Revascularisation artérielle des membres inférieurs à partir de l’aorte sous-rénale : voies d’abord mini-invasives et laparoscopiques Cours de Chirurgie
Principes
:
Depuis quelques années se sont développées la chirurgie aortique
par voie mini-invasive, la chirurgie aortique par voie vidéoassistée
et la chirurgie aortique laparoscopique.
L’apprentissage de ces
techniques moins invasives nécessite un entraînement spécifique que
nous décrivons.
La chirurgie aortique par voie mini-invasive dérive directement de
la chirurgie classique, elle se limite à une voie d’abord courte,
utilisant des écarteurs autostatiques et des clamps aortiques
positionnés en dehors de la voie d’abord.
L’anastomose s’effectue
comme en chirurgie conventionnelle.
La chirurgie aortique par voie vidéoassistée consiste à réaliser toute
la dissection de l’aorte sous-rénale de façon laparoscopique, jusqu’au
temps de la suture aortique où est associée une courte laparotomie.
Elle nécessite un apprentissage spécifique et une instrumentation
adaptée à la chirurgie vasculaire.
Le premier temps consiste à
réaliser une open coelioscopie : par une courte laparotomie de 15 mm,
on introduit, sous le contrôle de la vue, un trocart de 10 mm avec
un ballonnet d’étanchéité dans la cavité péritonéale ou dans la cavité rétropéritonéale.
Le câble d’insufflation est branché sur ce même
trocart.
L’optique est alors introduite dans le trocart pour
positionner sous contrôle vidéoscopique tous les autres trocarts
supplémentaires, qui sont introduits de façon percutanée.
La mise
en place d’écarteurs spécifiques ou de clamps aortiques s’effectue
par les trocarts de 10 mm supplémentaires.
La chirurgie aortique totalement laparoscopique utilise les mêmes
principes que la chirurgie aortique par voie vidéoassistée, mais
aucune laparotomie n’est associée.
Toute la dissection aortique et
l’anastomose vasculaire aortique sont effectuées par voie laparoscopique, réalisant une véritable « endoanastomose ».
L’endoanastomose est effectuée par deux hémisurjets de
polypropylène 3/0 qui sont noués en intracorporel à l’aide d’un
porte-aiguille et d’une pince fenêtrée.
Des points séparés
sont réalisés de la même manière, tous les noeuds sont liés avec les
instruments endoscopiques.
L’apprentissage des techniques des endoanastomoses est indispensable.
Elle doit débuter sur pelvitrainer, sur animaux et sur cadavres frais, afin d’acquérir une
gestuelle endoscopique pour la réalisation d’anastomose vasculaire.
Techniques
:
A - VOIES MINI-INVASIVES
:
1- Voie rétropéritonéale
:
Le patient, sous anesthésie générale, est installé en décubitus latéral
droit incomplet (décubitus latéral avec le bassin presque à plat,
genou gauche légèrement fléchi et en adduction pour détendre le
muscle psoas iliaque).
Un billot, placé sous la fosse lombaire, permet
d’ouvrir l’angle entre le rebord costal et l’aile iliaque.
L’opérateur
principal est du côté dorsal, l’aide opératoire est du côté ventral,
l’instrumentiste est du même côté que l’opérateur.
Le moniteur est
situé à la tête du patient. Une table à pont est installée au-dessus
des cuisses du patient.
On réalise une incision oblique en bas et en dedans dans le
prolongement de la dixième côte vers l’ombilic. Cette incision est
étendue sur 8 à 12 cm.
Les fibres du muscle grand oblique sont
dissociées et écartées sans section, de même pour le deuxième plan du petit oblique.
L’aponévrose du muscle transverse est incisée
transversalement jusqu’à la gaine postérieure du grand droit.
Le décollement de l’espace rétropéritonéal se fait au doigt et
progresse vers la fosse iliaque.
Le décollement est débuté en haut et
en dehors et progresse de haut en bas pour récliner en avant le rein
et le sac péritonéal.
En profondeur, le repère est constitué par le
muscle psoas ; les doigts passent sur sa face antérieure et refoulent
en dedans le sac péritonéal.
Le rein et le sac péritonéal sont
maintenus par deux valves autostatiques (mécanique ou
pneumatique).
L’uretère est laissé au contact du péritoine et
est refoulé en dedans avec le sac péritonéal.
Certaines équipes
introduisent une optique de coelioscopie par un trocart de 10 mm
positionné au contact de l’aile iliaque, permettant d’éclairer le champ
opératoire, qui est ainsi visualisé par toute l’équipe opératoire.
Le clamp aortique sera positionné par un autre orifice en dehors de
l’incision afin de ne pas gêner l’exposition.
Cette voie d’abord et
cette installation permettent d’obtenir un espace suffisant pour
clamper l’aorte et réaliser une anastomose terminoterminale ou
latéroterminale avec les instruments classiques de chirurgie
vasculaire.
Les jambages prothétiques sont tunnellisés en
position anatomique, afin d’être anastomosés sur les artères
fémorales, abordées de façon conventionnelle.
2- Voie transpéritonéale
:
Sous anesthésie générale, le patient est installé en décubitus dorsal,
avec mise en place d’un billot au niveau des lombes.
L’opérateur
principal est du côté gauche, l’aide opératoire est en face,
l’instrumentiste est du même côté que l’opérateur.
Une table à pont
est installée au-dessus des cuisses du patient. Une incision médiane
de 8 à 12 cm sous-xiphoïdienne respectant l’ombilic permet
d’inspecter la cavité péritonéale dans un premier temps.
L’abord de
l’aorte sous-rénale reste conventionnel, mais est effectué sans
éviscération.
Le grand épiploon est récliné vers le haut avec le côlon
transverse sous un champ humide ; ils sont maintenus par une valve
orthostatique.
Les anses grêles sont maintenues à l’intérieur de la
cavité péritonéale, réclinées en dehors à la droite du patient,
maintenues par deux valves orthostatiques sous un champ humide ;
si le côlon gauche ou le sigmoïde sont volumineux, ils sont réclinés
en dehors par une autre valve orthostatique.
Le péritoine pariétal postérieur est incisé juste en dedans de la veine
mésentérique inférieure, l’aorte sous-rénale est disséquée jusqu’à la
veine rénale gauche et est contrôlée sur une hauteur de 7 cm.
Les clamps aortiques sont introduits par des orifices de 10 mm audessus
et au-dessous de l’incision pour ne pas encombrer le champ
opératoire.
Cette installation et cette voie d’abord permettent
d’obtenir un espace suffisant pour clamper l’aorte et réaliser une
anastomose terminoterminale ou latéroterminale avec les
instruments classiques de chirurgie vasculaire.
Les jambages
prothétiques sont tunnellisés en position anatomique, afin d’être
anastomosés sur les artères fémorales, abordées de façon
conventionnelle.
B - VOIES LAPAROSCOPIQUES AVEC RÉALISATION
DES SUTURES VASCULAIRES PAR VOIE MINI-INVASIVE :
La difficulté première de la voie laparoscopique est l’exposition
durable de l’aorte dans un champ opératoire stable.
Du fait de
l’envahissement par les anses digestives lors de l’approche
péritonéale, les différentes équipes ont développé des écarteurs
spécifiques.
1- Voie transpéritonéale
:
*
Voie transpéritonéale selon Alimi :
Le patient est installé en décubitus dorsal avec un billot sous la
région lombaire.
L’opérateur et le premier aide sont du côté gauche
du patient, le second aide est en face. L’intervention débute par une
incision périombilicale de 10 mm pour la mise en place de l’optique
par open-coelioscopie.
Les trocarts opérateurs sont positionnés sur
une même ligne pararectale, en triangulation avec l’optique.
Deux
autres trocarts sont introduits, l’un sous le rebord costal gauche,
l’autre en fosse iliaque gauche pour mettre un aspirateur et une
pince fenêtrée complémentaire.
Le patient est alors mis en position
de Trendelenburg de 30°, associée à une rotation de la table à droite
de 20° afin de faire tomber les anses grêles en haut et à droite.
L’écarteur spécifique est mis en place pour récliner et maintenir les
viscères à droite.
La dissection de l’aorte se fait par voie laparoscopique.
Le péritoine
pariétal postérieur est ouvert en regard de l’angle duodénojéjunal
en dedans de la veine mésentérique inférieure.
L’angle duodénojéjunal est libéré par la section du muscle de Treitz.
La veine
rénale gauche est repérée.
La section au ciseau coagulateur du tissu celluloganglionnaire périaortique permet d’exposer l’hémicirconférence
antérieure de l’aorte sous-rénale.
Le bras longitudinal
de l’écarteur peut être alors abaissé, pour exposer au mieux le
bord antérodroit aortique.
La dissection se poursuit vers le bas
jusqu’à l’artère mésentérique inférieure qui est contrôlée.
La
bifurcation aortique ainsi que les 4 premiers centimètres des artères
iliaques primitives sont disséqués à gauche comme à droite pour
amorcer la tunnellisation.
Après héparinisation par voie générale, le clampage proximal
aortique est obtenu par un clamp spécifique (De Bakey Atraumatic
Clamp, Aesculap) introduit sous la xiphoïde à travers un trocart
souple de 10 mm.
Le clampage distal est soit aortique, soit au niveau
des artères iliaques primitives si l’aorte distale est trop calcifiée.
Une minilaparotomie de 6 à 8 cm, sus-ombilicale, est réalisée après
dissection complète de l’aorte sous-rénale et clampage, l’exposition
restant la même (trocarts, écarteur et clamps restent en place).
L’anastomose est effectuée de manière conventionnelle sous contrôle
de la vue.
L’anastomose est soit terminoterminale après
ligature du moignon aortique, soit latéroterminale entre le niveau
des artères rénales et l’ostium de l’artère mésentérique inférieure.
Les jambages prothétiques sont tunnellisés en position anatomique,
afin d’être anastomosés sur les artères fémorales, abordées de façon
conventionnelle.
* Voie transpéritonéale selon Kolvenbach
:
Kolvenbach a développé une procédure vidéoassistée dite handassisted
laparoscopic surgery (HALS), qui permet au chirurgien
d’introduire sa main non dominante dans l’abdomen pour faciliter
l’exposition et la dissection sous vidéoscopie.
Après la création
du pneumopéritoine, on pratique une incision sus-ombilicale de
6 cm qui permet la mise en place d’un gant étanche Handport
(Handport, Smith & Nephew Surgical).
L’optique est mise en
position ombilicale, les deux trocarts opérateurs sont positionnés en
triangulation en pararectal droit.
La dissection de l’aorte est abordée
de la même manière que celle décrite, mais la main intrapéritonéale aide à la dissection et à l’exposition aortique.
Le dispositif est ensuite retiré, un écarteur bivalvé expose l’aorte, et
l’anastomose est confectionnée par minilaparotomie, déjà décrite.
La voie d’abord transpéritonéale a l’avantage de permettre une
dissection plus aisée de la bifurcation aortique et de l’artère iliaque
commune droite que la voie rétropéritonéale ou la voie rétrocolique
transpéritonéale.
Mais elle nécessite un système efficace pour
maintenir les anses digestives en dehors du champ aortique ; sinon
l’exposition ne peut être maintenue et il faut se repositionner en
permanence.
2- Voie rétropéritonéale
:
Nous rapportons l’approche rétropéritonéale décrite par Edoga.
Le patient est installé en décubitus dorsal avec un billot au niveau
de la charnière dorsolombaire et une rotation du tronc de 30° du
côté droit.
L’opérateur principal est installé du côté gauche du
patient, l’aide opératoire est en face, l’instrumentiste est du même
côté que l’opérateur.
Les genoux sont fléchis afin de relâcher le
muscle psoas.
Le champ opératoire comprend l’abdomen, le flanc
gauche jusqu’aux muscles paravertébraux et les deux triangles de
Scarpa.
L’intervention débute par une incision cutanée verticale de 15 mm
dans le flanc gauche, entre l’épine iliaque antérosupérieure et la
douzième côte.
L’aponévrose du grand oblique est incisée sur
30 mm, les trois plans musculaires sont dissociés, puis le
décollement rétropéritonéal est débuté au doigt.
Un trocart à
ballonnet de 10 mm (trocart avec ballon d’étanchéité) est mis en
place dans cette incision et permet d’introduire l’optique à 30°.
Un
ballon dissecteur (Preperitoneal Distension Balloon, OMS-PDBS2
Origin Medsystems) peut aider à débuter l’espace de décollement
rétropéritonéal.
On insuffle progressivement du CO2 afin d’obtenir
un rétropneumopéritoine à une pression de 13-15 mmHg.
Le
décollement est complété à l’aide de l’optique, puis on positionne,
sous contrôle de la vue, les deux autres trocarts opérateurs de 10 mm
afin de travailler en triangulation.
La réclinaison de la cavité
rétropéritonéale doit être prudente, car le péritoine reste accolé au
bord externe des droits : il existe donc un risque de brèche
péritonéale et donc de pneumopéritoine.
La dissection s’effectue de
proche en proche au tampon monté et à la pince fenêtrée en
refoulant en dedans le sac péritonéal. Deux trocarts supplémentaires
de 10 mm sont introduits, le premier sur la ligne médioclaviculaire,
à 5 cm du ligament inguinal pour introduire un endorétracteur
intestinal, le second sous le rebord costal sur la ligne axillaire
postérieure pour une canule d’aspiration, et ultérieurement pour le
clamp aortique supérieur.
Lors de la première partie de la dissection, Edoga cesse l’insufflation de CO2, après la mise en place d’un
suspenseur de paroi (Laparolift, Origin Medsystems) pour diminuer
ainsi le risque de pneumopéritoine par diffusion.
En cas de pneumopéritoine important, l’espace de dissection rétropéritonéal est diminué ; il faut alors l’exsuffler en introduisant
une aiguille de Palmer en transpéritonéal au niveau de l’ombilic.
La
dissection vasculaire, débute par l’abord de l’artère iliaque primitive
gauche, après repérage de l’uretère.
La dissection est continuée
jusqu’au repérage de l’artère rénale gauche après section sur clip de
la veine hémiazygos lombaire.
Le clampage aortique proximal se
fait par l’intermédiaire du trocart sous-costal gauche.
Le clampage
distal se fait par le trocart inférieur, au-dessus du ligament inguinal
gauche.
Une minilaparotomie de 4 cm est centrée sur le trocart d’open
coelioscopie entre l’aile iliaque antérosupérieure et la douzième côte.
L’anastomose proximale est effectuée sous contrôle de la vue,
l’exposition restant la même que sous laparoscopie. L’anastomose
peut être soit terminale, soit latérale.
Les branches de la prothèse
sont tunnellisées, en position anatomique, et sont anastomosées au
niveau des artères fémorales communes de manière conventionnelle.
La voie d’abord rétropéritonéale a l’avantage d’éviter tout contact
avec les anses digestives, mais l’espace opératoire rétropéritonéal est
plus réduit que l’espace opératoire de la cavité péritonéale, rendant
la dissection plus difficile.
De plus, l’espace de dissection rétropéritonéal a tendance à se réduire avec le temps de
l’intervention, par diffusion du CO2 dans la cavité péritonéale,
venant majorer la difficulté opératoire (l’exsufflation du
pneumopéritoine par aiguille de Palmer n’est pas toujours efficace).
C - VOIE TOTALEMENT LAPAROSCOPIQUE
:
Actuellement, trois voies d’abord différentes sont décrites pour la
revascularisation des membres inférieurs à partir de l’aorte sousrénale
par voie totalement laparoscopique.
L’anastomose proximale
aortique est effectuée de façon totalement laparoscopique
(endoanastomose) :
– la voie transpéritonéale avec abord de l’aorte par décollement
colique gauche prérénal ;
– la voie mixte : transpéritonéale et rétropéritonéale ;
– la voie rétropéritonéale exclusive.
L’abord transpéritonéal direct, en décubitus dorsal, avec décollement
duodénojéjunal a été abandonné par les partisans de l’abord
totalement laparoscopique, en raison de la difficulté à obtenir une
exposition stable (envahissement du champ opératoire par les anses
grêles).
1- Voie transpéritonéale
:
Il s’agit d’une voie transpéritonéale avec abord de l’aorte par
décollement colique gauche prérénal.
Cette voie d’abord coelioscopique, étudiée par Said sur le cadavre humain et
développée par Coggia, est similaire à celle décrite par
laparotomie.
Le patient est placé en décubitus dorsal avec un billot gonflable sous
le flanc gauche.
Le bras gauche est laissé libre, le bras droit est sur
un appui-bras.
Les membres inférieurs sont fléchis de 30° et fixés
parallèlement.
La mise en place de deux contre-appuis, au niveau
du bord droit du thorax et du flanc, est indispensable pour
maintenir le patient qui sera soumis à une inclinaison de 45° à droite
avec la table, puis majorée de 35° par insufflation du billot gonflable
(le patient est alors en décubitus latéral droit complet).
Cette installation permet, grâce aux mouvements d’inclinaison de la
table opératoire, de positionner le patient, soit en décubitus latéral
droit pour l’abord de l’aorte, soit en décubitus dorsal pour les abords
fémoraux.
L’opérateur et l’aide principal sont face à l’abdomen, le
deuxième aide est en face de l’opérateur.
La mise en place du trocart optique de 10 mm se fait par open
coelioscopie, au niveau de la ligne médioaxillaire gauche, à 3-4 cm
en dessous du rebord chondrocostal.
Les cinq autres trocarts sont
introduits sous contrôle de la vue, après insufflation du
pneumopéritoine à 15 mmHg.
Les deux trocarts opérateurs sont
espacés de 6 à 7 cm sur une ligne transrectale gauche parallèle à la
ligne médiane, les deux trocarts du premier aide sont introduits
respectivement : le premier en fosse iliaque gauche, le second sur la
ligne médiane 5 cm au-dessus du pubis.
Le dernier trocart est positionné sur la ligne médiane 2 cm sous la xiphoïde.
La voie latérocolique gauche comporte un décollement colique
gauche avec abord prérénal de l’aorte.
La table est inclinée à droite
au maximum (soit 45°) et le billot gonflable est insufflé pour majorer
le décubitus latéral droit de 30°.
Le fascia de Toldt gauche est incisé
de l’angle colique gauche jusqu’au mésosigmoïde, permettant de
décoller tout le mésocôlon gauche.
La veine génitale est repérée, la
poursuite de la dissection prérénale permet de visualiser la veine
rénale gauche qui est totalement libérée.
La position du patient, en
décubitus latéral droit, permet, par gravité, de récliner des anses
intestinales sur la partie droite de la cavité abdominale.
La
mise en place de points transpariétaux permet de fixer le mésocôlon
à la paroi abdominale, réalisant ainsi un « néotablier péritonéal » qui
permet une exposition stable de l’aorte.
En cas de rein volumineux, un point d’écartement transpariétal de fixation de la loge rénale
gauche permet de le maintenir en dehors du champ opératoire.
Le
feutrage celluloganglionnaire préaortique est incisé aux ciseaux
coagulateurs afin de contrôler l’aorte sous-rénale.
La visualisation
de l’aorte est facilitée par l’utilisation d’une optique à 30° ; elle doit
être circonférentielle pour en permettre le clampage proximal.
La
mobilisation de la veine rénale est nécessaire pour exposer l’aorte
dans sa portion interrénale.
Cette voie d’abord peut être étendue à
l’aorte sus-rénale, en réalisant un décollement rétropancréatique.
La
dissection se poursuit aux artères iliaques primitives, après avoir
contrôlé l’artère mésentérique inférieure.
La dissection de l’artère
iliaque primitive gauche est aisée, celle de l’artère iliaque droite est
plus délicate ; en effet, celle-ci est vue en fuite et la racine de mésocôlon gauche limite son contrôle sur 4-5 cm au maximum.
Pour effectuer l’abord des artères fémorales, la table est remise à
plat et le billot est dégonflé.
Après le temps fémoral, la table est réinclinée sur la droite pour introduire la prothèse bifurquée par
l’un des trocarts.
Le jambage droit prothétique est tunnellisé en
position anatomique avant la réalisation de l’anastomose proximale.
Le jambage gauche, préalablement lié, est laissé en place dans
l’abdomen car cette deuxième tunnellisation serait source de fuite
du pneumopéritoine.
Le clampage aortique proximal et distal est effectué par des clamps
laparoscopiques (B/Braun-Aesculap ou Storz-France)
introduits par les trocarts 5 et 6.
L’endoanastomose
aortoprothétique est effectuée par voie totalement laparoscopique
par deux hémisurjets de fil de polypropylène 3/0.
Les endoanastomoses exigent un apprentissage régulier sur pelvitrainer,
afin d’acquérir une dextérité suffisante avec les instruments
endoscopiques (manipulations de l’aiguille avec l’endo-porteaiguille,
réalisation d’endoanastomose, etc).
On utilise des fils
polypropylène de 3/0 de 18 cm de longueur dont l’extrémité est
nouée sur un pledget ; ceci évite la confection du noeud
initial, diminue le temps de suture et le traumatisme mécanique du
fil.
Pour des lésions occlusives, Coggia réalise une endoanastomose
aortique terminolatérale.
Après une artériotomie longitudinale aux
ciseaux de Potts endovasculaire, l’endoanastomose débute par la
confection d’un point de fixation, réalisé au niveau du talon de la
prothèse.
L’endoanastomose est débutée par l’hémisurjet latéral
gauche avec un fil de suture de polypropylène noué sur un pledget.
La confection du surjet est arrêtée au-delà de la pointe de la
prothèse. On réalise de même l’hémisurjet latéral droit, et les deux
hémisurjets sont alors noués en intracorporel.
Nous avons, pour notre part, comme en chirurgie conventionnelle,
pris le parti de réaliser une endoanastomose terminoterminale.
Après une transsection aortique transversale sous-rénale, une
collerette aortique de 3 cm est excisée afin de fermer le moignon
aortique distal par un surjet aller-retour de polypropylène 3/0.
La suture vasculaire proximale est débutée sur le bord gauche de
l’aorte par un point de fixation, qui se poursuit par l’hémisurjet
postérieur.
Le fil est tendu après chaque passage de
points.
L’hémisurjet postérieur est arrêté au niveau du bord latéral
droit de l’aorte.
L’hémisurjet antérieur complète
l’anastomose ; les deux hémisurjets sont noués en intracorporel.
Le jambage gauche est ensuite tunnellisé.
La table est remise à plat.
Les anastomoses distales sur les artères fémorales communes sont
réalisées de façon conventionnelle. Après déclampage, on vérifie
l’hémostase du moignon aortique distal et l’anastomose proximale
sous laparoscopie.
Le mésocôlon est repositionné sous contrôle
vidéoscopique, pour isoler la prothèse.
Il n’est pas nécessaire de fixer
le mésocôlon à la paroi. Le pneumopéritoine est exsufflé sur un
drain de Redon.
Cette voie d’abord transpéritonéale rétrocolique résout les deux
problèmes essentiels que sont l’exposition et l’espace opératoire.
Au
lieu d’écarteurs spécifiques, c’est la position du patient, en décubitus
latéral, qui permet, par gravité, de récliner le mésocôlon gauche et
les anses digestives hors du champ opératoire.
Les anses digestives
sont ainsi exclues du champ opératoire par le mésocôlon qui tient
lieu de tablier péritonéal.
Le volume opératoire est important et
stable dans le temps, permettant la réalisation d’endoanastomose de
qualité.
2- Voie mixte (transpéritonéale et rétropéritonéale)
:
Cette voie d’abord transpéritonéale et rétropéritonéale est décrite par
Dion.
Elle est caractérisée par la création d’un tablier
péritonéal, qui permet d’isoler les anses intestinales de la cavité
opératoire sans diminuer le volume de cette dernière.
Le patient est installé en décubitus dorsal avec un billot sous le flanc
gauche.
On introduit un trocart de 10 mm, au niveau de l’ombilic,
pour créer un pneumopéritoine maintenu à une pression intra-abdominale de 15 mmHg.
Le patient est ensuite placé en position
de Trendelenburg à 10°, avec la table inclinée à droite de 20°.
Une
incision verticale de 15 mm est réalisée au-dessus et en dedans de
l’épine iliaque antérosupérieure ; on dicise les trois plans
musculaires afin d’amorcer le plan du décollement rétropéritonéal
au doigt.
On introduit un trocart de 10 mm, avec une optique à 0°
pour poursuivre la dissection. Un rétropneumopéritoine est créé
avec une pression d’insufflation de 15 mmHg ; puis le
pneumopéritoine est diminué à 8 mmHg pendant le temps
rétropéritonéal.
Deux autres trocarts opérateurs de 5 cm sont
introduits de part et d’autre de l’optique pour la dissection rétropéritonéale.
Les progrès de la dissection sont suivis en parallèle par les deux laparoscopes afin de permettre une vue simultanée de la cavité
péritonéale et du rétropéritoine.
Dans l’espace rétropéritonéal, on
repère le muscle psoas dans le plan postérieur, l’aorte en avant du
muscle psoas et le bord latéral du muscle grand droit gauche dans
le plan antérieur.
Deux autres trocarts médians sont mis en place, un au-dessus de la
symphyse pubienne, et l’autre en sus-ombilical.
La création du
« tablier » péritonéal débute par une incision du péritoine pariétal à
3 cm au-dessus de l’anneau inguinal interne gauche ; la dissection
se poursuit le long du bord gauche du muscle grand droit gauche.
Le bord libre du péritoine est transposé sur le côté droit de la ligne
médiane, et est fixé à la paroi par trois points transpariétaux,
réalisant ainsi un véritable « tablier » péritonéal.
L’exposition est complétée par la mise en place de deux rétracteurs
abdominaux.
La dissection de l’aorte s’effectue, après contrôle de
l’artère iliaque gauche, jusque dans sa portion sous-rénale.
La
prothèse vasculaire est introduite dans la cavité rétropéritonéale et
chaque branche est tunnellisée en position anatomique aux deux
triangles de Scarpa avant la réalisation de l’anastomose proximale
afin de maintenir la prothèse en place.
La partie distale de l’aorte est
occluse au niveau de l’artère mésentérique inférieure avec une pince
GIA-60 coelioscopique (USSC Norwalk CTUSA).
L’aorte est ensuite
sectionnée transversalement 15 mm en dessous du clamp proximal
et une anastomose terminoterminale est réalisée par voie totalement
laparoscopique par deux hémisurjets de fils Prolène 3-0, avec
confection du noeud en intracorporel.
Les anastomoses distales sont
effectuées de manière conventionnelle sur les artères fémorales
communes.
3- Voie rétropéritonéale
:
La voie rétropéritonéale exclusive a été décrite par Said, puis
développée par Edoga (qui associe une minilaparotomie pour la
réalisation de l’anastomose vasculaire).
La voie rétropéritonéale est
une alternative lorsque la voie transpéritonéale est contre-indiquée
(ventre hostile, adhérences péritonéales...) ou pour réaliser un abord
électif de l’artère iliaque primitive (pontage iliofémoral).
Le patient est placé en décubitus latéral droit comme pour l’abord transpéritonéal rétrocolique.
L’introduction de l’optique
est réalisée par une incision de 15 mm au-dessus et en dedans de
l’épine iliaque antérosupérieure en open rétropéritonéoscopie, avec
au préalable une dissection de l’espace rétropéritonéal « au doigt ».
Le temps essentiel est la dissection du rétropéritoine sous
vidéoscopie, jusqu’au niveau de la ligne médiane, pour éviter les
brèches péritonéales.
Les autres trocarts sont positionnés au bord
externe du muscle grand droit gauche en triangulation.
L’abord de
l’aorte se fait selon la procédure décrite par Edoga.
Mais
pour réaliser l’anastomose totalement laparoscopique
(endoanastomose), il est nécessaire de repositionner l’optique au
niveau du trocart transrectal sous le rebord chondrocostal, afin
d’obtenir une vue complète de l’aorte.
L’avantage majeur de la voie rétropéritonéale est l’exclusion des
viscères du champ opératoire, au détriment de la diminution du
volume de travail.
Le risque de brèche péritonéale est important si
la dissection n’est pas menée pas à pas, ce qui va entraîner une
réduction de la cavité opératoire du fait du pneumopéritoine
concurrentiel, source de conversion chirurgicale quasi systématique.
Même si la voie rétropéritonéale exclusive a été abandonnée
actuellement par la plupart des équipes, elle conserve des
indications particulières à ne pas méconnaître.
Matériels
:
Les progrès de l’instrumentation, tels les bras-rétracteurs
autostatiques, les colonnes vidéo, les instruments coelioscopiques
vasculaires spécifiques, ont permis le développement de la chirurgie
vasculaire mini-invasive et laparoscopique.
INSTRUMENTS LAPAROSCOPIQUES
:
La réalisation de restauration aortique par voie laparoscopique
nécessite une instrumentation standard de coelioscopie, et des
instruments spécifiques à la chirurgie vasculaire.
1- Instrumentation de base
:
Elle comprend :
– une optique de 0°-10 mm ;
– une optique de 30°-10 mm ;
– une source de lumière froide ;
– une colonne vidéo avec moniteur TriCDD (pour avoir une image
de qualité optimale) ;
– un insufflateur électronique ;
– un trocart de 10 mm open coelioscopique ;
– six trocarts de 10 mm, avec pas de vis pour éviter les fuites de
CO2 ;
– trois pinces à préhension fenêtrées de 5 mm, atraumatiques qui
permettent de saisir les structures digestives lors de la dissection.
Ces pinces doivent aussi être performantes pour la manipulation
des aiguilles lors de la confection de l’endoanastomose ;
– un ciseau coagulateur ;
– un crochet droit coagulateur ou une pince à coagulation bipolaire ;
– un aspirateur laveur.
2- Instrumentation spécifique de laparoscopie vasculaire
:
Elle comprend :
– ciseaux de Potts laparoscopiques ;
– clamps largables (Clamps B/Braun) pour l’occlusion de l’artère
mésentérique et/ou des artères iliaques primitives ;
– deux clamps droits aortiques avec mors de type De Bakey, à
crémaillère sécurisée, de 10 mm de diamètre utilisés pour le
clampage aortique proximal et distal (clamps laparoscopiques
B/Braun-Aesculap ou Storz-France) ;
– un porte-aiguille à mors courbes (Microfrance-Xomed) et à
poignée axiale utilisé pour la confection des endoanastomoses ;
– deux écarteurs endoscopiques 10 mm (Endoretract ;
Ethicon-France) ;
– fil de polypropylène de taille 3/0, d’une longueur de 18 cm,
chacun fixé sur un pledget afin d’éviter la confection du noeud initial,
utilisé pour la réalisation des endoanastomoses, mais aussi des fils
de polypropylène de taille 3/0 sur un pledget libre utilisés pour la
réalisation d’endopoints d’hémostase.
Complications
:
A - COMPLICATIONS PEROPÉRATOIRES
:
1- Plaie des veines lombaires
:
C’est la complication la plus fréquente ; l’hémostase en est parfois
délicate car ces veines se rétractent rapidement en arrière vers le
rachis.
Le saignement peut être minimisé en vidéoscopie, lorsque
l’on travaille en pression d’insufflation élevée, ce qui nécessite une
approche particulièrement méticuleuse de ces veines dans cette
technique.
2- Plaie des veines iliaques
:
Elle est réalisée généralement, comme par voie classique, lors de la
dissection circonférentielle des artères iliaques.
En cas de plaie importante, l’hémostase est très difficile sous laparoscopie et impose
une conversion chirurgicale dans la plupart des cas.
Afin de limiter
le saignement pendant la conversion, la plaie peut être contrôlée à
l’aide d’une pince fenêtrée, ou par tamponnement.
3- Pneumopéritoine
:
L’apparition d’un pneumopéritoine après abord rétropéritonéal sous
vidéoscopie (par brèche péritonéale ou par diffusion), va
venir fermer la zone de décollement rétropéritonéal et donc la cavité
opératoire.
Il n’y a pas d’intérêt à refermer les brèches péritonéales,
ceci est difficile et souvent inefficace.
Il faut préférer le
positionnement d’une aiguille de Palmer dans l’hypocondre gauche
afin d’exsuffler le pneumopéritoine. Le taux de conversion est élevé.
4- Plaie urétérale
:
Elle peut survenir lors de la dissection ou lors de la tunnellisation.
Dans les deux cas, un bon contrôle visuel permanent doit permettre
d’éviter cette complication.
5- Plaie digestive
:
Elle peut survenir lors de la préhension des anses digestives avec
les pinces fenêtrées ou par lésions d’électrocoagulation.
Elle doit être
réparée immédiatement par endosuture.
6- Conversion chirurgicale
:
Elle varie de 4,5 à 39 % des cas dans la littérature.
La cause
principale de conversion est un saignement non contrôlable.
Lors de
l’approche rétropéritonéale, l’apparition d’un pneumopéritoine est
une cause fréquente de conversion, par fermeture de la cavité
opératoire.
L’obésité est aussi un facteur de conversion lors de la
phase d’apprentissage.
L’échec de la réalisation de l’anastomose
totalement laparoscopique est, bien évidemment, un facteur de
conversion.
B - COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES PRÉCOCES
:
1- Hématome rétropéritonéal
:
Il est fréquent et est dû, généralement, à un décollement excessif de
l’espace rétropéritonéal et à un défaut d’hémostase qui a été minoré
par le pneumorétropéritoine.
Un drainage de la loge rétropéritonéale
doit être systématique. Ces hématomes sont à l’origine d’une
majoration des douleurs postopératoires et du temps de séjour
hospitalier.
2- Hématome intrapéritonéal
:
Il peut être observé après décollement rétrocolique gauche
traumatique ou après manoeuvres de tunnellisation sans contrôle
visuel. Un drainage, au contact de la prothèse, doit être
systématique.
3- Occlusion d’un jambage prothétique
:
Elle est rapportée dans la plupart des séries ; elle est en
rapport avec la durée de clampage, la difficulté de purge et de
lavage des jambages.
Le contrôle de la tunnellisation des jambages
prothétiques est souvent plus difficile et peut être responsable d’un
certain nombre d’occlusions.
Indications actuelles et résultats
:
Les indications de revascularisation artérielle des membres
inférieurs, à partir de l’aorte ou des artères iliaques primitives, sont
les mêmes que celles de la chirurgie conventionnelle.
Elles restent
limitées aux lésions longues et multiples des axes artériels iliaques,
et après échec des traitements endovasculaires.
Un examen tomodensitométrique abdominopelvien sans injection
est indispensable avant d’envisager une revascularisation par voie
mini-invasive et/ou laparoscopique ; il étudie l’importance et la
localisation des calcifications aortiques et iliaques. Des calcifications
aortiques circulaires sont une contre-indication à ces techniques.
Actuellement, les partisans du « tout » laparoscopique s’opposent
aux adeptes de la chirurgie aortique vidéoassistée : la controverse
porte sur les temps de clampage et sur la difficulté de réaliser des
endoanastomoses vasculaires sous laparoscopie.
Les résultats
publiés sont peu homogènes, incluant des patients non comparables
entre les différentes séries (pontage aortobifémoral, aortounifémoral,
pontage iliofémoral pour des artériopathies des
membres inférieurs de grades II à IV).
De plus, aucune de ces séries
ne présente de résultats de perméabilité à moyen terme.
Il n’existe pour l’instant pas d’étude prospective randomisée
comparant la voie mini-invasive, la voie vidéoassistée et la voie
totalement laparoscopique.
La voie mini-invasive s’appuie sur les bases de la chirurgie
conventionnelle ; elle reprend les mêmes voies d’abord en respectant
au maximum la paroi, en évitant l’éviscération pour l’approche
péritonéale ; la dissection et l’anastomose sont effectuées sous
contrôle de la vue en permanence.
L’apprentissage dérive
directement de la chirurgie conventionnelle.
La voie d’abord est
progressivement réduite avec l’expérience.
De plus, cette chirurgie
ne nécessite que l’acquisition d’écarteurs autostatiques spécifiques.
Les résultats sont pour l’instant aussi satisfaisants que ceux obtenus
avec la voie vidéoassistée ou la voie totalement laparoscopique.
Pour les interventions totalement laparoscopiques, le taux de
conversion varie de 4,5 à 39 % selon les séries.
La durée
opératoire est toujours supérieure à celle de l’intervention par voie
conventionnelle.
La durée de l’intervention décroît avec
l’apprentissage et l’expérience de l’opérateur.
Le temps de clampage
varie de 43 à 286 minutes selon les séries, avec un temps de
clampage maximal pour les interventions avec anastomose
terminoterminale totalement laparoscopique.
Ce temps de clampage
diminue aussi avec l’expérience, mais reste, pour l’instant, quelle
que soit la technique, supérieur à celui de la chirurgie
conventionnelle.
Pour la voie vidéoassistée, les temps de clampage
sont proches de ceux de la chirurgie conventionnelle, mais les temps
d’intervention sont nettement majorés du fait de la dissection
laparoscopique.
Edoga a fait une comparaison rétrospective des suites
postopératoires de patients opérés par voie laparoscopique avec
celles d’une série de patients opérés par voie classique.
Il observe
dans le groupe « laparoscopique » une diminution significative des
temps de ventilation mécanique et de séjour en unité de soins
intensifs.
Conformément aux autres études, il observe une reprise
précoce du transit et une diminution de la prise d’antalgiques.
Les techniques laparoscopiques nécessitent un équipement adapté à
la chirurgie vasculaire, mais surtout un apprentissage de la
coelioscopie, peu enseignée pour l’instant dans le cursus vasculaire.
Un apprentissage de la coelioscopie sur pelvitrainer et sur cadavre
nous paraît indispensable afin d’acquérir une dextérité nécessaire.
Cet entraînement doit conduire à réaliser des endoanastomoses
terminoterminales ou latéroterminales en moins de 25 minutes.
La plupart des équipes qui ont développé ces techniques miniinvasives
ou laparoscopiques ont débuté leur expérience par la
réalisation de pontages aortobifémoraux, puis les ont appliquées au
traitement des anévrismes aortiques sous-rénaux.
La mise à platgreffe
aortoaortique laparoscopique reste une intervention qui
nécessite une expérience considérable. Cerveira a fait une étude
rétrospective de 65 patients comparant la chirurgie conventionnelle
(n = 37), la chirurgie mini-invasive (n = 11), et la chirurgie
vidéoassistée (n = 17).
Les 65 patients présentaient un anévrisme de
l’aorte abdominale limité à l’aorte sous-rénale, traité par mise à platgreffe
aortoaortique.
Il ne montre pas de bénéfice de la chirurgie vidéoassistée qui a une morbidité et une durée opératoire plus
importantes que la voie mini-invasive.
Pour Cerveira, la voie
mini-invasive est une technique applicable à la plupart des patients,
elle respecte les mêmes règles que la chirurgie conventionnelle et ne
nécessite pas un entraînement spécifique comme la chirurgie
laparoscopique.
Elle permet de diminuer la morbidité des
laparotomies majeures et donne les mêmes avantages que la voie vidéoassistée en postopératoire, avec un temps opératoire plus
court.
Une autre application de la chirurgie aortique laparoscopique est le
traitement des complications de l’exclusion endovasculaire des
anévrismes aortiques sous-rénaux.
L’abord aortique laparoscopique
permet de traiter les endofuites de type II, en clippant des artères
lombaires ou l’artère mésentérique inférieure ; un banding du collet
aortique a aussi été proposé dans des cas d’endofuite de type I.
Conclusion
:
Actuellement, deux méthodes de revascularisation mini-invasive
s’opposent : la voie mini-invasive et la voie vidéoassistée et/ou
totalement laparoscopique.
La voie vidéoassistée ne semble pas présenter
d’intérêt par rapport à la chirurgie mini-invasive.
Elle n’apporte aucun
bénéfice postopératoire et le temps opératoire est plus long.
Mais elle
permet de se familiariser avec la technique du « tout laparoscopique ».
La voie totalement laparoscopique nous semble être la véritable
alternative à la chirurgie mini-invasive, car elle offre les bénéfices d’une
coelioscopie complète.
Elle permet en effet, pour des opérateurs bien
entraînés, un contrôle aortique étendu (aorte sus- et sous-rénale) ; le
champ opératoire est beaucoup plus vaste que celui qu’offre la voie miniinvasive.
La place de cette chirurgie vasculaire laparoscopique reste à
définir par rapport aux techniques de chirurgie conventionnelle et de revascularisation endovasculaire.
L’avenir de cette technique dépend
essentiellement de son apprentissage par le plus grand nombre.
Son
application se développera, si elle peut être facilement et correctement
apprise par une majorité de chirurgiens vasculaires, afin d’obtenir des
temps de clampage aortique et des durées d’intervention acceptables.
On peut penser que grâce aux progrès de l’instrumentation et à
l’expérience des opérateurs, les revascularisations rénales ou digestives
seront réalisables.