En dehors de ses qualités habituelles reconnues (exploration dans
tous les plans de l’espace, innocuité, résolution en contraste),
l’imagerie par résonance magnétique (IRM), dans le domaine de
l’imagerie hypothalamohypophysaire, peut apporter des
informations sur l’état fonctionnel du lobe antérieur et du lobe
postérieur de l’hypophyse.
C’est ainsi que l’intensité du signal de
l’antéhypophyse en écho de spin T1 reflète l’intense activité
sécrétoire de la glande à certaines étapes de la vie, chez le
nouveau-né ou au cours de la grossesse par exemple, et que
l’hypersignal du lobe postérieur de l’hypophyse reflète la quantité
d’hormone antidiurétique stockée.
Parce que c’est une structure de petite taille entourée d’éléments
osseux et vasculaires de signal très différent, l’hypophyse reste
délicate à explorer.
Malgré l’évolution des antennes et des séquences,
certaines difficultés persistent : diagnostic des lésions les plus ténues,
comme certains adénomes hypophysaires corticotropes, extension
exacte de certaines tumeurs, en particulier au niveau du sinus
caverneux, diagnostic différentiel des tumeurs à extension
suprasellaire, évaluation d’un résidu tumoral après chirurgie.
Une technique méticuleuse adaptée à chaque interrogation, une
confrontation de l’imagerie aux données cliniques et biologiques,
sont essentielles.
Technique
:
A - SÉQUENCES
:
1- Séquence écho de spin pondérée T1
:
Une séquence écho de spin pondérée T1 constitue la première étape
de toute exploration hypophysaire.
Les paramètres sont choisis afin
de privilégier la résolution spatiale : une faible épaisseur de coupe
de 2 à 3mmet une matrice élevée (512 ou 1024) sont deux éléments
essentiels.
Le plan sagittal est utile pour préciser l’extension d’une
lésion suprasellaire ou apprécier l’aspect de la posthypophyse ou de
la tige.
Le plan coronal est choisi d’emblée si on suspecte une lésion intrasellaire de type microadénome.
Le plan axial apporte des
informations essentielles pour l’évaluation de la posthypophyse ou
le diagnostic de kyste de la poche de Rathke intrasellaire.
2- Séquence écho de spin rapide en pondération T2
(turbo spin écho, Siemens ou Fast spin écho, GEMS)
:
La séquence en écho de spin rapide en pondération T2 permet une
meilleure appréciation de la structure d’une lésion, mais permet
aussi dans certains cas de démasquer un microadénome
hypophysaire iso-intense en T1.
La séquence d’écho de spin T2 à deux échos n’est pas utilisée en
routine, sa résolution spatiale étant nettement inférieure à celle de
l’écho de spin turbo T2.
3- Injection de gadolinium
:
L’injection de gadolinium entraîne un rehaussement intense de
l’hypophyse, de la tige pituitaire et des sinus caverneux et un
rehaussement plus discret des méninges.
Il est important de disposer
du même plan de coupe avant et après injection de produit de
contraste.
Il n’y a aucune indication d’injection d’emblée de
gadolinium en pathologie hypophysaire.
La dose habituelle de
0,1 mmol/kg peut être utilisée pour préciser les rapports d’une
tumeur à extension suprasellaire, pour rechercher la localisation du
tissu hypophysaire sain en cas d’adénome hypophysaire.
En
revanche, une dose plus faible de 0,05 mmol/kg, est mieux adaptée
à la détection des lésions intra-hypophysaires car elle évite la
saturation de l’antéhypophyse par le produit de contraste.
Les
acquisitions débutent immédiatement après l’injection intraveineuse
manuelle en bolus de gadolinium.
La réalisation de séquences retardées, 30 à 45 minutes après
injection, peut être intéressante dans la recherche des microadénomes hypophysaires, où les séquences initiales sont
équivoques en mettant en évidence des prises de contraste retardées.
4- Imagerie dynamique en imagerie par résonance
magnétique :
Elle repose sur les même principes que ceux de l’angioscanner.
Les
acquisitions sont réalisées rapidement après l’injection d’un bolus
de gadolinium 0,1 mmol/kg, afin de capter les différentes phases
d’imprégnation de l’hypophyse et des sinus caverneux par le
produit de contraste.
Différents choix sont possibles : une séquence
en écho de spin est préférable si l’on veut privilégier la résolution
spatiale au détriment de la résolution temporelle qui est ici de
l’ordre de 35 secondes.
La résolution temporelle est bien meilleure,
de l’ordre de 1 seconde avec les séquences d’écho de gradient et
surtout avec l’écho planar, mais la résolution spatiale est faible et
mal adaptée à une structure aussi petite que l’antéhypophyse.
En
pratique quotidienne, en particulier pour le diagnostic de microadénome, la résolution temporelle obtenue avec une séquence
d’écho de spin est suffisante.
Trois coupes de 3 mm d’épaisseur
espacées de 3 mm sont acquises toutes les 35 secondes après une
injection manuelle rapide de 0,05 mmol/kg.
Le plan coronal est le
plus intéressant pour l’étude de l’antéhypophyse et le diagnostic de microadénome.
Une séquence d’écho de spin T1 conventionnelle est
toujours réalisée immédiatement après l’imagerie dynamique.
En
pratique courante, l’imagerie IRM dynamique n’est pas aussi
indispensable que l’était l’angioscanner pour la recherche des
microadénomes hypophysaires : dans notre expérience, trois fois sur
quatre, l’association écho de spin T1 et écho de spin turbo T2 est
suffisante pour le diagnostic des microadénomes hypophysaires.
Si
l’imagerie dynamique est réalisée pour étudier la prise de
contraste de la posthypophyse, par exemple au cours d’un bilan
de diabète insipide, il est préférable de choisir un plan
sagittal ou axial et surtout une résolution temporelle plus
courte de l’ordre de 20 secondes pour visualiser le rehaussement
du lobe postérieur de l’hypophyse avant que ne commence
l’opacification de l’antéhypophyse.
5-
Acquisitions tridimensionnelles en écho de gradient pondérées T1
:
Les
acquisitions sont habituellement réalisées dans le plan
sagittal, et leur reconstruction dans le plan coronal.
Cette
technique permet d’obtenir des coupes millimétriques avec un bon
rapport signal/bruit, mais la qualité des images est altérée par
des artefacts en bande.
Les
artefacts de susceptibilité magnétique, mais aussi les artefacts
d’origine vasculaire sont plus fréquents qu’avec les techniques
d’écho de spin.
Pour ces
raisons, cette technique est peu utilisée pour l’exploration de
l’hypophyse.
6- Angio-IRM
:
Il est actuellement bien établi que le temps de vol 3D est la meilleure
technique pour l’étude du polygone de Willis et des siphons
carotidiens.
Le diagnostic d’anévrisme de la carotide interne intracaverneuse est habituellement facile sur les séquences d’écho
de spin conventionnelles, mais l’angio-IRM apporte des éléments
morphologiques et hémodynamiques utiles pour la conduite
thérapeutique.
L’angio-IRM précise les déplacements vasculaires liés
aux grosses tumeurs de la région hypophysaire et des sinus
caverneux, et permet de reconnaître les variations anatomiques, par
exemple un dolichosiphon carotidien ou la persistance d’une artère
trigéminée.
Ces séquences, grâce à l’obtention de coupes très fines,
millimétriques, permettent une étude anatomique très précise de la
citerne optochiasmatique. Elles mettent bien en évidence les rapports
d’une masse suprasellaire avec le chiasma optique et les récessus du
troisième ventricule.
8- Séquences de flux du liquide céphalorachidien
:
Certaines séquences d’écho de gradient (FISP 3D, Siemens ou
GRASS, GEMS) sont très sensibles au flux et peuvent être utilisées
pour étudier les mouvements de va-et-vient du liquide
céphalorachidien (LCR).
Le LCR presque immobile (sillons de la
convexité, corps des ventricules latéraux) est en hypersignal.
Le LCR
très mobile (trous de Monro, aqueduc de Sylvius, partie antérieure
du quatrième ventricule, citerne prépontique, citerne
optochiasmatique) est en hyposignal.
Les séquences de flux du LCR
peuvent être utiles au cours de l’exploration des grosses lésions
kystiques de la région sellaire, pour préciser si elles communiquent
ou non avec les espaces sous-arachnoïdiens.
B - PROTOCOLES
:
Il est difficile d’établir des protocoles rigides pour l’exploration de
l’hypophyse : le choix des séquences et leur orientation dépendent
souvent des renseignements fournis par la séquence initiale.
Il faut
distinguer les séquences nécessaires au diagnostic et les séquences
réalisées pour affiner l’étude morphologique ou structurale d’une
lésion.
Les séquences d’écho de spin utilisées sont des séquences
longues et leur nombre est forcément limité.
Artefacts et pièges
:
En raison de l’environnement anatomique complexe qui comporte
en particulier les éléments vasculaires du sinus caverneux, les parois
osseuses de la selle turcique et la cavité aérienne du sinus
sphénoïdal, les artefacts susceptibles d’altérer l’étude de l’hypophyse
sont nombreux.
A - ARTEFACTS D’ORIGINE VASCULAIRE
:
Ils sont engendrés par le flux pulsatile des siphons carotidiens et
s’observent dans le sens du codage de phase, sous forme d’images
fantômes.
Ils sont particulièrement marqués après injection de
gadolinium.
La réalisation d’un examen avec synchronisation
cardiaque pourrait y remédier, mais elle est assez contraignante, et
sur le plan pratique, l’utilisation de bandes de présaturation est
souvent suffisante.
B - ARTEFACTS DE SUSCEPTIBILITÉ MAGNÉTIQUE
:
Ils apparaissent dans les régions où sont juxtaposées deux structures
de susceptibilité magnétique différente ; à l’interface de ces
structures, se crée un gradient de champ magnétique intrinsèque.
Les artefacts de susceptibilité magnétique s’observent fréquemment
au contact du plancher sellaire sous la forme d’un petit hypersignal
en T1 ponctiforme ou en bande.
Une apophyse clinoïde
antérieure ou postérieure hypertrophique, une asymétrie du dorsum
sellae, une épine sellaire, peuvent créer un artefact de susceptibilité
magnétique de siège inhabituel, parfois très trompeur.
Devant une
image non expliquée, il faut donc toujours penser à une variation
anatomique osseuse et le confirmer si nécessaire par un scanner.
C - ARTEFACTS DE FLUX LCR
:
Ils s’observent essentiellement en turbo SE T2 au niveau de la citerne
optochiasmatique lorsqu’elle est large, créant parfois une
pseudomasse dans la citerne optochiasmatique ou un
pseudoélargissement de la tige pituitaire.
D - EFFET DE VOLUME PARTIEL
:
Sur les coupes coronales les plus antérieures, un effet de volume
partiel avec l’air du sinus sphénoïdal peut donner l’illusion d’une
lésion en hyposignal intrahypophysaire.
Sur les coupes
coronales les plus postérieures, des effets de volume partiel résultant
de la posthypophyse ou du dorsum sellae, peuvent créer un piège
reconnu après confrontation aux coupes sagittales et/ou axiales.
En
coupes sagittales, il faut savoir reconnaître l’effet de volume partiel
observé avec l’hyposignal des siphons carotidiens.
Radioanatomie
:
A -
LOBE ANTÉRIEUR
:
1- Aspect normal
:
Le signal du lobe antérieur est homogène, similaire à celui de la
substance blanche sur toutes les séquences.
Chez l’adulte jeune,
l’hypophyse a un aspect généralement stable bien que de très
discrètes modifications aient été décrites au cours du cycle
menstruel, telles qu’une augmentation de taille de l’ordre de 0,5 mm
au milieu du cycle.
Aucune référence récente en IRM ne fait état de
l’influence de la forme et de la dimension de la selle turcique sur
l’aspect général de l’hypophyse : l’importance de l’inadaptation du
contenant au contenu a pourtant été souligné au scanner.
Lorsque
la selle turcique est plate ou que le plancher sellaire est étroit, une hypophyse de volume normal est susceptible de présenter un pôle
supérieur convexe et de déborder des limites osseuses de la selle
turcique.
Certaines variations anatomiques vasculaires telles
que des siphons carotidiens en position interne, un gros sinus
coronaire inférieur, ou encore une artère trigéminée intrasellaire,
peuvent réduire le volume utile de la selle turcique et expliquer une
hypophyse convexe.
Une hypophyse convexe par
engorgement veineux de la région sellaire peut aussi s’observer dans
les syndromes d’hypotension intracrânienne.
2- Variations selon l’âge et le sexe
:
Une étude précise de l’hypophyse normale chez des volontaires âgés
de 21 à 82 ans a montré qu’il existe une relation inverse entre la
hauteur de l’hypophyse et sa surface d’une part, et l’âge d’autre
part.
En dessous de 50 ans, l’hypophyse est statistiquement plus
grosse chez la femme que chez l’homme, et son bord supérieur est
plus fréquemment convexe.
La hauteur de l’hypophyse est
supérieure à 7 mm chez une femme sur quatre ; entre 20 et 40 ans,
58 % des femmes ont une hypophyse dont la hauteur dépasse
7 mm ; au-dessous de 50 ans, plus d’une femme sur deux présente
une hypophyse à bord supérieur convexe.
Chez l’homme, la hauteur
de l’hypophyse diminue régulièrement entre 20 et 65 ans ; 10 %
seulement des hommes ont une hauteur hypophysaire supérieure à
6 mm, et à peine 3 % une hauteur supérieure à 7 mm.
Dans cette
étude, un homme sur 30 seulement présente une hypophyse à bord
supérieur convexe, contre 11 femmes sur 40.
On peut rapprocher cet
aspect de lente involution avec l’âge de la diminution des sécrétions
de follicle stimulating hormone-luteinizing hormone (FSH-LH) entre
la puberté et la cinquième ou sixième décennie de la vie.
L’involution de l’hypophyse avec l’âge est susceptible de conduire à
une pénétration intrasellaire des espaces sous-arachnoïdiens (selle
turcique vide).
Le plus souvent, un tel aspect est
asymptomatique, bien qu’on puisse parfois lui rapporter l’existence
de céphalées ou de vertiges ; une hyperprolactinémie, une
rhinorrhée ou des troubles du champ visuel, ne peuvent être
présents que lorsque la selle turcique est très élargie par la hernie
des espaces sous-arachnoïdiens.
3- Hypophyse de l’enfant
:
Chez le nouveau-né, jusqu’à la fin du deuxième mois de la vie,
l’hypophyse est globalement plus ronde et plus grosse que chez
l’enfant plus grand : 63 % de nourrissons de moins de 1 mois
présentent une hypophyse à pôle supérieur convexe, contre
seulement 4 % des enfants de plus de 2 mois.
Au cours de la
première année de la vie, l’hypophyse voit sa taille augmenter en
longueur mais pas en hauteur ; si l’on compare le volume de
l’hypophyse à celui de l’encéphale, on constate que la surface
relative de l’hypophyse diminue tout au long de la petite enfance.
Au-dessous de 2 mois, le lobe antérieur de l’hypophyse apparaît en hypersignal T1 par rapport au tronc cérébral dans 75 % des cas.
Cet hypersignal n’est jamais observé à l’état normal au-delà du 2e mois.
L’hypersignal de l’antéhypophyse est à mettre en parallèle, d’une
part avec l’augmentation du réticulum endoplasmique, d’autre part
avec une activité de synthèse protéinique intense.
La taille
relativement importante de l’hypophyse dès la naissance est à
corréler avec une hyperplasie des cellules à prolactine, une activité
endocrinienne intense et une synthèse protéinique importante.
L’hypersignal T1 habituel du lobe postérieur est décelable dès la
naissance, si bien que l’hypophyse du nouveau-né apparaît
globalement hyperintense.
Au-delà de l’âge de 2 mois, l’hypophyse a tendance à s’aplatir et le
signal de l’antéhypophyse devient identique à celui de l’adulte ; seul
le lobe postérieur demeure en hypersignal en T1.
La hauteur de
l’hypophyse, dans le plan sagittal médian, est généralement
comprise entre 2 et 6 mm et il n’y a pas de différence selon le sexe .
4- Modifications à la puberté
:
Une hypertrophie physiologique de la glande est visible dans les
deux sexes, mais elle est nettement plus marquée chez les filles
.
En dessous de 12 ans, l’hypophyse ne mesure pas plus de
6 mm de hauteur ; en revanche, à l’âge pubertaire, une hauteur
hypophysaire de l’ordre de 8 à 10mm n’est pas rare chez la fille,
alors qu’une hauteur supérieure à 7 mm doit être considérée comme
suspecte chez le garçon.
La hauteur de l’hypophyse est
significativement plus grande à la puberté que dans un groupe
d’adultes de 20 à 30 ans.
Parallèlement, une convexité du pôle
supérieur de l’hypophyse est retrouvée chez 56 % des jeunes filles à
la puberté, contre seulement 18 % dans les autres groupes d’âge.
En
période pubertaire, une jeune fille sur quatre présente une
hypophyse tout à fait arrondie en coupe sagittale.
Cette
augmentation du volume de la glande survient au cours de la
période où la sécrétion d’hormones hypophysaires est maximale.
Cet
aspect d’hypertrophie physiologique de l’hypophyse chez la jeune
fille en période pubertaire doit être considéré comme une variation
anatomique et n’impose donc pas la poursuite d’autres
investigations.
5- Hypophyse au cours de la grossesse
:
On sait depuis longtemps que le poids de l’hypophyse peut
augmenter de 30 à 100 % pendant la grossesse.
L’IRM permet une
étude précise de ces modifications : l’augmentation en hauteur de
l’hypophyse se fait de façon linéaire pendant toute la grossesse.
Une
hauteur glandulaire de 10 mm est habituelle au cours du troisième trimestre.
Un hypersignal en T1 de l’antéhypophyse peut
aussi être observé.
Il est intéressant de noter que, toutes
proportions gardées, l’hypophyse de la femme enceinte peut mimer
celle du nouveau-né (sphéricité de la glande et hypersignal du lobe
antérieur), vraisemblablement en raison de l’augmentation du
nombre de cellules à prolactine, du réticulum endoplasmique et de
l’activité de synthèse protéinique.
Ces modifications de volume, de
forme et de signal de l’hypophyse pendant la grossesse, doivent être
bien connues afin de ne pas confondre un aspect physiologique avec
un adénome hypophysaire, ou une hémorragie, ou une adénohypophysite lymphocytaire.
En fait, c’est dans le post-partum
immédiat (première semaine) que l’hypophyse présente sa taille
maximale : à ce moment, une hauteur de 12 mm ne doit pas
inquiéter.
L’hypophyse retourne ensuite rapidement à une taille
normale qu’il y ait ou non allaitement.
6- Aspect du lobe antérieur après injection
de gadolinium
:
La prise de contraste du lobe antérieur de l’hypophyse est
habituellement intense et homogène.
La réalisation d’une imagerie
dynamique permet de confirmer les connaissances concernant
l’anatomie vasculaire de la région hypophysaire, et valide les
travaux réalisés en angioscanner.
En raison de sa vascularisation
essentiellement portale, le lobe antérieur s’opacifie plus tardivement
que le lobe postérieur.
Du fait de la résolution temporelle plus
longue en IRM qu’en angioscanner, il n’est pas possible de capter la
phase initiale d’opacification du lit capillaire.
La première image
obtenue après l’injection de gadolinium montre l’opacification de la
tige pituitaire et de la partie supérieure de la glande correspondant
au lit capillaire hypophysaire secondaire (« tuft ») et au parenchyme
glandulaire adjacent déjà contaminé par le gadolinium.
Dès la deuxième image injectée, l’hypophyse est opacifiée de façon
intense et homogène, puis on observe une lente décroissance
d’intensité de la glande au décours de l’acquisition dynamique.
Le
lobe antérieur commence à s’opacifier à 30-50 secondes après le
début d’injection, et il est complètement opacifié à 60-90 secondes.
B - TIGE PITUITAIRE
:
Elle est loin d’être toujours verticale et médiane sur les coupes
coronales.
Une inclinaison plus ou moins prononcée de la tige
pituitaire a été décrite dans 46 % des cas.
Cette variation anatomique
fréquente confirme que le déplacement de la tige n’est pas un signe
très fiable lors de la recherche d’un adénome hypophysaire.
C - LOBE POSTÉRIEUR
:
Il est actuellement bien établi que l’hypersignal visible en T1 à la
partie postérieure de la selle turcique correspond au lobe postérieur
de l’hypophyse et non pas à un coussinet graisseux (fat pad)
initialement décrit.
Cet hypersignal correspond à un état
fonctionnel normal de la posthypophyse ; l’hypersignal disparaît
chez les patients qui présentent un diabète insipide d’origine
centrale.
L’origine exacte de l’hypersignal en T1 n’est pas encore
très claire.
Pour certains auteurs, l’hypersignal est en relation avec
des gouttelettes lipidiques présentes dans les pituicytes.
Pour
d’autres, l’hypersignal correspond très précisément à des granules
neurosécrétoires constitués d’hormone antidiurétique (ADH) ou
d’un complexe d’ADH et d’une protéine porteuse, la
neurophysine.
Enfin, une autre théorie attribue l’hypersignal
aux phospholipides présents au niveau du lobe postérieur de
l’hypophyse.
D’après les données de la littérature, l’hypersignal en T1 de la
posthypophyse n’est présent que dans 60 à 90 % des cas. Le défaut
de visualisation de la posthypophyse peut être attribué le plus
souvent à une technique insuffisante, mais la posthypophyse n’est
pas toujours bien identifiée sur les coupes sagittales même en
optimisant des séquences.
La réalisation des coupes axiales permet
d’atteindre un taux de détection de la posthypophyse proche de
100 %.
Classiquement, la posthypophyse est décrite en coupes
sagittales comme une structure en hypersignal, homogène,
régulièrement convexe en avant.
En fait, cet aspect est assez
rarement rencontré, et on note souvent un signal hétérogène et des irrégularités du bord antérieur, ce qui pourrait suggérer une
distribution irrégulière des granules neurosécrétoires stockés dans
la posthypophyse.
Chez le sujet âgé, le lobe postérieur est
beaucoup moins souvent individualisé ; son signal est
toujours moins intense et souvent inhomogène.
En T2, le signal de
la posthypophyse est très variable iso-, hypo- ou hyperintense.
D - SINUS CAVERNEUX
:
1- Avant injection de gadolinium
:
Les carotides internes intracaverneuses, du fait de leur flux rapide,
présentent un hyposignal en T1 et en T2.
La plupart des éléments
veineux du sinus caverneux sont situés en dessous et en dehors de
la carotide interne.
Lorsque la carotide interne est située à distance
de la paroi latérale du sinus sphénoïdal, il existe toujours une grosse
veine, la veine de la gouttière carotidienne ou plusieurs petites
veines pour combler l’espace libre.
Les veines de gros calibre à flux rapide sont en hyposignal T1 tandis
que les veines plus petites à flux lent sont en hypersignal.
Souvent un ou plusieurs éléments veineux sont visualisés entre la
carotide interne intracaverneuse et l’hypophyse marquant la limite
interne du sinus caverneux.
Les connexions intercaverneuses, sinus
basilaire, sinus coronaire antérieur et sinus coronaire inférieur
peuvent être visualisées lorsqu’elles sont proéminentes.
La persistance de l’artère trigéminée, anastomose entre la
carotide interne et le tronc basilaire, est une variante anatomique
fréquente (0,2 %).
On distingue deux variétés : la variété latérale où
l’artère trigéminée naît de la face latérale de la carotide interne,
contourne le dos de la selle turcique et rejoint le tronc basilaire, et la
variété interne où l’artère trigéminée naît de la face interne de la
carotide interne intracaverneuse, a un cours trajet intrasellaire au
contact du plancher sellaire, puis perfore le dos de la selle turcique
avant d’atteindre le tronc basilaire.
C’est dans sa variété
interne que l’artère trigéminée est susceptible d’entraîner une
convexité du pôle supérieur de l’hypophyse.
Les nerfs crâniens intracaverneux apparaissent en hyposignal relatif en T1 par rapport
aux autres éléments du sinus caverneux, et sont donc mieux visibles
lorsqu’ils sont soulignés par des veines en hypersignal.
Le III, parce
qu’il est le plus volumineux, est le plus souvent identifié.
En T2, il
n’est pas rare d’observer les espaces sous-arachnoïdiens en hypersignal qui entourent les nerfs crâniens, en particulier le III.
La limite interne du sinus caverneux est difficile à repérer ;
l’existence d’un feuillet de dure-mère entre l’hypophyse et le sinus
caverneux est contestée.
La dure-mère de la paroi latérale du sinus
caverneux est toujours identifiée, en hyposignal T1.
En T2, il existe
un excellent contraste entre la paroi durale latérale et le LCR de la
face interne du lobe temporal en hypersignal marqué.
2- Après injection de gadolinium
:
La lumière des carotides internes intracaverneuses ne se rehausse
pas.
Les veines en hyposignal T1 prennent habituellement le
contraste, alors qu’il n’y a pas de modification significative des
veines en hypersignal T1 spontanément.
La paroi durale latérale prend le contraste de façon intense.
Les gaines des nerfs crâniens intracaverneux et le tissu conjonctif du sinus caverneux s’opacifient
lentement.
À distance de l’injection de gadolinium, le sinus
caverneux apparaît donc comme une plage globalement hyperintense et relativement homogène, au sein de laquelle la
carotide interne intracaverneuse et les nerfs crâniens apparaissent
en hyposignal.
L’imagerie dynamique peut être intéressante
pour différencier les veines qui prennent le contraste précocement,
environ 30 secondes après l’injection du tissu conjonctif et des gaines
nerveuses qui s’opacifient plus progressivement.
E - CAVUM DE MECKEL
:
Alors qu’en scanner le cavum de Meckel apparaît comme un espace
rempli de LCR, l’IRM haute résolution SE T1 et turbo SE T2, permet
de visualiser l’architecture interne du cavum de Meckel.
Les nombreux faisceaux nerveux qui constituent le V dans le cavum
de Meckel peuvent être identifiés au sein du LCR surtout en T2
turbo SE.
Le plus souvent, le ganglion trigéminé ou
ganglion de Gasser est visible à la partie antérieure du cavum de
Meckel, inférieurement et latéralement, sous forme d’une structure semi-lunaire ou nodulaire prenant le contraste.
Dans les autres cas,
on observe seulement un épaississement localisé de la paroi latérale
se confondant avec la dure-mère.
Incidentalomes
:
A -
KYSTES DE LA POCHE DE RATHKE INTRASELLAIRES :
La plupart des kystes de la poche de Rathke sont de petite taille et
asymptomatiques, découverts fortuitement.
Ces kystes sont
susceptibles de se modifier dans le temps, avec une augmentation
ou une réduction de volume. Le signal IRM dépend de leur
composition chimique.
Les kystes mucoïdes sont en hypersignal
en T1 et de signal variable en T2 hyper- ou hypo-intenses.
Les kystes séreux ont le même signal que le liquide
cérébrospinal.
Les coupes axiales en T1 sont indispensables pour les
différencier de la posthypophyse.
Le problème de diagnostic
différentiel avec un microadénome hypophysaire hémorragique peut
se poser.
B - KYSTES DE LA POSTHYPOPHYSE
:
Ils sont développés dans la posthypophyse.
Les coupes axiales
montrent une couronne de tissu posthypophysaire autour du kyste.
Le signal de ces kystes est identique à celui du liquide cérébrospinal,
en hyposignal T1 et hypersignal T2.