Le cancer du sein est le plus fréquent des cancers de la femme dans
les pays industrialisés.
Chaque année, 25 000 nouveaux cas sont
diagnostiqués en France et on estime que près d’une femme sur dix
sera atteinte d’un cancer du sein au cours de son existence.
La
mortalité du cancer du sein en France est encore de 50 %.
La diminution de ce taux de mortalité passe, comme l’a prouvé
Tabar, par un diagnostic plus précoce du cancer du sein puisque
la taille est le principal facteur pronostique.
La mammographie,
pivot de l’exploration de la pathologie mammaire, est très
performante pour détecter les petits foyers de microcalcifications et les petites masses dans les seins graisseux.
Cependant, ses
performances diminuent dans des seins denses, chez les patientes
présentant des cicatrices ou chez les patientes qui ont des prothèses
mammaires.
L’échographie, examen de deuxième intention, est performante pour
caractériser un kyste ou pour visualiser une lésion palpable qui
pourrait ne pas être visualisée en mammographie.
Cependant, sa
sensibilité pour dépister de petites lésions est faible.
En résumé, la
triade examen clinique-mammographie-échographie manque de
sensibilité et de spécificité pour le diagnostic des petits cancers du
sein.
L’incidence élevée des cancers du sein, les échecs aussi bien en
termes de sensibilité que de spécificité de l’imagerie mammographique ou échographique, et le coût des biopsies en
particulier chirurgicales, sont un problème important de santé
publique.
Pour tenter de répondre à ces problèmes, l’imagerie par
résonance magnétique (IRM) a été évaluée depuis les années 1985 ;
après des premiers résultats décevants, il a été montré que l’IRM
avait une grande sensibilité dans le diagnostic des cancers du sein.
Nous envisagerons successivement, à partir d’une expérience de 40
à 50 IRM mammaires pratiquées hebdomadairement par notre
équipe de sénologie :
– les aspects techniques ;
– les bases histologiques ;
– la méthodologie d’analyse ;
– l’anatomie mammaire normale en IRM ;
– la sémiologie des lésions mammaires malignes et bénignes ;
– le sujet spécifique des prothèses mammaires ;
– les performances de l’IRM et ses indications actuelles ;
– les perspectives d’avenir.
Matériel
:
A - CHAMPS
:
Les examens peuvent être réalisés sur des machines dont le champ
magnétique varie entre 0,5 et 1,5 T. Quand le champ magnétique est
plus intense :
– on améliore le rapport signal/bruit (S/B) et on gagne en
résolution spatiale ou en temps d’acquisition (donc en résolution
temporelle) à rapport S/B égal ;
– à dose égale de produit de contraste, le rehaussement de signal
induit par les produits de contraste paramagnétiques (gadolinium)
est plus marqué (car le T1 est proportionnel à l’intensité du champ
magnétique).
L’utilisation d’une IRM à haut champ permet la réalisation de
séquences rapides couvrant l’ensemble des seins avec des coupes
fines en un temps d’acquisition réduit.
Les champs à 1,5 T donnent
aujourd’hui les meilleurs résultats.
B - ANTENNES « DIAGNOSTIQUES »
:
Nous entendons par là les antennes utilisées pour l’exploration
mammaire à visée diagnostique de pure imagerie, hors systèmes à
ponction évoqués plus loin.
L’utilisation d’une antenne de surface dédiée est indispensable pour
améliorer la résolution spatiale et pour permettre un bon rapport
S/B, aussi la forme de l’antenne doit-elle être adaptée à la
conformation géométrique du sein.
L’antenne doit être bisein, pour
permettre l’étude simultanée des deux seins, avec positionnement
de la patiente en procubitus, ce qui diminue les artefacts de
mouvements respiratoires.
Un dispositif doit permettre de caler les
seins afin d’éviter leur vibration durant l’examen ; il peut s’agir soit
d’un simple coussinet en mousse, soit d’un système incorporé à
l’antenne permettant une légère compression concentrique ou
latérale (exemple : plateau latéral de chaque coupelle d’antenne
amovible, réglable par un bouton permettant de doser la
compression).
C - SYSTÈMES À PONCTION
:
Les systèmes à ponction sont pour l’heure en évaluation clinique.
Ils
sont aujourd’hui constitués d’une antenne réceptrice et d’un système
de compression du sein par des plateaux latéraux.
Ces plateaux sont
eux-mêmes soit percés de multiples orifices permettant le passage
d’aiguilles, soit faits de barres parallèles horizontales écartables entre
lesquelles peuvent passer les aiguilles.
Ils sont conçus pour la cytoponction, la microbiopsie ou le repérage au harpon.
Ces gestes
nécessitent, pour les deux premiers, une aiguille de positionnement
IRM compatible ; pour le repérage, un fil (harpon) et un porte-fil
entièrement IRM compatibles.
Il est en revanche possible, grâce aux
aimants autoblindés, de pratiquer des microbiopsies sous aspiration,
les moteurs de ces systèmes pouvant fonctionner lorsque la patiente
est sur le lit de la machine ressorti du tunnel de l’aimant.
Ces antennes à ponction sont en évaluation clinique, mais sont
indispensables pour faire la preuve histologique d’images IRM
suspectes sans équivalent clinique, mammographique ou
échographique.
Méthodes
:
A - BASES HISTOLOGIQUES
:
Les dominantes tissulaires mammaires sont représentées par du
tissu conjonctif plus ou moins hydraté et de la graisse.
Par la suite
apparaissent des dégénérescences dystrophiques constantes et paraphysiologiques génératrices de fibrose fibrillaire, puis hyaline,
associées à l’involution fibrograisseuse généralisée.
Si le conjonctif
et la fibrose avec leur hydratation variable sont visibles en IRM, si la
graisse est toujours identifiée, l’épithélium cylindrocubique comme
en mammographie ou en ultrasonographie n’est jamais perceptible
ou identifié.
Ces données microscopiques se doivent d’être analysées
dans leur tridimensionnalité, puis rapportées à l’ensemble de la radioanatomie mammaire.
Le galactophore est entouré d’un
volume matriciel conjonctivograisseux très largement supérieur.
Il
est d’abord entouré par le conjonctif lâche du « manteau » et la
graisse, et c’est à la périphérie que se trouve le conjonctif dense de
soutien.
C’est dans ce dernier, et toujours très à distance du centre galactophorique, que cheminent les éléments vasculaires.
Une
représentation spatiale de l’arborisation galactophorique permet de
comprendre les rapports de taille et de perceptibilité éventuelle.
Tous ces éléments revêtent une importance capitale dans la
valeur diagnostique de l’angiogenèse tumorale en IRM.
B - BASES SPÉCIFIQUES : NÉOANGIOGENÈSE
:
Ce terme désigne la formation par bourgeonnement de nouveaux
capillaires, à partir des vaisseaux préexistants.
Ce processus
physiologique, qui joue un rôle important dans de nombreuses
situations (développement embryonnaire, reproduction,
cicatrisation, etc), est très finement régulé : activé pour de brèves
périodes et complètement inhibé ensuite.
D’un point de vue
physiopathologique, si la néoangiogenèse non régulée est une
composante importante de certaines affections (arthrose, rétinite
diabétique), le cancer est la maladie angiodépendante la plus
évidente.
Sa place primordiale dans la croissance tumorale a été
démontrée avec la caractérisation des principales molécules angiogéniques impliquées dans le phénomène.
Le passage de la
phase avasculaire à la phase vasculaire est un mécanisme complexe,
faisant intervenir de nombreux facteurs angiogéniques.
Deux
facteurs sont les plus importants en pathologie tumorale : basic fibroblast growth factor (bFGF) et vascular endothelial growth factor
(VEGF).
Les cellules cancéreuses induisent la néoangiogenèse soit
en sécrétant des facteurs, soit en les faisant sécréter par des cellules
normales, soit enfin par la dégradation de la matrice extracellulaire
qui libère des facteurs.
Cette néoangiogenèse tumorale peut être visualisée en IRM
par l’intermédiaire du gadolinium qui passe dans le conjonctif par
perméabilité et/ou transcytose.
Le passage est d’autant plus
important que la néovascularisation est plus développée.
Ces
phénomènes micrométriques peuvent être visualisés grâce au
développement tridimensionnel d’une angiogenèse millimétrique.
Ces données génèrent un grand espoir dans le diagnostic précoce
des lésions malignes du sein.
Elles ouvrent ainsi une voie
particulière très prometteuse, tant pour le diagnostic que pour le
traitement.
C - PRODUITS DE CONTRASTE
:
L’utilisation d’un produit de contraste est indispensable.
Il s’agit en
règle d’un chélate de gadolinium injecté par voie intraveineuse.
Ce
produit de contraste paramagnétique entraîne, aux endroits où il
s’accumule, une augmentation de signal ou rehaussement sur les
séquences pondérées en T1.
L’étude de ces prises de contraste ou
rehaussements est la pierre angulaire de la symptomatologie des
lésions mammaires.
La dose standard est de 0,1 mmol/kg.
Cependant, des travaux ont
montré l’intérêt d’une dose plus élevée, jusqu’à 0,2 mmol/kg.
Plus le champ est élevé, plus la prise de contraste est marquée à
dose égale.
À champ plus bas, il convient donc d’augmenter la dose
pour éviter une perte de sensibilité.
À champ plus haut, il faut éviter
un surdosage qui entraînerait des rehaussements trop importants
de la matrice mammaire normale.
On peut retenir les fourchettes
suivantes en fonction du champ : à 1,5 T, 0,1 à 0,15 mmol/kg ; à 1 T,
0,1 à 0,2 mmol/kg ; à 0,5 T, 0,15 à 0,2 mmol/kg. Nous utilisons la
dose de 0,15 mmol/kg à 1,5 T.
La perméabilité vasculaire, aussi bien que la visualisation directe de
l’angiogenèse, participent aux rehaussements induits par le
gadolinium.
Aussi, pour gagner en spécificité, évalue-t-on
actuellement des produits de contraste à rémanence vasculaire, c’est-à-dire ne franchissant pas la paroi des vaisseaux.
Il s’agit soit de produits paramagnétiques, soit plus volontiers de produits superparamagnétiques.
Il est encore trop tôt pour prédire leur avenir
et leurs performances potentielles.
Tous les résultats ci-après sont
ceux de l’utilisation des seuls chélates de gadolinium.
D - MÉTHODOLOGIE D’ANALYSE
:
1- Séquences
:
* Séquences types
:
L’exploration est le plus souvent conduite dans le plan axial pour
couvrir les deux seins en même temps.
Le plan axial est
généralement préféré au plan coronal pour une meilleure évaluation
des jonctions seins-muscles pectoraux.
Dans le plan axial, la
direction du gradient de phase doit être transverse (droite-gauche)
en raison de l’artefact cardiaque.
Une série de repérages d’une dizaine de secondes permet de
programmer les coupes désirées ; on s’assure de la position correcte
de ces coupes sur l’image de chaque sein, car il peut exister un petit
décalage haut-bas entre les deux seins.
Il est souhaitable de pratiquer
en premier lieu une séquence pondérée en T2 (en écho de spin turbo
[TSE], par exemple), qui permet une bonne visualisation des kystes
et aide à l’identification des fibroadénomes et des vaisseaux.
Il faut ensuite réaliser un protocole dynamique, avec une séquence
pondérée en T1 couvrant l’ensemble des seins en moins de 1 minute
et demie, avec une épaisseur de coupe inférieure ou égale à 4 mm.
Cette séquence est répétée de façon itérative après injection de
produit de contraste jusqu’à 5 minutes après injection.
La calibration
de la réception du signal doit être identique sur l’ensemble des
séquences du protocole dynamique.
La séquence utilisée peut être
une séquence d’écho de spin, mais les séquences d’écho de gradient
(FLASH, SPGR, T1-FFE), 3D ou 2D, semblent recueillir la préférence
d’une majorité d’équipes.
Ces séquences d’écho de gradient doivent
avoir un temps d’écho tel que les protons de l’eau et de la graisse
soient en phase.
À titre d’exemple, nous utilisons pour ce protocole
dynamique sur une IRM Siemens 1,5 T, une séquence d’écho de
gradient FLASH 3D couvrant les deux seins par des coupes axiales
de 3 mm (boîte de 120 mm, 40 partitions).
Le temps de répétition
(TR) est égal à 8,1 ms, le temps d’écho (TE) à 4 ms et l’angle de
bascule à 20°. Le temps d’acquisition est de 57 secondes.
Cette
séquence est réalisée avant contraste et 1, 2, 3, 4 et 5 minutes après
injection.
La visualisation des zones de rehaussement postcontraste est
facilitée :
– soit par la soustraction des images non injectées à une ou
plusieurs séries d’images injectées ;
– soit par la réalisation de séquences fat sat, c’est-à-dire avec
suppression spectrale de la graisse par présaturation.
* Séquence utilisée par la caractérisation d’un foyer
de microcalcifications :
Dans la caractérisation de foyers de microcalcifications, nous
utilisons un autre protocole dynamique avec une boîte de coupes
sagittales millimétriques, toujours en FLASH 3D, permettant
l’exploration d’un demi-sein en 57 secondes.
L’examen se déroule
alors ainsi : boîte axiale bisein en pondération T2 ; boîte axiale bisein
en pondération T1 sans contraste ; boîte sagittale avant et trois fois
après injection en coupes millimétriques ; puis boîte axiale bisein à
4 et 5 minutes après contraste.
La boîte sagittale est centrée sur la
zone contenant le foyer de microcalcifications.
L’intérêt de ce
protocole est de rechercher une éventuelle morphologie canalaire du
rehaussement. Nous l’utilisons surtout chez les patientes sans
imprégnation hormonale, où aucun rehaussement matriciel
physiologique n’est attendu.
* Séquence dédiée à l’évaluation des prothèses siliconiques
:
Une séquence particulière est utilisée pour les prothèses siliconiques.
Il s’agit d’une turbo-inversion-récupération avec reconstruction en
magnitude (TIRM) précédée d’une saturation sélective de l’eau, avec
un temps d’inversion (TI) choisi de façon à annuler le signal de la
graisse.
Ainsi, les signaux aqueux et graisseux étant nuls, sur cette
séquence seule apparaîtra, en franc signal, la silicone.
2- Rehaussements : bases, analyse et terminologie
Deux mécanismes principaux peuvent être à l’origine du
rehaussement en IRM :
– l’angiogenèse, c’est-à-dire la néovascularisation pour assurer la
croissance de la tumeur ;
– l’augmentation de la perméabilité capillaire, passive ou active
(transcytose).
Aucun de ces mécanismes n’est spécifique d’un rehaussement
tumoral malin, aussi l’IRM (dont l’interprétation est basée sur le
rehaussement) a-t-elle une spécificité relativement faible.
À l’inverse,
l’angiogenèse est indispensable à la croissance tumorale, au-delà de
2 ou 3 mm dans des études in vitro, expliquant ainsi la très bonne
sensibilité de l’IRM pour les tumeurs malignes du sein.
La réalisation facile et rapide de courbes de rehaussement en
fonction du temps se fait à la console de traitement d’images.
On a
soin, en sélectionnant les zones d’intérêt sur l’image :
– pour une lésion qui prend le contraste, de sélectionner la portion
lésionnelle rehaussant le plus ;
– de choisir une référence qui permet de s’assurer de la bonne
calibration au fil des séquences du protocole dynamique et ainsi de
la fiabilité des courbes (et de la soustraction).
Cette référence peut
être intramammaire (graisse ± matrice non rehaussante) ou externe
(tube témoin apparaissant sur l’image) ;
– de tenir compte (mathématiquement ou empiriquement) des
hétérogénéités de signal dues à la réception par l’antenne de surface.
La dynamique du rehaussement est importante. Le rehaussement
peut être :
– précoce ou non, ce qui est analysé sur la première partie de la
courbe ; un rehaussement est précoce si la pente du début de courbe
est marquée, c’est-à-dire si la courbe atteint rapidement (1 min ou
1 min 30) une forte proportion (80 %) de son rehaussement
maximal ;
– rapide ou non, ce qui a trait au délai d’atteinte du rehaussement
maximal ; un rehaussement maximal atteint à la troisième minute
est rapide ; à l’inverse, lorsque le plateau de la courbe n’est pas
atteint à la cinquième minute, le rehaussement est lent ;
– intense ou non, ce qui a trait à l’importance du rehaussement
maximal ; un rehaussement qui atteint ou dépasse le niveau de
signal de la graisse est intense.
On rencontre parfois le terme de wash-out, qui traduit une
redescente de la courbe de signal de la structure rehaussante, car
certains ont décrit le wash-out périphérique comme un bon signe de
malignité d’un nodule (de volume déjà significatif).
Pour l’évaluer,
il faut une courbe qui aille au-delà de 10 minutes, car le début de
redescente survient entre 3 et 7 minutes, mais le croisement des
courbes portion centrale/portion périphérique du nodule, qui signe
le wash-out périphérique, survient vers la dixième minute.
Nous n’utilisons pas ce signe dans notre pratique.
Résultats
:
A - RADIOANATOMIE
:
1- Structures mammaires normales en imagerie
par résonance magnétique :
La graisse, la matrice fibroconjonctive (l’épithélium n’est pas visible),
les vaisseaux et les ganglions sont les composants visibles.
La graisse présente un signal élevé en pondération T1, un signal
modéré ou élevé en pondération T2 en fonction du TE et du type de
séquence employé ; les séquences en TSE donnent une graisse en
hypersignal.
Il n’y a pas de rehaussement significatif de la graisse
après injection de produit de contraste.
La matrice fibroconjonctive présente un signal modéré en
pondération T1 et en pondération T2. Le rehaussement est fonction
de l’état d’imprégnation hormonale :
– il est nul chez les patientes ménopausées sans traitement
hormonal substitutif ;
– il est faible à modéré, non précoce, lent, prédominant dans la zone médioexterne des seins, chez les patientes ayant une imprégnation
hormonale modérée (première partie du cycle, traitement substitutif
peu dosé) ;
– des plages de rehaussement plus intense, non précoce et lent, et
des images punctiformes micronodulaires de rehaussement précoce,
rapide et intense, peuvent être visualisées en cas d’imprégnation
hormonale plus importante.
Le rehaussement est alors
potentiellement masquant (vis-à-vis d’une éventuelle petite lésion
évolutive surajoutée).
Les vaisseaux ont un signal variable en pondération T1 et en
pondération T2 en raison des phénomènes de flux.
Leur
rehaussement est également variable, pour les mêmes raisons.
Les
vaisseaux superficiels, ainsi que ceux visibles sur une partie
importante de leur trajet, posent, en règle, peu de problèmes.
À
l’inverse, les vaisseaux à la jonction graisse-matrice, et surtout les
vaisseaux en pleine matrice, peuvent poser des problèmes
diagnostiques.
La visibilité en pondération T2 peut aider à
l’identification d’un vaisseau.
Les ganglions ont des contours nets et réguliers, ils sont en hyposignal T1 et T2 au sein de la graisse qui les environne et
présentent un rehaussement précoce, rapide et intense.
Un hypersignal graisseux hilaire est parfois présent, qui certifie leur
nature ganglionnaire.
La présence de ganglions du creux axillaire et
du prolongement axillaire du sein est fréquente, et, même en
l’absence du signal graisseux hilaire, ils ne posent en règle pas de
problèmes diagnostiques ; ils sont retrouvés au besoin en
mammographie ou en échographie.
En revanche, s’il existe par
ailleurs un cancer du sein, il n’y a pas d’argument sur la courbe de
rehaussement pour leur caractère sain ou métastatique, puisque le
ganglion normal rehausse de façon précoce, rapide et intense.
Seul un aspect de rupture macroscopique de la capsule,
avec des contours devenant hérissés, est évocateur d’une métastase
ganglionnaire (avancée).
Le mamelon et la zone rétromamelonnaire proximale rehaussent
souvent, de façon symétrique.
On se réfère au sein controlatéral pour
juger de cette symétrie, en cas de doute (notamment sur l’extension
d’un cancer).
2- Fausses images
:
Il faut distinguer :
– les images normales, pouvant en imposer pour une pathologie,
déjà évoquées plus haut ; dans ce cadre, on peut inclure :
– certaines images de vaisseaux, à la jonction graisse/matrice ou
en pleine matrice, avec rehaussement et sans hypersignal T2 ;
– les ganglions intramammaires dont on n’a pas la notion après
le bilan mammographique-échographique ;
– les rehaussements congestifs marqués ;
– les images dues à des artefacts, que nous envisageons ici.
* Artefacts métalliques
:
Ils sont habituellement simples à reconnaître : « trou » de signal en
T1 et T2, avec bordure d’hypersignal en T2.
Parfois, l’identification
est moins évidente et, outre la bordure d’hypersignal en T2, on y pensera devant une image de taille plus petite en TSE-T2 qu’en écho
de gradient T1 (où la susceptibilité magnétique est plus grande).
Il
faut savoir rechercher sur une mammographie un clip très externe
sur une face tournée, le cas échéant.
* Artefacts dus aux battements cardiaques
:
Ces derniers sont dans le sens de la phase, donc droite-gauche.
Ils
empêchent l’analyse du creux axillaire, dont l’intérêt est très limité
puisque l’IRM n’est pas discriminative entre ganglions sains et
tumoraux (sauf évolués).
Ils ne gênent en règle pas l’analyse des
seins, sauf s’ils ne pendent pas bien dans l’antenne (partie externe
du sein coincée sur le bord de l’antenne), ce qu’il faut voir dès les
séries non injectées.
Dans le sens du gradient de fréquence, les artefacts de déplacement
chimique peuvent exister aux interfaces nets entre graisse et tissu
non graisseux (ganglion, prothèse mammaire…).
Leur présence n’est
jamais gênante. Un petit artefact de déplacement chimique à
l’interface entre un nodule et la graisse est fréquent dans les lésions
bénignes aux contours encapsulés comme les ganglions et les
fibroadénomes.
* Mobilité des seins
:
Une immobilité imparfaite des seins au long de l’examen altère la
qualité de la soustraction.
Un petit décalage entre images injectées
et non injectées donne lieu, sur la soustraction, à de faux
rehaussements aux endroits où l’on aura soustrait de la matrice à de
la graisse (ou de l’air à l’un des deux), et à de fausses plages noires
(pouvant masquer un vrai rehaussement) aux endroits où l’on aura
soustrait de la graisse à de la matrice (ou l’un des deux à l’air).
Trois
circonstances peuvent être à l’origine d’une telle situation :
– la vibration des seins pendant l’examen, s’ils sont mal calés ; cette
vibration, due aux ondes de radiofréquence, est plus marquée à haut
champ ; toutes les images sont « vibrées » ; il faut corriger ceci avant
d’injecter (et recommencer tout l’examen) ;
– un mouvement de la patiente entre les séries non injectées et les
séries injectées (inconfort, sursaut), à prévenir par une explication
détaillée et patiente du déroulement de l’examen avant celui-ci ;
– une contraction involontaire du muscle grand pectoral pendant
l’injection (souvent d’un seul côté), que l’on ne peut ni prévoir ni prévenir, et qui n’est pas exceptionnelle (5 à 8 % des examens).
Dans les deux dernières éventualités, il faut regarder image par
image les séries non injectées et injectées, et faire peu de cas des
soustractions faussées.
La réalisation de courbes de rehaussement peut être impossible en
cas de décalage significatif par rapport à la taille du rehaussement.
3- Aspect fonctionnel : importance du status hormonal
L’imprégnation hormonale, essentiellement oestrogénique, entraîne
des rehaussements congestifs, variables dans le cycle menstruel.
Aussi convient-il :
– de réaliser les examens IRM mammaires (tout comme les
mammographies) dans la période du cycle la moins congestive ;
– de connaître le status hormonal de la patiente pour interpréter
correctement son IRM mammaire.
Chez les patientes non ménopausées (ou sous traitement hormonal
substitutif séquentiel reproduisant les cycles), on peut retenir j4-j15
(j1 : premier jour des règles) comme période la plus adaptée, même
si une équipe a plutôt déterminé j7-j20.
Si on paraît être « limite », ou si les cycles sont anarchiques
(notamment en préménopause), on se fie à l’état de tension
mammaire ressenti par la patiente pour évaluer si elle est en phase
congestive.
Les rehaussements physiologiques ont été décrits précédemment.
En cas de rehaussement diffus potentiellement masquant (RDPM), il
est recommandable (sauf urgence thérapeutique) de reprendre l’IRM
en atténuant les phénomènes congestifs :
– chez les patientes non ménopausées, par un traitement progestéronique (en gel local ou per os) couplé à un traitement
veinotonique pendant 2 ou 3 mois ;
– chez les patientes sous traitement hormonal substitutif, par
suspension de celui-ci ou baisse du dosage oestrogénique.
Le respect des phases non congestives du cycle pour réaliser les IRM
mammaires réduit considérablement le nombre de RDPM (moins
de 5 % dans notre expérience).
Nombre de rehaussements diffus
décrits dans les publications relèvent de ces RDPM congestifs.
Un RDPM doit faire considérer l’IRM comme non informative, et
l’atténuation de la congestion peut démasquer un cancer.
Chez les patientes ménopausées sans traitement hormonal
substitutif, vaisseaux, ganglions et mamelons rehaussent, mais il n’y
a pas de rehaussement matriciel.
Les rehaussements malins peuvent
être atténués par rapport à ceux observés chez les patientes sous
imprégnation hormonale.
B - PATHOLOGIE
:
1- Cancer
:
* Sémiologie
:
La sémiologie des lésions cancéreuses (in situ et invasives) est
dominée par l’existence d’un rehaussement :
– focalisé ;
– précoce, rapide et intense.
Mais la connaissance précise du status hormonal de la patiente est
fondamental pour l’appréciation de ce rehaussement :
– après la ménopause, en l’absence de traitement hormonal
substitutif, les caractéristiques de précocité/rapidité/intensité
peuvent faire défaut ; il n’y a plus aucun rehaussement matriciel
physiologique et les rehaussements cancéreux peuvent être
atténués ; tout rehaussement devient suspect ;
– à l’inverse, la présence d’un rehaussement diffus congestif marqué
peut être masquante vis-à-vis d’un petit cancer surajouté ; une
nouvelle IRM après traitement décongestif de 2 mois ou suspension
d’un éventuel traitement hormonal substitutif est souvent de bonne
qualité diagnostique.
Chez les patientes traitées pour un cancer du sein, on tient compte
des rehaussements induits par les traitements :
– chirurgical : possibilité de rehaussement dans la zone cicatricielle
jusqu’à 6 mois après la chirurgie ;
– radiothérapique : possibilité de rehaussement d’ensemble du sein
irradié, jusqu’à 18 mois après la fin des rayons.
Ces rehaussements s’atténuent cependant dans le temps et gênent
surtout l’interprétation en période post-thérapeutique précoce.
À l’inverse, les traitements peuvent atténuer les rehaussements
(physiologiques et pathologiques) :
– traitement médicamenteux antioestrogénique ;
– radiothérapie : « extinction » des rehaussements physiologiques
après la phase « chaude » de rehaussements induits par ce même
traitement.
La morphologie de la lésion sur les différentes séquences et de son
rehaussement n’est contributive qu’en cas de rehaussement tubulaire
ou arborescent, évocateur d’une prolifération cancéreuse intragalactophorique (sans argument sur son caractère micro-invasif
ou non).
En revanche, on ne se fiera pas à la netteté des contours lésionnels
pour écarter une lésion cancéreuse : les rehaussements nodulaires
cancéreux ont souvent des bords nets.
Sur les séquences non injectées, les cancers sont en hypo- ou isosignal par rapport à la matrice normale en pondération T1 et en
TSE pondérée T2.
Sauf cas de la nécrose centrotumorale (non
rehaussante), du cancer colloïde et du sarcome phyllode, le cancer
ne présente pas de franc hypersignal en TSE-T2.
* Types histologiques
:
Les types histologiques les plus fréquents sont le cancer canalaire et
le cancer lobulaire. Ils peuvent être infiltrants (CCI, CLI) ou in situ
(CCIS, CLIS).
Les cancers infiltrants, canalaires ou lobulaires, donnent les mêmes
aspects de nodule rehaussant en règle précoce, rapide et intense,
mais avec les éventuelles modulations à apporter.
Les CLIS se comportent généralement de la même manière.
Les cancers intracanalaires (CCIS) présentent volontiers une
morphologie tubulaire, voire arborescente, qui peut être mieux
perceptible sur des coupes fines (millimétriques) si le foyer est petit.
Les caractères de précocité/rapidité/intensité du rehaussement font
plus volontiers défaut qu’aux cancers infiltrants.
Parmi les formes rares, on note que le cancer colloïde se présente
comme un kyste « sale » (T1 et T2 moindres qu’un kyste au contenu
non protéique), dont la paroi peut ne pas rehausser.
Les localisations lymphomateuses secondaires ou primitives (exceptionnelles), les
métastases se comportent comme des cancers primitifs « classiques
» (CLI ou CCI).
Forme clinique et non histologique, le cancer inflammatoire (le plus
souvent d’origine canalaire) montre un rehaussement
précoce/rapide/intense, en large plage et/ou avec des images
tubulaires assez épaisses (> 5 mm).
2- Pathologie bénigne
:
* Pathologie tumorale
:
+ Fibroadénomes
:
Sur les séries T1 non injectées, les fibroadénomes sont en hypo- ou isosignal par rapport à la matrice.
Leur rehaussement est variable
en fonction du type histologique et de l’état d’hydratation : le
fibroadénome jeune, hydraté, de type myxoïde ou adénomateux,
présente un rehaussement intense classiquement non précoce et lent
; à l’inverse, le fibroadénome vieux, déshydraté, fibreux, ne
rehausse pas.
Tous les intermédiaires entre ces deux extrêmes
peuvent se présenter.
Devant un nodule rehaussant, il existe trois arguments en faveur
d’un fibroadénome :
– des contours nets, réguliers et lobulés (on a vu que les cancers
pouvaient présenter des contours nets, mais en règle non lobulés) ;
– la présence de septa intranodulaires ;
– un hypersignal sur la séquence TSE-T2 ; cet hypersignal est en
faveur d’un fibroadénome jeune.
Il existe des fibroadénomes de rehaussement précoce, rapide et
intense.
Bien hydratés, ils sont en général en hypersignal T2. Si cet hypersignal T2 fait défaut, le nodule sera tenu pour suspect et devra
faire sa preuve histologique, même si l’aspect échographique est
de « type » fibroadénomateux.
En effet, 20 % des cancers se
présentent, au moment du diagnostic, avec une image
échographique sans signe de malignité.
Hors ce cas, on identifiera le fibroadénome en échographie pour son
suivi ultérieur.
Un fibroadénome de croissance rapide doit être opéré.
Il n’y a, en
effet, pas d’argument IRM permettant d’identifier une tumeur phyllode : elle se présente comme un fibroadénome rehaussant et
peut avoir un hypersignal T2.
+ Adénose et adénose sclérosante
:
Elles peuvent donner un rehaussement nodulaire
précoce/rapide/intense de type malin, sans hypersignal T2, et c’est
alors l’histologie (microbiopsique ou/et chirurgicale) qui assied le
diagnostic définitif.
Nous avons eu trois cas de rehaussement
nodulaire suspect à l’IRM, sans équivalent clinique/mammographique
ou échographique, occasionnés par un foyer d’adénose.
+ Cicatrice radiaire ou nodule d’Aschoff
:
Elle peut ou non entraîner un rehaussement IRM.
On peut évoquer
le diagnostic devant une image mammographique stellaire (de
préférence à centre peu dense et à prolongements fibreux longs) sans
rehaussement IRM.
La plupart des équipes s’accordent à réaliser
l’exérèse chirurgicale des cicatrices radiaires, peut-être précurseurs
de carcinomes tubuleux.
Cette attitude est d’autant plus
systématique qu’il existe un rehaussement IRM, même si la microbiopsie répond cicatrice radiaire.
+ Papillomes intragalactophoriques
:
Ils peuvent ou non présenter un rehaussement IRM.
S’il existe,
celui-ci n’est généralement pas précoce/rapide/intense.
L’exceptionnelle papillomatose juvénile se présente comme une
masse lobulée, de rehaussement intense (non précoce), contenant de
multiples microkystes bien vus en T2.
* Pathologie dystrophique
:
+ Dystrophie fibrokystique et hyperplasie épithéliale
:
La dystrophie fibrokystique représente la principale cause de
consultation en pratique sénologique courante.
Le problème est de
savoir s’il existe une composante proliférative (hyperplasie
épithéliale régulière [HER], voire atypique [HEA]) et d’y dépister
un petit cancer surajouté.
Les kystes sont de reconnaissance facile, de contours nets et
réguliers, avec une paroi fine et un contenu non rehaussant, le plus
souvent en franc hyposignal T1 et franc hypersignal T2.
Un kyste à
contenu épais, riche en protéines ou hémorragique, peut présenter
un hypersignal T1, voire un hyposignal T2.
Un rehaussement
inflammatoire périkystique est fréquent ; il se manifeste par une fine
couronne de rehaussement qui peut être précoce/rapide/intense,
éventuellement entourée d’une aréole de rehaussement moins
marqué ; il n’est pas péjoratif.
Le reste du sein dystrophique peut ou non présenter un ou des
rehaussements.
Il existe un continuum statistique entre le degré
d’hyperplasie et le rehaussement : celui-ci est plus fréquent et plus
souvent précoce/rapide/intense dans les formes atypiques (HEA)
que dans les formes prolifératives (HER), et dans les HER que dans
les dystrophies non prolifératives.
Les foyers d’HEA se comportent
volontiers comme des cancers, en termes de rehaussement.
Il n’y a
cependant pas de valeur seuil dans cette gradation des degrés
histologiques et des rehaussements, si bien qu’on ne peut, au cas
par cas, évaluer sur l’IRM la présence et le degré d’hyperplasie.
+ Ectasies galactophoriques
:
Les ectasies galactophoriques se présentent comme des structures
canalaires dilatées, rétroaréolaires.
Elles peuvent se présenter soit en hyposignal T1/hypersignal T2, soit, à l’inverse, en hypersignal
T1/hyposignal T2 si la teneur protéique des sécrétions qu’elles
contiennent est élevée.
Elles ne rehaussent pas (sauf galactophorite).
+ Cytostéatonécroses
:
Elles sont de diagnostic facile : îlot de graisse entouré de tissu
fibroconjonctif avec fréquent rehaussement périphérique fin.
+ Hamartomes
:
Ils présentent un aspect IRM qui répond bien à leur définition
schématique d’îlot de sein normal dans le sein : zone bien limitée
dont le contenu présente l’aspect de la matrice mammaire normale
(avec ses îlots de graisse), y compris pour les rehaussements
physiologiques dus à l’imprégnation hormonale.
* Pathologie inflammatoire
:
La galactophorite montre des rehaussements avec une morphologie
arborescente, de type canalaire.
Elle ne se distingue pas, en IRM,
d’un carcinome intracanalaire.
La microbiopsie et un suivi IRM
montrant une disparition des rehaussements sont nécessaires au
diagnostic définitif.
La mastite infectieuse non abcédée est indiscernable d’un cancer
inflammatoire, les images IRM étant les mêmes.
Un contrôle
échographique est indispensable avec, si besoin, une IRM après
antibiothérapie.
Une microbiopsie est réalisée si le doute persiste.
Un abcès se présente comme une cavité nécrotique de paroi épaisse
et rehaussante, souvent entourée d’une plage de rehaussement telle
que rencontrée autour des kystes de la dystrophie fibrokystique en
poussée inflammatoire.
Dans le contexte clinique, l’image ne pose
en général pas de problème diagnostique.
C - PROTHÈSES
:
Les substances utilisées pour le remplissage des implants
mammaires sont les gels de silicone et le sérum physiologique.
Les
prothèses peuvent être remplies de silicone, remplies de sérum
physiologique, à double lumière avec silicone au milieu et sérum
physiologique autour, ou à double lumière inversée avec sérum
physiologique au milieu et silicone autour (type Becker).
Les
prothèses et compartiments en silicone sont préremplis et n’ont donc
pas de valve de remplissage ; les prothèses et compartiments en
sérum physiologique sont soit préremplis, soit remplissables, et
présentent alors une valve bien visualisée en IRM.
Depuis 1992, les prothèses remplies de silicone ne peuvent pas être
implantées en France (sauf dérogation) en raison du risque supposé
de connectivite consécutive à la rupture de prothèse.
Ce risque est
loin d’être patent ; les prothèses siliconiques sont du reste à nouveau
autorisées aux États-Unis.
Les prothèses peuvent avoir été implantées en position prépectorale
ou en position rétropectorale.
L’IRM, chez les patientes porteuses de prothèse(s), a deux buts :
– le dépistage ou le diagnostic d’une lésion matricielle puisque,
dans ce cadre, le sein est difficile à examiner et cela malgré une
technique adaptée de réalisation mammographique (technique
d’Eklund).
La sémiologie des tumeurs est la même que celle
précédemment décrite ;
– la recherche de rupture d’une prothèse siliconique, qui peut être
de siège extra- ou intracapsulaire (la rupture d’une prothèse en
sérum physiologique ne pose pas de problème clinique).
1- Aspect en imagerie par résonance magnétique
des prothèses normales :
En IRM, l’enveloppe prothétique est en hyposignal sur toutes les
séquences, indissociable de la capsule fibreuse périprothétique s’il
n’y a pas d’épanchement périprothétique.
La séquence TIRM est fondamentale pour l’étude des prothèses
siliconiques.
Le contenu prothétique a un signal différent selon qu’il s’agit de
sérum physiologique ou de silicone, et selon la séquence utilisée.
Les plis de prothèse, un petit épanchement séreux périprothétique
(intracapsulaire le plus souvent) sont de constatation banale.
2- Signes en imagerie par résonance magnétique
des ruptures de prothèses siliconiques :
Trois signes traduisent la rupture de l’enveloppe prothétique :
– visualisation de l’enveloppe flottant dans la silicone (linguine sign) ;
– gouttes d’eau dans la silicone, traduisant la pénétration dans le
gel de silicone, au travers de l’enveloppe lésée, du liquide séroinflammatoire
habituellement retrouvé entre l’implant et la capsule
fibreuse ;
– signe du « trou de serrure », dû à une invagination de l’enveloppe
prothétique lésée, avec de la silicone en dedans et en dehors de cette
invagination.
Ces signes traduisent la rupture de l’enveloppe mais ne préjugent
pas de l’état de la capsule fibreuse périprothétique postchirurgicale.
Selon que celle-ci est respectée ou non, il s’agit d’une rupture intracapsulaire ou d’une rupture extracapsulaire, d’implications
thérapeutiques bien différentes.
La visualisation directe de la silicone
en dehors de la capsule, voire celle de siliconomes à distance,
signent la rupture extracapsulaire.
La séquence TIRM est
fondamentale pour l’apprécier et pour faire le bilan des fuites
siliconiques.
Elle représente un gold standard en la matière.
Performances diagnostiques
et indications :
De nombreux travaux ont évalué la sensibilité et la spécificité de
l’IRM dans le diagnostic des cancers du sein.
Les résultats varient
selon les auteurs.
Les différences retrouvées peuvent être expliquées
par plusieurs facteurs :
– des facteurs techniques de réalisation des examens IRM (type de
séquence pondérée T1, réalisation ou non d’une séquence pondérée
T2, épaisseur des coupes, nature de l’antenne réceptrice, respect des
périodes non congestives du cycle) ;
– la sélection des patientes incluses dans les études : la spécificité
de l’IRM dépend des patientes incluses qui n’ont pas de cancer ;
lorsque ces patientes ont d’autres maladies du sein, par exemple
des mastopathies prolifératives qui rehaussent souvent, la spécificité
de l’IRM pour le diagnostic de cancer diminue ; à l’inverse, dans la
surveillance d’un cancer du sein traité chez une patiente dont toute
activité hormonale est supprimée, il n’y a pas de rehaussement en
l’absence de cancer et la spécificité de l’IRM pour le diagnostic de
cancer augmente ;
– des critères d’interprétation : en se basant sur un seuil bas pour
reconnaître un rehaussement comme significatif, on augmente la
sensibilité de l’IRM en diminuant sa spécificité et réciproquement ;
– le niveau de vérification (durée du suivi, type de prélèvement
histologique permettant le diagnostic) : il influence évidemment les
données concernant la sensibilité et la spécificité de toute méthode
d’imagerie.
Ces notions expliquent les différentes performances publiées.
En pratique, il faut retenir la très bonne sensibilité de l’IRM pour le
diagnostic du cancer du sein (formes invasive et in situ confondues),
supérieure à 95 % même pour les petites lésions, d’où une très bonne
valeur prédictive négative (VPN) de l’IRM. Pour les cancers invasifs,
la sensibilité est très voisine de 100 %.
La limite de sensibilité à
retenir est celle du CCIS : 80 à 85 %.
La spécificité est bien moindre, mais les chiffres cités de 50 à 70 %
ne reflètent pas la véritable sensibilité.
Celle-ci, se définissant en effet
par le pourcentage de négativité chez les femmes sans cancer du
sein, devrait être calculée à partir d’une population générale de
femmes issues d’un dépistage.
Or les patientes qui passent une IRM
posent généralement un problème diagnostique, aussi les chiffres sus-cités représentent-ils plutôt la valeur prédictive positive (VPP)
que la spécificité.
Cette VPP est incontestablement significativement
plus faible que la VPN.
Les indications de l’IRM dépendent en théorie de ses performances
en termes de sensibilité et de spécificité dans le diagnostic du cancer
du sein, et également des difficultés des autres techniques.
En
pratique, les indications sont limitées par la faible disponibilité des
examens IRM, mais également par le conservatisme de certaines
attitudes diagnostiques.
Ces indications peuvent être séparées en
indications dans le diagnostic positif, dans le bilan des patientes
porteuses d’implants mammaires, dans le bilan d’extension et la
surveillance d’une patiente atteinte d’un cancer du sein, et dans la
recherche d’une tumeur primitive.
A - DANS LA DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE POSITIVE
:
C’est dans ce domaine que les indications varient le plus d’une
équipe à l’autre.
Ces discordances résultent d’attitudes d’école et des
difficultés d’accès à l’IRM.
Nous pensons qu’il est souhaitable de
faire une IRM quand l’approche clinique + mammographique ±
échographique arrive à un doute suffisant, pour faire envisager une
ponction (microbiopsique).
L’IRM influe alors sur la réalisation ou
non de cette ponction. Dans ce cadre peuvent être concernés : les
cas de discordance mammographie-échographie ou cliniquemammoéchographie
; les opacités (bloc fibreux, surdensité, image
stellaire) non caractéristiques ; les foyers de microcalcifications.
Les
limites de sensibilité de l’IRM en matière de CCIS impliquent qu’on
ne peut être totalement rassuré par une IRM négative en cas de foyer
de microcalcifications suspect.
Ainsi l’IRM change-t-elle beaucoup
moins la démarche diagnostique d’un foyer de microcalcifications
que celle d’une image fibreuse (nodulaire ou non).
Comme pour la
ponction (avant l’avènement de l’IRM), on aura l’IRM d’autant plus
facile que la patiente présentera des facteurs de risque personnels
ou familiaux.
Les seins denses, les microcalcifications diffuses conduisent aussi
d’autant plus facilement à l’IRM qu’il existe des facteurs de risque.
Dans ce cadre, l’IRM visualise un éventuel petit cancer et se
substitue au typage microbiopsique que l’on réalisait auparavant,
ou guide celui-ci sur une zone de rehaussement.
Enfin, tout particulièrement chez les patientes à risque, il est
envisageable de réaliser une IRM à la ménopause, préalablement à
l’instauration d’un éventuel traitement hormonal substitutif, pour
dépister un petit cancer ou un foyer d’hyperplasie atypique
susceptible de connaître une accélération évolutive sous stimulation
oestrogénique.
B - CHEZ LES PATIENTES PORTEUSES
D’IMPLANT MAMMAIRE
:
Comme nous l’avons vu précédemment, l’IRM permet :
– le diagnostic et le bilan d’éventuelles ruptures de prothèses siliconiques ;
– de dépister d’éventuels cancers du sein associés, difficiles à
visualiser en mammographie du fait de la présence d’une prothèse
(quel qu’en soit le type).
Elle représente la méthode d’exploration de choix des seins porteurs
de prothèses.
C - BILAN D’EXTENSION ET SUIVI DU CANCER DU SEIN
:
L’intérêt reconnu de l’IRM est de permettre un bilan d’extension préthérapeutique du cancer du sein plus fiable que la
mammographie et l’échographie.
En effet, l’IRM apprécie mieux
l’extension locale et la taille du cancer.
L’IRM est également plus
performante dans la recherche d’une multifocalité (plusieurs zones
tumorales dans le même quadrant), d’une multicentricité (quadrants
différents du même sein) ou d’une bilatéralité.
Aussi, sa
place est-elle fondamentale : il n’est pas logique d’entreprendre un
traitement conservateur du cancer du sein sans un bilan IRM préalable.
Dans le cadre du suivi d’un cancer du sein traité, l’IRM est le
meilleur moyen d’apprécier l’efficacité d’une chimiothérapie
d’induction en évaluant la réduction de volume du rehaussement
tumoral qui donne un bon reflet de la réduction du volume de la
tumeur elle-même.
Dans le suivi post-thérapeutique d’un cancer du sein chez une
patiente ayant bénéficié d’un traitement conservateur (chirurgie +
radiothérapie), l’IRM est particulièrement performante, d’autant
plus qu’elle est réalisée à distance du traitement, la radiothérapie
ayant, dans la plupart des cas, fait disparaître tous les rehaussements
d’origine physiologique.
Après traitement conservateur, l’IRM
permet de dépister plus de lésions et des lésions de plus petite taille
que la mammographie ou l’échographie.
Elle devrait être
systématiquement couplée à la mammographie dans la surveillance
annuelle de ces patientes.
D - RECHERCHE D’UNE TUMEUR PRIMITIVE
:
L’IRM est d’un grand intérêt chez les patientes présentant des
lésions secondaires en rapport avec un carcinome d’origine primitive indéterminée ou des ganglions axillaires tumoraux sans lésion
évidente en mammographie.
Elle a alors une grande rentabilité pour
la découverte d’un cancer primitif du sein.
Perspectives
:
A - PONCTIONS-MICROBIOPSIES ET REPÉRAGES
AU HARPON SOUS IMAGERIE PAR RÉSONANCE
MAGNÉTIQUE
:
Ils sont déjà d’actualité puisqu’ils sont réalisés par certains centres
comme le nôtre sur une antenne prototype (dans le cadre d’une
évaluation européenne pluricentrique).
Le but est le diagnostic
histologique d’un rehaussement IRM suspect sans support clinique, mammographique ou échographique.
Si le rehaussement est de
petite taille, une ponction de zone, extrapolée à partir de la
topographie IRM de la lésion, est trop aléatoire et un repérage précis
sous IRM est nécessaire.
Même s’il a été démontré que la procédure
est performante, la microbiopsie sous IRM reste encore actuellement
longue et inconfortable pour la patiente et nécessite des progrès
technologiques pour être automatisée et plus rapide.
Les repérages sont de réalisation plus simple et plus courte.
Ils
nécessitent un harpon entièrement IRM compatible (porte-fil et fil)
pour vérifier la position à chaque étape du repérage.
B - IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE DÉDIÉE
:
Le prix de l’IRM et son manque de disponibilité freinent
considérablement sa place dans les arbres décisionnels diagnostiques
des maladies du sein.
Une IRM dédiée au sein, avec système de
ponction incorporé ou facilement amovible, devra se développer
dans les années à venir.
C - PRODUITS DE CONTRASTE
:
Actuellement, l’IRM du sein repose sur l’injection de gadolinium,
manquant de spécificité.
Le développement de produits de contraste
à rémanence vasculaire ou le développement de produits se fixant
de façon spécifique sur les cancers du sein pourrait améliorer
considérablement la spécificité de l’IRM et ouvrir de très larges
indications à l’IRM du sein.
D - TRAITEMENT DU CANCER DU SEIN
:
Comme dans d’autres domaines, l’IRM pourrait jouer un rôle
important dans le traitement du cancer du sein.
Elle permet dès
aujourd’hui de fournir une cartographie précise de l’extension
tumorale dans le sein.
Dans les années à venir, elle pourrait
permettre de guider, de façon précise, l’exérèse microchirurgicale ou
le traitement ultrasonore, par fibre laser ou par radiothérapie in situ
d’une tumeur du sein.
Conclusion
:
La grande sensibilité de l’IRM mammaire lui confère d’ores et déjà une
place incontournable dans le diagnostic et le suivi de la pathologie
mammaire.
Sur les seules bases de ses performances actuelles, l’accès moins
contingenté à la technique devrait en augmenter significativement
l’utilisation.
L’IRM dédiée avec système de ponction incorporé paraît la bonne
solution en termes de rapport efficacité diagnostique/coût.
Les voies de développement (diagnostique avec les nouveaux produits
de contraste, thérapeutique) sont prometteuses.