Anatomie et physiologie de l’iris
Cours d'Ophtalmologie
Embryologie de l’iris
:
L’embryologie de l’iris fait appel à deux des trois feuillets
embryonnaires fondamentaux :
– le mésoblaste, qui donne le stroma de l’iris ;
– l’ectoblaste, qui donne naissance à l’épithélium postérieur et aux
muscles de l’iris.
À la fin de la gastrulation, l’embryon humain dispose de ses trois
feuillets embryonnaires : l’ectoblaste, le mésoblaste et l’entoblaste.
La neurulation aboutit à la différenciation à partir de l’ectoblaste de
deux tissus : le neuroblaste qui donne le tube neural (futur système
nerveux) et les crêtes neurales et l’épiblaste qui donne
principalement la peau.
En ce qui concerne le globe oculaire, le tube
neural présente de chaque côté une expansion, la vésicule optique,
qui devient ensuite la cupule optique à deux feuillets, lesquels
donnent naissance à la rétine et à une partie de l’iris.
L’ectoblaste de
surface forme la placode optique, qui en s’individualisant de
l’épiblaste de surface, devient la vésicule cristallinienne, futur
cristallin.
Le mésoblaste autour de la cupule optique va être colonisé par des
cellules issues des crêtes neurales formant le mésectoderme.
Les
cellules mésenchymateuses vont se disposer en trois vagues
successives : la première aux alentours de la sixième semaine devient l’endothélium cornéen ; la seconde à la septième semaine forme le
stroma cornéen ; quant à la troisième vague, elle apparaît vers la septième-huitième semaine et vient constituer la lame iridopupillaire
qui recouvre la face antérieure du cristallin.
Cette lame se divise en
deux parties : une partie périphérique, très riche en cellules, qui
devient le feuillet mésodermique antérieur de l’iris ; une partie
centrale mince, transparente, peu cellulaire : la membrane pupillaire.
Dès la huitième-neuvième semaine, des arcades vasculaires issues
du vaisseau annulaire pénètrent la lame iridopupillaire.
À partir du
septième mois, la membrane pupillaire régresse à partir du centre
de manière centrifuge avec disparition concomittante des arcades
vasculaires centrales, dégageant ainsi la pupille, la dernière arcade
centrale restante devenant le petit cercle artériel de l’iris.
Cette résorption est plus ou moins complète.
Lorsqu’elle est
marquée, elle aboutit à la formation des cryptes profondes à la
surface de l’iris. Lorsqu’elle est incomplète, elle aboutit à la
persistance d’une membrane pupillaire pouvant au maximum être
source d’une amblyopie chez l’enfant.
Les mélanocytes du stroma dérivent des crêtes neurales.
La
participation des crêtes neurales à ce tissu mésoblastique explique
la possibilité d’atteintes du segment antérieur et de l’iris lors des neurocristopathies.
Les bords de la cupule optique (future rétine) constituée par le
neuroblaste issu du tube neural se portent en avant, et au troisième
mois, viennent se placer à la face postérieure du mésenchyme irien,
en avant du cristallin.
Tout comme la future rétine, ce neuroblaste comporte deux feuillets,
un interne et un externe.
Les cellules épithéliales du feuillet externe
(antérieur) sont pigmentées (équivalent de l’épithélium pigmentaire rétinien).
Celles du feuillet interne (postérieur), non pigmentées
initialement, se chargent de pigment vers le cinquième mois, de
manière centrifuge, de la pupille vers la périphérie.
Ces deux
feuillets accolés forment à la naissance l’épithélium irien, postérieur
et pigmenté.
Lors de mauvaise fermeture de la fente embryonnaire,
la cupule optique ne se ferme pas en bas, avec apparition d’un
colobome irien associé ou non à un colobome choriorétinien.
Au troisième-quatrième mois, certaines cellules épithéliales du
feuillet externe se différencient en myofibrilles et deviennent le
sphincter de l’iris qui se sépare de l’épithélium par interposition de
mésenchyme (sixième mois).
Au cinquième-sixième mois, d’autres cellules épithéliales du feuillet
externe du bord de la cupule optique se différencient également en
périphérie de l’iris.
Cette différenciation en myofibrilles aboutit à la
constitution du muscle dilatateur de l’iris.
Anatomie comparée
:
Du fait de son rôle de filtre dans la pénétration des rayons lumineux,
l’iris présente des modifications selon les espèces animales et leurs
modes de vie.
Par exemple, chez les animaux à activité
principalement diurne, la pupille est souvent petite, circulaire,
variant peu selon l’intensité lumineuse.
La contraction des muscles
iriens peut être symétrique comme chez l’homme (singe, chien, lion,
tigre, loup...), ou parfois asymétrique avec apparition d’un iris en
fente (chat, certains renards).
Chez les animaux à activité nocturne
principale, la pupille est souvent grande, ronde ou souvent en forme
de fente (amphibiens, élasmobranches).
Il existe parfois un opercule,
sous la forme d’un lobe irien supérieur venant obstruer la pupille
lors de l’exposition à la lumière (certaines raies, baleines).
Ainsi, suivant les espèces, leurs milieux et leurs modes de vie, la
pupille, et par conséquent l’iris, peuvent varier : les oiseaux ont une
pupille ronde en général, très active, mais peu sensible à la lumière ;
les deux muscles de l’iris comportent des fibres musculaires striées,
ce qui peut laisser supposer un contrôle volontaire de la taille
pupillaire.
À l’inverse, chez les poissons téléostéens, les muscles sont
très peu développés et la pupille est pratiquement immobile. Parmi
les mammifères, le chien possède un iris dont la couleur va du
jaune au brun, avec une pupille ronde.
Le sphincter, très développé,
atteint le bord ciliaire de l’iris, alors que le dilatateur est peu
développé.
Le grand cercle artériel de l’iris est incomplet et le petit
cercle absent.
Chez le chat, la pupille présente une forme en fente
verticale.
Chez la plupart des ongulés, dont le cheval, la pupille est
elliptique selon un axe horizontal, peu mobile.
Anatomie macroscopique
:
Situé dans un plan frontal, coronal, identique à celui du cristallin,
l’iris, perforé en son centre par un orifice circulaire, la pupille, sépare
les deux chambres antérieure et postérieure du segment antérieur
de l’oeil, remplies par l’humeur aqueuse.
Il bombe légèrement en
avant, la pupille étant dans un plan légèrement plus antérieur que
l’insertion périphérique de l’iris.
On lui décrit deux faces, antérieure
et postérieure, et deux bords : un bord interne, formant le bord
pupillaire, et un bord externe, périphérique, inséré sur le corps
ciliaire.
Le diamètre de l’iris est de 12 à 13 mm.
Son épaisseur varie : fine
(0,1 mm) au bord périphérique, elle augmente à la collerette,
atteignant 0,6 mm, puis rediminue en allant vers la pupille.
Pour Kobayashi, l’épaisseur moyenne de la partie la plus épaisse de
l’iris va de 249 à 579 μm (moyenne : 434,6).
Chez l’enfant prématuré,
elle varie de 188 à 306 μm (moyenne 247).
A - FACE ANTÉRIEURE DE L’IRIS
:
Bien visible, en particulier en biomicroscopie, elle présente un relief
très irrégulier avec deux zones, une interne pupillaire et une externe
périphérique ou ciliaire, séparées par la collerette irienne.
1- Collerette irienne
:
Elle est située à l’union du tiers interne et des deux tiers externes de
la face antérieure et apparaît comme une ligne irrégulière, saillante.
Elle correspond à la limite de résorption de la membrane pupillaire,
avec souvent présence de reliquats de cette membrane.
Plus ou
moins marquée, elle est en général bien visible avec souvent des
dépôts pigmentés.
2- Zone interne ou pupillaire
:
Étendue entre le bord pupillaire et la collerette, elle mesure 2 mm
de large.
Elle présente trois zones en allant de la pupille vers la
collerette :
– le bord pupillaire, anneau festonné, pigmenté, formé par le
débordement en avant du feuillet postérieur pigmenté de l’iris
d’origine neuroblastique.
Il est en général plus large en haut qu’en
bas. Sa pigmentation diminue avec l’âge ;
– la zone du sphincter, bande circulaire, plus marquée sur les iris
clairs ;
– la zone des cryptes de Fuchs ou stomates : ce sont des déhiscences
plus ou moins profondes, à concavité dirigée vers la pupille, dont le
fond apparaît réticulé et dont les bords sont formés par des arcs charnus.
Chez le nouveau-né, collerette et cryptes ne sont pas visibles.
3- Zone externe ou ciliaire
:
Plus large, 3 à 4mm, elle comporte également trois zones :
– une zone interne, plane, qui fait suite à la collerette ;
– une zone moyenne, formée de plis circulaires à disposition
concentrique séparés par des sillons qui augmentent lors de la
mydriase, les sillons de contraction.
Le pli le plus périphérique
forme la ligne des crêtes de Busacca (ourlet marginal de Fuchs).
Il
constitue par définition la limite de la paroi postérieure de l’angle iridocornéen ;
– une zone externe comportant des anfractuosités ou cryptes
ciliaires peu profondes.
4- Coloration :
La coloration de l’iris est celle de sa face antérieure.
Elle dépend de
l’épaisseur de la couche pigmentée postérieure et de l’intensité de la
pigmentation du stroma : plus le stroma est riche en pigment et plus
l’iris est foncé.
On peut opposer ainsi des iris clairs (bleus ou verts),
ayant un épithélium pigmenté mince et peu de cellules pigmentées
dans le stroma, et des iris foncés (marrons), ayant une pigmentation stromale abondante.
De nombreux travaux ont étudié les facteurs
impliqués dans la couleur de l’iris : Wilkerson a montré qu’il n’y
a pas de relation entre le nombre de mélanocytes, le pourcentage de
mélanocytes, la cellularité stromale et la couleur de l’iris.
Pour Imesch, les différences de couleur seraient liées au nombre des
grains de mélanine dans les mélanocytes superficiels du stroma.
La couleur de l’iris varie avec l’âge : maximale vers 15 ans, la
pigmentation diminue ensuite progressivement.
Chez le sujet âgé,
le pigment peut disparaître avec des plages d’aspect « mité ».
Pour Bito, la couleur de l’iris est définitive dès l’âge de 6 ans mais, chez
10 à 15 % des sujets de race blanche, cette couleur se modifie encore
à l’adolescence et à l’âge adulte.
D’autres facteurs peuvent intervenir. Selen signale la possibilité de modifications de la couleur sous
l’effet de médicaments : imipramine, antidépresseurs tricycliques.
De
même, les prostaglandines utilisées en collyre peuvent entraîner une
augmentation de la pigmentation qui, pour Lindsey, serait liée à
l’augmentation de l’expression de la tyrosinase.
Enfin, il semblerait
que la dégénérescence maculaire liée à l’âge soit plus fréquente chez
les sujets de race blanche à iris bleu ou noisette, et que les
cataractes nucléaires et sous-capsulaires postérieures soient plus
fréquentes si l’iris est brun foncé.
5- Rapports de la face antérieure :
Elle forme la limite postérieure de la chambre antérieure du globe
oculaire baignée par l’humeur aqueuse.
Elle répond en avant à
l’endothélium cornéen.
Au centre, au niveau de la pupille, elle en
est distante de 2 à 3mm chez le sujet caucasien.
En périphérie, elle
s’en approche, sans toutefois l’atteindre, séparée de lui par les
structures constitutives de l’angle iridocornéen.
B - FACE POSTÉRIEURE DE L’IRIS
:
Uniformément noire, elle présente trois types de plis :
– les plis de contraction de Schwalbe, lignes radiaires minces situées
au pourtour de la pupille ;
– les plis structuraux de Schwalbe, lignes radiaires tendues de la
pupille à la périphérie irienne, correspondant à des vaisseaux ;
– les plis circulaires, concentriques à la pupille, liés à des différences
d’épaisseur de l’épithélium pigmenté.
Rapports de la face postérieure
:
Elle forme la limite antérieure de la chambre postérieure du globe
oculaire.
Remplie d’humeur aqueuse, traversée par les fibres de la zonule de Zinn tendues des procès ciliaires à l’équateur du cristallin,
cette chambre postérieure est limitée en avant par l’iris, en
périphérie par le corps ciliaire et en arrière par le cristallin.
On la
divise en trois espaces : prézonulaire, intrazonulaire (canal de Petit)
et rétrozonulaire.
Au niveau de la pupille, la face postérieure prend
contact avec la capsule antérieure du cristallin.
En périphérie, elle
forme avec le corps ciliaire l’angle iridociliaire ou sulcus ciliaire en
regard de l’angle iridocornéen.
C - BORD PUPILLAIRE
(OU PETITE CIRCONFÉRENCE DE L’IRIS) :
Il limite la pupille, légèrement décentrée en bas et en dedans par
rapport au centre de la cornée. Le diamètre pupillaire moyen au
repos est de 4 à 5mm.
En myosis serré, il atteint de 0,5 mm à 1,5 mm
et en mydriase maximale, de 8 à 9mm.
D - BORD PÉRIPHÉRIQUE OU CILIAIRE
(OU GRANDE CIRCONFÉRENCE DE L’IRIS)
:
Mince, il forme la racine de l’iris inséré sur le corps ciliaire.
La
continuité entre ces deux structures est liée à la continuité des deux
stromas et des deux épithéliums postérieurs, ainsi qu’aux vaisseaux
issus du grand cercle artériel de l’iris.
Ce bord périphérique entre dans la constitution en avant de l’angle iridocornéen, dont il forme avec le muscle ciliaire la paroi
postéromédiale, et en arrière de l’angle iridociliaire.
Anatomie microscopique
:
La double origine embryologique de l’iris permet de décrire une
partie antérieure, le stroma d’origine mésoectoblastique, et une
partie postérieure, l’épithélium pigmentaire d’origine neuroblastique.
A - STROMA IRIEN :
Recouvert en avant par une couche cellulaire, il est formé d’un tissu
conjonctif vascularisé contenant le muscle sphincter de l’iris.
1- Couche cellulaire antérieure :
Autrefois appelée endothélium, elle est constituée d’une couche
unicellulaire de fibroblastes recouvrant des mélanocytes disposés en
une ou plusieurs couches irrégulières.
Les fibroblastes ne présentent
pas de jonction intercellulaire.
Cette couche est discontinue avec
constitution de lacunes, ou cryptes, ou stomates de Fuchs, au niveau
desquels l’humeur aqueuse entre en contact avec le tissu irien.
On
distingue des cryptes dites « découvertes » sans couche cellulaire de
surface, laissant passer les éléments figurés du sang et des cryptes
dites « recouvertes » tapissées par des fibroblastes, ne laissant passer
que les molécules.
2- Stroma irien proprement dit :
Il est constitué par des cellules de différents types au sein d’une
trame conjonctive de collagène. De nombreux vaisseaux et nerfs le
traversent.
La trame conjonctive est faite de fibrilles de collagène enchevêtrées
de façon lâche, permettant la libre circulation de l’humeur aqueuse
en son sein. Les fibres ont une orientation générale oblique du centre
vers la périphérie et d’avant en arrière.
Le diamètre moyen des
fibrilles est de 500 à 600 Å avec une périodicité de 600 Å.
Les
principales cellules retrouvées sont :
– des fibroblastes, identiques à ceux de la couche cellulaire
antérieure et comme eux présentant souvent un cil baignant dans
l’humeur aqueuse.
Ils sont plus nombreux autour des nerfs, des
vaisseaux et des éléments musculaires ;
– des mélanocytes contenant des grains de mélanine ronds ou
ovales disposés dans le cytoplasme.
Le pigment est principalement
de l’eumélanine.
On peut noter différents stades de maturation : prémélanosomes, mélanosomes, grains de mélanine ;
– des chromatophores, cellules étoilées, irrégulières, à
prolongements longs, siégeant surtout dans la partie antérieure du
stroma.
Proches des fibroblastes, elles contiennent des grains
pigmentés jaunes ou bruns dans le cytoplasme et les prolongements ;
– des clump cells de Koganey : macrophages chargés de pigment, ils
sont peu nombreux et situés plus profondément que les
mélanocytes.
Ils prédominent autour du sphincter.
Le pigment,
souvent très noir, est parfois très abondant, masquant alors le noyau
cellulaire ;
– des mastocytes, situés autour des vaisseaux, avec une éosinophilie
marquée.
On décrit classiquement trois couches à ce stroma :
– une antérieure présentant les cryptes ;
– une moyenne contenant surtout de l’humeur aqueuse ;
– une postérieure contenant le muscle sphincter.
La densité cellulaire moyenne du stroma est de 1 177 ± 259 cellules
et celle des mélanocytes de 778 ± 196.
3- Sphincter de l’iris
:
C’est un muscle lisse, annulaire, plat, situé à la partie postérieure de
l’iris, près du bord pupillaire.
Son épaisseur est de 0,15 mm, sa
largeur de 0,8 mm (elle augmente jusqu’à 1,1 mm en myosis et
diminue jusqu’à 0,4 mm en mydriase).
Il est constitué de faisceaux de cinq à huit cellules musculaires lisses
contenant des myofilaments, disposés concentriquement à la pupille,
contractant des adhérences solides avec les vaisseaux et le collagène
du stroma, ce qui explique que le sphincter conserve son efficacité,
même après iridectomie sectorielle.
Ces cellules sont entourées par
une membrane basale, reliées entre elles par des systèmes jonctionnels serrés, et comportent parfois des grains de pigment.
Entre les fibres musculaires, on trouve des fibres nerveuses le plus
souvent myélinisées.
Ce muscle répond en avant aux structures constituant le stroma
proprement dit et en arrière à l’épithélium postérieur dont il se
rapproche dans sa partie interne.
B - ÉPITHÉLIUM DE L’IRIS :
Partie la plus antérieure, non fonctionnelle, de la rétine, il est formé
de deux couches : une antérieure, musculaire, et une postérieure,
pigmentée.
1- Couche antérieure :
Elle est formée par le muscle dilatateur de l’iris, tendu depuis le
bord périphérique de l’iris jusqu’au sphincter, sans toutefois
atteindre le bord pupillaire.
Épais de 2 à 3 μm, il est constitué par
les expansions cytoplasmiques des cellules épithéliales antérieures.
Entourées d’une membrane basale, ces cellules ont un noyau aplati ;
leurs corps cellulaires disposés sur une couche s’appuient sur
l’épithélium postérieur, séparés de lui par des espaces
intercellulaires.
Les expansions dirigées d’arrière en avant et de la
périphérie vers le centre contiennent des myofibrilles en faisceaux
disposés radiairement.
Ces expansions s’empilent les unes sur les
autres comme les « tuiles d’un toit ».
Au niveau du sphincter, une
couche de tissu conjonctif contenant du pigment et des vaisseaux
unit le dilatateur et le sphincter.
2- Couche postérieure
:
Formée d’une seule couche de cellules très pigmentées, elle tapisse
toute la face postérieure de l’iris de la périphérie au bord pupillaire,
qu’elle dépasse pour former le liseré pigmentaire.
Les cellules qui la constituent sont cubiques, à noyau petit et
cytoplasme rempli de grains de pigment.
Elles sont unies par des desmosomes et des zonula adhérentes et occludentes.
Elles sont
bordées par une lame basale.
Avec l’âge, des modifications ultrastructurales de l’iris apparaissent :
duplication de la lame basale de l’épithélium, apparition
d’invaginations atrophiques et de microfibrilles.
Vascularisation
:
L’iris est une structure très vascularisée.
A - ARTÈRES :
Elles naissent du grand cercle artériel de l’iris, formé par les
branches terminales supérieure et inférieure des artères ciliaires
longues.
Il existe habituellement deux artères ciliaires longues
postérieures, issues le plus souvent directement de l’artère
ophtalmique : une médiale et une latérale.
Chacune pénètre dans le
globe oculaire autour du nerf optique et chemine dans l’espace suprachoroïdien jusqu’au corps ciliaire où elle se termine en deux
branches qui viennent s’anastomoser avec les branches de l’autre
artère ciliaire longue pour former le grand cercle artériel, qui n’est
pas toujours complètement fermé.
Les artères ciliaires antérieures,
issues de branches musculaires près de l’insertion antérieure des
quatre muscles droits de l’oeil, participent à la constitution de ce
cercle anastomotique.
De ce cercle partent des collatérales :
– des artères récurrentes pour la partie antérieure de la choroïde ;
– des artères ciliaires pour le corps ciliaire ;
– des artères iriennes qui se dirigent vers la pupille.
Ces branches
s’anastomosent entre elles, l’anastomose la plus importante formant,
au niveau de la collerette, le petit cercle artériel de l’iris.
Ces artères donnent des capillaires non fenêtrés qui se disposent en
trois plexus : un à la périphérie de l’iris, un au niveau du sphincter
et un au niveau du dilatateur.
Les artères, tout comme les veines, ont un endothélium avec des péricytes inclus dans la membrane basale.
Ces vaisseaux sont
entourés d’un tissu conjonctif lâche, doublé de fibres élastiques
permettant les mouvements iriens sans compression des vaisseaux.
B - VEINES :
Plus profondément situées, elles sont disposées comme les artères
avec lesquelles elles s’anastomosent souvent.
Elles gagnent le corps
ciliaire puis cheminent dans la suprachoroïde pour se jeter dans les
veines vorticineuses.
Pour certains, le petit cercle artériel de l’iris est
constitué par des anastomoses artérioveineuses.
C - LYMPHATIQUES :
Il ne semble pas exister de vaisseaux lymphatiques au niveau de
l’iris.
Innervation
:
Les deux muscles de l’iris aux actions antagonistes sont innervés
par les deux composants moteurs du système nerveux autonome.
Le sphincter de l’iris dépend du système parasympathique.
Nées du
noyau d’Edinger-Westphal, appartenant au noyau du nerf
oculomoteur (III), les fibres préganglionnaires gagnent le ganglion
ciliaire en suivant le III puis sa branche inférieure.
Elles forment la
racine motrice du ganglion ciliaire.
Dans le ganglion, ces fibres se
terminent et font synapse avec les fibres postganglionnaires qui
gagnent le globe oculaire sous la forme de nerfs ciliaires courts.
Le muscle dilatateur dépend lui du système sympathique.
Les
neurones préganglionnaires ont leur corps cellulaire dans la corne
latérale (colonne intermédiolatérale) de la moelle thoracique haute
(centre ciliospinal de Budge, C8 à T2).
Ils gagnent la chaîne
sympathique cervicale latérovertébrale et se terminent dans le
ganglion cervical supérieur.
De là partent les fibres postganglionnaires qui gagnent par le plexus péricarotidien le
ganglion ciliaire qu’elles traversent sans y faire synapse.
Ces fibres
ressortent du ganglion ciliaire sous la forme de nerfs ciliaires courts.
Enfin, des fibres issues du nerf nasociliaire, branche du nerf
ophtalmique, branche du trijumeau (Ve nerf crânien), traversent
également sans faire synapse le ganglion ciliaire en formant la racine
sensitive du ganglion et en ressortent sous forme de nerfs ciliaires
courts.
Ainsi, les nerfs ciliaires courts, dont le nombre varie de six à 18,
contiennent des fibres motrices postganglionnaires parasympathiques
et sympathiques et des fibres sensitives véhiculées par
le nerf nasociliaire.
Ces nerfs ciliaires courts pénètrent dans le globe
oculaire autour de la papille, cheminent dans l’espace suprachoroïdien, et forment en avant le plexus ciliaire situé au
niveau du corps ciliaire.
Les branches destinées à l’iris vont se
répartir en quatre grands réseaux : des fibres sensitives pour le
stroma, des fibres vasomotrices autour des vaisseaux, des fibres
sympathiques pour le dilatateur, chaque cellule musculaire recevant
une fibre nerveuse, et des fibres parasympathiques pour le sphincter.
L’existence de ces deux systèmes moteurs innervant chacun un
muscle à action différente permet de moduler la taille pupillaire : le
système parasympathique assure la contraction du muscle sphincter
et donc le myosis ; le système sympathique celle du muscle
dilatateur, donc la mydriase.
L’état d’équilibre entre les influx des
deux systèmes conditionne la taille de la pupille.
Des médiateurs
chimiques interviennent dans les synapses : acéthylcholine dans les
terminaisons pré- et postganglionnaires du parasympathique et de
la terminaison préganglionnaire sympathique ; catécholamines à la
terminaison postganglionnaire du sympathique. Pharmacologiquement,
on peut reproduire l’effet du sympathique : mydriase
en stimulant les fibres sympathiques (sympathomimétiques) ou en
inhibant les fibres parasympathiques (parasympatholytiques), et à
l’inverse reproduire l’effet du parasympathique (myosis) par
l’utilisation de parasympathomimétiques ou de sympatholytiques.
Physiologie
:
L’iris a deux rôles essentiels : un rôle d’écran protecteur assuré
principalement par la pigmentation de l’épithélium postérieur et un
rôle de diaphragme modulant la pénétration intraoculaire des
rayons lumineux, assuré par le jeu pupillaire.
La pupille peut modifier sa taille sous l’effet de sa double
innervation sympathique et parasympathique, selon la loi
d’innervation réciproque de Scherrington. De nombreux facteurs
influencent la taille pupillaire : l’illumination tout d’abord, l’état de
veille, l’intégrité des deux composants du système nerveux
autonome, l’attention visuelle...
Ainsi, une paralysie du III entraîne une mydriase aréflexique, une
atteinte du sympathique, un syndrome de Claude Bernard-Horner
avec un myosis.
L’attention, l’émotion, sont responsables de
mydriase, probablement par influence du cortex sur les centres de
commande (noyau du III, colonne intermédiolatérale de la moelle).
De même, il est probable que des influx issus des noyaux
vestibulaires et cérébelleux influent sur la taille de la pupille : myosis
lors du nystagmus vestibulaire, par exemple.
Le réflexe photomoteur est l’exemple même de ces variations ;
l’illumination brusque de l’iris provoque un myosis immédiat,
rapide, suivi d’une décontraction rapide lorsque la stimulation
cesse : c’est le réflexe photomoteur direct.
L’illumination d’un iris
entraîne un myosis de l’oeil controlatéral : c’est le réflexe consensuel.
Divers facteurs interviennent : la rapidité de l’illumination, son
importance, sa longueur d’onde (réponse plus marquée avec le jaune-vert en ambiance photopique, le bleu-vert en ambiance
scotopique).
Avec l’âge, la réponse diminue, de même qu’à la fatigue
si le test est répété plusieurs fois.
Ce réflexe part des photorécepteurs, en particulier des axones des
cellules rétiniennes W.
Ces fibres gagnent la région prétectale du
mésencéphale par le nerf optique, le tractus optique, puis le bras du
colliculus supérieur.
Elles se terminent de façon homolatérale et
croisée dans la région prétectale autour des noyaux viscéraux du III,
noyaux d’Edinger-Westphal, qui sont d’ailleurs unis sur la ligne
médiane dans leur partie rostrale.
La voie efférente suit le nerf
oculomoteur.
Lors de la convergence pour fixer en vision de près, il se produit
également un myosis plus lent que lors du réflexe photomoteur.
Il
s’accompagne d’une accommodation.
Cette triple association convergence-accommodation-myosis serait déclenchée par la vision
trouble de l’objet à fixer.
L’irritation du segment antérieur est également responsable d’un
myosis.
L’information est amenée à la région prétectale en suivant
le nerf trijumeau (cinquième nerf crânien).
De même, on a décrit des réflexes de mydriase lors d’excitation d’un
nerf sensitif (hormis le trijumeau) et lors de sensation gustative,
tactile ou auditive désagréable.