Asphyxies mécaniques

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Définition – Généralités :

Asphyxies mécaniquesLe médecin praticien sera peut-être amené à examiner un sujet mort par asphyxie mécanique, il lui faudra établir le diagnostic et préciser la nature et les circonstances de décès

Quatre grandes étiologies sont habituellement rencontrées :

– La suffocation

– La pendaison

– La strangulation

– La submersion

L’asphyxie au sens étymologique du mot signifie « absence de pouls » .

Paul BERT définit l’asphyxie comme étant la suspension des phénomènes respiratoires, c’est l’arrêt de I’absorption d’oxygène et de l’exhalation de gaz carbonique.

Cette asphyxie peut-être due à diverses causes , et les asphyxies mécaniques relèvent d’un obstacle sur les voies respiratoires.

Physiopathologie :

Il existe quatre types d’anoxies :

  • Anoxie de ventilation :elle se trouve réalisée, lorsque la pression de l’oxygène baisse dans l’air ambiant, car la saturation de l’hémoglobine dans le ang artériel diminue. Soit par obstruction ou compression mécanique des voies respiratoires. Soit lorsqu’il existe un trouble de la dynamique respiratoire. Et enfin lorsqu’il existe une entrave aux échanges gazeux pulmonaires.
  • Anoxie circulatoire et anoxie de stase :elles sont dues à un trouble de la grande et de la petite circulation, congestion ou apoplexie pulmonaire, embolies ou thrombose des artères pulmonaires, insuffisances cardiaques, affections congénitales du coeur…
  • Anoxie anémique :par diminution quantitative ou qualitative de l’hémoglobine, intoxication au CO, anémie hypochrome.
  • Anoxie tissulaire :elle résulte soit de la chute de la tension différentielle artéro­véneuse de 02, soit de l’inhibition des ferments oxydants intracellulaires qui empêchent l’utilisation de l’oxygène par la cellule. ( intoxication au cyanure

Clinique :

L’évolution du syndrome asphyxique se fait en quatre phases cliniques dont la durée est variable

1- La première phase : est dite cérébrale et se traduit par :

  • Des troubles sensoriels à type de diminution des acuités visuelles et auditives, des éblouissements, des bourdonnement d’oreille …
  • Des troubles moteurs : asthénie musculaire
  • Des troubles de la conscience

Une polypnée superficielle

2- La deuxième phase : est la phase d’excitation médullaire et corticale (excitation des centres nerveux) :

  • Convulsions généralisées
  • Sueurs abondantes
  • Emission d’urine et érection
  • Mydriase bilatérale reactile.

3- La troisième phase : est celle de l’arrêt respiratoire, succédant à une phase de bradypnée.

4– la quatrième phase est celle de l’arrêt cardiaque, après une phase de tachycardie.

C’est l’état de mort apparente. Il est encore possible de réanimer le sujet, car lélectrocardiogramme montre une activité électrique.

Et enfin, l’arrêt cardiaque vrai qui est la phase terminale. La durée totale de ces phases est variable, dépendant du mode dinstallation de l’asphyxie, chez l’adulte sain normal, la mort survient après sep minutes environ.

Formes étiologiques :

Lasphyxie mécanique peut être provoquée par

1- L’occultation des orifices respiratoires(suffocation faciale )

2- Par lobstruction des voies respiratoires : il y a suffocation lorsque l’obstruction est due à un corps étranger introduit dans les voies aériennes, submersion si elle est réalisée par un liquide ; enfouissement s’il s’agit d’un milieu pulvérulent ; par ailleurs, l’obstruction peut être aussi due à un oedème du poumon suit à une intoxication gazeuse, ou par vapeurs caustiques.

3- Par la compression des conduits aériens : strangulation à la main ou au lien

4- Par la compression ou la perforation des parois thoraciques

5- Par confinement dans un espace clos.

Diagnostic médico-légal :

Les lésions constatées sont essentiellement des lésions congestives et hémorragiques localisées au niveau de tous les viscères, mais principalement au niveau des poumons.

a) Les lésions externes, elles sont directement accessibles au médecin qui pratique l’examen externe du cadavre. Au niveau du visage la cyanose est marquée, elle s’atténue dans les heures qui suivent la mort.

On peut parfois noter des ecchymoses sous-conjonctivales, parfois un chémosis et surtout, il existe un piqueté hémorragique sur la face, le cou les épaules ( pèlerine ecchymotique ).

b) Les lésions internes, retrouvées à l’autopsie, portent :

  • Sur les voies aériennes supérieures. Il existe un spume aérée sanglante, les muqueuses sont rouges, congestionnées.
  • Sur les poumons : ils sont sombres, violacés, très congestifs et oedématiés, gorgés de sang fluide et spumeux.

A la surface est parsemée de plaques saillantes, claires d’emphysème aigu sous-pleural saillantes, claires d’emphysème aigu caractéristiques sont les suivants :

* Fréquentes, elles apparaissent lorsqu’il y a lutte contre l’asphyxie.

* Elles sont arrondies ou lenticulaires de couleur Rubis, elles apparaissent sous la plèvre.

* Elles témoignent de l’hypertension artérielle pulmonaire.

* Elles résistent à la putréfaction.

sur les autres viscères : le foie, les reins sont congestifs.

Les cavités cardiaques droites sont gorgées de sang, les gauches sont vides.

Le cerveau présente des foyers de ramollissement.

Le sang est de couleur sombre, et reste fluide

c) Les lividités cadavériques :sont précoces et sombres, leur siège est parfois particulier et pathognomonique.

Enfin il faut savoir que l’ensemble de ces lésions n’est pas constant.

Les examens complémentaires :

*Le dosage du monoxyde de carbone dans le sang.

*Les examens anatomo-pathologies : à la recherche du signe d’AMUSSAT, mise en évidence de l’emphysème alvéolaire, mise en évidence des foyers de ramollissement au niveau du cerveau.

SUFFOCATION :

1/ DÉFINITION :

La suffocation est le type d’asphyxie pure, par blocage mécanique de la respiration.

2/ ÉTIOLOGIE :

Les causes sont nombreuses :

* Certaines portent sur les voies respiratoires :

– Occlusion au niveau des orifices respiratoires ( main, bâillon trop serré )

– Obstruction due à un corps étranger, à différents niveaux selon sa taille.

* Les autres portent sur les parois thoraciques :

– Compression externe des parois thoraciques

– Compression interne du poumon

– Perforation externe des parois thoraciques

– Perforation interne des poumons ( Pneumothorax )

Il existe donc des causes respiratoires, qui sont :

* L’occlusion de la bouche et des narines qui peut être réalisée de

diverses façons :

– accidentellement ( nourrisson )

-de façon criminelle, occlusion à la main ou au bâillon.

*L’obstruction des voies respiratoires, qui peut se faire à différents niveaux :

– Au niveau du larynx, par un corps naturel ou par un corps étranger.

Des causes thoraciques, ou compression thoracique que l’on retrouves chez les individus pris dans les paniques de foules, au cours des écroulements de maisons.

Des causes mixtes, les parts respectives de la compression et de l’obturation sont parfois difficiles à établir.

3/ MÉCANISME DE LA MORT :

L’obstacle à l’arrivée de l’air dans les poumons est ici le seul élément déterminant. Dans la suffocation la circulation n’est pas entravée, seule la ventilation pulmonaire est supprimée.

4/ EXPERTISE :

L’expertise aura à répondre à plusieurs questions :

– La mort est–elle due à la suffocation ?

On retrouve a l’autopsie des signes en faveur d’une asphyxie mécanique.

– Y a t t il eu suffocation provoquée ?

il faut rechercher les traces révélatrices de l’agent asphyxiant, coups d’ongles, excoriations, ecchymoses péribuccales, débris de plumes ou de tissu, particules diverse dans les voies aériennes.

Si l’on ne retrouve aucune trace d’agent suffocant, il faudra évoquer la possibilité d’une suffocation par compression

CONFINEMENT :

C’est une asphyxie dans une enceinte close, il s’agit généralement d’accidents, soit collectifs, soit individuels, il s’agit exceptionnellement de crimes ( entassement volontaire).

L’oxygène consommé n’est pas renouvelé, ce qui provoque un état d’hypercapnie qui aggravera la vasodilatation.

1l survient une cyanose croissante, un oedème pulmonaire, des pertes d’urines et de matières qui marqueront la chute de la conscience.

C’est une mort par anoxie pure, à l’autopsie on retrouve aucune autre lésion que celles de l’asphyxie.

LA PENDAISON :

1/ MÉCANISME SIMPLE OU COMBINÉ :

Obstacle circulatoire

Obstacle respiratoire

ou

Obstacle circulatoire

ou

Inhibition

ou

Obstacle + lésions médullaires

C’est la suspension passive du corps par un lien placé autour du cou et fixé à un point fixe.

Elle peut être complète pieds sans appui au sol, ou incomplète une partie du corps reposant sur un support.

2/ ÉTIOLOGIE :

1- Accidentelle :

Rare et souvent le fait d’enfant lors de jeux.

Mais elle peut également se rencontrer en accident du travail, ou lors de autoérotiques.

2- Homicides :

Rarissime–En revanche, la pendaison d’un cadavre peut être utilisée pour maquiller un crime.

On peut alors s’aider des phénomènes cadavériques pour établir le diagnostic différentiel.

3 Moyen de suicide fréquent, plus volontiers masculin.

 

Les liens employés peuvent être divers corde, ficelle, ceinture, bas, drap etc….

3/ EXAMEN :

dominé par la description de la lésion principale : le sillon de pendaison.

Le plus souvent, il est situé, au dessus du larynx, relativement horizontal à la face antérieur du cou, puis oblique sur les faces latérales, se dirigeant vers le noeud (à droite, à gauche ou derrière) où il disparaît.

Il est plus ou moins complet, selon le lien est lâche ou non.

Il reproduit la largeur du lieu sur la peau et se parcheminé en post-mortem

le diagnostic différentiel est à faire

– chez l’adulte : avec des plis du cou ( chez l’obèse par exemple ) ou l’empreinte d’un vêtement,

– chez le nouveau-né : avec une circulaire du cordon ombilical.

Le visage du pendu peut présenter des aspects différents–cyanosé ou non-langue porteuse ou non-conjonctives injectées + pétéchies = ou non.

Par ailleurs, sont à noter

– Sur le plan des phénomènes cadavériques

*la position des lividités.En effet, le pendu développe comme tout cadavre des lividités déclives.

Chez lui, elles se placent aux membres supérieurs des coudes à la pulpe des doigts, aux membres inférieurs des genoux aux pieds, dans les limites de temps habituelles.

Si le cadavre est « dépendu » très tôt, les lividités apparaîtront en situation compatibles avec la nouvelle position qui lui sera donnée

– Sur le plan traumatique

une éventuelle mobilité rachidienne et des ecchymoses aux coudes, talons toujours possibles si le défunt est proche d’un mur, ou de tout autre objet contondant ( convulsions de la phase 2 ) dans ce cas, les ecchymoses sont à discuter = épisode convulsif ou coups anté-mortem

LA STRANGULATION :

1/ MÉCANISME COMBINE :

Obstruction des voies aériennes

Compression des vaisseaux du cou

2/ ÉTIOLOGIE :

1- accidentelle

rare : accident de travail ( cravate coincée dans un roulement de machine ), accident de sport, jeux d’enfants.

2- Homicide

presque exclusivement.

C’est la strangulation à la main ou au lien, particulièrement

traumatisante en raison des efforts de défense de la victime.

3- Suicidaire

4- Exceptionnelle.

Encore qu’elle puisse se voir au moyen d’un garrot utilisé selon les méthodes des « strangulations supplices » espagnoles.

3/ EXAMEN :

dominé par les lésions cervicales qui peuvent être différentes selon le moyen utilisé.

1- Strangulation à la main :

– excoriation en coups d’ongles,

– ecchymoses « en forme » arrondies reproduisant parois la pulpe d’un doigt ou l’opposition des doigts (cf cours sur les blessures).

Ces strangulations s’accompagnent de la fracture des cartilages laryngés, de l’os hyoïde et de lésions traumatiques générales.

On observe souvent des tentatives de strangulation

manuelle lors des examens de victimes d’agression sexuelles ; l’apport de clichés radiologiques pour une recherche de fracture d’os est non négligeable : il faut le demander systématiquement dans ce cas.

2- Strangulation au lien :

Le sillon est classiquement complet ( contrairement à la pendaison ), horizontal et basi-cervical le plus souvent, et reproduit la largeur du lien. Il se parchemine en post-mortem.

Les lésions associées sont identiques aux précédentes.

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