Fractures de la mandibule (Suite)
Cours de Médecine Dentaire
C -
Imagerie
:
L’orthopantomogramme sera demandé
chaque fois que sa réalisation est possible.
Il permet
l’étalement de la totalité de la mandibule sur
un seul cliché et d’apprécier l’état dentaire.
Il
présente certains inconvénients : pour la plupart
des appareils, la nécessité d’être assis ou debout ;
au niveau symphysaire, il y a une superposition de
densités osseuses ; la direction et l’importance des
traits et des déplacements peuvent être parfois mal
appréciés.
Cependant, lorsqu’il est correctement
effectué et lu avec attention, il permet le diagnostic
dans tous les cas.
Pour une meilleure appréciation des lésions dentaires,
des clichés rétroalvéolaires sont nécessaires.
Quand le cliché panoramique n’est pas réalisable
ou pour le compléter, d’autres incidences sont
utiles :
• l’incidence face basse bouche ouverte (front -
nez - plaque) permet d’apprécier en partie la
région condylienne, la branche montante, les
angles et la partie postérieure de la branche
horizontale ; la région symphysaire projetée
sur le rachis est mal visualisée.
Elle permet
d’apprécier les déplacements dans un plan
frontal ;
• les clichés occlusaux permettent la mise en
évidence des fractures symphysaires ou de la
branche horizontale, les fractures unicorticales
et en « bois vert ».
• les incidences de Blondeau et de Waters visualisent
le bord basilaire et le processus coronoïde.
D’autres incidences, telle l’incidence
de Worms ou le profil simple réalisé si possible
en téléradiographie peuvent être utiles.
L’incidence
de Hirtz montre l’ensemble de la mandibule
et le déplacement de la tête condylienne.
Une incidence de Schüller peut être
utile dans les fractures du condyle.
La multiplicité
des incidences peut être avantageusement
remplacée par la tomodensitométrie, notamment
chez le polytraumatisé qui nécessite dans
tous les cas une imagerie encéphalique.
La tomodensitométrie en incidence axiale, avec
reconstructions coronales, voire sagittales, est
utile dans l’analyse de la trame osseuse des fractures
pathologiques et dans le diagnostic des fractures
hautes du condyle (intracapitales).
Ce bilan radiographique confirme le diagnostic
de fracture et permet de préciser les choix thérapeutiques.
L’analyse précise le siège des traits de
fracture, les déplacements des différents fragments,
la denture, l’existence d’une anomalie osseuse
sous-jacente (fracture pathologique).
Quelques pièges radiographiques, bien que rares,
sont intéressants à connaître ; ils sont rencontrés généralement sur le panoramique dentaire.
Les erreurs par « excès » sont des fractures monocorticales
internes qui apparaissent comme des
fractures complètes mais ne sont pas retrouvées
lors de l’intervention chirurgicale par un abord
vestibulaire.
Des erreurs d’appréciation topographique
sont possibles du fait de l’étalement de la
mandibule sur le cliché panoramique dentaire.
Les
fractures obliques, à biseau tangentiel de la branche
horizontale, ou spiroïdes, donnent un aspect de
double fracture lié à la vision distincte des traits
des corticales interne et externe.
Des fractures
sagittales à biseau très allongé de la branche horizontale,
des fractures monocorticales internes, les
fractures peu déplacées en « bois vert » peuvent
être ignorées sur le panoramique.
L’examen clinique reste primordial.
Le diagnostic
repose sur la confrontation radioclinique.
La mandibule doit être appréciée dans les trois
plans de l’espace.
Une incidence de face basse sera
donc associée au panoramique dentaire, et dans
certains cas à un cliché occlusal.
Les difficultés d’interprétation au niveau de la
région condylienne sont résolues par l’exploration
par tomodensitométrie.
Formes cliniques
:
Les formes radiocliniques de la mandibule sont
nombreuses selon le nombre de traits, la topographie,
les lésions associées, les complications, le
terrain.
A - Formes topographiques :
1- Fractures symphysaires et parasymphysaires :
Elles surviennent le plus souvent à la suite d’un
traumatisme direct.
Ce dernier peut provoquer une
ou plusieurs fractures à distance (condyle, angle...).
Le trait médian symphysaire entre les deux
incisives est rare chez l’adulte.
Il peut parfois détacher
un troisième fragment osseux basilaire ou être
comminutif. Un arrachement des apophyses geni
peut être à l’origine d’un hématome du plancher
buccal.
Le déplacement est faible du fait de l’équilibre
des forces de part et d’autre de la fracture.
Du
fait de la solidité de l’éminence mentonnière, les
fractures symphysaires sont presque toujours parasymphysaires,
l’alvéole de la canine étant un point
faible statique.
Le trait paramédian unilatéral entraîne un déplacement
modéré.
Il épargne habituellement le nerf
alvéolaire inférieur.
Le fragment le plus court est
attiré en haut et en dedans par les muscles élévateurs,
et l’autre fragment subit un abaissement
sous l’action des muscles abaisseurs sus-hyoïdiens.
La fracture paramédiane bilatérale détache un
fragment symphysaire qui se déplace dans le sens
rostrocaudal avec ptôse de la langue dans l’oropharynx.
Les deux fragments latéraux sont attirés en
haut et en dedans sous l’effet des muscles élévateurs.
2- Fractures de la branche horizontale
:
Le mécanisme est le plus souvent direct.
Le trait
est vertical ou souvent oblique en bas et en arrière,
de haut en bas.
Il y a une ascension médiale du
fragment postérieur, avec chevauchementraccourcissement,
déviation du menton du côté
fracturé.
Les déplacements se font dans l’espace
selon l’action des muscles élévateurs sur le fragment
caudal et des muscles abaisseurs sur le segment
rostral.
Les deux segments subissent des mouvements
inverses.
L’amplitude des déplacements
peut être augmentée par l’orientation du trait et
par l’édentation.
La gencive est habituellement
déchirée et le pédicule alvéolaire inférieur est souvent
blessé.
3- Fractures de l’angle
:
Elles sont très fréquentes.
L’impact a souvent lieu à
distance, sur le menton, et peut fracturer les deux
angles mandibulaires ; plus rarement, il est direct
sous la forme d’un choc sur la joue.
Le trait de
fracture est généralement oblique en bas et en
arrière et passe par l’alvéole d’une dent de sagesse
partiellement ou totalement incluse qui fragilise la
région.
Les déplacements dépendent du trait de
fracture, de la présence de la dent de sagesse sur
l’arcade, de la position de la mandibule lors du
traumatisme et de la violence du choc.
Le déplacement
peut être minime et accompagné d’une tuméfaction
douloureuse de l’angle, d’un trismus et
d’un trouble modéré de l’occlusion.
Les déplacements
entraînent une latérodéviation mandibulaire,
avec déviation du point interincisif du côté
fracturé, une béance controlatérale qui augmente
des incisives aux molaires.
L’hypoesthésie labiomentonnière
est fréquente.
4- Fractures de la branche montante :
Cette région est en effet bien protégée par d’épais
muscles masticateurs.
Lorsqu’elles sont sans déplacement,
l’articulé dentaire est conservé, il y a une
ecchymose jugale, conséquence du choc, une douleur
à la palpation directe et à la pression sur le
menton.
* Fracture verticale
:
Elle s’étend de l’angle à l’incisure, à la suite d’un
cisaillement qui entraîne une ascension modérée
du volumineux fragment antérieur et un déplacement
en dehors du petit fragment postérieur avec
une bascule interne du condyle.
Le tableau clinique
est caractérisé par des contacts dentaires molaires
précoces homolatéraux, une béance controlatérale,
une limitation douloureuse de l’ouverture
buccale et une tuméfaction jugale ; il n’y a habituellement pas d’atteinte du nerf alvéolaire inférieur.
* Fracture horizontale :
Plus ou moins oblique, elle est due à un choc direct.
Si le choc est violent, le petit fragment crânial est
attiré en haut, en avant et en dedans sous l’action
du temporal et du ptérygoïdien latéral ; le fragment
caudal est attiré vers le haut par le masséter
et le ptérygoïdien médial.
Le tableau clinique est
celui d’un raccourcissement du ramus.
Le nerf alvéolaire
inférieur peut être lésé par le fragment crânial.
5- Fractures de la région condylienne :
Elles sont uni- ou bilatérales, articulaires ou extraarticulaires.
Elles intéressent la tête condylienne et
le col sous-jacent, jusqu’à une ligne oblique qui
prolonge le bord postérieur du processus coronoïde.
L’appareil capsulo-disco-ligamentaire est toujours
concerné à des degrés divers.
Le mécanisme est en règle indirect, à la suite
d’un traumatisme sur le menton.
Les déplacements
sont classiquement une bascule ventromédiale du
fragment crânial par le muscle ptérygoïdien latéral
et une ascension du fragment caudal par les muscles
élévateurs (ptérygoïdien médial et masséter).
Très rarement, il peut y avoir une pénétration
intracrânienne du processus condylaire, un déplacement
postérieur par fracture de l’os tympanal,
latéral par déchirure du ligament latéral et une
fracture de l’arcade zygomatique.
En cas d’arrachement du muscle ptérygoïdien
latéral, il y a un risque de nécrose condylienne.
Dans la pratique, cet arrachement est le plus souvent
lié à une intervention intempestive.
Les lésions discales sont davantage dues à des
contusions articulaires qu’à des fractures non déplacées
ou capitales car la fracture peut être comprise
comme un mécanisme de protection des
structures sus-jacentes.
Il peut exister des déchirures
des attaches discales, avec un hématome, une
inflammation ; la déchirure discale avec perforation
va entraîner la mise en contact directe du
processus condylaire et de la fosse mandibulaire,
qui va favoriser la survenue d’arthrose, voire d’une
ankylose.
L’examen clinique recherche une douleur spontanée,
augmentée par l’ouverture buccale, une
douleur prétragienne, une otorragie, une dysocclusion
avec latérodéviation du point interincisif, un
contact molaire précoce homolatéral, une béance
controlatérale, une rétrognathie et une latérodéviation
mandibulaire lors de l’ouverture buccale.
* Fractures sous-condyliennes basses
ou basicervicales :
Ce sont les plus fréquentes de la région condylienne.
Ces fractures passent par la base du col. Ce
sont des fractures extra-articulaires.
Elles siègent
dans une zone limitée en bas par une ligne qui
prolonge le bord postérieur du coroné et en haut
par une ligne horizontale juste au-dessus de l’incisure
mandibulaire.
Sur les radiographies, le trait de
fracture est souvent oblique en bas et en arrière de
profil, oblique en bas et latéralement de face ; dans
ce cas, les muscles ont tendance à coapter les
fragments et à minimiser les déplacements.
Quand
le trait est oblique en bas et en dedans, les déplacements
sont favorisés.
* Fractures cervicales ou sous-condyliennes hautes
:
Ce sont des fractures articulaires qui concernent le
col anatomique du processus condylaire. Le mécanisme
de survenue est indirect, suite à un choc sur
le menton.
De profil, le trait est souvent horizontal
; de face, il est horizontal ou oblique en bas et
en dedans.
Le fragment crânial a un déplacement
ventromédial sous l’influence du muscle ptérygoïdien
latéral.
L’artère centro-osseuse est rompue et
la tête ne reçoit son irrigation que par l’intermédiaire
du ptérygoïdien latéral.
* Fractures - luxations :
Dans les fractures-luxations, il y a une vacuité de la
fosse mandibulaire.
Le disque reste solidaire du
processus condylaire quand la fracture passe sous la
lame rétrodiscale inférieure et que celle- ci n’est
pas lésée.
Mais quand il y a rupture de la lame rétrodiscale inférieure et que la lame rétrodiscale
supérieure est seulement tendue, le disque ne suit
pas le processus condylaire en dehors de la fosse
mandibulaire.
S’il y a une désinsertion totale du
disque avec luxation antérieure, il faut en tenir
compte lors du traitement.
* Fractures condyliennes vraies ou capitales :
Ce sont des fractures articulaires qui exposent à
l’arthrose ou à l’ankylose.
Elles s’accompagnent de
lésions de l’appareil discal. Plusieurs types de traits
sont observés.
Le plus souvent, c’est la partie médiale
de la tête qui cède, avec un déplacement ventromédial. Parfois, il s’agit d’une fracture horizontale
qui détache l’ensemble de la tête (fracture
– décapitation).
Le déplacement est fréquent, la
perte de hauteur du ramus faible, le risque de
nécrose élevé quand un repositionnement chirurgical
est tenté.
Enfin, il arrive que le processus condylaire (tête)
éclate en plusieurs fragments, le condyle est aplati,
le disque et le cartilage articulaire sont souvent
endommagés.
La palpation de l’articulation est
douloureuse, une otorragie est possible par fracture
de la paroi antérieure du conduit auditif externe.
6- Fractures du processus coronoïde (coroné)
:
Le coroné donne insertion au muscle temporal,
profondément situé et protégé par d’épais muscles
masticateurs et par le zygoma.
Sa fracture est rare
et souvent associée à une autre fracture mandibulaire
ou à celle du zygoma.
Le trait de fracture est
oblique en bas et en avant, souvent linéaire.
La
traduction clinique est pauvre (trismus modéré,
ecchymose muqueuse, douleur à la palpation du coroné) et le diagnostic est radiographique.
7- Fractures partielles du bord basilaire isolées :
Elles surviennent à la suite d’un traumatisme direct
qui éclate le bord basilaire détachant une ou plusieurs
esquilles osseuses.
8- Fractures alvéolodentaires, avec ou sans perte
de substance osseuse alvéolaire
:
Elles peuvent être isolées sans interruption de la
continuité de la mandibule ou associées à une fracture
de la mandibule. Le groupe incisivocanin est le
plus concerné.
Les expulsions traumatiques, les
luxations ou fractures dentaires sont notées.
B - Fractures plurifocales :
1-
Associations de fractures
:
Elles sont fréquentes.
Elles sont bifocales, trifocales,
rarement plus, symétriques ou asymétriques,
unilatérales ou bilatérales ; elles doivent faire rechercher
d’autres lésions dans le cadre d’un polytraumatisme
; elles sont instables et nécessitent
souvent un traitement chirurgical.
Malgré une
grande variabilité, certaines associations sont classiques
:
• fracture bicondylienne associée à une fracture
symphysaire : le mécanisme est direct au niveau
de la symphyse et indirect au niveau des
condyles.
Tout traumatisme ou plaie du menton
doit faire rechercher une fracture du
condyle ;
• fracture symphysaire ou parasymphysaire d’un
côté et angulaire ou condylienne controlatérale
;
• fracture condylienne bilatérale avec rétrogénie,
une béance interincisive, contact molaire
prématuré bilatéral, trismus ;
• fracture parasymphysaire d’un côté et de l’angle
ou du condyle ou de la branche horizontale
du même côté ;
• fracture parasymphysaire bilatérale, fracture
des deux angles, associées à une fracture de la
branche horizontale ou du condyle.
Les associations varient en fonction de l’importance
du traumatisme, de la position de la mandibule
lors de l’impact et de la denture.
Des
associations sont évocatrices de l’étiologie de la
fracture : le complexe condyle-symphyse est évocateur
d’accident de véhicules, tandis que le complexe
branche horizontale ou parasymphyse et angle
évoque une altercation.
2- Fractures comminutives :
Les fractures comminutives sont liées à un impact
violent direct, qui entraîne un éclatement de l’os
sous-jacent.
Les traumatismes balistiques en sont
la forme emblématique.
3- Fractures associées :
La recherche d’autres lésions faciales, orthopédiques
ou neurologiques, est guidée par les circonstances de survenue et s’impose dans le cadre d’un polytraumatisme.
C - Fractures compliquées :
1- Complications immédiates :
Elles sont dues au terrain (décompensation d’une
tare : diabète, éthylisme, insuffisance respiratoire...),
aux lésions associées faciales (étage
moyen), viscérales, neurologiques, orthopédiques,
rarement à la fracture mandibulaire seule.
L’asphyxie peut être due à une double fracture symphysaire avec glossoptose, ou à des corps étrangers
(dents, corps étrangers, caillots, prothèse...).
L’hémorragie est rarement grave sauf en cas de
trouble de l’hémostase ou de lésions associées.
L’ouverture de la fracture en endobuccal par
effraction de la muqueuse buccale est quasi constante
au niveau du corpus mandibulaire.
L’ouverture
en exobuccal est plus rare. Les lésions cutanées
sont d’importance variable ; l’examen
clinique recherchera des signes de lésion du rameau
mentonnier (rameau marginal) du nerf facial.
Les lésions vasculonerveuses : lésion de l’artère
faciale, du rameau mentonnier du nerf facial, du
pédicule alvéolaire inférieur (le nerf est très rarement
rompu) ; le nerf lingual est rarement lésé ;
dans les fractures très déplacées du condyle plaie
ou faux anévrisme secondaire à un traumatisme de
l’artère maxillaire, contusion du nerf facial, du
nerf auriculotemporal, avec paresthésie ou syndrome
de Frey, de la corde du tympan avec dysgueusie,
glossodynie, du nerf buccal avec hypoesthésie
jugale sont des éventualités rares.
Les pertes de substance uni- ou pluritissulaires,
souvent d’origine balistique, posent le problème de
la réparation.
Tous les tissus peuvent être concernés
: cutané, musculaire, muqueux et osseux avec
des fractures comminutives.
2- Complications secondaires et tardives :
Ce sont l’infection, les troubles de la consolidation
osseuse et les retentissements articulaires.
*
Infection :
L’abcès périmandibulaire est la conséquence d’une
plaie muqueuse, d’un foyer dentaire infectieux, du
manque d’asepsie opératoire et du manque d’hygiène
postopératoire.
L’ostéite mandibulaire est
plus rare.
* Anomalies de consolidation :
Il y a un retard de consolidation lorsque la fracture
présente une mobilité douloureuse au-delà de
2 mois.
Il y a une pseudarthrose quand la fracture ne
consolide pas au-delà de 6 mois.
Elle peut être
lâche, serrée, septique ou aseptique. Le foyer de
fracture est mobile et indolore.
Il y a un cal vicieux quand la consolidation se fait
en mauvaise position.
* Retentissement articulaire :
Il peut se manifester par un dysfonctionnement,
une arthrose, une ankylose, une cicatrisation fibreuse
des muscles masticateurs (masséter, temporal)
avec constriction permanente des mâchoires ou
un trouble de la croissance mandibulaire chez l’enfant.
D - Fractures pathologiques :
Elles surviennent sur un os pathologique, dans le
cadre d’une ostéite radique, d’une tumeur osseuse
primitive ou secondaire, ou d’un volumineux kyste.
Les fractures pathologiques représentent environ
5 % de l’ensemble des fractures mandibulaires,
l’âge moyen de survenue est d’environ 60 ans ; les
circonstances de survenue les plus fréquentes sont
la mastication puis les chutes ; plus de la moitié de
ces fractures siègent au niveau du corps mandibulaire,
puis par fréquence décroissante l’angle, la
région condylienne et la symphyse ; l’étiologie la
plus fréquente dans la littérature est l’ostéoradionécrose.
E - Fractures mandibulaires selon le terrain
:
1- Fractures de l’enfant :
La mandibule est relativement moins volumineuse
et plus en retrait par rapport au squelette craniofacial.
Son élasticité plus importante explique les
fractures en « bois vert ».
La jonction corporéoramique
se trouve en arrière de la dernière dent sur
l’arcade et se modifie en fonction de l’âge.
Les
points de fragilité se situent au niveau du germe de
la canine définitive, de celui de la deuxième molaire
et surtout au niveau du col du condyle.
Cette
zone de faiblesse devient progressivement basicervicale
avec la croissance.
Les fractures de l’enfant sont dominées par les
fractures du condyle, en raison de leur fréquence
(40 à 70 % des fractures de mandibule) et des
complications redoutables susceptibles de survenir
en l’absence de diagnostic et de prise en charge
adéquate.
Dans la période néonatale, les fractures du
condyle passent souvent inaperçues et elles n’en
sont pas pour autant moins redoutables.
Elles seront
révélées par des complications : limitation de
l’ouverture buccale, ankylose temporomandibulaire,
anomalie de développement de la face avec
une microrétrognathie ou une asymétrie faciale.
Plus tard le diagnostic sera systématiquement
évoqué devant tout traumatisme du menton (chute
sur le menton, plaie, éraflure...) ; il est d’autant plus difficile que l’enfant est jeune ou qu’il s’agit
d’un contexte de polytraumatisme.
Ces fractures posent également des problèmes
thérapeutiques de contention en denture lactéale
ou mixte, de rééducation quand la collaboration de
l’enfant est nécessaire.
Après l’apparition de la deuxième molaire sur
l’arcade, les fractures de l’enfant s’identifient à
celles de l’adulte.
2- Fractures de l’édenté et du sujet âgé
:
La proportion des sujets âgés augmente parmi les
traumatisés de la face, 5 à 29 % selon les séries.
Au-delà de 60 ans, le sex-ratio homme – femme est
d’environ 1 : 1,1.
Les causes les plus fréquentes
sont les accidents de la circulation et les chutes.
Les chutes qui entraînent les lésions les plus sévères
sont celles qui s’accompagnent de troubles de la
conscience ; la lésion maxillofaciale la plus fréquente
est alors la fracture mandibulaire.
La mandibule du sujet âgé se caractérise par la
fréquence de l’édentation et de l’ostéoporose qui
entraînent la résorption de l’os alvéolaire et la
fragilisation osseuse.
La symptomatologie est pauvre
en cas de traumatisme minime et de fracture
peu déplacée.
L’absence des dents, donc de cale, fait que
l’ensemble des forces est orienté sur le condyle ; en
cas de déplacement, la course des fragments osseux
sera plus grande.
La région symphysaire est
située entre le deux foramens mentonniers.
Les
fractures siègent le plus souvent au niveau du
condyle et de la branche horizontale.
Quand la
fracture est unifocale, le siège condylien prédomine
; quand les fractures sont plurifocales, le
siège molaire devient le foyer le plus fréquent,
l’angle étant protégé par les muscles masticateurs.
Ces fractures posent des problèmes thérapeutiques
: prise en charge, nutrition d’un sujet âgé,
retentissement sur l’état général et psychologique,
absence de la référence occlusale, sauf si le sujet
est porteur d’une prothèse.
L’évolution de ces fractures
est dominée par les problèmes de vascularisation
avec risque de retard de consolidation et de
pseudarthrose.
Conclusion
:
Les fractures de la mandibule sont des fractures
fréquentes qui existent aux extrêmes de la vie avec une prédominance de l’adulte jeune de sexe masculin.
Le plus souvent, le diagnostic repose sur
l’examen clinique, un cliché panoramique et un
cliché de face basse bouche ouverte.