Travail des alliages dentaires (Suite)
Cours de Médecine Dentaire
G -
Défauts de coulée
:
Tous les matériaux présentent à l’état liquide un
volume supérieur à celui qu’ils ont à l’état solide.
Cela est dû au rapprochement des molécules lors
du passage de l’état liquide à l’état solide.
Ceci
est particulièrement vrai lors de la cristallisation
des alliages pendant leur solidification dans le
cylindre de coulée.
Après injection de l’alliage liquide dans le cylindre, on obtient
immanquablement au démoulage une pièce qui présente des défauts.
1- Types de défauts :
Plusieurs types de défauts existent.
Ceux en rapport avec la contraction de l’alliage sont les plus
importants.
La préparation de la mise en revêtement permet de les minimiser.
*
Hétérogénéités chimiques :
Elles représentent des différences de composition chimique au sein
de la pièce prothétique obtenue après coulée.
Effectuer les coulées à partir de plots d’alliage métallurgiquement
stables rend pratiquement impossible la présence de ce défaut dans
les pièces prothétiques coulées.
En revanche, la réaction avec l’oxygène des alliages non précieux
implique un appauvrissement en chrome dans les prothèses coulées
ainsi que dans les masselottes récupérées, d’où une composition de
la pièce différente de celle du plot d’alliage de départ.
Se pose alors la question de la réutilisation des masselottes après
coulée.
Quel que soit l’alliage étudié (nickel-chrome ou cobalt-chrome),
plus l’alliage est régénéré, plus la coulée présente de porosités,
et plus les propriétés mécaniques et les caractéristiques
microstructurales diminuent.
*
Défauts dus à la contraction :
La contraction volumique est un phénomène qui apparaît lors du
refroidissement des alliages (sauf pour quelques rares alliages).
Elle ne poserait pas de problème si la contraction de l’alliage
était constamment compensée par un apport de nouvel alliage.
En pratique, cela est impossible, l’alliage refroidit dans la
totalité du moule aussi bien au niveau de la pièce prothétique que
des masselottes, des canaux et des tiges de coulée, entraînant des
défauts.
Le déficit volumique apparaissant est provoqué par trois
contractions différentes :
•
la contraction liquide, qui est la contraction en volume de la
charge pendant le processus de refroidissement dans le domaine de
températures entre celle de la coulée et celle de liquidus ;
•
la contraction de durcissement, qui a lieu entre la température de
liquidus et la température du solidus dans l’alliage ; dans cet
intervalle de solidification, de l’alliage liquide et de l’alliage
déjà cristallisé sont simultanément en présence ; le passage de
l’état liquide à l’état solide est accompagné d’une forte perte en
volume ;
•
la contraction solide, qui se produit quand l’alliage s’est
solidifié en passant sous la température de solidus ; il poursuit sa
contraction de façon continue pendant la suite du processus de
refroidissement à la température ambiante.
Les espaces vides provoqués par la contraction de durcissement sont
appelés selon leur taille des retassures ou des microretassures.
Mis à part les retassures, des tensions peuvent apparaître dans le
moule pendant le processus de refroidissement de l’objet en raison
d’importants gradients de températures à l’intérieur du moule, qui
proviennent de sa géométrie.
Les tensions présentes dans le moule peuvent être éliminées par un
traitement thermique d’homogénéisation.
2- Recherche des causes et remèdes :
Il faut comprendre l’origine des « défauts de coulée » pour pouvoir
y remédier.
Plusieurs types de défauts et leurs remèdes vont être abordés.
*
Pièces coulées de manière incomplète :
•
Quantité d’alliage insuffisante : elle doit être déterminée en
pesant la maquette et le système de tiges de coulée en cire.
•
Température trop basse ou trop haute de l’alliage lors de la coulée
: elle doit être égale à la température de liquidus de l’alliage
augmentée de 80 à 150 °C.
•
Température de préchauffage du cylindre trop basse : elle est
fonction de l’intervalle de fusion des alliages : environ 650 à 700
°C pour les alliages précieux, 780 à 820 °C pour les alliages
précieux céramisables et les alliages non précieux.
•
Temps de préchauffage du cylindre trop court : la température finale
doit être maintenue 30 à 50 minutes avant la coulée.
•
Épaisseur de la couche de cire trop fine : elle doit être d’au moins
0,4 mm.
•
Mauvaise préparation du système de tiges de coulée : la longueur et
le diamètre des tiges de coulée, le positionnement et le diamètre de
la matrice ainsi que le diamètre des canaux d’alimentation doivent
permettre un remplissage rapide du moule.
•
Augmentation de la teneur d’oxydes dans l’alliage : lors de la
réutilisation de masselottes, il est nécessaire de les décaper et de
respecter la quantité adéquate d’alliage neuf.
*
Inclusions solides ou gazeuses dans l’alliage :
•
Inclusions de revêtement : les cires doivent être lissées et ne pas
présenter d’angles.
Le revêtement doit être assez résistant et avoir terminé sa prise.
La coulée ne doit pas être trop violente.
•
Inclusion de particules de céramique et/ou de graphite : les
creusets doivent être bien entretenus et changés régulièrement.
•
Résidus de gaz au sein du revêtement : les revêtements liés au
phosphate sont particulièrement denses.
Pour permettre l’évacuation de l’air lors de la coulée, la surface
lisse du cylindre doit être éliminée (cf. ci-dessous).
•
Mauvais réglage de la flamme : lors de la fusion à la flamme
oxypropane, il faut fondre l’alliage en utilisant la zone réductrice
de la flamme.
•
Surchauffe de l’alliage : iI ne faut pas surchauffer l’alliage car
il peut absorber une quantité excessive de gaz qui provoque des
porosités dans la coulée.
*
Fracture de l’objet coulé :
•
Fracture au moment du démoulage : le démoulage doit toujours se
faire après refroidissement de l’alliage, en particulier pour les
alliages à haute teneur en palladium qui sont fragiles à chaud.
•
Fragilisation par le soufre : les revêtements à liant plâtre ne
doivent pas être chauffés à plus de 750 °C, sinon ils se décomposent
en libérant du soufre qui rend fragiles les alliages contenant du
platine et du palladium.
*
Défauts de surface :
•
Vide insuffisant lors du mélange du revêtement : si le vide n’est
pas suffisant, des bulles d’air sont incorporées au revêtement.
•
Vibrations trop importantes lors de la coulée du revêtement : il
faut limiter l’intensité des vibrations, voire pour certains
revêtements ne pas utiliser de vibreur pour ne pas générer la
formation de bulles.
•
Montée en température du revêtement trop rapide. La cinétique de
montée en température doit être respectée pour éviter l’apparition
de fissures.
•
Position du cylindre dans le four de préchauffage : le cylindre ne
doit pas être trop près d’une paroi car une chauffe inhomogène du
cylindre peut entraîner des craquelures.
•
Épaisseur trop faible de la couche de revêtement : une épaisseur
minimale de 6 mm en tous points de la maquette doit être laissée
pour garantir une résistance mécanique suffisante du revêtement lors
de la coulée et éviter la fuite de l’alliage par le fond du
cylindre.
•
Revêtement trop sec : une certaine humidité du revêtement est
nécessaire pour obtenir une bonne élimination de la cire.
Métallurgie des poudres :
Principe :
Le principe du frittage, ou sintérisation, est le pressage des
particules de poudres métalliques pour favoriser de nombreuses zones
de contact et les chauffer ensuite à une température proche ou
supérieure aux deux tiers de leur point de fusion pour initier des
apparitions de liaisons entre les particules.
On obtient ainsi un matériau facile à mettre en oeuvre et précis
après frittage final.
En opposition à la technique de coulée, la sintérisation ne comporte
aucune phase liquide.
À
ce jour, c’est une des deux méthodes, avec la fabrication par
électrodéposition, permettant la conception de chapes pour
reconstitutions céramométalliques en or pur.
Mise en oeuvre :
*
Préparation des particules :
Des microsphères de métal d’une dimension comprise entre 1 et 30 lm
sont produites par un atomiseur.
Celui-ci se présente comme une fondeuse à induction maintenant de
l’or pur (99,9 % d’or et traces d’iridium, rhodium, tantale, fer) à
l’état liquide dans un creuset.
L’or liquide est déversé au travers d’un jet de gaz azoté qui le
désintègre en microparticules, dans un réservoir où il est refroidi
par une brumisation d’eau.
La solidification instantanée de l’or en fusion provoquée par le gaz
azoté (l’atomisation) le fige en microsphères stables au niveau de
leurs formes et leurs dimensions.
Après séchage et tamisage, les particules d’or sont mélangées à un
liant organique et compressées dans un moule qui restitue une
feuille d’une épaisseur de 0,35 mm, souple et manipulable comme une
feuille de cire.
La structure à « microsphères » dont est doté le matériau favorise
un empilement particulièrement dense qui lui donne une précision
d’adaptation remarquable après sintérisation.
Ce processus s’effectue sous atmosphère dans un four à céramique
conventionnel et ne demande donc aucun matériel spécifique.
Au début de la sintérisation, les sphères se lient entre elles par
des petits ponts.
Sous l’action de la chaleur, les liaisons deviennent plus franches
pour atteindre une structure homogène tout en conservant une surface
rugueuse, propice à l’accrochage micromécanique de la céramique.
*
Modelage de la cupule :
Après avoir apposé les couches d’espaceur et isolé le die de façon
habituelle, la feuille de pâte métallique prélevée est appliquée sur
celui-ci en sorte que la jonction soit située sur la face palatine.
La jonction des bords est réalisée avec une spatule légèrement
chauffée.
La cupule est ensuite brunie délicatement pour appliquer
uniformément la feuille sur les parois du die.
Sa forme définitive est réalisée par petits apports successifs de
matière à chaque fois soudés à la masse déjà présente avec une
spatule tiède.
*
Enrobage :
La chape ainsi préparée peut être enrobée dans le matériau
réfractaire approprié mélangé à de l’acétone pur.
La première étape consiste à enduire l’extrados et à retourner
l’ensemble pour noyer la cupule jusqu’aux limites cervicales dans un
dôme de revêtement préalablement préparé sur un support réfractaire.
Après séchage, le die est retiré délicatement.
L’intrados est à son tour rempli du même revêtement, en prenant soin
de bien déborder pour que l’enrobage soit total.
*
Frittage :
Le cycle de frittage doit être scrupuleusement respecté.
Il conditionne directement la qualité de la chape (son homogénéité),
ainsi que les propriétés mécaniques de l’alliage obtenu.
La température finale est de l’ordre de 1 000 °C.
Après refroidissement, l’élément dégagé révèle une couleur or
naturelle, il est nettoyé à l’eau et aux ultrasons et ne doit
présenter aucun défaut.
*
Cuisson de la céramique :
L’or pur sintérisé peut être recouvert par toutes les céramiques
compatibles avec les alliages dont le CDT est compris entre 13,8 et
15,2 10–6/ °C à 600 °C.
Aucun liant n’est nécessaire puisque l’accrochage est assuré par
l’aspect rétentif de la surface.
Électrodéposition :
Principe :
L’électrodéposition consiste à déposer une couche de métal par
l’action du courant électrique dans un bain électrolytique nommé
aussi solvant.
Le duplicata conducteur du modèle positif est placé en cathode (pôle
négatif).
Un régulateur permet de doser l’intensité de courant circulant entre
l’anode (pôle positif) et le duplicata.
Le bain est chargé de molécules de sels d’or qui, sous l’effet du
courant, se décomposent en deux ions.
II existe des ions positifs (cations), ici l’or (Au+), qui se
déposent sur le modèle dupliqué et des ions négatifs (anions) qui se
déposent sur l’anode.
Dès la mise sous tension, les ions négatifs migrent vers l’anode et
les ions positifs (Au+) migrent vers le modèle dupliqué, où ils
récupèrent les électrons manquants et se transforment en or
stabilisé.
Ce mécanisme appelé galvanisation crée un dépôt métallique uniforme
qui prend ensuite la forme d’une chape régulière dont l’épaisseur
est fonction du temps et de l’intensité du courant.
Mise en oeuvre :
*
Préparation du modèle positif unitaire :
La précision extrême de la technique de galvanoplastie ou
électrodéposition peut parfois poser des problèmes ; en effet, tous
les détails de la préparation sont reproduits, détails désirables ou
indésirables.
Le technicien de laboratoire doit corriger sur le modèle positif
unitaire les éventuelles imperfections et contrôler les zones de
frictions futures, et le cas échéant les zones de contre-dépouille.
*
Réalisation d’un duplicata :
Une fois préparé, le modèle positif unitaire peut être dupliqué.
Chaque modèle positif unitaire est placé dans un moule en plastique
destiné à contenir le matériau de duplication en silicone.
Après positionnement correct, du silicone est coulé.
Ensuite, le duplicata est coulé en plâtre spécifique destiné à la
technique de galvanoplastie.
Ce plâtre doit pouvoir se décomposer (sous l’action d’un bain de
rinçage éventuellement associé à des ultrasons) une fois la phase de
galvanisation terminée.
*
Préparation du duplicata :
Après avoir contrôlé la qualité du duplicata, un petit orifice de
quelques millimètres de profondeur est percé à l’aide d’une fraise
cylindrique à quelques millimètres au-dessous de la limite
cervicale.
Une tige de cuivre est insérée dans cet orifice. Une goutte de colle
placée à son extrémité assure le contact électrique.
Ensuite, l’ensemble de la préparation est recouverte au pinceau
d’une fine couche de solution d’argent.
Une zone oubliée ou une arête insuffisamment recouverte peut avoir
pour conséquence un trou une fois la chape finie et galvanisée.
Cette solution d’argent assure la transmission du courant sur toute
la surface où elle est appliquée.
Il est aussi nécessaire d’établir le contact avec la tige de cuivre.
Enfin, une gaine de plastique est enfilée sur la tige de cuivre
jusqu’au die en plâtre.
Cette gaine en plastique va se rétracter sous l’effet de la chaleur
et assurer un rôle d’étanchéité.
*
Mise en place dans l’appareil et électrodéposition :
La tige de cuivre est insérée dans le couvercle de l’appareil.
Celui-ci est repositionné sur l’appareil et verrouillé correctement
afin d’éviter tout risque de fuite.
La durée du cycle et l’intensité électrique sont choisies.
Ces paramètres déterminent l’épaisseur de la chape.
Suivant le nombre de modèles à traiter et l’épaisseur souhaitée, la
durée du cycle est de 5 à 20 heures.
*
Ajustage et finition de la chape :
La galvanisation finie, le plâtre est dissout. Le peu de plâtre
restant dans l’intrados de la chape est éliminé par un sablage doux.
Celui-ci doit également éliminer toute trace de solution d’argent.
En effet, des résidus d’argent, si minimes soient-ils, pourraient
migrer dès la première cuisson dans la structure aurifère et en
abaisser le point de fusion qui s’approcherait trop de celui de la
céramique et par conséquent entraîner de gros risques pour la suite
du travail.
La galvanisation de l’or se produisant toujours en trois dimensions,
les limites des préparations se trouvent légèrement recouvertes ;
mais il est aisé, en observant l’intrados, de situer les limites.
L’ajustage se fait à l’aide d’une fraise caoutchouc assez tendre.
Il ne s’agit pas réellement d’un ajustage, il faut simplement
diminuer et réduire le surplus de métal déposé au-delà de la limite
cervicale.
Après correction, la chape descend d’ellemême sur la préparation
sans aucun autre fraisage ou ajustage de l’intrados.
L’épaisseur de la chape varie de 0,15 à 0,4 mm.
*
Cuisson de la céramique :
Après rectification du bord vestibulaire de la chape en vue de
l’épaulement céramique, la chape est plongée dans un bain d’acide
fluorhydrique afin d’éliminer toute trace de graisse et autres
contaminations.
Une couche d’agent de liaison est appliquée sur toute la surface de
la chape, car l’or pur à 99 % ne peut produire suffisamment d’oxyde.
Pour l’adhérence de la céramique, il est nécessaire d’apporter
artificiellement ces oxydes.
Certains agents de liaison sont composés d’or et de céramique, ce
qui permet, en complément de la liaison chimique, d’assurer une
liaison mécanique par l’intermédiaire des particules de céramique.
Façonnage des métaux :
A - Soudage et brasage des alliages dentaires :
Les assemblages par soudage ou brasage sont utilisés en odontologie
pour joindre des parties entre elles ou des éléments entre eux, tels
que :
•
assemblage de plusieurs couronnes ou d’éléments d’un bridge ;
•
assemblage de bagues, crochets ou fils d’orthopédie dentofaciale ;
•
réparations en prothèse adjointe : plaques coulées, crochets ;
•
réparations en prothèse conjointe : perforations de couronnes,
fractures de bridges ;
•
positionnement d’attachements conjoncteurs ;
•
assemblages primaires et secondaires en technique céramométallique.
1- Brasage :
En métallurgie, le brasage est le processus thermique qui permet de
joindre deux pièces métalliques par un apport de métal, la brasure.
Ce procédé est couramment utilisé dans l’application dentaire.
Son succès dépend de la bonne diffusion des alliages en présence, ce
qui implique une certaine affinité entre l’alliage de base et la
brasure qui doit présenter de bonnes propriétés mécaniques.
Le point liquidus de la brasure doit être suffisamment inférieur au
point solidus du métal de base pour que ce dernier conserve son état
solide et ne se déforme pas lors du brasage.
L’utilisation de désoxydants de surface, appelés fondants, permet un
meilleur étalement de la brasure.
*
Étude de la liaison :
La liaison par brasage est réalisée par la création localisée d’un
nouvel alliage : il y a diffusion entre le métal liquide et le métal
solide de base. Dans un premier temps, le mouillage permet un
rapprochement étroit entre les atomes qui échangent des électrons
périphériques.
L’élévation de température favorise le mouvement des atomes qui vont
ainsi former un nouveau composé de liaison par dissolution : c’est
le phénomène de diffusion.
Cela aboutit à la formation de zones caractéristiques : la zone
médiane et la zone interfaciale.
L’importance relative de ces couches varie en fonction :
•
de l’épaisseur du joint ;
•
de la température de brasage ;
•
du temps de maintien à cette température.
*
Caractéristiques des brasures dentaires :
L’intervalle de fusion de la brasure doit être inférieur à celui des
parties à braser, en général de 100 °C.
Il est réglé par la composition de la brasure elle-même.
La composition des brasures doit être telle qu’elles puissent
s’écouler facilement après fusion.
Les facteurs qui conditionnent l’écoulement sont liés à la fluidité,
à la tension superficielle et à la capacité de la brasure à adhérer
aux pièces.
Une brasure qui adhère trop aisément risque de pénétrer le métal au
lieu de couler le long de sa surface.
À
l’inverse, une brasure s’écoulant aisément « mouille » facilement et
rapidement des surfaces métalliques propres.
Elle pénètre dans les petites anfractuosités et se concentre aux
points de contact par pénétration capillaire. Porosités (ou
piqûres).
La fusion de la brasure ne doit pas causer de porosité au niveau du
joint.
Or, il s’agit là d’un défaut fréquemment observé dans ces techniques
d’assemblage.
Les porosités sont dues habituellement à une technique incorrecte ou
à une brasure contenant trop de métaux vils qui, surchauffés, se
volatilisent, leurs vapeurs créant des piqûres.
Les porosités sont également bien souvent liées à la distance ou à
l’espace vide séparant les deux pièces à braser.
Si l’opération de chauffage est excessivement prolongée, le fondant
se sature en oxydes et prend la formulation d’un verre de bore, dont
la viscosité l’empêche d’être repoussé de la zone de jonction par la
pression capillaire exercée par le métal liquide.
Il subsiste alors des inclusions de fondant.
La résistance de la brasure doit être au moins aussi grande que
celle des parties à braser.
La dureté et la résistance des brasures d’alliages d’or augmentent
quand la teneur en or (titre) diminue. Aspect de la brasure. La
brasure doit s’assortir aux parties à braser.
Quand la technique de brasage est correcte, le joint, après
polissage, doit demeurer invisible.
Résistance à la ternissure et à la corrosion et biocompatibilité.
La brasure peut être soumise à plusieurs types de corrosion,
notamment à haute température, mais également en milieu humide
(cavité buccale).
Pour les métaux précieux, un titre en or élevé constitue une bonne
prévention contre la corrosion en milieu humide.
Dans les autres cas, le choix de la brasure dépend de la nature des
réalisations à effectuer : titre inférieur en prothèse adjointe pour
ne pas sacrifier la résistance mécanique ou pour les appareils
orthodontiques de nature temporaire.
*
Composition des brasures :
Deux cas de figure se présentent ; le brasage homogène ou le brasage
hétérogène.
Le brasage est homogène lorsque l’alliage de base et la brasure sont
à base du même métal.
C’est le cas des alliages précieux : les brasures d’alliages
précieux sont à base d’or.
Le brasage est hétérogène lorsque l’alliage de base et la brasure
sont de nature différente.
Cette solution est souvent proposée pour les alliages non précieux.
Malgré les progrès importants pour l’élaboration de brasures à base
de nickel et d’or, le brasage des alliages non précieux provoque une
oxydation et, par conséquence, une corrosion qui rend le résultat
aléatoire.
Ainsi, pour l’assemblage des alliages non précieux, la méthode de
soudage serait préférable.
Afin de faciliter le choix de la brasure, les fabricants d’alliages
établissent des tableaux de correspondance entre l’alliage de base
et l’alliage d’apport.
Ces tableaux tiennent compte de l’écart entre la température de
brasage et la température de solidus de l’alliage.
Cas des brasures pour alliages précieux.
Les compositions de ces brasures « à l’or » sont variables et elles
contiennent également du platine, du palladium, mais aussi de
l’argent, du cuivre, du zinc et de l’étain pour en abaisser le point
de fusion.
Les proportions sont les suivantes :
•
or : de 65 à 80,9 % ;
•
argent : de 8,1 à 16,3 % ;
•
cuivre : de 6,8 à 16,4 % ;
•
zinc : de 2,1 à 3,9 % ;
•
étain : de 1,7 à 3,1 %.
Les températures de fusion peuvent varier de 745 à 940 °C selon la
composition.
Le cuivre abaisse la température de fusion et améliore également la
tenue de l’alliage.
L’argent améliore la diffusion et l’étalement de la brasure et
contribue à en éclaircir la couleur.
Le zinc et l’étain abaissent la température de fusion.
Le nickel peut remplacer le cuivre si un alliage plus « blanc » est
souhaité.
Cas des brasures pour éléments céramométalliques.
Ces brasures primaires doivent résister aux températures élevées de
cuisson et glaçage des porcelaines.
Pour ces raisons, elles contiennent plus de métaux précieux, et
moins d’étain et de zinc.
Elles ne doivent pas non plus contenir de cuivre ou d’argent qui
risquent d’entraîner des colorations verdâtres dans la porcelaine.
Cas des brasures dites « à l’argent ». Elles contiennent en général
de 10 à 80 % d’argent, de 15 à 50 % de cuivre, de 4 à 35 % de zinc
et, en faibles quantités, du cadmium, de l’étain et du phosphore
pour abaisser la température de fusion.
*
Fondants et antifondants (ou flux et antiflux) :
•
Borax : c’est le fondant habituellement employé pour les brasures
pour alliages précieux.
Il est obtenu à partir de borax déshydraté (Na2B4O7), d’acide
borique (H3BO3) et de silice (SiO2).
Le borax en fusion est un excellent désoxydant de surface,
permettant ainsi un meilleur étalement de la brasure.
Il peut être utilisé sous forme de poudre, de pâte, de suspension
dans de l’alcool.
Le fondant est appliqué avant la brasure.
Appliqué en excès, il peut entraîner une brasure poreuse.
•
Fondant à base de fluorures : ils sont utilisés pour les alliages
contenant du chrome. Les fluorures sont, en effet, les seuls à
pouvoir dissoudre convenablement les oxydes de chrome.
La composition de ces flux est en général à base de fluorures de
potassium, d’acide borique, de borax minéral, de carbonates de
sodium et de silice.
•
Antifondant : il permet de limiter l’écoulement de la brasure et de
la confiner précisément dans la zone où elle est souhaitée.
Le graphite (pointe de crayon au plomb) constitue un excellent
antiflux.
Dans les cas de hautes températures ou de chauffages prolongés, on
peut employer une suspension de rouge anglais (oxyde ferrique
déshydraté) ou de carbonate de calcium (blanc d’Espagne), en
suspension dans l’alcool.
L’antifondant est appliqué sur les pièces, pour circonscrire la zone
à braser, avant l’application du fondant sur les surfaces à braser.
*
Manipulations. Techniques de brasage :
Le brasage avec mise en revêtement a, pour principe, une clé
d’occlusion des éléments à braser réalisée sur le modèle de
référence.
La surface de brasage minimale est de 6 à 8 mm2, pour opposer une
résistance suffisante aux contraintes de torsion et de flexion.
Si un bridge doit être sectionné, il est préférable, dans la mesure
du possible, d’effectuer la découpe en travers d’un élément
intermédiaire massif pour augmenter la surface de brasage.
L’ensemble est extrait avec soin de ce modèle et investi dans un
revêtement réfractaire.
La masse de matériau réfractaire doit être aussi petite que possible
pour éviter qu’elle n’absorbe la chaleur de la pièce à braser.
La cire est éliminée à l’eau bouillante.
Le revêtement est chauffé et les éléments à braser portés à
température de fusion avec une flamme air-gaz.
La brasure est alors effectuée.
Une appréciation correcte de la distance qui doit séparer les
éléments à braser est importante pour empêcher les éventuelles
déformations.
Cette distance est liée à trois facteurs :
•
la dilatation thermique du revêtement pendant le chauffage ;
•
la dilatation thermique des pièces d’alliage ;
•
le retrait de la brasure pendant sa solidification.
Au plan pratique, il convient donc de veiller à ce que les parties à
braser ne soient pas en contact avant que le chauffage du revêtement
n’intervienne.
Un espace de l’ordre 0,05 à 0,20 mm paraît idéal pour favoriser
l’aspiration par capillarité de la brasure dans la séparation.
Si l’espace est plus large, il faut y introduire un morceau
d’alliage de base pour le réduire.
Une épaisseur irrégulière de brasure favorise la formation de
porosités qui affaiblissent la résistance de la liaison.
Elles peuvent également être responsables de la formation de bulles
lors de la cuisson de la céramique.
Il ne faut pas enfouir trop profondément dans le revêtement les
pièces à braser, afin de laisser accéder la partie chaude de la
flamme au point de métal qui doit être le plus chaud.
Pour le brasage proprement dit, le bloc revêtement/ pièces à braser
peut, soit être chauffé directement à la flamme, soit être soumis à
un préchauffage qui permet d’éviter les risques de fragilisation ou
de fissuration du revêtement pendant les opérations de brasage.
Le préchauffage sert également à déshydrater le revêtement et à
limiter son expansion thermique.
Le chauffage excessif d’un revêtement peut entraîner une
contamination sulfurée de l’alliage et de la brasure.
Après cette première période de chauffage, le fondant est étalé,
uniquement sur l’emplacement où sera déposée la brasure.
Le chauffage des pièces à braser est alors repris graduellement avec
une flamme réductrice jusqu’à ce que le fondant coule.
La température est ensuite amenée à la température de brasage.
La brasure est alors déposée.
La flamme du chalumeau est dirigée depuis le côté opposé à l’apport
de la brasure pour que celle-ci soit aspirée vers la partie chaude
et remplisse parfaitement l’espace à braser.
Si l’opération est convenablement menée, la brasure doit s’écouler
spontanément et uniformément.
Si la brasure ne coule pas immédiatement et régulièrement, il est
préférable d’interrompre aussitôt l’opération.
Il faut dégager au plus tôt la pièce métallique du matériau
réfractaire pour accélérer son refroidissement, sans la plonger dans
l’eau et la laisser refroidir jusqu’à température ambiante.
Après brasage, le flux, en refroidissant, peut laisser une pellicule
vitreuse.
Ce dépôt est facilement éliminé par sablage.
Dans certains cas, comme les brasures secondaires de prothèses
céramométalliques, on peut être amené à braser secondairement des
éléments céramométalliques préalablement élaborés :
•
les éléments antérieurs et les éléments intermédiaires sont
céramométalliques et les éléments postérieurs entièrement
métalliques ;
•
exigences esthétiques particulières pour les embrasures des secteurs
antérieurs ;
•
lorsque l’adaptation est défectueuse lors de l’essayage, il peut
être nécessaire de sectionner les éléments qui sont alors
repositionnés in situ.
Il est à noter que ce type de brasage ne peut être réalisé sur les
alliages à base palladium sans argent à cause de la formation
importante d’oxydes qui empêche une diffusion suffisante.
Il faut, pour ces alliages, se limiter aux brasages primaires.
La difficulté de l’assemblage réside essentiellement dans le fait
que la céramique a été réalisée avant le brasage.
Le plus délicat est de s’assurer, avant la mise en revêtement, que
toutes les surfaces de porcelaine soient recouvertes d’un film de
cire afin que le revêtement ne puisse absolument pas entrer en
contact avec elles.
Il en est de même avec le flux qui ne doit être appliqué que sur les
seules zones métalliques concernées par le brasage et ne doit, en
aucun cas, être en contact avec la porcelaine.
Un non-respect de ces précautions entraîne des risques de fracture
ou de décoloration de la céramique.
Les brasures sont plus résistantes si elles sont effectuées dans un
four :
•
préchauffer l’ensemble pendant 10 minutes sur le plateau du four
stabilisé à 450 °C ;
•
positionner les paillons de brasure, préalablement enduits de
décapants, dans les espaces à braser ;
•
après un nouveau préchauffage de 10 minutes, procéder à un cycle de
cuisson sous vide en élevant la température de 55 °C par minute
jusqu’à dépasser de 60 à 80 °C le point liquidus de la brasure ;
•
lâcher le vide et stabiliser une minute à cette température finale
pour permettre une bonne diffusion.
Ensuite, l’ensemble est rapidement sorti du four et la pièce
métallique aussitôt dégagée du matériau réfractaire pour éviter un
déséquilibre entre les coefficients de dilatation thermique et des
risques d’éclatement de la céramique. Les causes d’insuccès sont :
•
un mauvais réglage de la flamme : chauffe insuffisante (flamme
oxydante) ;
•
un nettoyage insuffisant des pièces : la brasure se met en boule
(oxydation) ;
•
un fondant inefficace ;
•
une interface incorrecte : moins la distance entre les pièces est
grande, plus la brasure y est attirée (action capillaire).
Cependant, une interface trop étroite peut également contribuer à
augmenter la porosité de la jonction.
L’écoulement de la brasure est influencé par la pesanteur, la
température, la capillarité et les forces d’adhésion.
La brasure se dirige toujours vers la zone de température la plus
élevée.
La flamme pointue est donc utile ; elle permet d’orienter
l’écoulement de la brasure.
Certaines opérations de brasage peuvent être
effectuées « à main levée » (brasage à main levée)
pour l’assemblage d’appareillages orthodontiques
par exemple.
Les sources de chaleur restent essentiellement le
chalumeau air-gaz, le bec Bunsen ou, mieux, des
petites torches à recharges.
Les brasures se présentent soit en plaque ou en
ruban, dont on découpe des paillons de 1 à 2 mm de
largeur sur 2 à 4 mmde longueur, soit sous forme de
tubes, le fondant étant inclus à l’intérieur (brasures
au palladium).
Le maintien des pièces en contact se fait soit
simplement par juxtaposition des deux extrémités
des fragments se recouvrant l’un l’autre, soit par
ligature avec un fil de liasse, soit par précelles à
souder à serrage automatique.
Pour garder la liberté
des deux mains, il est possible de poser les
pièces à braser sur un petit support réfractaire
prévu à cet effet.
La technique de brasage est simple :
• le matériel est préparé : bloc d’amiante ou
support réfractaire, précelles, paillons de brasure,
source de chaleur ;
• la pièce à braser, tenue par les précelles ou
non, est chauffée sans interruption (flamme
courte) ;
• quand le métal est de couleur rouge orangé
assez clair, les paillons y sont déposés ;
• la brasure coule parfaitement, d’elle-même,
dans la zone à braser ; c’est la chaleur du métal
qui doit faire fondre la brasure.
Cas des fils minces en orthodontie : ils doivent
être fermement maintenus en contact pour éviter
un risque de rétrécissement de la section transversale
de la zone brasée sous l’effet de la tension
superficielle de la brasure.
Il en résulte une perte
de résistance de la jonction brasée.
Les fils peuvent, par ailleurs, être très facilement
soumis à une surchauffe exagérée qui leur fait
perdre toutes leurs propriétés mécaniques.
L’emploi de torches orthodontiques spécifiques,
avec des flammes en forme de dards minuscules
permettant le chauffage de zones ponctuelles, est particulièrement recommandé.
La surchauffe incontrôlée
d’un fil d’acier inoxydable entraîne une
précipitation de carbures qui se traduit par un
adoucissement du métal et donc une perte de ses
qualités.