Examen clinique de l’oreille

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Introduction :

L’exploration de la membrane tympanique s’est heurtée, dès le départ, aux inévitables angles morts et aux difficultés d’éclairage.

Le microscope opératoire a permis pendant 50 ans des progrès décisifs, mais c’est véritablement avec l’arrivée des tiges endoscopiques que le méat auditif externe et le tympan ont été le mieux explorés.

Actuellement, le microscope binoculaire, mais surtout les tiges optiques rigides, selon le procédé de Hopkins, permettent l’observation de la membrane tympanique, quelles qu’en soient les difficultés, du méat auditif externe (étroitesse et bombement de la paroi antérieure).

Le rôle de l’endoscope est multiple : il représente tout d’abord un simple outil diagnostique, mais il est aussi un instrument majeur pour l’exécution de certains gestes au niveau du conduit auditif externe : élimination de débris cérumineux, aspiration lors d’une otorrhée.

Sa fabrication, élaborée à partir de barres optiques de diamètre et de longueur différents, couplées ou non à l’utilisation d’une microcaméra, confère à l’otologiste une grande qualité d’images et de sécurité.

L’examen otoscopique se trouve ainsi placé à la base de tout diagnostic otologique.

Examen clinique :

A – INTERROGATOIRE :

Examen clinique de l’oreilleAvant tout examen otoscopique, il est capital de procéder à un examen clinique méthodique dont la première phase passe par l’interrogatoire du patient.

Il nous renseigne sur les circonstances de survenue, les antécédents et la description des troubles dont se plaint ce dernier.

Mais il nous permet aussi de prendre en compte les facteurs étiologiques marquants comme : traumatisme, traitement antibiothérapique ototoxique, etc.

De même, l’âge, la profession et l’hygiène de vie du patient sont autant d’éléments importants à enregistrer.

B – SIGNES D’APPEL :

– Le symptôme le plus fréquemment décelé sans aucune difficulté reste l’otalgie.

Elle est susceptible d’indiquer une cause éloignée d’affection de l’oreille.

– Les écoulements aussi peuvent être nombreux et revêtir des formes différentes.

Ils sont muqueux, mucopurulents, visqueux, opaques, s’étirant en filaments, ou encore franchement purulents avec une abondance variable.

Une forte abondance rend l’examen otoscopique difficile en période de réchauffement et nécessite au préalable un traitement antibiotique de 10 jours pour obtenir un bilan plus précis.

– Les acouphènes, les vertiges ou une surdité brusque imposent obligatoirement l’examen otoscopique.

– Il en est de même pour la paralysie faciale périphérique, quel que soit son degré.

C – INSPECTION :

1- Région auriculaire :

L’examen clinique du pavillon et du méat auditif constitue un premier abord, à la recherche d’une malformation ou de lésions cutanées telles une dermite ou encore la présence de vésicules pouvant diagnostiquer un zona.

L’examen du pli rétro-auriculaire peut nous amener à suspecter une mastoïdite : il est alors déplissé et donne un aspect décollé au pavillon (signe de Jacques).

Il est important de bien noter la couleur de son revêtement cutané qui nous indique son degré d’inflammation.

De même, une cicatrice dans la région du pli auriculaire peut être le témoin d’une tympanoplastie antérieure.

2- Tête :

Son examen est aussi riche d’enseignement :

– un effacement du pli nasogénien ou un signe de cils de Souques font suspecter une paralysie faciale débutante ;

– une couleur bleue de type sclérotique est révélatrice d’une maladie de Lobstein.

D – PALPATION :

Elle met en valeur spontanément les signes inflammatoires :

– au niveau du pavillon et en arrière, la pression du tragus est évocatrice d’une otite externe ;

– une disparition des nodosités mastoïdiennes à la palpation peut supposer un oedème précurseur d’une mastoïdite.

Examen otoscopique : outil diagnostique, oto-naso-pharyngoscope

Sur un patient ou chez le petit enfant le plus souvent en position assise, l’examen otoendoscopique de l’oreille est conduit au moyen d’un endoscope de 4 mm de diamètre, de 0° d’angle et de 110 mm de long, quelquefois au moyen d’un endoscope de 2,7 mm de diamètre et de 0° d’angle.

Il est parfaitement indolore.

Le praticien se préoccupe de tremper l’extrémité de la lentille dans un liquide antibuée, pour une meilleure qualité d’images durant l’examen.

La progression de l’optique se fait alors sous contrôle de la vue, au travers du méat auditif externe.

Si l’on utilise un appareil photographique, l’avancement de l’endoscope est alors suivi dans le viseur d’un dépoli.

De même, si l’endoscope est couplé à une caméra vidéo, son avancement est suivi sur un moniteur de contrôle.

L’oto-naso-pharyngoscope est alimenté grâce à une source à lumière froide, d’une puissance de 150 watts, reliée par un câble à lumière froide.

A – DÉCONTAMINATION DE L’ENDOSCOPE :

Nous insistons tout particulièrement sur ce domaine de la désinfection des endoscopes.

En effet, les pratiques de désinfection ne sont pas toujours réalisées avec la rigueur et le souci de la qualité nécessaires.

Les conséquences peuvent en être néfastes à la santé des patients, tout autant qu’à celle du personnel soignant.

L’endoscopie interventionelle ou exploratrice est aujourd’hui en plein essor.

Cependant, même si les avancées permises sont grandes, les risques encourus existent.

De nombreuses infections sont rapportées chaque jour dans la littérature, liées à des bactéries comme la salmonelle, les pyocyaniques ou les mycobactères, ou encore à des virus de type hépatite B ou C, ou même le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Bien évidemment, les chiffres avancés manquent de recul, mais le réseau national de la Santé estimait récemment qu’un quart des nouveau cas d’hépatite C non liés à la toxicomanie pourraient être en rapport avec un geste endoscopique.

C’est dire l’importance que nous nous devons d’accorder aux procédures de désinfection et à leur respect rigoureux.

Ces mesures, bien sûr, sont d’autant plus importantes qu’il s’agit d’endoscopie chirurgicale, ce qui ne doit pas pour autant nous laisser manquer de vigilance dans le cadre de l’endoscopie clinique.

Les endoscopes doivent être désinfectés après chaque examen, en respectant les étapes et les temps de trempage préconisés.

Le but de ces recommandations est d’éviter et de prévenir la transmission des infections exogènes par apport de gènes étrangers à l’hôte lors de l’endoscopie.

Ce traitement comporte cinq étapes.

– Traitement préliminaire.

Il doit intervenir le plus rapidement possible après la fin de l’acte, et vise à éliminer les souillures visibles.

Il s’agit d’un essuyage externe avec des compresses stériles de l’endoscope et un rinçage à l’eau du réseau.

Son nettoyage est ensuite effectué à base d’un produit non aldéhydique impérativement détergent : Phagozymet par exemple pendant 15 minutes. Un lavage manuel est alors recommandé afin de libérer l’endoscope de toute souillure.

La solution détergente du bain est fréquemment changée et renouvelée pour chaque usage.

– Rinçage.

Il vise à débarrasser la tige optique de toute trace de détergent pouvant interférer avec le produit de désinfection. Il est pratiqué après le nettoyage.

L’eau du réseau suffit et le rinçage s’effectue sous le robinet, avec une forte pression.

– Désinfection.

La désinfection se fait par trempage de l’endoscope dans la solution détergente de glutaraldéhyde à 2 % Stéraniost pendant un temps au moins égal à 20 minutes.

Elle a pour but d’éliminer ou de désactiver les micro-organismes ou les virus indésirables portés par des milieux contaminés.

La fréquence du renouvellement de l’eau du bac est fonction de son utilisation et du nombre d’endoscopes désinfectés.

En moyenne, elle est changée toutes les 24 heures.

Il est bien sûr, après ce traitement rigoureux, exclu de procéder à tout autre acte de décontamination supplémentaire pour les patients atteints du virus VIH, mais il est préférable d’examiner ces patients en début de séance d’endoscopie.

Concernant les prions (maladie de Creutzfeldt-Jakob [MCJ]), il existe une procédure recommandée et spécifique après contact présumé avec le patient porteur de cette maladie.

– Rinçage terminal.

Il a pour utilité d’éliminer toute trace de produit désinfectant et de protéger l’endoscope de toute altération due aux produits détergents.

Il se pratique avec l’eau du réseau.

– Séchage.

L’endoscope est séché à l’air médical.

Le temps total de désinfection est donc de 40 minutes au total et au minimum.

Son stockage doit être fait dans un endroit propre et sec.

Il convient d ‘éviter les mousses des mallettes de rangement et de leur préférer un support fourni par le fabriquant que l’on a aussi gardé à l’abri de toute source de contamination.

Nous recommandons, lors du début de la séance d’endoscopie, alors que l’endoscope a séjourné plus de 12 heures dans son support, un léger trempage de 10 minutes dans la solution de désinfection.

Cependant, le risque semble faible, car il n’y a pas de canal opérateur dans les endoscopes et le geste est invasif.

B – MÉTHODES OU TECHNIQUES DE L’EXAMEN OTOENDOSCOPIQUE DIAGNOSTIQUE :

1- Matériel :

Le spécialiste oto-rhino-laryngologiste (ORL) peut se servir :

– soit d’une optique 0° d’angle de vision oto-naso-pharyngoscope précédemment décrite, reliée à une source lumineuse par un câble à lumière froide.

C’est l’optique « passe-partout » qui peut convenir à la plupart des méats auditifs externes ;

– soit d’un microscope binoculaire muni d’une focale de 200 ou de 250 mm.

2- Installation :

L’examen otoendoscopique se fait de préférence sur un patient assis, voire en décubitus dorsal si l’examen se fait au moyen d’un microscope binoculaire.

L’éclairage est important et doit être suffisamment adapté : plus rarement aujourd’hui, le miroir de Clar est encore employé avec un spéculum auris.

Pour l’enfant ou le nourrisson, nous pouvons utiliser un spéculum otoscopique avec une loupe pédiatrique. Le praticien se tient face ou à la droite du patient pour procéder à l’examen de l’oreille droite ou gauche invariablement.

3- Technique :

La lentille optique a été précédemment nettoyée avec un liquide antibuée et l’optique est alors descendue dans le méat auditif externe par une main, l’autre main exerçant une ligne de traction postérieure du pavillon de l’oreille vers l’arrière et vers le bas.

Le spécialiste a pris soin de mettre le patient en situation de recevoir l’endoscope sans geste intempestif brusque, dans le but d’éviter de toucher aux parois du conduit auditif externe ou encore à la paroi tympanique.

Pour le petit enfant de 3 ans, nous conseillons l’aide d’une tierce personne pour un bon déroulement de l’examen.

Aucune forme d’anesthésie locale n’est nécessaire ; l’emploi régulier et contrôlé de l’optique est parfaitement indolore, même chez le tout-petit.

L’avancement de l’optique se fait sous contrôle de la vue, dans le viseur d’un appareil photographique ou sur écran de contrôle, selon les besoins du spécialiste.

L’endoscope fournit aussi des clichés photographiques en vue de la réalisation de banque de données comparatives et thérapeutiques (études des poches de rétraction), des images plein écran, et une sûreté totale de diagnostic.

Il autorise aussi le premier geste thérapeutique au cabinet par l’aspiration du conduit auditif externe.

L’emploi d’une micropince sous son contrôle devient alors réalisable avec un minimum de pratique et d’entraînement.

Dans le cadre d’une otoendoscopie sous microscope binoculaire, l’examen est mené de façon traditionnelle après introduction d’un spéculum de taille adaptée sur un patient allongé le plus souvent.

Le grossissement de 6 ou de 10 de préférence est nécessaire, car il offre une liberté de manoeuvre pour nettoyer, aspirer et pénétrer au niveau du conduit et de la caisse.

Données de l’examen otoendoscopique :

A – MÉAT AUDITIF EXTERNE :

1- Examen normal :

Dans son état normal, le conduit ne se présente pas comme un cylindre rectiligne mais décrit une angulation avec des variations de diamètre.

Il est cartilagineux dans sa partie externe, puis osseux.

Il se rétrécit au niveau de l’isthme.

Sa peau s’amincit au fur et à mesure de la progression de l’optique, jusqu’à n’atteindre qu’une seule couche épidermique sur la membrane tympanique.

Il est recouvert de poils et contient des glandes cérumineuses.

2- Examen pathologique :

* Otites externes :

Elles peuvent être d’origine microbienne, ou plus rarement virale, associées à un oedème du conduit et une suppuration.

Le Staphylococcus aureus et le Pseudomonas aeruginosa en sont souvent la cause.

L’aspect verdâtre de l’otorrhée est en faveur de ce dernier.

Elles sont aussi parfois d’origine mycosique ; l’aspect prend alors une couleur blanchâtre, avec des dépôts noirs qui évoquent un

Aspergillus niger.

En l’absence d’aspect significatif, on prélève alors au moyen d’un écouvillon stérile un échantillon pour la recherche d’éléments mycéliens.

* Bouchon de cérumen :

Il peut représenter un risque de perforation et est ramolli par des produits solvants et antiseptiques : Sterlanet, avant son aspiration sous microscope, mais le plus souvent il est enlevé très facilement sous endoscope et au contrôle de la vue.

Dans les cas difficiles, on préconisera des gouttes type Cérulyset.

Son exérèse doit toujours être suivie d’un examen rigoureux de l’oreille.

* Otorrhée chronique :

Le plus souvent, son examen comporte une aspiration au travers du spéculum ou au moyen d’une optique.

Pour les otorrhées récidivantes après plusieurs traitements antibiotiques, un prélèvement est conseillé.

Il peut mettre en évidence soit un Pseudomonas aeruginosa anaérobie, une tuberculose, ou encore une mycose.

Il peut aussi révéler un polype masquant la membrane tympanique et qui est enlevé à la pince, nitraté et/ou biospsié.

* Malformations anatomiques :

Il s’agit le plus souvent d’un rétrécissement du conduit, ou encore d’un bombement de la paroi antérieure qui gênent la vision antérieure du tympan.

Dans ces cas précis, il est plus commode d’utiliser l’optique de 2,7 mm de diamètre et de 0° d’angle pour avoir une vue de la membrane tympanique.

* Pathologie tumorale :

La présence de tumeurs dans le conduit auditif externe rend difficile son examen.

Elles peuvent soit s’être développées dans le conduit lui-même, soit provenir encore de la caisse dans les cas de cancers et de paragangliomes.

La plupart du temps, elles sont masquées par une otorrhée concomitante.

B – MEMBRANE DU TYMPAN (MEMBRANA TYMPANI) :

1- Examen normal :

Le tympan est normalement constitué d’une membrane fibreuse de couleur grise et élastique qui sépare le méat auditif externe de la cavité tympanique.

Ses reliefs les plus importants sont portés par le marteau.

Le manche est solidement enchâssé dans la couche fibreuse de la pars tensa et la proéminence malléaire (proeminentia mallearis) est en saillie.

L’extrémité spatulée du marteau est plus aplatie et entraîne une dépression que l’on appelle l’umbo.

Sur son contour, l’annulus est représenté par un anneau blanc fibreux et cartilagineux.

Il borde la pars tensa et la relie solidement à l’os temporal.

En avant et en bas, sous la lumière, se distingue le cône lumineux de Politzer.

La pars flaccida est la portion de membrane du tympan située audessus des ligaments malléaires antérieur et postérieur, moins rigide que la pars tensa.

Elle présente, en regard du col du marteau, une fente noire de petite dimension : le foramen de Rivinus.

2- Examen pathologique :

* Perforation tympanique :

Elle représente une solution de continuité et crée une communication entre l’oreille externe et l’oreille moyenne.

L’endoscope permet d’apprécier son siège, son étendue et la notion ou non de marginalité.

Il faut différencier les perforations traumatiques de celles de l’otite chronique simple.

Pour les premières, les bords sont déchiquetés et l’aspect du fond de la caisse est normal.

Pour les perforations séquellaires, on note la présence de plaques de tympanosclérose ou de zones d’atrophie.

L’optique permet aussi de vérifier l’état de la chaîne ossiculaire (lyse de la branche descendante de l’enclume, absence de tête de l’étrier).

* Poches de rétraction :

Il s’agit en fait d’une entité otoscopique. Une partie de la membrane n’est plus dans le plan anatomique de référence.

Trois critères sont à étudier :

– leur siège : sont-elles marginales ou non ?

Il s’agit la plupart du temps de poches de rétraction postérosupérieures ou de poches épitympaniques ;

– la qualité de l’épiderme de recouvrement : est-il dyskératosique ou non ?

– l’éventualité d’une adhérence de ces poches par rapport aux osselets ou au rebord osseux sous-jacent.

L’optique à 30° d’angle apporte ici un complément d’information précieux et permet un bilan plus précis des limites des poches.

* Cholestéatome :

Il apparaît de forme blanchâtre à l’otoscopie, plus ou moins limité, de consistance molle et friable.

Il peut arriver que son diagnostic soit rendu plus difficile par la présence d’otorrhée ou de polype sentinelle.

Dans les cas rares de cholestéatomes congénitaux, il apparaît masqué par la membrane tympanique encore intacte ou alors, lorsque son extension est plus importante, soulevant celle-ci.

* Tympans rétractés :

Le tympan n’est plus situé dans un plan anatomique de référence mais en dedans de celui-ci et vers la cavité tympanique.

L’atélectasie peut alors être centrale ou excentrée.

À l’otoscopie, le tympan est atrophique et transparent.

Nous conseillons d’étudier :

– son siège ;

– la qualité de son épiderme de recouvrement (poche dyskératosique) ;

– l’adhérence de la poche de rétraction par rapport au rebord osseux.

* Tympans accolés :

Ils apparaissent comme modifiés par leur position, leur coloration et leur mobilité.

Il s’agit soit d’une oreille atélectasique de stade IV (SADE), soit d’une otite adhésive de forme évolutive rare (otite séromuqueuse [OSM]).

Elle réalise une symphyse conjonctive tympanopromontoriale.

Le tympan est accolé, de couleur gris-blanc, et globalement rétracté.

* Pathologies otitiques :

+ Otites moyennes aiguës :

Le tympan est la vitrine de la cavité tympanique et son examen doit être méthodique, quadrant par quadrant.

Sa couleur, sa texture et sa rigidité sont des données aussi importantes pour son bilan de santé.

Il témoigne de l’état du rhinopharynx.

L’examen des otites moyennes aiguës (OMA) a un intérêt diagnostique mais aussi thérapeutique, selon le stade évolutif de l’otite.

À son stade catarrhal, la vascularisation tympanique est en augmentation.

À son stade congestif, on observe une perte de la transparence du tympan, avec une disparition partielle des reliefs.

Enfin, à son stade ultime et suppuratif, le tympan est bombé et prêt à se rompre.

Seul est visible le relief de l’apophyse externe du marteau.

Parfois, l’enfant est vu au stade d’otorrhée avec perforation du tympan.

Les premiers signes cliniques peuvent être un semis de pétéchies où s’associe une bulle (otite phlycténulaire) claire ou hémorragique.

+ Otites séromuqueuses :

Leur diagnostic montre un tympan jamais normal mais épaissi, dépoli, parcouru de stries vasculaires, ou légèrement bombé.

Lors de l’évolution, le tympan peut apparaître atrophique, très rétracté, et présentant un aspect d’atélectasie de l’oreille moyenne.

* Pathologie tumorale :

On observe alors soit des paragangliomes tympaniques et jugulaires, avec un aspect « lie-de-vin » du tympan et des battements de surface vasculaires, soit, de façon rare et trompeuse, une anomalie de trajet de la carotide interne, et dans ce cas, la tuméfaction n’est pas pulsatile et n’infiltre pas le tympan.

Enfin, de manière plus exceptionnelle encore, on observe une tumeur maligne de l’oreille avec un aspect otoscopique masqué par une otorrhée et la présence de tissus bourgeonnants.

Nous conseillons dans ce cas de biopsier.

Exploration dynamique :

A – MOBILITÉ TYMPANO-OSSICULAIRE :

L’envoi d’air au moyen du spéculum de Siegle et à l’aide d’une petite poire renseigne le spécialiste sur l’état du tympan et sur la mobilité de la chaîne ossiculaire.

La mobilité diminue en raison des infiltrations des plaques de tympanosclérose.

En présence d’un tympan normal, la chaîne ossiculaire est alors fixe et le manche du marteau immobile.

Cette manoeuvre peut provoquer une sensation de vertige, avec apparition d’un nystagmus horizontal battant vers le côté examiné : il existe alors un signe de fistule.

La recherche de ce signe doit être impérative lors de l’examen de toute otite chronique.

Elle se retrouve aussi en présence d’un cholestéatome et doit faire l’objet de recherche en cas de traumatisme crânien ayant entraîné des vertiges.

B – PERMÉABILITÉ DU TUBE AUDITIF :

Il existe deux manoeuvres efficaces qui permettent de qualifier la perméabilité tubaire :

– manoeuvre de Valsalva : elle est bien connue des adeptes de plongée sous-marine, puisqu’elle consiste à faire passer l’air dans la caisse par le tube auditif en exécutant une expiration forcée, bouche et nez fermés ;

– manoeuvre de Toynbee : il s’agit en fait d’une déglutition, narines et bouche fermées, qui entraîne une pression négative dans l’oreille, avec impression du tympan rétracté et audition diminuée.

Exploration de l’audition :

A – INTÉRÊT DE L’ACOUMÉTRIE :

Elle se pratique au cabinet du médecin avec trois diapasons dont les fréquences sont 256, 512 et 1 024.

C’est un examen simple et fondamental qui donne l’orientation d’un premier diagnostic, mais surtout qui permet d’éviter certaines erreurs à ce stade de l’exploration selon le type de surdité.

Les branches vibrantes sont placées à 10 cm du pavillon de l’oreille et l’on envoie simultanément plusieurs fréquences.

La réaction de chaque oreille à ce type de stimuli sonores et à chaque fréquence renseigne le praticien sur le type probable de surdité du patient.

L’oreille la plus sourde est mise en évidence.

B – RÉSULTATS DE L’ACOUMÉTRIE :

Il existe de nombreux tests pratiqués par l’acoumétrie.

1- Test de Rinne :

Il compare la conduction osseuse relative (COR) à la conduction aérienne (CA).

Le pied du diapason mis en vibration est appliqué sur la mastoïde (COR).

Devant l’absence de signe, on présente les branches vibrantes devant le pavillon de l’oreille (CA).

Normalement, le son est entendu et on obtient alors un Rinne positif (CA > COR) ou nul.

Lorsque le CA est diminué et que le diapason n’est pas entendu (CA = COR), on dit le Rinne négatif.

2- Test de Weber :

Il s’agit là d’un test capital pour tout renseignement sur la surdité d’un patient.

Le pied du diapason est appliqué sur le front ou le vertex, avec une vibration de fréquence 256.

La perception de bourdonnements se fait par la voûte osseuse crânienne.

Normalement, les vibrations sont perçues indifféremment par les deux oreilles.

Si, cependant, le sujet ne distingue pas le côté percevant le son, l’examen est dit indifférent.

Dans le cas d’une surdité unilatérale, le son est évidemment perçu sur une seule oreille.

On dit alors qu’il y a latéralisation avec, du côté sain, une surdité de perception et, du côté lésé, une surdité de transmission.

3- Autres tests :

* Test de Schwabach : mesure de conduction

Le diapason vibre sur l’apophyse mastoïde.

La durée de perception est allongée dans les surdités de transmission et raccourcie dans les surdités de perception.

* Test de Bing : conduction osseuse absolue

Il s’agit de procéder comme pour le test de Schwabach, mais en obturant le méat auditif.

Les résultats normaux montrent une conduction osseuse absolue (COA) supérieur au COR.

Dans les cas de surdité de transmission, le son est non perçu, principalement en raison du blocage de l’étrier (COA = COR).

* Test de Bonnier :

Le diapason est placé sur la rotule.

Le test normal ne permet pas la perception du son, sauf en cas d’ankylose de l’étrier.

* Test de Gellé :

Le test de Gellé est dit positif lorsque la compression d’air dans le conduit par le spéculum de Siegle diminue l’audition d’un diapason sur la mastoïde.

Le tympan est bloqué avec la chaîne ossiculaire.

Il est dit négatif quand la compression n’influe pas (ankylose de l’étrier) sur l’audition par la voie mastoïdienne.

* Test de Lewis-Federici :

Il constitue une extrapolation du test de Gellé.

Il compare la compression osseuse relative, diapason sur la mastoïde, à la perception tragienne, diapason obturant par son pied le méat auditif.

Seule l’ankylose de l’étrier permet une perception mastoïdienne supérieure ou égale à la perception tragienne.

Le test de Lewis est alors dit positif.

Conclusion :

L’examen otoscopique est donc fondamental car il va permettre d’établir un bilan lésionnel et fonctionnel.

L’apport de l’endoscopie dans cette première approche est essentiel, car elle fournit au praticien une banque de données de renseignements et la possibilité d’effectuer un premier geste thérapeutique.

Elle confère aussi au spécialiste une grande sûreté de diagnostic.

L’examen doit toujours être précédé d’un interrogatoire précis et d’un examen clinique de la région auriculaire.

Il obéit à un protocole rigoureux et doit être documenté par la prise de clichés photographiques à visée comparative.

Ces clichés permettent de suivre l’évolution des différents aspects présentés par le méat auditif externe ou le tympan dans leur forme pathologique.

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