L’exploration de la jambe en imagerie fait appel à différentes
techniques : radiographie standard, échographie, scanner, imagerie
par résonance magnétique (IRM).
Après un rappel de l’anatomie de
la jambe, les aspects techniques et les résultats normaux de ces
différents moyens d’investigations sont développés.
Anatomie de la jambe
:
Le squelette de la jambe est constitué de deux os longs, le tibia,
interne et volumineux, et la fibula, externe.
Ces deux os sont
articulés entre eux à leurs extrémités et sont séparés par un espace
dans lequel est tendu la membrane interosseuse.
A - DIAPHYSE TIBIALE
:
Le tibia s’articule avec le fémur, en haut, et le talus, en bas.
Triangulaire à la coupe, on lui décrit trois faces et trois bords.
La face médiale est lisse avec quelques rugosités à sa partie
supérieure où s’insèrent les muscles de la patte d’oie (muscle sartorius, muscle gracile et muscle semi-tendineux).
La face latérale présente à sa partie supérieure une dépression
longitudinale sur laquelle s’insère le muscle tibial antérieur.
La partie
inférieure de cette face est convexe et déviée en dehors en devenant
postérieure.
À sa partie inférieure est creusée en gouttière l’incisure fibulaire s’appliquant contre l’extrémité inférieure de la fibula.
La partie supérieure de la face postérieure se prolonge avec la
tubérosité externe, et présente en arrière et en dehors une facette
articulaire plane s’articulant avec la tête de la fibula.
La partie
moyenne de la face postérieure est traversée par une crête rugueuse
oblique en bas et en dedans, appelée la ligne du muscle soléaire, sur
laquelle s’insère le muscle soléaire.
Le muscle poplité s’insère au dessus
de cette ligne oblique. Le segment sous-jacent est séparé en
deux par une crête verticale.
Le muscle tibial postérieur s’insère en
dehors et le muscle long fléchisseur des orteils en dedans.
Le bord antérieur, appelé crête du tibia, commence en haut au niveau
du bord externe de la tubérosité tibiale.
Il descend en un S italique
dont la courbe supérieure est convexe vers l’extérieur, et se termine
en bas en se confondant avec le bord antérieur de la malléole
médiale.
Le bord médial n’est visualisable qu’à sa moitié inférieure.
Le bord externe ou interosseux est une arête vive qui donne insertion
à la membrane interosseuse.
B - DIAPHYSE FIBULAIRE
:
La fibula s’articule en haut avec le tibia, en bas avec le tibia et le
talus.
Triangulaire à la coupe, on lui décrit trois faces et trois bords.
La face médiale est divisée en deux champs, antérieur et postérieur,
par une crête longitudinale, appelée crête interosseuse, sur laquelle
s’insère la membrane interosseuse.
En avant de cette crête s’insèrent
le muscle long extenseur des orteils et le muscle troisième fibulaire,
en arrière s’attache le muscle tibial postérieur.
La face latérale est déprimée en gouttière longitudinale dans sa partie
moyenne, et donne insertion aux muscles long et court fibulaires.
La face postérieure ou dorsale subit en bas un mouvement de torsion,
qui la fait devenir interne.
En haut s’insère le muscle soléaire, en bas
le muscle long fléchisseur de l’hallux.
Le bord interosseux rejoint en bas en se dirigeant en avant le bord
antérieur qui est le plus tranchant.
L’extrémité supérieure de la tête de la fibula est un renflement
conique à base supérieure dont le sommet tronqué se continue avec le corps de l’os par le col.
La face supérieure, ou base, présente à sa
partie interne une surface articulaire plane regardant en haut, en
dedans et un peu en avant, s’articulant avec le tibia.
En dehors et en
arrière de la surface articulaire s’insèrent le tendon du biceps
fémoral et le ligament collatéral fibulaire.
En avant de la surface
articulaire existent des rugosités déterminées par les insertions des
muscles long fibulaire et soléaire.
C - OS DE LA JAMBE CHEZ L’ENFANT
:
Au niveau de leurs extrémités inférieures, les deux os de la jambe
ne possèdent chacun qu’un seul point épiphysaire, apparu au cours
des deux premières années.
La malléole interne se forme à partir de
l’épiphyse tibiale et sa saillie commence à se dessiner vers 6-7 ans.
L’extrémité supérieure du tibia a un point épiphysaire principal
apparaissant à peu près au moment de la naissance. Vers 12-14 ans,
l’ossification se complète par un point spécial pour la tubérosité
tibiale (antérieure) qui se soude d’abord à l’épiphyse.
Le point épiphysaire unique de l’extrémité supérieure de la fibula
apparaît vers 5 ans en moyenne.
Les épiphyses supérieures du tibia et de la fibula, épiphyses fertiles,
se soudent à la diaphyse tardivement, vers 20-22 ans, les épiphyses
inférieures s’étant soudées dès l’âge de 18-19 ans.
D - LOGES MUSCULOAPONÉVROTIQUES DE LA JAMBE
:
1- Cloisons aponévrotiques
:
La jambe est entourée d’une gaine aponévrotique, interrompue
seulement au niveau de la face interne du tibia où elle se confond
avec le périoste.
De la face profonde de l’aponévrose jambière partent deux cloisons
fibreuses intermusculaires, l’une externe, l’autre antérieure.
Le septum intermusculaire postérieur s’étend de la face externe de
l’aponévrose au bord externe de la fibula, et sépare le groupe
musculaire antéroexterne du groupe postérieur.
Le septum intermusculaire antérieur s’étend de la face profonde de
l’aponévrose au bord antérieur de la fibula.
Elle sépare le groupe
musculaire antérieur du groupe antéroexterne.
2- Contenu des loges
:
* Loge antérieure
:
Elle est comprise entre la face externe du tibia en dedans, la fibula et
le septum intermusculaire antérieur en dehors, et la membrane
interosseuse en arrière.
Elle contient quatre muscles juxtaposés de
dedans en dehors dans l’ordre suivant : muscle tibial antérieur,
muscle long extenseur de l’hallux, muscle long extenseur des orteils,
muscle troisième fibulaire.
Le muscle tibial antérieur s’insère sur les trois quarts supérieurs de
la face latérale du tibia, et sur la partie supérieure et interne de la
membrane interosseuse.
Ses fibres musculaires forment un corps
charnu et volumineux qui descend s’appliquer sur la face externe
du tibia.
Le muscle long extenseur de l’hallux s’insère sur la partie moyenne
de la face médiale de la fibula et sur la membrane interosseuse.
Il
chemine en arrière et en dehors du jambier antérieur, et son tendon
s’individualise à la partie inférieure de la jambe.
Le muscle long extenseur des orteils naît de la tubérosité externe du
tibia, des deux tiers supérieurs de la face médiale de la fibula et de
la membrane interosseuse.
Il chemine en dehors et en avant du
muscle long extenseur de l’hallux, vers un tendon terminal qui
s’individualise à la partie moyenne de la jambe.
Le muscle troisième fibulaire est un muscle inconstant qui s’insère
sur le tiers inférieur de la face médiale de la fibula et la membrane
interosseuse.
Son tendon est souvent uni à celui du muscle long
extenseur des orteils.
* Loge latérale
:
Elle comprend deux muscles, le muscle long fibulaire et le muscle
court fibulaire, situés entre les septa intermusculaires antérieurs et
postérieurs.
Le muscle court fibulaire est situé dans un plan profond
et s’insère sur les deux tiers inférieurs de la face latérale de la fibula.
Le muscle long fibulaire s’insère sur la tubérosité externe du tibia,
sur les faces antérieure et latérale de la tête de la fibula et sur la face
latérale de cet os.
Il est superficiel et chemine sur la face externe du
muscle court fibulaire.
* Loge postérieure
:
Les muscles du groupe postérieur sont placés en arrière du squelette
de la jambe, de la membrane interosseuse, et du septum
intermusculaire postérieur qui les séparent des péroniers latéraux.
Ils sont disposés sur deux plans : quatre dans un plan profond,
quatre dans un plan superficiel.
Le plan profond se compose de quatre muscles appliqués sur le
squelette.
Le muscle poplité est situé à la partie supérieure de la
jambe.
Les trois autres sont juxtaposés de dedans en dehors dans
l’ordre suivant : le muscle long fléchisseur des orteils, le muscle tibial
postérieur et le muscle long fléchisseur de l’hallux.
Le muscle poplité
s’étend de l’épicondyle latéral du fémur à la partie supérieure du
tibia.
Le muscle long fléchisseur des orteils naît du tiers moyen de
la face postérieure du tibia.
D’abord placé en dedans du muscle
tibial postérieur, il croise obliquement ce muscle en passant en
arrière de lui.
Le muscle tibial postérieur s’insère sur les deux tiers
supérieurs de la face postérieure du tibia et de la face médiale de la fibula.
Le corps musculaire descend obliquement en bas et en
dedans, entre le muscle long fléchisseur commun des orteils et le
muscle long fléchisseur de l’hallux.
À la partie inférieure, le muscle
tibial postérieur croise le muscle long fléchisseur des orteils et passe
en avant de lui.
Le muscle long fléchisseur de l’hallux s’insère sur
les trois quarts inférieurs de la face postérieure de la fibula et est le
plus externe du groupe profond.
Le plan superficiel se compose de deux muscles, le muscle triceps
sural et le muscle plantaire.
Le muscle triceps sural est disposé en
haut en deux couches distinctes, l’une, profonde, constituée par le
muscle soléaire et l’autre, superficielle, constituée par les chefs
médial et latéral du muscle gastrocnémien.
Le muscle soléaire
s’insère en haut sur la face postérieure de la tête de la fibula, sur la
face postérieure de la fibula, à la lèvre inférieure de la ligne oblique
du tibia et au tiers moyen du bord médial de cet os.
Le muscle gastrocnémien s’insère sur les épicondyles fémoraux et recouvre le
muscle soléaire.
La lame tendineuse terminale du muscle soléaire
s’unit à celle du muscle gastrocnémien pour former le tendon
calcanéen.
Le muscle plantaire naît de l’épicondyle latéral du fémur,
en dedans du tendon du chef latéral du muscle gastrocnémien.
Il
descend obliquement et chemine entre le muscle soléaire et le
muscle gastrocnémien. Son tendon s’accole en dedans du tendon
calcanéen.
E - VASCULARISATION DE LA JAMBE
:
L’artère poplitée se divise un peu au-dessus de l’arcade du muscle
soléaire en deux branches : l’artère tibiale antérieure et le tronc tibiofibulaire.
L’artère tibiale antérieure pénètre dans la région antéroexterne de la
jambe en traversant l’orifice compris entre le tibia et la partie
supérieure de la membrane interosseuse.
Elle chemine ensuite en
droite ligne jusqu’au cou-de-pied, dans le fond de l’interstice
compris entre le muscle tibial antérieur et les muscles extenseurs.
Le tronc tibiofibulaire se divise en deux branches, l’artère fibulaire et
l’artère tibiale postérieure.
L’artère fibulaire descend en bas et en
dehors, en arrière du muscle tibial postérieur, puis contre la
membrane interosseuse.
L’artère tibiale postérieure descend en
oblique en bas et en dedans et repose successivement sur le muscle
tibial postérieur et sur le muscle long fléchisseur des orteils.
Chaque artère est accompagnée d’une ou plusieurs veines satellites.
Dans les plans superficiels, cheminent en dedans la grande veine
saphène et en arrière la veine petite saphène.
F - NERFS DE LA JAMBE
:
Le nerf fibulaire commun se divise en dessous et en arrière du col
de la fibula en deux branches, le nerf fibulaire profond et le nerf
fibulaire superficiel.
Le nerf fibulaire profond gagne la loge antérieure de la jambe et
accompagne l’artère tibiale antérieure.
Le nerf fibulaire superficiel descend en bas, en avant et en dehors, et
descend ensuite entre les muscles fibulaires et le septum
intermusculaire antérieur jusqu’au tiers inférieur de la jambe, où il
devient superficiel.
Le nerf tibial est la branche de bifurcation interne du nerf
ischiatique.
Il descend en arrière du tronc tibiofibulaire et
accompagne ensuite l’artère tibiale postérieure.
Moyens d’explorations
:
A - RADIOGRAPHIE STANDARD
:
Les clichés sont réalisés soit en technique classique soit en technique
numérisée (plaque photostimulable) en incidence de face et de profil,
parfois en incidences complémentaires (trois quarts) sans oublier, et
tout particulièrement s’il s’agit de rechercher des lésions posttraumatiques,
l’intérêt capital de réaliser une exploration de la
totalité des os de la jambe, avec les articulations adjacentes.
1- Incidence de face antéropostérieure
:
* Technique
:
Position du sujet : décubitus dorsal. Le membre inférieur est en
extension.
Le pied en flexion normale et légère rotation interne peut
être maintenu par des sacs de sable.
Le mollet repose sur la cassette.
Le rayon directeur est vertical, centré sur le milieu de la jambe à un
travers de doigt en dehors de la crête tibiale.
La radiographie doit comporter l’ensemble des diaphyses tibiale et fibulaire avec les articulations sus-et sous-jacentes bien visibles
(genou et cheville de face).
On utilise des cassettes de grand format.
Si le sujet est de grande taille, on peut utiliser la cassette en
diagonale.
* Résultats
:
La diaphyse tibiale est de même largeur aux deux extrémités. Ses
deux corticales sont limitées par des contours nets.
À la partie
supérieure du contour externe de la diaphyse, on peut voir une crête
d’insertion plus ou moins développée pour les fibres supérieures de
la membrane interosseuse.
La diaphyse fibulaire se présente parfois chez les sujets peu musclés
avec une médullaire et deux corticales.
Plus souvent, on distingue
deux zones dissemblables.
Les deux tiers supérieurs correspondent
à la zone d’insertion musculaire et sont formés, à leur partie interne
surtout, d’une série de bandes verticales d’opacités différentes.
La
corticale externe a, au contraire, une limite régulière.
Le tiers
inférieur, ou zone de torsion, où glissent les différents tendons, a
des aspects très variables : les deux corticales peuvent être
rectilignes, ou des groupes de travées parties de la corticale externe
se dirigent obliquement vers la corticale interne en ébauchant un N,
ou, enfin, la corticale externe présente une saillie externe.
+ Variantes du normal
:
Le foramen nourricier du tibia naît sur sa face postérieure,
latéralement par rapport à la ligne du muscle du soléaire.
Il
s’observe parfois sous la forme d’une clarté linéaire verticale
descendante de 1 à 2mmd’épaisseur et de plusieurs centimètres de
long, située entre les corticales de la diaphyse tibiale.
Les crêtes interosseuses volumineuses peuvent se rencontrer, en
particulier au niveau des deux tiers supérieurs du bord interne de la fibula, et à la partie supérieure de l’espace interosseux.
Ces crêtes
interosseuses ou un aspect irrégulier de la zone de torsion de la fibula peuvent simuler une périostite ou des séquelles de fracture.
2- Incidence de profil
:
* Technique
:
+ Profil externe ou fibulaire
:
Position du sujet : décubitus latéral du côté à explorer, le genou est
légèrement fléchi, le membre strictement de profil.
Le membre opposé est reporté au maximum en avant, la cuisse et la
jambe fléchies reposant sur des sacs de sable.
Le rayon directeur vertical est centré au milieu de la jambe sur le
bord postérieur du tibia.
On utilise des cassettes de grand format.
+ Autres incidences
:
Profil interne ou tibial :
– position du sujet : décubitus latéral du côté opposé à explorer, le
membre à radiographier est porté en avant.
La jambe est légèrement
surélevée pour être horizontale ;
– le rayon directeur vertical est centré au milieu de la jambe sur le
péroné.
Profil interne en décubitus dorsal
:
– pour les traumatisés que l’on ne peut mobiliser, on place une
cassette verticalement à la face interne de la jambe en la maintenant
grâce à des sacs de sable ;
– le rayon directeur horizontal est centré au milieu de la jambe sur
le péroné.
* Résultats
:
La diaphyse tibiale est sensiblement plus étroite en bas qu’en haut.
Sa corticale postérieure est mince et nette.
Sa corticale antérieure,
répondant à la crête du tibia, est au contraire très épaisse.
Parfois,
lorsque la crête du tibia dessine une arête vive, la corticale se dessine
par un dégradé et non par un contour net.
La diaphyse fibulaire s’infléchit légèrement en avant à sa partie
inférieure.
Les dédoublements de la corticale sont parfois visibles
au niveau de la corticale inférieure.
+ Variantes du normal
:
La corticale antérieure peut parfois avoir une épaisseur considérable,
donnant un aspect d’autant plus trompeur que la limitante de cette
corticale peut être estompée lorsque la crête du tibia est
particulièrement aiguë.
Cet épaississement ne s’accompagne pas
chez le sujet sain d’un rétrécissement du canal médullaire, dont les
deux bords restent parallèles.
Le foramen nourricier peut également s’observer sous la forme
d’une clarté linéaire de 1 à 2mm d’épaisseur et de plusieurs
centimètres de long, descendante obliquement de dehors en dedans
à travers la corticale postérieure du tibia.
3- Radiographie de face des deux jambes
:
Position du patient : décubitus dorsal, les membres en extension, les
jambes en adduction symétrique et en légère rotation interne.
Le rayon directeur vertical est centré entre les deux jambes à leur
partie moyenne.
Cette incidence est surtout réalisée chez les enfants, et permet une
comparaison plus fidèle des deux côtés.
4- Radiographies localisées
:
En cas de nécessité, on peut avoir recours à des incidences de face,
de profil ou de trois quarts localisées pour étudier la structure d’une
lésion focale.
Ces différentes incidences ne doivent être conçues qu’en
complément des incidences d’ensemble de la jambe, qui permettent
seules de situer précisément une anomalie focale, notamment par
rapport aux articulations sus-et sous-jacentes.
5- Radiographies des parties molles
:
Elles peuvent être utiles pour rechercher des images graisseuses ou
calcifiées.
6- Mensurations
:
Pour être satisfaisantes, elles doivent être réalisées :
– soit par la téléradiographie de façon à diminuer l’agrandissement
géographique ;
– soit avec une règle de Bell-Thomson placée à mi-hauteur de la
jambe et radiographiée simultanément avec la jambe.
B - ÉCHOGRAPHIE
:
Son intérêt principal est l’étude des parties molles de la jambe.
Elle
peut aussi être utilisée pour l’analyse de la corticale osseuse, à la
recherche de fracture ou de décollement périosté.
1- Technique
:
On utilise le plus souvent des sondes barrettes électroniques
linéaires de fréquences élevées (10 à 13 MHz) pour l’étude des
parties molles sous-cutanées, et de fréquences plus faibles (5 à 7,5
MHz) pour l’étude des plans musculaires profonds.
L’exploration des différentes loges de la jambe se fait essentiellement
selon l’axe transversal ou longitudinal, le patient étant en décubitus
(dorsal, ventral ou latéral) et/ou en station verticale.
L’étude
échographique doit être bilatérale comparative, elle peut être
également statique et/ou dynamique avec contraction musculaire.
L’étude en mode doppler peut être nécessaire en cas de suspicion
de pathologie artérioveineuse associée.
Elle est également
intéressante pour préciser la topographie des nerfs satellites des
vaisseaux.
2- Résultats
:
L’aspect des muscles est variable selon l’axe de la coupe : aspect
veiné en coupe longitudinale, avec des fibrilles musculaires qui
apparaissent hypoéchogènes, parsemées de travées hyperéchogènes
fines et linéaires correspondant aux éléments fibroadipeux séparant
les faisceaux des fibres musculaires, aspect ponctué des muscles en
coupe transversale.
Les aponévroses qui séparent les différents chefs musculaires
apparaissent également hyperéchogènes.
Les tendons apparaissent globalement sous forme d’une structure hyperéchogène ovalaire en coupe transversale si le faisceau d’ultrasons
est perpendiculaire aux fibres et fibrillaire avec des stries linéaires
parallèles en coupe longitudinale dans l’axe du tendon.
Ils sont à
limites nettes, parfois entourés d’un liseré graisseux hyperéchogène.
C - TOMODENSITOMÉTRIE
:
Le scanner est l’examen de choix pour explorer les altérations de la
corticale osseuse.
On effectue le plus souvent une acquisition hélicoïdale, qui permet
des reconstructions multiplanaires de bonne qualité.
1- Technique
:
Le patient est le plus souvent en décubitus dorsal, les jambes placées
de manière symétrique et immobilisées.
On réalise tout d’abord un topogramme centré sur les jambes,
comprenant les articulations sus- et sous-jacentes, indispensable
pour situer exactement le niveau des coupes à réaliser.
L’épaisseur nominale de coupe et l’incrément de reconstruction sont
choisis en fonction des tissus à étudier :
– l’analyse du tissu osseux s’effectue sur des coupes fines (1 mm
d’épaisseur environ) ;
– l’étude des parties molles est effectuée sur des coupes plus
épaisses (5 mm environ).
La matrice de reconstruction de l’image doit être la plus élevée
possible.
Le champ de reconstruction est choisi en fonction de l’étude
unilatérale ou bilatérale, strictement squelettique ou avec les
éléments musculaires périphériques.
On adapte le filtre de reconstruction en fonction de la structure à
étudier (os ou parties molles).
L’injection de produit de contraste est le plus souvent indispensable
si l’on étudie les parties molles, permettant de repérer les vaisseaux
et d’étudier les prises de contraste.
En revanche, elle n’est pas
indispensable si l’on ne s’intéresse qu’à l’analyse structurale osseuse.
On visualise les images avec, à chaque niveau de coupe :
– une fenêtre parties molles (30 UH-300 UH) ;
– une fenêtre osseuse élargie (400 UH-3000 UH).
On effectue des reconstructions multiplanaires afin d’affiner
l’analyse des images.
Les représentations en 3D de surface et les
représentations volumiques peuvent être utilisées.
2- Résultats
:
Les diaphyses tibiale et péronière coupées perpendiculairement à
leur grand axe montrent leur aspect triangulaire à centre clair de
densité graisseuse.
La corticale tibiale est épaisse ; on visualise
fréquemment un canal nourricier au niveau de la face endostale de
la corticale postérieur du tibia.
Les muscles sont bien délimités par la graisse périphérique.
Les
vaisseaux ont leur densité rehaussée après injection de produit de contraste, les artères plus précocement que les veines. Les nerfs sont
difficilement délimités s’ils sont accolés à un muscle.
D - IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE
:
L’IRM est l’examen de choix pour explorer la médullaire osseuse et
les parties molles de la jambe.
1- Technique
:
Cet examen permet d’explorer la jambe par des coupes frontales,
axiales, sagittales ou obliques.
On explore la jambe avec une antenne de surface ou avec une
antenne corps, en fonction de la topographie lésionnelle et de la
nécessité d’une éventuelle analyse comparative.
L’étude est multiplanaire, et comporte généralement des coupes
axiales transverses dans un but anatomique, et des coupes dans le
grand axe des muscles à étudier (sagittales/coronales).
La résolution spatiale désirée conditionne le choix de la matrice de
reconstruction, du champ de vision de l’image et de l’épaisseur des
coupes.
La résolution de contraste dépend des paramètres de
séquence, TR et TE.
Le temps d’acquisition d’une séquence dépend de trois paramètres
que fixe l’utilisateur lors de chaque séquence : la taille de la matrice,
le temps de répétition TR et le nombre d’excitations.
Des temps
d’acquisition courts permettent de multiplier les séquences,
notamment les plans de coupes.
On utilise des séquences pondérées en T1 et en T2 (écho de spin T2
ou fast T2).
Le choix de ces séquences T2 dépend de la machine
utilisée et de la structure que l’on cherche à étudier.
Les séquences pondérées en T2 et les séquences T1 après injection
de gadolinium sont réalisées préférentiellement en saturation de
graisse.
L’utilisation de gadolinium est nécessaire s’il existe une suspicion
de pathologie tumorale ou infectieuse.
2- Résultats
:
La corticale osseuse apparaît en hyposignal en séquence pondérée
en T1 et T2.
La médullaire osseuse et la graisse sous-cutanée apparaissent en hyposignal en T1 et en signal intermédiaire en T2.
Les muscles sont en signal intermédiaire en T1 et en T2.
Les coupes
axiales et dans le grand axe des muscles permettent de bien
individualiser les différents compartiments, les aponévroses et les
interfaces graisseuses.
Les nerfs ne sont pas visibles car ils sont accolés aux plans
musculaires.
Conclusion
:
L’exploration de la jambe en imagerie fait appel à la radiographie
standard, l’échographie, le scanner ou l’IRM.
Ces différents examens
sont de pratique quotidienne, ils sont réalisés en fonction de la
pathologie suspectée : la corticale osseuse est explorée en radiographie
standard ou en tomodensitométrie, alors que la médullaire osseuse est
mieux appréciée en IRM.
Les plans musculaires et les parties molles de la jambe sont étudiés en
échographie ou en IRM.