Lésions biliaires médicamenteuses Cours d'Hépatologie
Introduction
:
Les médicaments sont capables d’entraîner des atteintes
inflammatoires des différentes structures biliaires de façon aiguë ou
chronique.
Cette mise au point a pour but de préciser le caractère anatomoclinique, les mécanismes, le traitement et les médicaments
impliqués.
Rappel sur la formation de la bile
et la morphologie des voies
biliaires
:
La bile est formée dans les hépatocytes puis sécrétée dans la
première structure biliaire, les ductules (également appelés
cholangioles), qui mesurent moins de 15 µm de diamètre.
La bile se
déverse ensuite vers les canaux biliaires interlobulaires (15 à
100 µm), puis dans les canaux biliaires septaux (100 à 300 µm).
Ces
petits canaux biliaires situés dans les espaces portes vont ensuite
former les premiers canaux biliaires de grande taille, les canaux
segmentaires qui mesurent plus de 300 µm de diamètre.
À la sortie
du foie, les canaux biliaires droit et gauche forment la voie biliaire
principale sur laquelle se branche la vésicule biliaire par
l’intermédiaire du canal cystique.
Cela donne lieu au canal
cholédoque qui, après avoir traversé la tête du pancréas, se termine
au niveau de l’ampoule de Vater à la partie interne du deuxième
duodénum.
L’ensemble de l’arbre biliaire est recouvert par un
épithélium de surface formé de cholangiocytes dont une des
principales fonctions est de modifier la constitution de la bile
canaliculaire sortant des hépatocytes par une série de processus de
réabsorption et de sécrétion à mesure que la bile passe dans l’arbre
biliaire pour aboutir à la bile définitive qui est déversée dans le duodénum.
Des travaux récents montrent que l’arbre biliaire intrahépatique et les cholangiocytes ont une hétérogénéité sur le
plan morphologique, dans les processus sécrétoires, dans
l’expression des réactions antigènes-protéines, et dans la réaction
proliférative en réponse aux agressions.
Atteintes aiguës des petits canaux
biliaires intrahépatiques :
A -
CARACTÉRISTIQUES ANATOMOCLINIQUES :
La principale manifestation est un ictère qui est d’intensité variable,
souvent associé à un prurit.
Ces manifestations peuvent être
précédées dans les 24 à 48 heures par de la fièvre, des frissons et des
douleurs abdominales, ce qui peut être trompeur en simulant une
obstruction aiguë des voies biliaires.
Biologiquement, il existe une cholestase non spécifique avec une
hyperbilirubinémie conjuguée et une augmentation de l’activité des
phosphatases alcalines et de la gammaglutamyltranspeptidase.
Les
transaminases sont peu élevées ou normales.
Ces anomalies
hépatiques sont parfois associées à des signes d’hypersensibilité, en
particulier un érythème cutané ou une hyperéosinophilie qui oriente
vers une cause médicamenteuse.
Si une biopsie est réalisée à ce stade, celle-ci va mettre en évidence des
lésions inflammatoires aiguës des ductules (cholangiolites) ou des
canaux biliaires interlobulaires (cholangite).
Ces deux lésions sont
souvent associées, avec une prédominance de la cholangite.
Les
canaux biliaires sont généralement dilatés et les cellules épithéliales
déformées et parfois nécrosées.
L’infiltrat inflammatoire est souvent
intense et polymorphe comprenant des lymphocytes et des
polynucléaires.
La présence de polynucléaires éosinophiles oriente
vers une cause médicamenteuse.
Ces lésions canalaires peuvent
être isolées ou largement prédominantes.
Elles peuvent être
également associées à une nécrose hépatocytaire ou à une
granulomatose.
À ce stade initial, il est parfois difficile de déterminer ce qui revient respectivement aux lésions biliaires et aux lésions
hépatiques dans la symptomatologie.
À ces lésions canalaires
s’ajoutent des signes de cholestase avec des dépôts de bilirubine
dans les hépatocytes et/ou dans les canalicules.
L’évolution est généralement favorable dès l’interruption de
l’administration du médicament responsable.
Les signes cliniques
disparaissent généralement en 1 à 4 semaines et les tests hépatiques
redeviennent normaux en 1 à 3 mois habituellement.
Rarement, il n’y a pas d’amélioration, l’ictère persiste, ce qui marque
l’évolution vers une cholangite chronique.
B - DIAGNOSTIC
:
À ce stade précoce, la principale difficulté diagnostique consiste à
éliminer une migration lithiasique par l’échographie ou si nécessaire
une échoendoscopie, une cholangio-IRM ou, lorsque ces examens
ne sont pas réalisables, éventuellement une cholangiographie
rétrograde par voie endoscopique.
Les éléments positifs en faveur
d’une cause médicamenteuse sont la mise en route relativement
récente d’un traitement, depuis moins de 3 mois, la régression
rapide après arrêt du médicament soupçonné, la présence de signes
d’hypersensibilité et, si la biopsie est faite, le caractère polymorphe
de l’infiltrat inflammatoire ou la présence d’un infiltrat éosinophile.
C - PRINCIPAUX MÉDICAMENTS EN CAUSE
:
Les principaux médicaments responsables sont la chlorpromazine et
les autres neuroleptiques de la famille des phénothiazines, les
antidépresseurs tricycliques, les bêtalactamines, dont l’association
amoxicilline-acide clavulanique, l’ajmaline et la carbamazépine.
1- Neuroleptiques du type phénothiazine
:
Le principal médicament incriminé est la chlorpromazine, un des
médicaments les plus caractéristiques de cholestase aiguë, des
centaines de cas ayant été rapportés. Un ictère est observé chez 0,5 à
1 % des sujets traités.
Des lésions de cholangiolite ou cholangite
aiguë sont rapportées dans 20 % des cas, ce qui est probablement
sous-estimé car ces lésions sont difficiles à détecter si elles ne sont
pas recherchées spécifiquement.
Dans la phase initiale aiguë, il
existe très souvent des signes d’hypersensibilité et des arguments
en faveur d’un mécanisme immunoallergique ayant pour
intermédiaire la formation d’un métabolite réactif formé par des
cytochromes P450 L’existence d’une toxicité croisée entre
différentes phénothiazines renforce l’hypothèse immunoallergique.
Il a été avancé que la toxicité hépatobiliaire de la
chlorpromazine pourrait être favorisée par une hyperactivité
génétiquement déterminée du cytochrome P450 2D6 (CYP 2D6) et
un déficit en sulfoxydation.
Cependant, ceci repose sur peu de
données et nécessite une confirmation.
La toxicité de ce médicament
pourrait être également modulée par le type HLA (human leucocyte
antigen), le type HLA DR6 étant plus souvent rencontré.
2- Antidépresseurs tricycliques
:
Comme pour la chlorpromazine et d’autres phénothiazines, ces
médicaments peuvent entraîner une hépatite aiguë cholestatique
mixte, une cholangite aiguë et pour deux d’entre eux, l’amitriptyline
et l’imipramine, une cholangite chronique avec une cholestase
prolongée.
Il est intéressant de noter qu’il existe une toxicité
croisée entre ces médicaments eux-mêmes et entre les
antidépresseurs tricycliques et des phénothiazines, ce qui suggère le
rôle d’une structure moléculaire commune représentée par le noyau
tricyclique avec comme hypothèse raisonnable le déclenchement
d’une réaction immunoallergique par formation d’un métabolite
réactif du type époxyde.
3- Antibiotiques du type bêtalactamine
:
L’association amoxicilline-acide clavulanique constitue actuellement
une des principales causes de cholangite aiguë médicamenteuse.
Une particularité réside dans le mode de survenue.
En effet, dans la
plupart des cas, l’atteinte survient de façon décalée, 3 à 4 semaines
après la fin d’une antibiothérapie de 5 à 15 jours.
De ce fait, la
relation entre le médicament et la cholangite peut passer inaperçue.
Ceci est également observé pour les hépatites cholestatiques ou
mixtes observées avec ce médicament.
Les atteintes hépatocytaire et
biliaire sont d’ailleurs souvent associées.
Des cas moins fréquents
ont été observés avec l’ampicilline et la flucloxacilline.
4- Ajmaline :
De nombreux cas d’hépatite ou de cholangite immunoallergique ont
été observés avec cet antiarythmique, qui n’est maintenant plus
commercialisé en raison des difficultés à se procurer la plante
nécessaire à sa fabrication.
5- Carbamazépine
:
Plusieurs cas de cholangite aiguë ont été observés dans un délai de
quelques semaines après le début du traitement.
L’atteinte biliaire
peut être associée à une granulomatose hépatique.
6- Autres médicaments
:
Il existe environ une trentaine d’autres médicaments incriminés de
façon plus anecdotique, en particulier ceux s’accompagnant de
manifestations pseudoangiocholitiques comme les antibiotiques du
type macrolide et le dextropropoxyphène.
On note également
que certaines plantes médicinales peuvent être incriminées :
germandrée petit chêne, extrait de feuilles de chaparral et
chélidoine.
Cholestase et cholangite prolongées
:
A - DÉFINITION
:
Le syndrome de cholestase prolongée a été défini par la persistance
d’un ictère pendant plus de 6 mois ou la persistance d’anomalies
biologiques compatibles avec une cholestase anictérique (augmentation de l’activité sérique des phosphatases alcalines et de
la gammaglutamyltranspeptidase) pendant plus de 1 an, en dépit
de l’interruption du traitement responsable et en l’absence
d’antécédents de pathologie hépatobiliaire.
Ce syndrome peut être observé avec les atteintes touchant
l’ensemble de l’arbre biliaire, qu’il s’agisse des canaux
microscopiques les plus petits, ductules et canaux biliaires
interlobulaires jusqu’aux grands canaux collecteurs droit et gauche
intrahépatiques ou bien de la voie biliaire extrahépatique.
B - ATTEINTES CHRONIQUES
DES PETITS CANAUX BILIAIRES :
Après la symptomatologie initiale marquée par une cholestase aiguë
se manifestant essentiellement par un ictère et un prurit, une faible
proportion des patients (moins de 10 %) ont une cholestase qui va
se prolonger. On en distingue deux types anatomocliniques
suivant la sévérité de l’atteinte biliaire.
1- Forme majeure
:
Elle est caractérisée par un ictère persistant ou s’aggravant, associé
à un prurit intense après l’atteinte aiguë.
Il existe parfois une
hépatomégalie, une splénomégalie ou des signes de malabsorption
intestinale liés à la cholestase.
Des xanthomes ou des xanthélasmas
peuvent apparaître.
Biologiquement, il existe une forte augmentation
des phosphatases alcalines et de la gammaglutamyltranspeptidase.
Dans cette forme, la bilirubinémie et la cholestérolémie sont
fortement augmentées.
L’activité des transaminases est modérément
augmentée ou normale.
Histologiquement, les lésions sont essentiellement portales,
comprenant une raréfaction des petits canaux biliaires, une
infiltration inflammatoire polymorphe et modérée et une
prolifération ductulaire.
Ces lésions sont très voisines de celles
d’une cirrhose biliaire primitive.
Dans la forme majeure, il s’y ajoute
toujours une cholestase lobulaire.
La fibrose portale est modérée ou
absente.
Dans la majorité des cas, l’ictère disparaît finalement,
parfois plusieurs années après le début de la maladie.
L’activité
des phosphatases alcalines et de la gammaglutamyltranspeptidase
tend à diminuer très progressivement.
Ces anomalies peuvent
persister jusqu’à 14 ans après le début de la maladie.
Dans
environ un quart des cas, l’évolution n’est pas aussi favorable et est
marquée par la constitution d’une cirrhose biliaire irréversible.
L’évolution peut ainsi être mortelle.
2- Forme mineure
:
Elle est plus fréquente que la forme majeure, représentant trois
quarts des cas.
L’ictère et le prurit disparaissent rapidement après
l’interruption du traitement responsable.
Cependant, une forte
augmentation des phosphatases alcalines et de la gammaglutamyltranspeptidase persiste.
Les lésions histologiques
sont moins sévères et consistent essentiellement en une disparition
partielle des petits canaux biliaires portaux (au moins 50 % des
espaces portes sans canaux biliaires) et un infiltrat inflammatoire
peu intense ainsi qu’une prolifération ductulaire modérée.
La
fibrose portale est très minime ou absente. Dans cette forme le
pronostic est très bon.
L’évolution est marquée par une régression
progressive des anomalies des tests hépatiques et peut se faire
éventuellement vers une guérison totale plusieurs années après
l’atteinte aiguë initiale.
3- Diagnostic
:
Les caractères cliniques biologiques et histologiques des cholestases
prolongées médicamenteuses sont très voisins de ceux qui sont
observés dans la cirrhose biliaire primitive et à moindre degré de
ceux de la cholangite sclérosante primitive.
Néanmoins, certains
caractères non spécifiques individuellement mais évocateurs quand
ils sont considérés globalement peuvent faciliter la distinction entre
la cholestase prolongée médicamenteuse et ces maladies.
4- Médicaments en cause
:
Le nombre de médicaments susceptibles d’entraîner une cholangite
chronique atteint maintenant une trentaine.
Les
principaux médicaments incriminés sont les neuroleptiques du type
phénothiazine, les antidépresseurs tricycliques, les dérivés
arsenicaux et l’ajmaline.
* Neuroleptiques du type phénothiazine
:
Le principal médicament incriminé est la chlorpromazine.
L’évolution vers une cholangite chronique avec cholestase prolongée
est estimée à 7 % des cas d’atteinte aiguë.
Malgré une
présentation clinique inquiétante, une disparition de l’ictère a été
observée dans de nombreux cas plusieurs années après le début de
la maladie.
Plus rarement, l’évolution s’est faite vers une
véritable cirrhose biliaire avec issue fatale.
* Antidépresseurs tricycliques
:
Une cholangite chronique avec ictère prolongé a été observée avec
plusieurs médicaments de cette famille.
Dans un cas avec
l’imipramine, la cholestase persistait encore 14 ans après l’atteinte
initiale.
* Dérivés arsenicaux
:
Plusieurs cas de cholangites chroniques ont été observés chez les
patients exposés à ces dérivés.
L’évolution a été défavorable avec
constitution d’une cirrhose dans certains cas.
* Ajmaline :
Plusieurs cas de cholangite chronique avec cholestase prolongée ont
été observés.
La fréquence vers une telle évolution est estimée
entre 5 et 10 %.
Les cas de cholangite chronique étaient associés à
des signes compatibles avec des phénomènes auto-immunitaires.
* Autres médicaments
:
Pour d’autres molécules, les cas de cholangites chroniques avec
cholestase prolongée sont beaucoup plus anecdotiques (moins de cinq cas).
On retrouve de nombreux antibiotiques,
en particulier de la famille des bêtalactamines et des macrolides qui
sont déjà connus pour entraîner des cholangites aiguës.
On
note également le rôle exceptionnel de plantes médicinales telles que
la germandrée petit chêne ou les extraits de chaparral.
5- Mécanisme
:
Le mécanisme en cause dans ce type de cholangite chronique
médicamenteuse est mal connu.
Il paraît être lié à une destruction
progressive des petits canaux biliaires.
Plusieurs arguments sont en
faveur d’une origine immunoallergique :
– les médicaments incriminés sont également responsables
d’hépatites immunoallergiques ;
– il existe souvent des signes associés d’hypersensibilité ;
– il peut y avoir un infiltrat éosinophile à l’histologie ;
– les manifestations peuvent se prolonger alors que le médicament
n’est plus administré.
L’hypothèse actuelle est que le médicament ou l’un de ses
métabolites pourrait déclencher une agression de type autoimmunitaire
contre des constituants cellulaires des petites voies
biliaires comme pour les atteintes auto-immunitaires de type
hépatique.
Une autre hypothèse sur le mécanisme fait intervenir le système MDR (multidrug resistance).
Il a été en effet démontré que la
déficience dans l’expression du gène MDR2 chez la souris entraîne
une maladie biliaire ressemblant à la cirrhose biliaire primitive.
De façon voisine, chez l’homme, une forme de cholestase
intrahépatique familiale par atteinte biliaire est associée au déficit
dans le gène MDR3, l’homologue humain de MDR2.
Ces lésions
pourraient être expliquées par un défaut de transfert de
phospholipides dans la bile, par déficit de l’activité phosphatidylcholine flippase dépendante du système MDR.
Il serait
donc intéressant de déterminer si les médicaments peuvent
interférer avec l’expression du gène MDR3.
6- Traitement
:
Il est essentiellement symptomatique, visant à soulager le prurit et à
éviter une malabsorption.
La corticothérapie effectuée chez
quelques malades n’a démontré aucune efficacité.
L’intérêt de
l’acide ursodésoxycholique est potentiel par analogie avec la cirrhose
biliaire primitive et la cholangite sclérosante.
Cependant, les cas
dans lesquels le traitement a été employé sont trop anecdotiques
pour distinguer une efficacité réelle d’une amélioration spontanée.
La transplantation hépatique est indiquée en cas d’évolution cirrhogène grave.
C - ATTEINTES AIGUËS ET CHRONIQUES DES GRANDS
CANAUX BILIAIRES INTRA- ET EXTRAHÉPATIQUES :
On distingue deux types selon le mécanisme ischémique et
caustique.
1- Cholangites ischémiques
:
* Chimiothérapie
:
La survenue d’une cholangite sclérosante constitue une des
principales complications iatrogènes dues à l’administration intraartérielle
hépatique de médicaments anticancéreux.
Le principal
médicament incriminé est la floxuridine (FUDR).
De façon plus
anecdotique, des cas de cholangite sclérosante ont également été
observés après l’administration de 5-fluoro-uracile associé ou non à
de la streptozocine ou de mitomycine ou bien avec l’association
doxorubicine-mitomycine. La cholangite sclérosante apparaît
généralement après plusieurs mois de traitement.
La
symptomatologie est celle d’une cholestase chronique par obstacle.
La cholangiographie révèle des sténoses segmentaires des canaux
biliaires intra- et extrahépatiques.
Plus rarement, celles-ci sont
uniquement extra- ou uniquement intrahépatiques.
Exceptionnellement,
la cholangite peut être associée à des ectasies biliaires
simulant une maladie de Caroli.
Cette cholangite chronique a pour particularité, par rapport à la
cholangite sclérosante primitive, de prédominer au niveau de la
convergence biliaire et d’épargner en général la partie distale du
canal cholédoque. De plus, il existe parfois une régression
spontanée des lésions sténosantes.
Toutefois, les lésions peuvent être
irréversibles et conduire à une cirrhose biliaire parfois mortelle.
Le diagnostic est en général facile étant donné le contexte.
Ces
lésions paraissent être liées à une dévascularisation produite par
l’implantation chirurgicale de la pompe intra-artérielle hépatique,
et/ou à un effet toxique direct du FUDR sur les artérioles qui
vascularisent les voies biliaires.
L’administration intra-artérielle
hépatique de dexaméthasone a été proposée pour diminuer le risque
de développer cette lésion.
* Embolisation :
Le traitement de l’hépatocarcinome par embolisation artérielle
hépatique peut entraîner parfois une nécrose ischémique des voies
biliaires.
2- Cholangites caustiques
:
Une cholangite sclérosante peut être observée lors de l’emploi de
formol à 2 % ou de sérum salé hypertonique à 20 % pour la
stérilisation peropératoire des kystes hydatiques du foie.
Cette
complication résulte d’une fistule kystobiliaire ignorée exposant
l’épithélium biliaire à l’action toxique de ces produits.
3- Lithiase biliaire induite par les médicaments
:
Certains médicaments peuvent favoriser la formation de calculs de
cholestérol ou de bilirubine ou bien constituer eux-mêmes des
calculs.
* Calculs cholestéroliques
:
Le risque de survenue de calculs cholestéroliques est majoré par
l’administration prolongée des contraceptifs oraux de
médroxyprogestérone, de clofibrate, d’octréotide et peut-être de
ciclosporine.
Ceci est principalement dû à une sursaturation
de la bile en cholestérol pour les contraceptifs oraux et le clofibrate,
et à une stase biliaire pour l’octréotide et la médroxyprogestérone.
* Calculs de bilirubine
:
Tous les médicaments responsables d’hémolyse sont susceptibles
d’entraîner une lithiase pigmentaire.
* Calculs médicamenteux
:
La formation de sludge ou de calculs dans la vésicule biliaire a été
observée chez les sujets recevant de fortes doses par voie
intraveineuse de ceftriaxone, une céphalosporine de troisième génération.
Les concrétions biliaires apparaissent en 1 à
2 semaines, causant parfois des douleurs.
Après interruption du
traitement, on observe une disparition complète du matériel intrabiliaire en moyenne en 2 semaines.
La formation de ces calculs
résulte de la précipitation d’un sel de calcium de ceftriaxone dans la
vésicule biliaire.
De façon voisine, la précipitation de sels de glafénine dans la voie
biliaire peut exceptionnellement entraîner une obstruction biliaire
chez des patients recevant un traitement prolongé.
3- Atteintes vésiculaires non lithiasiques
:
La chimiothérapie intra-artérielle hépatique pour cancer colorectal
est compliquée de cholécystite dans 30 % des cas.
Ceci a conduit
à proposer une cholécystectomie systématique avant de commencer
le traitement.
De façon voisine, l’embolisation artérielle hépatique
avec de la poudre de gélatine ou du Lipiodolt, peut entraîner aussi
une cholécystite.
L’existence de cholécystites allergiques médicamenteuses a été
récemment suggérée pour l’ampicilline et l’érythromycine.
Une cholécystite acalculeuse a été exceptionnellement observée au
cours de l’administration de lysophosphatidylcholine.
Tumeurs malignes des voies
biliaires :
La survenue de cholangiocarcinome a été rapportée de façon
anecdotique au cours de l’administration de stéroïdes androgéniques
anabolisants, de contraceptifs oraux, de méthyldopa ou de
méthotrexate.
La relation de cause à effet entre ces médicaments et
la survenue de cholangiocarcinome reste à confirmer.
Les médicaments peuvent reproduire une grande partie de la
pathologie biliaire.
Actuellement, une soixantaine de médicaments
peuvent être incriminés.
Le diagnostic d’atteinte biliaire
médicamenteuse repose surtout sur des critères d’exclusion.
Dans
les atteintes affectant les petits canaux biliaires, le diagnostic est
souvent difficile.
La présence de manifestations d’hypersensibilité
associées permet d’attirer l’attention sur le rôle potentiel des
médicaments et également sur un mécanisme allergique.
Dans les
atteintes des grands canaux biliaires, il est généralement plus facile
d’établir l’origine iatrogène car le contexte de chirurgie du kyste
hydatique ou de chimiothérapie est évocateur.