Analyse céphalométrique simplifiée
Cours de Médecine Dentaire
Historique
:
Les orthodontistes n’ont découvert que tardivement l’intérêt
d’étudier de façon reproductible le crâne et la face.
Les artistes et les
anthropologues les avaient largement devancés.
Piero de la
Francesca (1418-1492) écrivit plusieurs manuscrits dont l’un nous
est resté à la bibliothèque palatine de Parme, qui édicte les lois
minimales de la peinture, et parmi elles la représentation de la tête
de l’homme « qu’il cherche à capturer pour l’emprisonner dans la
perfection statique de la géométrie ».
De nombreux dessins illustrent ces propos, véritables épures de
géométrie descriptive, qui préfigurent celles d’Albert Dürer et de
Léonard de Vinci.
L’étude ne se limite pas à la face, mais comporte
quatre norma : face, profil, vue d’en haut, vue d’en bas.
Vers 1500, Léonard de Vinci recherchait les proportions des diverses
parties de la tête et l’inscrivait dans un cube, avec quelques obliques.
De nombreux travaux paraissaient à cette époque : Spigelius à
Bruxelles, Sigismond Elsholtz à Francfort.
Ce dernier recherchait
spécialement la symétrie, mais il est aussi celui qui a compris que le
corps se modifie de diverses manières, de la naissance à l’âge adulte, et jusqu’à la décrépitude.
L’introduction de la radiographie et de la
téléradiographie par Broadbent vers 1925, reprit les mêmes
repères, tandis qu’un Italien, Pacini, inventait le céphalostat pour
vaincre l’instabilité de la tête du sujet vivant.
Les artistes ne furent pas les seuls ; les anatomistes et les grands
peintres (mais n’étaient-ils pas un peu anatomistes ?) furent amenés
à faire l’étude comparée des animaux et des humains.
C’est
Daubenton qui rechercha le premier un plan d’orientation pour
décrire leur équilibre céphalique en prenant comme repères le trou
occipital, la charnière, et le rebord de l’orbite, qui témoignent de la
posture d’un sujet debout qui regarde au loin.
Cette attitude
posturale est reprise par Perez, Delattre et Fénart, Lundström.
Des travaux importants sont dus à Campert (1722-1789) qui était
chirurgien, naturaliste et anthropologue, excellent dessinateur de
surcroît, et n’hésitant pas à faire des coupes des têtes dont il
disposait.
Broca, von Spix, Quetelet proposèrent également des
lignes et des proportions d’harmonie. Un peu plus tard, avec Broca,
la recherche d’un plan « physiologique » basé sur l’axe du regard
sera très poussée et se poursuit encore.
Mais c’est le plan décrit par
Virchow à Francfort en 1882 et qui porte le nom de cette ville qui
allait connaître la plus grande notoriété.
Au terme de cet historique, il apparaît que la céphalométrie est une
discipline fort ancienne imaginée par des hommes de grand savoir
qui devrait inciter à la modestie les auteurs de nouvelles analyses.
Téléradiographie, élément
de l’imagerie :
La téléradiographie de profil du sujet fut pratiquée par Carrea dès
1922.
C’est une technique radiologique qui s’est substituée à la
céphalométrie qu’utilisaient autrefois les anthropologues par des
mesures directes sur des crânes fixés dans un « craniophore » pour
obtenir des projections dans les trois sens de l’espace.
La téléradiographie fut inventée très rapidement après la découverte
des rayons X et de la radiologie.
Dans une première étape, l’image
du crâne et le contour cutané furent obtenus sur un même film grâce
à un fil de plomb placé sur le profil.
Mais bien vite, des artifices
imaginés par les radiologues réunirent sur le même cliché les tissus
durs et les parties molles.
C’est Broadbent, en 1925, qui fit les
premiers essais avec céphalostat, introduisant ainsi la
standardisation des clichés.
Rappelons qu’elle se compose de trois éléments :
– le tube radiogène de rayons X ;
– le céphalostat qui immobilise la tête et assure la constance des
relations tube-sujet-film ;
– le film dans sa cassette et des grilles, filtres, écrans renforçateurs
qui assurent la qualité de l’image.
Les constantes utilisées en Europe sont largement respectées :
distance foyer du tube radiogène/film : 4 m ; distance plan sagittal
du sujet/film : 15 cm.
Avec ces normes, le taux d’agrandissement
atteint seulement 2 %, ce qui est négligeable, même pour des travaux
de recherche.
Les orthodontistes américains, moins cartésiens, se
contentent d’une distance foyer/film de 5 pieds, soit 1,52 m, ce qui
ne permet pas des mesures fines, le taux d’agrandissement étant
élevé et assez différent pour le côté droit et pour le côté gauche.
Il
est rappelé ici que le côté gauche du sujet est, par convention, celui
qui est mesuré.
La céphalométrie consiste à mesurer des distances entre des structures
osseuses ou des points de repères bien définis sur ces
téléradiographies standardisées.
C’est une démarche biométrique.
L’analyse céphalométrique est l’interprétation des informations que ces
mesures fournissent.
Elles peuvent être métriques, exprimées en
millimètres et dépendent alors de la taille des différents sujets.
Cet
écueil peut être contourné en établissant des rapports ; ces mesures
peuvent être angulaires, exprimées en degrés d’arc, et sont donc
indépendantes de la taille de différents sujets.
L’analyse est une
démarche intellectuelle.
L’analyse céphalométrique est principalement un instrument de
diagnostic pour l’orthodontiste qui va identifier le siège et la nature
des anomalies, en se référant à des normes, établies sur des
échantillons de sujets plus ou moins nombreux qui répondent
rarement aux critères des lois statistiques, qui stipulent que cette
population devrait être panmictique, c’est-à-dire que les unions
devraient être dues au hasard et d’effectif infini, ou composées d’un
très grand nombre de sujets.
Ce recours à des « normes » est critiqué
dans cet article.
L’analyse céphalométrique est aussi la source d’une démarche
intellectuelle qui va conduire à des objectifs de traitement pour
parvenir à rapprocher autant que possible un patient des normes de
la population dont il est issu par un moyen assez simple dans son
principe : soit inhiber la croissance d’une structure anatomique, soit
la stimuler par divers moyens pour retrouver une harmonie
morphologique et fonctionnelle.
– La recherche : l’analyse céphalométrique a été et reste un
instrument de recherche qui a permis de comprendre les interactions
de la croissance de la base du crâne et de la face, de faire une étude
précise du mode et du rythme du développement craniocéphalique,
de suivre l’évolution des anomalies, et aussi de vérifier les résultats
thérapeutiques en les quantifiant.
La quantification, qui implique des
mesures, est une approche plus scientifique que la description ou
l’« appréciation » ;
– la pédagogie : enfin, et cela ne contredit pas les critiques qui sont
exprimées ultérieurement, c’est un moyen pédagogique merveilleux
qui permet, in vitro, sur un simple cliché ou des clichés successifs,
de mettre en évidence des phénomènes biologiques trop progressifs
pour être perçus in vivo sur un enfant qui grandit.
Nous verrons que l’observation de certaines structures permet de
rapprocher un sujet donné d’un « type » sans même effectuer de
mesures.
L’analyse typologique la plus utilisée est celle de Bjørk.
A - CLASSIFICATION DES ANALYSES :
Il existe trois sortes d’analyses :
– les analyses « typologiques » qui ne nécessitent que peu ou pas de
mesures ;
– les analyses métriques, qui s’appuient sur des mesures linéaires ou
angulaires ;
– les analyses structurales ou architecturales et structurales, qui
permettent d’objectiver et de quantifier les variations d’équilibre et
l’étude des structures osseuses et des tissus mous avoisinants,
superficiels et profonds.
1- Analyses typologiques :
Elles ont pour objectif de classer les individus en fonction de leur
ressemblance vis-à-vis d’un caractère donné avec un sujet « type »
présentant à l’extrême ce caractère particulier.
Ce procédé est critiquable.
Si, par exemple, les hommes sont classés
en petits et en grands, en considérant leur stature, il y a dans les
grands des plus grands que le type et des grands un peu moins
grands, donc apparition de sous-types, et dans les sous-types, il y a
des un peu plus grands, etc, et l’on revient à l’individu.
Une typologie reste cependant un moyen simple de classification.
La typologie de Bjørk est la plus répandue.
Elle est fondée sur
l’observation simple que les sujets qui possèdent une forte
musculature et un tonus important des muscles élévateurs de la
mandibule présentent une mandibule de forme « carrée », traduisant
l’action de cette musculature.
Au contraire, si l’action des muscles
abaisseurs est prédominante, la mandibule présente une forme
différente traduisant une action musculaire dominante vers le bas,
provoquant une sorte de flexion de la mandibule vers le bas.
La technique des implants a été utilisée par l’auteur pour créer un
référentiel indépendant de superpositions.
Des implants métalliques,
donc radio-opaques, ont été placés par percussion dans la corticale
osseuse en différents points et dans des zones connues pour se
remodeler très peu.
En se servant de ces repères, Bjørk a décrit deux
« types » de croissance : la rotation antérieure et la rotation
postérieure.
Malgré les critiques formulées, l’analyse typologique de Bjørk
permet d’orienter la thérapeutique, soit vers la recherche de
traitement sans extractions dentaires (rotation antérieure) ou
s’accommodant d’extractions (rotation postérieure).
Cette interaction thérapeutique-analyse est objectivée plus loin.
La terminologie de Bjørk mérite d’être correctement interprétée : le
mot « rotation » doit être compris comme modification de la forme
de la mandibule au cours de la croissance.
Cette rotation est donc
exclusivement de forme et n’est pas un mouvement.
2- Analyses métriques
:
Ces analyses comportent des mesures linéaires et angulaires,
certaines des rapports.
* Analyse de profil
:
Avant d’en faire la critique, il convient de rappeler les principes
d’une analyse classique simple.
+ Examen médical du cliché
:
Un temps essentiel et pourtant souvent négligé est l’examen
« médical » du cliché sans aucune implication orthodontique.
L’orthodontiste est bien souvent le premier médecin qui observe un
cliché de la tête d’un individu et il convient de pratiquer un examen
attentif des régions où peut se situer une pathologie jusque-là
méconnue, comme les adénomes hypophysaires qui sont visibles au
niveau de la selle turcique, les végétations adénoïdes dans
l’oropharynx, les syndromes malformatifs s’ils sont peu apparents
cliniquement, les corps étrangers, etc.
Cet examen se pratique avant
la mise en place d’un papier calque.
Il nécessite une bonne
connaissance de la radioanatomie.
Pour effectuer une analyse, il est nécessaire de définir un certain
nombre de points qui peuvent se situer sur des repères anatomiques
ou qui peuvent être construits.
+ Choix des points céphalométriques, des lignes et des plans
:
Les points visibles sur un cliché sont des points « radiologiques »
qui ne sont pas strictement identiques aux points craniométriques
définis sur un crâne sec, qui ne donnent pas forcément une image
sur le film.
Celle-ci n’apparaît que si des changements de courbure
apparaissent ou si le rayonnement principal « enfile » des surfaces
osseuses.
Les points proposés pour une analyse de profil sont très classiques
et communs à la plupart des analyses.
Certains sont construits, tel le
point S, centre de l’image de la selle turcique.
D’autres sont situés
sur des structures d’anatomie radiologique.
– Point S.
– Point N ou Na : c’est le plus antérieur du bord supérieur de
l’image de la suture frontonasale.
Ce point est critiquable par le fait
que l’apparition et l’augmentation du volume du sinus frontal au
cours de la croissance faciale le projettent vers l’avant.
En revanche,
il varie peu dans le sens vertical.
– Point A, sous-épineux : c’est le plus postérieur de la concavité
située sous l’épine nasale antérieure.
Il représente la limite antérieure
du maxillaire.
Noter qu’il peut reculer avec le recul du secteur incisif
au cours du traitement, dans les cas avec proalvéolie.
Il serait donc
maxillaire, basal, et alvéolaire à la fois.
– Point B, sus-mentonnier : c’est le plus postérieur de la concavité
de la région de la symphyse mandibulaire.
S’il est l’homologue
topographique du point A, il n’est pas déplacé au cours des
traitements.
– Point Pg ou Pog : c’est le plus antérieur de l’image de la symphyse
mentonnière.
La notion de point « stable » est très relative, car tout au long de la
croissance, les pièces osseuses changent de forme et de rapports avec
les os voisins.
Un point n’est donc « stable » que sur une durée
limitée.
+ Lignes et plans utilisés dans l’analyse de profil
:
À partir des points décrits, il est possible de tracer des lignes ou de
définir des plans (trois points non alignés sont nécessaires ou un
point et une droite).
– La ligne S-N joint le point S, centrocrânien et le point N défini
plus haut.
Elle schématise donc la base du crâne et est utilisée par Bjørk et Steiner comme plan de référence, ou même
d’orientation, ou encore de superposition.
Sa valeur est discutée par Bjerin.
– La ligne N-B permet de situer la position antéropostérieure de la
mandibule.
– La ligne A-Pog, ligne dentaire, sert de référence pour situer la
position antéropostérieure des dents (par convention, nommées I
pour l’incisive maxillaire, i pour l’incisive mandibulaire, au niveau
de leurs bords libres).
– Le plan mandibulaire est celui choisi par Downs, et est tangent
à l’image de la symphyse et à la région de l’angle mandibulaire.
Le principe de base de la plupart des analyses consiste à considérer
que le crâne, ou plutôt la base du crâne est stable et qu’elle peut
servir de référentiel pour décrire la variabilité ou les variations de la
face.
Une limite de la méthode est d’ordre embryologique : le crâne,
le neurocrâne, est l’enveloppe du système nerveux central ; la face
ou splanchnocrâne est l’enveloppe de la partie antérosupérieure du
système aérodigestif, et physiologiquement, ils répondent à des
facteurs de croissance totalement différents.
– La ligne N-A permet de repérer la position antéropostérieure du
maxillaire.
Les très nombreuses analyses publiées, si intéressantes
soient-elles, ne sont pas étudiées dans cet article.
Elles sont
largement publiées.
+ Lien réciproque entre analyse céphalométrique et techniques orthodontiques
:
Chaque « philosophie » orthodontique a inspiré une analyse qui
s’accorde à la pensée et aux objectifs thérapeutiques de ses
promoteurs. Deux exemples sont plus démonstratifs qu’une analyse
épistémologique.
Si Tweed a publié une analyse dans laquelle la position de
l’incisive mandibulaire est placée à angle droit sur le plan
mandibulaire, c’est à la fois parce que son goût personnel lui fait
préférer un profil très rectiligne, qu’un autre pourrait trouver plat,
et parce que son expérience douloureuse de la récidive l’a conduit à
atteindre ses objectifs par des extractions, avant lui contre-indiquées.
En revanche, les tenants des thérapeutiques fonctionnelles
incorporent à leurs analyses la recherche des signes des dysfonctions
que leur thérapeutique corrige en priorité.
* Analyse transversale (ou frontale)
:
L’extrémité céphalique est un volume dont la téléradiographie de
profil ne donne qu’une image projetée sur un seul plan.
Si une
téléradiographie de profil représentait une pièce de monnaie, le
cliché serait un étroit rectangle.
Une téléradiographie de face serait
nécessaire pour observer que ladite pièce est en réalité un disque,
dont le contour n’est pas forcément circulaire.
Sur le cliché en norma frontalis, il est possible d’apprécier les
proportions de la face, mieux, de les mesurer : l’indice facial (If) total
permet de savoir si une face est large ou plutôt étroite.
Cet If
est défini comme le rapport de la hauteur de la face nasion-menton :
= [Hauteur totale de la face (Na-Me) - 100] / [Largeur biziogomatique externe Zg - Zd]
Cinq caractères morphologiques se dégagent :
– face large (dite aussi basse) : If = de 80,00 à 84,9 ;
– face hyperlarge (hypereuryprosope) : If > 80 ;
– face moyenne (mésoprosope) : If = de 85,00 à 89,90 ;
– face étroite (ou haute, leptoprosope) : If = de 90,00 à 94,90 ;
– face très étroite (haute, hyperleptoprosope) : If > 95.
Ces indices sont très utilisés en anthropologie physique.
En
orthodontie, pour apprécier la forme de la tête dans les trois
dimensions de l’espace, il faut au moins deux incidences pour
observer la largeur des structures anatomiques et mesurer
d’éventuelles asymétries, ce que l’analyse de profil seule ne saurait
donner.
Historiquement, c’est l’incapacité des générateurs de rayons X à
pénétrer des volumes osseux plus épais (puisque le postérocrâne se
projette également sur la face) qui a fait que l’analyse frontale fut
beaucoup moins utilisée que les analyses de profil.
L’examen en norma facialis est aussi moins pratiqué parce que l’examen des
moulages donne une assez bonne appréciation de la largeur des
arcades tandis que l’examen clinique permet le plus souvent de
déceler les anomalies des rapports maxillomandibulaires
transversaux.
L’analyse de face est donc moins largement utilisée ;
c’est pourtant la seule qui permet d’établir avec certitude le
diagnostic différentiel entre l’endognathie, l’étroitesse du maxillaire
qui retentit sur les voies aérifères, alors que l’endoalvéolie n’est
qu’une inclinaison en dedans des procès alvéolaires qui n’a pas ou
peu de retentissements sur la ventilation nasale.
Anatomiquement,
la première concerne l’os basal, la seconde n’atteint que les procès
alvéolaires.
Dans les asymétries faciales ou mandibulaires, l’analyse
de face s’impose aussi pour distinguer quelle est la structure
responsable et quantifier l’anomalie.
Le titre de cet article, qui ne traite que d’analyse céphalométrique
déjà simplifiée, ne nous autorise pas pour autant à privilégier la
seule dimension céphalique dans le sens sagittal en négligeant le
sens transversal.
Les conventions de terminologie ci-dessous sont celles de l’analyse
de Ricketts.
+ Points et plans de l’analyse de face
:
Comme pour toute analyse, un minimum de points remarquables
doivent être localisés et nommés, avec cette différence qu’il y a ici
un point droit et un point gauche.
Définition des points céphalométriques utilisés.
– Points médians :
– ANS (anterior nasal spine) : épine nasale antérieure, centre de
l’image losangique qui s’observe sous la cloison nasale ;
– 1A : point interincisif, au niveau de la papille interdentaire au
maxillaire ;
– 1B : point interincisif, au niveau de la papille interdentaire à la
mandibule ;
– Me : point menton.
– Tableau des points et plans utilisés et leur définition.
– Points latéraux (convention : les points maxillaires commencent
par la lettre A, les points mandibulaires par la lettre B).
Bilatéraux,
ils sont désignés par une lettre et un chiffre, à gauche la lettre
précède le chiffre, à droite le chiffre précède la lettre.
Contrairement à l’usage en radiologie, le côté gauche est placé à
la gauche du lecteur :
– A3 : pointe de la couronne de la canine supérieure gauche ;
– 3A : pointe de la couronne canine supérieure droite ;
– A5 et A5 : projection orthogonale sur le plan d’occlusion des
points les plus vestibulaires des premières molaires à gauche et
à droite ;
– AG et GA : points antégoniaux, au fond de la concavité
précédant la saillie de la région goniaque ;
– B3 et 3B : pointe de la couronne des canines mandibulaires
gauche et droite ;
– B6 et 6B : projection orthogonale sur le plan d’occlusion des
points les plus vestibulaires des molaires mandibulaires ;
– JL et JR : points jugaux, situés à l’intersection de l’image du
contour de la tubérosité avec l’image de l’apophyse pyramidale
du maxillaire ;
– NC et CN : points nasaux, au niveau de la plus grande
largeur de l’orifice nasal.
Ils peuvent être décalés verticalement
dans les asymétries nasales ;
– ZL et ZR : points zygomato-orbitaires à l’intersection de la
suture frontomalaire avec le contour des orbites, L pour left
(gauche) et R pour right (droite) ;
– ZA et AZ : points zygomatiques, situés au centre de l’image
ovalaire de l’arcade zygomatique.
– Lignes :
– lignes jugales JL-AG et JR-GA : permettent de situer les
molaires par rapport aux mâchoires (symétrie) par mesure de
leur distance à ces lignes ;
– lignes frontofaciales ZL-AG et ZR-GA.
Ces lignes permettent
de situer les bases maxillaires par rapport au crâne (points ZA
et AZ) et à la mandibule (AG et GA).
Remarquer l’analogie avec
la ligne Na-Pog dans les analyses de profil.
– Plans :
– plan occlusal : passe par le milieu de l’intercuspidation des
premières molaires droite et gauche ;
– plan bizygomatique : horizontale de référence.
Il passe par les
points zygomatiques droit et gauche (ZA et AZ) ;
– plan sagittal : il est, par définition, la perpendiculaire abaissée
du milieu de la base de l’apophyse crista galli sur l’horizontale
de référence (ZA-AZ).
+ Normes simplifiées dans l’analyse de face
:
Il n’est pas indispensable de donner des normes pour l’analyse
simplifiée de face dont l’intérêt est de vérifier la symétrie faciale, les
largeurs intercanines et vérifier la perméabilité de la partie tout
antérieure des voies aérifères.
En effet, l’étroitesse des fosses nasales accompagne l’endognathie
mais n’est pas modifiée par l’endoalvéolie.
Ce diagnostic est
essentiel pour choisir le traitement qui s’applique à chacune des
dysmorphies.
+ Technique de l’analyse de face
:
Bien que publiée pour être d’emblée informatisée, une analyse
manuelle est possible pour une étude des voies aérifères et
d’éventuelles asymétries.
Principe. L’analyse est métrique et consiste à comparer les mesures
du sujet avec une charte établie sur un échantillon américain,
probablement sur des clichés pris à 1,50 m.
Les normes sont donc
élevées pour les sujets européens radiographiés à 4 m,
l’agrandissement étant plus élevé aux États-Unis.
Normes.
Les trois principales permettent :
– de mesurer la largeur nasale ;
– la relation maxillomandibulaire à droite et à gauche, donc de
quantifier l’asymétrie ;
– de noter la déviation du point M à droite ou à gauche du plan
sagittal.
Il est également possible de déceler une inclinaison du plan
d’occlusion par rapport à la référence horizontale, inclinaison
invisible sur le cliché de profil.
Ces normes métriques sont critiquables, mais il est vrai que le simple
examen du cliché permet de constater la présence de déviation de la
cloison nasale, l’obstruction nasale par asymétrie, et même, toujours
sans mesure, la position des structures osseuses et leur centrage.
* Analyse axiale
:
Elle requiert une installation radiologique puissante afin que le
rayonnement X soit assez pénétrant pour traverser la hauteur de la
tête du vertex au menton.
Techniquement, elle pose assez souvent
des problèmes chez des sujets incapables de défléchir leur tête en
arrière en raison de la brièveté de leur cou ou leur embonpoint.
Elle
est donc assez peu pratiquée, bien qu’elle donne une excellente
image en projection de la mandibule.
Les deux incidences
classiques sont celles de Berger, subaxiale, et de Bouvet, qui se
situent topographiquement de part et d’autre de l’incidence
classique de Hirtz.
Un triangle ayant pour base des points choisis sur les têtes des
condyles mandibulaires et pour sommet le point interincisif
mandibulaire, est isocèle si la mandibule est symétrique, il ne l’est
pas si la mandibule est asymétrique.
Ces trois analyses étant décrites sommairement, il est nécessaire
d’indiquer les critiques qui s’imposent.
B - CRITIQUE DE L’ANALYSE CÉPHALOMÉTRIQUE
:
Les critiques que l’on peut porter aux analyses céphalométriques
sont de deux ordres : les unes sont d’ordre pratique et concernent les mesures dont le nombre s’est multiplié à l’excès, les autres sont
d’ordre théorique et visent les utilisations à but diagnostique et
thérapeutique des analyses.
+ Multitude des mesures
:
Le nombre de points nécessaires pour schématiser les pièces
osseuses du crâne et de la face, pour repérer les dents importantes
dans l’analyse, caractériser ensuite le profil cutané, est très
important.
Dans une étude critique, Solow effectue 88 mesures :
huit corporelles, 48 sur les clichés de profil et frontal, plus huit sur
le bras et 16 sur les arcades dentaires !
L’analyse complète de Ricketts de profil et frontale en nécessite autant, mais le relevé
informatique a été prévu.
Il faut néanmoins digitaliser les points,
travail long et fastidieux.
+ Redondance des mesures
:
La recherche d’une analyse simplifiée est en partie fondée par le
constat que dans la plupart des analyses déjà publiées, des mesures
différentes donnent une même information.
Pourquoi alors relever
patiemment 50 valeurs si la moitié d’entre elles se recoupent ?
Ne
faut-il pas faire un tri préalable en fonction de chaque catégorie de
dysmorphie ?.
L’étude par l’analyse discriminante a conduit à
apporter des « simplifications majeures » dans la liste des mesures à
relever.
Il s’avère qu’en utilisant 11 variables cutanées, 13 variables
osseuses, et huit variables dentaires dont deux sont angulaires, soit
32 au total, on constate que la différence entre deux groupes (mêmes
cas avant et après traitement) peut être jugée avec moins de mesures,
et que certaines sont plus contributives que d’autres en fonction des
dysmorphies.
+ Précision des mesures
:
Elle est quelque peu illusoire. Les mesures prises sur des clichés
réalisés dans la même séance et par des opérateurs différents ne sont
pas exactement les mêmes.
C - CRITIQUE DE L’ANALYSE CÉPHALOMÉTRIQUE
EN TANT QU’INSTRUMENT DE DIAGNOSTIC
:
L’analyse céphalométrique choisit d’abord un plan de référence,
telles les lignes S-N ou Pr-Or ou Ba-Na, puis considère la structure
qu’elle veut mesurer, par exemple la position du menton,
schématisée par le point B ou Pog.
Ensuite, l’angle que forment les
lignes N-B ou N-Pog et le plan de référence choisi est mesuré.
Si cet
angle est plus petit que la moyenne, le menton est estimé placé en
arrière ; s’il est plus grand, le menton est jugé trop avancé : c’est le
diagnostic céphalométrique.
Autrement dit, l’analyse fait croire que les variations angulaires
observées sont systématiquement le fait d’un seul des trois points
qui déterminent un angle (et comme par hasard, c’est le point qui
intéresse l’orthodontiste), et que les deux autres points sont toujours
bien placés, c’est-à-dire conformément à la moyenne et sans
possibilité de variation.
Ce type de raisonnement est répété pour la
plupart des valeurs angulaires céphalométriques.
Or, il est bien évident qu’aucun point osseux n’est privilégié.
Chaque
individu est unique, il diffère des autres, y compris dans la
localisation de ses points céphalométriques dits « de référence ».
Même si l’on pouvait trouver, fusse en imagination, un point de
repère osseux qui ne soit sujet à aucun phénomène d’apposition ou
de résorption, cela montrerait que ce point est fixe chez un sujet
donné et utilisable pour des superpositions de tracés correspondant
à des dates différentes, mais cela ne signifierait pas que ce point
serait placé chez le sujet mesuré exactement au même endroit que
dans la population de référence.
D’ailleurs, les points considérés comme fixes ne le sont plus dès
qu’ils sont examinés selon une référence qui leur est étrangère, qu’il
s’agisse d’une autre référence céphalométrique ou d’une référence
physiologique (gravité, posture « naturelle » de la tête).
Les diagnostics orthodontiques varient quand les plans de référence
changent.
Malheureusement, trop d’orthodontistes se reportent
toujours au même plan de référence, qui devient peu à peu la clé de
voûte d’un système de pensée et paraît d’autant plus « fixe » qu’il
n’est pas confronté avec d’autres références.
Le raisonnement céphalométrique, qui suppose qu’un seul des
points qui déterminent un angle est variable, ne peut être accepté et
ne peut conduire à un diagnostic juste.
Quand un raisonnement est faux, il est facile de le pousser jusqu’au
ridicule : imaginez qu’un sujet soit doté
d’une matrice ophtalmique peu active.
Le globe oculaire et l’orbite
sont petits, le point sous-orbitaire est haut placé, l’angle facial est
diminué et par conséquent le sujet est dit présenter une rétromandibulie et inversement si la matrice ophtalmique est
expansive, le globe oculaire volumineux, l’orbite grande et le point
sous-orbitaire abaissé.
Autrement dit, si contraire au bon sens que
cela soit, pour la céphalométrie, ce qui fait la rétromandibulie ou la
promandibulie, c’est le volume du globe oculaire !
Heureusement, certaines mesures sont moins touchées par la
critique ci-dessus.
Ce sont les angles dont deux points (et non plus
un seul) sont si manifestement variables que personne ne peut
prendre pour fixe ce qui ne l’est pas, tel l’angle ANB qui mesure les
rapports antéropostérieurs des extrémités antérieures des bases
osseuses.
Toutefois, cet angle et les angles semblablement construits ne sont pas à l’abri de toute critique : la valeur de l’angle ANB peut
changer du fait des variations du seul point N, considéré comme
fixe alors qu’il ne l’est pas.
De ce fait, l’angle ANB peut varier alors
que le décalage des bases que cet angle est censé exprimé reste
constant.
D - CRITIQUE DE L’ANALYSE CÉPHALOMÉTRIQUE
:
À UTILISATION THÉRAPEUTIQUE
Les valeurs proposées par les différentes méthodes d’analyse pour
figurer des objectifs de traitement (et cette expression est lourde de
sens quand on pense aux efforts qu’il faut faire pour les atteindre),
sont sans intérêt et vides de signification.
Ces valeurs correspondent
le plus souvent à une moyenne.
Elles ont été qualifiées de « valeurs
idéales » et sont devenues pour certains des valeurs idoles.
Or, ces
valeurs ne peuvent ni assurer une bonne fonction, ni assurer une
bonne esthétique, ni une bonne stabilité, comme on serait en droit
de l’attendre de valeurs prétendues « idéales ».
Pour montrer que ces valeurs céphalométriques n’assurent pas une
bonne fonction, prenons l’exemple de la position de l’incisive
maxillaire.
Comment la fonction incisive pourrait-elle être assurée
par l’analyse puisqu’elle ne prend même pas en compte l’orientation
de la seule face fonctionnelle de l’incisive maxillaire, sa face
palatine ?
La céphalométrie ne s’intéresse pas à la « pente incisive » ; elle ne
s’intéresse pas à la façon dont les incisives assurent la désocclusion
des molaires lors de la propulsion.
Et pourtant, pour les occlusodontistes, la raison d’être des incisives est d’assurer par cette
désocclusion la protection des molaires.
La céphalométrie ne
s’intéresse pas non plus à l’angle intercoronaire dit de liberté
qui, pour Slavicek, constitue la meilleure prévention des troubles
articulaires.
La céphalométrie ne s’intéresse pas à la fonction occlusale, comment l’assurerait-elle ?
Comment l’analyse
céphalométrique assurerait-elle l’esthétique puisqu’elle prend la
moyenne pour idéal ? Peut-on confondre deux notions si
radicalement opposées ? Par définition, en matière d’esthétique, la
moyenne n’est pas idéale.
D’ailleurs personne ne veux être
« moyen ». Prenez toutes les mesures des femmes d’Europe, faites la
moyenne, croyez-vous que vous aurez les mesures « idéales » ?
Considérez la photographie des dix plus belles filles du monde : se
ressemblent-elles ?
Non : vous avez sous les yeux dix séries de
mesures faciales qui correspondent à une beauté parfaite, dix
positions différentes des incisives en harmonie avec chaque type de
visage, et l’analyse céphalométrique prétend qu’il n’y en a qu’une !
Les valeurs dites idéales qui ne peuvent ni assurer une bonne
fonction, ni une bonne esthétique, ne peuvent non plus assurer une
bonne stabilité.
La position de l’incisive mandibulaire sert
d’exemple.
On a prétendu qu’elle n’était stable que si elle était
placée à 90° sur le plan mandibulaire.
C’était la condition de la
stabilité.
Comme si l’incisive était construite en équilibre sur le plan
mandibulaire et qu’elle ne pouvait pencher sans tomber !
Une
nouvelle tour de Pise !
Pourtant tout le monde sait que ce qui
maintient l’incisive mandibulaire, c’est l’os alvéolaire et surtout les
masses musculaires qui l’enserrent et l’orientent.
Sa position ne
dépend en rien des lignes imaginaires ou fictives qui passent autour
d’elle.
Son équilibre est lié à des données anatomophysiologiques et
non à des considérations géométriques.
Les « objectifs de traitement » fixés par la céphalométrie classique et
qui reposent sur des moyennes ne peuvent donc assurer ni une
bonne fonction, ni une bonne esthétique, ni une bonne stabilité.
Cette critique sévère des analyses à but thérapeutique, rendue
publique depuis de longues années, n’a jamais reçu de réponse
validant cette utilisation de la céphalométrie.
E - SIMPLIFICATION DES ANALYSES DESTINÉES
À LA RECHERCHE
:
La critique de l’analyse céphalométrique comme procédé de
diagnostic et comme guide thérapeutique ne porte pas sur la
mesure, mais sur son interprétation.
Mais lorsque les mesures ne
sont plus interprétées comme il est fait dans les analyses à usage
clinique, alors l’intérêt de ces mesures peut être reconsidéré.
La première critique, celle qui porte sur le nombre des mesures, met
en évidence le besoin d’une analyse simplifiée.
Les critiques suivantes expliquent pourquoi nous ne recherchons de simplification
que pour les utilisations de la céphalométrie qui nous paraissent
non critiquables : ses applications à la recherche, à la pédagogie et à
la description de la face.
Nous avons dit qu’un petit angle SNB n’indiquait pas
nécessairement une mandibule trop en arrière parce que, chez le
sujet considéré, la réduction de l’angle pouvait provenir aussi bien
d’un point S bas placé, que d’un point N trop haut ou trop avancé.
En revanche, si la moyenne des angles SNB d’un échantillon
constitué selon les règles de la statistique est significativement
différente de la moyenne des angles SNB d’un autre échantillon, on
peut affirmer cette différence sans faute de raisonnement.
Les
variations individuelles de position des points S et N se fondent
alors sur une moyenne qui peut être statistiquement comparée avec
celle d’une autre population.
Les travaux de recherche utilisant des mesures céphalométriques
sont extrêmement nombreux.
Ils ont un intérêt scientifique dans la
mesure où sont suivies les règles mathématiques de la statistique.
De tels travaux sont employés à de nombreuses fins :
– comparaisons entre des populations différentes (anthropologie,
génétique des populations, etc) ;
– comparaison d’une même population à des époques différentes
(effets de la croissance, de la sénescence, d’un traitement) ;
– recherche de corrélations entre diverses mesures faciales (les
précautions à observer pour établir ces corrélations ont été précisées
par Solow) ;
– corrélations entre éléments anatomiques et éléments
physiologiques ou pathologiques.
L’analyse céphalométrique utilisée pour un travail de recherche est
souvent réduite et simplifiée : le chercheur ne garde que les mesures
utiles à sa démonstration.
En fait, chaque travail repose sur une
méthode spécifique adaptée à la nature de la recherche.
Il est donc
impossible de proposer une méthode simplifiée « standard » qui fait
une recherche nouvelle selon une optique originale.
F - SIMPLIFICATION DES DOCUMENTS ET DES ANALYSES
À VISÉE PÉDAGOGIQUE
:
Du point de vue pédagogique, on ne peut que souligner l’intérêt de
la téléradiographie qui montre en vraie grandeur un grand nombre
de structures anatomiques selon des incidences bien définies.
Elle fut la source de grands progrès en complétant l’observation des
structures anatomiques par des éléments recueillis par l’examen
clinique.
Le tracé céphalométrique, qui visualise et qui schématise les
principales structures, ou tout du moins celles qui intéressent
l’orthodontiste, contribue efficacement lui aussi à visualiser les
harmonies et les dysharmonies de l’architecture faciale.
C’est de plus
un moyen pour l’étudiant de travailler sur une maquette un cas dont
on connaît le début et dont on possède les documents après son
traitement réel.
Les possibilités de simplification sont liées à l’étendue du
programme d’enseignement.
Si celui-ci est limité, on peut utiliser
l’analyse simplifiée décrite ici, qui indique les principales
caractéristiques de la face. Si le programme est étendu et approfondi,
on ne peut plus parler de méthode simplifiée quelle qu’elle soit.
G - SIMPLIFICATION DES ANALYSES UTILISÉES
POUR LA DESCRIPTION DE LA FACE
:
Certaines valeurs céphalométriques peuvent caractériser un type de
face d’une façon plus précise, plus brève, et plus proche de la réalité
que les mots ou les images du vocabulaire courant.
Lorsqu’un orthodontiste parle d’un angle ANB supérieur à 10°, il
est vrai que l’on ne peut savoir si A est trop en avant, N trop bas,
ou B trop en arrière, mais l’interlocuteur comprend que, de toute
façon, la malocclusion est sévère, qu’elle affecte vraisemblablement
la fonction occlusale et l’aspect du visage, et que le traitement est
important.
Cette utilisation « descriptive » de l’analyse rejoint les objectifs des
analyses typologiques décrites ici.
– Dans le plan sagittal, l’angle ANB qui est une mesure très
répandue peut être choisi pour caractériser le profil squelettique
d’un individu.
Toutefois, la lecture elle-même, comme nous l’avons
vu, peut être influencée par les variations du point N qui se
produisent indépendamment des points A et B.
De ce fait, la
valeur de l’angle ANB doit être appréciée avec une marge
d’incertitude.
Schudy a proposé les termes hypo- et hyperdivergents pour
désigner les faces dont la dimension verticale antérieure est
diminuée ou augmentée, et il a montré combien le traitement et le
pronostic étaient différents dans un cas ou dans l’autre.
– L’angle formé par la ligne SN et le plan mandibulaire, entre les
branches duquel se situe la totalité de la face, exprime bien le
rapport entre la hauteur de la partie antérieure et celle de la partie
postérieure de la face.
– Les quatre points qui déterminent cet angle (deux pour le plan
mandibulaire et deux pour S-N) apparaissent comme étant euxmêmes
variables (et c’est leur variation que mesure l’angle).
Cette
mesure n’est donc pas touchée par les critiques exprimées plus haut.
– Pour compléter cet ensemble descriptif, il faut observer la face
frontalement et évaluer le rapport entre largeur et hauteur.
L’indice de prosopie (N - Me)/(Bizyg) a été décrit plus haut (Analyse transversale).
L’intérêt de l’analyse simplifiée comme procédé de description de la
face est certain, mais cette description même sommaire suppose
qu’une information soit donnée dans chacune des trois dimensions
de l’espace. Les trois mesures qui, rassemblées, paraissent le mieux
caractériser un type facial sont :
– l’angle ANB ;
– l’angle SN/plan mandibulaire ;
– l’indice de prosopie.
L’emploi de ces mesures pour décrire la face est d’autant plus
commode que cette description peut être schématisée aisément.
H - SCHÉMATISATION DE L’ANALYSE SIMPLIFIÉE :
D’un point de vue descriptif, il est peu utile de connaître avec une
extrême précision les valeurs des mesures considérées et trop de
précision serait illusoire.
L’important est d’avoir une idée complète
du schéma facial.
Une évaluation simple et rapide se déroule en deux étapes :
– les mesures citées précédemment sont toujours nommées dans le
même ordre : l’angle ANB, puis l’angle SN-plan mandibulaire, puis
l’indice de prosopie ;
– les valeurs de ces mesures sont divisées en trois groupes nommés
1, 2, 3 :
Si ces trois caractéristiques faciales sont citées toujours dans le même
ordre, il suffit de parler d’un type facial 1.1.1 pour signaler que dans
ce cas le menton est reculé par rapport au maxillaire, que la face est hyperdivergente et étroite.
Le type 3.2.2 présente une promandibulie
sur une face bien équilibrée dans les deux sens, vertical et frontal.
Ainsi, d’une façon extrêmement rapide et facile à introduire en
fichier informatique, le type facial est caractérisé.
Une telle
schématisation dépasse le domaine orthodontique et pourrait rendre
service aux anthropologistes et peut-être à l’identification ante et
post mortem si des déformations post mortem n’étaient pas
soupçonnées.
I - ANALYSE CÉPHALOMÉTRIQUE SIMPLIFIÉE
ET DESCRIPTION DE LA DENTURE
:
Depuis un siècle, différentes classifications et descriptions du
système dentaire et de l’occlusion des arcades ont été proposées.
Une seule s’est imposée : c’est la classification d’Angle.
Elle est bien
connue et permet de schématiser la disposition des dents et leurs
rapports d’occlusion.
Toutefois, lorsque l’on considère l’ensemble denture-face, comme
cela est classique en orthodontie dentofaciale, on aperçoit un hiatus
entre l’expression simplifiée de la face qui vient d’être proposée et
la schématisation qu’offre la classification d’Angle.
Dans la face vue selon les trois sens de l’espace, où se place le
système dentaire ?
En effet, celui-ci n’est pas représenté ou fixé par
les trois mesures faciales que nous avons retenues.
C’est pourquoi nous devons ajouter deux autres mesures qui situent
les extrémités antérieures des arcades dentaires par rapport aux
bords antérieurs des bases osseuses.
Ce sont la mesure entre le bord
incisif maxillaire et la ligne A-Pog, et la mesure du bord incisif
mandibulaire à cette même ligne.
Ces distances sont exprimées en
millimètres.
Ces mesures présentent l’avantage d’être usuelles et aussi de n’être
pas dépendantes d’une ligne de référence supposée fixe alors qu’elle
ne l’est pas, la variabilité des points A et Pog étant évidente.
En résumé, l’analyse simplifiée comporte deux volets :
– une analyse descriptive de la face qui est fournie par trois
mesures : l’angle ANB, l’angle SN-plan mandibulaire, l’indice de
prosopie ;
– une analyse descriptive de la denture et de l’occlusion qui repose
sur deux mesures et une classification relative à l’occlusion : distance
I à A-Pog, distance i à A-Pog, classification d’Angle.
Conclusion
:
Le cliché téléradiographique d’une part, et l’analyse céphalométrique
d’autre part, ont été et sont encore de merveilleux moyens d’exploration
et de connaissance de la face.
Les mesures céphalométriques se sont abusivement multipliées, au
point qu’il est devenu souhaitable de proposer une analyse simplifiée.
Par ailleurs l’une des utilisations de l’analyse céphalométrique, son
application au diagnostic et à la thérapeutique, paraît reposer sur une
interprétation erronée des mesures observées.
La face peut être décrite par une mesure caractéristique de chacune des
trois dimensions de l’espace.
La simplification proposée permet de
codifier ces trois mesures, donc déterminer le type facial et de façon
adaptée à l’usage informatique.
Dans la pratique orthodontique, la connaissance du schéma facial doit
être complétée par une information sur le type de denture et les rapportsd’occlusion des arcades dentaires ; or cette notion est très classiquement
apportée par la classification d’Angle.
Son usage est si répandu qu’il est
apparu inutile de recréer une nouvelle typologie.
Il suffit d’établir une
relation entre la position des arcades et les structures de la face pour
donner une cohérence à cet ensemble descriptif.
Ainsi, le praticien, à partir de cinq mesures céphalométriques et de la
classification d’Angle, semble disposer d’un mode de description de la
face et de la denture qui, bien que sommaire, paraît plus complet et plus
réaliste que les indications fragmentaires dont il devait se contenter
jusqu’à présent.