Maladies gingivales induites par la plaque (Suite)
Cours de Médecine Dentaire
D -
Maladies gingivales induites par la plaque
et modifiées par des facteurs systémiques
:
Les maladies gingivales modifiées par des facteurs
systémiques se traduisent cliniquement, à quelques
nuances près, de la même façon que les gingivites
seulement associées à la plaque avec ou sans les
facteurs locaux aggravants que nous venons de
décrire.
La notion de « maladies gingivales modifiées
par des facteurs systémiques » se retrouvait
anciennement sous le vocable de « gingivites aggravées
par des facteurs généraux ».
Des facteurs systémiques peuvent modifier la
nature des réponses de l’hôte à l’étiologie bactérienne.
Face à l’intensité de l’agression, ces réponses
sont alors inadaptées soit par déficit de
certains éléments de défense immunitaire, soit au
contraire par leur excès ; dans les deux cas, elles
entraînent un effet délétère.
Cette réponse inadaptée contribue à augmenter
le risque parodontal, c’est-à-dire le risque qu’une
gingivite évolue en parodontite dont l’intensité et la rapidité des pertes d’attache vont définir des
formes agressives pouvant entraîner la perte d’une
ou de plusieurs dents.
À côté de la détection du risque parodontal
d’origine bactérienne, il convient aussi de détecter
le risque parodontal lié aux facteurs systémiques
chez tout patient porteur d’une gingivite.
E - Maladies gingivales induites par la plaque
et associées à des variations hormonales :
Des modifications hormonales entraînent une réceptivité
plus grande de la fibromuqueuse gingivale,
notamment chez la femme.
Dans ce cas, du
fait d’une augmentation du taux des hormones
stéroïdes, oestrogènes et progestérone, une inflammation
préexistante, déclenchée et entretenue par
la plaque bactérienne, peut être considérablement
augmentée.
On parle de gingivite prépubertaire,
de gingivite menstruelle, de gingivite gravidique, de gingivite liée à la prise de
contraceptifs oraux, de gingivite de la ménopause.
Ces gingivites présentent un tableau clinique
analogue à celui décrit précédemment ; les
signes cliniques, notamment le saignement provoqué
et les hyperplasies gingivales, sont fréquemment
plus importants.
Dans le cadre du nouveau concept de parodontologie
médicale, il est maintenant bien documenté
le fait qu’une femme enceinte porteuse d’une infection
est susceptible de déclencher un accouchement
prématuré et/ou de mettre au monde un
enfant de petit poids.
Les gingivites, qui sont des
maladies infectieuses, peuvent de ce fait être à
l’origine de tels problèmes, d’autant plus que l’intensité
de l’inflammation gingivale est importante.
Les mécanismes directs par bactériémie ou indirects
par l’action des médiateurs de l’inflammation
peuvent être impliqués.
Il ne faut donc surtout pas
négliger le traitement d’une gingivite chez la
femme enceinte.
F - Maladies gingivales induites par la plaque
et modifiées par le diabète :
Le diabète, qu’il soit de type I ou de type II, au-delà
du dysfonctionnement endocrinien, entraîne des
modifications du comportement immunitaire de
l’hôte.
S’il est bien entendu que toutes les gingivites
ont comme étiologie primaire une microflore
bactérienne, un diabète est susceptible de potentialiser
les effets de cette flore et donc de modifier
le tableau clinique d’une gingivite.
Il est fréquemment
observé comme complication d’un diabète la
présence de microangiopathies dont des microangiopathies
buccales.
De plus, le diabète représente
un facteur de risque parodontal important
puisqu’il multiplie par 3 à 4,2 un risque initial.
Une
gingivite chez un diabétique doit donc faire l’objet
d’un traitement rigoureux et d’une maintenance
parodontale rapprochée.
G - Maladies gingivales induites par la plaque
et associées à des dyscrasies sanguines
:
La gencive peut être le siège de manifestations de
dyscrasies sanguines comme par exemple de leucémies.
Ces localisations gingivales qui sont parfois
révélatrices de ces dyscrasies vont soit venir compliquer
un tableau clinique de gingivite déjà installée,
soit compliquer le contrôle de plaque de par
les douleurs gingivales provoquées.
H - Maladies gingivales induites par la plaque
et modifiées par des médicaments :
Certains médicaments ont un tropisme particulier
pour le parodonte comme la 5-5 diphénylhydantoïne
(Di-Hydan®) utilisée dans les traitements antiépileptiques,
la ciclosporine (ciclosporine A)
prescrite comme médicament antirejet chez les
patients greffés, les inhibiteurs du calcium du type
nifédipine qui sont des antihypertenseurs.
Ils entraînent
une augmentation du volume de la fibromuqueuse
gingivale qui, associée à une gingivite,
donne un tableau clinique de gingivite hyperplasique.
L’augmentation du volume de la gencive est
due à une hyperactivité métabolique du tissu
conjonctif gingival.
L’hyperplasie gingivale entrave
le contrôle de la plaque bactérienne dont l’accumulation
est ainsi favorisée.
I - Maladies gingivales induites par la plaque
et modifiées par le tabagisme :
Les fumeurs présentent moins de saignements gingivaux
que les non-fumeurs et, à volume de plaque identique, un indice gingival moyen plus bas que
celui des non-fumeurs.
En règle générale, les fumeurs
ont moins de gingivite que les non-fumeurs
du fait d’une vasoconstriction périphérique entraînant
une diminution du flux sanguin gingival.
Ces éléments cliniques ne doivent cependant pas
occulter l’importance de l’impact du tabagisme,
aussi bien localement que dans les comportements
immunitaires de l’hôte.
En effet, le tabac représente
l’un des facteurs de risque parodontal les plus
importants, si ce n’est le plus important.
Cette
susceptibilité accrue chez le fumeur s’explique par
une capacité réduite à former et à maintenir une
réaction de défense efficace vis-à-vis de la microflore
parodontale (diminution du chimiotactisme
des granulocytes neutrophiles, de leur mobilité et
de leur capacité de phagocytose).
De plus, le tabagisme,
en modifiant les conditions physicochimiques
environnementales de croissance bactérienne,
favorise la colonisation et la croissance de
bactéries parodontopathogènes comme Actinobacillus
actinomycetemcomitans, Porphyromonas
gingivalis, Bacteroides forsythus.
J - Maladies gingivales induites par la plaque
et modifiées par le stress
:
Le stress induit des changements de comportement
directs et indirects chez l’individu.
Un patient
stressé est un patient qui a tendance à négliger son
contrôle de plaque, ce qui entraîne de façon directe
une gingivite.
Les comportements induits par
le stress comme le tabagisme, l’abus d’alcool, une
mauvaise diététique et une mauvaise prise en
charge médicale vont avoir une action indirecte par
leur effet sur les défenses immunitaires du sujet qui
est plus exposé aux maladies parodontales et donc
en premier lieu aux gingivites.
De plus, le stress, en
agissant sur l’axe hypothalamohypophysaire et sur
les médullo- et corticosurrénales, favorise la sécrétion
de substances qui entraînent des nécroses tissulaires
observées dans la gingivite ulcéronécrotique.
Diagnostic différentiel
:
La classification d’Armitage permet d’éclairer le
diagnostic différentiel.
Les maladies gingivales induites
par la plaque doivent être distinguées des
maladies gingivales non induites par la plaque et
des parodontites.
A - Maladies gingivales non induites par
la plaque
:
Les maladies gingivales non induites par la plaque
sont des lésions du parodonte superficiel en réponse
à une agression spécifique qui est d’origine
locale ou générale.
Ces maladies gingivales non induites par la plaque
peuvent se regrouper de la façon suivante :
• réactions allergiques (aliments et additifs, matériaux
de restauration dentaire comme mercure,
nickel, résine acrylique, bain de bouche,
dentifrices, etc.) ;
• lésions gingivales traumatiques iatrogènes ou
accidentelles, chimiques, thermiques ou physiques
;
• réactions gingivales à des corps étrangers.
Chacune de ces maladies ou lésions présente des
caractéristiques dont la démarche sémiologique
permet d’en approcher le diagnostic.
L’anamnèse
permet de s’enquérir du mode de vie du patient
(possibilité d’une contamination par une maladie
sexuellement transmissible), de son alimentation
(carences), de la présence d’atteintes systémiques
connues (lichen plan, pemphigus), la présence
d’un traumatisme associé (brûlure, prothèse
mal ajustée), l’existence d’autres manifestations
buccales ou extraorales susceptibles de réaliser le
diagnostic différentiel.
L’examen clinique est
orienté vers la recherche de localisations non décelées
par le patient et/ou de signes pathognomoniques de maladies virales ou fongiques comme par
exemple la présence de vésicules herpétiformes ou
de plaques blanchâtres d’une candidose.
Les examens
biologiques sanguins, microbiologiques et/ou
anatomopathologiques, sont souvent effectués afin
de poser avec précision le diagnostic.
Des tests
d’allergologie complètent parfois cette démarche.
B - Parodontites :
Le sondage parodontal et la radiographie rétroalvéolaire
prise avec un long cône et des angulateurs
de Rinn permettent de faire le diagnostic différentiel
entre une gingivite et une parodontite.
Dans le
cas de la gingivite, il n’existe aucune perte d’attache,
c’est-à-dire qu’il n’est pas possible de mettre
en évidence l’existence de poche parodontale.
D’autre part, l’examen radiographique en cas de
gingivite ne montre aucune alvéolyse, aucune décapitation
des septa interdentaires ; il y a respect
des « fers de lance alvéolaires ».
Prise en charge d’un patient porteur
d’une maladie gingivale induite par
la plaque :
Si toutes les gingivites se traduisent cliniquement
par une inflammation gingivale, il convient comme
il a été décrit précédemment de dissocier les gingivites
induites par la plaque et les maladies gingivales
non induites par la plaque.
D’autre part,
parmi les gingivites induites par la plaque, la prise
en charge est différente selon qu’il s’agit de gingivites
avec ou sans risque d’évoluer en parodontites
et/ou de gingivites modifiées ou non par des facteurs
systémiques ou autres.
La nature des bactéries
qui colonisent les environnements supragingival
et sous-gingival, ainsi que la nature de la
réponse de l’hôte, conditionnent cette évolution
possible.
Il convient donc d’inclure dans la démarche
de prise en charge d’un patient porteur d’une
gingivite le diagnostic du risque parodontal.
L’exploration
de l’hôte associée à l’exploration de la
microflore parodontale permet de cerner ce risque
parodontal.
Le traitement mis en place doit être
adapté aux différentes situations.
Enfin, une maintenance
adéquate permet de pérenniser les résultats
ou à défaut de traiter à temps une récidive tant
qu’elle est réversible.
A - Diagnostic du risque parodontal :
Le diagnostic du risque parodontal qui détermine
l’existence d’une gingivite banale ou d’une gingivite
à risque résulte de la détection de facteurs liés
à l’hôte et/ou liés à la microflore parodontale.
Les facteurs liés à l’hôte sont recherchés par
l’interrogatoire du patient qui permet de détecter
l’existence des facteurs généraux comme le diabète,
le tabagisme, la prise de certains médicaments,
le stress, etc.
Les examens
biologiques sanguins sont fréquemment d’un précieux
recours et, dans certains cas, permettent de
dépister l’existence de maladies systémiques
jusqu’alors méconnues du patient.
Le comportement immunitaire de l’hôte peut
être exploré entre autres grâce au test génétique
PST.
Ce test rend compte de la qualité des
monocytes et de leur faculté plus ou moins augmentée
à libérer de l’interleukine 1.
Ainsi, un génotype
PST positif, c’est-à-dire un patient qui possède des
monocytes hyperinflammatoires et donc qui libèrent
une quantité importante d’interleukine 1 est
plus susceptible de voir évoluer sa gingivite en
parodontite comparé à un patient au génotype PST
négatif, et ce pour une agression bactérienne identique.
La présence, dans une microflore parodontale,
de bactéries parodontopathogènes comme
Actinobacillus actinomycetemcomitans ou Porphyromonas
gingivalis, signe également un risque parodontal
augmenté.
La recherche de ces bactéries
peut être entreprise par des prélèvements dans le biofilm sous-gingival qui sont analysés soit par cultures,
soit par des tests spécifiques comme les
sondes génétiques.
Le risque parodontal, comme toute notion de
risque, est une probabilité de survenue d’un évènement.
Il est la résultante d’un ensemble d’éléments.
L’accumulation de ces éléments concourt à
augmenter ce risque.
Cependant, un patient pour
lequel aucun risque parodontal n’a été détecté
peut néanmoins voir sa gingivite évoluer en parodontite
; certaines composantes étiopathogéniques
restent encore à éclaircir.
B - Traitements
:
Le traitement d’une gingivite induite par la plaque
doit prendre en compte aussi bien les composantes
étiologiques et les facteurs locaux aggravants que
les composantes liées à l’hôte quand celles-ci peuvent
l’être.
1- Prise en charge des composantes liées à l’hôte
:
La prise en charge des composantes liées à l’hôte
représente un élément déterminant dans le succès
thérapeutique.
De plus, en tant que maillon de la
chaîne médicale, nous pouvons contribuer à une
meilleure prise en charge médicale des maladies
systémiques par notre action de motivation et
d’orientation vers les compétences médicales adhoc.
Nous devons nous assurer que les maladies
systémiques qui sont susceptibles d’interférer avec
les gingivites sont correctement prises en charge et
le cas échéant intervenir.
Dans le cas où nous
sommes à l’origine du diagnostic d’une maladie
systémique, comme c’est souvent le cas pour le
diabète de type II, le patient est orienté soit vers
son médecin généraliste, soit vers un spécialiste.
Dans le cas du tabagisme, nous avons un devoir
d’information sur ses effets nocifs tant généraux
que sur le parodonte.
Les résultats thérapeutiques
parodontaux escomptés participent à la motivation
au sevrage tabagique.
Une orientation vers des
équipes médicales spécialisées dans le sevrage tabagique
est proposée au patient.
Tout conseil visant à diminuer le stress de nos
patients, comme celui de la pratique d’un sport,
contribue à l’obtention des résultats thérapeutiques.
2- Prise en charge des composantes étiologiques
et des facteurs locaux aggravants :
Le protocole de gingivite expérimentale a permis
de montrer la relation de cause à effet entre biofilm
et gingivite, et qu’après élimination régulière
du biofilm dentaire une santé gingivale est restituée.
Tout traitement de maladie gingivale induite par
la plaque doit bien évidemment comporter le
contrôle du facteur étiologique bactérien et la suppression
ou le contrôle des facteurs locaux aggravants.
* Contrôle du facteur étiologique bactérien
:
Le contrôle du facteur étiologique bactérien comprend
l’élimination des biofilms supra- et sousgingivaux.
Le biofilm supragingival est essentiellement
contrôlé par le patient suite à une motivation
à l’hygiène buccodentaire et à un apprentissage
d’une technique de brossage adaptée ; en revanche,
le biofilm sous-gingival est éliminé par le
praticien essentiellement grâce à l’usage d’appareils
ultrasoniques.
S’il est difficile voire impossible d’éliminer par le
seul brossage l’ensemble du biofilm supragingival,
le brossage doit à défaut entraîner une diminution
du volume global du biofilm et sa désorganisation,
concourant ainsi à diminuer le nombre total de
bactéries au contact de la fibromuqueuse gingivale,
et de ce fait diminuer le pourcentage des bactéries
parodontopathogènes afin que leur nombre soit de
nouveau compatible avec le seuil de tolérance de
l’hôte.
Afin d’atteindre ce but, une démarche de motivation
du patient est nécessaire d’emblée.
Elle
consiste en une information du patient sur sa maladie
et sur ses causes pour susciter chez lui une
démarche volitive qui se traduit par des questions
sur le comment retrouver une santé parodontale,
et partant sur les matériels et techniques à utiliser.
Une coloration de plaque bactérienne est d’une
aide précieuse pour visualiser l’étiologie de la gingivite
et guider le patient dans son apprentissage
d’une technique adaptée et enseignée par le praticien.
La prescription de matériel comprend en premier
lieu une brosse à dents.
Depuis quelques années se
sont développées les brosses à dents électriques
visant à améliorer la qualité et réduire le temps de
brossage.
Différents concepts ont été proposés : un
mouvement rotatif de touffes de poils, un mouvement
d’oscillation horizontale, un mouvement de
rotation quart de tour.
Des études réalisées montrent
que le brossage est de qualité équivalente ou
inférieure à un brossage manuel.
Cependant,
une brosse électrique combinant un mouvement
oscillatoire et un mouvement pulsatile semble donner
des résultats supérieurs.
Il apparaît ainsi intéressant
de prescrire ce type de brosse lorsque le
patient ne réussit pas à effectuer un brossage manuel
satisfaisant.
Comme pour les brosses manuelles,
il est important de contrôler la souplesse des
poils et l’absence d’agressivité du mouvement.
Le contrôle de plaque interproximal peut être
complété par l’utilisation de fils interdentaires de
préférence non cirés et non tressés si le point de
contact permet le passage.
Dans le cas contraire,
un fil ciré est utilisé.
Puisque dans la gingivite il n’existe aucune perte
tissulaire parodontale, il ne semble pas nécessaire
de prescrire des brossettes interdentaires, sauf
dans le cas de diastèmes primaires ou de dents
manquantes.
Il est possible de conseiller au patient un brossage
du dos de la langue.
Celui-ci est effectué avec
la brosse à dents ou à l’aide d’un gratte-langue.
Les
études évaluant l’influence du brossage lingual sur
la formation du biofilm dentaire présentent des
résultats controversés.
Cependant, le brossage
de la langue reste intéressant car il assure un
meilleur confort buccal et contribue à contrôler
une éventuelle halitose.
Un brossage dentaire par une méthode intrasulculaire,
deux ou trois fois par jour après chaque
repas, est enseigné au patient.
À chaque visite, les
progrès réalisés sont visualisés, ce qui participe à
renforcer la motivation du patient à l’observance
de son traitement.
Dans le cas contraire, les
conseils et la technique sont repris.
La désagrégation du biofilm ne peut se faire que
mécaniquement.
Mais une action chimique associée
est intéressante.
Elle peut se faire par le biais de
molécules antiseptiques contenues dans des bains
de bouche ou des dentifrices.
L’antiseptique le plus
utilisé est la chlorhexidine, dont l’efficacité sur les
bactéries buccales et en particulier sur les bactéries
parodontopathogènes n’est plus à démontrer.
De plus, elle possède une action antifongique.
Elle contribue, associée au traitement
mécanique, à l’établissement d’une flore compatible
avec la santé parodontale.
La chlorhexidine en
bain de bouche est alors prescrite sur une durée de
15 jours, à utiliser après chaque brossage.
Le contrôle du biofilm supragingival assuré par le
patient doit nécessairement être complété par une
élimination du biofilm sous-gingival.
Celui-ci est
assuré par le praticien en passant un insert d’appareil
ultrasonique dans le sillon gingivodentaire suivi
d’une irrigation sous-gingivale à base de chlorhexidine.
* Suppression des facteurs locaux aggravants
:
Les facteurs locaux aggravants se comportent
comme des facteurs de rétention de plaque et
diminuent d’autant les chances d’obtenir une santé
gingivale malgré tous les efforts déployés par le
patient pour assurer son contrôle de plaque.
Dans
ce contexte, il n’est pas rare d’observer une baisse
de la motivation du patient.
C’est ainsi qu’il
convient de coupler à l’enseignement d’une technique
de brossage et au nettoyage du sillon gingivodentaire
une élimination de ces facteurs locaux
aggravants.
Elle est réalisée par :
• un détartrage aux instruments ultrasoniques et
manuels ;
• un polissage des surfaces dentaires à l’aide
d’une pâte abrasive et d’une brossette ou
d’une cupule en caoutchouc montée sur un
instrument rotatif à moyenne vitesse ;
• une correction des restaurations débordantes,
mal ajustées, mal équilibrées, etc. ;
• une correction éventuelle des malpositions
dentaires par traitement orthodontique.
C - Maintenance parodontale
:
Le biofilm dentaire supragingival à l’origine de la
gingivite se créant dès les premières minutes qui
suivent son élimination, une maintenance parodontale
doit être instaurée afin d’éviter toute récidive.
De plus, cette maintenance s’avère importante dès
lors que le patient présente un risque parodontal,
en d’autres termes, un risque de voir s’installer une
parodontite.
La maintenance se traduit par des
visites de contrôle dont la fréquence est fonction
du risque parodontal.
Un renforcement de la motivation
est instauré, accompagné d’une vérification
de la qualité de la technique de brossage et le cas
échéant par une reprise des conseils.
Cette maintenance
parodontale est couplée à une maintenance
médicale qui permet de vérifier en parallèle
les composantes liées à l’hôte.
Le risque parodontal n’est pas une notion figée ;
il est susceptible d’être augmenté suite à l’acquisition
de nouvelles pathologies systémiques ou à
l’aggravation de pathologies systémiques existantes.
Il doit donc être systématiquement réévalué
lors de chaque visite de contrôle.
Pronostic avec ou sans traitements
:
L’installation d’une gingivite chez un sujet signe
l’existence d’une réaction inflammatoire de la part
de celui-ci, première étape de la réaction immunitaire
face à l’agression antigénique de la plaque
bactérienne.
Cette inflammation gingivale primitive
est donc la manifestation de l’efficacité du
système de défense de l’individu, système qui sera
sensibilisé voire renforcé lors d’une agression bactérienne
ultérieure.
Le passage à la chronicité peut
traduire au contraire l’incapacité de l’individu à
maîtriser cette agression d’origine bactérienne si
celle-ci est maintenue par absence de contrôle de
plaque ou si les défenses immunitaires intrinsèques
du sujet sont insuffisantes ou dépassées.
Cette
dernière situation concerne peut-être les sujets à
risque susceptibles de développer ensuite une parodontite.
Il est maintenant bien mis en évidence que tout
porteur de gingivite ne développe pas systématiquement
une parodontite.
Mais il n’a jamais été
démontré qu’une parodontite peut survenir en
l’absence d’inflammation gingivale.
Le passage
de la gingivite à la parodontite serait la résultante
de déséquilibres dans la balance hôte/agresseurs,
qui entraîneraient des épisodes intermittents de
lésions tissulaires et à long terme des destructions
parodontales accumulées.
L’évolution d’une gingivite
vers une parodontite serait la conjonction d’un
ou de plusieurs des facteurs suivants :
• la flore s’enrichit en espèces pathogènes ; la
présence d’une inflammation gingivale favoriserait
l’apparition de certaines espèces bactériennes
pathogènes ;
• les systèmes immunitaires du patient permettent
à l’agression d’origine bactérienne d’entraîner
une perte d’attache et l’un des différents
types de parodontites ;
• l’absence des bactéries compatibles voire nécessaires
à la santé parodontale.
Le traitement permet une réparation ad integrum
du parodonte superficiel puisque, lors d’une
gingivite, les lésions ne concernent que la fibromuqueuse
gingivale qui est susceptible de « régénération
», les structures sous-jacentes n’ayant pas subi
de destruction.
Ainsi, dans ce cas de figure, les
papilles gingivales décapitées peuvent voir leur fer
de lance reconstruit après traitement, le niveau du
bord marginal gingival se rétablissant du fait même
de la « mémoire gingivale » à une distance constante du bord marginal de l’os qui ne subit aucune
modification morphologique.
Lors de la
gingivite, l’espace biologique est maintenu entre le
niveau de l’attache conjonctive situé à la jonction émail-cément puisqu’il n’y a pas de migration apicale
de l’attache et que le bord marginal de l’os
n’est pas modifié dans sa position de référence à la
différence d’une situation de parodontite.