d’acquisition longs, d’environ 15 minutes pour trois vertèbres
lombaires, ainsi qu’à une reproductibilité médiocre, de l’ordre de
2,5 %.
L’arrivée, en 1987, de sources à rayons X fonctionnant sur
le même principe de deux énergies, mais avec un débit moyen de
photons 1 000 fois plus élevé, a levé cette limitation.
Les méthodes
de DXA, développées à partir des premiers travaux de Stein, ont été
introduites rapidement en clinique.
Elles sont maintenant les
plus utilisées et sont devenues les méthodes de référence pour les
mesures de densité osseuse. Les autres techniques également
utilisées pour ces mesures sont surtout la tomodensitométrie
quantitative (quantitative computed tomodensitometry [QCT]), dont
les débuts remontent à 1976, qui permet de faire des mesures
volumiques sur des images de haute qualité, et les techniques
ultrasonores (quantitative ultrasound [QUS]) développées à l’origine
pour pratiquer le dépistage de l’ostéoporose à grande échelle, sans
irradiation.
Enfin, les méthodes de résonance magnétique,
dont l’utilisation dans le domaine de la mesure osseuse a été initiée
par Wehrli, commencent à faire leur entrée dans le domaine de
l’investigation osseuse quantitative en diagnostic.
D’autres
méthodes, telles l’activation neutronique, la diffusion cohérente de
photons gamma, qui demandent des installations très spécifiques et
qui sont en général très irradiantes, ne sont pas utilisées hors du
laboratoire et ne seront pas décrites ici.
Qualité des mesures : reproductibilité
et exactitude
Reproductibilité et exactitude sont deux paramètres importants de
toute mesure quantitative.
La reproductibilité d’un appareil est sa capacité à donner, pour la
mesure d’une même quantité, des résultats aussi proches les uns
des autres que possible.
On peut parler également de variabilité,
mais il faut sûrement éviter le terme de précision qui peut entraîner
des confusions avec l’exactitude (en anglais, precision est employé
pour reproductibilité).
L’exactitude est évidemment l’aptitude d’un
appareil de mesure à donner des résultats en bon accord avec la
valeur de définition, comme on parle de « justesse » d’une balance.
La notion de reproductibilité est particulièrement importante dans
le domaine des mesures osseuses, en particulier lors de suivis de
patients, par exemple dans les cas d’estimation de l’effet d’une
thérapeutique.
L’exactitude est un élément nécessaire pour
permettre de faire rapidement la comparaison entre deux résultats.
Cependant, dans les études multicentriques, on a souvent affaire à
des appareils de mesure calibrés différemment et qui ne donnent
donc pas exactement le même résultat pour une même mesure.
On
peut alors recalculer l’ensemble de ces résultats pour les
« standardiser ».
Ainsi, dans le domaine osseux, des corrélations ontelles
été établies, à partir de mesures sur des fantômes, pour faire
correspondre les résultats de densitomètres à rayons X de marques
différentes, ainsi que ceux de certains types de scanners.
D’une façon générale, la reproductibilité d’un appareil est définie
par le coefficient de variation (CV) de mesures répétitives effectuées
in vitro, par exemple sur des fantômes de colonne lombaire, et in
vivo chez des témoins, avec ou sans repositionnement entre les
mesures (CV s’exprime par le rapport de l’écart-type, ou déviation
standard [DS] des mesures, à leur moyenne, m, en % : CV = 100 X DS / m).
Des considérations statistiques montrent que la variation
significative minimale, d, ou least significant change, que peut
détecter l’appareil de mesure vaut alors : d = 2,8 X CV.
Cette quantité
est en fait celle qu’il faut prendre en considération, car elle permet
de définir le temps nécessaire entre deux examens pour obtenir des
résultats de mesure significatifs.
Par exemple, si des mesures de DMO sont pratiquées chez un groupe de patients sur un appareil de
densitométrie qui présente un CV de 1 % pour ces mesures et si
l’évolution probable de cette densité est de 2 % par an, des mesures
successives à 1 an d’intervalle seulement n’ont pas de signification
chez ces patients.
Avec de telles valeurs, un intervalle d’au moins
18 mois entre deux examens est en effet nécessaire pour apprécier
une variation significative de densité.
Principes généraux des examens
de densitométrie osseuse utilisant
les rayons X
:
A - BASES PHYSIQUES ÉLÉMENTAIRES
:
Les examens densitométriques utilisant les rayons X ont tous comme
point commun la mesure de l’absorption par les tissus d’un faisceau
de rayons X, mono- ou polychromatique.
Cette mesure se fait par
l’intermédiaire de détecteurs de type cristal scintillateur (iodure de
sodium [NaI-Tl]) ou semi-conducteur (tellurure de cadmiun [Cd-
Te]).
Différentes possibilités techniques peuvent être envisagées, en
utilisant soit une méthode d’acquisition et d’analyse par projection
sur un plan perpendiculaire à l’axe du faisceau de rayons X (DXA),
soit les méthodes volumiques plus élaborées de l’imagerie
tomodensitométrique (QCT, ou éventuellement synchrotron).
Dans
tous les cas, une image numérique est obtenue directement.
Un
traitement plus ou moins élaboré de cette image, selon la conception
du logiciel, peut être ensuite pratiqué : modifications de taille
(zoom), d’orientation et de contraste (et/ou de couleurs), mais aussi
mesures de distance, d’angle et de surface ou de volume
(correspondant à un nombre de pixels ou de voxels).
L’atténuation du faisceau de rayons X, dont la modélisation peut se
faire de façon simple grâce à une fonction exponentielle, dépend à
la fois de l’épaisseur des tissus traversés et de leur coefficient
d’atténuation pour le rayonnement utilisé (si f0 est le flux de
photons à l’entrée et f le flux après traversée d’une épaisseur X de
tissus de coefficient d’atténuation linéaire µ, alors : f = f0. exp
(– µ.X) ; µ dépendant de l’énergie du rayonnement).
Cette
atténuation varie de façon abrupte lorsque le faisceau passe d’une
zone de tissus mous à une zone qui contient du tissu osseux.
Par un
seuillage, défini à partir du niveau moyen d’absorption des tissus
mous (constituant ce que l’on peut appeler la « ligne de base »), les
limites physiques du tissu osseux peuvent être ainsi obtenues.
Ceci
conduit, selon la technique, surfacique (DXA) ou volumique (QCT),
à la détermination d’un nombre de pixels ou de voxels considérés
comme occupés par du tissu osseux.
Cette étape importante de
l’acquisition permet donc le calcul de la surface de projection des
pièces osseuses ou de leur volume.
Pour la méthode absorptiométrique (DXA), le calcul montre que la quantité obtenue
à partir de la mesure de l’atténuation correspond en fait à une masse
de tissus par unité de surface.
Par abus de langage, cette quantité
est désignée par « densité » et elle est exprimée en général en g/cm2.
Finalement, la méthode permet de définir deux quantités : la densité
surfacique et la surface de projection des éléments étudiés.
Le
produit de ces deux quantités conduit à une masse : masse osseuse
ou masse des tissus mous.
Les mesures du tissu osseux sont faites
en général en équivalent hydroxyapatite (HAP), minéral du tissu osseux dont le
contenu en calcium est de 40 %.
B -
APPAREILLAGE :
1- Absorptiométrie à rayons X
:
Actuellement, la majorité des examens dits d’absorptiométrie se
pratique avec des appareils utilisant un rayonnement biphotonique
(DXA), même pour les mesures du squelette périphérique.
Par
l’intermédiaire de deux équations d’absorption, ces appareils
présentent l’avantage important de faire la discrimination entre tissu
mou et tissu osseux.
Pour les appareils à rayonnement monophotonique, seule l’absorption moyenne des tissus traversés
est obtenue et la mesure sélective de l’un ou l’autre de ces tissus
n’est pas possible.
Pour déterminer avec le plus d’exactitude
possible ce qui revient au tissu osseux, ces appareils monoénergétiques utilisent le plus souvent un « équivalent » tissu
mou d’épaisseur constante et bien définie.
Par exemple, pour les
mesures de la DMO du radius et du cubitus, l’avant-bras est
immergé dans un bac d’eau.
Les appareils à isotopes ont été
abandonnés et peu d’appareils à rayons X de type monoénergétique
(single energy X-ray absorptiometry) sont utilisés.
Pour les appareils de DXA, deux technologies ont été développées.
La première utilise un faisceau cylindrique de rayons X (dit souvent pencil beam) de faible diamètre, de l’ordre du millimètre, qui balaye
la zone de tissu à étudier ligne par ligne, en « X-Y ». Dans une
deuxième approche technologique, des appareils utilisant un
faisceau en « éventail » (fan beam) ont été réalisés pour permettre un
balayage unique de la zone de mesure, en général selon la direction
de l’axe principal de la table d’examen.
La deuxième technique a l’avantage faible de permettre une
acquisition plus rapide, mais elle est plus irradiante que la technique
en single beam.
De plus, il existe un agrandissement des surfaces de
projection, variable selon la distance avec la source, c’est-à-dire selon
le niveau des tissus mesurés par rapport à la table d’examen et donc
selon la corpulence des patients.
Cette distorsion, difficile à corriger,
complique les mesures.
Des appareils de la toute dernière
génération, utilisant un faisceau large (cone beam) et une matrice
bidimensionnelle de détecteurs à semi-conducteurs permettant des
acquisitions quasi instantanées sur des surfaces d’environ 20 cm X 20 cm, semblent avoir résolu, dans leur conception, la majorité de
ces problèmes.
2- Tomodensitométrie
:
En tomodensitométrie, les mesures sont faites, à l’étage vertébral
lombaire, dans un tissu qui comporte, outre la substance minérale,
une trame protéique, des cellules sanguines et de la graisse qui
remplace progressivement le tissu hématopoïétique au cours du
vieillissement.
Cette dernière composante entraîne une sousestimation
des valeurs de densité minérale qui doit être corrigée.
L’idéal serait de pouvoir faire les mesures de densitométrie osseuse
en utilisant un scanner qui fonctionnerait avec plusieurs énergies
(en toute rigueur, avec trois énergies pour résoudre avec exactitude
les quatre composantes citées ci-dessus).
La réalisation
technologique d’un tel système serait évidemment très compliquée.
On a pourtant disposé d’excellents scanners fonctionnant en double
énergie et qui permettaient de faire une très bonne correction de
l’« effet graisse » tout en ayant une bonne reproductibilité.
Dans ces appareils, les deux tensions nécessaires étaient fournies
sous la forme d’impulsions successives, de 85 et 125 kVp par
exemple, ce qui était possible lorsque la vitesse d’acquisition des
coupes n’était pas trop élevée (de 7 à 10 secondes par coupe).
Avec
les vitesses de rotation actuelles, de l’ordre de la seconde ou moins,
il est malheureusement devenu beaucoup plus difficile de mettre en
oeuvre une technologie fiable de ce type de commutation et les
méthodes de mesures dont on dispose sur les scanners usuels se
font en simple énergie.
Toutefois, des corrections pour l’âge sont en
général programmées dans les logiciels de calcul de DMO.
C - IMAGERIE
:
Le scanner, de par sa conception prioritaire d’instrument d’imagerie,
présente évidemment toutes les qualités pour faire des images de
haute définition et des scanners travaillant en très haute définition
ont été développés pour faire des études de la texture osseuse du
squelette périphérique.
Cependant, il existe des scanners
commerciaux fonctionnant en double énergie qui sont
spécifiquement dédiés aux mesures de DMO du squelette
périphérique et qui n’ont pas vocation à faire de l’imagerie fine
(pQCT).
Pour les examens absorptiométriques de type DXA, la qualité des
images peut venir en second plan.
Il n’est en effet pas nécessaire
d’avoir une excellente résolution spatiale pour positionner une zone
d’intérêt sur l’image du rachis lombaire ou de l’extrémité supérieure
du fémur.
L’acquisition des données se fait ainsi, pour beaucoup
d’examens, avec des appareils d’absorptiométrie qui sont des
appareils robustes, dotés d’une informatique beaucoup moins lourde
que celle d’un scanner.
De ce fait, les images obtenues, de qualité
souvent modeste, ne peuvent pas être utilisées pour le diagnostic
radiologique, sauf éventuellement celui de tassement vertébral net,
en général déjà connu (les fabricants de matériel font apparaître de
façon bien claire cette limitation sur l’impression des résultats
d’examen).
Cet aspect est toutefois en train d’évoluer, avec le
développement de logiciels permettant des études véritablement
morphologiques des corps vertébraux, sur des acquisitions de profil
du rachis et qui demandent des images de bonne qualité.
D - PRÉPARATION DU PATIENT
:
Il n’y a pas à réaliser de préparation particulière du patient.
Il faut
bien entendu faire retirer tous les éléments absorbants qui
pourraient se trouver dans le champ d’investigation, tels bijoux,
agrafes métalliques, boutons, fermetures à glissière ou tout autre
élément métallique.
Il faut également s’assurer que le patient n’a
pas subi très récemment des examens faisant intervenir des produits
de contraste ou une scintigraphie.
Enfin, il est conseillé de ne pas
pratiquer de mesures densitométriques, chez une femme en âge de
procréer, sans être assuré qu’une grossesse n’est pas en cours, même
avec les appareils d’absorptiométrie qui sont très peu irradiants.
Examens absorptiométriques usuels
chez l’adulte
:
A - RACHIS LOMBAIRE
:
C’est l’examen de base, pratiqué quasi systématiquement au cours
d’un bilan osseux.
Cet élément porteur du squelette axial qu’est la
colonne lombaire est en effet composé pour une part importante d’os trabéculaire, composante osseuse à renouvellement rapide.
Le
patient est installé en décubitus dorsal, les jambes surélevées par un
coussin suffisamment épais pour compenser la lordose et rendre
l’axe du rachis lombaire le plus rectiligne possible.
La mesure est
souvent pratiquée sur les vertèbres L2 à L4, pour que la zone de
balayage n’empiète pas sur les dernières côtes et les crêtes iliaques.
L’examen peut aussi se faire de L1 à L4, pour obtenir une
information sur une zone plus importante du rachis.
La prise
en compte de l’arthrose rachidienne (ostéophytes, arthrose
articulaire postérieure) ainsi que des zones de calcifications extrarachidiennes (plaques d’athérome), qui peuvent conduire à une
mesure faussement élevée, constitue une des limitations majeures
de cet examen.
L’acquisition en incidence latérale a été développée
pour tenter de résoudre ces artefacts de mesure. Cependant, et
bien que sa sensibilité puisse être meilleure que celle de l’examen en
incidence postéroantérieure, sa moins bonne reproductibilité et
l’irradiation plus importante qu’il apporte font discuter l’intérêt de
cet examen, qui reste assez peu pratiqué.
B - EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE DU FÉMUR
:
La mesure de cette zone complète souvent celle de la colonne
lombaire en incidence postéroantérieure.
Elle permet en effet de
lever l’ambiguïté qui peut exister sur les résultats obtenus en
mesurant un rachis atteint d’arthrose modérée.
De plus, il a été bien
démontré que la valeur de la DMO du col fémoral est le meilleur
paramètre pour estimer le risque fracturaire à ce niveau.
Le patient est toujours installé en décubitus dorsal, le membre
inférieur à mesurer étendu dans le plan de la table d’examen et en
abduction de 10° à 15°.
On utilise un système de cale au pied, ou de
sangle à la cuisse, pour obtenir une rotation interne qui permette de
compenser l’antéversion du col fémoral et le mette dans un plan
perpendiculaire au faisceau de rayons X.
L’acquisition se fait sur
une zone qui englobe la tête fémorale et va jusqu’à 10 à 15 mm audessous
du petit trochanter.
La plus intéressante, car la
plus sensible et la plus reproductible, est la zone du col fémoral.
Elle est délimitée par un rectangle dont la longueur, perpendiculaire
à l’axe du col, déborde de quelques millimètres la projection des
corticales et dont la largeur est réglée pour correspondre
sensiblement à la longueur du col.
Pour assurer à la mesure la
meilleure reproductibilité possible, il est habituel de rendre cette
zone tangente à la tubérosité du grand trochanter.
La deuxième zone
de mesure délimite la région du grand trochanter.
Enfin, la troisième
zone est placée, de façon automatique ou manuellement, dans la
région de plus faible densité.
C’est la zone triangulaire dite de Ward,
du nom du chirurgien qui a décrit cette zone délimitée par
l’orientation des travées osseuses suivant les lignes de contrainte en
traction et en compression de l’extrémité supérieure du fémur (la
densité de ces travées est classiquement cotée par l’indice de Singh,
de 7 à 1).
Pour des raisons informatiques, cette zone de mesure est en général constituée par un petit carré et son positionnement n’est
pas très reproductible.
Il faut donc être prudent dans l’interprétation
du résultat obtenu à ce niveau.
Les deux cols, dont la géométrie n’est en général pas strictement
symétrique, ne présentent pas la même densité.
Les différences
moyennes sont, dans notre expérience, de près de 10 % (0,5 à 1 écart type).
Il faut donc prendre soin de toujours mesurer le même fémur
lors d’examens répétés chez un même patient.
Les nouveaux
logiciels, récemment développés pour faire la mesure des deux cols
au cours du même examen, ont un intérêt certain, car on ne sait
pas, a priori, quel côté présente la densité la plus faible.
Enfin, on peut signaler ici la mesure particulière de la DMO
périprothétique, pratiquée essentiellement dans le cas de prothèses
non scellées de la hanche.
Pour effectuer ces examens qui
intéressent les orthopédistes, il faut un logiciel spécifique permettant
de faire les mesures dans les zones définies par Grüen.
Ils ne
seront pas décrits plus en détail ici.
C - CORPS ENTIER
:
L’examen absorptiométrique du « corps entier », dont Mazess a
été l’un des tout premiers promoteurs, est de plus en plus pratiqué
et actuellement, dans presque toutes les études cliniques mises en
place par les laboratoires pharmaceutiques, une absorptiométrie
« corps entier » est prévue.
Cet examen apporte en effet de
nombreux renseignements, aussi bien sur le compartiment osseux
que sur la composition corporelle en masse maigre et masse grasse.
Les indications sont de ce fait nombreuses.
C’est le cas en
pathologie osseuse où une analyse globale et région par région du
squelette peut être utile. L’intérêt dans les ostéoporoses, les
ostéomalacies, les ostéogenèses imparfaites ou les myélomes, par
exemple, est évident.
La mesure simultanée des tissus mous permet
d’étendre ces indications à la plupart des pathologies endocriniennes
(diabète, maladie de Cushing, hypo- et hyperthyroïdies,
hyperparathyroïdies, syndrome de Turner), aux désordres
métaboliques (malabsorptions digestives, syndrome
immunodéficitaire acquis, sarcomes, maladies sanguines), à l’obésité
et l’anorexie mentale etc.
L’examen est simple à réaliser et, avec les appareillages actuels, il
peut se faire avec des vitesses de balayage élevées sans perdre
d’information (par exemple 260 mm/s en single beam ; il ne prend
ainsi qu’environ 5 minutes pour un sujet adulte de taille moyenne).
Le patient est installé en décubitus dorsal, les membres supérieurs
alignés le long du corps, les mains à plat en pronation et les
membres inférieurs alignés dans l’axe du corps, en rotation interne
d’environ 20° pour bien dégager les péronés.
Cette installation
assure une bonne reproductibilité à l’examen (CV » 0,7 %).
Aux
zones d’intérêt usuelles, qui délimitent l’extrémité céphalique, le tronc, le pelvis et les membres, il est possible, avec la plupart des
logiciels, d’ajouter au moins deux zones d’analyse supplémentaires
à contours déformables.
Cet ensemble de zones de calcul permet de
faire une analyse détaillée du squelette osseux ainsi que de la
répartition de la masse musculaire et de la masse grasse.
Ceci est
particulièrement utile pour comparer deux zones symétriques du
corps, ce qui peut être le cas, par exemple, pour estimer l’évolution
d’une algodystrophie.
D - SQUELETTE PÉRIPHÉRIQUE
:
L’avant-bras, qui a été le tout premier site de mesure de la DMO
est parfois quelque peu oublié. Il s’agit cependant d’un site
intéressant pour effectuer un dépistage simple de l’ostéoporose.
En effet, en pratiquant deux mesures, l’une au niveau distal, riche
en os trabéculaire et l’autre au tiers moyen de l’avant-bras, quasi
purement cortical, des informations précises sur la DMO des deux
compartiments osseux sont obtenues.
La mesure de la DMO peut être faite en d’autres sites, poignet et
main par exemple, avec des applications tels le suivi des
hyperparathyroïdies ou même des polyarthrites rhumatoïdes, ou
le contrôle de l’évolution normale de la croissance.
Le calcanéum, os porteur très riche en os trabéculaire, est également
étudié et il existe maintenant des appareils de DXA dédiés presque
uniquement à cette zone du squelette.
Ces appareils utilisent un
faisceau conique de rayons X et un détecteur matriciel à semiconducteurs,
couvrant l’ensemble de la zone à mesurer.
La mesure
se fait ainsi de façon quasi instantanée, en 5 à 10 secondes.
De plus,
l’acquisition et l’analyse peuvent être faites avec une excellente
résolution spatiale (pixels de 0,2 mm, par exemple).
Pour le squelette périphérique, il existe également des
méthodes de mesure tomodensitométriques utilisant de petits
scanners qui fonctionnenent en double énergie et sont équipés de
logiciels qui permettent de mesurer avec une très bonne
reproductibilité la DMO des deux composantes osseuses trabéculaire
et corticale, ainsi que les surfaces respectives de ces compartiments
sur des sections droites des os, ouvrant ainsi la voie à des
investigations nouvelles.
Une technique dérivée pour l’analyse du squelette périphérique est
la radiogrammétrie.
Avec cette technique, la DMO est estimée en comparant l’atténuation
des os et celle d’un matériau absorbant connu, ou en analysant la
densité optique de radiographies numérisées de la main, la méthode
prend alors le nom de digital X-ray radiogrammetry.
Elle ne
peut s’appliquer qu’au squelette périphérique.
Le plus souvent, les
mesures sont faites sur les métacarpiens ou les phalanges et dans le
cas où un matériau de référence est utilisé, en général sous la forme
d’un coin d’aluminium, celui-ci est placé entre les doigts.
La
méthode a permis également de redécouvrir l’intérêt de la mesure
de l’index corticodiaphysaire tel qu’il avait été défini auparavant.
E - RÉSULTATS ET ANALYSE DES DONNÉES
:
Les paramètres osseux mesurés au cours des examens
absorptiométriques de type DXA permettent, par comparaison avec
les valeurs de référence obtenues lors de l’étude de populations
témoins, de classer les patients en fonction de leur risque fracturaire.
1- Grandeurs mesurées et unités
:
À l’intérieur d’une zone d’intérêt définie par l’opérateur, les
grandeurs mesurées correspondant à l’absorption, sont le CMO
(noté plus souvent BMC, pour bone mineral content) et la DMO (ou
BMD pour bone mineral density) qui s’expriment habituellement en
g et g/cm2 en équivalent HAP, minéral du tissu osseux (mais qui
devraient être, en unités internationales, en kg et kg/m2).
Il faut
noter que cette « densité » correspond en fait à la mesure d’une
quantité de minéral par unité de surface. Il ne s’agit donc pas
réellement d’une densité.
Tout au plus peut-on parler de
« densité surfacique ».
Cet aspect est à bien noter, car il constitue
une limitation de la technique.
On voit immédiatement, en effet, que
deux pièces osseuses de même densité minérale réelle peuvent avoir
des valeurs de densité absorptiométrique différentes.
Ainsi, deux
éléments osseux cylindriques, de même longueur mais de section
différente, ont-ils des densités minérales surfaciques (en g/cm2)
proportionnelles à leur diamètre.
Les mesures effectuées sur
des pièces osseuses en cours de croissance doivent donc être
corrigées pour tenir compte de ce point et être comparables dans le
temps.
Il faut, bien entendu, ajouter les quantités mesurées dans les tissus
mous, en même temps que les paramètres osseux : masse maigre
(MM) et masse grasse (MG), habituellement notées en grammes.
Les
valeurs de ces deux composantes sont parfois données de façon
accessoire lors des examens du rachis et de l’extrémité supérieure
du fémur, mais elles sont évidemment de tout autre intérêt dans
l’examen « corps entier ».
On peut noter enfin que l’examen « corps
entier » permet ainsi de mesurer le poids corporel : P = CMO
+ MM + MG et de faire l’estimation de chacune des composantes en
pourcentage de P.
2- Valeurs normales
:
L’analyse de l’ensemble des données obtenues chez un patient, lors
de l’un de ces examens, ne peut se faire que par comparaison à des
valeurs de référence obtenues à partir de la mesure de populations
témoins.
Malheureusement, chaque fabricant de matériel de DXA a
utilisé pour ses appareils une méthode d’étalonnage qui lui est propre, de telle sorte que les mesures qui pourraient être effectuées
chez un même patient avec des appareils de marque différente ne
sont pas directement comparables.
Cependant, des corrélations ont
été établies pour faire correspondre ces mesures.
Quel que soit le système de mesure et l’examen, les valeurs normales
sont couramment représentées par une courbe représentant les
valeurs moyennes de la quantité mesurée, par exemple la DMO au
col fémoral, en fonction de l’âge des patients.
Cette courbe moyenne
est en général encadrée par deux courbes parallèles, séparées de
± 2 DS de la moyenne et définissant donc l’intervalle de confiance à
95 %.
Parfois, les valeurs normales sont proposées en percentiles ; le
50e percentile correspond à la moyenne et les courbes représentant
le 3e et le 97e percentiles sont alors utilisées (100 – 2 X 3 = 94% des
valeurs).
* Au rachis lombaire
:
Sur cette courbe, deux
éléments sont à noter :
– il existe un maximum de DMO (peak bone mass), pratiquement
atteint en fin de croissance, mais que l’on peut situer plus
précisément vers l’âge de 30 ans chez la femme ;
– la décroissance quasi exponentielle qui se produit ensuite
correspond à une perte physiologique normale ; il est intéressant de
voir que le taux de cette perte est maximal vers 50 ans (avec une
valeur moyenne de l’ordre de 0,9 % par an, entre 45 et 65 ans), ce
qui met en évidence l’importance de la surveillance du squelette
osseux chez la femme au cours de la période périménopausique.
Sur ce type de courbe, la valeur de la DMO mesurée à l’étage
vertébral lombaire chez une patiente peut être comparée à la valeur
moyenne pour l’âge, ainsi qu’à la valeur maximale dans la
population de référence.
Les différences avec ces valeurs moyennes
normales peuvent se calculer en pourcentage, mais il est plus parlant
de les exprimer en prenant comme unité un écart-type.
Des
« scores », notés Z et T, sont ainsi définis.
* À l’extrémité supérieure du fémur
:
À cet endroit, la courbe de variation de la DMO avec l’âge a une
allure très semblable à celle correspondant au rachis lombaire.
Les Z
et T scores sont définis de la même façon pour chacune des zones
mesurées et spécialement pour la zone du col fémoral.
On
pouvait s’attendre à ce que, en utilisant cette façon identique
d’exprimer les résultats, une patiente puisse avoir les mêmes Z score
et T score pour les deux sites, vertébral lombaire et col fémoral.
Une
bonne concordance entre les résultats n’existe malheureusement que
dans 56 % des cas, comme cela a été montré récemment chez plus
de 5 000 patientes.
* Examen « corps entier »
:
Pour ce qui concerne le compartiment osseux, les informations les
plus intéressantes obtenues à partir de cet examen sont celles du CMO total (CMOt ou BMCt) ou régional (CMO des membres, en
particulier).
La DMO du squelette entier (DMOt ou BMDt) est
faiblement corrélée à la taille et au poids (r » 0,45, dans notre
expérience).
Elle varie peu avec l’âge et n’est donc pas très
informative.
Cette faible sensibilité de la densité vient en partie
du fait qu’elle est la moyenne de densités très différentes, celles des
membres et celle de l’extrémité céphalique, par exemple.
L’extrémité
céphalique peut représenter en effet, plus du tiers du CMOt à 70 ans
et sa densité qui ne varie pratiquement pas avec l’âge (variation de
moins de 0,5 % entre 40 et 90 ans), peut être de plus du double de
celle des membres.
Le CMO, bien corrélé au poids corporel ou, si
l’on veut prendre en compte la taille et le poids, à la surface
corporelle, est d’un plus grand intérêt.
De plus, son analyse
région par région peut être utile dans de nombreux cas d’examens,
en endocrinologie et en orthopédie, en particulier.
Pour l’analyse de la composition corporelle, en masse maigre et
masse grasse, le poids corporel est de loin le paramètre le plus
important.
En utilisant les corrélations linéaires établies entre masse
grasse ou masse maigre et le poids, des valeurs moyennes de
référence peuvent être calculées et, pour un patient donné, les écarts
avec ces valeurs calculés.
3- Classification des patientes et risque fracturaire
:
Une commission de l’Organisation mondiale de la santé a défini des
critères simples de classification des résultats de densitométrie
osseuse, en vue du dépistage de l’ostéoporose.
Il faut cependant noter que ces critères
s’appliquent à des femmes d’origine caucasienne ménopausées,
pour la mesure de leur DMO par absorptiométrie biphotonique à
rayons X, au rachis vertébral lombaire.
Le risque fracturaire (RF) est souvent entendu comme étant le risque
relatif de fracture en un site du squelette, correspondant à une DS de décroissance de la DMO mesurée en ce site ou en un autre site.
Des valeurs de ce paramètre RF/DS, calculées par Eddy et al.
On peut également estimer le RF en admettant qu’il évolue de façon
sensiblement exponentielle avec la valeur de T et qu’il peut être
estimé en l’exprimant par la quantité 2–Z ou 2–T.
Une patiente qui
présenterait, pour sa DMO lombaire, une valeur de Z de -1,5 et une
valeur de T de -3, aurait ainsi un risque relatif de faire un tassement
vertébral environ trois fois plus élevé qu’une femme de son âge
ayant une DMO normale et huit fois plus élevé qu’une femme
normale de 30 ans (2 1,5 = 2,8 et 23 = 8).
Les mêmes calculs de risque
de fracture de l’extrémité supérieure du fémur seraient à faire avec
les Z et T scores correspondants.
F - MORPHOMÉTRIE VERTÉBRALE
:
La proportion d’individus de plus de 50 ans qui présentent un
aspect de tassement d’au moins une vertèbre est sensiblement
identique dans tous les pays développés et atteint 20 à 25 %.
Or, il est établi depuis une dizaine d’années et confirmé depuis,
dans diverses études, que le risque de nouvelle fracture, au
rachis ou à l’extrémité supérieure du fémur, est largement augmenté
(de deux à cinq fois) s’il existe déjà un tassement vertébral.
Malheureusement, pour différentes raisons, en particulier parce que
les tassements vertébraux non traumatiques sont en général quasi
asymptomatiques, ces fractures sont très souvent de découverte
fortuite et on estime que seulement un quart d’entre elles sont
cliniquement connues.
Certains appareils d’absorptiométrie sont maintenant capables de
faire des clichés, en « mode radio », de l’ensemble du rachis de
profil, en des temps courts, permettant des acquisitions en apnée
(10 secondes environ).
De plus, la résolution spatiale, de cinq à dix
paires de lignes par centimètre, est suffisante pour que des mesures
fiables de la hauteur des corps vertébraux, par exemple aux niveaux
antérieur et postérieur, puissent être pratiquées.
Associées à celle de
la DMO, ces mesures constituent un apport important dans un bilan
du squelette osseux et peuvent être d’une aide certaine dans la
décision de mettre en route un traitement.
On considère en effet que
30 % environ des patients qui nécessiteraient d’être traités ne le sont
pas s’ils n’ont pas eu un examen radiologique du rachis.
Tomodensitométrie quantitative
:
La tomodensitométrie, conçue d’abord pour fournir des images
d’excellente définition est à mettre à part ici.
A - PRINCIPE TECHNIQUE
:
Les premières mesures avec cette technique ont été initiées par
Alvarez.
Elles se sont ensuite assez vite développées. Ce
sont des mesures volumiques qui se pratiquent dans une zone de
tissu osseux bien délimitée.
Elles sont en effet effectuées dans un
volume défini par l’aire de la zone d’intérêt et l’épaisseur de la
coupe scanographique, toutes les deux programmées par l’opérateur.
Le centre du corps vertébral, composé d’os trabéculaire, représente
la zone d’étude la plus habituelle.
L’échelle densitométrique en unités Hounsfield ne peut
malheureusement pas être utilisée directement et on obtient la
densité minérale d’une pièce osseuse par comparaison avec celle
d’un fantôme de densité minérale connue et mesuré en même temps
(fantôme dans le matelas de la table d’examen) ou dans un
deuxième temps (fantôme d’une section horizontale de l’abdomen,
comportant une vertèbre modélisée).
Dans ces conditions,
les mesures de densité en unités Hounsfield peuvent être corrigées
et transformées en densité minérale, en g (ou plus souvent en mg) HAP/cm3.
On a donc affaire ici à une véritable mesure de masse
volumique.
B - APPLICATIONS PRATIQUES POSSIBLES
:
Cette excellente technique qui devrait se développer, avec les
possibilités nouvelles de reconstruction qu’offre l’acquisition
hélicoïdale, reste cependant encore d’utilisation limitée.
Une des
raisons provient sans doute des logiciels eux-mêmes, avec lesquels
les mesures ne sont bien établies que pour la composante osseuse trabéculaire au rachis, mais elle vient aussi, au moins en France, du
désintérêt quasi total du milieu radiologique pour ces mesures,
jugées parfois longues et compliquées et laissées aux soins d’autres
spécialités.
Des développements de logiciels extrêmement
intéressants existent, et des mesures très complètes et très
informatives peuvent être faites sur des reconstructions
tridimensionnelles, en particulier à l’extrémité supérieur du fémur
ou encore aux maxillaires, pour les applications d’implantologie
dentaire.
Il faut signaler, de plus, qu’avec les scanners actuels la
technique a une très bonne reproductibilité, même sur des durées
de plusieurs années.
C - RÉALISATION DES EXAMENS USUELS
AU RACHIS LOMBAIRE
:
Le patient est installé en décubitus dorsal, les jambes surélevées par
un coussin pour redresser le rachis et les membres supérieurs placés
de façon à ne pas se trouver dans la zone de mesure, en mettant par
exemple les bras derrière la tête, position qui a l’avantage
supplémentaire de tirer sur le rachis.
On utilise le « mode radio » du
scanner pour programmer une coupe sur chacune des vertèbres à
étudier, en général de L1 à L4.
Chacune de ces coupes est centrée
sur le plan médian horizontal des corps vertébraux. Leur épaisseur
doit être suffisamment importante pour que la mesure soit effectuée
dans un volume osseux représentatif de l’ensemble du corps
vertébral. On choisit le plus souvent 10 mm.
L’acquisition est faite
également sur un fantôme de référence, simultanément ou dans un
deuxième temps.
D - ZONES D’INTÉRÊT POUR L’ANALYSE
:
L’opérateur positionne une région d’intérêt au centre de l’image du
corps vertébral, région habituellement de forme elliptique, pour
prendre en compte la plus large part possible du tissu osseux
trabéculaire du corps vertébral, en évitant la zone vasculaire
postérieure dont la morphologie est très variable d’un étage vertébral à l’autre.
Certains logiciels plus élaborés font une détection
des contours osseux et positionnent automatiquement des régions
d’intérêt qui délimitent les deux composantes osseuses trabéculaire
et corticale.
Une zone d’intérêt est placée dans la zone
appropriée du fantôme, pour obtenir la ou les valeurs de référence
utilisées pour calculer les densités vertébrales chez le patient, en
équivalent minéral.
E - RÉSULTATS ET VALEURS NORMALES
:
Le calcul de la densité se fait ainsi pour chaque voxel constituant le
volume d’intérêt délimité dans le corps vertébral.
La valeur
moyenne finalement obtenue (en mg HAP/cm3) est à comparer à la
valeur normale pour l’âge, soit en pourcentage de cette valeur
moyenne, soit de façon plus classique, en utilisant la valeur de
l’écart-type de la population normale comme unité, pour définir
l’écart de la valeur mesurée avec la valeur moyenne normale.
Les
résultats peuvent ainsi être donnés en Z et T scores, comme pour les
mesures par DXA.
F - INTÉRÊT ET LIMITES
:
La méthode QCT permet de ne prendre en compte, à l’étage
lombaire, que le tissu osseux vertébral et de s’affranchir ainsi des
artefacts de mesure qui peuvent intervenir dans la mesure par DXA.
Elle a aussi de ce fait une plus grande sensibilité, avec un taux
annuel de pertes en minéral osseux de l’ordre de 1,2 % chez la
femme, entre les âges de 45 et 70 ans et une perte globale à 80 ans
de plus de 50 % par rapport à la valeur trouvée chez l’adulte jeune.
La DMO mesurée par QCT est très nettement corrélée avec le RF,
non seulement aux vertèbres, mais aussi au trochanter.
Les limites de cette méthode d’étude de la DMO viennent
principalement de la dose d’irradiation qu’elle délivre et qui est
sensiblement plus élevée que celle apportée par les examens
absorptiométriques de type DXA.
Même si les calculs montrent que
la dose efficace reste faible, il n’est pas d’usage de pratiquer ces
mesures chez les enfants et seulement quelques études spécifiques
ont été faites.
Il est à noter, toutefois, que des mesures
par QCT peuvent être faites au cours d’examens non spécifiques,
n’entraînant ainsi pas d’irradiation supplémentaire.
Un aspect important : l’irradiation
La dose d’irradiation délivrée au cours d’examens utilisant des
rayonnements ionisants, ou dose absorbée D, correspond à l’énergie
apportée aux tissus par unité de masse.
Son unité est donc le Joule
par kilogramme (J/kg), plus souvent appelée Gray (Gy).
Cependant,
l’effet spécifique d’un rayonnement est différent selon que l’on a
affaire à des particules, neutrons par exemple, ou à des
rayonnements photoniques, rayons X ou c.
Pour en tenir compte, on
introduit un coefficient d’efficacité biologique ou « facteur de
qualité » Q et on définit la dose équivalente par Deq = Q X D, qui
est exprimée en Sievert (Sv).
En fait, pour les énergies utilisées dans
le domaine du radiodiagnostic, les choses sont simples, car Q = 1 et
une dose absorbée de 1 Gy correspond à une dose équivalente de
1 Sv (mais Q serait de 10 pour des neutrons).
Enfin, chaque tissu a
une sensibilité propre aux rayonnements ionisants et pour connaître
l’effet global sur l’organisme d’une irradiation localisée on affecte à
chaque organe un facteur de pondération (par exemple, selon les
données de l’International commission on radiological protection de
1990 : pour les gonades, 0,20 ; la moelle osseuse, 0,12 ; le foie, 0,05
etc).
La dose efficace, exprimée également en Sievert, est obtenue en
faisant la somme des quantités calculées pour chacun des organes
irradiés pendant l’examen.
Par exemple, un scanner abdominal
conduisant à une dose absorbée de 30 mGy apporte une dose
efficace d’environ 7 mSv.
Une règle générale évidente est de faire en sorte que les examens
radiologiques soient le moins irradiants possible.
Cette règle,
exprimée dans le principe « ALARA » (as low as reasonably
achievable) et souvent citée, s’applique évidemment aux examens absorptiométriques utilisant des rayonnements ionisants.
Cependant, la dose d’irradiation reçue par le patient lors de tels
examens est faible, de l’ordre de quelques microSieverts, comme
l’ont montré les mesures effectuées par les constructeurs et
confirmées dans différentes études.
Ainsi, un examen absorptiométrique du rachis lombaire en incidence
postéroantérieure, en mode standard (single beam) délivre-t-il
environ 2 µSv. Les examens faits en utilisant des appareils qui
travaillent en fan-beam, ainsi que les investigations de morphométrie
vertébrale sont cependant plus irradiants (10 à 30 µSv et 50 µSv
environ, respectivement).
Ces valeurs sont à comparer à celles
correspondant aux examens radiologiques courants, environ 3 mSv
pour un examen du rachis lombaire et 60 à 80 µSv pour une
radiographie de face du thorax, et à la dose due à l’irradiation
naturelle (au moins 2,5 mSv/an, en moyenne, en France ; une dose
de 1 mSv correspond ainsi à environ 6 mois d’irradiation naturelle).
Les examens effectués par tomodensitométrie apportent une dose
d’irradiation supérieure, mais on peut réduire cette dose en utilisant
les paramètres d’acquisition les plus faibles possibles (une règle
classique pour estimer la dose d’irradiation, en microSieverts
délivrée au cours d’un examen tomodensitométrique pratiqué à 120-
130 kVp, est de multiplier la valeur de l’intensité en mAs par 70).
De plus, il faut prendre en compte la dose efficace et non la dose à
la peau.
Note : Les anciennes unités, rad et rem, sont parfois encore utilisées.
Elles correspondent à 1 cGy et 1 cSv, respectivement.
Autres méthodes
:
Pour pratiquer un dépistage large de l’ostéoporose, on a cherché à
développer des méthodes d’utilisation simple et si possible non
irradiantes.
Les méthodes ultrasonores sont maintenant bien établies
et largement utilisées.
D’autres méthodes, plus destinées à l’étude
de la texture du tissu osseux, sont encore essentiellement utilisées
en recherche.
Cependant, certaines d’entre elles, celles dérivées de
l’imagerie par résonance magnétique (IRM) en particulier,
commencent à apparaître comme des techniques possibles dans les
études cliniques.
A - MÉTHODES ULTRASONORES : SITES DE MESURE
ET GRANDEURS MESURÉES
Le site de mesure le plus courant est le calcanéum, os porteur riche
en composante trabéculaire.
Les appareils utilisés sont à bain d’eau,
avec régulation de la température du bain, pour éviter une dérive
des mesures, ou à sec, en utilisant un gel de contact.
Moins fréquemment, au moins dans le dépistage de l’ostéoporose,
la diaphyse des os longs, du tibia en particulier, ainsi que les
phalanges sont également des sites utilisés.
Deux grandeurs sont habituellement mesurées : la vitesse c des
ondes ultrasonores (très souvent notée SOS, pour speed of sound) et
l’atténuation en fonction de la fréquence (notée BUA, pour
broadband ultrasound attenuation), introduite par Langton.
La
définition de cette dernière grandeur repose sur le fait que
l’atténuation des ondes ultrasonores augmente avec la fréquence et
qu’elle correspond à la somme des atténuations des milieux
traversés, lorsqu’on l’exprime de façon logarithmique (en décibels
par mégaHertz).
Techniquement, des ondes ultrasonores sont émises
par un transducteur sur une bande de fréquences large, comprise
entre 0,1 et 0,6 MHz par exemple, et l’intensité des ondes recueillies
par un second transducteur, après traversée des tissus, est soustraite
de celle mesurée dans un milieu de référence, l’eau en général.
Ainsi,
une relation linéaire entre l’amplitude de l’atténuation et la
fréquence est établie.
La pente de la droite correspondante
est la valeur de BUA, qui s’exprime en dB/MHz.
Récemment, une technique d’analyse du rayonnement ultrasonore rétrodiffusé a également été envisagée et un nouvel index BUB
(broadband ultrasound backscattering) a été défini pour l’analyse des
propriétés du tissu osseux.
La vitesse c, dont l’ordre de grandeur est d’environ 1 750 m/s
lorsqu’elle est mesurée dans des échantillons de tissus osseux
déminéralisés et d’environ 4 000 m/s dans des échantillons dans
lesquels les protéines ont été extraites, est directement liée aux
propriétés mécaniques de l’os.
Elle s’exprime en effet par c2 = E/q,
expression dans laquelle E est la valeur moyenne du module de
Young du milieu dans la direction de propagation de l’onde
ultrasonore et q est la masse volumique de ce milieu.
In vivo, les valeurs des vitesses mesurées au calcanéum sont proches
de la vitesse de référence c0 trouvée dans l’eau, ce qui met en
évidence de façon nette l’influence des tissus mous et indique que
les interprétations simples, souvent utilisées, sont sans doute assez
éloignées de la réalité physique, qui devra être prise en compte pour
des développements futurs.
Cependant, il a été établi que la
valeur de BUA est associée au poids corporel, à la prise de calcium,
ainsi qu’à des facteurs de risque comme l’activité physique et le
passé familial d’ostéoporose et plusieurs études ont indiqué que
les mesures de la SOS et de la BUA au calcanéum peuvent avoir la
même valeur prédictive que les mesures classiques de DMO par
DXA.
Une étude récente a également montré que, dans les
diaphyses des os longs (au tiers distal du radius et au tiers moyen
de la diaphyse du tibia), la vitesse des ondes sonores est corrélée à la DMO corticale, sans qu’elle puisse être associée de façon nette à
l’épaisseur des corticales, un important déterminant de la résistance
mécanique des os longs.
In vivo, la reproductibilité moyenne des mesures est de l’ordre de 2
à 4 % pour la SOS et de 6 % pour la BUA.
B - MÉTHODES DE RÉSONANCE MAGNÉTIQUE
:
Bien que la composante minérale du tissu osseux ne donne pas de
signal propre, le signal provenant des autres composantes, et en
particulier de la moelle, permet d’obtenir des images précises de la
structure osseuse trabéculaire et d’effectuer des mesures des
principaux paramètres osseux utiles pour l’estimation des propriétés
mécaniques de l’os.
Les premiers développements datent de 1991
et l’influence des travées osseuses sur le temps de relaxation T2* de
la moelle osseuse a été bien mise en évidence en utilisant des
champs élevés, de l’ordre de 7 Teslas.
L’évolution du matériel et des
techniques IRM permet aujourd’hui d’obtenir des images en haute
résolution, avec des champs magnétiques courants de 1,5 Teslas.
Ces techniques peuvent maintenant être utilisées dans
l’investigation du squelette périphérique, par exemple au calcanéum
ou à l’extrémité distale du radius.
Applications pédiatriques
:
En pédiatrie, spécialité où les mesures par absorptiométrie se
développent rapidement, les examens usuels les plus utiles sont
ceux de la colonne lombaire et du corps entier.
Ces deux types
d’examen donnent en effet l’ensemble des résultats nécessaires à
l’estimation de l’état du squelette osseux et de la composition
corporelle en masse musculaire et masse grasse, en fonction des
paramètres de croissance.
Considérant d’une part que les soudures épiphysodiaphysaires au fémur ne sont effectives que vers l’âge de
15 ans et d’autre part que chez les enfants et les adolescents, sauf
dans les cas de grandes scolioses, il n’y a pas de condensations
osseuses au rachis qui pourraient conduire à des interprétations
erronées des valeurs de densité mesurées à ce niveau, nous ne
pratiquons pas systématiquement l’examen densitométrique de
l’extrémité supérieure du fémur.
En effet, cet examen, classique chez
l’adulte, n’apporte là aucun élément nouveau important.
De plus,
une irradiation supplémentaire, bien que faible, peut ainsi être évitée
dans une zone de tissus sensibles.
Nous effectuons cependant cet
examen de l’extrémité supérieure du fémur dans des cas spécifiques,
tels ceux d’épiphysiolyse ou encore de certains traumatismes de la
hanche, où les mesures de densité minérale et de CMO peuvent
avoir un intérêt dans le traitement orthopédique.
PARTICULARITÉS DE L’ANALYSE DES RÉSULTATS
:
Chez les enfants et les adolescents, les résultats densitométriques
sont obtenus sur un squelette en croissance et les courbes des
valeurs normales du contenu minéral et de la DMO établies en
fonction de l’âge sont bien superposables aux courbes de croissance
staturale.
Ceci est particulièrement évident à l’étage vertébral
lombaire.
Il en résulte que la valeur de la DMO, à ce
niveau, peut être très sensiblement différente chez deux enfants de
même âge, mais qui auraient des parcours staturaux différents, ce
qui est fréquemment le cas chez des enfants normaux, en période
prépubertaire ou dans des circonstances pathologiques comme, par
exemple, dans les insuffisances rénales.
Il a été bien montré que
l’ambiguïté qui peut exister alors sur la normalité de cette densité
peut être levée en rapportant les résultats à la taille.
Une correction
simple et suffisante consiste à considérer le rachis lombaire comme
un cylindre à base circulaire dont le diamètre est la largeur moyenne
de l’image projetée du rachis et la hauteur la longueur de balayage,
deux quantités données par l’analyse de l’examen.
La densité
minérale volumique obtenue ainsi est presque constante pendant
toute la période de la croissance.
Pour le corps entier, la DMO varie avec l’âge beaucoup plus que
chez l’adulte.
Cependant, et encore plus que chez l’adulte,
l’extrémité céphalique entre en compte pour un pourcentage
important (de plus de 40 % du CMO global à 2 ans et encore d’au
moins 20 % à 20 ans) et sa DMO vaut environ deux fois celle des
membres inférieurs et trois fois celle des membres supérieurs.
Si l’on
veut se servir du paramètre DMO, il est donc nécessaire d’utiliser
des courbes de référence qui ne prennent pas en compte cette
portion du squelette.
La reproductibilité de la méthode pour la mesure de la composition
corporelle en masse maigre et masse grasse est bonne, permettant
de déceler des variations faibles, comme on a pu le mettre en
évidence chez de jeunes patients dialysés.
Les résultats peuvent être analysés en fonction de l’âge.
Des courbes
des valeurs normales, aussi bien pour le CMO du squelette que pour
la masse maigre et la masse grasse, ont été publiées en fonction de
l’âge.
Cependant, tout comme au rachis lombaire, il s’avère
difficile, avec ces courbes, d’interpréter correctement les examens
effectués chez des enfants qui présentent un retard ou une avance
de croissance.
Une façon à la fois plus simple et beaucoup plus
informative d’interpréter les données absorptiométriques est de se
référer au poids corporel qui est, là aussi, le paramètre le mieux
corrélé avec le CMOt, la masse maigre et la masse grasse.
De
plus, il peut être utile de préciser la distribution du CMO et des
tissus mous dans des régions d’intérêt particulier, comme les
membres, par exemple dans le cas d’anomalies orthopédiques ou
chez des sujets atteints d’ostéogenèse imparfaite.
Conduite pratique
:
Une large part des indications des examens de DMO provient du
dépistage de l’ostéoporose chez la femme en période
périménopausique et, éventuellement, du suivi de ces patientes au
cours de leur traitement.
Cependant, de nombreuses pathologies
peuvent entraîner une ostéoporose secondaire dont le diagnostic
doit être fait également de façon précoce.
Pour cette deuxième
catégorie d’ostéoporose, les deux sexes ont des facteurs de risque
sensiblement équivalents et on voit par exemple des hommes jeunes
qui présentent une hypercalciurie pouvant hypothéquer rapidement
la qualité mécanique de leur squelette.
Peu d’études spécifiques ont
été faites chez l’homme.
Les méthodes de mesure sont
évidemment les mêmes que chez la femme, mais les courbes des
valeurs normales en fonction de l’âge diffèrent sensiblement d’un
sexe à l’autre.
A - TECHNIQUE DE MESURE À UTILISER
ET SITE DE MESURE :
Les différentes techniques dont on peut disposer n’ont, de toute
évidence, pas le même rapport coût/bénéfice et il ne serait pas
raisonnable, dans l’état actuel de la technologie, de faire le dépistage
de l’ostéoporose en utilisant les méthodes d’IRM, par exemple.
Pour ces examens de dépistage, les deux méthodes principales à envisager
sont celles utilisant les ultrasons (QUS) et celles de type DXA, la
première ayant, d’après des études récentes le même pouvoir de
discrimination que l’absorptiométrie à rayons X pratiquée au niveau
du calcanéum.
Si le praticien a des éléments qui le font s’orienter
vers un bilan radiologique plus complet, un examen par QCT peut
être programmé en même temps que le bilan scanographique prévu,
qu’il soit à orientation osseuse ou non.
Dans ces indications, le site à étudier est plus ou moins imposé :
calcanéum pour QUS, rachis lombaire pour QCT. Les examens de
DXA offrent plus de choix.
Il est encore habituel de prescrire un
examen du rachis lombaire, mais il faut se souvenir de la possibilité
de surestimation de la DMO mesurée, due à la présence d’arthrose.
L’examen de l’extrémité supérieure du fémur, qui donne une idée
très précise du risque fracturaire en diverses zones du squelette
osseux, est certainement le meilleur examen à prescrire
pour les patients à partir de la cinquantaine.
Chez les enfants, bien que des résultats intéressants aient été obtenus
à partir de mesures ultrasonores du calcanéum, il n’existe pas
d’appareils à ultrasons pour les mesures par QUS tout à fait
satisfaisants pour réaliser des examens bien adaptés au squelette en
croissance.
La méthode actuellement la plus intéressante pour cette
population d’enfants et d’adolescents est très certainement
représentée par l’examen « corps entier » par DXA, examen qui
permet en un temps bref et moyennant une dose d’irradiation
minime d’obtenir des informations très complètes sur le
compartiment osseux et la composition corporelle en masse
musculaire et masse grasse.
B - INTERVALLE ENTRE DEUX EXAMENS
:
Quelle que soit la technique utilisée, il faut évidemment respecter
un intervalle de temps suffisant entre deux examens, afin que la
différence entre les deux mesures soit significative.
On a vu que cet
intervalle est déterminé essentiellement par la reproductibilité du
système de mesure, qu’il faut donc connaître.
C - COMPTE-RENDU ET CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES
:
Les résultats fournis par les examens de densitométrie doivent être
analysés avec beaucoup de rigueur, car de leur interprétation
découlent souvent des décisions pour la mise en place de
thérapeutiques de longue durée.
Il faut s’attacher à préciser les
paramètres mesurés en fonction de la taille du patient et ne pas se
contenter d’une simple comparaison avec les valeurs moyennes
définies dans une population standard.
L’application de critères
utilisant le T score, en particulier, doit se faire avec prudence.