Hypertension artérielle

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Définition : 

1) DÉFINITION DE L’OMS :

Pression artérielle systolique supérieure à 160 mmHg et/ou pression diastolique supérieure à 90 mmHg, chez un patient au repos depuis plus de 15 minutes sur 3 consultations à 1 mois d’intervalle.

C’est la pression diastolique qui est la plus inquiétante.

2) TECHNIQUE DE PRISE DE TENSION ARTÉRIELLE : 

Hypertension artérielleFaire allonger le patient au moins 15 minutes.

Mettre le brassard après avoir enlevé tout ce qui peut comprimer l’artère en amont.

Ne pas mettre le stéthoscope sous le brassard pour ne pas fausser la pression par une compression.

Le bruit est provoqué par le flux turbulent entre :

– le moment où, l’artère n’étant plus complètement comprimée, elle laisse passer le sang par un espace réduit : tension systolique

– et le moment où, l’artère n’étant plus comprimée du tout, la turbulence cesse et donne place à un flux laminaire : tension diastolique.

Une tension artérielle est normale pour :

– PAS (pression artérielle systolique) inférieure ou égale à 140 mmHg

et

– PAD (pression artérielle diastolique) inférieure ou égale à 80 mmHg

Elle est limite pour :

– PAS comprise entre 140 et 160 mmHg

et/ou

– PAD comprise entre 80 et 90 mmHg

Un sujet est hypertendu pour :

– PAS supérieure à 160 mmHg

et/ou

– PAD supérieure à 90 mmHg 

Confirmation :

Si, sur les trois prises, la tension est élevée, on pratique des examens complémentaires :

1) LA MAPA :

Mesure ambulatoire de pression artérielle.

Appareil porté par le patient pendant 24 heures.

Prise de la TA :

– Diurne : toutes les 15 minutes

– Nocturne : toutes les 30 minutes 

Elle a plusieurs avantages ; elle permet :

– De vérifier la charge tensionnelle en période diurne et nocturne.

– D’analyser le cycle nycthéméral : la TA doit être différente entre le jour et la nuit.

– D’éviter « l’effet blouse blanche » : stress dû à la prise de tension elle-même.

– D’éviter d’étiqueter à tort quelqu’un hypertendu pour la vie. 

2) L’ÉPREUVE D’EFFORT :

Destinée à confirmer la MAPA.

Sur un vélo par paliers de 30 W toutes les 3 minutes jusqu’à 220 pulsations moins l’âge.

Prise de la TA toutes les 2 minutes.

Lecture sur un abaque qui donne le profil tentionnel.

Permet de vérifier s’il s’agit d’une TA catécholergique : due à la production de catécholamine par le système sympathique.

Retentissement :

1) SUR LE COEUR :

En cas d’hyperpression dans l’aorte, le cœur va devoir pousser plus fort pour faire circuler le sang.

Cela provoque une hypertrophie de la paroi du cœur.

a) Électrocardiogramme :

Hypertrophie du ventricule gauche (HVG)

Mesurée par l’indice de Sokolow supérieur ou égal à 35 mm.

b) Radiographie pulmonaire :

L’arc inférieur gauche est hypertrophié.

Augmentation de la largeur du médiastin.

c) Échocardiographie :

Permet de mesurer l’épaisseur du muscle myocardique par résonance.

2) SUR LE CERVEAU :

a) Fond d’œil :

Permet de visualiser la tension au niveau de la carotide.

L’état des micro-vaisseaux de la rétine traduit celui des autres vaisseaux.

b) Scanner :

3) AU NIVEAU DES REINS :

a) Prise de sang :

Vérification du taux de créatinine sanguine.

Son augmentation est significative d’une mauvaise diurèse : mauvaise filtration du sang par les reins.

b) Protéinurie :

Bandelette urinaire qui permet de vérifier la présence ou non de protéines dans les urines.

Elles sont absente en temps normal, sauf en cas d’infection urinaire.

c) Abdomen sans préparation (ASP) :

Radiographie de l’abdomen. 

d) Échographie abdominale :

Anormale si le taux de créatinine est élevé.

Les effets de l’hypertension artérielle se produisent à retardement : décalage de 15 à 20 ans.

Bilan étiologique :

A – EXAMENS RECOMMANDÉS PAR L’OMS :

1) PRISE DE SANG :

– Kaliémie : recherche de potassium

– Créatininémie

2) IONOGRAMME URINAIRE :

– Natriurèse : élimination du sodium

– Kaliurèse : élimination du potassium 

Le rapport Na/K doit être > 1.

Il n’est inversé que chez les patients déshydratés.

B – ÉTIOLOGIE :

1) INSUFFISANCE RÉNALE :

a) Augmentation de la créatinine sanguine :

Supérieure à 400 µmol. 

b) Protéinurie :

Présence de protides dans les urines en l’absence d’infection urinaire.

2) CAUSES ENDOCRINIENNES :

a) Adénome de Conn :

Peu fréquent.

Tumeur le plus souvent bénigne située au niveau d’une surrénale. Le plus souvent unilatéral.

Provoque une hypersécrétion d’aldostérone.

Entraîne :

– Hypokaliémie

– Inversion du rapport Na/K qui devient < 1.

Éliminer les sujets qui consomment de la réglisse (pastis sans alcool, tisanes, pastilles…), qui est cause d’hypokaliémie.

Dosage rénine-aldostérone

– Interdiction de se lever de 0 heures à 7 heures du matin.

– Perfusion d’un litre de sérum physiologique pour éliminer la déshydratation..

– Premier dosage rénine-aldostérone avant le lever.

– Second dosage 4 heures après le lever et après avoir pris de l’exercice (marche).

Couché :

– La rénine s’effondre par un phénomène de rétrocontrôle.

– L’aldostérone s’élève de façon significative.

Debout :

– La rénine s’effondre.

– L’aldostérone s’élève de la même façon que couché.

Elle est non stimulable : l’activité musculaire ne la modifie pas. 

On fait une échographie pour rechercher la tumeur sur la surrénale.

Éventuellement un scanner abdominal.

Traitement : chirurgical pour enlever la tumeur. Généralement on enlève aussi la surrénale.

b) Hyperplasie des surrénales :

Hypersécrétion d’aldostérone par les 2 glandes surrénales.

Toujours bilatérale. 

Dosage rénine-aldostérone :

Couché :

– La rénine diminue, mais pas d’effondrement.

– L’aldostérone s’élève.

Debout :

– Rénine diminuée mais pas effondrée.

– Aldostérone plus élevée : elle reste stimulable. 

A l’échographie :

– Pas de tumeur individualisée.

– Grosses  surrénales. 

Traitement : Anti-aldostérone : Aldactone per os.

c) Le phéochromocytome :

Assez rare.

Tumeur des surrénales. Unilatérale ou bilatérale.

Hypersécrétion de catécholamines.

Tableau clinique un peu particulier :

– Poussées hypertensives

– S’accompagnent de sueurs

– Et de bouffées de chaleur

– Tachycardie

– Amaigrissement du fait d’un hypercatabolisme. 

Dosage urinaire des produits de  dégradation des catécholamines : acide vanylmandélique (VMA).

– Le patient ne doit pas boire d’excitants pendant les 5 jours qui précèdent ni pendant les 3 jours que dure l’examen (café, thé…).

– Dosage sur les urines de 24 heures pendant 3 jours d’affilée.

– Si les VMA sont augmentés, on fait une écho ou un scanner pour chercher les tumeurs.

Traitement chirurgical : ablation de la tumeur.

3) STÉNOSE DES ARTÈRES RÉNALES :

50% des 5% de cas non essentiels.

Dépôts de cholestérol sur la paroi des artères rénales.

D’où diminution de la perfusion rénale.

Le rein réagit comme à une diminution de la masse sanguine en produisant de la rénine, qui va entraîner la production d’aldostérone.

Le taux de potassium diminue : hypokaliémie.

Le rapport Na/K reste < 1.

a) Examens :

On vérifie la présence d’un souffle sur les artères rénales (au niveau de L1).

Dosage rénine-aldostérone :

Couché :

– Rénine en hausse modérée.

– Aldostérone en hausse modérée également.

Debout :

– Rénine en hausse modérée.

– Aldostérone en hausse modérée également. 

On fait une échographie rénale pour voir la taille des reins : elle diminue quand ils sont mal perfusés.

On fait aussi une artériographie des artères rénales.

b) Traitement :

Dilatation

Si ça ne marche pas : chirurgie (pontage).

4) L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE ESSENTIELLE :

Aucune cause particulière.

Représente 95% des cas.

Facteurs familiaux non héréditaires.

Traitement :

a) Règles hygiéno-diététiques :

– Régime sans sel

– Amaigrissement si surcharge pondérale

– Diminuer la sédentarité : effort physique (marche)

– Diminuer le stress 

b) Traitement médical :

– Bêtabloquants ++

– Diurétiques : pour les sujets âgés ++

Surveiller :

– la déshydratation

– l’hypokaliémie

– Inhibiteurs calciques : pour diminuer la tension artérielle

– Inhibiteurs de l’enzyme de conversion : diminuent la production de rénine-aldostérone.

– Anti-hypertenseurs centraux pour les femmes enceintes : effet non tératogène.

Ils agissent sur le système nerveux central.

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