Rôle infirmier en cancérologie

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Effets secondaires de la chimiothérapie :

A – LES TROUBLES DIGESTIFS :

1) NAUSÉES ET VOMISSEMENTS :

Provoqués par :

  • Cisplatine : CISPLATYL (DDP)
  • VÉPÉSIDE (VP 16)
  • Adriamycine : ADRIBLASTINE
  • Carboplatine : PARAPLATINE
  • MÉTHOTREXATE (MTX)
  • FLUORO-URACILE (5-FU).

Traitements antiémétiques :

  • Rôle infirmier en cancérologieKYTRIL ou ZOPHREN en IV + corticoïdes (SOLU-MÉDROL)
  • PRIMPÉRAN, PLITICAN en IV ; relais per os
  • Anxiolytiques : TRANXÈNE
  • Suppositoires de VOGALÈNE Conseils :
  • Boire du Coca-Cola dégazéifié
  • Manger en plusieurs fois de petites quantités
  • Éviter de boire avant les repas
  • Éviter les aliments gras
  • Manger lentement
  • Bien mâcher les aliments pour faciliter la digestion
  • Éviter les odeurs fortes : parfums, cigarette
  • Respirer profondément par la bouche dès qu’on sent venir une nausée

2) LES DIARRHÉES :

Provoquées par :

  • 5-FU
  • CAMPTO Traitement :
  • IMODIUM gel
  • TIORFAN gel Conseils :
  • Boire le plus possible pour remplacer le liquide perdu
  • Boire du Coca-Cola dégazéifié
  • Éviter le café et les aliments épicés
  • Éviter une alimentation lactée
  • Conseiller des aliments riches en protéines : bananes, pommes de terre
  • Éviter les crudités et les aliments fermentés

3) LA CONSTIPATION :

Provoquée par :

  • VELBÉ
  • ELDÉSINE
  • VINCRISTINE
  • NAVELBINE (NVB)

Traitement :

  • DUPHALAC
  • LANSOYL gelée
  • Suppositoires glycérinés
  • NORMACOL
  • Lavements Conseils :
  • Augmenter les aliments comportant des fibres : fruits crus, légumes, pain complet
  • Faire de l’exercice : marcher dans le couloir

B – TROUBLES DES MUQUEUSES :

1) MUCITE :

Provoquée par :

  • 5-FU
  • BLÉOMYCINE
  • MTX à fortes doses Traitement :
  • Bains de bouche : bicarbonate à 14% + HEXTRIL + MYCOSTATINE
  • Antifongiques : TRIFLUCAN

Conseils :

  • Éviter les aliments acides : agrumes, tomates
  • Éviter le sel et les épices
  • Se laver les dents régulièrement pour éviter les infections

2) SÉCHERESSE BUCCALE :

Conseils :

  • Sucer des glaçons et manger des glaces
  • Aliments mous tels que les fruits
  • Éviter les aliments secs

C – LES TROUBLES HEMATOLOGIQUES :

1) LA LEUCOPÉNIE :

Baisse des globules blancs < 4000/mm3.

Baisse des polynucléaires neutrophiles < 2000/mm3.

Isolement protecteur si polynucléaires neutrophiles < 500/mm3.

Utilisation de facteurs de croissance : LEUCOMAX, NEUPOGEN, GRANOCYTE.

2) L’ANÉMIE :

Baisse de l’hémoglobine :

  • Femmes < 11 g/dL
  • Hommes < 12 g/dL

Transfusion de culots globulaires selon tolérance.

Inciter à avoir une alimentation protéique et riche en fer.

3) LA THROMBOPÉNIE :

Baisse des plaquettes < 150 000/mm3.

  • Surveiller l’apparition de signes hémorragiques : pétéchies, épistaxis
  • Transfusion éventuelle de plaquettes

Conseils :

  • Ne pas utiliser de rasoir mécanique
  • Ne pas se brosser les dents trop fortement
  • Proscrire les injections IM et sous-cutanées
  • Ne pas se moucher fort
  • Après une prise de sang : point de compression aussi longtemps que nécessaire

D – L’ALOPÉCIE :

Chute des cheveux liée aux cytostatiques.

Apparition après quelques semaines, voire plusieurs mois après le traitement.

Ne touche pas que les cheveux : ongles, poils…

Possibilité d’utiliser un casque réfrigérant.

Réapparition des cheveux plusieurs semaines, voire plusieurs mois après arrêt de la chimiothérapie.

Produits :

  • TAXOL
  • ENDOXAN
  • TAXOTÈRE
  • ÉPIRUBICINE
  • ADRIAMYCINE Mesures préventives :
  • Informer le patient de cet effet secondaire
  • Proposer avec délicatesse une coupe courte
  • Proposer l’achat d’une perruque (remboursée 500 F)
  • Casque réfrigérant mis en place 15 min avant le début du traitement, changé toutes les 30 min et laissé ½ heure après l’arrêt de la perfusion

E – TOXICITE NEUROLOGIQUE ET MUSCULAIRE :

  • DDP
  • TAXOL
  • TAXOTÈRE

Rechercher l’apparition d’une diminution de l’ouïe, de bourdonnements d’oreilles, de tintements.

Demander au patient de signaler toute modification de sa perception auditive.

Des engourdissements dans les membres, des picotements au visage, dans les pieds et les mains.

Arthralgies, myalgies peuvent être ressentis par le patient ; ainsi que des mouvements anormaux, des tremblements ou une crise convulsive.

Ils doivent impérativement être signalés au médecin qui décidera de la poursuite du traitement.

F – TOXICITE CUTANÉE :

  • BLÉOMYCINE
  • 5-FU Hyperpigmentation de la peau et des phanères.

Œdème des mains.

La peau devient plus sensible aux rayons du soleil. Elle peut prendre une teinte cuivrée.

Il est recommandé de se protéger par un écran total et de ne pas s’exposer au soleil.

G – TOXICITE CARDIAQUE :

  • 5-FU
  • FARMORUBICINE
  • Adriamycine (Anthracycline)

Il dot être fait un ECG et une prise des constantes avant le début de la chimiothérapie.

Si des troubles cardiaques sont mis en évidence, on n’administre pas le traitement.

H – TOXICITE URINAIRE :

  • DDP
  • MTX à forte dose
  • Alkylants : ENDOXAN, HOLOXAN

Certains produits colorent les urines en rouge (ADRIAMYCINE), d’autres en jaune vif (MTX).

Les urines prennent l’odeur des médicaments.

Conseils :

  • Hyperhydratation avant le début du traitement
  • Conseiller de boire beaucoup
  • Surveiller la diurèse des 24 heures
  • Conseiller au patient d’aller uriner souvent pour éviter l’exposition de la muqueuse vésicale trop longtemps aux métabolites actifs
  • Sur prescription médicale, surveiller la fonction rénale par ionogramme sanguin, urée, créatinine

I – TOXICITÉ SEXUELLE ET GONADIQUE :

Cette toxicité dépend du traitement administré, de l’âge du patient et de son état général.

Chez la femme :

  • Cycle menstruel modifié
  • Stérilité provisoire ou définitive
  • Grossesse et allaitement contre-indiqués

Les traitements se font sous contraceptif.

Une grossesse devra être évitée de 1 à 3 ans après le traitement.

Chez l’homme :

  • Stérilité provisoire ou définitive Le médecin doit proposer avant le commencement du traitement une congélation du sperme.

Alimentation et chimiothérapie :

Le cancer entraîne une perte d’appétit, et souvent une altération du goût.

Modification des odeurs, plus difficiles à supporter.

Nausées et vomissements dus au traitement.

Paradoxalement, bien s’alimenter, c’est lutter à la fois contre la maladie et contre les effets induits par le traitement.

En cas de perte d’appétit et de perte de poids, certains conseils peuvent être donnés :

  • Faire plusieurs repas légers
  • Alimentation aussi riche que possible
  • Éviter de trop boire avant et pendant les repas
  • Éviter les sucreries et les aliments gras
  • Manger tiède et lentement
  • Éviter les odeurs fortes
  • Se reposer après les repas
  • Demander à la famille d’apporter des aliments que le patient aime bien
  • Faire appel à la diététicienne pour proposer au patient des compléments nutritionnels : Nutrigil, Fortimel, Rénutryl
  • Préférer les repas froids qui dégagent peu d’odeurs
  • Bien mâcher les aliments
  • Aliments froids, onctueux, non acides

Aplasie fébrile :

Mise en évidence par des résultats de NFS < 500 polynucléaires neutrophiles.

Fièvre > 38,5° -> hémoculture en voie périphérique et PAC de préférence.

Début de l’antibiothérapie selon prescription.

Mise en isolement du patient :

  • Chambre seule
  • Limitation des visites en nombre et sur la durée
  • Port de masque, charlotte, surblouse, sur-chaussures, gants après lavage des mains

Surveillance journalière de la NFS, de la température et des constantes plusieurs fois par jour.

L’antibiothérapie peut être complétée par un traitement préventif par facteurs de croissance afin de réduire la durée de la neutropénie et de ses complications :

  • NEUPOGEN
  • GRANOCYTE
  • LEUCOMAX Bains de bouche.

Rôle infirmier proprement dit :

Éducation du patient :

* Insister sur l’efficacité de la chimiothérapie sur la maladie

* Laisser le patient s’exprimer sur ce qu’il sait, ce qu’il a compris, sur les effets secondaires dons il a pu entendre parler

* Rassurer et écouter

* Dédramatiser et informer

* Expliquer que tout est mis en œuvre pour éviter les effets secondaires :

  • NFS et plaquettes avant chaque cure
  • Administration d’anti-nauséeux
  • Faire boire afin d’éliminer les produits toxiques
  • Bains de bouche contre les ulcérations buccales : demander d’en signaler l’apparition
  • Administration d’antidiarrhéiques si nécessaire : demander de signaler l’apparition de diarrhées
  • Demander de signaler toute douleur ou toute irritation au niveau du point de ponction.

* Établir une relation de confiance et rassurante

Informer le patient à la sortie de l’hôpital de l’importance de signaler les symptômes qui peuvent faire suspecter une infection :

  • Température > 38°
  • Frissons
  • Transpiration anormale surtout nocturne
  • Brûlures en urinant
  • Douleurs abdominales + diarrhées
  • Toux sévère et inflammation de la gorge Prévenir un médecin.

Fatigue chez le patient cancéreux :

Face à la fatigue, l’IDE a un rôle primordial.

Il faut reconnaître la fatigue grâce aux dires du patient.

L’écouter et l’observer :

  • Essoufflement
  • Pâleur du visage
  • Repli sur soi
  • Perte d’appétit
  • Sentiment d’épuisement et de faiblesse
  • Sensation d’ennui
  • Somnolence
  • Perte de motivation
  • Perte d’espoir
  • Découragement

Prise en charge physique et psychologique :

  • Application des prescriptions médicales
  • Proposer un soutien psychologique : intervention du psychologue
  • Suggestion de méthodes de relaxation : massages
  • Proposition de distractions
  • Inciter à se reposer, à faire la sieste
  • Se déplacer lentement
  • Répartir les différentes tâches sur la journée
  • Avoir une alimentation protéique

La fatigue peut être un facteur limitant dans la prise en charge thérapeutique de la maladie :

  • Modification des doses
  • Changement de médicaments
  • Report des cures
  • Voire arrêt de la thérapie

Toxicité spécifique :

  • Toxicité cardiaque : anthracyclines (Adriamycine)
  • Toxicité rénale et neurologique : Cisplatine
  • Toxicité hépatique : MÉTHOTREXATE, MITOMYCINE
  • Toxicité pulmonaire et cutanée : BLÉOMYCINE
  • Toxicité neurologique : poisons du fuseau (VINCITRINE, VINDÉSINE, VINBLASTINE…)
  • Toxicité vésicale : Cyclophosphamides (ENDOXAN), Ifosfamides (HOLOXAN).

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