Traitement antithrombotique

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Les traitements antithrombotiques, longtemps limités à l’héparine et aux antivitamines K (AVK), ont connu des développements importants qui aboutiront prochainement à la mise à disposition de nouvelles molécules. Cependant, aucune de ces molécules n’est disponible actuellement. La VIIe conférence de l’American College of Chest Physicians (ACCP) sur le traitement antithrombotique et thrombolytique a eu lieu en novembre 2004 à Phoenix en Arizona.

Traitement antithrombotiqueElle a permis de produire des recommandations nord-américaines (essentiellement d’origine canadienne), qui se sont largement généralisées en Europe et apportent des conduites pratiques fondées sur des preuves : comme dans les précédentes conférences sur le sujet, les grades de recommandations ont été établis en tenant compte de l’importance et de la précision du traitement, du risque de survenue de l’évènement à prévenir, du rapport bénéfice/risque du traitement, des préférences du patient et de la variabilité des ressources locales disponibles, des systèmes de soins et des considérations de coût. Ces recommandations ont la particularité d’être plus précises et plus détaillées que les précédentes concernant le traitement curatif de la maladie thromboembolique veineuse.

Cependant, en l’absence d’autorisation de mise sur le marché au moment de la rédaction et de la publication des textes, aucune nouvelle molécule n’est mentionnée dans ces recommandations. Le chapitre concerné traite de la maladie thromboembolique veineuse dans sa globalité en séparant les deux volets de cette pathologie en fonction du siège, (thrombose veineuse profonde (TVP), embolie pulmonaire (EP), thrombose veineuse superficielle (TVS)), et du contexte : traitement initial à la phase aiguë et traitement au long cours.

Il faut toutefois souligner que, si thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire ont été séparées, elles constituent une même maladie et partagent le plus souvent les mêmes recommandations. Par rapport à la conférence de consensus de 2001, les HBPM ont une place prépondérante et sont préférées à l’héparine non fractionnée (HNF) ; par ailleurs, les données concernant le traitement anticoagulant oral sont plus précises.

Deux notions nouvelles ont été apportées par cette conférence : la première intéresse le traitement antithrombotique des complications thromboemboliques veineuses au cours du cancer, avec une préférence nette en faveur du traitement prolongé par les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) ; la seconde concerne la zone d’hypocoagulabilité induite par les AVK, où la valeur cible de l’INR à 2,5 est préférée quelle que soit la durée du traitement sans tenir compte des risques hémorragiques lors des traitements prolongés. Enfin, nous avons inclus aussi les recommandations spécifiques à la femme enceinte.

Deux terminologies essentielles ont été employées, « nous recommandons », rendant la recommandation thérapeutique très forte et « nous suggérons » rendant la proposition thérapeutique faible, donc discutable et discutée en fonction du contexte clinique, du bon sens et du rapport bénéfice/risque pour le patient. Mais en l’absence de données permettant une attitude consensuelle, une discussion prenant en compte le rapport bénéfice risque de chaque attitude thérapeutique doit être envisagée pour chaque patient, laissant la porte ouverte à une attitude pratique en fonction de la situation clinique. Des recommandations négatives ont également été émises sur les traitements qui ne doivent pas être utilisés.

Ces recommandations ont été publiées dans un supplément de la revue Chest de septembre 2004 avec plus de 500 pages et des milliers de références. Elles ont été l’occasion, lors d’une réunion scientifique présidée par J Hirsh et MM Samama (président et membre de l’ACCP, respectivement) sous l’égide du Groupe Interdisciplinaire Trousseau sur les Antithrombotiques (GITA) à Paris en novembre 2004, d’échanges interactifs fructueux entre les auteurs des différents chapitres et des groupes de travail français qui ont analysé les recommandations et conduit un débat sur leur application en France.

Sous l’impulsion des participants du groupe de travail français, le GITA et du groupe des maladies vasculaires de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF), il a été proposé de mettre à la disposition des médecins francophones une traduction des recommandations concernant le traitement antithrombotique de la maladie thromboembolique veineuse, incluant le traitement curatif au cours de la grossesse.

Nous remercions la revue Chest de son aimable autorisation ainsi que la Revue des Maladies Respiratoires d’avoir accepté de publier ces traductions dans le but d’apporter une contribution à une large diffusion de ces recommandations pour la pratique clinique.

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