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Radiothérapie

On utilise en radiothérapie deux types principaux de radiations :
– les photons (X ou y), qui agissent en profondeur et permettent de traiter des tumeurs profondes.
– les électrons, qui pénètrent moins profondément les tissus, et permettent de traiter des tumeurs superficielles.
• L’action des radiations ionisantes est due à une cascade d’événements.
• Les effets secondaires sont précocement observés pour les tissus à renouvellement rapide, et tardivement observés pour les tissus à renouvellement lent.

Le but de la radiothérapie est d’utiliser les radiations ionisantes à visée thérapeutique, afin de détruire les cellules cancéreuses. La radiobiologie étudie les effets des radiations sur les cellules normales et tumorales. Son but ultime, en clinique, est de permettre l’amélioration de l’efficacité des radiations sur les tumeurs et de minimiser les effets secondaires sur les tissus sains traversés par les radiations ionisantes.

Notions radio-biologiques :

Mécanismes d’action des radiations ionisantes Les effets biologiques d’une irradiation sur les tissus sont l’aboutissement d’une chaîne de phénomènes déclenchés par le passage du rayonnement. Les événements initiaux sont des ionisations (éjection d’un électron) ou des excitations (passage d’un électron sur une couche d’énergie supérieure), provoquées par l’interaction des radiations avec les atomes des molécules. Ces modifications physiques entraînent des effets physico-chimiques puis chimiques, avant d’aboutir à un effet biologique. Les différentes étapes de cette action biologique finale ont des temps très différents, très courts pour les étapes physico-chimiques, plus longs pour les effets biologiques.

ACTION SUR LA CELLULE :

  1. Différents sites d’action :

Les lésions cellulaires élémentaires se font à 3 niveaux. Au niveau du noyau, l’ADN représente la principale cible de l’action des radiations sur la cellule. La molécule d’ADN est lésée directement par les électrons ou indirectement par les radicaux libres, formés à partir de la radiolyse de l’eau sous l’influence des photons (fig. 2). Il peut s’agir de lésions des bases ou des sucres, de pontages, ou surtout de ruptures de chaînes, ruptures simples lorsqu’un seul brin d’ADN est rompu, ou ruptures doubles, lorsque les deux brins sont rompus. Classiquement, une dose d’irradiation de 1 Gy induit 40 lésions double brin, de 500 à 1 000 lésions simple brin, 1 000 à 2 000 lésions des bases et environ 200 pontages. Les lésions double brin sont souvent létales pour la cellule. L’irradiation agit au niveau de la membrane cellulaire sur la perméabilité et en induisant des chaînes de réactions encore incomplètement connues, par l’intermédiaire de la dégradation des phospholipides (peroxydation lipidique). L’irradiation agit au niveau du cytoplasme sur les ribosomes et les mitochondries. Ce site d’action semble peu important.

  1. Mort cellulaire :

Les lésions dues aux radiations, dites radiolésions, peuvent entraîner la mort cellulaire aussi bien pour les cellules normales que cancéreuses. Cependant, les radiolésions peuvent être réparées, dans certaines conditions, par des enzymes contenues dans la cellule, et empêcher ainsi la mort cellulaire. Ces systèmes enzymatiques hautement performants dans les cellules saines le seraient moins dans les cellules tumorales.

  1. Facteurs influençant l’effet des radiations :

Doses de tolérance des tissus sains, doses nécessaires à la stérilisation des tumeurs :

Il est important de connaître les doses de tolérance de chaque organe ou tissu. En effet, lorsqu’on veut irradier et détruire une tumeur qui, le plus souvent, est profonde et entourée de tissus sains, on irradie obligatoirement ces tissus sains. Dans la technique d’irradiation choisie, on respecte les doses de tolérance de chaque organe sain. On peut délivrer de fortes doses sur une partie d’un organe, et une dose beaucoup plus faible sur la totalité de cet organe. Ainsi la moelle épinière tolère 45 Gy, le parenchyme pulmonaire 70 Gy sur un petit volume et 20 Gy sur un poumon entier. On connaît également la dose nécessaire à la stérilisation d’une tumeur, qui dépend de la tumeur considérée (radiosensibilité propre), et du volume de cette tumeur. Ainsi, schématiquement, un séminome du testicule est détruit par une dose de 30 Gy, une maladie de Hodgkin par 40 Gy, un cancer du sein par 50-60 Gy, un petit cancer ORL par 60 Gy, un très volumineux cancer ORL par 70-80 Gy. Il semble qu’une dose de plus de 100 Gy serait nécessaire à la destruction d’un gliome.

Principaux effets secondaires :

Les effets secondaires sont en fait souvent le « prix à payer » de la guérison. Leur gravité varie selon l’organe considéré et leur fréquence est de plus en plus faible avec l’amélioration des techniques d’irradiation. Le principal facteur à considérer est la tolérance limitée des organes sains situés dans le volume à irradier : la plupart des tissus sains sont lésés pour une dose type de cancers secondaires (rares) chez les survivants à long terme (maladie de Hodgkin par exemple), dont le risque d’apparition est lié notamment au volume d’irradiation et aux thérapeutiques associées (chimiothérapie). Les effets déterministes, apparaissent pour une dose seuil et leur sévérité est dose dépendante. Il s’agit des effets tissulaires, à traduction clinique immédiate ou différée. Parmi les effets déterministes, on doit différencier les effets précoces (transitoires et réversibles, attendus et inévitables, dont le patient sera prévenu, survenant au cours du traitement et dans les 6 premiers mois qui suivent) et les effets tardifs (définitifs, survenant après 6 mois, et pouvant être observés après un délai parfois de 10 ans, qu’on cherche à minimiser car ils peuvent handicaper le confort de vie du patient). Il n’y a pas de lien direct systématique entre les effets aigus et la gravité potentielle des séquelles tardives. L’intensité des effets des rayonnements ionisants est liée à la proportion de cellules saines détruites. Cette mort cellulaire se traduit par une diminution de la fonction de l’organe auquel ces cellules appartiennent. Les cellules survivantes peuvent heureusement compenser ces effets, si les cellules souches ont survécu et peuvent proliférer. L’intensité des réactions aiguës est liée à la dose totale délivrée pendant l’irradiation, et non à la dose délivrée par fraction, à l’inverse des réactions tardives. Pour une dose totale équivalente, les réactions aiguës augmentent si la durée totale du traitement est diminuée. L’effet clinique n’apparaît qu’à partir d’une dose seuil, correspondant à un taux de dépeuplement cellulaire responsable d’altérations de la fonction de l’organe irradié. Le délai d’apparition des lésions dépend directement de la vitesse de prolifération d’une cellule. Si le temps de division (ou de renouvellement) d’une cellule est de 2 jours, les lésions apparaissent très précocement. Si ce temps de division est de 6 mois, les lésions sont tardives. Ainsi, l’irradiation de la cavité buccale donne-t-elle des réactions aiguës (atteinte muqueuse d’un tissu à renouvellement rapide) et des réactions tardives (atteinte du tissu conjonctif et des parois vasculaires, tissus à renouvellement lent). Les lésions tissulaires vont conjuguer des atteintes des tissus de soutien et des atteintes des tissus fonctionnels, expliquant la diversité des types de réactions observées en fonction des organes irradiés, et la variabilité du délai d’apparition. La sensibilité aux radiations peut varier d’un individu à l’autre. La sensibilité aux radiations est également influencée par les antécédents des patients (brides intestinales, chirurgies délabrantes) et d’éventuelles tares viscérales (diabète, athéromatose sévère, tabagisme…), pouvant fragiliser les tissus irradiés. Les principaux effets secondaires, précoces et tardifs.

Conclusion :

Les progrès technologiques ainsi que l’augmentation des connaissances biologiques permettent d’optimiser l’efficacité de la radiothérapie et de réduire les effets secondaires, afin d’augmenter le taux de guérison sans séquelles du cancer.n Les auteurs tiennent à remercier Gérald Raverot, interne des hôpitaux de Lyon, pour son aide précieuse à la rédaction du manuscrit.

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