Physiologie de la sécrétion sébacée

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Glande sébacée :

A – RAPPEL EMBRYOLOGIQUE :

Physiologie de la sécrétion sébacéeLa glande sébacée est issue de l’ébauche pilaire, qui elle-même provient de la couche germinative de l’épiderme vers la 9e semaine de la vie embryonnaire.

Deux ou trois renflements apparaissent sur la face postérieure de l’ébauche pilaire vers la 12e semaine.

L’excroissance inférieure sert d’attache aux muscles arrecteurs, le renflement moyen correspond à l’ébauche sébacée et l’appendice supérieur est à l’origine des glandes apocrines.

L’ébauche sébacée se développe rapidement dans l’angle obtus formé par l’épiderme et le futur follicule pileux.

Les cellules centrales métabolisent leur glycogène et synthétisent des lipides.

Au cours de son développement, la glande sébacée peut devenir multilobulaire.

La sécrétion sébacée débute entre la 13e et la 16e semaine de la vie foetale.

Les cellules différenciées chargées de lipides migrent alors dans la lumière du collet de la glande, se lysent et, par l’intermédiaire de l’infundibulum, sont évacuées vers la surface de l’épiderme.

La sécrétion sébacée est donc de type holocrine.

Le sébum arrivé en surface est un des constituants du vernix caseosa.

Les glandes sébacées restent actives et de grande taille jusqu’à la naissance.

B – FOLLICULES PILOSÉBACÉS :

Trois types de follicules pilosébacés sont individualisés sous les termes de follicule terminal, follicule duveteux et follicule sébacé.

La taille des glandes sébacées est souvent inversement proportionnelle à celle des poils correspondants.

Le follicule sébacé de Horner est une structure anatomique propre à l’homme.

Aucune espèce animale n’en est pourvue.

Il a pour caractéristique d’être formé par une glande sébacée multilobulaire et de grande taille débouchant par plusieurs canaux sébacés dans un large réservoir d’excrétion, l’infundibulum, de large diamètre par rapport au poil qui l’habite.

Ces follicules sébacés sont distribués au visage, et plus particulièrement sur le front, le nez, les joues et le menton, ainsi que sur la partie haute de la poitrine, la nuque, les épaules et le dos.

Le follicule sébacé est nettement différent du follicule pilosébacé du cuir chevelu, où le cheveu est de plus grand diamètre par rapport au calibre du canal infundibulaire, et où les glandes sébacées sont moins développées.

Cette relation volumétrique est inversée dans l’alopécie androgénétique.

Le follicule pileux donnant naissance aux poils follets des membres est lui aussi distinct, caractérisé par la petite taille à la fois du poil, de l’infundibulum et de la glande sébacée.

Le volume et la forme d’une glande sébacée ne sont pas fixes.

Un lobule sébacé peut diminuer de volume pendant qu’un autre lobule se développe à son voisinage, augmente de volume puis régresse à son tour.

Cette notion fondamentale souligne l’importance des variations du contingent cellulaire de chaque lobule sébacé et même de chaque glande, traduisant probablement des changements de rythme sécrétoire.

Si l’alimentation ne semble pas affecter l’excrétion de sébum, la diète prolongée la diminue nettement.

C – RÉPARTITION DE DENSITÉ DES GLANDES SÉBACÉES :

La densité des glandes sébacées sur le corps n’est pas uniforme.

Les follicules sébacés se trouvent dans les zones de densité la plus grande, c’est-à-dire au niveau de la face où le nombre de glandes atteint 300 à 900/cm2, et de la partie haute du thorax et du dos (environ 100/cm2).

Ensuite, par zones de densité décroissante, citons le bas du dos, l’abdomen et les membres.

Les paumes, les plantes et la lèvre inférieure sont dépourvues de glandes sébacées et constituent donc des zones privilégiées pour des études comparatives.

Globalement, l’être humain possède environ 2 000 000 de glandes sébacées annexées à 6 000 000 de poils et de cheveux.

La densité des glandes sébacées et leur stimulation influencent en grande partie la quantité de sébum et la nature des microorganismes présents à la surface de la peau.

D – STRUCTURE DE LA GLANDE SÉBACÉE :

La glande sébacée comporte de nombreuses assises cellulaires.

En périphérie se trouve la couche germinative qui repose sur la membrane basale.

En continuité directe avec cette couche germinative périphérique, on retrouve des feuillets de cellules indifférenciées cloisonnant partiellement la glande.

Ces cellules font partie intégrante du compartiment germinatif.

Les cellules sébacées naissent de la division des cellules indifférenciées, proches par leur structure des cellules basales de l’épiderme.

Les sébocytes issus de leur prolifération migrent vers le centre de la glande et acquièrent l’ensemble de l’équipement enzymatique qui permet la synthèse des lipides typiques du sébum.

Ils finissent par se rompre en libérant leur contenu dans le canal folliculaire par l’intermédiaire du canal sébacé.

Il est ainsi possible de distinguer trois types cellulaires : les cellules indifférenciées près de la membrane basale, les cellules indifférenciées situées dans les cloisons irrégulières à l’intérieur des lobules, et les cellules différenciées et matures chargées de lipides.

Par ailleurs, des cellules de Langerhans et des mélanocytes existent à proximité de la membrane basale. Leurs fonctions à ce niveau sont mal connues.

Le canal sébacé, ainsi que l’infra-infundibulum, sont constitués d’un épithélium kératinisant caractérisé par l’absence de couche granuleuse.

Les cellules sont peu adhérentes entre elles à l’état normal.

L’accentuation de cette adhérence et l’augmentation de la kératinisation créent le bouchon infra-infundibulaire responsable de la formation du comédon typique de l’acné.

L’acro-infundibulum a une structure analogue à celle de l’épiderme interfolliculaire.

E – DYNAMIQUE CELLULAIRE :

Chez l’adulte, la proportion de cellules basales en phase de synthèse d’acide désoxyribonucléique (ADN) se situe entre 5 et 10 %.

Dans le compartiment germinatif suprabasal, cette proportion est habituellement moins élevée. Elle peut varier entre 1 et 7 %.

Les différences observées entre les glandes voisines sont cependant très grandes.

Le temps de transit des sébocytes au sein de la glande est variable et complexe.

En moyenne, il avoisine 2 à 3 semaines.

Dans les glandes volumineuses, les sébocytes se rompent à l’intérieur de la glande bien avant son abouchement dans le canal sébacé.

En revanche, au niveau des petites glandes, la rupture des parois cellulaires des sébocytes se fait en dehors de la glande, au sein même du canal sébacé.

Sébum :

A – COMPOSITION CHIMIQUE DU SÉBUM :

Natif, le sébum est constitué de cires (25 %), de triglycérides (60 %) et de squalène (15 %).

À ce sébum, s’ajoutent à la surface de la peau les lipides d’origine épidermique de types stérols, céramides, triglycérides, esters de stérols.

1- Stérols libres et estérifiés :

Ces substances sont bien souvent considérées sous le vocable cholestérol.

Si ce composé est présent dans le sébum, tous les intermédiaires de sa synthèse le sont également.

Ils représentent des marqueurs de la différenciation de l’épiderme.

2- Triglycérides :

Les triglycérides ont une origine essentiellement sébacée.

Cette classe d’éléments représente le constituant majeur du sébum à la surface de la peau.

La grande majorité des acides gras constitutifs des triglycérides sont constitués d’une chaîne de 10 à 20 atomes de carbone.

Ils s’avèrent d’une remarquable complexité, associant des différences dans les longueurs de la chaîne, dans les ramifications, leur méthylation, la position et le nombre de doubles liaisons.

Ces triglycérides complexes, libérés par la glande, sont la cible de microorganismes résidant dans le canal pilosébacé.

Les lipases de ces bactéries vont libérer les di- et monoglycérides, ainsi que des acides gras libres et du glycérol.

3- Squalène :

Le squalène est un marqueur de la sécrétion sébacée.

Ce composé est un précurseur dans la synthèse du cholestérol qui, dans tous les autres tissus, apparaît seulement à l’état de trace.

Sa forte concentration, estimée de 10 à 15 % dans le sébum, est interprétée comme étant le reflet de l’inhibition de la transformation du squalène en cholestérol dans la glande sébacée.

4- Cires :

Les esters d’acide et d’alcool gras à longue chaîne sont synthétisés puis libérés par la glande. Deux types de cires apparaissent selon l’origine de la liaison ester : les monoesters et les diesters.

B – VARIABILITÉ DE LA COMPOSITION DU SÉBUM :

Le mélange complexe des lipides du sébum est remarquable.

Plusieurs centaines de composants chimiques distincts peuvent y être dénombrées.

Grâce aux techniques actuellement disponibles, il semble que peu de paramètres et de situations pathologiques puissent influencer considérablement la composition globale du sébum chez un individu.

Cependant, l’hydrolyse des triglycérides en acides gras sous l’influence de lipases bactériennes est responsable d’une certaine variabilité de la composition du sébum.

Dans les cas d’hyperandrogénie, le taux de squalène peut s’élever comme un reflet de l’activation sécrétrice de la glande.

Pour certains auteurs, le cycle menstruel se traduirait par une augmentation du cholestérol dans le sébum durant la phase ovulatoire.

Des études chromatographiques apportent des arguments plaidant pour une modification de la composition chimique du sébum chez les patients acnéiques.

Le sébum dans l’acné renfermerait une concentration anormalement élevée en lipides polaires résultant en grande partie de l’oxydation du squalène.

Il pourrait également y avoir une déficience en acides gras essentiels.

La diminution relative en acide linoléique dans le sébum et les kératinocytes de la paroi de l’infundibulum favoriserait la comédogenèse.

Des modifications ont été également rapportées chez des patients positifs au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui auraient des taux accrus de triglycérides et de squalène, avec une diminution des acides gras libres.

C – SÉCRÉTION ET EXCRÉTION DU SÉBUM :

Le sébum produit par la glande sébacée transite et est modifié au sein du réservoir que représente l’infundibulum.

Diverses influences peuvent s’exercer sur ce réservoir sans que la glande elle-même y soit sensible.

Dès lors, deux notions différentes peuvent être considérées, la sécrétion et l’excrétion sébacées.

La sécrétion sébacée désigne le résultat de l’activité glandulaire, c’est-à-dire le débit de sébum synthétisé et transitant par le canal sébacé.

L’excrétion sébacée désigne la quantité de sébum s’écoulant de l’ostium folliculaire après stockage ou modification dans le réservoir infundibulaire.

Seul ce dernier paramètre peut être mesuré par des méthodes non invasives in vivo.

À la suite de son excrétion folliculaire, le sébum s’étale à la surface de la peau et est en partie collecté dans la couche cornée pour être ensuite résorbé.

Il en résulte que le sébum peut être qualifié de libre dans le réservoir folliculaire et à la surface de la peau, alors qu’il est lié lorsqu’il pénètre la couche cornée.

Cinq méthodes principales sont actuellement disponibles pour évaluer la quantité de sébum excrétée à la surface de la peau.

1- Extraction par solvants :

La méthode par extraction consiste à appliquer sur la peau une cupule contenant un solvant neutre des lipides, et à la maintenir en place pendant un temps déterminé.

La quantité de sébum récoltée peut être alors mesurée.

La même manoeuvre peut être recommencée après une période déterminée.

Cette technique enlève une grande partie du sébum libre, c’est-à-dire le sébum de la surface de la peau, ainsi qu’un volume variable de sébum contenu dans le réservoir folliculaire.

Les lipides recueillis sont pesés ou étudiés par chromatographie.

2- Méthode gravimétrique :

La méthode gravimétrique et ses variantes consistent à enlever les lipides de la surface de la peau, puis à placer à ce niveau des papiers à cigarettes ou une plaque de bentonite destinés à absorber le sébum sortant des orifices folliculaires.

Le dispositif est maintenu en place pendant une période déterminée.

On peut évaluer la quantité de sébum par pesée après extraction chimique.

3- Méthode photométrique :

Elle consiste à transférer le sébum de la surface cutanée sur un verre dépoli ou un polymère liposensible, soit en une manipulation unique, soit par une série de prélèvements itératifs au même endroit, et à recommencer après un temps défini la même manoeuvre.

C’est à partir de cette méthode que la méthode pionnière et standardisée du Lipomètre a été mise au point.

Le Sebumeter (C + K Electronic, Cologne) est l’appareil disponible commercialement qui utilise le même principe de mesure.

4- Méthode du film liposensible :

Elle consiste en l’application sur la peau préalablement dégraissée d’une languette d’un film polymérique hydrophobe microporeux absorbant les lipides.

Trois présentations existent sur le marché, d’une part le Sebutapet (Cuderm Corp, Dallas), et d’autre part le Sebufixt (C + K Electronic, Cologne) et l’Instant Sebutapet. Le matériel reste en place pendant une période prédéterminée, de l’ordre de 30 à 60 minutes pour le Sebutapet, alors qu’il n’est que de quelques secondes pour le Sebufixt et l’Instant Sebutapet.

Ces deux derniers permettent d’étudier spécifiquement le sébum libre contenu dans l’acro-infundibulum.

Les techniques d’analyse informatisée d’images ou de chromamétrie peuvent y être appliquées pour des évaluations quantitatives objectives.

Cela permet une étude précise du nombre et de l’activité individuelle des follicules sébacés.

5- Méthode colorimétrique :

Les lipides absorbés sur un papier et colorés par l’acide osmique sont quantifiés par une technique photoélectrique.

Une variante consiste à colorer une biopsie de surface avec un colorant des lipides et à en réaliser une mesure par colorimétrie.

D – VARIABLES QUANTITATIVES DE L’EXCRÉTION DU SÉBUM :

Six variables peuvent être considérées.

Il s’agit du niveau courant (casual level), du taux d’excrétion sébacée encore appelé débit sébacé provoqué (sebum excretion rate), du temps de reconstitution (replacement time), du flux sébacé individuel synonyme du taux d’excrétion folliculaire (follicular excretion rate), du nombre de follicules sébacés actifs et du débit continu de sécrétion sébacée (sustainable rate of sebum secretion).

1- Niveau courant :

Il représente la quantité totale de lipides libres à la surface cutanée à un instant donné.

Il est souvent bien corrélé avec l’aspect clinique de la peau.

Les quantités qui peuvent être recueillies sur le front varient habituellement entre 100 et 600 mg/cm2.

Elles sont beaucoup plus faibles sur d’autres endroits du corps.

Pour des études précises, cette variable est relativement peu fiable.

En effet, elle est soumise au risque de multiples artefacts et, en particulier, celui lié aux événements ayant précédé la mesure.

Le fait d’avoir essuyé machinalement la zone testée peut entraîner des variations majeures.

Les variables suivantes sont plus reproductibles.

2- Taux d’excrétion sébacée :

Également appelé débit sébacé provoqué, il représente la quantité de sébum sortant des réservoirs folliculaires en une période de temps définie.

Ce débit, chez un individu normoséborrhéique, est de l’ordre de 0,8 à 1 íg/cm2/min sur le front, alors qu’il est souvent inférieur à 0,4 íg/cm2/min sur le cuir chevelu.

Ce paramètre est relativement stable dans le temps pour un même site chez un même individu placé dans des conditions standardisées.

Il dépend du débit de sécrétion des glandes sébacées et du volume du réservoir infundibulaire.

En cas de séborrhée, le débit sébacé peut atteindre des valeurs supérieures à 2,5 íg/cm2/min.

3- Temps de reconstitution :

Le temps de reconstitution du film lipidique de surface correspond à la période nécessaire à la reformation du niveau courant après dégraissage de la peau.

Il se situe aux environs de 4 heures pour un sujet normoséborrhéique.

4- Flux sébacé individuel :

Également appelé taux d’excrétion folliculaire, il est évalué par morphométrie sur les films liposensibles.

Aucune des autres techniques de prélèvement ne permet une telle évaluation à l’échelle de chaque follicule.

Il existe normalement une hétérogénéité entre des follicules adjacents, le plus grand nombre de ceux-ci ayant un flux sébacé faible.

Ce paramètre dépend à la fois de la production de sébum par la glande et du volume du réservoir infundibulaire.

5- Densité de follicules sébacés actifs :

Le nombre de follicules sébacés actifs par unité de surface peut être évalué sur les films liposensibles.

On en retrouve habituellement de 150 à 250/cm2 sur le front.

Ce chiffre paraît inférieur au nombre de glandes sébacées, ce qui implique que certaines d’entre elles sont à certains moments en phase quiescente.

6- Débit continu de sécrétion sébacée :

Il peut être calculé par la méthode du gel de bentonite et correspond à un plateau stable d’excrétion de sébum, obtenu après une collecte préalable du sébum entreposé dans le réservoir infundibulaire pendant une douzaine d’heures.

E – RÉGULATION DE L’EXCRÉTION SÉBACÉE :

1- Régulation physicochimique :

Le débit d’excrétion sébacée dépend des propriétés physicochimiques du sébum.

Des variations de ses composants moléculaires et de la température cutanée influeraient sur la viscosité et l’écoulement des lipides à la surface de la peau.

Cela pourrait expliquer les variations de l’excrétion sébacée constatées au cours de l’année et du cycle menstruel.

Un rythme circadien atteignant son acmé en fin de matinée a été rapporté, avec des variations intra- et interindividuelles très importantes.

Le calibre de l’ostium folliculaire peut modifier le flux selon la loi de Poiseuille.

Celle-ci établit une relation inversement proportionnelle entre le flux et la quatrième puissance du rayon d’un tube.

Il n’y a pas de relation entre la production de sébum et la croissance de poils follets, alors qu’il existe souvent une relation entre l’intensité de la séborrhée et la sévérité d’une alopécie androgénétique.

Des modifications de la kératinisation et de l’état d’hydratation des cornéocytes, qui surviennent au cours du cycle menstruel, après occlusion ou photochimiothérapie ainsi qu’au cours de l’acné et de la dermite séborrhéique, influencent vraisemblablement l’écoulement de sébum.

La possibilité d’une régulation par rétrocontrôle a été évoquée et reste controversée.

Elle repose sur le fait que le niveau courant d’un individu au cours de la journée révèle une valeur relativement stable, mais très inférieure à ce que le débit sébacé provoqué laisserait prévoir.

L’atteinte d’un plateau de regraissage, reflet d’un état d’équilibre, a parfois été interprétée comme une régulation du débit sébacé par la quantité de sébum présente sur la peau, donc par le niveau courant.

Il a été postulé que les tensions de surface des lipides exercent une contre-pression équilibrant la poussée et le flux d’excrétion des lipides.

Si ce phénomène de régulation existe réellement, il est douteux qu’il puisse concerner l’activité de la glande sébacée elle-même, eu égard aux grandes différences de temps entre la formation des sébocytes, la sécrétion et l’excrétion.

Seul le réservoir folliculaire, siège de l’excrétion, devrait être concerné par ce mécanisme de rétrocontrôle.

2- Régulation hormonale :

Le contrôle hormonal de la régulation de la prolifération des sébocytes et de la sécrétion sébacée est évident, et se traduit par des variations quantitatives d’excrétion sébacée survenant avec l’âge, le sexe, la grossesse et diverses pathologies, en particulier endocriniennes.

À la naissance, se produit une forte poussée séborrhéique qui peut se maintenir environ 1 mois, et qui disparaît progressivement pour atteindre son niveau minimal vers l’âge de 6 mois.

Ces variations observées chez le nourrisson ne sont pas entièrement expliquées par des variations des taux circulants d’androgènes.

Entre ce moment et l’âge de 7 ans, la formation de sébum reste faible.

Celle-ci va augmenter sous l’influence des androgènes surrénaliens puis gonadiques jusqu’à l’âge de 12 à 15 ans environ, puis va rester stable pour décliner au cours du vieillissement.

La glande sébacée se comporte comme un tissu de type sexuel secondaire.

À l’âge adulte, la production sébacée est en moyenne plus élevée chez l’homme que chez la femme. Les androgènes représentent le principal stimulus.

Chez l’homme, le principal androgène est la testostérone libre circulante d’origine testiculaire, alors que chez la femme le stimulus principal de la glande semble être la delta-4-androstènedione d’origine ovarienne, et la déhydroépiandrostérone (DHEA) d’origine surrénalienne.

La testostérone se transforme au niveau des glandes sébacées en dihydrotestostérone (DHT) par l’intervention d’une enzyme spécifique, la 5-alpha-réductase de type I.

D’autres enzymes interviennent également pour transformer des androgènes faibles en androgènes progressivement plus forts.

Aussitôt formée, la DHT, couplée à un récepteur cytosolique, gagne le noyau du sébocyte où elle se fixe à un récepteur spécifique.

Dans la peau, l’activité de la 5-alpha-réductase est plus importante dans les lobules sébacés que dans les autres tissus.

De plus, les glandes sébacées des zones séborrhéiques expriment cette activité enzymatique de manière plus importante que celles des autres territoires cutanés.

Si l’alpharéduction des androgènes est l’élément dominant de la dépendance hormonale des sébocytes, d’autres hormones jouent également un rôle direct ou indirect sur la fonction des glandes sébacées.

Les progestatifs endogènes ou de synthèse peuvent se lier aux récepteurs aux androgènes.

Ils se comportent comme des agonistes ou des antagonistes.

C’est le rapport d’affinité relative pour les récepteurs à la progestérone et aux androgènes qui permet de classer ces hormones relativement à leur effet antiséborrhéique potentiel.

Les oestrogènes agissent en augmentant le taux plasmatique de SHBG (sex hormone binding globulin), protéine transporteuse des oestrogènes et de la testostérone, ce qui diminue la fraction de testostérone libre utilisable.

Les oestrogènes agissent ensuite au sein de la cellule sébacée, probablement sur le complexe DHT-cytosol.

Cette action, dépendante de leur concentration, est moins forte que celle des androgènes et peut être aisément annihilée par ces derniers.

Les glucocorticoïdes en excès augmentent la séborrhée par un mécanisme indirect de réduction du taux plasmatique de SHBG.

Chez la femme, des perturbations de l’ovulation par les corticoïdes sont elles-mêmes responsables d’une hyperandrogénie ovarienne fonctionnelle.

L’hormone de croissance exerce un rôle régulateur dans la sécrétion sébacée.

Elle agit directement par l’intermédiaire de son récepteur spécifique et indirectement par la voie d’une sécrétion hépatique et locale de l’IGF-1(insulin-like growth factor-1).

3- Régulation pharmacologique :

* Médications orales :

Parmi les médications orales, l’isotrétinoïne (acide 13-cis-rétinoïque) exerce, sans conteste, un effet inhibiteur puissant sur l’activité des glandes sébacées.

L’effet séboatrophiant résulte du frein direct à la différenciation des sébocytes et, plus accessoirement, d’un possible effet antiandrogène périphérique par inhibition de la 5-alpha-réductase et diminution de la capacité de liaison des récepteurs aux androgènes.

La diminution de la sécrétion sébacée se manifeste après quelques jours et atteint son maximum après 3 à 4 semaines de traitement.

L’intensité de la sébosuppression et sa rémanence sont d’autant plus marquées que la posologie a été élevée.

En revanche, l’acide all-trans-rétinoïque et l’acide 9-cisrétinoïque ont un effet sébosuppresseur moindre que l’isotrétinoïne.

L’acétate de cyprotérone est un antiandrogène interférant dans la liaison de la DHT avec son récepteur.

À doses adéquates, il diminue la sécrétion sébacée.

Cependant, il possède en outre des effets antigonadotropes et gestagènes, rendant son utilisation, dans une telle indication, impossible chez l’homme, et parfois délicate chez la femme.

Les pilules anticonceptionnelles renfermant un progestatif tel le gestodène ou le norgestimate peuvent exercer un effet séborégulateur.

Le finastéride est un inhibiteur de la 5-alpha-réductase de type 2.

Il peut avoir un effet indirect sur la glande sébacée par réduction des taux plasmatiques de DHT.

Un inhibiteur de l’isoenzyme de type I aurait une action plus spécifique dans le contrôle de l’activité sébacée.

La spironolactone, à une posologie de 100 à 200 mg, exerce des propriétés antiandrogènes qui peuvent être mises à profit pour réduire la sécrétion sébacée, mais ses effets secondaires en limitent l’utilisation.

L’effet de la minocyeline, par le biais d’une comédolyse, est controversé.

* Médications topiques :

L’effet sébosuppresseur le plus puissant actuellement rapporté pour un produit topique est lié à l’utilisation d’agents astringents présents dans des antitranspirants.

Il s’agit probablement d’un frein à l’écoulement du sébum au niveau du collet infundibulaire.

L’acétate de cyprotérone en application topique s’est révélé inactif, mais une récente étude avec une lotion liposomiale rapporte des résultats positifs dans l’acné.

Des controverses existent concernant l’effet de la spironolactone, du peroxyde de benzoyle et du kétoconazole.

Les corticoïdes topiques puissants et le zinc auraient un effet freinateur modeste sur la séborrhée.

L’élubiol, qui est un dérivé imidazolé freinant la synthèse du cholestérol et modulant l’effet des rétinoïdes endogènes, exerce un effet séborégulateur en réduisant la délivrance de sébum à la surface de la peau.

Parmi les shampooings, rares sont ceux qui peuvent revendiquer un effet séborégulateur, même modeste.

La plupart n’ont aucune influence sur la séborrhée du cuir chevelu.

Quelques-uns peuvent même favoriser une séborrhée dite réactionnelle.

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