Oligoarthrite ou monoarthrite de moins de trois mois

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Une oligoarthrite est une atteinte inflammatoire de deux ou trois articulations, une polyarthrite correspond à une atteinte inflammatoire de quatre articulations et plus.

QUELQUES DEFINITIONS :

Le caractère inflammatoire d’une articulation est déterminé par :

* des signes locaux, traduisant une inflammation de la synoviale:

– chaleur locale augmentée (mieux perçue par la palpation avec le dos de la main de l’examinateur).

– rougeur et dilatation veineuse (inconstantes).

– tuméfaction.

Oligoarthrite ou monoarthrite de moins de trois mois* des douleurs, entraînant une impotence fonctionnelle variable, et dont la recrudescence nocturne, notamment dans la seconde partie de nuit, est assez caractéristique.

* l’existence d’un dérouillage matinal décrit par le patient, dont il faut noter la durée, et qui correspond à la période d’enraidissement douloureux des articulations concernées. Cette raideur cède plus ou moins complètement après la mise en mouvement articulaire (quelques minutes à plusieurs heures).

* l’analyse du liquide de ponction articulaire,

chaque fois que cela est possible, montrant par définition en cas d’arthrite plus de 1500 éléments par mm3 et/ou plus de 500 PNN/mm3, avec une concentration protidique supérieure à 30g/l.

LA DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE :

La difficulté diagnostique posée par une oligoarthrite ou une polyarthrite récente tient au fait que les hypothèses étiologiques sont nombreuses.

Une oligoarthrite ou une polyarthrite peuvent ainsi initier une pathologie infectieuse, métabolique ou un des rhumatismes inflammatoires chroniques (spondylarthropathie, polyarthrite rhumatoïde).

Les modalités évolutives sont variables: ces arthrites peuvent récidiver, ne se reproduisant pas forcément selon la même topographie. Des manifestations extra-articulaires peuvent apparaître, simultanément ou à distance de l’épisode articulaire initial, parfois après plusieurs mois ou années.

Dans certains cas, le diagnostic ne pourra ainsi être porté qu’après plusieurs années. Enfin, quelques unes de ces arthrites resteront sans diagnostic étiologique.

Ce large éventail évolutif impose une démarche diagnostique systématique et rigoureuse, basée sur un interrogatoire « policier », un examen clinique complet et la demande d’examens complémentaires orientés.

Diagnostic positif :

CLINIQUE :

Interrogatoire :

Description de la symptomatologie

L’interrogatoire permettra d’établir:

– la durée d’évolution des arthrites.

– le mode d’apparition brutal ou progressif des symptômes.

– la topographie des arthrites (aux membres supérieurs et/ou inférieurs), leur caractère fixe ou migrateur.

– l’association à des douleurs dites « axiales », rachidiennes ou fessières (articulations sacro-iliaques), à des talalgies, à des douleurs chondro-costales.

– le nombre de réveils nocturnes.

– la durée du dérouillage matinal.

– les traitements déjà utilisés et leur efficacité: antalgiques usuels, anti-inflammatoires non stéroïdiens dont il faut préciser le délai d’action.

– la notion d’épisodes fébriles, de sueurs, de frissons. la prise éventuelle d’antibiotiques (en précisant lesquels, à quelle dose et pendant combien de temps).

Il faudra rechercher une altération de l’état général (asthénie, anorexie, amaigrissement).

Antécédents

L’interrogatoire doit également porter sur les antécédents personnels du patient, en orientant les questions dans deux directions principales:

* les arguments en faveur d’une spondylarthropathie:

– des douleurs axiales inflammatoires.

– des talalgies.

– des troubles digestifs à type de diarrhée chronique glairosanglante.

– des manifestations oculaires (conjonctivite, uvéite).

– des manifestations uro-génitales (urétrite, balanite).

– des manifestations cutanéo-muqueuses (psoriasis, pustulose palmo-plantaire).

* les éléments évocateurs de manifestations extra-articulaires d’une polyarthrite:

– un syndrome sec oculaire ou buccal.

– un syndrome de Raynaud.

– des fausses couches.

– une ou plusieurs phlébites.

– une alopécie.

– des aphtes.

– une éruption solaire (photosensibilité).

Nous verrons ci-dessous quelles pathologies peuvent être évoquées en présence de telles manifestations.

Enfin, il faut rechercher des antécédents familiaux de psoriasis ou de pathologies du groupe des spondylarthropathies, de rhumatismes inflammatoires ou de connectivites.

Examen clinique :

L’examen clinique est complet et note en particulier:

– l’existence d’une fièvre.

– la topographie des arthrites: caractère grossièrement symétrique ou non, rhizomélique (c’est-à-dire à proximité des ceintures pelvienne et scapulaire) ou distal.

– examen du rachis et des articulations sacro-iliaques.

– l’existence de talalgies, de ténosynovites.

– la recherche de manifestations extra-articulaires cardiologiques (souffle, péricardite), pneumologiques (épanchement pleural), digestives (diarrhée), uro-génitales (aphtes, infection), cutanéo-muqueuses, d’une hépato-splénomégalie, d’adénopathies, de manifestations neurologiques.

EXAMENS COMPLEMENTAIRES :

Examens biologiques :

Ponction articulaire

La ponction articulaire est primordiale et doit être tentée sans délai pour analyse biochimique, bactériologique et recherche de cristaux.

Autres examens biologiques

En ce qui concerne les autres examens complémentaires biologiques, ils devront être envisagés en fonction des données de l’interrogatoire et de l’examen clinique:

* si l’on s’oriente vers une spondylarthropathie débutante, un typage HLA B27 sera nécessaire ainsi que des sérologies de Yersinia, Chlamydia, Mycoplasma, Shigella et Salmonella, parfois une coloscopie avec biopsies.

* en cas d’arguments en faveur d’une polyarthrite rhumatoïde débutante, il faudra demander une recherche de facteur rhumatoïde (tests au latex et de Waaler-Rose), des anticorps antipérinucléaire et antikératine, un typage HLA DR4.

* en présence de manifestations lupiques, les facteurs antinucléaires et les anticorps anti-DNA natifs ainsi que les fractions du complément, une protéinurie des 24 heures compléteront le bilan.

* en l’absence d’argument en faveur d’un rhumatisme inflammatoire chronique débutant, des sérologies de l’hépatite B et du Parvovirus B19 pouront orienter le diagnostic.

Ces quelques exemples montrent bien qu’il n’existe pas de « bilan standard » s’adaptant à n’importe quel tableau d’oligoarthrite ou de polyarthrite récente et que l’orientation clinique est primordiale dans le choix des examens complémentaires.

Examens radiologiques :

Les clichés radiographiques porteront:

* sur les articulations symptomatiques.

* et comporteront systématiquement:

– un cliché de thorax.

– et des radiographies des mains et des poignets de face.

– des pieds de face.

– ainsi qu’un cliché de De Sèze, permettant de visualiser notamment les articulations sacro-iliaques et la charnière dorso-lombaire.

Diagnostic différentiel :

Le diagnostic différentiel ne doit pas résister à un bon examen clinique qui éliminera une inflammation péri-articulaire (tendinite, bursite, enthésopathie) et des douleurs osseuses para-articulaires (ostéonécrose, métastases osseuses).

Diagnostic étiologique :

Dans la démarche diagnostique d’une oligoarthrite ou d’une polyarthrite récente, la première étape est la recherche d’une étiologie infectieuse, qui peut constituer une urgence thérapeutique.

ORIGINE INFECTIEUSE BACTÉRIENNE :

Arthrite septique à pyogène :

L’arthrite septique à pyogène:

* réalise en général un tableau de monoarthrite aiguë, mais l’éventualité d’une oligoarthrite ou polyarthrite subaiguë est possible, souvent sur un terrain immunodéprimé favorisant (corticothérapie au long cours, traitement immunosupresseur, infection à VIH, diabète, héroïnomanie, alcoolisme). Le tableau clinique peut être décapité par une antibiothérapie prescrite à l’aveugle sans identification préalable du germe.

* le mécanisme est celui d’une septicémie avec localisations septiques articulaires:

– il faudra rechercher un foyer infectieux à distance (cutané, ORL, dentaire, urinaire ou génital, digestif).

– les germes les plus fréquemment retrouvés sont les staphylocoques, les streptocoques et les bacilles à Gram négatif ainsi que les gonocoques.

* les éléments évocateurs de cette étiologie sont:

– un syndrome septicémique (fièvre et surtout frissons).

– une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles.

– un liquide articulaire macroscopiquement louche ou purulent dont

l’analyse confirmera le caractère très inflammatoire (parfois 100 000 éléments

par mm3), et la mise en culture permettra l’identification du germe. L’examen direct réalisé systématiquement met en fait rarement de germe en évidence, mais cela ne doit en rien récuser le diagnostic et retarder la mise en route du traitement antibiotique.

– les hémocultures doivent être répétées avant antibiothérapie.

Endocardite d’Osler :

L’endocartite d’Osler comportera les mêmes éléments sémiologiques que précédemment, complétés de l’existence d’un souffle cardiaque à l’auscultation.

D’autres signes cliniques auront une valeur d’orientation: pétéchies des membres, faux panaris, splénomégalie.

Les hémocultures seront répétées et une échographie cardiaque transthoracique, mais surtout transœsophagienne, est indiquée en urgence pour confirmer le diagnostique (visualisation de végétations valvulaires, retentissement sur la fonction cardiaque). Le traitement est basé sur une antibiothérapie massive par voie veineuse.

Brucellose :

La brucellose est évoquée sur une notion de contage (ingestion de fromage de chèvre de fabrication artisanale) ou de profession exposée (vétérinaire, boucher, agriculteur).

Les arthrites sont présentes à la phase aiguë septicémique de la brucellose. Il existe alors un contexte myalgique et fébrile évocateur (fièvre sudoro-algique).

Ces arguments seront confirmés par la positivité du sérodiagnostic de Wright, la présence du germe dans le liquide articulaire et dans les hémocultures.

Polyarthrite gonococcique :

La polyarthrite gonococcique doit être évoquée systématiquement chez le sujet jeune. Le caractère symptomatique de l’urétrite chez l’homme sera un élément d’orientation important. chez la femme, la cervicite étant plus volontiers asymptomatique, l’interrogatoire sera pauvre.

Les prélèvements génitaux seront systématiques.

L’association à des ténosynovites et à des lésions pustuleuses purulentes (qu’il faut prélever), des mains et des pieds, est très évocatrice.

Maladie de Lyme :

La maladie de Lyme est causée par une infection à Borrelia burgdorferi à la suite d’une piqûre de tique. Elle est plus fréquente dans les régions boisées. cependant, des cas ont été décrits partout en France. Il faut donc toujours évoquer ce diagnostic et rechercher la notion d’une piqûre de tique, de manifestations cutanées (erythema chronicum migrans).

Les manisfestations articulaires surviennent quelques semaines à quelques mois après la phase d’infection. Les manifestations cutanées sont très inconstantes et la piqûre de tique n’est identifiée que dans 40% des cas.

Le sérodiagnostic permettra alors d’orienter le diagnostic.

A noter, la survenue possible de manifestations neurologiques (méningo-radiculite) et cardiologiques (troubles de conduction).

Arthrites syphilitiques :

Les arthrites syphilitiques sont devenues exceptionnelles.

Elles peuvent survenir à la phase secondaire sous la forme de polyarthrites subaiguës fébriles, migratrices, accompagnées de la roséole cutanée. On recherchera une cicatrice de chancre.

Les sérologies syphilitiques réalisées seront fortement positives à ce stade évolutif.

ORIGINE INFECTIEUSE VIRALE :

Parvovirus B19 :

L’infection à Parvovirus B19 peut s’accompagner d’une monoarthrite, d’une oligoarthrite ou d’une polyarthrite aiguë, subaiguë, voire chronique. Ce tableau polymorphe doit faire évoquer le diagnostic de façon systématique.

Les éléments d’orientation seront une notion de contage (« cinquième maladie » de l’enfant), d’une profession exposée (institutrice), d’une éruption cutanée récente.

Le diagnostic est confirmé par la positivité du sérodiagnostic en IgM, sa positivité en IgG étant banale, stigmate d’une infection ancienne, souvent passée inaperçue.

Rubéole, oreillons, mononucléose infectieuse et grippe :

La rubéole, les oreillons, la mononucléose infectieuse et la grippe sont des infections virales s’accompagnant fréquemment de polyarthralgies inflammatoires, plus rarement d’une polyarthrite d’évolution spontanément favorable en quelques jours.

De même, la vacination antirubéolique peut entraîner, après 1 à 6 semaines, des polyarthralgies inflammatoires.

VIH

L’infection à VIH est une étiologie qui pourra être évoquée devant une polyarthrite ou des polyarthralgies dans un contexte fébrile ou subfébrile, associé à des myalgies. Le contexte peut orienter le diagnostic (antécédent de transfusion sanguine, toxicomanie).

A noter que les arthrites réactionnelles, le rhumatisme psoriasique et la spondylarthrite ankylosante ont été fréquemment décrits chez les patients séropositifs pour le VIH.

Il faudra demander une sérologie du VIH devant toute arthrite inexpliquée.

Hépatites virales B et C :

Les arthrites, volontiers distales, bilatérales et symétriques, apparaissent à la phase pré-ictérique de l’hépatite B (durée de 5 à 15 jours) avec des signes d’accompagnement évocateurs mais inconstants (urticaire, céphalées, arthrite de la triade de Caroli: asthénie, nausées, douleurs abdominales).

Le diagnostic sera confirmé par le dosage des transaminases et la réalisation des sérologies HBV (positivité de l’antigène Hbs).

L’hépatite C est parfois associée à des arthralgies, plus rarement à des arthrites, cela notamment lors des associations avec un syndrome de Goujerot-Sjögren ou à une cryoglobulinémie.

OLIGOARTHRITES OU POLYARTHRITES RECENTES DU SUJET AGE :

Pseudo-polyarthrite rhizomélique :

La pseudo-polyarthrite rhizomélique est une atteinte inflammatoire symétrique des ceintures scapulaire et pelvienne, parfois associée à une atteinte cervicale, touchant le sujet âgé, en règle de plus de 60 ans.

La raideur est maximale le matin au lever avec un dérouillage plus ou moins prolongé.

On note parfois une altération de l’état général, des myalgies, une fébricule à 38 °C.

Il faut systématiquement rechercher une maladie de Horton, par l’interrogatoire et l’examen clinique (céphalées, claudication intermittente de la mâchoire, troubles visuels, abolition caractéristique du pouls temporal). Elle est coexistante dans 25% des cas.

Biologiquement, la vitesse de sédimentation et surtout la protéine C réactive, constamment élevées, sont un critère diagnostique, de même que l’extrême sensibilité des douleurs aux corticoïdes.

Chondrocalcinose :

La chondrocalcinose correspond à un dépôt articulaire de cristaux de pyrophosphate de calcium. Sa fréquence augmente avec l’âge (50% des sujets de plus de 80 ans), touchant l’homme et surtout la femme. Les arthrites touchent essentiellement les grosses articulations (genoux, poignets, épaules).

Le diagnostic est orienté par la réalisation de radiographies des genoux, des poignets et des hanches qui montrent de façon caractéristique un liséré calcique incrustant les cartilages ou les fibrocartilages (ligament triangulaire du carpe, ménisques).

L’analyse du liquide articulaire recherche des cristaux de pyrophosphate de calcium.

A noter l’existence de formes secondaires de chondrocalcinose liée à l’hémochromatose ou à l’hyperparathyroïdie et dépistées par un bilan phosphocalcique et ferrique (fer sérique, ferritinémie).

Goutte polyarticulaire :

La précipitation intra-articulaire de cristaux d’urate de sodium conduit à une crise de goutte. Elle concerne de façon caractéristique l’homme de 40 à 60 ans, parfois pléthorique, dont la consommation d’alcool peut être excessive et chez lequel on cherchera des antécédents articulaires similaires et des crises de coliques néphrétiques.

Les arthrites prédominent aux membres inférieurs (genoux, pieds).

L’analyse du liquide articulaire recherchera des cristaux d’urate de sodium libres ou phagocytés par des polynucléaires neutrophiles.

Biologiquement, l’uricémie inconstamment élevée au moment de la crise de goutte peut orienter le diagnostic.

Enfin, l’efficacité de la colchicine dans cette affection constitue un test diagnostic et thérapeutique.

Polyarthrite rhumatoïde du sujet âgé :

La présentation clinique de la polyarthrite rhumatoïde du sujet âgé est superposable à celle du sujet plus jeune, décrite plus loin.

OLIGOARTHRITES ET POLYARTHRITES CONCERNANT PREFERENTIELLEMENT LE SUJET JEUNE :

Rhumatismes du groupe des  spondylarthropathies :

Sont regroupés sous le terme de spondylarthropathies, la spondylarthrite ankylosante, le rhumatisme psoriasique, les arthrites réactionnelles, le rhumatisme des entérocolopathies inflammatoires.

Ce regroupement nosologique est né de l’observation au cours de ces différentes pathologies:

– de manifestations cliniques communes (uvéites, atteinte axiale, enthésopathie).

– sur terrain génétique identique (présence fréquente de l’antigène tissulaire d’histocompatibilité HLA B27).

– et avec des atteintes radiologiques comparables (syndesmophytes, sacro-iliite).

Spondylarthrite ankylosante

La spondyarthrite ankylosante est un rhumatisme inflammatoire chronique qui touche plus fréquemment l’homme jeune, bien que les formes féminines sont actuellement rapportées dans plus de 30% des cas.

* L’atteinte axiale caractéristique peut être précédée d’arthrites périphériques, surtout des membres inférieurs.

* Les arguments diagnostiques sont:

– des antécédents personnels ou familiaux de pathologies du groupe des spondylarthropathies (uvéite, psoriasis, entérocolopathie inflammatoire).

– douleurs fessières ou talalgies associées actuelles ou passées.

– présence de l’antigène tissulaire HLA B27(présent dans 90% des spondylarthrites ankylosantes et dans 6% de la population générale).

– l’existence de syndesmophytes rachidiens (charnière dorso-lombaire) ou d’irrégularités des articulations sacro-iliaques.

Rhumatisme psoriasique

Le rhumatisme psoriasique est un autre rhumatisme inflammatoire du groupe des spondylarthropathies dont le diagnostic sera facilement évoqué en présence d’un psoriasis cutané connu ou contemporain des arthrites.

L’interrogatoire recherchera également la notion de psoriasis familial.

Dans 10% des cas, les manifestations articulaires précèdent l’apparition des signes cutanés, parfois de plusieurs années, rendant le diagnostic difficile.

L’orientation diagnostique reposera alors:

– sur l’atteinte caractéristique des interphalangiennes distales:

– l’association possible à une atteinte axiale.

– les antécédents personnels ou familiaux du groupe des spondylarthropathies.

– et la présence, plus rare que dans la spondylarthrite ankylosante, de l’antigène tissulaire HLA B27.

Arthrite réactionnelle

Dans sa forme complète, l’arthrite réactionnelle ou syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter comporte des manifestations oculaires (conjonctivite), urétrales infectieuses non gonococciques et des arthrites, en général oligoarticulaires et prédominant aux membres inférieurs. Cette forme clinique est en réalité exceptionnelle et l’on observe plus fréquemment des manifestations articulaires inflammatoires secondaires à une diarrhée infectieuse.

Les germes mis en cause dans le déclenchement des arthrites réactionnelles sont:

– Chlamydia et Mycoplasma dans les infections du tractus uro-génital.

– Yersinia enterocolitica ou Yersinia pseudotuberculosis, Shigella et Salmonella dans les infections digestives.

L’évolution de ces arthrites se fait dans la majorité des cas vers la guérison, après une ou plusieurs récidives.

Dans 20% des cas, l’évolution se fait vers une spondylarthrite ankylosante avec des manifestations axiales. Cette dernière évolution est plus fréquente en présence de l’antigène tissulaire HLA B27.

Rhumatisme des entérocolopathies inflammatoires

Il s’agit des manifestations inflammatoires articulaires satellites de la maladie de Crohn ou de la recto-colite hémorragique. L’atteinte peut être périphérique ou axiale, sur un terrain génétique commun aux autres spondylarthropathies (présence de l’antigène tissulaire HLA B27 dans 60% des cas).

Polyarthrite rhumatoïde :

La polyarthrite rhumatoïde est le rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent avec une prévalence proche de 1%, touchant préférentiellement la femme, entre 20 et 50 ans.

* Au début de l’évolution, on observera une oligoarthrite distale, touchant surtout les membres supérieurs. Les récidives ultérieures conduiront à une atteinte bilatérale et symétrique avec des déformations caractéristiques.

* Les arguments cliniques en faveur de ce diagnostic sont:

– le terrain (femme, antécédents familiaux, présence de l’antigène tissulaire HLA DR4).

– arthrites distales (mains, poignets) bilatérales et symétriques.

– l’association possible à des ténosynovites des fléchisseurs ou des extenseurs.

* Radiologiquement, les signes peuvent être absents initialement. On recherchera:

– une déminéralisation en bande périarticulaire.

– des érosions marginales épiphysaires des métacarpiens ou des phalanges.

– des géodes du carpe ou typiquement de la tête du cinquième métatarsien.

– un pincement articulaire.

* Biologiquement, la positivité de la sérologie rhumatoïde (tests au latex et de Waaler-Rose) a une valeur d’orientation mais est souvent négative en début d’évolution. Elle peut d’ailleurs ne jamais se positiver (15% des polyarthrites rhumatoïdes). La validité d’autres anticorps est en cours d’évaluation pour leur réalisation en routine (anticorps antikératine et antipérinucléaire).

* La biopsie synoviale d’une articulation atteinte peut montrer une synovite rhumatoïde ou être aspécifique.

En fait, elle n’est pas indiquée à visée diagnostique dans la polyarthrite rhumatoïde mais garde un intérêt pratique pour éliminer une arthrite septique.

En fait, les signes en début d’évolution sont non spécifiques et bien souvent c’est l’évolution dans le temps qui permettra de porter le diagnostic avec certitude, avec l’apparition de manifestations cliniques, radiologiques et biologiques caractéristiques.

OLIGOARTHRITES ET POLYARTHRITES ASSOCIEES AUX MALADIES SYSTEMIQUES :

Lupus érythémateux disséminé :

Les manifestations articulaires et cutanées sont révélatrices d’un lupus érythémateux disséminé dans plus de 80% des cas. Une grande variété de manifestations extra-articulaires peuvent accompagner ou succéder aux atteintes articulaires et dermatologiques, nécessitant un examen clinique rigoureux. La particularité des arthrites au cours du lupus est de ne pas s’accompagner d’anomalies radiologiques et de ne pas conduire à des déformations articulaires.

La positivité des facteurs antinucléaires et en particulier des anticorps anti-ADN natifs est caractéristique de cette pathologie.

D’autres anomalies du bilan immunologique sont parfois présentes (positivité des anticorps anti-Sm, diminution des fractions C3 ou C4 du complément) et ont également valeur d’orientation.

Syndrome de Goujerot-Sjögren :

Le syndrome de Goujerot-Sjögren est caractérisé par une sécheresse buccale et oculaire et peut s’accompagner de manifestations articulaires inflammatoires.

Le diagnostic évoqué cliniquement est confirmé par un examen anatomopathologique d’une biopsie des glandes salivaires accessoires.

Ce syndrome peut être primitif ou bien accompagner une polyarthrite rhumatoïde (15 à 20% des cas) ou une autre connectivite.

Sarcoïdose :

La sarcoïdose, notamment sous la forme du syndrome de Löfgren (érythème noueux et adénopathies médiastinales), s’accompagne souvent d’oligoarthrite ou d’une polyarthrite asymétrique.

La négativation des réactions tuberculiniques et l’élévation de l’enzyme de conversion de l’angiotensine orienteront le diagnostic.

Maladie de Behçet :

La maladie de Behçet touche préférentiellement les sujets du bassin méditerranéen, avec une prédominance masculine.

* L’atteinte articulaire, lorsqu’elle existe, se présente sous la forme d’une oligoarthrite ou d’une polyarthrite asymétrique.

* Les atteintes extra-articulaires caractéristiques de cette pathologie et qui permettent de poser le diagnostic sont:

– une aphtose bipolaire (buccale et génitale).

– une pseudo-folliculite nécrotique.

– une hypersensibilité cutanée aux points de piqûre.

– les uvéites.

– les manifestations vasculaires (phlébites).

Autres connectivites :

La sclérodermie systémique, la dermatomyosite, la polymyosite,

la polychondrite atrophiante, la périartérite noueuse, la maladie de Wegener sont d’autres connectivites variablement associées à des atteintes articulaires inflammatoires qui peuvent être révélatrices.

Ce sont les manifestations extra-articulaires et les anomalies du bilan immunologique qui orienteront le diagnostic.

Conclusion :

Ainsi, au terme du bilan initial clinique puis biologique et radiologique, il est en général possible d’orienter le diagnostic étiologique et donc d’instituer un traitement adapté.

Dans certain cas, il est impossible de proposer un cadre diagnostique et l’on parlera alors d' »arthrite inclassée ». Le traitement sera alors anti-inflammatoire non spécifique. Le patient sera suivi en centre spécialisé de façon régulière, d’autres manifestations cliniques ou biologiques venant parfois compléter le tableau initial permettent de préciser le diagnostic.

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