Transplantations et réimplantations dentaires
Cours de Médecine Dentaire
Introduction
:
De la réimplantation, immédiate ou différée, d’une
dent luxée accidentellement à la transplantation
raisonnée d’un organe dentaire, destinée à suppléer
une agénésie ou à remplacer une dent délabrée
ou perdue, toute une gamme de manipulations
a été tentée depuis des temps fort anciens.
Ces
techniques qui vont du simple replacement d’une
dent ébranlée ou mal située à la greffe d’une dent
encore entourée de son os alvéolaire ont fait l’objet
au cours de l’histoire de périodes d’enthousiasme
suivies de phases de pessimisme.
Sous l’impulsion
de l’école scandinave, mais aussi des
auteurs allemands, américains, anglais ou français,
de très nombreux travaux scientifiques nous permettent
actuellement de mieux comprendre les
critères de réussite et les causes d’échec de ces
manipulations.
Ils éclairent les praticiens dans le choix de leurs indications.
Ils les aident à améliorer leur technique et à rendre fiables les résultats
qu’ils en escomptent, le but de la transplantation
étant, pour Gineste, « d’amener en position fonctionnelle
une dent incluse, impossible à dégager
par les procédés orthopédiques ou chirurgicoorthodontiques
».
Nous résumerons ici des données récentes qui,
pour l’essentiel, concernent la croissance des germes
dentaires, leur phase d’éruption, l’histologie
et la physiologie de la pulpe dentaire et du desmodonte.
La compréhension du comportement des
divers tissus intéressés dans les processus de transplantation
et de réimplantation, avant et après
l’acte chirurgical, permet de mieux lutter contre
l’inflammation, voire l’infection liée à la mortification
d’un transplant, et surtout contre la résorption
radiculaire et l’ankylose, bêtes noires de ces techniques.
Les indications ont elles aussi connu des
changements.
Les progrès de l’orthodontie ont
rendu certaines d’entre elles obsolètes tandis que
d’autres voyaient leur utilité confirmée.
De même,
le développement de l’implantologie nous fait parfois
hésiter à choisir entre implant non biologique
et transplant.
Avant un bref rappel historique qui
éclaire à travers les siècles la démarche qui conduit
à réimplanter ou à transplanter des dents, il
convient de préciser le sens des termes utilisés.
Terminologie
:
Greffe : transfert d’un fragment de tissu ou d’organe
d’un point à un autre d’un même individu ou
d’un individu à un autre.
Transplantation : transfert d’un organe entier
d’un donneur, impliquant le rétablissement de la
continuité vasculaire afférente et efférente de cet
organe avec l’appareil circulatoire du receveur.
Les transplantations dont nous parlons ici, transplantations
dentaires, correspondent mieux en fait
à la définition que donnent Vincent et Merle-Béral
de ce qu’ils nomment « greffe dentaire » : « opération
qui consiste à placer dans une cavité alvéolaire
naturelle ou préparée artificiellement une dent
récemment extraite, une dent conservée ou un
germe dentaire ».
Lorsque le même sujet est à la
fois le donneur et le receveur, on parle d’autogreffe
ou d’autotransplantation (ou autologue ou
autogène).
Si le donneur et le receveur sont des
sujets différents mais appartiennent à la même
espèce, il s’agit d’homogreffe ou d’homotransplantation
(ou homologue ou allogénique).
Enfin, si le
donneur et le receveur appartiennent à des espèces
animales différentes, nous employons la dénomination
d’hétérogreffe ou d’hétérotransplantation (ou
hétérologue ou xénogénique).
Nous retiendrons ici les autotransplantations, de
loin les plus pratiquées.
Nous évoquerons également
les techniques de repositionnement chirurgical
de dents mal situées qui, sans être des transplantations
au sens défini plus haut, posent des
problèmes et rencontrent des difficultés analogues.
Nous réservons le terme d’implantation à l’insertion intraosseuse de matériaux hétérogènes, soit
pour l’essentiel, actuellement, les implants en titane.
Leur grande diffusion et l’amélioration des
prothèses qu’ils supportent mettent aujourd’hui
leurs indications en compétition avec celles des
transplantations.
Un peu d’histoire
:
« C’est un vieux rêve humain que de transplanter
les dents, et si les échecs ont été nombreux, il faut
admirer la persévérance des thérapeutes et quelquefois
leur imagination » (Durivaux).
La remise
en place de dents ébranlées ou luxées, les réimplantations,
les transplantations, ont tenté les praticiens
de l’art dentaire depuis des temps fort
reculés.
Un bref survol de ce chapitre de l’histoire
de la médecine éclaire les espoirs, les difficultés,
les trouvailles, les solutions apportées par ces techniques.
Pour Renier, c’est au troisième millénaire av.
J.-C. que remontent les premiers écrits concernant
les réimplantations.
Il est mentionné dans un compendium médical
trouvé en Chine : « Lorsque les dents sont ébranlées
ou sorties de leurs alvéoles, on les remet en place
et on les maintient à l’aide de baguettes de bambou
reliées entre elles par des fils d’or ».
Réimplantation
et contention sont déjà mentionnées, et ce en
3216 et 2636 av. J.-C. sous les règnes des empereurs Chin-Noug et Hou-Angty.
En Égypte, des fils d’or maintenaient des dents
branlantes et supportaient des dents artificielles
ou, peut-être, des dents réimplantées.
Ces méthodes
sont utilisées dans l’Antiquité chez les Étrusques,
les Grecs et les Romains. En 460 av. J.-C.,
Hippocrate aurait conseillé de mettre en place les
dents dérangées lors de fractures du maxillaire
inférieur et de les maintenir à l’aide de fils d’or.
La
grande civilisation arabe en fut peut-être l’héritière
et en l’an mille, Abulcassis emploie lui aussi
des fils d’or ou d’argent lorsqu’il faut fixer des
dents ou les transplanter.
À l’époque de la Renaissance, le célèbre anatomiste
André Vésale (1514-1564), dégagea lui-même
une de ses canines maxillaires.
En 1554, Ambroise
Paré rapporte un cas d’homotransplantation : « Un homme digne d’être creu m’a affirmé qu’une princesse
ayant fait arracher une dent, s’en fit remettre
subit une autre d’une sienne damoiselle, laquelle
se reprint, quelques temps après, maschait
dessus comme sur celle qu’elle avait fait arracher
auparavant ».
En 1595, dans Le miroir de la
beauté et santé corporelle , Guyon affirme que « si
l’on arrache une dent pour une autre, il faut la
remettre soudain dans son alvéole et qu’on l’attache
avec filet à la voisine et se reprendra ainsi que
je l’ai vu souvent ».
En 1633, Dupont, opérateur du
roi Louis XIII traite des odontalgies par la réimplantation
immédiate après extraction de la dent douloureuse.
Il décrit des cas de traitement d’édentation
partielle par hétéro- ou homotransplantation
de dents prélevées sur des cadavres ou sur des
vivants.
Au XVIIIe siècle, l’incontournable Pierre Fauchard
publie à plusieurs reprises sur ce sujet.
En
1720, il décrit le cas d’un capitaine dont la canine,
extraite pour cause de carie, fut remplacée par
celle d’un soldat de sa compagnie.
En 1728, il
recommande dans son traité, Le Chirurgien Dentiste,
la réimplantation ou la transplantation d’une
bouche à une autre, mais surtout chez les personnes
jeunes.
Il décrit également le « redressement
forcé » d’une dent en malposition sur l’arcade,
dont la suite logique sera, à notre époque, la corticotomie
de repositionnement.
En 1771, John Hunter
s’inspire d’une ancienne méthode chinoise
consistant à greffer les ergots de jeunes coqs sur
leur crête : il greffe des dents saines de provenance
animale et humaine dans des crêtes de coqs.
Il
assure ainsi leur préservation et les garde vivantes.
En 1780, il décrit lui aussi des cas de traitements
d’édentations partielles par des hétéro- ou des
homotransplantations de dents prélevées sur des
morts ou sur des vivants.
Des idées nouvelles apparaissent au XIXe siècle.
Dès 1804, Pfaff conseille de renoncer « à la manie
de transplanter des dents d’une bouche à une
autre » après avoir constaté que de telles interventions
pouvaient entraîner la transmission de maladies.
Malgré cela, il était encore courant à Londres
en 1843 d’acheter des dents fraîchement extraites,
pour les transplanter.
En 1861, Vasey (cité par
Andreasen) proposait « la transplantation dentaire
avant que la dent ait terminé sa formation et ceci
pour éviter une résorption et la transmission d’une
infection ».
En 1874, Legros et Magitot sont les
premiers à publier leurs essais de transplantation
de germes dentaires.
Il serait fastidieux de répertorier
toutes les publications faites sur ce sujet à
cette époque.
Rappelons simplement que l’Index of periodical literature de 1885 enregistre près de
300 articles concernant les réimplantations, les
transplantations et les implantations de dents, entre
1876 et 1885.
Il faudra attendre le XXe siècle pour voir se
dessiner un corpus scientifique fondé sur l’expérimentation,
la clinique, l’histologie, et la compréhension
des processus de cicatrisation.
À partir de
ces données, indications, techniques et résultats
retiennent l’attention de beaucoup d’auteurs et
font l’objet de très nombreuses publications.
Choix du (ou des) transplant(s) –
Indications :
La transplantation a pour but le remplacement
d’une dent perdue ou manquante, ou de plusieurs,
par une ou plusieurs autres qui en assurent les
fonctions dans des conditions physiologiques les
plus proches possibles de la normale et, à tout le
moins, acceptables.
Ce résultat obtenu, une transplantation
idéale est, pour nous, celle où le transplant
se comporte dans sa nouvelle situation
comme une dent vivante.
La question que l’on doit
se poser avant de l’entreprendre est : « le patient
n’a-t-il rien à y perdre, a-t-il tout à y gagner ? ».
Paulsen la formule ainsi : « une transplantation
réussie apporterait-elle au patient une solution
meilleure que toute autre ?
L’échec de la transplantation
entraînerait-il un résultat plus mauvais que
lorsqu’elle n’est pas tentée ? ».
Que transplanter ?
Où transplanter ?
Quand
transplanter ?
Ces questions ne se posent pas pour une réimplantation.
Le site est l’alvéole de la dent luxée, le
transplant, la dent elle-même.
La réimplantation
doit être pratiquée le plus tôt possible après la
luxation.
Il en va différemment dans le cas des
transplantations.
A - Que transplanter ?
Une dent. Une dent saine dont on n’a pas l’usage ou
qui n’est pas à sa place sur l’arcade : dent ectopique,
c’est le cas fréquent des transplantations de
canines ; dent surnuméraire de morphologie convenable
; dent appelée à être extraite en raison d’un
encombrement, d’une dysharmonie dentomaxillaire.
Le choix le plus fréquent est alors celui d’une
prémolaire ou d’une troisième molaire.
Dans le cas
d’une prémolaire, une dent à racine unique et
conique est la mieux adaptée : l’extraction est
simple et les risques de lésion du desmodonte limités.
C’est délibérément que nous éliminons de ce
chapitre les homo- et, a fortiori, les hétérotransplantations.
Le risque de transmission de pathologies
virales, en particulier VIH et hépatites B et C,
n’autorise pas une transplantation directe d’individu
à individu.
Les études récentes ont montré la
présence de prions dans la pulpe dentaire et dans le
parodonte.
L’on connaît les difficultés rencontrées
pour détruire les prions.
Les banques de dents
constituées en Belgique ou au Danemark utilisaient
la cryoconservation dans l’espoir de garder aux
cellules desmodontales un potentiel de vitalité lors
de leur réchauffement.
Détruire les prions reviendrait
à conserver dans ces banques des organes
dentaires utilisables seulement sous forme de
transplants inertes.
Les seuls transplants que nous devions utiliser
actuellement sont donc les transplants autologues.
B - Où transplanter ?
Là où l’on en a besoin et où la morphologie du
transplant correspond à l’usage auquel il est destiné,
tant pour l’esthétique que pour la fonction.
Si le transplant est une prémolaire, il est utilisé
pour remplacer une autre prémolaire, le plus souvent
dans le cas d’une agénésie. Une prémolaire
surnuméraire peut servir dans la même indication.
Une prémolaire peut également remplacer une
incisive centrale maxillaire, sous réserve d’une coronoplastie,
car si leurs dimensions sont proches, la
morphologie de leurs couronnes diffère.
Une troisième molaire peut remplacer une première
ou, moins souvent, une deuxième molaire,
soit parce qu’elle est délabrée par la carie ou par
un traumatisme, soit parce qu’elle a dû être extraite
en raison d’une situation ectopique ou d’une
altération de sa morphologie.
Une indication plus rare est la compensation, par
un transplant de dent de sagesse, d’une agénésie
d’une, ou plus souvent de deux prémolaires, sur la
même hémiarcade.
Garcia a également publié des cas de restauration
des édentements maxillaires postérieurs par
greffes de dents de sagesse sous-sinusiennes.
Enfin, une troisième molaire hypotrophique a pu
être proposée pour le remplacement d’une incisive
maxillaire, il s’agit là d’un cas d’exception.
Une dent ectopique, le plus souvent une canine,
sera transplantée dans l’alvéole de la dent de lait
qui lui correspond après aménagement orthodontique
de l’espace qui lui est nécessaire et remodelage
de l’alvéole.
Si la dent de lait a été retirée
auparavant, un nouvel alvéole devra être créé par
le chirurgien.
Dans tous les cas, l’anatomie de la
région où se fait la transplantation, doit être prise
en compte afin de respecter les structures avoisinant
le transplant : sinus maxillaire, canal mandibulaire,
trou mentonnier, racines des dents adjacentes...
Citons pour mémoire l’obturation d’une communication buccosinusienne par un transplant dentaire
proposée par Politis et al.
C - Quand transplanter ?
Répondre à cette question oblige à distinguer deux
groupes d’indications.
Le premier concerne des transplants à visée orthodontique.
Il s’agit des canines ectopiques et des
agénésies de prémolaires essentiellement.
On peut
lui associer le remplacement d’une incisive centrale
par une prémolaire chez un sujet jeune dont
la croissance osseuse est loin d’être terminée et
n’autorise pas la mise en place d’un implant.
Dans ces cas, le moment de l’intervention est
choisi en accord avec l’orthodontiste, en fonction
du déroulement de son traitement, et du degré de
maturation de la dent transplantée.
Il s’agit là
d’une donnée essentielle pour l’évolution du transplant.
Le deuxième groupe d’indications s’adresse aux
transplants destinés à remplacer une dent extraite,
le plus souvent pour cause de carie négligée, ou à la
suite d’un traumatisme.
Il s’agit le plus souvent du
remplacement d’une molaire par une dent de sagesse
ou par son germe.
La première molaire est en
effet la dent qui est le plus souvent et le plus tôt
atteinte par la carie.
Le transplant se fait au moment
où la dent « perdue » ne peut plus être
utilement restaurée et laissée en fonction.
C’est
en général chez un adolescent ou chez un adulte
jeune et tous les auteurs sont d’accord pour dire
que la jeunesse favorise les chances de réussite des
transplants.
À un âge plus avancé, cette solution
est parfois proposée pour des raisons économiques
chez un patient qui ne peut assumer le coût d’une
prothèse classique ou d’un implant.
Données actuelles
:
A - Évolution du transplant :
Il est difficile de savoir ce qui se passe dans l’intimité
d’un transplant.
Les travaux expérimentaux,
ceux de Skoglund en particulier, mais
aussi ceux de Monsour et Adkins de Pogrel...
nous permettent d’en savoir un peu plus grâce à
l’emploi de techniques histologiques et histochimiques
sur :
• la conservation de l’anatomie pulpaire ;
• la conservation de l’activité pulpaire ;
• les modifications pulpaires ;
• l’évolution des dents matures transplantées.
1- Conservation de l’anatomie pulpaire
:
L’étude des procédés de revascularisation de la
pulpe des dents transplantées chez le chien a été
réalisée grâce à une injection de sulfate de baryum,
combinée à une microangiographie.
Après
10 jours, des vaisseaux visibles sont repérés dans la
moitié apicale de la pulpe et après 30 jours dans
toute la pulpe.
Et 180 jours après le transplant une
seule dent sur 15 était exempte de vaisseaux visibles.
Les 14 restantes présentaient des vaisseaux
sur toute la hauteur de la pulpe.
Ces expériences
ont porté sur un échantillon de dents de chien avec
apex largement ouvert : édification radiculaire aux
trois quarts.
Dans la plupart des cas, la revascularisation semble
provenir du développement interne de nouveaux
vaisseaux.
2- Conservation de l’activité pulpaire
:
Skoglund a mesuré l’activité des enzymes oxydoréducteurs.
Dans un premier temps, jusqu’à
10 jours, on mesure une diminution progressive de
l’activité des oxydoréductases de la pulpe vers le
foramen apical.
Une reprise de cette activité avec
remplacement du tissu nécrosé par du tissu sain
apparaît entre le 10e et le 30e jour dans la totalité
de la pulpe.
Seul le tissu du foramen apical survit
à la transplantation.
Le reste de la pulpe est
progressivement remplacé par un tissu qui se développe
à l’intérieur de la cavité pulpaire à partir
de l’apex.
3- Modifications pulpaires
:
Au 4e jour suivant la transplantation la structure
morphologique de la pulpe est reconnaissable, mais
les composants cellulaires sont faiblement colorés.
Au niveau du foramen et jusqu’au tiers apical, la
pulpe est réparée par une structure bien vascularisée,
riche en cellules et en vaisseaux.
Au-delà du
foramen, sa structure est fantomatique.
Au 30e
jour, la réparation se propage dans le canal radiculaire.
On voit encore dans la pulpe coronaire, des
cellules inflammatoires adjacentes à de petites
zones de nécrose.
Au 180e jour, le tissu est moins
riche en cellules et en vaisseaux qu’avant la transplantation.
Un tissu dur, néo-os ou néocément apparaît.
Il oblitère partiellement la chambre pulpaire.
Toutefois, dans certains cas, si la
revascularisation intervient rapidement avant le 4e
jour, la structure de la pulpe semble ne pas avoir
varié.
Elle semble ne s’être pas nécrosée.
4- Évolution des dents matures transplantées
:
Skoglund a repris ses travaux sur un échantillon de
dents de chien à apex fermés.
Elle a observé les
modifications vasculaires après transplantation selon
les mêmes protocoles.
Deux lots ont été choisis.
Dans le premier lot les dents ont subi une résection
d’apex avant d’être transplantées. Les dents du
deuxième lot ont été transplantées en l’état.
Dans
le lot n’ayant subi aucune apicectomie, elle observe
au bout de 120 jours une destruction totale
des vaisseaux.
Dans l’autre lot, l’apicectomie est
réalisée dans le même temps opératoire que la
transplantation au niveau du delta apical.
La pulpe
est ainsi plus largement en contact avec les tissus périapicaux.
Dans ce lot, après 180 jours, 80 % des
dents étaient revascularisées.
Ce processus n’est
pas « ad integrum » spécialement dans la zone au
contact de la dentine.
La revascularisation est
moins rapide que dans le cas des germes.
Monsour et Adkins ont prolongé leurs observations
au-delà du 180e jour.
Ils ont noté un rétrécissement
progressif de la taille de la chambre pulpaire
et des canaux.
Dans certains cas, ils ont
assisté à une obturation complète des canaux pulpaires
induisant une nécrose aseptique.
La résorption
de la racine a affecté toutes les dents.
Cependant,
la réparation de la plupart des lacunes de
résorption a été observée 120 jours après l’intervention.
En résumé, après transplantation chez le chien :
• dans un premier temps, la pulpe subit une
phase de nécrose ;
• avec des dents immatures la réparation pulpaire
intervient par croissance interne d’un
tissu conjonctif bien vascularisé et riche en
cellules qui atteint la chambre après 30 jours ;
• la capacité de revascularisation des dents matures
se manifeste si l’on pratique une apicectomie
pendant la transplantation ;
• le tissu mou apparu par croissance interne à
l’intérieur de la racine et de la chambre pulpaire
est graduellement remplacé par du tissu
dur.
L’étude des relations entre le transplant et son
site receveur est indispensable pour reconnaître les
facteurs qui favorisent la réussite – ou entraînent
l’échec – des transplantations.
Le rôle du desmodonte
est primordial.
B - Desmodonte
et cicatrisation
:
Le desmodonte est un tissu conjonctif.
Vascularisé
et innervé, il unit les dents et leur alvéole par
l’intermédiaire des fibres de Sharpey.
Elles constituent
l’essentiel du ligament alvéolodentaire, et s’insèrent dans le cément, tissu minéralisé qui recouvre
la dentine radiculaire, et dans l’os alvéolaire.
Le desmodonte intervient dans la transmission
des informations extéro- et proprioceptives et
dans la régulation de l’intensité des forces masticatoires.
Il est cémentogène par sa face interne et
ostéogène par sa face externe.
Après une autotransplantation,
les phénomènes de cicatrisation
intéressent le complexe cément-desmodonte-os alvéolaire.
Après destruction du ligament alvéolodentaire
avant réimplantation, aucune attache conjonctive
n’est obtenue.
Ces travaux sont confirmés par ceux
de Proye et Polson sur les transplants effectués
chez des singes : après dénudation des surfaces
radiculaires, ils n’observent pas de nouvelle attache
conjonctive.
Melcher insiste sur l’importance
des cellules dérivées du desmodonte et de l’os
alvéolaire dans la réparation des lésions parodontales.
Le processus de réparation et de cicatrisation à
la suite d’une transplantation a été bien décrit par Andreasen : dès le 4e jour qui suit la transplantation,
le caillot sanguin qui entoure la dent s’organise
en tissu de granulation.
À 7 jours, des fibres
gingivales du transplant se lient à celles du site
récepteur et des fibres du ligament semblent s’unir
à l’os alvéolaire.
Au 34e jour, le nouvel alvéole est
constitué incluant des fibres de Sharpey.
Le rôle des restes desmodontaux est bien mis en
évidence par les travaux expérimentaux de Saffar
et Garcia : si le desmodonte de la racine transplantée
est préservé, une revascularisation des restes
desmodontaux se produit au bout de quelques jours
et ces restes empêchent les ostéoclastes de pénétrer
le tissu dentinaire et de résorber la surface
radiculaire.
Lindskog et Hammartröm ont mis en évidence un
facteur anti-invasif (AIF), dont la production n’est
possible que si la vitalité des cellules desmodontales
est préservée.
Ce facteur inhibe la production
des ostéoblastes et protège les dents contre le
processus d’ankylose.
Andreasen confirme que la présence de cellules
desmodontales intactes et vivantes à la surface de
la racine du transplant est le facteur primordial
pour assurer une cicatrisation parodontale sans résorption
radiculaire.
Il est donc indispensable que
l’exposition extraorale du transplant soit la plus
brève possible afin d’éviter la déshydratation de la
surface radiculaire qui nuirait à la survie des cellules
desmodontales.
Tous les auteurs qui pratiquent des transplantations
s’accordent à l’heure actuelle sur la nécessité
de préserver le desmodonte tant au moment de
l’extraction que pendant l’installation du transplant
dans son site receveur.
C - Évolution des germes transplantés
:
Dans les cas où les organes transplantés sont des
germes enfouis, le pronostic dépend de leur capacité
à faire leur éruption et à édifier leurs racines.
Cette édification comporte la synthèse de la dentine
radiculaire et la formation de l’ensemble des
tissus de soutien de la dent.
Elle est sous la dépendance
de la gaine de Hertwig. Issue des épithéliums
adamantins interne et externe, elle sépare le
sac folliculaire de la pulpe.
Formée de deux assises
épithéliales accolées l’une à l’autre, elle progresse
en doigt de gant jusqu’à la région apicale en
induisant la formation des odontoblastes qui édifient
la dentine de la racine.
Sous l’induction de
cette dentine radiculaire, les cémentoblastes se
différencient à partir des cellules mésenchymateuses
du sac folliculaire pour synthétiser le cément.
Dans une étude portant sur 100 transplantations
de prémolaires humaines, Kristerson montre que la
transplantation à un stade précoce de développement
radiculaire aboutit à une longueur radiculaire
finale plus courte que celle que l’on obtient en
transplantant des germes à un stade d’évolution
radiculaire plus tardif.
Il observe également que les
germes transplantés qui ont été difficiles à extraire,
ce qui augmente le risque de traumatiser la
gaine de Hertwig, développent une longueur radiculaire
moindre par rapport à ceux dont l’avulsion
ne pose pas de problème.
Le rôle du sac folliculaire est crucial dans la
phase d’éruption.
Il est particulièrement riche en
facteur de croissance (epidermal growth factor ou
EGF), pendant la phase de développement desmodontal.
Les observations de Pogrel, à propos de
400 cas de transplantations, montrent que le maintien
de son intégrité lors du temps chirurgical est
nécessaire à la bonne conservation du ligament.
Les germes dentaires transplantés induisent la formation
d’os autour de leurs racines.
Le respect du
sac folliculaire est un élément primordial du succès
de la greffe d’un germe.
Une étude de Kristerson et
Andreasen sur le transplant d’incisives de singe
dont les racines sont au quart de leur édification
confirme que le germe s’ankylose et ne fait pas son
éruption si l’on supprime le sac folliculaire.
Monsour et Adkins ont publié en 1983 les résultats
de leurs études sur le chien.
Ils ont transplanté
des germes de dents dont au moins un tiers
de la racine est évolué.
Ils observent : après 7 jours
les couronnes sont juste visibles cliniquement.
La
muqueuse est inflammatoire, la dent sensible au
toucher. Au 14e jour la couronne est plus visible.
Il
n’y a pas de mobilité pathologique. L’inflammation
de la muqueuse subsiste.
Au 28e jour, la dent a fait
totalement son éruption et est en position d’occlusion.
La longueur radiculaire a augmenté.
Et
60 jours après le transplant la majorité des dents
est en occlusion fonctionnelle sans qu’aucune mobilité
excessive soit relevée.
Les racines ont poursuivi
leur élaboration et les apex se ferment.
L’espace desmodontal observable sur les radiographies
est régulier et son épaisseur semble physiologique.
L’on peut en conclure qu’après transplantation respectant
le desmodonte, chez le chien, le potentiel
desmodontal est conservé.
Éléments de technique
:
A - Considérations générales :
La décision de transplanter un organe dentaire doit
être prise en accord avec le patient et son praticien
habituel, stomatologiste ou chirurgien-dentiste,
orthodontiste.
Cet acte est rarement une réponse
simple à un problème isolé.
Il s’inscrit dans un plan
de traitement dont l’étude doit déterminer le but
de la transplantation et le moment où elle a les
meilleures chances de réussir.
Il est indispensable
d’obtenir le consentement éclairé du patient, et,
s’il est mineur, de ses parents ou tuteurs légaux.
Les risques et les possibilités d’échec doivent être
clairement expliqués.
B - Bilan :
1- Bilan général
:
Un bilan général, la consultation du carnet de
santé, au besoin la prise de contact avec le médecin
de famille, permettent de dépister des contreindications
d’ordre général telles que risque oslérien,
diabète insulinodépendant, patient immunodéprimé
ou atteint de troubles neurologiques
entraînant des tics faciaux, brycomanie, absence
de coopération, mauvaise hygiène.
Al-Himdani
ajoute à ces contre-indications les pathologies cancéreuses
de la sphère orofaciale, les hémopathies,
l’insuffisance rénale.
Ces contre-indications éliminées,
le plan de traitement établi et accepté, il
reste à bien connaître, avant l’acte chirurgical, la
qualité et la morphologie du transplant et l’anatomie
du site receveur.
2- Examen clinique
:
Il met en évidence la qualité du parodonte, le
volume des crêtes, d’éventuelles dysplasies visibles
sur d’autres dents, l’espace interproximal disponible
pour la transplantation, la distance à la dent
antagoniste.
Les dimensions et la morphologie de la
(ou des) dent(s) de l’arcade controlatérale fournissent
des indications utiles. On vérifie la courbe de Spee et l’occlusion.
On repère, s’il existe, un tic de
mordillement, de succion, une anomalie de pulsion
linguale.
3- Étude de moulages des arcades
:
Elle complète utilement l’examen clinique.
Elle
permet d’anticiper avec précision l’occlusion de la
dent transplantée.
4- Bilan radiographique
:
Un bilan radiographique suffisant et précis est indispensable.
Dans les cas simples, un cliché panoramique
numérisé de rapport 1/1, des clichés rétroalvéolaires
status long cône, un cliché occlusal
suffisent.
Mais dès que l’on prévoit une difficulté,
pour le prélèvement du transplant ou au niveau du
site receveur, un examen tomodensitométrique est
demandé.
Les techniques tridimensionnelles donnent
à l’opérateur une excellente approximation
de ce qu’il va rencontrer au cours de son intervention.
L’imagerie tridimensionnelle par soustraction
ou par transparence des différentes densités permet,
comme l’a bien montré Pajoni, de déterminer
avec précision les rapports des dents entre elles
dans les trois dimensions de l’espace.
Elle révèle
en outre la morphologie du transplant, une
éventuelle courbure de sa racine, et dépiste des
dysplasies, des anomalies ligamentaires, voire des
zones de résorption ou d’ankylose.
Les images scanographiques
aident aussi à situer exactement les
rapports avec les cavités sinusiennes des maxillaires,
les fosses nasales, le canal sous-orbitaire au
maxillaire, le canal dentaire inférieur et le trou
mentonnier à la mandibule.
Elles facilitent l’appréciation
de l’état d’évolution du transplant en visualisant
le degré d’ouverture ou de fermeture de son
apex lorsque celui-ci est peu visible sur les clichés
classiques.
Enfin, les données du scanner permettent,
par stéréolithographie, la réalisation de modèles
en résine du transplant et du site récepteur,
mais ceci reste encore, pour nous, expérimental.
Au terme de ce bilan, la décision de pratiquer la
transplantation est prise.
L’intervention se fait de
préférence en milieu chirurgical.
C - Choix de l’anesthésie :
Il doit répondre aux impératifs évoqués ci-dessus
pour permettre une préparation suffisante et sans
échauffement des parois du site receveur, l’extraction
« en douceur » du transplant, et son installation
pratiquement atraumatique dans sa nouvelle
situation.
Dans une majorité de cas, une anesthésie
locorégionale, potentialisée à l’aide d’un anxiolytique
de type benzodiazépines, est suffisante.
Il
n’est pas nécessaire que le patient soit à jeun.
On
évite les frais d’une hospitalisation.
Chez le jeune enfant, nous préférons l’anesthésie
générale ambulatoire avec intubation nasotrachéale
et tamponnement pharyngé à l’aide d’une
éponge en mousse synthétique peu traumatisante.
Le travail peut ainsi être effectué dans le calme et
sans laisser à l’enfant de souvenir désagréable.
L’intubation nasotrachéale ne gêne pas l’examen peropératoire de l’occlusion.
L’intervention est
pratiquée de préférence tôt le matin pour limiter la
durée du jeûne et autoriser une sortie de clinique
dès l’après-midi, sans obligation de passer une nuit
dans l’établissement.
Dans les cas d’adolescents, d’adultes jeunes ou
moins jeunes particulièrement craintifs, ou si l’on
prévoit des difficultés pour le prélèvement du (ou
des) transplant(s), la neuroleptanalgésie complétée
par l’anesthésie locorégionale est une solution
de choix.
Elle requiert comme l’anesthésie générale,
la présence du médecin-anesthésiste et une
consultation de préanesthésie préalable à l’intervention.
D - Matériel :
Chaque praticien utilisera le matériel auquel il est
habitué.
Le moteur doit permettre une rotation
relativement lente et une irrigation en continu.
Il
est souvent utile de prévoir des instruments à frapper
fins, du type ciseaux à os de Pauwels de faible
largeur.
Ils permettent des sections osseuses dans
des zones trop étroites pour l’usage de la fraise,
sans échauffement et sans perte d’os.
Un pied à
coulisse, une sonde alvéolaire, analogue à celle que
l’on utilise pour la chirurgie des implants, sont
souvent utiles.
Le matériel de contention sera évoqué
plus loin.
E - Étapes communes à tous les types
de transplants :
Ce sont :
• le prélèvement atraumatique du transplant ;
• la préparation soigneuse du site récepteur,
tant du point de vue gingivopériosté que du
point de vue osseux ;
• la mise en place du transplant dans son nouvel
alvéole ;
• la contention ;
• la surveillance postopératoire, clinique et radiologique.
1- Prélèvement
:
Tout doit être mis en oeuvre par le praticien pour ne
pas léser les éléments qui assureront la pérennité
du transplant.
Il doit être obsédé par le respect du desmodonte, et, s’il s’agit d’un germe, par la préservation
du follicule dentaire et du sac folliculaire
qui doit être clivé prudemment du tissu conjonctif
avoisinant à l’aide d’une spatule mousse.
Si une alvéolectomie est nécessaire, le dégagement doit
être suffisamment large, la mobilisation douce, en
préférant les mouvements de rotation aux mouvements
pendulaires qui risquent d’écraser le desmodonte.
Dans tous les cas, les contacts se font au
niveau de la couronne sans prendre appui sur le
collet ni la racine (Andreasen, Eskici et Dröschl).
On
vérifie que le transplant se mobilise aisément.
À ce
stade, on évalue la forme de la (ou des) racine(s),
leur orientation.
Ceci permet de confirmer la faisabilité
de la transplantation et de prévoir la forme et le volume du site receveur.
Dès lors, il est préférable
de laisser le greffon en place dans son alvéole et
de passer à l’étape suivante.
On évite ainsi la perte
de contact avec son milieu naturel, la dessiccation
des fibres desmodontales, on limite le risque de
souillure bactérienne.
2- Préparation du site receveur
:
L’opérateur doit préserver la gencive et le périoste
et aménager le volume osseux nécessaire à la mise
en place du transplant.
Le décollement gingivopériosté n’est pas toujours
utile lorsque la transplantation est consécutive
à l’extraction d’une dent déciduale ou d’une
dent délabrée.
Lorsqu’il est nécessaire, il peut se
faire par simple clivage étendu au collet des dents
voisines.
Toutefois, une incision vestibulaire de
décharge à distance nous paraît souvent utile.
Elle
donne une meilleure visibilité, facilite le clivage atraumatique du périoste, un désépaississement
éventuel de la gencive attachée.
Elle rend possible
une section horizontale du périoste au-delà de la
zone de réimplantation.
La souplesse que l’on gagne
ainsi facilite l’adaptation de la gencive attachée
à la nouvelle situation anatomique créée par
la mise en place du transplant.
Insistons sur le
respect du périoste dont le rôle dans la vascularisation
et le remodelage osseux est essentiel.
Si la zone où se fera le transplant est déjà
édentée, l’incision se fait sur la crête.
On attend
toujours que le transplant soit en place avant de
réséquer, s’il en est besoin, un peu de fibromuqueuse
pour lui restituer une forme anatomique.
On s’attache, en fin d’intervention, à suturer avec
précision pour assurer au transplant une bonne
protection, limiter les risques d’infection et faciliter
l’activité ostéogène du périoste.
La préparation de l’alvéole osseux a pour but de
créer entre les corticales externe et interne l’espace
où l’on installera le transplant.
Elle tient
compte de son volume et de la longueur et de la
forme des racines.
Elle est forcément approximative,
mais doit être suffisante pour que la mise en
place du transplant puisse se faire aisément sans
provoquer de traumatisme desmodontal.
Elle doit
être orientée de telle sorte que la mise en place de
la dent transplantée se fasse dans l’axe souhaité.
Dans le cas d’une crête édentée, on pratique un
avant-trou au milieu de la zone interproximale,
puis un forage dans l’axe souhaité, à l’aide d’une
fraise boule en rotation lente et sous irrigation
permanente, en tenant compte des structures anatomiques
de voisinage (sinus, fosse nasale, canal
dentaire, racines des dents voisines...).
On adapte
ensuite le volume de cette cavité à celui du transplant.
L’utilisation d’une jauge permet de vérifier
l’orientation que prendra le transplant d’une dent
mature.
Si l’intervention comporte dans un premier
temps l’extraction d’une dent de lait ou d’une
molaire délabrée, on se contente d’aménager l’alvéole
de la dent extraite et de retirer le septum interradiculaire s’il s’agit d’une molaire. Ici
encore, la préservation des corticales est impérative.
Cependant, il peut advenir que l’une d’entre
elles ait été partiellement détruite par l’infection
ou par une manoeuvre d’extraction traumatisante.
Dans ce cas, l’apposition d’un greffon prélevé dans
le voisinage peut être utile mais n’est pas forcément
nécessaire.
Borring-Moller et Frandsen,
dans un travail sur la parodontite juvénile,
montrent qu’une résorption osseuse dans le site
receveur n’est pas une contre-indication aux autotransplantations
dentaires.
Reade et Graham
confirment cette opinion.
S’il existe une infection
apicale au moment de l’extraction, il faut la cureter
soigneusement, rincer abondamment, surfacer
l’alvéole à la fraise boule, rincer à nouveau.
Une
autre solution consiste à cureter après avoir extrait
la dent, puis à laisser cicatriser quelques jours pour
une transplantation dans un deuxième temps dans
un tissu sain cicatriciel qui n’est pas encore ossifié.
Cette méthode rejoint la technique de transplantation
en deux temps.
Le site receveur est alors
préparé 8 à 15 jours avant la transplantation, son
volume étant un peu surdimensionné, puis suturé.
Une à 2 semaines plus tard il est réouvert.
Le
transplant est installé dans le tissu cicatriciel qui
comble la cavité destinée à le recevoir.
Pour les
auteurs, ce contact entre le transplant et le tissu de
cicatrisation facilite une bonne intégration tout en
diminuant les possibilités d’ankylose.
L’inconvénient
de cette technique, pour le patient, est
l’obligation d’une seconde intervention peu de
temps après la première.
3- Mise en place du transplant
:
Une fois le site receveur préparé, que l’on utilise
une méthode en un ou en deux temps, le transplant
est retiré du site d’extraction où il avait été laissé
en réserve, pour être installé dans sa nouvelle
situation.
On vérifie à ce moment qu’il peut être
inséré sans forcer.
Si ce n’est pas le cas, il ne faut
pas hésiter à le retirer, à le remettre dans son
alvéole initial afin de parfaire l’aménagement du
site receveur, et recommencer la mise en place.
S’il s’agit d’une dent mature ou dont la racine est
édifiée au moins à ses deux tiers, elle doit être
placée dans une situation aussi proche que possible
de celle qui lui est destinée, en veillant toutefois à
éviter toute surcharge occlusale qui gênerait sa
consolidation.
Si l’apex est fermé, une apicectomie franche à l’aide d’une pince gouge bien affûtée
permet de le rouvrir.
Si le transplant est un germe,
il doit être enfoui en position pré-éruptive, en
veillant à ce qu’il n’y ait pas de compression de la
zone apicale.
On se souvient qu’une lésion de la
gaine épithéliale de Hertwig compromet ou empêche
la poursuite de l’édification radiculaire.
4- Contention
:
Une mobilité importante du greffon dans les premiers
jours qui suivent sa mise en place aurait pour
conséquence une diffusion bactérienne susceptible
d’entraîner une nécrose de la couverture desmodontale.
Une contention est donc nécessaire.
Ceci ne concerne pas, bien entendu, les germes
enfouis.
La suture attentive de la muqueuse apporte
souvent à elle seule un certain degré de
stabilisation. Cette suture peut être réalisée de
telle sorte qu’un hamac en X coiffe la couronne de
la dent greffée et empêche son extrusion.
Elle peut
être stabilisée par collage à la couronne à l’aide
d’une goutte de composite.
Ce type de contention
aisé à mettre en oeuvre suffit bien souvent pour les
prémolaires et les molaires.
Elle a l’avantage d’une
souplesse qui favorise la stimulation desmodontale
et les processus de revascularisation pulpaire et
limite les risques de résorption et d’ankylose.
Dans le cas des dents antérieures,
incisives, canines, ou si le procédé ci-dessus laisse
trop de mobilité au greffon, une contention plus
ferme doit être mise en place.
Divers procédés sont
recommandés suivant les auteurs.
Nous utilisons les
attelles collées non rigides, la fixation sur un arc orthodontique préexistant à l’intervention et qui
aura souvent servi à aménager l’espace interproximal
requis, le collage, sur la surface vestibulaire de
la couronne de la dent transplantée et des dents
adjacentes, des brackets reliés par un fil d’acier
souple (Schneck et al.).
Dans presque tous les cas
nous préférons une contention souple ou semirigide,
sauf parfois au niveau de la canine maxillaire
lorsque les mouvements de diduction risquent
de la déstabiliser avant sa consolidation.
Une gouttière
de protection préalablement préparée peut
alors être utilisée avec l’avantage d’un positionnement
exact de la canine préparé sur un set up.
Une
gouttière de résine autopolymérisable peut également
être façonnée et mise en occlusion pendant la
séance opératoire.
Les gouttières doivent laisser
libre l’insertion gingivale pour en faciliter le nettoyage.
La contention est maintenue de 2 à 4 semaines,
parfois plus dans le cas des canines sans
dépasser 6 semaines.
5- Surveillance postopératoire
:
Les suites immédiates sont favorisées par l’administration
d’une antibiothérapie pendant 6 jours.
L’hygiène doit être stricte, l’alimentation adaptée.
Les contrôles sont rapprochés dans les premières
semaines suivant l’intervention. Ils sont cliniques
et radiographiques.
On surveille la cicatrisation
gingivale, la stabilisation du transplant ou son éruption s’il s’agit d’un germe.
On veille particulièrement
à ce que le transplant reste en légère sousocclusion
jusqu’à sa consolidation complète.
Les
contrôles sont alors plus espacés : à 3 mois, à
6 mois, puis annuels si tout va bien.
Une sensibilité
au froid peut réapparaître après quelques semaines,
mais ce n’est pas le cas le plus fréquent.
L’insensibilité au froid et au chaud ne signifie pas
forcément une mortification du transplant qui
peut, néanmoins, se comporter comme une dent
vivante.
Dans ce cas, sa coloration ne s’altère pas,
son parodonte est cliniquement normal.
On compare
les sons obtenus à la percussion du transplant
et des dents voisines
Un son mat est de bon aloi, un
son clair, quasi métallique, en faveur d’une ankylose.
Les radiographies apportent des informations essentielles.
Le premier cliché est pris lors de la
première visite de contrôle, 8 à 10 jours après la
mise en place du transplant.
Il servira de point de
repère par comparaison avec ceux qui seront faits
ultérieurement.
Les clichés suivants doivent montrer
une normalisation de l’os alvéolaire, la restauration
de la lamina dura.
L’apparition, à partir du
deuxième mois, de microcalcifications à l’intérieur
du canal radiculaire et de la chambre pulpaire,
atteste la reprise d’un processus vital et est un
signe prédictif du bon comportement du transplant.
Le cliché panoramique montre l’intégration
du transplant dans l’ensemble de la denture et ses
rapports avec les structures anatomiques voisines,
mais le cliché rétroalvéolaire donne les informations
les plus fines, particulièrement au niveau du
collet et de la surface radiculaire de la dent transplantée.
Les investigations cliniques et radiographiques
vont donc permettre de juger du comportement du
transplant et de répondre à une question controversée
: le traitement endodontique est-il indispensable
? Si oui, à quel moment doit-il être réalisé ?
6- Traitement endodontique
:
Sa mise en oeuvre n’est pas systématique. Un transplant
« réussi » doit se faire oublier.
Une fois sa
mise en place achevée, et son intégration dans sa
nouvelle position acquise, il doit se comporter
comme une dent « normale » et son évolution dans
le temps doit suivre celle du reste de la denture.
C’est le plus souvent le cas lorsqu’on transplante
chez un sujet jeune, une dent à l’apex largement
ouvert. Le cas idéal étant pour la plupart des
auteurs, celui d’un transplant dont l’édification
radiculaire est acquise aux deux tiers.
A fortiori, on
ne traite pas les canaux des germes transplantés.
Lorsque le transplant est une dent mature, dont
l’apex est fermé, pour Andreasen et Garcia, le
traitement endodontique est indispensable.
En aucun cas, il ne doit être réalisé dans le temps
de l’intervention.
Le traitement canalaire de la
dent « dans la main », préconisé autrefois, est
formellement prohibé : il augmente le risque de
résorption de la surface radiculaire en rapport avec
l’augmentation du temps d’exposition extraorale
du transplant, et les risques de lésions du desmodonte
au cours des manipulations.
Le traitement canalaire peut se réaliser en un ou
deux temps.
Dans la technique en deux temps, la pulpe est
retirée puis on obture le canal radiculaire à l’aide
d’hydroxyde de calcium dont les propriétés antiseptiques,
anti-inflammatoires et ostéogéniques
sont reconnues.
Ce traitement est répété au moins
une fois 4 semaines plus tard. Six mois plus tard
l’obturation définitive est réalisée.
Les contrôles
sont ensuite annuels.
Cette technique recommandée
par l’Association des endodontistes américains dès la deuxième semaine qui suit la transplantation,
doit surtout être mise en oeuvre
lorsqu’on constate une anomalie de cicatrisation du
transplant : inflammation du desmodonte, résorption
de surface qui tend à s’aggraver au lieu de
disparaître.
L’obturation canalaire ainsi pratiquée
permet souvent de freiner, parfois d’arrêter cette
évolution.
La technique en un temps consiste en l’obturation
définitive de la dent dès la première séance, à
l’aide de gutta-percha et de ciment de scellement endocanalaire.
Pour A. Garcia, cette technique est
réservée aux transplants de dents à apex fermé.
Cependant, il n’est pas exceptionnel qu’un
transplant à apex fermé se comporte comme une
dent vivante.
Cette évolution favorable nous semble
plus fréquente lorsqu’on pratique une apicectomie,
comme nous y incitent les travaux de Skoglund.
C’est pourquoi, sous réserve d’une
surveillance stricte et rapprochée, nous ne préconisons
pas le traitement canalaire systématique des
dents matures transplantées.
Il ne doit être mis en
oeuvre, mais alors sans tarder, que si l’on constate
une évolution défavorable.