Le larynx est un organe cervical de petite taille, mais qui doit
assumer plusieurs fonctions.
Placé sur la filière aérique, il participe
à la respiration.
Il doit assurer la production et la modulation des
sons, rôle socialement très important.
Situé sous le carrefour aérodigestif, il doit se protéger, ainsi que les voies respiratoires sousjacentes, de l’intrusion des aliments, en fermant son orifice supérieur lors de la déglutition.
La réalisation de toutes ces fonctions nécessite
une organisation anatomique complexe, qu’il est nécessaire de
rappeler avant d’aborder son étude radiologique.
Rappel anatomique
:
Le larynx est soutenu par une charpente ostéocartilagineuse, dont
les éléments sont reliés par des articulations et un système
membranoligamentaire.
Ils sont actionnés par des muscles qui
assument chacun un rôle défini et original, sous la commande des
nerfs laryngés.
A - CHARPENTE OSTÉOCARTILAGINEUSE
:
La calcification des cartilages laryngés est variable d’un individu à
l’autre.
Progressive avec l’âge, elle commence après la puberté, et
évolue vers l’ossification selon un processus d’ossification
enchondrale se prolongeant sur de nombreuses années.
Ces
différents stades sont bien visibles en tomodensitométrie, et peuvent
coexister sur un même cartilage.
Les cartilages faiblement calcifiés
sont homogènes, à peine plus denses que les muscles voisins.
Puis,
au fur et à mesure que les dépôts calciques, et donc la densité,
augmentent, ils s’épaississent et prennent souvent un aspect plus
hétérogène lorsqu’ils atteignent leur densité maximale.
À un stade de plus, apparaît une véritable ossification, avec
corticales périphériques denses et médullaire centrale graisseuse.
La
progression de cette calcification vers l’ossification se fait à partir de
points d’ossification, dans un ordre assez stéréotypé en fonction de
chaque cartilage, qui a été bien décrit par Baclesse.
Les points
apparaissant les premiers se situent à proximité des principales
insertions musculaires et surtout des zones articulaires.
Les fronts d’ossification progressent de façon grossièrement
symétrique, mais rarement parfaitement, surtout pour le cartilage
thyroïde.
Cette asymétrie relative, plus ou moins importante, doit
être prise en compte dans la recherche d’une pathologie
cartilagineuse, en particulier d’une extension tumorale.
Pour
chaque cartilage étudié, nous schématisons les particularités de la
progression de cette calcification vers l’ossification.
1- Os hyoïde
:
Il ne fait pas partie du larynx à proprement parler, mais, situé à
l’angle entre plancher buccal et face antérieure du cou, il le rattache
aux structures craniofaciales.
L’os hyoïde a une forme de fer à cheval à concavité postérieure.
Le
corps, antérieur et médian, est convexe en avant à la fois
transversalement et verticalement.
De part et d’autre, il est relié aux
grandes cornes, de direction antéropostérieure plus ou moins
divergente.
Leur articulation est surmontée de chaque côté par une
petite corne à direction postérosupérieure.
L’os hyoïde est toujours ossifié chez l’adulte, à l’exception des petites
cornes, plus longtemps cartilagineuses.
2- Cartilage thyroïde
:
Il est situé en dessous de l’os hyoïde.
C’est le bouclier protégeant le
larynx.
Il est constitué de deux lames ou ailes, de 33 ± 6 mm de hauteur et
45 ± 8 mm dans leur plus grande longueur(1).
Elles sont unies en
avant sur la ligne médiane.
Cette ligne d’union, ou crête médiane,
s’étend sur une hauteur de 20 ± 3,5 mm.
Elle a une épaisseur
minimale à sa partie moyenne ou un peu au-dessus (moitié
supérieure du tiers moyen).
La jonction est incomplète vers le haut
où les lames restent séparées par l’incisure thyroïdienne supérieure,
profonde.
Le fond de cette incisure, ou sommet de la crête médiane,
est le point le plus antérieur du cartilage thyroïde et du larynx,
responsable du relief cervical médian de la proéminence laryngée
ou pomme d’Adam.
Le bord postérieur des lames se prolonge vers
le haut et le bas par les cornes supérieures et inférieures, atteignant
à cet endroit une hauteur totale de 50 ± 10 mm.
Le bord supérieur
des lames est convexe vers le haut à sa partie antérieure, concave à
sa partie postérieure avant son union avec la corne supérieure.
La
partie moyenne du bord inférieur est marquée par une saillie ou
tubercule thyroïdien inférieur en regard de l’extrémité de la crête ou
ligne oblique.
Cette crête d’insertion musculaire divise la face externe des lames
selon une ligne oblique en bas et en avant.
Les surfaces délimitées
sont inégales, plus grandes en avant.
La lame thyroïdienne est
souvent angulée en regard.
Par ailleurs, du fait de leur union antérieure, les lames forment un
angle dièdre ouvert en arrière qui est aigu en haut et plus large et
arrondi en bas.
Ainsi le cartilage thyroïde présente-t-il assez souvent
une triple angulation sur les coupes transversales.
La calcification du cartilage thyroïde débute à sa partie postéroinférieure,
et de là s’étend le long des bords postérieurs et inférieurs.
Un second centre d’ossification apparaît à la partie
inférieure du bord antérieur, avec calcification de bas en haut de la
crête médiane.
Les fronts de calcifications s’étendent lentement, de proche en
proche, de façon prédominante le long des bords.
Deux plages
ovalaires restent longtemps moins épaisses et moins denses à la
partie antérieure des lames, séparées par une bande de calcification inférosupérieure à l’union tiers antérieur-tiers moyen.
3- Épiglotte
:
Elle est située dans la moitié supérieure du dièdre thyroïdien, dans
un plan frontal incliné en haut et en arrière.
Sa partie supérieure est
large, débordant le cartilage thyroïde et le plan de l’os hyoïde en
haut.
Elle est concave en arrière transversalement de façon plus ou
moins prononcée.
Sa partie inférieure ou pétiole ou pied s’effile vers
la partie moyenne de l’angle rentrant du cartilage thyroïde.
Dans le plan sagittal, sa face dorsale ou laryngée est marquée par
une convexité médiane : le tubercule épiglottique.
La hauteur moyenne de l’épiglotte est de 65 ± 10 mm(1).
Sa surface
est criblée de nombreuses petites dépressions.
C’est un cartilage
élastique.
Sa souplesse lui permet de se rabattre en arrière pour
obturer l’orifice supérieur du larynx lors de la déglutition.
Elle est rarement calcifiée.
La calcification, quand elle existe,
consiste en une fine plaque médiane dans la portion sous-hyoïdienne.
4- Cartilage cricoïde
:
Il est situé à la partie inférieure du larynx, dont il constitue la base
.
Il forme un anneau qui n’est complet qu’à sa
partie inférieure.
Il est beaucoup plus haut en arrière (27 ± 5 mm)
qu’en avant (6 ± 3 mm), avec une diminution de hauteur progressive
latéralement.
Les parties antérieure et latérales constituent l’arc ou
anneau cricoïdien.
La partie postérieure appelée lame ou plaque cricoïdienne ou chaton cricoïdien, vient s’encastrer entre les deux
lames thyroïdiennes dans leur partie postéro-inférieure.
La face
postérieure de la lame est marquée par une crête médiane, sur
laquelle s’insère l’aponévrose intrapharyngienne par l’intermédiaire
du ligament cricopharyngien.
Son bord supérieur est marqué par
une petite dépression médiane.
La lame cricoïdienne est porteuse de quatre facettes articulaires
latérales, symétriques deux à deux :
– en bas, surfaces articulaires thyroïdiennes, rondes, répondant aux
cornes thyroïdiennes inférieures.
Les articulations cricothyroïdiennes
permettent des mouvements de bascule autour d’un axe transversal ;
– en haut, sur le versant antérieur du bord supérieur, surfaces
hémicylindriques obliques en haut, en arrière et en dedans,
répondant à la base des aryténoïdes.
Les articulations cricoaryténoïdiennes permettent des mouvements :
– de glissement des aryténoïdes, les écartant ou les rapprochant
l’un de l’autre ;
– de rotation des aryténoïdes autour d’un axe vertical ;
– de bascule des aryténoïdes autour d’un axe transversal.
La calcification du cricoïde est contemporaine de celle du cartilage
thyroïde.
Elle débute dans sa partie postérosupérieure, dans la
région articulaire.
Elle s’étend progressivement vers le bas et vers
l’arc.
La calcification de la crête médiane est retardée par rapport à
celle du reste de la lame, pouvant lui conférer un aspect encoché
paradoxal, ou être source de confusion dans la recherche
de corps étranger.
5- Cartilages aryténoïdes
:
Pairs, symétriques et postérieurs, ils surmontent la partie antérieure
de la lame cricoïdienne (hauteur 15 ± 7 mm).
Ils ont une forme de pyramide triangulaire à sommet supérieur.
Deux des angles de la base triangulaire se prolongent par des
apophyses :
– processus vocal ou apophyse vocale, antérieur, se terminant en
pointe effilée ;
– processus ou apophyse musculaire, postéroexterne, plus épais.
La partie inférieure de la face antérolatérale, juste au-dessus du
processus vocal, est marquée d’une dépression, la fossette oblongue
ou hémisphérique.
La calcification des aryténoïdes est un peu retardée par rapport à
celle du thyroïde et du cricoïde.
Elle commence à la partie
postérieure de la base.
Elle est souvent plus précoce chez la femme,
avec un stade de calcification intense plus prolongé.
6- Cartilage corniculé
:
Le sommet de l’aryténoïde est prolongé en haut par le cartilage
corniculé ou de Santorini qui se termine en crochet à direction
interne.
Il est exceptionnellement calcifié.
7- Cartilages cunéiformes
:
De part et d’autre de l’ensemble aryténoïdes-corniculés, les
cartilages cunéiformes (ou de Wrisberg ou de Morgagni) sont des
petites tiges cartilagineuses, disposées verticalement dans les replis
aryépiglottiques qu’ils renforcent.
Ils sont exceptionnellement calcifiés.
8- Systèmes d’union
:
Outre les articulations cricothyroïdiennes et cricoaryténoïdiennes
déjà évoquées, il s’agit essentiellement d’un système
membranoligamentaire.
Une partie du système ligamentaire unit le larynx aux structures de
voisinage :
– membane cricotrachéale en bas, unissant le bord inférieur du
cricoïde au premier anneau trachéal ;
– membrane thyrohyoïdienne entre bord supérieur des lames et de
l’incisure thyroïdienne en bas, et corps et grandes cornes de l’os
hyoïde en haut.
Sa partie postérieure unissant les grandes
cornes hyoïdiennes aux cornes thyroïdiennes supérieures s’épaissit
en un ligament qui contient parfois un cartilage accessoire : le
cartilage triticé.
Ces ligaments thyrohyoïdiens peuvent être calcifiés
ou ossifiés de façon plus étendue, par suite de la persistance totale
ou fragmentaire d’un pont cartilagineux existant chez l’embryon ;
– membrane hyoépiglottique attachant la face ventrale de l’épiglotte
au bord postérosupérieur de l’os hyoïde.
Cette membrane résistante
ferme en haut la loge graisseuse pré-épiglottique, et constitue une
barrière aux extensions tumorales ;
– l’épiglotte est également reliée :
– en avant, à la langue par les ligaments glossoépiglottiques
médian et latéraux ;
– latéralement, à la paroi pharyngée sus-jacente par les ligaments pharyngoépiglottiques.
Ces ligaments soulèvent les plis muqueux correspondants.
Les cartilages laryngés sont reliés par le système ligamentaire
intrinsèque :
– le ligament thyroépiglottique rattache le pied de l’épiglotte à la
partie moyenne de la face dorsale de la crête médiane du cartilage
thyroïde, par l’intermédiaire du tendon de la commissure antérieure
ou tendon de Broyles.
Ce raphé fibreux, commun à plusieurs
insertions ligamentaires, pénètre le cartilage par une zone
dépourvue de périchondre interne, et se continue latéralement avec
ce périchondre.
Cette zone est un point de faiblesse pour
l’envahissement tumoral ;
– les ligaments aryépiglottiques, vont des bords latéraux de
l’épiglotte au bord antérieur des aryténoïdes en soulevant les plis
ou replis aryépiglottiques ;
– les ligaments thyroaryténoïdiens supérieurs ou ligaments
vestibulaires s’insèrent :
– en avant, dans la moitié supérieure du dièdre thyroïdien par
l’intermédiaire du tendon de Broyles ;
– en arrière, dans les fossettes oblongues des aryténoïdes.
Ils participent au relief des plis vestibulaires ou bandes
ventriculaires ou fausses cordes.
Ils participent, avec les ligaments aryépiglottiques à la membrane quadrangulaire qui double la
muqueuse vestibulaire de part et d’autre de l’épiglotte ;
– les ligaments thyroaryténoïdiens inférieurs ou ligaments vocaux
s’insèrent :
– en avant, sur la moitié inférieure du dièdre thyroïdien par
l’intermédiaire du tendon de Broyles ;
– en arrière, sur les apophyses vocales des aryténoïdes.
Ils répondent au bord libre des cordes vocales ;
– la membrane cricothyroïdienne solidarise la partie antérieure des
cartilages thyroïde et cricoïde.
Elle est très fine, sauf dans sa portion
médiane et paramédiane ou ligament cricothyroïdien.
Dans
cette zone qui participe à la constitution du cône élastique, elle est
épaisse et résistante.
Ces structures membranoligamentaires intrinsèques sont, pour la
plupart, en continuité, constituant la membrane fibroélastique du
larynx.
Outre leur rôle d’attache, certaines participent à la
constitution du cône élastique, plus épais, qui est un
élément vibratoire essentiel de la phonation, situé immédiatement
sous la muqueuse laryngée des étages glottique et sous-glottique.
C’est une membrane élastique tronconique continue, ouverte en bas
sur la trachée et en haut sur le vestibule. Son orifice supérieur est
aplati transversalement.
Il est formé par les ligaments vocaux de
part et d’autre de la fente glottique.
En bas, la
membrane élastique circulaire adhère solidement à toute la face
interne de l’anneau cricoïdien, auquel elle s’attache dès son bord
supérieur.
En avant, les insertions thyroïdiennes des ligaments
vocaux sont en continuité avec le ligament cricothyroïdien.
Ce
dernier se confond avec la partie médiane de la membrane cricothyroïdienne, qui est beaucoup plus fine de part et d’autre.
La tension de ce cône élastique varie avec les
modifications des positions relatives des éléments cartilagineux
auxquels il s’attache : thyroïde, cricoïde et aryténoïdes.
Cette
membrane épaisse constitue de plus une barrière aux extensions
tumorales.
B - MUSCLES
:
Nous ne
parlons ici que des muscles intrinsèques du larynx, chacun
assumant une fonction originale.
1- Cricothyroïdiens
:
Ils s’insèrent en bas de part et d’autre de la ligne médiane, sur la
partie antéroexterne du cricoïde.
Ils se dirigent obliquement en haut
et en arrière vers le bord inférieur des lames thyroïdiennes, et le
bord antérieur de leur corne inférieure.
Leur contraction soulève la
partie antérieure du cricoïde, la rapprochant du thyroïde.
Le cricoïde
pivote autour de l’axe des articulations cricothyroïdiennes.
La partie
supérieure de la lame cricoïdienne bascule en arrière, entraînant les
aryténoïdes, qui s’écartent ainsi du dièdre thyroïdien.
Il en
résulte une mise sous tension des cordes vocales.
Ces muscles
tenseurs sont les seuls à être innervés de façon dominante par
les nerfs laryngés supérieurs.
Les autres
muscles intrinsèques du larynx sont sous la dépendance
prépondérante des nerfs laryngés inférieurs ou nerfs récurrents.
2- Cricoaryténoïdiens postérieurs
:
Ils s’insèrent sur la face dorsale de la lame cricoïdienne,
de part et d’autre de la crête médiane.
Ils se
dirigent en haut et en dehors vers les apophyses musculaires des
aryténoïdes.
Leur
contraction attire ces apophyses vers l’arrière et, par une
rotation des aryténoïdes, entraîne les apophyses vocales en
dehors.
Cette
abduction des apophyses vocales et des cordes vocales ouvre la
glotte au maximum, lorsqu’un débit d’air important est
nécessaire à la respiration.
Ce sont les
seuls muscles dilatateurs de la glotte. Les autres muscles
contribuent à la fermeture de la glotte (rôles sphinctérien et
phonateur du larynx).
3- Cricoaryténoïdiens latéraux
:
Ce sont les antagonistes directs des précédents.
Des apophyses
musculaires aryténoïdiennes, ils se dirigent en avant vers le bord crânial de la partie latérale du cricoïde.
Leur contraction
attire donc les apophyses musculaires en avant et entraîne, par
rotation des aryténoïdes, une adduction des apophyses et des cordes
vocales.
4- Aryténoïdiens ou interaryténoïdiens obliques
et transverse
:
Ce sont des muscles médians.
Ils réunissent les deux
aryténoïdes par leur face postérieure.
Leur contraction entraîne un
glissement de la base des aryténoïdes, les rapprochant l’un de l’autre
sur la ligne médiane, fermant la partie postérieure intercartilagineuse ou
respiratoire de la glotte.
5- Thyroaryténoïdiens médiaux ou muscles vocaux
:
C’est la couche interne des thyroaryténoïdiens inférieurs.
Ils
occupent l’épaisseur des cordes vocales. Ils s’insèrent en
avant sur le tiers inférieur du dièdre thyroïdien, de part et d’autre
de la ligne médiane.
En arrière, ils s’insèrent sur le processus vocal
et le bord inférieur de la face antérolatérale des aryténoïdes, ainsi
que sur la partie attenante de la fossette oblongue.
Leur action est
préparée par les mouvements de bascule et de rotation induits par
les autres muscles.
Leur contraction parfait le réglage de longueur
et d’épaisseur des cordes vocales, ainsi que la largeur de la fente
glottique, adaptées à la production des sons souhaités ou à la
fermeture de la glotte.
6- Autres muscles laryngés intrinsèques
:
Ils n’interviennent pas dans la production des sons mais participent,
à un moindre degré, à leur modulation (caisse de résonance susglottique).
Leur rôle principal est la protection de la filière aérique
inférieure, par fermeture de l’orifice supérieur du larynx lors de la
déglutition.
Les thyroaryténoïdiens latéraux regroupent :
– la couche externe des muscles thyroaryténoïdiens inférieurs, qui
s’étale en éventail à partir de son insertion thyroïdienne antérieure,
en dehors du muscle vocal. Ses faisceaux vont se terminer sur le
bord latéral de l’aryténoïde, dans le pli aryépiglottique (muscle
thyromembraneux) et sur le bord latéral de l’épiglotte (muscle
thyroépiglottique) ;
– les muscles thyroaryténoïdiens supérieurs qui ont une direction
inverse : de la partie supérieure de la face interne de la crête
médiane du cartilage thyroïde, ils se dirigent en bas et en arrière
vers les apophyses musculaires aryténoïdiennes ;
– les muscles aryépiglottiques ou aryténoépiglottiques vont du
processus musculaire aryténoïdien vers le bord controlatéral de
l’épiglotte, en croisant la face postérieure des aryténoïdes et du
muscle aryténoïdien, dont ils prolongent certaines des fibres
obliques.
C - CORPS ADIPEUX DU LARYNX
:
C’est une lame graisseuse triangulaire à base inférieure, dont les
angles sont arrondis.
Épaisse en haut, elle s’amincit vers le bas et
surtout latéralement.
Sa partie médiane, la plus importante,
correspond à la graisse de la loge hyo-thyro-épiglottique (HTE) ou ré-épiglottique.
Cette loge est limitée par la membrane hyoépiglottique en haut, la membrane thyrohyoïdienne et le
cartilage thyroïde en avant, l’épiglotte en arrière.
Latéralement, cette loge pré-épiglottique est ouverte.
L’espace
graisseux se continue en dehors et en arrière, le long de la
membrane hyothyroïdienne et des lames thyroïdiennes, qu’il sépare
des structures musculaires et muqueuses en dedans.
Il constitue
l’espace paralaryngé qui prend le nom d’espace paraglottique en
regard des cordes vocales, à partir du fond des ventricules.
Sa limite
postérieure est au contact de l’angle antérieur des récessus
piriformes (hypopharynx), dont la profondeur est plus importante
vers le haut.
Ainsi, l’espace paralaryngé est-il court et épais en haut,
long et fin à sa partie inférieure.
Le corps adipeux émet des
prolongements dans l’épaisseur du mur pharyngolaryngé et entre
certains faisceaux musculaires.
D - FILIÈRE LARYNGÉE
:
Tous ces constituants laryngés délimitent la filière aérique tapissée
par une muqueuse sur toute sa face interne.
Le larynx se divise en
trois étages :
– l’étage glottique ou vocal est le plus petit mais le plus important :
c’est l’étage phonateur.
Il est limité aux cordes vocales ou plis
vocaux et à leurs zones de jonctions médianes : les commissures
antérieure et postérieure.
Le relief des cordes vocales est soulevé
par les ligaments thyroaryténoïdiens inférieurs et les muscles
vocaux.
La fente glottique qui les sépare est divisée en partie antérieure intermembranacée ou glotte vocale, et partie postérieure
intercartilagineuse (entre les apophyses vocales) ou glotte
respiratoire ;
– l’étage sous-glottique ou cavité infraglottique est cylindrique, avec
une partie supérieure ogivale se raccordant à la face inférieure des
cordes vocales.
C’est une zone de transition avec la lumière trachéale
sous-jacente ;
– l’étage supérieur vestibulaire ou sus-glottique ou supraglottique
est constitué par :
– en avant, la face dorsale ou laryngée de l’épiglotte ;
– latéralement, les plis vestibulaires ou bandes ventriculaires,
surmontés des plis ou replis aryépiglottiques ;
– en bas, les ventricules de Morgagni, récessus séparant le relief
des cordes vocales de celui des plis vestibulaires, s’étendant
latéralement jusqu’à proximité du cartilage thyroïde, dont ils ne
sont séparés que par le mince espace graisseux paralaryngé.
Au cours de la respiration, ces cavités sont peu marquées, le relief
des plis vocaux et vestibulaires s’effaçant de part et d’autre.
Lors de
la fermeture laryngée (déglutition), ce sont des cavités virtuelles,
leur orifice étant une fente délimitée par des structures presque
parallèles, dont les insertions sont contiguës dans le plan vertical
(ligaments thyroaryténoïdiens supérieurs et inférieurs).
Seules les
insertions postérieures sont légèrement décalées latéralement, les
plis vocaux ayant une insertion médiale plus étendue que les plis
vestibulaires, ce qui permet de les voir en laryngoscopie indirecte.
Ces cavités se remplissent d’air, devenant fusiformes lors de
la phonation.
Leur hauteur atteint alors en moyenne 3 mm.
Leur
extrémité antérieure émet une expansion diverticulaire supérieure
remontant dans l’espace graisseux, à la limite entre partie antérieure
de l’espace paralaryngé et loge HTE : l’appendice ventriculaire ou
saccule laryngé.
La profondeur moyenne de cet appendice est de
10 mm.
Le vestibule est limité en haut par l’orifice supérieur du larynx ou
margelle laryngée, zone frontière largement ouverte sur le pharynx.
Cette margelle laryngée est constituée :
– en avant, par le bord libre de l’épiglotte sus-hyoïdienne ;
– latéralement, par les replis aryépiglottiques ;
– en arrière, par les régions aryténoïdienne et interaryténoïdienne.
Le vestibule sert de caisse de résonance modulable pour les sons
émis par la glotte, contribuant à leur personnalisation.
Il se collabe
et se contracte lors de la déglutition, pour renforcer la fermeture
laryngée amorcée par la bascule postérieure de l’épiglotte sushyoïdienne
sur les aryténoïdes, et complétée par la fermeture
glottique.
La muqueuse n’adhère pas partout de la même façon aux structures membranoligamentaires sous-jacentes, ménageant des espaces sousmuqueux
décollables plus sensibles à l’oedème tels que dans les plis
aryépiglottiques, les plis vocaux (espace de Reinke) et la sous-glotte.
L’espace de Reinke facilite les vibrations vocales.
E - INNERVATION ET VASCULARISATION
:
1- Innervation
:
Le larynx est innervé par les nerfs laryngés supérieurs et inférieurs,
branches du pneumogastrique (X) qui chemine en arrière de l’axe
vasculaire, dans le dièdre entre veine jugulaire interne et artère
carotide interne puis primitive.
Les nerfs laryngés supérieurs, surtout sensitifs, sont des branches
cervicales qui se divisent rapidement en deux rameaux :
– l’un, supérieur ou interne, emprunte le foramen thyroïdien, avec
les vaisseaux laryngés supérieurs, pour traverser la membrane thyrohyoïdienne.
Il innerve la muqueuse sus-glottique ;
– l’autre, inférieur ou externe, traverse la membrane cricothyroïdienne.
Il innerve la muqueuse glottique et sous-glottique
et le muscle cricothyroïdien.
Les nerfs laryngés inférieurs ou nerfs récurrents, moteurs, sont des
branches médiastinales du X, de trajet initial asymétrique :
– à droite, il passe sous l’artère sous-clavière ;
– à gauche, il naît plus bas et passe sous la crosse aortique.
Des deux côtés, ils remontent vers le larynx, dans la gouttière entre
trachée et oesophage.
Ils gagnent le larynx en passant sous le muscle cricopharyngien, puis sous la muqueuse des sinus piriformes. Ils
innervent tous les autres muscles du larynx.
La longueur du trajet médiastinal du nerf laryngé inférieur gauche
explique la plus grande fréquence des paralysies récurrentielles de
ce côté.
Les ramifications des nerfs laryngés supérieurs et inférieurs sont
réunies par des anastomoses.
Leur répartition musculaire explique la sémiologie radiologique des
paralysies récurrentielles.
2- Artères
:
Elles sont au nombre de trois de chaque côté.
Les artères laryngées supérieures et antéro-inférieures proviennent
des carotides externes par l’intermédiaire des artères thyroïdiennes
supérieures.
Les artères laryngées postéro-inférieures proviennent des artères
sous-clavières par l’intermédiaire des troncs thyro-bicervicoscapulaires
puis des thyroïdiennes inférieures.
Elles cheminent avec
le nerf récurrent.
3- Veines
:
Les trajets veineux sont parallèles aux trajets artériels.
Les veines
laryngées supérieures et inférieures se drainent dans les veines
thyroïdiennes supérieures, puis le tronc thyro-linguo-facial et la
jugulaire interne.
Les veines laryngées postérieures aboutissent dans les veines
thyroïdiennes inférieures, puis le tronc veineux brachiocéphalique
gauche.
4- Drainage lymphatique
:
Le réseau lymphatique muqueux est très développé aux étages suset
sous-glottiques ; il est pratiquement inexistant sur les cordes
vocales.
À l’étage sus-glottique, le drainage se fait vers les ganglions
supérieurs et moyens de la chaîne jugulaire interne de niveaux II et
III de la classification du Comité de « Head and Neck
Surgery and Oncology » :
– les ganglions sous-digastriques de Kuttner (noeud lymphatique
jugulodigastrique), situés sous le ventre postérieur du muscle
digastrique qui s’éloigne de l’os hyoïde avec un trajet
postérosupérieur ;
– les ganglions sus-omo-hyoïdiens (noeud lymphatique jugulo-omohyoïdien),
au-dessus du muscle omohyoïdien.
C’est le plus latéral
des muscles sous-hyoïdiens.
Il s’en écarte vers le bas et l’arrière,
croisant le paquet vasculaire au niveau de la partie inférieure des
lames thyroïdiennes.
Ce drainage est préférentiellement homolatéral, mais il peut être
controlatéral d’une part pour la loge pré-épiglottique du fait de son
origine embryologique médiane commune avec celle de la base de
langue et des vallécules, et d’autre part en arrière des
aryténoïdes.
Le drainage sous-glottique est plus diversifié :
– ganglions inférieurs de la chaîne jugulaire interne (niveau IV) ;
– parfois par l’intermédiaire de ganglions prélaryngés ou
prétrachéaux (niveau VI) ;
– mais aussi ganglions de la chaîne récurrentielle, situés dans l’angle
oesotrachéal, pour la partie postérolatérale de la sous-glotte.
Le drainage peut également s’effectuer vers les ganglions
controlatéraux du fait de connexions hypopharyngées
rétroaryténoïdiennes.
Rapports du larynx
:
Le larynx est dans l’espace viscéral.
Nous situons d’abord cet espace
par rapport aux autres subdivisions de la région cervicale, avant de
nous limiter à la description des rapports du larynx dans cet espace.
En effet, des plans aponévrotiques, dont certains sont en continuité
avec les régions sus- et sous-jacentes, divisent la région cervicale.
Ces aponévroses ne sont qu’occasionnellement visibles en coupes,
mais les structures qu’elles entourent le sont, et leur existence
explique la diffusion des processus pathologiques, ainsi que
certaines variantes anatomiques.
Leur connaissance permet aussi de
mieux cerner le point de départ, et donc souvent l’étiologie des
lésions par leur retentissement sur les différents espaces concernés.
A - SUBDIVISIONS DE LA RÉGION CERVICALE
:
Les dénominations anatomiques des aponévroses diffèrent selon les
auteurs.
Nous utilisons celles de W Smoker, qui a décrit les
subdivisions de l’anatomie cervicale infrahyoïdienne en coupes
axiales de tomodensitométrie (TDM) et en imagerie par résonance
magnétique (IRM).
Un fascia cervical superficiel, constitué du tissu conjonctivoadipeux
sous-cutané et contenant le muscle peaucier, entoure toute la région
cervicale.
Les différentes émanations du fascia cervical profond assurent les
divisions de cette région :
– le feuillet superficiel (fascia cervical superficiel de Rouvière)
encercle le cou en se dédoublant, pour enrober les muscles sternocléido-
mastoïdiens (SCM) et trapèzes ;
– le feuillet moyen enveloppe l’axe viscéral, c’est-à-dire les filières aérique et digestive (gaine viscérale de Rouvière).
Sa partie
postérieure se poursuit en haut avec le fascia péripharyngien, et en
bas dans le médiastin le long de l’oesophage.
Ses expansions
englobent les muscles sous-hyoïdiens (fascia cervical moyen de
Rouvière), ainsi que la glande thyroïde, qui font donc aussi partie
de l’espace viscéral ;
– le feuillet profond (correspondant en partie à l’aponévrose
profonde prévertébrale de Rouvière) entoure la musculature
prévertébrale et paraspinale, délimitant un espace dit prévertébral,
mais qui serait mieux nommé vertébral ou musculovertébral,
puisqu’il inclut aussi le rachis cervical ;
– la partie antérieure de ce feuillet profond se dédouble, pour
subdiviser l’espace graisseux pratiquement virtuel séparant les
espaces viscéral et prévertébral en un espace rétropharyngé en avant
et un « danger space » en arrière, se prolongeant tous deux en bas
dans le médiastin ;
– des expansions des trois feuillets contribuent à la délimitation des
espaces carotidiens ou vasculonerveux de part et d’autre de la partie
postérieure de l’espace viscéral.
Ces axes vasculonerveux divisent les plans graisseux cervicaux en :
– un espace cervical postérieur, en dehors des muscles paraspinaux,
contenant le nerf spinal et la chaîne lymphatique satellite ;
– un espace cervical antérieur entre axe viscéral et SCM.
B - ESPACE VISCÉRAL
:
Dans l’espace viscéral, le larynx est entouré sur sa face postérieure
par l’hypopharynx, avec sa région médiane et ses deux récessus
antérolatéraux ou sinus piriformes, décrits plus complètement dans
une autre partie de cet ouvrage.
L’ensemble est surmonté par
l’oropharynx, voie commune respiratoire et digestive, qui se sépare
dans un plan nommé carrefour des trois replis.
Ce plan est en effet
caractérisé par la convergence de trois reliefs muqueux sur la partie
latérale de l’épiglotte :
– le pli glossoépiglottique latéral, limitant la vallécule qui appartient
à l’oropharynx ;
– le pli pharyngoépiglottique, qui est la limite supérieure du sinus
piriforme ;
– le pli aryépiglottique qui participe à la constitution de la margelle
laryngée.
En bas, en regard du bord inférieur du cricoïde, le larynx se continue
avec la trachée, en même temps que le sphincter de la bouche
oesophagienne marque la transition entre l’hypopharynx et
l’oesophage.
Dans les angles oesotrachéaux montent les nerfs
récurrents accompagnés des vaisseaux thyroïdiens inférieurs et de
ganglions lymphatiques.
La partie inférieure du larynx et le haut de
la trachée sont entourés par les lobes thyroïdiens, réunis en avant
par l’isthme, et flanqués sur leur face postérieure des
parathyroïdes.
Les expansions rétropharyngées occasionnelles de
la thyroïde et l’intrication entre les éventuels reliquats du tractus
thyréoglosse et les muscles sous-hyoïdiens tapissant le cartilage
thyroïde illustrent bien l’appartenance commune de cette glande et
de ces muscles à l’espace viscéral.
Moyens et techniques d’imagerie
du larynx
:
L’exploration du larynx est dominée par l’étude en coupes, par TDM
ou par résonance magnétique, qui a été d’un grand apport pour le
bilan d’extension des lésions tumorales.
La TDM a l’avantage d’être plus largement disponible et réalisable
chez tous les patients.
Les progrès techniques des dernières années
en matière d’acquisitions hélicoïdales, de capacité des tubes radiogènes et des détecteurs ont très nettement amélioré ses
performances, notamment en rapidité d’examen.
L’IRM a l’avantage d’un meilleur contraste tissulaire, mais elle n’est
pas réalisable dans 10 à 20 % des cas du fait de contreindications
absolues (pacemaker, clips vasculaires récents, corps
étrangers métalliques oculaires) ou relatives (obésité, claustrophobie
et surtout défaut d’immobilité).
La détérioration des images par les
mouvements est en effet le principal écueil, le pharyngolarynx étant
lui-même très mobile (respiration, déglutition) et environné de
structures également mobiles (rachis cervical, mandibule, cage
thoracique), avec des patients de surcroît parfois dyspnéiques.
S’ils
sont trachéotomisés, il faut s’assurer que leur canule ne comporte
pas d’élément ferromagnétique.
Ces examens doivent être réalisés de préférence avant les biopsies,
afin d’éviter les majorations artificielles du volume tumoral par les
réactions oedémateuses qui peuvent s’ensuivre.
Les autres
techniques ont un intérêt plus limité.
Par ailleurs, l’étude du larynx ne doit pas être seulement
morphologique.
Elle doit aussi être dynamique.
En effet, elle doit
s’assurer de la bonne conservation des fonctions physiologiques et
de la mobilité (très importante pour la détermination du stade en
pathologie tumorale).
L’aspect de certaines structures laryngées
varie au cours de la réalisation de ces fonctions, et il faut savoir
choisir la manoeuvre adéquate au meilleur discernement de chacune.
Plusieurs manoeuvres différentes sont donc souvent nécessaires pour
réaliser un examen complet des constituants laryngés.
Nous allons
donc d’abord décrire les différentes manoeuvres possibles, leur
intérêt et leur mode de réalisation, avant d’envisager les techniques
d’imagerie.
La phonation est une fonction essentielle du larynx. Les cordes
vocales viennent vibrer de part et d’autre de la ligne médiane,
séparées seulement par une fente étroite.
Le larynx se contracte, avec
diminution de sa hauteur plus marquée en avant, aux dépens de la
distance cricoïde-thyroïde et surtout thyroïde-hyoïde.
Elle dessine au mieux le relief des cordes vocales, des ventricules et
des bandes ventriculaires.
La phonation s’effectue après une inspiration profonde, en
prononçant une voyelle de façon continue.
Toutes les voyelles, sauf
le A, ouvrent bien les cavités ventriculaires.
Le O procure une
ouverture vestibulaire correcte et une position moyenne de
l’épiglotte et des structures pharyngées sus-jacentes, réalisant un bon
compromis pour l’étude laryngée.
Le U est la
voyelle que les patients arrivent le plus constamment à prononcer
de façon prolongée.
Elle ouvre bien le vestibule et l’hypopharynx.
Les ventricules sont hauts et peu profonds.
Variante : en phonation inversée, l’émission des sons se fait pendant
l’inspiration au lieu de l’expiration.
Cette manoeuvre est plus difficile
à expliquer au patient et à réaliser, mais elle induit une très bonne
ouverture des ventricules, avec bonne dissociation des cordes
vocales et des bandes ventriculaires.
La respiration, en particulier l’inspiration, ouvre la glotte (calibre
maximal de la filière aérique).
L’air peut donc s’interposer et venir
mieux silhouetter et dissocier les structures, en particulier en avant
la commissure antérieure et le pied de l’épiglotte.
Elle atténue ou efface les reliefs latéraux, permettant d’en rechercher
une persistance anormale (bourgeonnement tumoral, gêne à la
mobilité, paralysie récurrentielle).
L’inspiration doit être effectuée
par le nez, bouche fermée, lentement et calmement pour ne pas être
génératrice de flou cinétique.
L’apnée permet une meilleure immobilité donc une meilleure
définition, dépourvue de flou cinétique. Deux modalités d’apnée
sont possibles selon les individus et les moments, en proportions
équivalentes :
– soit simple suspension de la respiration, le larynx restant ouvert ;
– soit ébauche de Valsalva classique : expiration forcée contre la
glotte fermée.
Les cordes vocales et les bandes ventriculaires
viennent au contact sur la ligne médiane, sans interposition d’air.
La manoeuvre de Valsalva modifiée équivaut à une insufflation pharyngolaryngée physiologique.
L’hyperpression pharyngée
refoule le larynx en avant, dissociant les parois antérieure et
postérieure de l’hypopharynx, permettant une meilleure définition
des limites postérieures du larynx.
L’hyperpression dans le vestibule
laryngé ouvre très bien les cavités ventriculaires.
Il s’agit ici d’un Valsalva modifié, qui se réalise en demandant au
patient d’inspirer profondément, puis de souffler dans ses joues en
fermant bien la bouche.
Le cou et les joues doivent se gonfler.
Pendant cette manoeuvre, le voile du palais se plaque contre la paroi
pharyngée postérieure, limitant l’hyperpression à la cavité buccale,
l’oro- et l’hypopharynx et au larynx.
La glotte reste ouverte,
équilibrant les pressions avec l’arbre trachéobronchique sous-jacent.
Elle peut aussi se fermer, une fois l’hyperpression bucco-pharyngolaryngée
établie.
A - TOMODENSITOMÉTRIE
:
Le sujet est en décubitus dorsal avec le cou en hyperextension, la
tête et le menton fixés à la têtière.
Les épaules sont abaissées.
Gamsu conseille d’utiliser une bande passée sous les pieds du
patient et que les mains agrippent, afin d’attirer les épaules vers le
bas.
Un mode radio de profil (topogramme, « scout-view ») permet
d’incliner le statif dans le plan glottique.
Celui-ci est donné par l’axe
de la clarté ventriculaire ou l’axe sommet de la lame cricoïdiennecentre
du 8 thyroïdien.
Mais ces structures peuvent être
difficiles à repérer sur le mode radio.
On peut réaliser le mode radio
en phonation pour mieux les distinguer.
Certains utilisent le plan
des disques C4-C5 ou C5-C6. L’axe de l’os hyoïde est plus
fiable.
Pour obtenir des reconstructions multiplanaires de bonne qualité à
partir d’une acquisition hélicoïdale, il est important que le statif soit
le moins incliné possible, et donc que le cou du patient ait été placé
dans un plan horizontal.
L’épaisseur des coupes doit être adaptée à la finesse des structures
examinées.
En mode séquentiel, des coupes de 5 mm jointives
réalisent un bon compromis entre cette exigence et le nombre de
coupes à effectuer, donc la durée de l’examen et la dose d’exposition.
En mode hélicoïdal, l’épaisseur nominale des coupes doit être plus
faible, car l’épaisseur réelle est toujours plus importante,
augmentant avec la vitesse de déplacement de table et l’algorithme d’interpolation.
Celui-ci est de préférence de 180° pour privilégier
la résolution spatiale.
L’épaisseur de coupe ne doit pas non plus
être trop faible pour garder un rapport signal sur bruit correct, sans
avoir à augmenter la dose délivrée au patient et l’échauffement du
tube.
Combinée avec le temps de rotation le plus court autorisé par
l’appareil, elle doit rester compatible avec une durée d’acquisition
sans risque de mouvement.
Des coupes de 3 mm, voire 2 mm
sont un bon compromis, avec un pitch (distance parcourue par la
table pendant une rotation du tube/épaisseur nominale de coupe)
ne dépassant pas 1,5, du moins en hélicoïdal monocoupe, car il peut
être plus élevé en multibarrettes.
L’incrément de reconstruction ne
doit pas être supérieur à l’épaisseur de coupe.
La reconstruction
chevauchée permet de mieux contraster des petites structures par
rapport à leur environnement.
Elle est nécessaire si l’on veut
effectuer des reformations multiplanaires (2D) et tridimensionnelles
(3D) de bonne qualité.
Quelques coupes plus fines et plus localisées sont souvent utiles sur
des zones précises (limite d’extension tumorale d’un étage à l’autre,
ventricules, zone cartilagineuse suspecte).
Elles peuvent parfois être
recalculées à partir des données brutes en cas d’acquisition
hélicoïdale.
L’analyse détaillée des cartilages peut nécessiter des
coupes fines en haute résolution, plutôt incrémentielles
qu’hélicoïdales.
Le champ d’acquisition doit être adapté à la taille du cou,
généralement 12 à 15 cm, de façon à occuper toute la largeur de l’image et à améliorer la résolution spatiale, sans cependant
risquer de couper les chaînes ganglionnaires dont l’étude doit se
faire parallèlement.
Pour cela, il faut explorer depuis la base du crâne jusqu’aux
clavicules, en modifiant l’inclinaison du statif de part et d’autre
des dents si elles comportent du matériel métallique afin d’éviter les
artefacts, et avec injection d’iode.
Cette dernière a pour but
d’opacifier les vaisseaux, mais aussi de mieux contraster les
tumeurs, dont la prise de contraste par diffusion interstitielle est
généralement plus tardive.
Une injection biphasique est donc
recommandée pour compenser ce décalage, avec une
première dose d’imprégnation puis, après une pause, une injection
continue si l’on dispose d’un injecteur, ou par bolus précédant
chaque série de coupes.
Nous réalisons ces coupes en apnée, pour que l’image ne soit pas
dégradée par des artefacts cinétiques.
Ceci est particulièrement
important pour la recherche des envahissements profonds, et en
particulier cartilagineux.
De même, le patient ne doit pas déglutir
pendant l’acquisition des données.
L’examen est complété par des manoeuvres dynamiques focalisées
sur le larynx dans les zones à préciser.
Cette étude dynamique a beaucoup bénéficié de l’acquisition
hélicoïdale qui permet un défilement continu du larynx, sans saut
de structure ni inversion de niveaux, comme il était fréquent en
coupes séquentielles du fait de la grande mobilité laryngée.
Si
l’apnée a été effectuée à glotte fermée, quelques coupes en
respiration calme permettent de vérifier le calibre résiduel de la
filière aérique en cas de tumeur, le bon écartement des aryténoïdes,
l’écartement des plis vocaux et la régularité de leur bord libre, et
surtout l’état du pied de l’épiglotte et des commissures, qui sont
mieux silhouettés par l’air.
L’étude des ventricules se fait en phonation, avec des coupes si
possible plus fines, après avoir exercé le patient à la manoeuvre et
vérifié le temps qu’il peut la maintenir, afin d’adapter la durée de
l’hélice.
L’appréciation du mur pharyngolaryngé et de la région
cricoaryténoïdienne peut nécessiter des coupes en Valsalva ou en
phonation U.
Les coupes doivent être visualisées à plusieurs largeurs et niveaux
de fenêtre pour les tissus mous et les cartilages.
Des structures fines,
comme les cordes vocales, ont souvent une densité abaissée
artificiellement par le volume partiel avec l’air de la filière laryngée.
Leur exploration intégrale nécessite, en complément, l’utilisation de
fenêtres larges et de bas niveau, comme pour le parenchyme
pulmonaire.
Des reformations multiplanaires peuvent être effectuées à partir des
acquisitions hélicoïdales recalculées tous les 1 à au plus 2 mm.
Les
plus utiles sont les sagittales médianes et paramédianes, pour
l’étude de l’épiglotte et de la loge pré-épiglottique, et surtout les
coupes frontales, pour l’étude des ventricules.
L’obtention d’images 3D est aussi possible.
La reconstitution du
squelette cartilagineux est souvent difficile, du fait de la coexistence
de stades très différents de calcification et d’ossification, empêchant
l’utilisation des logiciels automatisés de reconstruction, et la
reconstruction manuelle est très longue.
Il est en revanche facile
d’obtenir un moulage des cavités, dont on peut voir les
déformations extérieures, ou dans lesquelles on peut naviguer à
l’aide de l’endoscopie virtuelle.
Cette pseudoendoscopie
permet de descendre en dessous des sténoses, et d’examiner
la glotte par voie ascendante.
Elle ne saurait cependant remplacer la
véritable endoscopie, car elle ne montre pas les petites irrégularités
muqueuses ni la coloration réelle de cette muqueuse.
Ces différentes reconstructions 2D et 3D sont surtout utiles à la
compréhension spatiale des structures anatomiques et des lésions,
mais les informations sont déjà contenues dans les coupes axiales
natives.
B - IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE
:
Le sujet est aussi en décubitus dorsal avec le cou en extension, l’axe
laryngé si possible parallèle à la table.
Il faut expliquer au patient
l’importance de ne pas bouger pendant l’examen, et de s’abstenir de
déglutir durant les séquences.
L’examen doit être réalisé avec une antenne réceptrice de surface,
de préférence une double Helmholtz permettant l’étude cervicocrânienne, ou à défaut une antenne cervicale antérieure
adaptée, qu’il faudra essayer de rendre indépendante des
mouvements thoraciques et mandibulaires en l’installant.
Le choix des paramètres est un compromis entre résolution spatiale,
rapport signal sur bruit et durée des séquences.
Lorsque cette
durée dépasse 5 minutes, le risque de dégradations par des
mouvements devient très important.
Le nombre d’excitations
atténue les artefacts de mouvements, et augmente à la fois la
résolution et le signal, mais aussi le temps, et doit donc souvent être
limité à 2.
La finesse des coupes et la petite taille du champ
d’exploration, ainsi qu’une matrice 512 améliorent la résolution,
mais au détriment du signal.
Un bon compromis consiste à choisir
un champ juste suffisant pour circonscrire le cou, sans descendre en
dessous de la limite qui obligerait à rajouter une compensation
évitant les artefacts de repliement, ce qui permet d’utiliser une
matrice 256² ou 256 X 192 voire 128 sans trop altérer la taille du
pixel et donc la résolution.
L’épaisseur des coupes est généralement
de 3 à 4mm; elles sont espacées de moins de 1 mm ou si possible
jointives (séries intercalées dans la même séquence).
En T1, un temps
d’écho (TE) court améliore le rapport signal sur bruit.
Le rapport signal/bruit peut aussi être amélioré en diminuant la
bande de fréquence réceptrice sélectionnée (par diminution du bruit
de fond), mais pas trop pour ne pas induire des artefacts de
déplacement chimique qui sont particulièrement gênants pour
étudier les cartilages laryngés.
Ces artefacts modifient
artificiellement l’épaisseur des corticales des cartilages ossifiés au
contact des plans graisseux médullaires et paralaryngés, et peuvent
aussi créer de fausses asymétries sous-glottiques.
Ils se produisent
dans la direction du codage de fréquence, qui est habituellement
transversal en coupes axiales, afin d’éviter la superposition des
artefacts des flux carotidiens sur le larynx.
Ces derniers, étant dirigés
dans l’axe du codage de phase, sont alors antéropostérieurs.
La
prévention des artefacts de flux nécessite aussi l’utilisation de
saturations correctement positionnées, et de compensations de
flux. Ils sont aussi atténués par l’augmentation du nombre
d’excitations.
Les séquences de base utilisées sont les pondérations T1 (temps de
répétition [TR] et TE courts) et T2 (TR et TE longs).
Les coupes en
T1 fournissent de bonnes vues anatomiques et un excellent contraste
des lésions par rapport aux plans graisseux de signal intense.
Le T2
augmente le signal de la plupart des lésions tumorales et
inflammatoires riches en eau (parallèlement à l’augmentation de
celui des liquides), les contrastant mieux par rapport aux plans
musculaires, mais moins bien par rapport à la graisse.
La
confrontation entre T1 et T2 permet de vérifier si un signal
cartilagineux faible en T1 est physiologique (cartilage calcifié) ou
pathologique (tumoral ou inflammatoire).
Le T2 rapide, qui utilise
des trains d’échos, permet de raccourcir le temps d’acquisition, mais
abaisse moins le signal de la graisse que le vrai T2.
L’utilisation
d’une saturation du signal de la graisse favorise la recherche
d’adénopathies qui, sinon, ne sont que faiblement contrastées dans
les plans graisseux pour ce type de séquence.
Cette saturation du signal de la graisse est encore plus importante
en T1 après injection de gadolinium, pour dissocier le signal tumoral
ou inflammatoire élevé de celui de la graisse, et mieux délimiter les
prises de contraste pathologiques.
Cette saturation rallonge la durée
de séquence.
Elle est souvent défectueuse en périphérie, du fait des
inhomogénéités de champ magnétique majorées dans les zones de
variation de contour anatomique, comme les jonctions cervicofaciale
et cervicothoracique.
Celles-ci peuvent être atténuées en
plaçant des sacs d’eau dans l’antenne de part et d’autre du cou.
Les hétérogénéités de champ sont moins importantes dans le plan
axial, et avec des petits champs d’exploration correctement
centrés.
Certains utilisent des acquisitions volumiques, en écho de gradient,
avec des coupes fines et des reconstructions dans les différents plans
de l’espace.
Le développement des séquences rapides permet maintenant
d’obtenir des coupes avec des temps d’acquisition suffisamment
brefs pour maintenir une manoeuvre dynamique, notamment en
écho de gradient et en échoplanar.
La résolution de ces
coupes est moins bonne que celle en écho de spin, mais elle peut
cependant permettre d’apprécier l’état des ventricules en phonation.
Un examen de base comporte des coupes frontales de repérage
rapide qui permettent de rectifier la position du patient s’il n’est pas
symétrique, et de programmer des coupes sagittales T1 focalisées
sur le larynx.
Celles-ci permettent une bonne étude des structures
médianes (épiglotte, loge pré-épiglottique, commissures).
Elles
servent aussi à programmer des coupes frontales T1 pour l’étude
des structures latérales (plis vestibulaires et vocaux) et surtout des
coupes axiales qui sont répétées dans les mêmes plans en T2, en T1
et en T1 après injection de gadolinium, avec saturation du signal de
la graisse pour ces dernières.
À défaut de saturation, des
soustractions entre les images avant et après injection peuvent aussi
aider à mieux délimiter les prises de contraste.
En fonction de la pathologie, des séquences complémentaires
peuvent être effectuées dans le plan vertical le plus adapté, c’est-à-dire
celui perpendiculaire aux lésions : sagittal pour les structures
médianes et frontal pour les structures latérales.
Si une extension
ventriculaire est suspectée et qu’elles sont réalisables, des coupes en
phonation peuvent être tentées.