Les hyperplasies épithéliales régulières s’associent parfois à des
calcifications (10 à 15 % des cas).
Les hyperplasies atypiques sont des lésions dites « frontières » dont
il n’existe pas d’aspect mammographique spécifique.
Elles s’associent à des microcalcifications dans un tiers des cas.
Elles
peuvent rester stables, sans dégénérescence maligne.
Cependant, leur découverte est un indicateur de risque accru de cancer,
plus marqué avant la ménopause et en cas de risque familial
associé.
La découverte d’une hyperplasie canalaire atypique lors d’une
microbiopsie impose une biopsie-exérèse, car il peut s’agir d’un cancer
in situ (dans près de 50 % des cas) ou plus rarement d’un cancer microinvasif
ou invasif.
Si la biopsie-exérèse confirme l’hyperplasie canalaire in situ sans signe
de malignité, la patiente fait l’objet d’une surveillance plus rapprochée,
clinique d’une part et mammographique annuelle.
+ Hyperplasies lobulaires
:
L’hyperplasie lobulaire atypique et le cancer lobulaire in situ n’ont pas
de signe mammographique propre et, en particulier, ne sont pas associés
à des calcifications.
Il s’agit d’une découverte fortuite lors de la biopsie
d’une lésion autre (opacité ou microcalcifications).
Compte tenu du
risque potentiel de cancer lobulaire infiltrant, une surveillance plus
régulière sera instaurée.
Place des autres techniques d’imagerie
:
A - Apport de l’échographie
:
Les microcalcifications ne sont pas visibles en échographie, dans la
plupart des cas.
Parfois, elles peuvent être visualisées grâce à l’utilisation de sondes de
hautes fréquences (10 MHz et plus) et/ou parce qu’elles sont
nombreuses, suffisamment regroupées et d’un diamètre suffisant.
Même dans ce cas, l’échographie n’apporte rien à leur analyse
morphologique ou même topographique.
En revanche, elle peut être intéressante à titre diagnostique quand,
devant des microcalcifications non caractéristiques, elle met en évidence
un nodule tumoral associé.
Cela peut notamment se produire dans un
sein dense, où la détection mammographique des petites opacités
tumorales est difficile.
Parfois, l’échographie peut montrer que les calcifications siègent au sein
du nodule solide.
Il s’agira alors d’un argument en faveur de la malignité
de ces calcifications et même du caractère invasif probable.
Le seul
diagnostic différentiel est celui d’un fibroadénome en début de
calcification, d’aspect trompeur.
Il sera alors plus judicieux de réaliser
des prélèvements échoguidés sur cette formation solide plutôt que des
prélèvements radioguidés sur les calcifications.
De la même façon, un
harpon de repérage sera plus facile à placer, au niveau du nodule, sous
échographie.
Enfin, l’échographie permet la recherche d’autres nodules
suspects (multifocalité), notamment dans un sein dense et la réalisation
de prélèvements.
Quand des calcifications de type I prennent un aspect un peu atypique,
notamment par leur distribution unilatérale et surtout segmentaire,
l’échographie peut parfois apporter un argument de bénignité en
visualisant un secteur dystrophique, au sein duquel se juxtaposent de
nombreuses formations microkystiques.
Parfois même, les sédiments calciques sont en partie identifiables, sous
forme d’éléments échogènes déclives dans le fond de ces petits kystes.
Des microbiopsies peuvent être réalisées soit sous stéréotaxie (la cible
étant les microcalcifications), soit sous échographie (les prélèvements
étant dirigés sur la zone de microkystes).
B - Radiologie interventionnelle
:
1-
Cytoponctions :
Les cytoponctions n’ont pas de place dans le diagnostic des
microcalcifications.
Elles interviennent, à titre exceptionnel, pour
identifier une cytostéatonécrose en début de calcification (calcifications
parfois atypiques ambiguës).
Elles sont utilisées pour le diagnostic de
cancers associés à des microcalcifications (microcalcifications
d’accompagnement).
2- Microbiopsies mammaires
:
Elles se font sous guidage radiologique stéréotaxique.
* Technique
:
Deux types de matériels existent. On peut utiliser un matériel
complémentaire du mammographe sous la forme d’un dispositif de
stéréotaxie couplé.
Ce matériel est d’un coût moins important qu’une table dédiée et laisse
la possibilité d’utiliser le mammographe pour des examens standards.
Les tables dédiées ont pour principal inconvénient leur coût élevé ne
permettant pas, en France, un amortissement du matériel dans des
conditions normales d’utilisation, compte tenu de la sous-cotation des
actes interventionnels (au regard des économies engendrées en aval) et
de la possibilité fréquente de biopsier sous échographie les nodules
solides.
Elles ne permettent qu’une utilisation exclusive pour ce type
d’acte.
L’accueil de la patiente et sa préparation psychologique sont essentiels
pour obtenir une bonne coopération.
Le dossier radiologique est
entièrement revu afin de vérifier la bonne indication de la technique.
Le
but de l’examen et les principes techniques sont expliqués à la patiente,
dans le cadre d’un consentement éclairé. Les problèmes d’hémostase
sont recherchés par l’interrogatoire.
Dans tous les cas, les microbiopsies
sont précédées d’une anesthésie locale par chlorhydrate de lidocaïne
(Xylocaïne 1 %, Adrénaline) et d’une désinfection locale par
povidone iodée (Bétadine dermique 10 %).
La plupart des équipes utilisent des aiguilles à usage unique d’une
longueur de 10 cm, de calibre 14 G présentant une encoche de 17 mm
environ pour le fragment tissulaire.
La longueur du tir selon les types de
pistolet est de 12 à 15 mm pour les tirs « courts » et de 17 à 22 mm pour
les tirs « longs ».
Le choix de l’incidence dans laquelle sont faits les prélèvements doit
concilier le confort de la patiente et le meilleur accès au foyer de microcalcifications.
La compression par la « pelote fenêtrée » doit être suffisamment ferme
pour assurer une immobilité de la zone d’intérêt.
Un cliché est réalisé, le tube perpendiculaire au sein, pour s’assurer que
la lésion est bien placée au centre de la fenêtre de visée.
Des clichés stéréotaxiques sont réalisés ensuite pour permettre le choix
des points de prélèvements et leur localisation par le système
informatique.
Une technique simple est de choisir un point central dans le foyer puis
de réaliser d’autres prélèvements dans les quatre directions cardinales à
partir de ce point (et distants de celui-ci de 1 à 5mm selon la taille du
foyer).
Ces cinq prélèvements peuvent être complétés par quatre autres
prélèvements aux quatre « coins » du carré « virtuel » dont les
prélèvements précédents ont dessiné les axes.
Avec les dispositifs les plus récents, et surtout en cas de foyers de formes
complexes, il est possible de programmer à l’avance plusieurs points de
ponctions, le guide-aiguille se déplaçant automatiquement entre chaque
prélèvement.
D’autres auteurs, à l’aide d’une incision cutanée unique, en s’aidant de
l’élasticité du derme, pratiquent plusieurs prélèvements espacés de
quelques millimètres, à partir d’un seul point d’entrée.
Des clichés stéréotaxiques sont réalisés avant le tir afin de vérifier le bon
positionnement initial de l’aiguille.
De la même façon, des clichés réalisés après les prélèvements peuvent
montrer la bonne traversée de la lésion.
Les prélèvements tissulaires ainsi obtenus, sont représentés par des
fragments macroscopiques mesurant entre 10 et 15 mm de long et 1 à
2 mm de diamètre.
Une radiographie localisée agrandie (foyer fin) des fragments, est faite
afin de vérifier la présence de calcifications dans les prélèvements.
S’il
n’y a pas ou très peu de fragments renfermant des calcifications, d’autres
prélèvements peuvent être réalisés.
Les prélèvements sont placés soigneusement et séparément dans des
boîtiers, puis plongés dans du formol à 10 % qui permet une excellente
conservation des microcalcifications et une bonne étude
immunohistochimique quand celle-ci se révèle utile.
Il est déconseillé d’utiliser du liquide de Bouin, car celui-ci contient de
l’acide picrique qui souvent dissout les microcalcifications, ce qui ne
permettrait pas de prouver, a posteriori, leur présence dans les
prélèvements.
Après chaque prélèvement, une compression légère est réalisée à l’aide
d’une compresse stérile.
Au terme de l’ensemble des prélèvements, le sein est comprimé pendant
5 minutes.
Un pansement est fait, parfois complété en cas d’incision
cutanée par un adhésif de cicatrisation (Steri-Strip).
Il est recommandé
à la patiente de bouger le membre supérieur du côté des prélèvements
avec prudence pendant 30 minutes et de ne pas faire d’efforts
musculaires importants pendant les quelques heures suivantes.
Grâce à
ces précautions simples et de bon sens, il est exceptionnel d’observer un
hématome significatif.
Si l’épaisseur du sein comprimé est inférieure au trajet de l’aiguille (en
règle 15 à 20 mm) des systèmes de biopsie latérale sont proposés par
certains constructeurs afin de s’affranchir de ce problème.
Dans ces cas,
les biopsies peuvent parfois être tentées sous échographie si les
calcifications sont suffisamment nombreuses pour être détectables par
cette méthode.
* Résultats
:
Jusqu’à présent il n’y avait aucune technique diagnostique
complémentaire pouvant s’intégrer entre l’analyse mammographique et
l’examen histologique postopératoire après exérèse du foyer de
microcalcifications.
Les cytoponctions à l’aiguille fine sous stéréotaxie de foyers de
microcalcifications sont abandonnées car d’une fiabilité médiocre.
Enfin, l’examen extemporané peropératoire d’un foyer de
microcalcifications est en règle impossible, celui-ci risquant
d’endommager la pièce pour l’analyse histologique définitive.
Les microbiopsies peuvent apporter une aide diagnostique à l’analyse
d’un foyer de microcalcifications.
Le taux de prélèvements
insuffisants varie de 0 à 20% selon les séries.
Les résultats obtenus peuvent être moins bons que pour les lésions
circonscrites (nodules solides).
Cela est lié d’une part au fait que,
dans la littérature, les différentes équipes ont souvent utilisé des
protocoles hétérogènes, certains auteurs notamment ne réalisant que peu
de prélèvements avec, en outre, des aiguilles de fins calibres.
Cette
technique se rapproche plus de la cytoponction que du principe de la
microbiopsie.
D’autre part, les microcalcifications ont des
présentations très variables, selon leur nombre, leur morphologie et leur
étendue.
Il est donc nécessaire, pour l’étude des microcalcifications, d’utiliser des
aiguilles de calibre suffisant (14 G) et de réaliser un nombre suffisant de
prélèvements (de cinq à dix en moyenne).
Ainsi, les séries les plus
récentes présentent d’excellents résultats, avec une sensibilité de 87 à
100 % et une spécificité supérieure à 90 %.
C’est la présence, en nombre suffisant, de calcifications sur les
radiographies des fragments prélevés et lors de l’examen histologique
qui permet d’apprécier si les prélèvements sont représentatifs et si le
diagnostic histologique évoqué peut être raisonnablement retenu.
En cas de discordance entre l’aspect radiologique et les données de la microbiopsie, la biopsie-exérèse, reste toujours nécessaire.
L’analyse en lumière polarisée révèle parfois le caractère biréfringent
des calcifications.
Il s’agit alors de cristaux de weddelite qui sont en
règle bénins.
Mais toutes les calcifications bénignes ne sont pas
des weddelites.
Si les calcifications ne sont pas biréfringentes, ce qui est le plus souvent
le cas, le diagnostic de bénignité peut être considéré comme fiable quand
les prélèvements sont contributifs (présence de microcalcifications sur
les radiographies des fragments) et quand il n’y a pas de discordance
avec le tableau clinique et/ou radiologique.
Il faut noter, dans certains cas, une possible sous-estimation des lésions.
Un diagnostic par microbiopsie d’hyperplasie atypique peut
correspondre à un cancer in situ (23 à 56 % des cas) tandis que celui de
cancer in situ peut masquer un cancer invasif (dans 16 à 60 % des
cas).
Le diagnostic de comédocarcinome in situ (CCIS) ou d’hyperplasie
atypique à la microbiopsie permet donc :
– d’emporter la décision opératoire devant un foyer radiologiquement
encore peu suspect et/ou de lever les réticences de la patiente et/ou de se
résoudre à intervenir sur un terrain fragilisé (problèmes
cardiovasculaires, etc) ou sur un sein déjà opéré ;
– et au chirurgien de réaliser une tumorectomie large diminuant le
risque de méconnaître un cancer invasif ou micro-invasif.
En revanche la mise en évidence, grâce aux microbiopsies, du caractère
invasif du cancer permet de planifier le curage axillaire dans le même
temps opératoire.
Certains l’envisagent également devant des
lésions étendues et/ou de haut grade.
De la même façon, les microbiopsies permettent parfois de planifier une
mastectomie si la preuve est faite d’une récidive après traitement
conservateur d’un cancer, s’il s’agit d’une lésion multifocale, ou s’il
s’agit d’un processus intracanalaire étendu.
Lee, dans une étude de 405 lésions non palpables, a analysé l’intérêt
économique des microbiopsies stéréotaxiques.
Elles ont permis la
suppression d’un temps chirurgical dans 78 % des calcifications
indéterminées, 70 % des calcifications suspectes et 55 % des
calcifications très suspectes.
Liberman, dans une série de 31 patientes présentant des calcifications
très suspectes, montre que les microbiopsies ont permis de réduire le
nombre de temps chirurgicaux dans 42 % des cas.
Les microbiopsies stéréotaxiques diminuent moins souvent le nombre
d’interventions chirurgicales pour les calcifications que pour les nodules
solides.
Cela est lié à la mise en évidence de lésions d’hyperplasie canalaire
atypique, éventualité plus fréquente après prélèvement de calcifications
(6 à 20 % des cas) que de nodules solides (3 à 5 %).
Or, dans près de la
moitié des cas, ces lésions d’hyperplasie atypique correspondent à un
cancer (le plus souvent in situ).
Elles doivent donc toujours être opérées
et cela survient plus souvent dans le cadre de microcalcifications que de
lésions solides.
En ce qui concerne les microbiopsies révélant un carcinome in situ, la
chirurgie révèle qu’il s’agit, dans certains cas, d’un cancer micro-invasif
ou invasif.
De ce fait, dans la plupart de ces cas, un curage axillaire est
réalisé dans un second temps.
Afin d’améliorer la fiabilité et la spécificité des microbiopsies, un
nouveau dispositif associant prélèvement et aspiration (Mammotome,
Biopsys, Johnson et Johnson, États-Unis) est en cours d’évaluation par
plusieurs équipes.
L’aiguille de 14 ou 11 G est placée au centre ou au
contact de la zone d’intérêt.
Des prélèvements successifs sont réalisés
sans avoir à retirer l’aiguille entre chacun d’entre eux.
Ces prélèvements
sont réalisés de façon circonférentielle, la fenêtre de biopsie étant
tournée à chaque fois de 20 à 30° dans le sens horaire.
Cette technique
permet d’obtenir des fragments plus importants et peut même aboutir à l’exérèse complète d’un foyer.
Dans ce cas, un marqueur en titane est
largué dans la zone de biopsie afin de permettre un repérage ultérieur
pour une éventuelle reprise chirurgicale.
Le diagnostic d’hyperplasie atypique serait plus fiable avec cette
méthode.
Dans deux études de Jackman et Burbank le diagnostic
d’hyperplasie atypique par pistolet automatique correspondait en fait à
un cancer dans respectivement 44 et 54 % des cas, et par biopsieaspiration
dans seulement 0 et 20 % des cas.
Cependant, dans
l’étude de Burbank, les prélèvements sont au nombre de 17 pour la
technique par pistolet automatique et de 27 pour la biopsie-aspiration.
Pour Burbank le diagnostic de cancer in situ est également plus fiable
avec le dispositif de biopsie-aspiration (aucun cas de cancer infiltrant en
chirurgie contre 16 % si les microbiopsies ont été faites au pistolet
automatique).
Heywang dans une étude récente de 261 lésions obtient une sensibilité
de 99 % et une spécificité de 100 % en pratiquant de 16 à
24 prélèvements par lésion.
Elle parvient à une exérèse complète de la
lésion dans 96 % des cas de foyers de calcifications de moins de 1 cm.
Elle obtient une corrélation parfaite entre l’histologie de la biopsieaspiration
et l’histologie opératoire, sans aucun cas de
sous-estimation.
Les microbiopsies sont très utiles dans le contexte d’un sein déjà opéré
et traité pour cancer, car le diagnostic clinique et radiologique de
récidive est souvent délicat.
Dans une série de 316 patientes ayant bénéficié d’une microbiopsie
stéréotaxique, Liberman, a analysé l’apport de la technique dans le cas
de 17 patientes présentant, après traitement conservateur, une lésion non
palpable.
Sur les 14 cas vérifiés chirurgicalement, il s’est avéré que les microbiopsies avaient diagnostiqué 10 cancers effectivement retrouvés
(cinq comédocarcinomes intracanalaires [CCI], cinq comédocarcinomes
in situ et un carcinome lobulaire invasif [CLI]) et un faux
positif pour une lésion supposée bifocale.
Dans deux cas d’hyperplasie canalaire atypique, l’intervention a retrouvé en fait des lésions canalaires
in situ, ce qui rappelle le risque de sous-estimation en microbiopsie.
Dans un cas, il s’agissait d’une cytostéatonécrose confirmée.
En apportant la preuve d’une récidive, les microbiopsies permettent de
préparer la patiente à une mastectomie.
En cas de lésion bénigne, elles
permettent d’éviter une intervention inutile qui aurait eu pour
désavantage, outre l’angoisse de la patiente, de compromettre le résultat
esthétique initial et de rendre encore plus complexe la cicatrice
radiologique.
* Limites et complications des microbiopsies
:
La réalisation de microbiopsies mammaires nécessite un dispositif de
stéréotaxie de dernière génération et une équipe entraînée (radiologique
et anatomopathologique).
Le temps « médecin » nécessaire à la réalisation des microbiopsies est
un peu plus important que celui d’une cytoponction.
+ Complications
:
Elles sont, en pratique, rares.
Il s’agit essentiellement de malaises lipothymiques, qui ne sont pas propres à la technique et qui surviennent
dans moins de 5 %des cas.
C’est dire l’importance du temps consacré à
expliquer le déroulement de la technique à la patiente afin d’obtenir une
bonne coopération.
Les hématomes vrais du sein sont très rares.
Les infections sont exceptionnelles et nous n’en avons observé aucune.
+ Erreurs balistiques
:
Elles sont liées à un mauvais calibrage de l’appareil (utilisation d’un
« fantôme »), aux mouvements de la patiente, voire au glissement du
sein sous la plaque de compression par sudation.
Ce type de problème
est réduit par le contrôle en temps réel que permet l’image numérique.
La technique par Mammotome associe une aspiration qui amène en
permanence le tissu au contact de la fenêtre de biopsie.
Elle permet ainsi
de tolérer et corriger une erreur de quelques millimètres dans le repérage
stéréotaxique.
Selon les données les plus récemment publiées, les échecs
des microbiopsies varient de 2 à 8%. Les échecs de la biopsie
chirurgicale des lésions infracliniques sont estimés entre 2 et
5 %.
Ils résultent essentiellement d’un mauvais repérage
préopératoire ou d’un déplacement du hameçon après sa mise en place.
+ Limites techniques
:
Ce sont :
– les lésions de moins de 5 mm ;
– les lésions trop profondes (car le système d’immobilisation du sein
fait perdre environ 1 cm en profondeur) ou au contraire trop
superficielles (pour des raisons de calcul informatique, les limites du
cadre de visée doivent se projeter à l’intérieur des limites du sein) ;
– les petits seins : déplacement, épaisseur insuffisante et inférieure à la
course de l’aiguille (intérêt des dispositif de biopsie par voie latérale ou
dans de rares cas de biopsies sous échographie).
Au total, il s’agit d’une technique ambulatoire, de faible coût, bien
tolérée par la quasi-totalité des patientes et qui a l’avantage de ne pas
laisser de cicatrice significative tant cutanée que radiologique.
C - Imagerie par résonance magnétique
:
1- Aspects techniques
:
C’est un examen non invasif, non irradiant, de bonne reproductibilité.
Les appareils de haut champ (1 T et plus) permettent d’obtenir un
meilleur rapport signal sur bruit.
L’examen nécessite une antenne de surface spécifique pour l’étude
mammaire, que la plupart des constructeurs proposent désormais
(antenne réceptrice double).
Il permet l’exploration des deux seins simultanément ou séparément, la
patiente étant confortablement installée en procubitus.
C’est l’imagerie rapide dynamique avec injection de gadolinium qui est
le plus souvent utilisée.
Elle est optimisée par l’analyse des images en
soustraction.
Les séquences en écho de gradient T1 permettent d’obtenir un plus grand
nombre de coupes que les séquences en écho de spin.
Chaque
constructeur a défini ses séquences 2D ou 3D sous des appellations
diverses.
L’étude peut être réalisée dans le plan axial explorant simultanément les
deux seins.
Elle peut être centrée sur un seul sein dans le plan sagittal ou
axial.
Le sens du codage de phase est important pour réduire les artefacts
d’origine cardiaque.
Les séquences STIR et pondérées en T2 sont peu contributives pour la
plupart des auteurs, mais peuvent compléter l’étude au niveau axillaire.
La séquence dynamique avec injection de gadolinium permet d’étudier
le rehaussement de la zone suspecte par une série de coupes de 3 à 5 mm
d’épaisseur, en moyenne répétées toutes les 30 à 50 secondes pendant 3
à 5 minutes.
Une dose de 0,1 à 0,2 mmol/kg de Gd-DTPA ou Gd-Dota est utilisée.
La présence d’une prise de contraste précoce avant 90 à 120 secondes
est le critère diagnostique retenu par beaucoup d’auteurs, pour
considérer l’IRM comme positive.
Cette prise de contraste est souvent difficile à apprécier dans son
intensité et son étendue sur les séquences originales.
L’analyse qualitative par soustraction d’images est une technique simple
et fiable, pour visualiser cette prise de contraste.
Elle peut être dégradée
par les artefacts de mouvements de la patiente.
La technique de saturation de graisse est moins sensible à ces artefacts
de mouvements, mais plutôt à l’effet de susceptibilité engendré par la
patiente, dégradant l’homogénéité du champ magnétique.
D’autres auteurs réalisent une analyse quantitative par la mesure d’une
zone d’intérêt ou une analyse factorielle des structures dynamiques.
2- Résultats
:
* Revue de la littérature
:
Plusieurs auteurs ont étudié l’intérêt de l’IRM dans le diagnostic de
nature des lésions mammaires indéterminées, palpables et plus
récemment non palpables (opacités et microcalcifications).
Dans ce cadre très vaste, couvrant une large gamme de diagnostic
(mastopathie fibrokystique plus ou moins complexe, microcalcifications,
cancers, etc), l’IRM a une excellente sensibilité (83 à
100 %) mais une spécificité très variable (de 29 à 97 % selon les séries).
Dans les séries les plus récentes, la spécificité est de l’ordre de 50 %
seulement.
En ce qui concerne les comédocarcinomes in situ, la sensibilité de l’IRM
varie selon les auteurs de 40 à 100 %.
Cela est sans doute lié au fait que
la taille des lésions incluses diffère d’une série à l’autre.
Gilles, dans une autre étude de 36 cas de cancer in situ strict ou avec micro-invasion, a observé une IRM positive dans 34 cas (deux faux
négatifs) et un bilan d’extension précis dans 22 cas (65 %).
La prise de
contraste est corrélée à l’angiogenèse tumorale retrouvée dans les
carcinomes intracanalaires.
La taille moyenne des lésions est de 45 mm.
Soderstrom a étudié la valeur de la séquence RODEO dans une série
de 22 patientes ayant une lésion intracanalaire (19 ayant une
mammographie).
L’IRM était positive dans tous les cas (aucun faux
négatif).
Elle a permis un bilan d’extension précis dans 21 cas sur 22
(95 %) contre 14 cas sur 19 en mammographie (74 %).
L’IRM montrait
une prise de contraste diffuse réticulonodulaire dans tous les cas in situ
strict et un rehaussement spiculaire, irrégulier dans 67 %des cas microinvasifs
et 82 % des cas invasifs.
Greenstein et Orel, dans une étude de 330 patientes devant subir
une biopsie-exérèse (101 cancers dont 19 in situ), ont observé que l’IRM
était positive dans 10 des 13 formes in situ strictes (trois faux négatifs)
et dans quatre des six lésions invasives à composante intracanalaire
(deux faux négatifs).
La taille moyenne des lésions détectées par l’IRM
(10 mm) est proche de celle des lésions occultes en IRM (7 mm). Sept
des lésions décelée par l’IRM étaient indétectables en mammographie
et avaient une taille moyenne de 6 mm.
Le rehaussement était linéaire
ou multilinéaire dans 11 des 14 lésions détectées.
Boetes observe, dans une série de 87 patientes explorées par des
séquences turbo-flash, une sensibilité de 95 %et une spécificité de 87 %.
Il note un rehaussement plus tardif dans les lésions in situ strictes que
dans les lésions invasives.
Il observe que l’IRM sous-estime de 1 cm
l’extension intracanalaire.
Buadu, dans une étude de 73 patientes, analysant le rehaussement en
fonction des constatations histologiques et de l’angiogenèse tumorale,
constate que la courbe de rehaussement en fonction du temps est corrélée
au grade de densité des microvaisseaux.
La pente la plus élevée de la
courbe est corrélée au taux de microvaisseaux.
La densité et la
distribution des microvaisseaux peuvent jouer un rôle majeur dans
l’importance du rehaussement précoce et dans son caractère plus ou
moins hétérogène.
Dans une étude récente française multicentrique, portant sur 72 patientes
présentant des lésions infracliniques, la sensibilité globale de l’IRM était
de 89,8 % et la spécificité de 60,6 %.
La sensibilité était de 100 % pour
les cancers invasifs et de 83 % pour les intracanalaires.
En considérant comme pathologiques, les cas de prise de contraste
diffuse du parenchyme, Harms diagnostique les sept cas de cancers
in situ dans une série de 47 cancers.
Au total, les faux négatifs varient de
0 à 15 % pour les cancers infiltrants et de 6 à 62%pour les lésions in
situ.
Pour les lésions in situ, plusieurs facteurs interviennent pour déterminer
leur visualisation par l’IRM : la taille, les caractéristiques histologiques,
le degré de néoangiogenèse tumorale, mais aussi les protocoles
techniques et les critères diagnostiques.
On considère comme suspect d’un cancer intracanalaire les prises de
contraste linéaires ou ramifiées, les rehaussements focaux à bords
irréguliers, les rehaussements multiples s’agençant selon une
topographie canalaire.
Il faut sans doute attendre la mise au point de séquences de
caractérisation tissulaire plus performantes pour espérer une
amélioration de la spécificité de la technique.
* IRM dans le bilan préthérapeutique
:
C’est un bilan d’extension et de recherche de multifocalité et de
multicentricité.
La taille de la tumeur principale est plus souvent sous-estimée en
mammographie ou échographie qu’en IRM.
L’IRM permet de mieux apprécier qu’avec la mammographie, une
composante intracanalaire associée à un cancer invasif.
Elle peut
permettre d’améliorer le geste chirurgical en évitant de passer en zone
tumorale.
Pour Mumtaz, le rehaussement diffus associé au rehaussement focal
d’une tumeur invasive est bien corrélé à la présence (sensibilité 76 %,
spécificité 92 %) et à l’extension de la composante intracanalaire,
comparativement à la valeur diagnostique de l’étendue mammographique
des microcalcifications (sensibilité 52 %, spécificité 88 %).
L’IRM permet de déceler une extension aux plans profonds et au creux
axillaire.
Néanmoins, il existe un risque de surestimation de
l’extension réelle, liée également à la prise de contraste par des zones de mastopathie proliférante au contact de la tumeur.
L’IRM semble plus sensible dans l’analyse de la région aréolomamelonnaire que la mammographie, ce qui peut être contributif
dans la décision d’un traitement conservateur ou non d’une tumeur
centrale.
La recherche de multifocalité par IRM permet d’obtenir une excellente
sensibilité mais une faible spécificité (respectivement 94 %et 37 %pour
Harms).
Mumtaz, dans une série de 90 patientes, a pu étudier l’extension axillaire
dans 75 cas et note une sensibilité de 90 % (53 % pour l’examen
clinique) et une spécificité de 82 %.
Cependant, il n’est pas possible d’envisager une mastectomie sur les
seules données de l’IRM, et une preuve histologique reste indispensable.
Les techniques de biopsie sous IRM sont à l’étude.
* Indication
:
En revanche l’IRM mammaire trouve sans doute, actuellement, sa
meilleure indication dans le diagnostic différentiel entre fibrose
cicatricielle et récidive tumorale, cette dernière pouvant se manifester
par des microcalcifications.
La fibrose ancienne (en règle supérieure à 18-24 mois) n’est pas
vascularisée tandis qu’un processus évolutif l’est.
Fibrose et récidive ont donc, en IRM, un comportement opposé dans la
plupart des cas, vis-à-vis des produits de contraste et la « zone de
recouvrement » est étroite.
Les récidives présentent un rehaussement précoce, intense, avant
2 minutes à l’inverse des fibroses qui, en règle, ne se rehaussent pas ou
peu.
Dans ce cadre, l’IRM présente une excellente sensibilité (80 à 100 %) et
une très bonne spécificité (90 à 96 %) aboutissant à une valeur prédictive
négative proche de 100 %.
Comme le souligne Frouge, la bonne spécificité de l’IRM dans le sein
irradié est aussi liée à la fréquente disparition ou à l’absence de lésions
bénignes à l’origine des faux positifs (kystes, hyperplasies épithéliales,
fibroadénomes).
Gilles dans une série de 45 cas de traitement conservateur observe
22 récidives avec 22 IRM positives (aucun faux négatif) et 23 cas bénins
(dont deux IRM positives c’est-à-dire deux faux positifs).
La sensibilité
de l’IRM est de 100 %, la spécificité de 91,3 %, la valeur prédictive
positive (VPP) de 91,7 % et la valeur prédictive négative (VPN) de
100 %.
Dao, dans une série de 35 cas traités par irradiation exclusive observe
une IRM positive pour les neuf récidives avérées (aucun faux négatif) et
26 IRM négatives dans les 26 cas de fibrose (aucun faux positif).
La VPN est excellente dans la plupart des séries et l’absence de
rehaussement précoce dans les 90 à 120 secondes après injection permet
d’exclure, en pratique, une récidive (faux négatifs inférieurs à 5 %), et
de poursuivre la surveillance habituelle, s’il n’y a pas de discordance
avec les données cliniques, mammographiques et échographiques.
Des faux positifs dans les 12 à 18 mois après traitement sont possibles
car les fibroses « jeunes » peuvent être le siège d’une prise de contraste.
3- Perspectives d’avenir en IRM
:
Il s’agit de l’amélioration des séquences, de la mise au point de produits
de contraste permettant une meilleure analyse de la vascularisation
tumorale et du développement de dispositifs de prélèvements et de mise
en place de harpon sous IRM (multifocalité).
D - Harpons préopératoires de repérage
:
Lorsque l’indication opératoire a été posée, un repérage par harpon est
en règle pratiqué.
Le harpon est mis en place soit à l’aide d’un dispositif stéréotaxique, soit
à l’aide d’un système de compression perforé à repères.
1- Stéréotaxie
:
Il faut d’abord choisir la position dans laquelle sera réalisée la technique
en tenant compte du siège des microcalcifications.
La voie d’abord la
plus classique est l’incidence de face. Parfois la patiente est positionnée
en incidence oblique.
Plus rarement, le harpon est mis en place, le sein
étant en compression de profil.
Le repérage stéréotaxique est réalisé de la même manière que lors des microbiopsies.
Il est souvent utile d’enfoncer le harpon de 5 à 10mm de plus que la
position calculée par l’ordinateur.
En effet, le calcul théorique amène
souvent l’extrémité du harpon juste au centre, voire légèrement audessus
du foyer.
Le bon positionnement peut être vérifié par la
réalisation de deux nouveaux clichés stéréotaxiques. Puis le guide est
retiré et le harpon est définitivement placé.
Avec les nouveaux dispositifs numériques de stéréotaxie offrant un
champ d’exploration d’environ 6 X 6 cm, la procédure est plus courte
permettant un suivi presque en temps réel de chaque étape, sans attente
de développement de cliché.
Cela réduit la durée de la procédure, accroît
la précision du geste et le confort de la patiente.
Des clichés mammographiques de contrôle sont systématiquement
réalisés avec repérage opaque du mamelon et du point d’entrée du
hameçon, afin de fournir au chirurgien la preuve de la bonne mise en
place du harpon.
Le harpon est immobilisé à l’aide d’un
pansement léger et d’un adhésif dermatologique.
2- Compression fenêtrée
:
La mise en place à l’aide d’une compression fenêtrée est simple.
La
lésion est repérée par rapport aux cordonnées de la grille en abscisse et
ordonnée.
Le harpon est mis en place dans un axe vertical strict.
Puis la
patiente est placée en incidence de profil afin d’ajuster la position du
harpon en hauteur par la réalisation de quelques clichés de contrôle.
3- Association avec un nodule solide
:
Quand les microcalcifications sont associées à un nodule solide, il est
plus facile de placer le harpon sous guidage échographique.
4- Radiographies de la pièce opératoire
:
Elles sont systématiques soit directement au bloc opératoire à l’aide d’un Faxitron (Fiel Emission, Meninville, Orégon), soit en service de
radiologie.
Dans ce cas, des clichés sont réalisés de face et de profil,
en incidence localisée agrandie à l’aide d’un foyer fin.
En cas de microcalcifications malignes, des radiographies
postopératoires précoces apprécient la présence ou non de calcifications
résiduelles avant la radiothérapie.
E - Mammographie digitale
:
Différents constructeurs travaillent à la mise au point de mammographes
numériques de haute résolution « plein champ » c’est-à-dire
permettant l’exploration de la totalité du sein en haute résolution.
Les écrans radioluminescents sont une technique transitoire dont les
limites sont désormais connues dans la détection et l’analyse des
microcalcifications.
En ce qui concerne la digitalisation directe en haute résolution, les seuls
appareils commercialisés proposent des matrices d’environ 6 X 6 cm,
réservant leur utilisation à la réalisation de procédures stéréotaxiques ou
à la pratique de clichés localisés et agrandis.
La mammographie digitale vraie directe et « plein champ » est en
évaluation clinique par certains constructeurs sur des sites pilotes.
Elle doit permettre d’obtenir une image au moins équivalente à celle
de la mammographie conventionnelle.
Elle permettra surtout de
bénéficier de la dynamique largement supérieure de l’image
numérique.
Cette technologie apporte les avantages généraux de l’imagerie
numérique : travail de l’image sur console de traitement évitant de
refaire des clichés, stockage, transmission.
Elle modifie les
habitudes de travail, car la lecture initiale se fait sur moniteurs de haute
résolution.
Les logiciels de détection automatique des anomalies, essentiellement
des microcalcifications, mais aussi des opacités et des distorsions,
pourraient permettre d’éviter les « non vus », hantise des
radiologistes.
Les logiciels de diagnostic assisté par ordinateur contribueront à une
meilleure approche de nature de ces anomalies, et en particulier des microcalcifications par des algorithmes adaptés.
En effet, les études morphométriques après numérisation indirecte des
clichés mammographiques ont certes permis une première approche de
ce difficile problème mais ont très vite montré leurs insuffisances pour
un diagnostic de nature fiable.
D’autres applications dédiées sont envisageables : imagerie
tridimensionnelle, tomographie, imagerie comparative, mammoangiographie,
etc.
Les essais cliniques devront prouver que l’apport de la numérisation
directe au dépistage et au diagnostic des lésions mammaires justifie le
surcoût économique.
Les microcalcifications constituent un signal mammographique
fréquent mais peu spécifique.
Il s’agit pourtant du signe révélateur
le plus fréquent des cancers infracliniques du sein.
Le diagnostic de nature repose en premier lieu sur l’analyse des
caractères mammographiques.
Jusqu’à présent, seule la biopsie-exérèse permettait de
résoudre les cas ambigus.
Cependant, il est probable que
nous sommes à un tournant de la démarche diagnostique
grâce à l’apport des microbiopsies stéréotaxiques et de l’IRM
dont les indications respectives se précisent.
Dans un futur
proche, l’imagerie numérique avec ses applications dédiées
prendra sa place.
L’utilisation optimale de ces différentes
techniques aura pour but, un diagnostic plus précoce et plus
fiable des lésions cancéreuses, c’est-à-dire une probabilité
plus grande de guérison.