Performances et limites de l’échographie obstétricale Cours de
Gynécologie Obstétrique
Détermination du terme
de la grossesse
:
Une connaissance précise du terme est indispensable, non seulement
pour interpréter les dosages biologiques et les courbes de croissance
foetale, mais encore pour éviter la prématurité iatrogène et pour
diminuer les déclenchements intempestifs du travail pour de faux
« termes dépassés ».
La mesure des diamètres du sac ovulaire n’a d’intérêt qu’en tout
début de grossesse, avant la visibilité de l’embryon.
Par voie endovaginale, le sac gestationnel devient visible à 4 semaines
d’aménorrhée (SA) + 5 jours et mesure 2 mm, entouré d’une
« couronne » hyperéchogène de 1 mm.
Grossièrement, ce diamètre
du sac passe de 5 mm à 5 SArévolues, à 20 mm à 7 SArévolues.
Le coefficient de corrélation le plus significatif avec l’âge
gestationnel, est obtenu avec la détermination de la longueur craniocaudale de l’embryon, à la condition d’éviter d’inclure la
vésicule ombilicale dans la mesure.
La meilleure précision est
obtenue entre 7 et 12 SA révolues, soit pour des longueurs craniocaudales de 10 à 60 mm.
L’intervalle de confiance à 95 % pour
l’estimation de l’âge gestationnel est de ± 4,0 à 4,7 jours, alors que
l’intervalle de prédiction à 95 % est de 9,3 à 9,8 jours.
La longueur craniocaudale fondée sur le repérage précis de la date
de l’ovulation par le pic de luteinizing hormone (LH) montre que la
date des dernières règles sous-estime l’âge gestationnel de 3,0 à 3,2
jours.
Dans une population de grossesses obtenues par
procréation médicalement assistée, Grangé et al rapportent que la meilleure approximation est obtenue par la courbe de Wisser
et al, avec un intervalle de prédiction à 95 % de 6,4 jours pour
des embryons de 10 à 19 mm, cependant que pour des foetus
beaucoup plus grands, de 80 à 97 mm, la meilleure prédiction tombe
à 12,7 jours avec la courbe de Robinson et al.
Les mesures
simultanées du diamètre bipariétal et de la circonférence abdominale
ne permettent pas d’améliorer la précision.
Il faut cependant éviter de corriger systématiquement le terme
théorique de la grossesse en fonction de la longueur craniocaudale
de l’embryon, car cette pratique, injustifiée chez des femmes ayant
des cycles menstruels très réguliers, risque de méconnaître un retard
de croissance très précoce, expression d’une trisomie 13 ou 18, ou
d’un diabète avec malformation foetale.
Au deuxième trimestre, l’évaluation devient plus incertaine.
On peut
cependant conseiller la mesure du diamètre bipariétal ou de la
circonférence céphalique de 14 à 20 SA révolues, et éventuellement
la détermination de la longueur du fémur de 14 à 24 SA révolues.
D’autres paramètres ont été proposés, comme la longueur
du sacrum ou la longueur de la clavicule, qui sont égales au nombre
de semaines d’aménorrhée, ou le diamètre transverse du cervelet
qui ne serait pas affecté par les troubles de la croissance foetale.
La correction éventuelle de la date du terme lors des échographies
systématiques du 2e trimestre permet de diminuer les surveillances
intensives et les inductions du travail de pseudotermes dépassés, au
prix d’une augmentation des accouchements prématurés et de la
naissance d’enfants pesant moins de 2 500 g, ce qui suggère une
relation possible entre l’aménorrhée imprécise et un contexte
socioéconomique défavorable, ou un rapport éventuel avec des
cycles menstruels dysovulatoires.
En cas de grossesse non suivie, découverte au 3e trimestre, compte
tenu de la dispersion importante des valeurs biométriques
concernant les paramètres habituels, toute tentative de datation apparaît comme illusoire.
On ne pourra que confronter les mesures
habituelles à certains critères de maturité, comme les points
d’ossification du fémur, ou au grade de sénescence du placenta selon Grannum.
Diagnostic des grossesses gémellaires
:
L’objectif de l’obstétricien doit être de définir le plus précocement
possible le nombre de chorions et de cavités amniotiques, compte
tenu d’une mortalité périnatale multipliée par trois dans les
grossesses monochoriales par rapport aux grossesses bichoriales, et
de la mortalité très élevée des grossesses gémellaires monochoriales
monoamniotiques, en rapport avec l’enchevêtrement des cordons,
alors que les parents seront plutôt préoccupés par la zygosité :
« vrais » ou « faux » jumeaux.
A - DIAGNOSTIC DES GROSSESSES MULTIPLES :
Au cours des 6 premières SA révolues, tant que l’embryon n’est pas
encore visible, il existe un risque de faux positifs lorsque se dessine
une deuxième image circulaire, qu’il s’agisse d’une glande
endométriale kystique (5 SA révolues) ou d’un hématome souschorial
dans un contexte de métrorragies : la recherche systématique
de la couronne trophoblastique hyperéchogène permet d’éviter ces
erreurs.
Les faux négatifs sont dus à un balayage incomplet de la
cavité utérine, en particulier avec l’emploi de sondes vaginales.
B - VALEUR PRIMORDIALE DE L’EXAMEN DU PREMIER
TRIMESTRE
:
Au cours des 8 premières semaines, c’est la recherche du nombre de
sacs gestationnels qui assure le diagnostic de grossesse mono- ou bichoriale, tant que la membrane interovulaire reste épaisse.
De même, l’existence de deux vésicules ombilicales séparées par une
cloison signe la grossesse bichoriale, alors que deux vésicules
accolées, dessinant une figure en « huit », évoquent une grossesse
monochoriale.
C’est également l’examen précoce qui doit faire le
diagnostic de l’amnionicité : en effet une seule vésicule ombilicale
avec deux embryons signe la grossesse monochoriale monoamniotique,
parce que la membrane interamniotique, théoriquement
visible à partir de 8 SA révolues, n’est pas toujours facile à mettre en
évidence.
La visualisation de deux placentas à la fin du premier trimestre
indique la nature bichoriale de la grossesse ; en revanche, la valeur
prédictive positive d’une seule masse placentaire pour la
monochorionicité n’est que de 50 %, car des masses placentaires
initialement séparées peuvent fusionner au cours de leur
développement.
L’exploration par voie vaginale avec des hautes
fréquences ultrasonores permet également de mettre en évidence des
membranes de séparation plus épaisses en cas de gestations bichoriales.
Le signe du « lambda » est fondé sur l’image du raccordement
pariétal des membranes interovulaires des grossesses bichoriales au
niveau du placenta.
La valeur diagnostique de ce signe avant 14 SA
révolues est pratiquement de 100 %.
Après le premier
trimestre, la présence de villosités choriales échodenses s’insinuant
entre les deux couches du chorion, depuis son origine au niveau de
la surface placentaire, réalise le twin peak.
C - DIFFICULTÉS DU DIAGNOSTIC LORS DES DEUX
DERNIERS TRIMESTRES :
La précision diagnostique diminue au fur et à mesure que la
grossesse avance.
En effet, s’il n’existe qu’une seule masse
placentaire, il faudra recourir à d’autres signes au cours des 2e et 3e
trimestres de la grossesse.
De fait, le signe du twin peak peut être
pris en défaut car, la grossesse évoluant, on observe la régression du
« chorion frondosum » qui va se transformer en « chorion laeve ».
L’absence de twin peak n’est donc pas un signe suffisant pour
affirmer une grossesse monochoriale.
Certes, des sexes différents sont synonymes de grossesse bichoriale,
mais des sexes identiques ne prédisent correctement la
monochorionicité que dans moins de 40 % des cas.
La cloison qui sépare les cavités amniotiques est plus épaisse dans
les grossesses bichoriales (2,4 mm) que dans les grossesses
monochoriales (1,4 mm).
Si la précision approche 100 % pour les
variétés bichoriales, des erreurs ont cependant été enregistrées pour
les grossesses monochoriales, car la reproductibilité de la méthode
s’avère être très variable.
En utilisant des hautes fréquences
ultrasonores, il est également possible de compter directement les
membranes interovulaires, la visualisation de trois ou quatre
membranes, avec un faible gain ultrasonore et une image agrandie,
évoquant une grossesse bichoriale.
Finalement, pour obtenir une
sensibilité de l’ordre de 97 % dans les grossesses bichoriales et de
92 % dans les variétés monochoriales, il faut tenir compte de tous
les paramètres : sexe foetal, nombre de placentas, épaisseur des
membranes et signe du « lambda ».
Pour répondre au désir des parents de connaître la nature de
« vrais » ou de « faux » jumeaux, il faut se souvenir que des sexes
différents signent le caractère dizygote des foetus, et que toutes les
grossesses monochoriales sont monozygotes.
En revanche, la
réponse est impossible à donner par la seule échographie dans les
grossesses bichoriales à sexes identiques.
Dépistage des malformations foetales :
A - DÉPISTAGE EN ROUTINE :
1- Échographie du premier trimestre
:
Pendant de nombreuses années, cette échographie s’est limitée à
confirmer la situation intra-utérine de la grossesse, à vérifier la
vitalité foetale, à rechercher les grossesses multiples, à dépister les
anomalies pelviennes associées et surtout, à confirmer l’âge
gestationnel par la mesure de la longueur craniocaudale.
Cependant,
dès le début des années 1990, l’attention s’est portée vers la
morphologie foetale grâce à une approche combinée, par voie
abdominale et vaginale.
Outre les anomalies chromosomiques
dépistées par la mesure de la clarté nucale et la mise en évidence
des hygromas kystiques, la liste des malformations foetales
diagnostiquées avant la 14e SA révolue s’allonge sans cesse.
Dès la
13e SA révolue, l’anatomie foetale est explorable dans 72 % des cas
par voie abdominale, dans 82 % par voie vaginale et dans 95 % des
cas par les deux voies combinées.
Le premier trimestre constitue une période privilégiée pour le
dépistage de certaines anomalies, parfois transitoires, comme les hyperclartés nucales et les hygromas kystiques du cou évoquant des
aberrations chromosomiques.
Les études à large échelle les plus
récentes montrent que la première échographie est capable de
repérer 62 à 81 % des trisomies, au prix d’un taux de faux positifs
voisin de 5 %.
En outre, la période entre 12 et 14 SA
révolues constitue un moment idéal pour l’exploration des membres supérieurs et inférieurs qui peuvent être vus simultanément avec
leurs trois segments sur un seul plan de coupe, évitant les faux
négatifs de diagnostic d’agénésie des membres, principal motif
actuel des plaintes en responsabilité.
Le crâne et le cerveau, le rachis, la face, les quatre cavités cardiaques,
l’estomac, les reins, la vessie et les parois sont visibles dès ce stade.
Il est même possible à 14 semaines révolues d’analyser les quatre
cavités cardiaques et le départ des gros vaisseaux en doppler
couleur.
Johnson et al ont démontré que, par un apprentissage approprié,
il est possible de diagnostiquer 100 % des anencéphalies entre 10 et
13 SA révolues.
Les travaux les plus récents montrent une sensibilité globale de 59 à
74 % pour le diagnostic des malformations avant la fin du premier
trimestre de la grossesse.
Selon Whitlow et al, dans une
série de plus de 6 000 patientes à bas risque, l’échographie précoce
entre 11 et 14 SA révolues dépiste à elle seule 68 % des
malformations et 85 % en combinaison avec l’examen ultérieur du
deuxième trimestre.
2- Échographie « morphologique » du deuxième
trimestre
:
Pour évaluer les performances de l’analyse morphologique du foetus
vers 22 SA révolues, nous disposons d’une part d’essais contrôlés
prospectifs qui ont comparé, après tirage au sort, une population
soumise à un programme de dépistage, avec une ou deux
échographies selon les études, à une population recevant les soins
habituels, c’est-à-dire des échographies prescrites uniquement en cas
d’indication clinique.
Sont d’autre part disponibles de nombreux
essais rétrospectifs évaluant, sur une période donnée, la performance
diagnostique chez des patientes ayant bénéficié d’une échographie
morphologique de routine.
Il s’avère que les performances de l’échographie de routine sont
variables, suivant que les études ont été réalisées sur plusieurs sites
ou sur un seul site.
Encore convient-il de préciser que, dans les études prospectives, il s’agit
souvent de services universitaires, avec des médecins ou des sagesfemmes
particulièrement compétents et motivés.
Dans l’essai
américain RADIUS, seulement 16,6 % des anomalies foetales ont été
détectés avant 24 SA révolues.
Cette étude, faite dans des centres
de niveau d’expérience très variable faisant plus souvent appel à
des techniciens de radiologie qu’à des radiologues ou à des
obstétriciens, a conduit les associations professionnelles américaines
à récuser l’échographie de routine, compte tenu des mauvais
résultats enregistrés.
La grande variabilité de la sensibilité du
dépistage morphologique du deuxième trimestre démontre le rôle
fondamental de l’opérateur dans cette technique.
Il faut cependant
remarquer que les séries ne sont pas homogènes, en particulier en
ce qui concerne la prise en compte des malformations mineures, et
la qualité du suivi postnatal à la recherche de toutes les anomalies
éventuelles.
L’apprentissage des acteurs du diagnostic échographique et
l’amélioration technologique des appareils s’accompagnent d’une
hausse des performances.
Ainsi, Bernaschek et al, comparant
deux périodes, l’une entre 1983 et 1984 où l’échographie était réalisée
sur indication, et l’autre entre 1990 et 1991, où elle était effectuée de
manière systématique, remarquent que la sensibilité du dépistage
avant 24 SA révolues est meilleure dans la deuxième période (18
contre 5 %).
De même, dans l’expérience de Carrera et al, on
constate qu’au cours d’une période de 20 années, le pourcentage de
malformations dépistées avant 28 SA est passé de 8,6 à 84,8 %.
3- Échographie du troisième trimestre
:
L’addition d’un examen morphologique entre 30 et 34 SA révolues
augmente de manière significative la sensibilité.
Dans
deux études de dépistage systématique, mais un peu anciennes,
portant respectivement sur 11 150 gestantes et 6 020 gestantes
ayant bénéficié de deux échographies morphologiques, l’une à 17
SA révolues, l’autre à 32 SA révolues, il s’avère qu’aucune
malformation digestive ni urinaire n’était visible lors du premier
examen.
Pour la plupart des auteurs, la sensibilité va pratiquement
doubler entre l’échographie du deuxième et celle du troisième
trimestre.
Néanmoins, on peut remarquer que les échographistes,
qui sont très performants au deuxième trimestre, n’améliorent que
faiblement leurs résultats.
La pratique quotidienne
montre que l’échographie du troisième trimestre est en fait trop
souvent une échographie « de rattrapage », soit que des aspects
anormaux n’ont pas été vus précocement, soit que le diagnostic a
été retardé par des contrôles successifs d’une image suspecte sans
avoir eu recours à l’avis d’un centre de référence plus expérimenté.
4- Performances diagnostiques selon les organes foetaux
:
La synthèse réalisée par Chitty à partir de sa propre série et de
celles de Shirley et al, de Crane, de Luck et de Levi et
al, portant sur 47 312 foetus, montre que les meilleurs taux de
détection concernent le système nerveux central (77,4 %), l’arbre
urinaire (66,1 %), les malformations pulmonaires (63 %), les
syndromes polymalformatifs (61,4 %), et les anomalies digestives
(56,3 %).
La sensibilité est encore très insuffisante pour les anomalies
squelettiques (34,4 %), les trisomies (24,5 %) et les cardiopathies
(18,7 %).
Fort heureusement, la sensibilité est d’autant
meilleure que la malformation est plus grave : 89 % pour les
anomalies létales, 77 % pour les défauts congénitaux nécessitant une
réanimation néonatale, et 30 % pour les malformations mineures.
Des résultats semblables sont rapportés dans l’étude EUROFETUS, récemment parue, qui a enregistré dans 61 centres
européens les diagnostics échographiques de malformation foetale
entre 1990 et 1993, et qui montre une sensibilité globale de 61,4 %
sur 3 685 foetus atteints.
La détection est également plus élevée pour
les anomalies majeures (73,7 %) que mineures (45,7 %), et plus
précoce (24,2 contre 27,6 SA révolues) lorsque la malformation est
grave. Pour les malformations graves, les résultats sont nettement
meilleurs dans le domaine du système nerveux central (88,3 %) et
de l’arbre urinaire (84,8 %) que pour l’appareil cardiovasculaire
(38,8 %).
En ce qui concerne les malformations mineures, la détection
est bonne pour le tractus urinaire (89,1 %), mais médiocre pour le
système cardiovasculaire (20,8 %) et l’appareil musculosquelettique
(18 %).
Il faut signaler en outre que, lors des autopsies d’enfants malformés,
la vérification anatomique retrouve un certain nombre d’anomalies
non vues par les échographistes : dans l’étude EUROFETUS, la
sensibilité décline ainsi de 61,4 à 56,2 %.
L’autopsie apparaît
d’ailleurs indispensable, en présence de toute malformation
découverte par l’échographie, car le conseil génétique s’en trouvera
amélioré, voire modifié dans 30 à 51 % des cas.
Les meilleures
concordances entre les images échographiques et l’examen
anatomopathologique sont observées dans les malformations du
système nerveux central (77 %) et lorsqu’il existe une ou plusieurs
anomalies foetales en relation avec une aberration chromosomique
(88 %).
En outre, mis à part l’anencéphalie, la plupart des malformations
sont diagnostiquées au-delà de la 24e semaine révolue, ce qui limite
singulièrement l’impact du diagnostic prénatal, dans les pays où la
législation interdit la pratique de l’interruption médicale de la
grossesse après la 24e semaine.
Le dépistage des aberrations chromosomiques au deuxième
trimestre a perdu beaucoup de son intérêt depuis l’introduction de
la mesure de la clarté nucale au premier trimestre, et depuis le
dépistage biologique du quatrième mois.
Comme l’ont montré Boyd
et al, la recherche en routine des signes « mineurs » de trisomie
n’augmente que très faiblement la sensibilité (de 51 à 55 %), mais
multiplie par 12 les faux positifs.
En matière d’échocardiographie, l’incidence des quatre cavités avec
les valves auriculoventriculaires est obtenue chez 96 à 100 % des
foetus dès 18-24 SA.
Néanmoins, sur cette coupe, seules les
malformations qui perturbent significativement l’architecture du
coeur sont accessibles de façon fiable au diagnostic prénatal.
La
constatation d’une image normale des quatre cavités exclut les
malformations les plus graves, où la chirurgie est actuellement
inefficace (hypoplasie du coeur gauche) et les malformations viables,
mais grevées d’un risque opératoire important, et surtout d’une
réelle incertitude pronostique à long terme (atrésies tricuspides ou
pulmonaires) ; certaines cardiopathies pouvant se révéler
tardivement, un coeur « normal » à 20-24 SA révolues n’est pas une
garantie d’intégrité à la naissance.
Pour améliorer la performance de
l’échocardiographie, il est maintenant indispensable de réaliser des
coupes des gros vaisseaux, afin de dépister les sténoses aortiques et
pulmonaires et la transposition des gros vaisseaux, en sachant qu’une sensibilité de 60 %, voire de 85 % semble être un objectif
raisonnable en matière de cardiopathies congénitales.
5- Nécessité d’une stratégie diagnostique à deux niveaux
:
Dès 1985, Schmidt et al avaient montré que le nombre de
diagnostics exacts passe de 37 % au premier niveau à 81 % au sein
d’un centre de diagnostic anténatal de référence.
L’étude réalisée à Vienne (Autriche) par Bernaschek et al entre
1990 et 1991, portant sur 25 587 enfants, avec un taux de
malformations de 1,26 %, montre que le taux de détection dans la
population des échographies de routine augmente en fonction du
niveau de compétence.
Favre a comparé les résultats du 1er niveau colligés par Lys et
al en Belgique avec la sensibilité obtenue par l’étude
multicentrique dans des centres de référence.
Les différences sont particulièrement évidentes au niveau du
système cardiovasculaire et dans l’étude des extrémités.
6- Échographie tridimensionnelle (3D)
:
Cette approche nouvelle de la morphologie foetale peut s’avérer utile
pour confirmer une malformation de la face, du tube neural, des
extrémités, des parois et des organes génitaux externes.
B - ÉCHOGRAPHIE SÉLECTIVE SUR INDICATION :
Les meilleurs résultats du diagnostic échographique sont
évidemment obtenus lorsque l’examen morphologique est orienté
par des antécédents d’enfant malformé, par un dosage anormal de
l’alphafoetoprotéine maternelle, par une pathologie de la grossesse
ou par un signe échographique évocateur (anomalie de la croissance
foetale ou du volume de liquide amniotique).
Dans un centre tertiaire prenant en charge les malformations foetales,
où la prévalence atteint 82,5 %, la sensibilité est optimale (99 %) avec
une valeur prédictive positive de 98,1 %.
Dans des centres de référence, agissant souvent en consultants de
deuxième niveau, où la prévalence malformative reste élevée, de
13,6 à 21 %, la sensibilité reste excellente, en moyenne autour de
90 %.
Plusieurs études récentes mettent l’accent sur la nécessité de
rechercher des facteurs de risque malformatif chez toutes les femmes
enceintes, en plus des antécédents personnels ou familiaux.
En
effet, 50 % des malformations seraient retrouvées dans une
population de 20 % des femmes enceintes, avec une prévalence de
3,2 % contre 0,9 % en l’absence de toute anomalie clinique.
Aux facteurs précédemment cités, Van Dorsten et al ajoutent des
dosages biologiques anormaux (alphafoetoprotéine), un diabète
insulinodépendant et une infection maternofoetale, bactérienne,
virale ou parasitaire.
La sensibilité du diagnostic passe alors de
49,6 % dans le groupe de l’échographie de routine à 89,7 % dans le
groupe à haut risque.
Dans leur travail portant sur les grossesses diabétiques, Albert et
al rapportent une sensibilité respective de 59 % pour les
malformations majeures non cardiaques et de 80 % pour les
cardiopathies.
De même, dans une population sélectionnée par les antécédents et
par un dosage anormal de l’alphafoetoprotéine, le dépistage des
anomalies de fermeture du tube neural et de la paroi abdominale
apparaît particulièrement performant, avec des sensibilités de 92 à
100 %.
Dans la population à haut risque (âge supérieur à 35 ans et dépistage
biologique positif), lorsque l’incidence des trisomies atteint près de
1 %, les signes mineurs du deuxième trimestre retrouvent une certaine valeur : en effet, une échographie normale réduit le risque
de 80 %, alors que la présence de deux signes la multiplie par 23.
Cependant, le taux de faux positifs atteint 9 à 17%.
Dans un contexte de nuque foetale épaisse à caryotype normal, où la
fréquence des cardiopathies atteint 7,3 %, Zosmer et al dépistent,
très tôt, entre 13 et 17 SA, 88 % des anomalies cardiovasculaires.
De nombreux auteurs recommandent de faire pratiquer d’emblée
les échographies morphologiques, en cas de haut risque malformatif,
dans des centres de référence.
C - EFFICACITÉ RÉELLE DE L’ÉCHOGRAPHIE
« MORPHOLOGIQUE »
:
Pour juger de l’impact de l’échographie de routine, il est possible de
s’adresser à des études de populations à partir des registres de
malformations existants et de rechercher, dans les études
prospectives, l’influence sur les indicateurs traditionnels de la
périnatalité.
1- Études en population
:
Plusieurs études étrangères sont à notre disposition : celle de Lys et
al dans la province du Hainaut, en Belgique (8 313 naissances),
celle de Bernaschek et al dans la ville de Vienne en Autriche
(25 587 naissances), celle de Queisser-Luft et al à Mayence (20 248
naissances) et celle de Baronciani et al dans les provinces du sud
et du nord de l’Italie (540 006 naissances) : elles montrent une
sensibilité variable de 14 à 48 % pour une incidence malformative
de 2,06 à 2,50 %.
En France, il existe quatre registres qui recueillent
les données de 19 départements, soit approximativement le quart
des naissances nationales, à partir desquels Goujard et al
concluent que l’échographie prénatale a conduit à l’identification de
50 % des malformations majeures, et à une réduction de 35 % des
naissances d’enfants présentant une pathologie sévèrement
handicapante.
Cependant, de toute évidence, en étude de population, plus de la
moitié des malformations échappe encore à l’échographie de routine.
2- Impact sur les marqueurs de la périnatalité
:
Des études rétrospectives montrent, d’une part une diminution
significative des malformations congénitales majeures à la naissance
(de 32 à 35 %) et, d’autre part une réduction de l’impact des
malformations dans la mortalité périnatale (14 contre 23 %).
D’autres statistiques mettent en évidence une augmentation des
interruptions de la grossesse pour des malformations graves,
un accroissement des traitements et de la surveillance in utero des
anomalies curables, une meilleure survie néonatale et un plus
grand nombre de transferts maternels anténatals dans des
maternités disposant d’une unité de réanimation néonatale.
Dans
le domaine des cardiopathies congénitales, l’amélioration est surtout
sensible pour les malformations nécessitant une réparation biventriculaire et pour la prise en charge immédiate des
transpositions des gros vaisseaux.
En ce qui concerne les uropathies, la fonction rénale dans la première enfance semble
améliorée par la prise en charge anténatale.
Les études prospectives randomisées, comparant l’échographie de
routine à l’échographie sur indication clinique, révèlent les faits
suivants :
– une réduction significative de la mortalité périnatale de 9,0 à
4,6 ‰ dans une seule étude à Helsinki ;
– une diminution du nombre de jours d’hospitalisation des enfants
malformés dans la série norvégienne d’Eik-Nes et al ;
– une tendance à l’amélioration du pronostic des enfants malformés
dans l’essai américain RADIUS : survie de 75 % des enfants ayant
une malformation majeure contre 52 % dans le groupe témoin (odds
ratio [OD] = 1,4 (intervalle de confiance [IC] à 95 % = 0,9-2,3).
L’expérience clinique renforce cette impression, en particulier en ce
qui concerne la transposition des gros vaisseaux et la hernie
diaphragmatique, le diagnostic prénatal permettant le transfert
maternel dans une maternité de niveau III disposant d’un service de
réanimation néonatale.
Deux méta-analyses nous apportent des informations
complémentaires :
– celle de Bucher et Schmidt incluant les essais suédois,
norvégiens, finlandais et celle du Missouri, concluent que
l’échographie de routine est efficace pour dater la grossesse, détecter
les troubles de la croissance foetale, diagnostiquer précocement les
grossesses multiples et dépister les malformations sévères, avec
cependant un risque de faux positifs de 2,4 ‰.
La méta-analyse ne
montre pas d’amélioration des résultats obstétricaux en termes de
taux de naissances vivantes, d’induction du travail ou de scores
d’Apgar inférieurs à 7.
En revanche, la mortalité périnatale est
réduite (OR = 0,64 ; IC à 95 % = 0,43-0,97), du fait des interruptions
précoces des grossesses dont les foetus présentaient des
malformations graves.
L’échographie de routine n’est donc utile
qu’aux femmes convaincues de la nécessité d’un dépistage des
malformations congénitales et acceptant une éventuelle interruption
de grossesse ;
– la mise au point de la Cochrane Data Base inclut en 1996 les
résultats de l’essai RADIUS et de l’essai sud-africain, soit plus
de 30 000 grossesses.
Elle conclut que l’échographie de routine en
début de grossesse a mieux évalué l’âge gestationnel, a détecté plus
tôt les grossesses multiples et a diagnostiqué les malformations
foetales graves, mais l’impact sur la décision médicale était très
variable selon les législations, avec des refus d’interruption de
grossesse de la part des patientes, notamment aux États-Unis.
Il n’y
avait pas de différence significative en termes de mortalité périnatale
ou de faible score d’Apgar.
Il convient cependant de souligner que
ces essais n’ont pas comparé l’échographie de routine à l’absence
totale d’échographie.
Dans l’essai RADIUS, 45 % des femmes du
groupe contrôle ont eu au moins une échographie, et seulement 8 %
n’en ont pas eu.
La moyenne des échographies dans le groupe
d’étude et dans le groupe témoin variait respectivement de 2,2 à 0,6
dans l’essai RADIUS, et de 2,1 à 1,8 dans l’essai finlandais.
Les essais contrôlés et les méta-analyses montrent donc clairement
qu’il n’y a pas d’amélioration de la mortalité, ni de la morbidité
périnatales liées à l’utilisation de l’échographie obstétricale de
routine, sauf si les patientes acceptent l’interruption médicale de
grossesse en cas d’anomalie foetale grave, ce qui suppose une
information éclairée avant tout examen échographique.
3- Incidences économiques
:
Un travail finlandais de Leivo et al estime que l’échographie est
rentable pour la société, si un seul examen de routine par grossesse
dépiste au minimum la moitié des malformations.
Levi arrive
aux mêmes conclusions, avec deux échographies par grossesse, en
prenant en compte quelques malformations graves pouvant être
interrompues.
Ce niveau de dépistage semble être actuellement
atteint en France.
Évaluation de la quantité du liquide
amniotique :
A - ÉVALUATION DE LA MÉTHODE ÉCHOGRAPHIQUE :
Il existe plusieurs manières d’évaluer la quantité du liquide
amniotique :
– l’évaluation subjective avec un aspect plus ou moins recroquevillé
du foetus sur lui-même dans une cavité amniotique sans citerne
évidente et une absence d’écho dans l’aire de visualisation des
membres en cas d’oligoamnios ou, à l’inverse, avec un foetus
baignant dans un espace liquidien tellement vaste que l’on pourrait,
par l’imagination, y placer un deuxième foetus en cas d’hydramnios ;
– l’évaluation quantitative pour laquelle trois techniques ont été
proposées :
– la mesure de la plus grande citerne dans un plan vertical par
rapport à la paroi abdominale ;
– la mesure des diamètres vertical et transversal dans la plus
grande citerne ;
– la mesure de l’index du liquide amniotique (ILA) selon la
proposition de Phelan et al, dans les quatre quadrants de
l’utérus.
C’est ce dernier paramètre qui a été évalué de plusieurs manières.
Sepulveda et al ont mis en évidence, par des échographies
réalisées avant et après une amnio-infusion, qu’il existe une relation
linéaire entre le volume instillé et l’ILA, mais que seulement 30 %
de la variation de l’ILA sont expliqués par le volume surajouté, sans
doute en raison de la diffusion rapide du liquide hors du sac
amniotique.
La plupart des études concernent des comparaisons entre l’ILA et
l’estimation du volume amniotique effectuée à l’aide d’un colorant
injecté dans la cavité ovulaire (acide para-amino-hippurique ou
carmin indigo) ou des mesures directes lors de césariennes.
Il
s’avère que l’erreur moyenne pour un même observateur est de
l’ordre de 0,8 cm ou de 3,1 % du volume estimé, et que l’erreur entre
expérimentateurs différents approche 1,9 cm ou 6,7 % du volume
réel.
En réalité, il semble que, si l’approximation échographique
paraît correcte en cas de volume normal, les résultats soient
nettement moins bons en cas de pathologie, avec une large
surestimation (89 %) pour les liquides peu abondants, et également
une tendance à la sous-estimation de 54 % des liquides en excès.
La
sensibilité de l’ILA pour le diagnostic de l’oligoamnios varie de
6,7 % à 18%.
C’est pourquoi Chauhan et al et Magann et
al proposent de recourir plutôt à la technique des deux diamètres
de la plus grande citerne, et Schiff et al conseillent de calculer le
volume utérin total, puis de soustraire les volumes placentaire et
foetal estimés par l’échographie.
B - VALEUR PRONOSTIQUE DE L’ESTIMATION
ÉCHOGRAPHIQUE
:
Chamberlain et al ont rapporté l’intérêt de la mesure
ultrasonore de la plus grande citerne quant au risque malformatif, à
la mortalité périnatale et aux troubles de la croissance foetale.
C’est surtout la valeur pronostique d’un ILA inférieur à 5 cm,
synonyme d’oligoamnios, qui a été étudiée.
Pour Rutherford et
al, Baron et al et Anandakumar et al, il s’agit d’un bon test
car il est associé à une augmentation des risques de ralentissements
variables et de césariennes pour souffrance foetale au cours du
travail, mais il n’existe pas toujours de répercussion sur la morbidité
néonatale.
En fait, des études portant sur un nombre beaucoup
plus important de patientes de Magann et al, de Schuker et al
et de Hoskins et al ne confirment pas ces données, avec une
absence de répercussions, d’une part sur le taux de souffrances
foetales, d’autre part sur l’acidose néonatale.
Bien plus, certains
auteurs estiment que la connaissance de l’ILA induit davantage de
déclenchements inutiles du travail et de césariennes, sans bénéfice
réel pour l’enfant.
Cependant, certains obstétriciens continuent à définir un index
borderline (entre 5 et 10 cm), ou à être vigilant dès que l’ILA
devient inférieur à 8 cm, alors que d’autres, comme Hill et al
ou Chamberlain et al, considèrent, au contraire, qu’il faut rendre
la définition plus restrictive, en ne retenant que les plus grandes
citernes inférieures à 1 cm, voire à 0,5 cm pour Mercer et al.
Évaluation du bien-être foetal par le
profil biophysique :
La principale critique adressée au profil biophysique décrit par
Manning est sa durée, qui peut nécessiter un examen de 30 minutes
si le foetus est en état de sommeil ou s’il est soumis à une
hypoxémie.
Cependant, dans l’expérience de Manning et al
portant sur 155 000 tests réalisés au cours de grossesses
pathologiques, 98 % des profils biophysiques (PBF) sont normaux et
obtenus en moins de 8 minutes, alors que 1,5 % sont douteux (6/10),
avec 66 % de retour à la normale lors des contrôles, et que seulement
0,5 % sont anormaux (<= 4/10).
Le risque de mort in utero dans la semaine qui suit un test normal
est de 0,634 à 0,726 ‰.
Il existe un risque théorique de faux
négatifs, en présence de mouvements foetaux paroxystiques en
rapport avec les convulsions d’une encéphalopathie anoxique
prénatale.
En réalité, la principale cause des faux négatifs est
représentée par les malformations létales, alors que, dans la
population non testée, la principale cause des morts reste l’asphyxie.
Si l’on confronte les résultats du dernier PBF aux données de
l’équilibre acidobasique à la naissance, lors de césariennes
programmées, le pH moyen est 7,28 pour les PBF normaux, de 7,19
pour les PBF douteux et de 6,99 pour les PBF pathologiques.
De même, lors de cordocentèses réalisées au cours de RCIU et de
diabètes, le dernier PBF est significativement corrélé au pH de la
veine ombilicale (r = 0,84), alors qu’il n’est pas en relation avec la
pression en oxygène (pO2), ni avec la saturation et le contenu en
oxygène.
Le pH de la veine ombilicale est de 7,37 ± 0,06 en
cas de score normal, contre 7,07 ± 0,15 en cas de score à 0/10.
Il existe également une relation exponentielle entre le dernier PBF et
la mortalité périnatale.
La comparaison des grossesses suivies à l’aide du PBF avec des
séries historiques de patientes non testées, montre une réduction de
61 % de la mortalité périnatale dans l’expérience de Chamberlain
et de 76 % dans celle de Manning.
La mortalité résiduelle est liée
principalement à des malformations majeures (66,6 %).
Concernant la morbidité périnatale, il existe une relation linéaire
entre le dernier PBF et la souffrance foetale pendant le travail, les
scores d’Apgar <= 7 à la 5e minute, les pH de la veine ombilicale
< 7,20 et les admissions en réanimation néonatale.
Le suivi à long
terme des enfants révèle un taux d’infirmités motrices cérébrales de
0,4 ‰ en cas de scores normaux contre 335 ‰ en cas de scores très
pathologiques (0/10).
D’ailleurs, les séquelles cérébrales semblent
être nettement moindres dans la population des grossesses à haut
risque (1,33 ‰) que dans la cohorte des patientes non testées
(4,74 ‰).
Localisation placentaire :
La localisation placentaire par voie abdominale présente plusieurs
difficultés.
Pour repérer l’orifice interne du col, elle nécessite un
remplissage vésical qui peut comprimer le segment inférieur au
point d’allonger artificiellement l’image du canal cervical et de
remonter l’orifice interne du col, voire de refouler un placenta
antérieur au contact de la face postérieure de l’isthme, entraînant
une fausse image de placenta recouvrant total.
La limite inférieure
du placenta peut être masquée par des structures foetales, en
particulier dans les variétés postérieures.
D’autres erreurs sont
possibles, comme la confusion entre le placenta et un épaississement localisé du myomètre au niveau de l’isthme, la présence de caillots
sanguins interprétés comme des échos placentaires, un balayage
insuffisant de l’abdomen négligeant l’exploration des faces latérales
de l’utérus.
Il s’ensuit que la précision de l’échographie abdominale
dans le diagnostic du placenta prævia est de l’ordre de 93 à 96 %.
En moyenne, les faux positifs sont un peu plus fréquents que les
faux négatifs (5 à 7 %). Les résultats sont meilleurs dans les formes
recouvrantes que dans les variétés périphériques.
Pour éviter ces erreurs, il est actuellement conseillé de pratiquer, en
milieu hospitalier, une échographie endovaginale qui précise le
degré de recouvrement de l’orifice interne du col.
Les séries de
Farine et al et de Leerentveld et al montrent l’amélioration
diagnostique obtenue grâce à la voie vaginale.
Dans l’expérience de Smith et al le recours à l’exploration
vaginale est utile, en cas d’hémorragies gravidiques, dans près de
50 % des cas, et il rectifie le diagnostic initial de l’insertion
placentaire dans 26 % des cas.
Tan et al excluent dans 17 % des
cas, le diagnostic de placenta prævia évoqué par l’exploration
abdominale.
Lors de l’échographie du deuxième trimestre, une insertion basse
est retrouvée dans 4 à 9 % des cas, alors qu’à terme, elle ne
représente plus que 1,7 à 3 %.
Il existe donc une « migration »
placentaire qui peut atteindre 5 à 9 cm, et qui est due davantage au
développement du segment inférieur qu’à une dégénérescence de
certaines des villosités les plus basses du placenta.
Cette
« migration » a d’autant plus de chances de se produire qu’il s’agit
au départ d’une insertion asymétrique par rapport à l’orifice
cervical : sur 102 placentas prævia au deuxième trimestre, Zelop et
al notent que 93 % des migrations concernent des insertions
asymétriques, contre seulement 7 % d’ascensions pour les variétés
centrales symétriques.
L’exploration par voie vaginale confirme que le risque de persistance
d’une insertion prævia à terme est d’autant plus faible que l’examen
ultrasonore a été effectué plus loin du terme :
– risque de 5,1 % lorsqu’à la fin du premier trimestre le placenta
déborde sur l’orifice interne du col de plus de 15 mm ;
– risque de 25 % au deuxième trimestre, quand le bord inférieur du
placenta est distant de moins de 10 mm de l’orifice interne du
col ;
– risque de 38 % lorsque le recouvrement de l’orifice interne par le
placenta dépasse 10 mm au deuxième trimestre.
Avant de prendre une décision quant au mode d’accouchement, il
convient, par conséquent, de faire un contrôle vers 35-36 SA
révolues.
Dans l’expérience d’Oppenheimer et al, aucune
patiente dont le bord inférieur était à plus de 2 cm de l’orifice interne
du col n’a nécessité de césarienne.
Diagnostic du retard de croissance
intra-utérin :
Dans les grossesses à bas risque, la biométrie foetale traditionnelle
ne dépiste même pas 50 % des RCIU, habituellement définis par un
poids inférieur au 10e percentile selon l’âge gestationnel.
Chez
les patientes à haut risque, les mensurations céphaliques et
abdominales repèrent au mieux 75 % des RCIU, en sachant qu’il
convient d’accorder la préférence aux mesures de l’abdomen foetal
(sensibilité de 61 à 86 % pour le périmètre ou la surface) plutôt
qu’aux données céphaliques (sensibilité de 48 à 67 %) du fait de
l’existence d’hypotrophies segmentaires ou asymétriques épargnant
longtemps le pôle céphalique.
Encore convient-il d’ajouter
que, pour affirmer qu’il existe un arrêt de la croissance abdominale,
il faut respecter un délai de 2 semaines entre deux examens
successifs, afin de réduire le taux de faux positifs à 16,9 %.
Cependant, même dans une population de femmes toxémiques, la
sensibilité peut rester très médiocre (de l’ordre de 10 %), d’où des
tentatives d’évaluer l’état nutritionnel du foetus en mesurant la
graisse sous-cutanée abdominale ou la circonférence de la cuisse
en échographie tridimensionnelle.
En cas d’aménorrhée imprécise ou inconnue, il importe de comparer
la biométrie à certains paramètres échographiques de maturité
foetale, comme le grade de sénescence placentaire, le point
d’ossification fémoral inférieur ou le diamètre cérébelleux
transverse.
Diagnostic de la macrosomie foetale :
Pour diagnostiquer une macrosomie foetale, c’est-à-dire un poids
supérieur au 90e percentile ou à 4 000 g à terme, il convient de
prendre en compte les mesures systématiques du pôle céphalique,
de l’abdomen et du fémur, selon diverses formules.
Parmi les 31
formules proposées, aucune ne s’avère nettement plus performante
que les autres.
Un des principaux paramètres diagnostiques
semble être une circonférence abdominale supérieure à 35 cm.
La
prévision est meilleure lorsqu’on utilise le double diamètre
(antéropostérieur et transverse) de l’abdomen ou l’ellipse
électronique, plutôt que la trace manuelle : poids à ± 10 % du poids
réel respectivement dans 77,4, 79,2 et 49,1 % des cas.
En fait,
l’analyse de la littérature montre une sensibilité pour le diagnostic
de macrosomie de 11 à 100 %, tout aussi variable que la spécificité
(de 100 à 48 %).
Il en résulte que l’échographie n’est pas meilleure, voire qu’elle
s’avère parfois être moins performante que l’examen clinique.
Chauhan et al ont établi des courbes ROC (receiver operating
characteristic curves) selon les différents paramètres, qui montrent la
supériorité des circonférences sur les diamètres.
Pour tenter d’obtenir des résultats plus performants, il est conseillé
de disposer de courbes propres pour les foetus jumeaux ou en
présentation du siège, et surtout pour les enfants de mères
diabétiques.
En définitive, devant ces résultats, somme toute très décevants,
plusieurs solutions ont été proposées :
– l’évaluation du volume foetal à partir des paramètres de
l’échographie bidimensionnelle (erreur moyenne de 6,6 %) ;
– l’intégration dans les formules de prédiction ultrasonore de
paramètres maternels comme la taille, le poids ou la prise pondérale ;
– des mesures en série du diamètre bipariétal (sensibilité de 100 %
et spécificité de 98 %), de la circonférence abdominale (sensibilité de 84 % et spécificité de 100 %) ou de la répétition de l’estimation
pondérale grâce aux deux paramètres précédents (sensibilité de 62 %
et spécificité de 100 %) ;
– l’évaluation de l’état nutritionnel et du tissu adipeux du foetus, en
particulier chez les enfants de mères diabétiques, par la mesure de
la circonférence du cordon, la distance entre les deux joues, les
tissus sous-cutanés de l’abdomen ou de la cuisse ou les
tissus mous du bras en échographie conventionnelle ou
tridimensionnelle.
Estimation pondérale
:
Dans la pratique obstétricale courante, il peut être utile d’évaluer le
poids foetal, d’une part lorsque se pose la question d’une extraction
très prématurée d’un enfant hypotrophique car la survie dépend du
poids du nouveau-né, d’autre part, lorsque l’on craint des difficultés
lors de l’accouchement par les voies naturelles, que ce soit en cas de
présentation du siège ou d’utérus cicatriciel, ou que l’on redoute
une dystocie des épaules en raison d’une macrosomie foetale.
En cas de faible poids de naissance, qu’il s’agisse d’un RCIU ou
d’une grande prématurité, il semble acquis que l’évaluation
échographique est supérieure à l’appréciation clinique tant que le
poids foetal reste inférieur à 2 500 g.
En revanche, en cas de macrosomie, l’examen clinique reste très utile.
Les courbes ROC (receving-operating characteristic curves) montrent
qu’avec une limite échographique de poids de 3 700 g, la sensibilité
atteint 85 %, mais au prix d’un pourcentage de faux positifs de
macrosomie de l’ordre de 50 %.
Ce taux élevé d’erreurs est
préjudiciable, car il induit des comportements interventionnistes,
avec un nombre important de déclenchements du travail ou de
césariennes programmées pour éviter des lésions du plexus brachial.
Des recherches sont en cours pour déterminer si la volumétrie, en
technique tridimensionnelle, confirme ses premiers résultats avec
une approximation du poids foetal réel de l’ordre de 5,1 à 8,8 % par
la circonférence du bras ou de la cuisse associée au volume
abdominal.
Dans la prévention de la dystocie des épaules, il semble utile de
tenir compte des macrosomies dysharmonieuses qui caractérisent les
grossesses diabétiques, et qui s’expriment par une discordance
évidente entre les mesures céphaliques, qui restent dans les limites
physiologiques, et les mensurations thoraciques ou abdominales, qui
augmentent anormalement.
Ont été proposés une différence entre le
diamètre thoracique transversal et le diamètre bipariétal supérieure
à 14mm, ou un diamètre abdominal moyen en excès par rapport
au diamètre bipariétal de 26 mm ou plus.
Mesure de la longueur du col utérin :
La mesure de la longueur du col utérin et de l’ouverture de l’orifice
interne ont été conseillées, d’une part comme critère de gravité du
risque d’accouchement prématuré, d’autre part comme paramètre
prédictif du succès d’un déclenchement artificiel du travail.
A - MENACE D’ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ
:
La mesure de la longueur du col par voie abdominale nécessite un
remplissage vésical préalable, avec l’inconvénient d’allonger l’image
du canal cervical.
Cependant, elle reste recommandée par de
nombreux auteurs, qui l’utilisent lors de l’échographie
« morphologique » et qui ne recourent à la voie vaginale que si le
col apparaît inférieur à 30 mm.
Pour mesurer précisément, par voie vaginale, la longueur du col et
surtout pour mettre en évidence le prolapsus des membranes à
travers l’orifice cervical interne (tunnellisation), il est recommandé
de repérer le cul-de-sac vésico-utérin. Pour faciliter la recherche
de la béance cervicale, une légère pression utérine au niveau du fond
ou de l’isthme pendant 15 secondes est recommandée.
Dans ces
conditions, la mesure échographique apparaît plus performante que
l’examen clinique (toucher vaginal).
Le suivi longitudinal de la
longueur du canal endocervical, entre 15 et 24 SA révolues, identifie
précocement les béances du col.
Cependant, l’interprétation des résultats doit tenir compte non
seulement du risque réel de prématurité dans la population étudiée,
mais encore du moment où l’examen est effectué pendant la
grossesse.
En effet, la longueur moyenne du col passe de 35,2 ±
8,3 mm vers 24 SA révolues à 33,7 ± 8,5 mm vers 28 SA révolues.
Il n’existe pas d’accord, dans la littérature, sur les valeurs qu’il
faut considérer comme pathologiques : entre 18 et 30 mm chez les
patientes présentant une menace d’accouchement prématuré et entre
25 et 35 mm à 20-24 SA révolues, ou entre 25 et 39 mm à 27-32 SA
révolues chez les femmes asymptomatiques.
Dans la population à bas risque, la sensibilité pour la prédiction de
l’accouchement prématuré reste faible : elle est de 29 % avec un col
<= 29 mm et une ouverture de l’orifice interne > 5 mm dans la série
de 3 694 patientes examinées entre 18 et 22 SA révolues par Taipale
et al.
Dans la méta-analyse de Leitich et al, elle varie de 33 à
54 % au début du deuxième trimestre et de 63 à 76 % à la fin du
deuxième trimestre, la spécificité concernant respectivement 73 à
91 % et 59 à 69 % des patientes à bas risque.
Le deuxième paramètre,
en l’occurrence l’ouverture de l’orifice interne du col, a encore une
plus faible sensibilité (16 à 33 %), mais une meilleure spécificité (92
à 99 %).
On peut cependant conclure qu’un col de moins de 25 mm
ou la présence d’une tunnellisation supérieure à 50 % de la longueur
cervicale laissent présager un accouchement prématuré.
Lorsque
le col est particulièrement court (< 15 mm) le risque de grande
prématurité (<= 32 SA révolues) atteint près de 50 %.
Pour
améliorer la valeur prédictive de la méthode, il a été proposé
d’associer les antécédents de prématurité ou la recherche de la fibronectine oncofoetale dans le mucus vaginal.
Dans la population à haut risque, notamment les grossesses
gémellaires, la présence d’un col > 35 mm est rassurante, car elle a une valeur prédictive positive de 97 % pour un accouchement ³ 34
SA révolues.
Dans les grossesses triples, les valeurs de la
longueur du col sont nettement inférieures à celles des grossesses
uniques : 25,0 ± 8,0 mm contre 35,2 ± 8,3 mm.
Chez les patientes qui présentent une menace d’accouchement
prématuré, la sensibilité de la longueur du col pour le diagnostic de
l’accouchement prématuré atteint 68 à 100 %, alors que la spécificité
se situe entre 44 et 79 %.
Les valeurs respectives pour l’ouverture de
l’orifice interne du col sont de 70 à 100 % et de 54 à 75 %.
En pratique, une longueur supérieure à 30 mm et l’absence de tunnellisation remettent sérieusement en question le diagnostic de
menace d’accouchement prématuré, alors que des valeurs anormales
imposent une prise en charge agressive.
En cas de rupture
prématurée des membranes avant terme, un col de moins de 20 mm
fait craindre un accouchement dans les 2 jours, et invite à transférer
la patiente dans une maternité disposant d’un environnement
pédiatrique adapté.
B - DÉCLENCHEMENT DU TRAVAIL :
Dans l’expérience de Rozenberg et al, la mesure de la longueur
du col lors du terme améliore la prédiction de l’accouchement dans
les 7 jours, alors que la fibronectine vaginale est plutôt corrélée au
mode d’accouchement par voie basse.
L’échographie du col avant le déclenchement artificiel du travail a
donné des résultats discordants.
Le raccourcissement de la phase de
latence, en rapport avec l’ouverture de l’orifice interne du col et la
durée totale du travail plus courte lorsque le col est au départ <
30 mm, avec davantage de naissances par les voies naturelles, n’ont
pas été retrouvés par tous les auteurs.